31 août 2010

Le décrochage: refaire l'école?

À chaque fois qu'on parle de décrochage scolaire, on parle de refaire l'école, toujours l'école. Or, il existe au moins trois variables extérieures à l'école sur lesquelles l'État pourrait exercer un certain contrôle, mais il ne le fait pas pour des raisons pratiques, financières ou électorales.

La première est la valeur de l'éducation dans la société québécoise. D'après un sondage dont je chercherai la source si vous me le demandez, le Québec vient au dernier rang au Canada quant à l'importance qu'on accorde aux études. L'école, bof!

La seconde est que le Québec est devenue l'une des provinces les plus pauvres du Canada. Certains quartiers montréalais sont des nids de pauvreté intolérables. Or, des conditions socio-économiques défavorables sont souvent l'une des causes du décrochage scolaire.

La troisième est les parents québécois qui seraient plus cool que ceux de France ou d'Italie, par exemple. Cool ou qui s'en contrefoutent? Un exemple, juste pour le plaisir. Je sais: il ne faut pas généraliser, sauf que, parfois, il y a des exemples qui valent mille mots.

Jonathan est un élève qui connait des difficultés scolaires. On demande à ses parents de se présenter à une rencontre pour discuter d'un plan d'intervention personnalisé (un PIP). Ceux-ci ne travaillent pas, donc on est en droit de s'attendre qu'ils se présentent sans trop de problème à l'école. On offre même de leur payer le taxi, s'il le faut. Devinez leur réponse. Pas étonnant que leur enfant ne réussit pas. Avec des parents comme ça, je ne décrocherais pas: je me suiciderais.

Alors, quand on parle de refaire l'école, j'invite tous nos gérants d'estrade à regarder ailleurs. On travaille toujours sur la partie du problème qui est la plus facile à cerner et on oublie le reste, ce qui fait que toutes les solutions au décrochage seront condamnées à être inefficaces et l'école sera toujours obligée à se renouveler sans que cela apporte les résultats escomptés.

Prochain billet: un petit mot sur l'Ontario.

30 août 2010

TECFEE: petit débat sur 98,5 FM

À l'émission de Paul Arcand ce matin, Marie-France Bazzo et Mario Dumont débattent du Test de certification en français écrit pour l'enseignement (TECFEE). Les mots-clés de l'entrevue: incompétence, absence de culture générale, cercle vicieux, complaisance, tricherie, éthique, mentalité sociale.

Rien de bien neuf.

29 août 2010

Le décrochage scolaire des garçons: la faute des enseignantes et de l'école!

Une série de textes publiés dans Le Soleil aujourd'hui (ici, ici, ici et ici) traite du rapport existant entre les garçons et l'école. Habituellement, Daphné Dion-Viens effectue un excellent travail mais, dans le cas présent, j'ai plusieurs réserves quant au traitement de ce sujet puisqu'elle accorde plus d'importance à certains aspects du problème qu'à d'autres.

Une image des garçons stéréotypée

Tout d'abord, il y a cette généralisation abusive à propos de ce qu'est un garçon. On le réduit à un primate sous-développé. Un gars, ça a besoin de bouger, de parler, de grogner, de péter...

Désolé, mais j'ai des gamins qui ne correspondent pas du tout à cette image et des filles qui en sont une copie parfaite. Le côté pervers de cette vision des choses est qu'en définissant ce qu'est un garçon (un vrai de vrai!), on défnit aussi ce qu'il n'est pas. Et s'il ne l'est pas, c'est qu'il n'est pas un garçon mais un ostie de fif.

Tu aimes l'école et tu es un garçon: tu es un fif! Tu aimes le français et tu es un garçon: tu es un fif! Tu n'aimes pas les bousculades dans la cour d'école et tu es un garçon: tu es un fif! J'ai passé mon primaire et une partie de mon secondaire à ne pas correspondre à l'image stéréotypée du gars et à me faire suer. Les choses se sont calmées le jour où l'ostie de fif a foutu une volée à son principal persécuteur et à deux de ses acolytes. C'est con, mais c'est comme ça.

Mesdames les enseignantes, vous ne comprenez pas les garçons

Quand on affirme qu'il n'y a pas assez de profs masculins dans les écoles, on remet indirectement en question le rôle que les femmes y jouent puisqu'on suggère fortement que plus d'hommes dans nos classes assurerait une meilleure réussite des garçons. Or, cette hypothèse n'a été démontrée d'aucune façon. «C'est absolument farfelu. Il n'y a aucune étude qui démontre ce lien. La Grande-Bretagne a déjà offert des primes salariales aux hommes qui allaient étudier en enseignement, mais une étude a montré que les résultats n'étaient pas là», affirme Jean-Claude Saint-Amant, professeur retraité de l'Université Laval qui s'est intéressé à cette question.

Sachez aussi, mesdames, que vous n'aimez pas les petits garçons: trop dérangeants, trop turbulents, pas assez dociles. Et puis, vous ne tenez pas compte de ceux-ci dans vos classes et dans vos cours. Vous leur faites lire des livres de filles et ne leur donnez pas l'occasion de vivre des activités que leur sont destinées. Bref, vous n'êtes pas professionnelles!

D'ailleurs, Égide Royer, professeur à l'Université Laval, n'y va pas avec le dos de la main morte quand il affirme que les bibliothèques scolaires sont remplies de livres et de magazines destinées davantage aux filles. Il n'est sûrement pas venu visiter celle de mon école. Depuis des années, en lecture, on est devenu des obsédés. Le premier critère pour choisir un livre est devenu: «Ça va-tu intéresser les gars?» En classe, au diable, la qualité de l'écriture et si on fait suer 20 filles dans un groupe de 27 élèves! Il faut penser à nos petits gars qui font donc pitié...

