Lorsque
le Renouveau pédagogique a été mis de l’avant, ils ont été nombreux les
enseignants qui ont affirmé que cette réforme ne tiendrait pas la route et se
casserait les dents au secondaire pour des raisons logistiques et pratiques. On
ne les a pas écoutés avec les résultats que l’on sait. Bien sûr, ici et là, on a
accusé certains syndicats d’avoir tout fait pour torpiller cette initiative,
mais il n’en demeure pas moins qu’elle était véritablement inapplicable au
secondaire.
Il y
a deux ans, le premier ministre du Québec, Jean Charest, en mal de publicité,
lançait un programme d’installation de tableaux blancs interactifs dans toutes
les écoles du Québec. Encore une fois, des voix enseignantes se sont élevées
pour dénoncer cette mesure improvisée et dont la pertinence pédagogique restait
à démontrer. On constate aujourd’hui que les «empêcheurs de tourner en rond»
avaient malheureusement raison.
L’année
dernière, voilà que les services régionaux d’admission des différents cégeps du
Québec décidaient que, pour la cinquième secondaire, seules les notes du
premier bulletin serviraient à établir la sélection des jeunes. Ce fut la
consternation dans les écoles secondaires, surtout chez ceux qui enseignaient
aux finissants. Mais peu importe les raisons
logiques et fondées qu’ils invoquaient, rien n’y fit et la machine
administrative alla de l’avant (ici, ici et ici).
Aujourd’hui,
sans aucunement justifier leur décision, j’apprends que ces mêmes services
régionaux d’admission au collégial changent d’idée et recommandent que «les écoles
transmettent dans les délais fixés par les organismes concernés, les résultats
des deux premiers bulletins.» Plusieurs questions méritent d’être posées, dont celle concernant les
raisons qui ont amené un pareil changement. Ainsi, des élèves auraient-ils été
pénalisés par cette façon de procéder?
Pour
ma part, ce que cette série d’évènements tend surtout à démontrer au fil des
ans est que, non seulement les autorités administratives en éducation écoutent
peu les enseignants, mais que cette attitude entraine des prises de décisions parfois
couteuses et inefficaces. Quelle place fait-on véritablement aux enseignants
dans le système éducatif québécois? Ceux qui siègent sur les divers comités
ministériels sont-ils si représentatifs des enseignants de la base et des
différentes réalités vécues sur le terrain? Dans les hautes sphères du pouvoir,
comment se fait-il que les interventions des professionnels que sont les
enseignants soient si souvent écartées?
Les
années passent et rien ne semble avoir changé, surtout pas les lacunes du
système scolaire québécois. De façon incompréhensible, on continue d’ignorer
l’avis des gens qui sont souvent les mieux placés pour comprendre les défis
auxquels il fait face. On veut que les enseignants soient des professionnels, on
souhaite qu’ils agissent comme des professionnels mais on continue pourtant de
les mépriser comme si leur avis ne provenait pas de professionnels.
5 commentaires:
Vous concluez: "On veut que les enseignants soient des professionnels, on souhaite qu’ils agissent comme des professionnels mais on continue pourtant de les mépriser comme si leur avis ne provenait pas de professionnels."
Une partie du problème vient du fait que les enseignants eux-mêmes refusent de se doter d'un organisme qui les représenteraient en tant que professionnels. Certes, un syndicat peut avoir des visées professionnelles, mais ultimement, car c'est là son rôle premier, il défend et promeut les intérêts de ses membres.
M. Proulx: vous savez à quoi ressemble une cage à homards? Voilà l'image que certains enseignants ont d'un ordre professionnel. Beaucoup d'obligations et de contraintes pour peu de gains concrets.
Même avec un ordre professionnel, comment les conditions de travail seront-elles meilleures? L'ordre va venir dans ma classe et ordonner à la direction de fournir une aide spécialisée au petit TDA assis devant moi? Comment un enseignant aura-t-il plus de prise sur son quotidien et la qualité de son travail?
S'ils ne veulent pas d'un ordre professionnel, c'est aussi par méfiance. Tout ce qui vient du MELS et de certains penseurs est suspect à leurs yeux. Et on peut difficilement leur donner tort parfois.
Personnellement, même avec un ordre professionnel, je doute que les enseignants de la base seront plus écoutés. Et cette attitude, bien des profs l'ont aussi envers leur propre syndicat...
Pour le reste, les changements du SRA, ça vous semble logique de faire et défaire en an une décision? Les élèves de cinquième, qui n'ont pas de diplôme universitaire, trouvaient ce choix complètement absurde. Et leurs arguments avaient du coffre.
J'ai hâte de savoir pourquoi ce changement. Un peu d'imputabilité dans nos institutions, que diable!
Quelle histoire! Et le commentaire sur l'ordre qui règlerait tout était prévisible... J'abonde dans le sens de PM. Je me méfie de ce genre de chapeau qui finit par ne rien changer et, en plus, on doit payer pour... On pait déjà pour un syndicat. Par exemple, en enseignement du français, on consulte l'AQFP. Je ne suis pas sûr que ses représentants aient une vue claire de la situation sur le plancher des vaches dans les écoles secondaires.
Non, consulter, s'ouvrir les oreilles et réfléchir aux conséquences de changement n'est pas le fort de certains organismes responsables, malheureusement rarement imputables...
Je pense que l'on vit dans un mode de plus en plus complexe, de plus en plus éclaté en même que l'on observe une absence de leaders capables d'exprimer clairement les enjeux d'une situation et de convaincre une majorité de la meilleure décision à prendre. En cette absence de leadership, on aura beau consulter, le résultat sera une grosse frustration pour ceux qui auront le sentiment de ne pas avoir été entendu. Nous vivons une époque de sociétés confuses.
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