Dans la même veine, c'est rigolo de constater que, dans la même bibliothèque, plusieurs filles lisent des revues de science tandis que les garçons, eux, dans des magazines, trippent sur la couleur des chars. Devinez qui s'inscrira un jour en ingénierie?

La faute de l'école, toujours de l'école

Dans ce genre de série de textes, ça prend toujours un témoignage, question de développer l'aspect «intérêt humain». On ne lit jamais de témoignage de garçons qui aiment l'école et qui y fonctionnent bien. Il faut lire celui de Pierre-Olivier. Bouleversant.

Donc, Pierre-Olivier est un garçon que l'école n'a pas compris. Tout jeune, il exerce de l'intimidation dans la cour de récréation et dérangeait les autres élèves: «Peut-être que j'avais besoin d'attention. Devant nos amis, on veut toujours avoir l'air hot quand on est jeune.» La journaliste le qualifie de «petit tannant» dans le titre de son article. Que c'est sympathique! Mais si je suis le parent d'un élève qu'il a molesté, des termes comme baveux ou p'tit criss, est-ce que ça peut aussi convenir?

Finalement, Pierre-Olivier décroche en quatrième secondaire: «L'école est peut-être plus adaptée aux filles. Les gars ont besoin de bouger plus, c'est dur de rester assis à écouter en classe.» Voilà l'avis de ce spécialiste en éducation qui reprend des lieux communs sans aller plus loin. Des précisions? Des exemples? Des solutions? Non, non: répétons le discours déculpabilisant et facile.

D'ailleurs, il est remarquable de constater comment Pierre-Olivier attendait qu'on le prenne en main, que ce soit l'école qui fasse le travail à sa place: «À l'école, c'était pas mal du laisser-aller. Il n'y avait pas vraiment de conséquences quand je manquais des cours. C'est peut-être un coup de pied au derrière que ça m'aurait pris. Mais c'est sûr que la décision finale, c'est moi qui l'ai prise. Je ne sais pas comment, mais il aurait fallu que je trouve un moyen pour me motiver davantage.»

Honnêtement, ce jeune est un exemple parmi tant d'autres de garçons qui manquent de maturité. Et ça, ça ne s'enseigne pas. Ça s'acquiert avec le temps comme il le prouve si bien dans son témoignage: «Peut-être que j'avais aussi besoin de vivre quelque chose d'autre. Au niveau du travail (trois ans chez Burger King), ça m'a permis de savoir c'était quoi, gagner de l'argent et dépenser. J'ai gagné de la maturité aussi. Aujourd'hui, je suis conscient que l'école, c'est important si tu veux faire quelque chose dans la vie.» Des stages chez Burger King, voilà la solution! Et, en plus, ça finit par écoeurer son homme de la malbouffe...

Un gars, ce n'est pas une fille

Scientifiquement, il est admis que la maturation cognitive et et le développement du cerveau sont généralement plus lents chez les garçons que les filles. Cela explique pourquoi ces dernières se débrouillent mieux en ce qui a trait au langage. Plus encore, on retrouve plus de garçons et d'hommes souffrant de désordres tels la dyslexie, l'hyperactivité, etc.

Égide Royer dénonce l'éducation au Québec en indiquant que, dans certains pays, l'écart entre les garçons et les filles est beaucoup plus faible: le Japon et la Suisse, par exemple. D'accord, mais a-t-on étudié pourquoi? S'agit de raisons pédagogiques, sociales ou culturelles?

Tiens, lançons des hypothèses. Y a-t-il une plus forte présence masculine à la maison dans ces pays parce qu'on y retrouverait moins de divorces? L'éducation familiale et scolaire des garçons est-elle la même? Existe-t-il dans ces pays des activités ou des lieux extérieurs à l'école où les garçons peuvent s'éclater? Vit-on dans ces endroits le syndrome du petit garçon roi comme c'est le cas au Québec?

Dans notre Belle Province, une des plus grandes révolutions scolaires a eu lieu quand on a convaincu les filles de s'intéresser à des métiers non traditionnels. On a mis de l'avant quelques campagnes de publicité. On a fait une place dans les écoles spécialisées à celles-ci. Mais a-t-on chamboulé tout le système pour autant? Non. A-t-on peint les bulldozers en rose pour qu'ils soient plus féminins?

La maturité, ça ne se commande pas, dirait Brassens. Et je ne suis pas convaincu qu'en transformant nos écoles, on changera les choses. Tout cela reste à prouver. Quant à moi, on ferait surtout suer ceux qui y fonctionnent déjà bien.

La création de programmes particuliers en sport ou en multimédia, par exemple, peut être une excellente façon d'offrir des alternatives à certains gamins sans tout remettre en question. On le constate dans une école de ma région avec un programme en football.

Mais ici aussi, les garçons doivent avoir des objectifs, des buts dans la vie, fournir des efforts. Bref, faire autre chose que de passer leurs soirées au sous-sol à manger des chips et jouer au Nintendo comme le font certains de nos pauvres petits décrocheurs... Parce qu'une partie de la problématique est là, à mon avis. Pas dans une culture féminine qui ostracise une culture masculine à l'école. Mais dans une culture de l'effort qui n'admet pas celle de la paresse et de l'irresponsabilité.

Plusieurs de mes jeunes garçons qui écrivent correctement font l'effort de bien écrire et de se corriger. Ils ne sont pas tous des génies et des bollés, mais ils ont du coeur au ventre dans tout ce qu'ils entreprennent, en français comme dans les sports. Les autres, vous l'avez deviné, paressent et finissent par être victimes de leur manque d'effort.

27 août 2010

Premières impressions de la rentrée: «Une vie professionnelle rêvée»

Le slogan de l'année semble se vérifier: «Un vie professionnelle rêvée, une vie personnelle à chier...»

Côté vie professionnelle, y'a pas à dire: tout va très bien.

Le local masqué

Un seul local de classe, le même que l'année dernière qui est bien décoré et aménagé à mon goût. En bonus, je le partage avec deux collègues (masculins) que j'aime bien. La cohabitation pourrait donc s'avérer agréable. Il y a de bonnes chances que je sois le seul à y faire de la récupération. Encore plus chouette! Un bémol: à l'occasion, ce local servira à la suppléance. Selon les cas, un peu de désordre en perspective, selon les capacités des suppléants à tenir leurs groupes.

Le facteur «local d'enseignement» est important dans la vie de tous les jours d'un prof. Ainsi, j'ai un collègue qui a six locaux à son horaire. J'en pleurerais. Lui a le sens de l'humour assez développé: «Je voulais perdre du poids.»

Il y a aussi ces locaux sans fenêtre, sans âme, sans vie. Mais ce n'est pas le cas du mien puisque j'ai pris le temps de tout faire pour bien m'y sentir. Et j'ai profité de la rentrée pour effectuer du MÉNAGE! Même que j'ai triché et me suis pointé à l'école lundi pour le faire. C'est fou ce qu'on ramasse quand on a de la place. Sauf que cette année, j'ai décidé de voyager plus léger.

Le matériel masqué

Comme le disait le slogan politique: «Je suis prêt.» Cet été, j'ai mis à jour différents documents et examens. De plus, j'ai effectué du classement dans tout ce que j'avais créé depuis des années. Là encore, ça devrait bien aller. Tout tient dans une clé USB. Tout est aussi disponible dans ma boite de courriel au cas où. Tout est dans le disque dur du portable que l'école me fournit. Je pourrai corriger mes petites erreurs immédiatement ou encore apporter des modifications si je les estime nécessaires.

La plupart de la photocopie a été effectuée à temps et les élèves et moi pourrons «placer» notre cahier à anneaux dès la première semaine.

En ce qui a trait aux romans que les élèves liront, mes titres sont déjà retenus. Deux groupes et douze romans différents seront lus cette année. Question de ne pas m'ennuyer, j'ai ajouté trois oeuvres que je ne connais pas, dont une que les collègues m'ont recommandée. On est maso ou on ne l'est pas! Au total, en trois ans, c'est une vingtaine de titres nouveaux que j'aurai inclus dans mon enseignement. Je suis incapable de radoter le même contenu de cours sans m'endormir....

L'horaire masqué

Aussi bien vous révéler une grande partie du secret de cette année: je suis «libéré» d'un groupe pour un projet particulier. Donc, j'ai huit périodes de moins à mon horaire, ne m'en laissant ainsi que seize. Quel drôle de mot que «libéré» pour signifier qu'on m'a retiré un groupe! J'aime tellement enseigner qu'il m'a fallu des semaines avant d'accepter de participer à ce nouveau projet. La présence des élèves est une drogue dont je vais difficilement me passer.

Avec cette «libération», le danger est que je risque de vouloir remplir mon horaire avec des tâches qui ne seront pas reliées au mandat qu'on m'a confié. J'aime les défis et celui de cette année sera de me débarrasser de ce réflexe de vouloir trop en faire.

J'y reviendrai.

Les collègues masqués

Aussi bien dire que l'année scolaire 2010-2011 m'a réservé de belles surprises. Je partage mon local avec deux collègues précaires dont un a été embauché à 7h30 le jour même de la rentrée. De plus, je serai entouré de trois anciens élèves devenus enseignants. C'est toujours particulier de vivre avec des individus une nouvelle forme de relations personnelles. Je reviendrai là-dessus aussi.

Enfin, côté collègues, mon bureau est toujours situé dans la salle des profs la plus enthousiaste et stimulante de mon école. Une joyeuse bande de jeunes et moins jeunes qui aiment leur boulot, qui rigolent ensemble, qui jouent à se lancer un ballon de football pendant que d'autres corrigent... Déjà, on a organisé nos diners d'anniversaire. Un BBQ est prévu chez un collègue dans deux semaines. Le pool de hockey est en vue.

Une équipe d'enseignants vivants, solidaires, un peu débile vaut bien des programmes d'aide aux employés. Ces collègues sont l'une des raisons pour lesquelles j'aime encore viscéralement ce boulot qui est le mien et j'espère être capable de leur rendre tout ce qu'ils m'apportent depuis déjà deux ans.

Dans un prochain billet un jour: «une vie personnelle à chier».

Facebook et TECFEE: grosse surprise! (ajout)

La Presse semble s'étonner que les futurs enseignants utilisent Facebook comme façon de contourner le Test de certification en français écrit pour l'enseignement (TECFEE), notamment en ce qui a trait au vocabulaire.

Que quelqu'un se réveille au MELS: même les élèves de cinquième se servent de Facebook et de leur cellulaire pour déjouer l'examen de fin d'année en écriture! Mais revenons au TECFEE.

«Cet examen, c'est n'importe quoi. On n'évalue pas les compétences en français des futurs profs. Dans un de mes examens, on m'a demandé de définir épater le bourgeois et les chiens aboient, la caravane passe. On n'utilisera jamais ces expressions dans notre pratique! On m'a demandé de définir idiome, darne, indigent... On demande des définitions de mots anodins, inutilisés dans le langage», déplore Sébastien qui étudie pour devenir prof au secondaire.

Boswell! Quand on parle de niveler par le bas, en voilà un bel exemple. Si on croit qu'une chose n'est pas utile, pourquoi la connaitre? Comment savoir qu'une chose est inutile si:
1- on ne la connait pas.
2- on n'a pas encore été placé dans un contexte d'enseignement.

La réaction de ce Sébastien illustre bien le débat compétence versus connaissances. Quant à moi, un prof devrait avoir un minimum de culture dans tous les domaines: géographie, histoire, sciences, etc. De plus, un prof ne devrait pas réduire le savoir, notamment en ce qui a trait à la langue, à ce qui est minimalement «utile». Pour Sébastien, être compétent semble se résumer à une version utilitariste de la langue. «Menoum, menoum» suffit à bien des gens pour se faire comprendre dans la vie de tous les jours. Faut-il s'en contenter?

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Sur Cyberpresse, de nombreux intervenants qualifient de «tricheurs» les étudiants qui ont utilisé ce stratagème. D'autres parlent de «déshonneur» et de manque de «professionnalisme». Mais non: ils ont rien de moins qu'actualisé leurs réseaux sociaux.

Dans les faits, ce genre d'examen «fermé» fera toujours l'objet d'un certain coulage. Dans mes classes, mes groupes n'ont jamais le même test de grammaire, par exemple. Cependant, à l'ère des nouvelles technologies, le coulage peut prendre des proportions plus importantes.

Faut-il revoir ce mode d'évaluation? À mon avis, non. Il faut simplement multiplier le nombre d'examens différents jusqu'à ce que le nombre de questions à étudier rendra l'épreuve encore plus difficile. De la sorte, on s'assurera que les jeunes enseignants auront encore plus de connaissances. Ironique, non?

Continuez à enrichir le site Facebook et continuez à étudier. Vous apprendrez encore plus. Et tiens, remplissions ce site d'informations inutiles pour compliquer encore plus les choses!

Par ailleurs, je suis déçu de la réaction de la présidente de l'Association québécoise des professeurs de français (AQPF), Suzanne Richard: « À partir du moment où il y a un test de connaissance, que ce soit dans n'importe quel domaine, ce n'est pas étonnant que les étudiants tentent de mieux réussir. » Oui, mais pourraient-ils tenter de réussir plus honorablement?

26 août 2010

Quand les gestionnaires se mêlent de pédagogie...

J'ai entendu cette rumeur provenant de deux sources différentes et sans conctact entre elles. Nos gestionnaires n'aiment pas que les profs de français travaillent avec des séries uniques de romans en classe, bref qu'un groupe lise le même roman en même temps. Non, non: il faudrait que, dans une classe, nos élèves lisent des titres différents. On se retrouverait donc avec cinq ou six oeuvres en même temps.

Au nom de quoi voudrait-on aller de l'avant avec cette bêtise? On ne me l'a pas dit, mais je présume que c'est de permettre une plus grande liberté de choix aux gamins. Bien évidemment, on oublie qu'il est impossible de travailler efficacement en groupe la lecture et la littérature avec une telle méthode. Le prof ne pourra que survoler avec les élèves des oeuvres que tous n'auront pas lu et se farcir évidemment une quantité incroyable de romans qu'il devra maitriser adéquatement.

Ça, c'est comme quand on permet aux élèves de lire un livre de leur choix. Une vraie récréation! Certains «fourguent» une oeuvre qu'ils ont déjà lue antérieurement. D'autres comptent sur les limites physiques et mentales de l'enseignant en y allant d'une oeuvre qu'il ne connait pas et dont il ne se tapera pas la lecture pour un seul gamin...

25 août 2010

Bulletin à trois étapes

Je viens de jaser avec l'orienteur scolaire de l'école. Vous auriez dû voir sa gueule quand on a jasé du bulletin à trois étapes. Même avis que Masqué: une erreur monumentale en ce qui a trait à la cinquième secondaire.

Mais qui est-on pour avoir un avis sur quelque chose?

24 août 2010

La rentrée sans les élèves

Tout d'abord, bonne rentrée à tous et un sourire aux profs de cégep qui ont déjà commencé avant les profs du primaire et du secondaire.

Demain, journée pédagogique. Rencontre sociale avec les collègues (blablabla... mon voyage... blablabla... mes rénovations... blablabla...) et annonce des orientations de l'école pour l'année.

En après-midi, rencontre des profs de français (blablabla... mon voyage... blablabla... mes rénovations... blablabla...).

Pour ma part, comme plusieurs collègues, j'ai triché: je suis rentré avant la rentrée. J'ai placé ma classe, fait du ménage (le mot-clé de cette année) envoyé des documents à la reprographie.

Ah oui! Je rentrerai au boulot après un jeûne et une prise de sang matinale. Peut-on appeler cela un rituel?

Mon premier contrat

La lettre de madame Gauthier m'a rappelé le premier contrat que j'ai obtenu en éducation. Sitôt après avoir complété mon bac en enseignement, j'avais envoyé une cinquantaine de curriculum vitae aux commissions scolaires de la région de Montréal et des horizons lointains: Trois-Rivières, Granby, etc. À l'époque, de l'emploi en éducation, c'était rare et on ne regardait pas trop si les opportunités nous obligeraient à déménager.

Certaines CS envoyaient des accusés de réception, d'autres pas. La CSDM, à l'époque, m'avait barré de sa liste d'embauche parce que je n'avais pas effectué mon dernier stage dans une de ses écoles. Une information qu'on s'était gardé de me donner avant mon dernier stage, bien sûr...

Bref, j'attends devant le téléphone. J'attends. J'attends. Puis est arrivé cet appel de la commission des écoles catholiques de Verdun. Une entrevue, yesss! Durant celle-ci, je me suis littéralement sabordé parce que j'avais pas envie de travailler pour une CS dont le directeur du personnel m'avait interrogé sur mes valeurs religieuses (Hey! c'est quoi le lien avec le français?) et sur comment j'avais obtenu 100% dans mon dernier stage. Poliment, je lui avais répondu: «Je ne sais pas. Il vaudrait peut-être mieux le demander à mon maitre-associé.» Dans ma tête, la réponse fusait: «Quoi? Tu penses que j'ai couché avec lui?»

Finalement, un autre appel, une autre entrevue. À Saint-Jérôme. Comme je demeurais à Montréal et n'avais pas de voiture pour des raisons religieuses (Les Dix Commandements du cycliste urbain, vous connaissez?), aussi bien dire à Saint-Glin-Glin-Des-Meuh-Meuh. J'ai facilement obtenu le poste. Un 85% de tâche en cinquième secondaire et en journalisme.

Matin et soir, jusqu'en novembre, j'ai effectué le trajet à l'école en autobus, le temps d'amasser de l'argent pour m'acheter une voiture usagée. J'en profitais pour corriger ou préparer mes leçons. Je devais enseigner de la grammaire que je n'avais pas vue depuis le secondaire!

Je demeure convaincu que ce poste m'a permis de décrocher l'emploi permanent que j'ai maintenant. Durant cette année-là, j'ai travaillé avec un des conseillers pédagogiques les plus incroyables du Québec et une équipe d'enseignants très motivés. J'ai été très chanceux de les côtoyer. J'ai aussi fait ma chance en acceptant de m'exiler aussi loin. Et ça, je ne l'oublie pas.

23 août 2010

Enseignants résiduels: la vie n'est pas juste

On parle beaucoup chez certains collègues, surtout les plus jeunes, de ce texte paru dans La Presse et intitulé «Je suis un résidu». Une jeune enseignante, Mélanie Gauthier, y explique son désarroi devant une profession qui n'a pas mieux à lui offrir que des contrats annuels constitués de résidus, de queues de tâche comme on dit dans le milieu. Bien que touchant, j'ai des réserves quant à ce texte qui est, au fond, empreint d'une très grande naïeveté.

Madame Gauthier considère qu'elle devrait avoir plus que ce que le marché du travail actuel en éducation lui offre, elle qui a complété quatre années d'études universitaires et qui est, selon ses dires, une «enseignante qualifiée et passionnée par son travail, maîtrisant parfaitement le français à l'écrit comme à l'oral, animée d'un grand désir de partager mes connaissances et de stimuler le désir d'apprendre chez les élèves, assise à la maison à guetter le téléphone dans l'espoir qu'il sonne».

Mais qui a dit que la vie était juste? Qui a dit que les gens pleins de bonne volonté étaient toujours récompensés?

Actuellement, les individus qui croient se trouver un poste facilement en enseignement sont mal informés. Oui, il y a des pénuries dans certains champs, mais il faut se renseigner un peu! De même, certaines régions connaissent actuellement des surplus d'effectif importants. Dans mon coin, pourtant en plein développement, il faudra attendre quatre à cinq années pour revenir au niveau d'emploi d'il y a dix ans à cause d'une baisse démographique survenue au début des années 2000. On fait donc sa chance en s'informant, pas en prenant pour acquis des réalités qui n'en sont pas!

Madame Gauthier affirme qu'elle n'est pas surprise que 20% des jeunes enseignants quittent la profession après cinq ans quand elle constate tout ce qu'on leur demande. Or, si je me base sur la liste des irritants qu'elle énumère, je ne peux retenir que les tâches multiples puisque les autres éléments qu'elle mentionne sont le lot de tous les enseignants. Et encore! Actuellement, plusieurs conventions collectives locales des enseignants ont laissé tomber le critère d'anciennenté en ce qui a trait à l'attribution d'une tâche. Ainsi, dans mon école, il est arrivé que des enseignants d'un âge certain soient «tassés» à la faveur de plus jeunes pour l'octroi de postes intéressants.

Madame Gauthier s'insurge enfin contre le fait qu'on ne peut pas lui garantir un travail alors qu'elle a 33 ans et des obligations financières ainsi que familiales. Mais n'est-ce pas le lot de la majorité de la population québécoise? On peut déplorer la situation que vit cette jeune enseignante, mais de là à remettre en question le système d'éducation actuel en affirmant qu'il ne tourne pas rond parce qu'on «n'arrive même pas à garantir du travail à ceux qui sont là, pleins de bonne volonté», il y a une marge.

22 août 2010

On ne peut pas tous être pauvre...

J'aime bien cette chanson d'Yves Jacques. Elle illustre tout à fait la bonne conscience de certains individus.

Dans la fonction publique québécoise, il est possible pour certains de se faire rembourser divers frais: déplacement, hôtel, restaurant, etc. Je connais des décideurs dont la voiture a été payée par l'État à force d'effectuer des voyages Montréal-Québec alors qu'il existe pourtant des moyens de transport alternatifs beaucoup moins cher. Et ne parlons pas de ces directeurs généraux de cégep qui visitent Vienne ou New Delhi dans le cadre de leurs fonctions afin de développer le volet international de leur institution. Un cégep en Inde!

Comme prof, aussi bien vous dire que c'est plutôt rare qu'on nous paie quoi que ce soit. Quand j'oeuvrais près de l'appareil politique, vous auriez dû voir avec quelle facilité on pouvait trouver des factures pour tout et rien. Un bon resto à Québec gardait une pile de factures non réclamées dans laquelle on pouvait piger pour justifier le coût d'un repas.

Tiens, un exemple: pour la rentrée, une école de ma commission scolaire tient un brunch à l'extérieur de ses murs. Un collègue, qui se rend à son lieu de travail à pied, n'aura d'autre choix que de prendre sa voiture à ses frais pour s'y rendre. «Il aura un repas gratos»,me direz-vous. C'est vrai, mais lisez le texte qui suit et vous constaterez que nous en sommes pas tous égaux devant les comptes de dépenses.

Aini, plusieurs directeurs-généraux d'organisme publics , qui gagnent plu de 100 000$ par année, n'hésitent pas à facturer à l'État des dépenses dont le montant dépasse à peine un dollar. Ridicule! Imaginez combien il en coûte pour traiter pareilles demandes. En bas d'un certain seuil, aucun remboursement ne devrait être permis. Je sais que c'est avec «des cennes qu'on fait des piasses», mais quand il en coûte plus cher à l'État de gérer le remboursement d'une dépense que la dépense elle-même, on devrait se garder une petite gêne.

Le comble de la pingrerie revient, quant à moi, à la directrice générale de l'Agence de la santé de l'Abitibi-Témiscamingue, Lise St-Amour. Ainsi, cette dernière s'est fait rembourser 1 $ à la suite d'une rencontre à la Conférence régionale des élus (CRE) qui portait, ne riez pas, sur la... pauvreté.

21 août 2010

Les gérants d'estrade - multiples ajouts

Sur Cyberpresse aujourd'hui, le chroniqueur Stéphane (correction effectuée) Laporte affirme qu'on devrait importer le système scolaire français au Québec afin de s'assurer que le nôtre soit plus performant. Rien de moins.

À la base de son opinion: «Quand on se promène à Paris et que l’on croise un SDF assis sur banc, il s’exprime mieux qu’un député d’arrière-banc à Québec. Coté académique, les Français ont l’air pas si pire. Ils parlent bien et connaissent leur histoire.»

Heureusement, des internautes l'ont ramassé en lui démontrant clairement les lacunes du système scolaire de nos sympathiques cousins. J'ai ajouté ma modeste contribution à cet effort d'éducation d'un chroniqueur qui écrit n'importe quoi.

M. Laporte

Excellente chronique d’humour. Vous êtes un pro pour ce qui est de rigoler et d’être ironique.

Ah? ce n’était pas de l’humour…

Sans vouloir vous offenser, puis-je vous indiquer que tous les commentaires précédents indiquant les lacunes du système scolaire français sont justes. Pourriez-vous vous abstenir de commenter des sujets dont vous ne connaissez rien et vous en tenir à ce que vous savez?

Le principal malheur en éducation, ce sont justement les gérants d’estrade comme vous qui disent et écrivent n’importe quoi.


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Cyberpresse a délicatement retiré mon commentaire. C'est son droit le plus strict. Tout comme c'est également son droit de publier les propos insignifiants d'un chroniqueur qui dénonce la dictature de l'esthétique à la télé d'un côté et embauche des beautés pour Le Banquier de l'autre.

Pas le sens de l'humour, ces gens-là...

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Question de voir si tout est dans le choix des mots, j'ai expédié le commentaire suivant sur le blogue de M. Laporte. On verra ce que le modérateur en fera.

Sans vouloir vous offenser, M. Laporte, je crois que la plupart des commentaires publiés ici montrent bien que votre opinion est inexacte. Comme bien des gens, lorsqu'ils traitent d'éducation, vous basez votre jugement sur des préjugés ou des généralisations basées sur des exemples personnels. Qui plus est, actuellement, il est intéressant de savoir que le système scolaire français vit des moments de crise quant à sa supposée performance.

Il serait préférable que vous utilisiez la tribune qu'on vous offre pour vous consacrer à des sujets que vous maitrisez souvent avec humour et intelligence, évitant ainsi de répandre des faits inexacts.


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Définitivement, Cyberpresse n'aime pas mes commentaires.

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Ce matin, tôt, il a été retiré. Puis, il est réapparu!

Ce qui me choque du genre de blogueurs qu'est M. Laporte est qu'il écrit des trucs (parfois intéressants parfois des énormités), mais ne revient jamais réagir aux commentaires qu'on lui écrit.

Savoir écrire: une connaissance?

Dans une entrevue à Radio-Canada, la nouvelle ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a expliqué que «savoir écrire» était une connaissance.

Ah misère...

Bulletin unique: deux lacunes importantes

Si un journaliste lit ce message, qu'il pose des questions au MELS ou à la ministre Beauchamp parce que, reporté ou pas, le projet de bulletin retenu par madame Beauchamp présente deux lacunes importantes.

Tout d’abord, les parents recevront trois bulletins au lieu de quatre comme c’est le cas dans plusieurs écoles à travers le Québec. Ce changement signifie ironiquement que certains parents de seront donc moins informés qu’ils le sont actuellement. En plus, pour un enseignant comme moi, je serai contraint de revoir toute ma planification annuelle et une partie de mon matériel afin de placer des moments d’évaluation pour trois étapes et non plus quatre. La ministre ne me simplifie pas la tâche en réduisant le nombre de bulletins : elle l’alourdit! Il serait intéressant de procéder à un sondage pour voir combien de mes collègues seront ainsi touchés. Il s’agit, à mon avis, d’une considération importante si on veut respecter ces derniers.

Également, quelqu’un au ministère semble ne pas avoir indiqué à la ministre qu’en cinquième secondaire, les élèves doivent compléter leur demande d’admission au cégep le 1er mars. À moins qu’on modifie cette date, ces derniers n’auront donc qu’un résultat de cinquième secondaire à soumettre comparativement à deux actuellement. Pour avoir enseigné 17 ans à ce niveau, c’est un non-sens complet puisque certains élèves ont besoin de se «casser la gueule» au premier bulletin afin de mieux performer par la suite. Là, ils n’auront aucune chance. Bravo pour la motivation et le décrochage! Certaines écoles qui avaient trois étapes ont même changé pour quatre quand elles ont constaté l'impact de ce découpage sur la motivation des élèves

Bien que je ne sois qu’un simple enseignant de banlieue, des décisions de ce genre m’amènent à me questionner sur ceux qui informent nos décideurs publics. La ministre devrait se questionner également.

20 août 2010

La ministre Beauchamp dans le champ

Désolé de l'écrire, mais la nouvelle ministre est dans le champ quant à son argumentaire concernant le bulletin unique: «Il doit y avoir une année de transition et une formation pour les professeurs. Je suis sensible au besoin de respecter les professeurs et leur permettre de recevoir une formation.» Ce ne sont pas les profs qui ont demandé un report de ce bulletin, mais les commissions scolaires, souvent des Titanic administratifs incapables de se retourner rapidement. Durant tout le Renouveau, ce sont le MELS et les CS qui ont retardé le ryhtme d'application de ce dernier avec des programmes de formation en retard, des comités, des réunions, des délais, etc. Les profs sont habitués à gérer en mode rapide. Ou plutôt: on les a habitués en exigeant d'eux ce que les CS et le MELS ne réussissaient même pas à faire, soit être efficaces.

Autre chose: on passera de quatre étapes à trois. Les deux premières, celles du 20 novembre et du 10 mars, vaudraient pour 20% chacune et celle du 20 juillet, 60% à elle seule. Raison évoquée: il s'agirait de favoriser la motivation des élèves qui éprouveraient des difficultés en début d'année. Traduction dans la tête d'un élève: tu peux encore te pogner le beigne une partie de l'année et te rattraper à la toute fin...

Les pédo-pédagogues

Tiens, allons-y avec un sujet heavy: le comportements sexuel de certains intervenants dans nos écoles.

Le Journal de Mouréal rapporte aujourd'hui le cas d'un ancien directeur d'école reconnu coupable de possession de matériel pédophile. A-t-il «consommé» ce genre de pornographie alors qu'il travaillait en éducation? Son procès ne le dit pas, mais on peut soulever la question.

De combien de cas ai-je été témoin de comportements sexuels «indésirés» dans une école au cours de ma carrière? Un dont je peux être certain. Deux autres où il n'y a eu que des rumeurs. Ah! les rumeurs... sauf que, lorsque des groupes entiers de jeunes filles sur plusieurs années se sentent intimidés par les regards insistants d'un collègue, on finit par se poser des questions quand même. Surtout quand le prof en question fait constamment, constamment, constamment beaucoup, beaucoup, beaucoup photos en sortie parascolaire.

Dans le cas dont je suis absolument certain, ce qui m'a choqué est qu'il était extrêmement difficile de prouver le comportement de l'enseignant incriminé. Comme une direction d'école ne veut pas s'embarquer dans un long processus légal, elle procède habituellement sous forme d'une transaction: tu remets ta démission, on n'écrit rien dans ton dossier et tu vas travailler ailleurs. Ça ressemble à la méthode du clergé avec les prêtres pédophiles. Si une direction d'école veut aller plus loin, elle devra prouver les allégations menant au congédiement (ce qui est bien normal), sinon elle risque de se faire poursuivre.

Dans les deux autres cas, j'ai assisté aux mêmes transactions: la présomption d'innoncence versus la difficulté de prouver les allégations de pédophilie. mais jusqu'où achète-t-on la paix?

17 août 2010

Malbouffe: et si on éduquait?

Tiens, ce petit texte paru dans La Presse aujourd'hui. Je pense que je vais proposer l'idée à mon école... Ce n'est pas le gestionnaire de la cafétéria chez nous qui en ferait autant, c'est évident. (site Internet ici)

Condos: même pas de dernier repos...

Que diriez-vous d'acheter un condo construit dans un cimetière? Pourquoi pas une résidence pour personnes âgées tant qu'à y être? Nos p'tits vieux seraient encore plus près du trou...

La Ville de Québec a déjà délivré un permis de lotissement pour le cimetière, que la corporation qui en est propriétaire souhaite diviser afin d'en vendre une partie au promoteur immobilier. «La transaction n'est cependant pas terminée et aucun permis de construction n'a encore été émis; nous attendons l'aval du ministère de la Culture, qui est nécessaire, car il s'agit d'un arrondissement historique», explique la conseillère municipale de Saint-Louis-Sillery, Francine Lortie, ajoutant qu'il y avait «très peu de sépultures» dans le secteur visé.

Un autre exemple mourant de construction débile, quant à moi.

16 août 2010

Le décrochage scolaire

Grande distribution de matériel scolaire aujourd'hui à Montréal auprès de 2 200 élèves appartenant à des milieux défavorisés, une hausse de 30% en un an.

«Le but est de donner le goût aux enfants de rester à l’école. Étant donné que le décrochage scolaire commence jeune, on veut que les enfants puissent rentrer à l’école la tête haute avec le matériel scolaire dont ils ont besoin pour partir du bon pied», ajoute M. Morgan, président-directeur général de la Mission Bon Accueil.

Hey que tous ces gens sont niaiseux! On sait que le problème du décrochage scolaire est de la faute de l'école, pas de la pauvreté ou d'un milieu social et familial pas assez stimulant.

À quand une prochaine réforme où on abolira tout simplement le matériel scolaire? Vite que le Conseil supérieur de l'éducation se prononce en faveur de cette mesure.

Les parents justiciers

Je vous invite à lire ce texte sans vous évanouir. Et après, certains se demandent pourquoi des gens intelligents ne veulent pas être profs.

Faut être fêlé pour faire ce travail. Rien de moins.

15 août 2010

L'avant-rentrée

Rentrée. Le mot honni. Celui-qu'il-ne-faut-pas-prononcer.

Et il y a aussi l'avant-rentrée.

On reconnait cet état d'esprit à plusieurs symptômes.

Longs soupirs en regardant le calendrier.
Des doigts en trop quand on compte les quelques journées qui restent.
Regards allongés vers le matériel scolaire qui traine dans un coin.
Des envies de faire du ménage en se disant qu'on n'aura plus le temps bientôt.
Une envie de lever notre verre pour abolir le temps.
Même les jours de pluie nous semblent beaux.

12 août 2010

L'estime de soi et le bulletin unique

À propos du bulletin unique, Josée Bouchard, la présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) resert un vieux couplet: l'estime de soi. Lisez ses propos.

« Le nouveau modèle d’évaluation de Québec pourrait nuire à l’estime personnelle des enfants en difficulté en les faisant redoubler. Avec le système de pondération suggéré, les mauvaises notes du début de l’année scolaire pourraient faire doubler l’élève même s’il se reprend avec succès en juin. »

Selon elle, des recherches ont démontré qu’un enfant qui a redoublé a plus tendance à décrocher.


Ah! L'estime de soi des p'tits pits. Il ne faut pas les brusquer, les traumatiser. Quant aux recherches, je me pose la question suivante: un enfant décroche-t-il parce qu'il a doublé ou décroche-t-il parce qu'il ne satisfera pas de tout façon aux exigences du programme?

Je vais être un peu cru dans mes propos, j'en suis désolé. J'enseigne au premier cycle du secondaire et je vois plein de jeunes de première secondaire se pogner le cul à deux mains parce qu'ils savent qu'ils peuvent échouer sans qu'il n'y ait de véritable conséquence. Arrivés en deuxième secondaire, ils continuent sur ce rythme jusqu'à ce que l'inéluctable se pointe devant eux: ils risquent d'être recalés. Là, quand ils ne blâment pas le prof, ils essaient de se prendre en main parfois avec juste assez de succès pour éviter le pire. Et cela, c'est quand la commission scolaire n'impose pas au prof des barêmes de correction tellement ridicules que n'importe quel élève sachant tenir un crayon peut les atteindre.

Avis du Conseil supérieur de l'éducation: une triste farce

Vous voulez rire un bon coup? Un groupe d'humoristes fait parler de lui aujourd'hui avec un texte (ici) d'une ironie caustique: le Conseil supérieur de l'éducation! Celui-ci se prononce contre le bulletin unique et il faut lire les justifications appuyant cet avis pour se rendre compte que le ridicule ne tue malheureusement pas.

Voici quelques perles de cet avis qu'on pourrait qualifier d'hypocrite:

«L'ampleur et la nouveauté des modifications proposées, le délai de consultation ainsi que la date d'entrée en vigueur du projet de règlement heurtent de front les acteurs du milieu scolaire qui ne sentent pas que sont considérées les contraintes de planification et d'organisation scolaire qui sont les leurs, d'autant plus que le nouveau cadre d'évaluation n'est pas encore disponible.»

«Par ailleurs les modifications ne semblent pas tenir compte des pratiques existantes et du temps de réflexion nécessaire à l'analyse et à l'appropriation de ces changements. »

«Compte tenu de la complexité et de l'interdépendance des changements exigés, la transformation des pratiques professionnelles nécessite du temps, de l'exercice et un rappel constant des visées du renouveau. »


Quand, pour justifier une opinion, on réclame le contraire de ce que l'on a déjà fait, c'est que l'on est malhonnête intellectuellement.

Que penser d'un conseil qui affirme que ce changement doit se faire en concertation avec l'expertise du milieu scolaire et qu'il doit être basé sur des résultats de recherches fiables et rigoureux sinon qu'il est prêt à dire une chose et approuver son contraire?

Que penser d'un conseil qui affirme que «toute modification implantée en catastrophe entraîne son lot de problèmes et une telle improvisation risquerait d’apporter beaucoup plus de confusion que de clarté en plus de susciter de l’inquiétude et de la frustration chez le personnel scolaire» alors qu'il a cautionné la plus grande entreprise d'improvisation pédagogique au Québec en se moquant des doléances de milliers d'enseignants dont certains ont connu des moments d'une rare détresse psychologique?

Que penser d'un conseil qui demande à la ministre de l’Éducation de «lancer un chantier pour apporter des ajustement qui font un consensus plus large» alors qu'il se foutait jusqu'à maintenant du concensus?

Et il faut lire les propos de Nicole Boutin, présidente du Conseil, pour constater à quel point quelqu'un est prêt à n'importe quel argument pour défendre son idée.

«On enseignerait encore avec l’approche par compétences, mais on évaluerait principalement des connaissances... Ça créerait des situations difficiles. Il y a du bon dans le Renouveau. On a investi beaucoup d’argent dans ce programme. Il faut continuer dans cette voie. Plusieurs écoles ont développé des façons efficaces et claires d’évaluer les compétences. On pourrait prendre exemple sur elles plutôt que de tout recommencer. C’est trop vite. Il y a une nouvelle ministre de l’Éducation. C’est le temps pour elle de prendre le temps de consulter le milieu et de revoir sa décision».»

Depuis quand avoir investi «trop d'argent» dans un programme» est un argument pour justifier sa validité? «Trop vite»? «Consulter le milieu»? Depuis quand ce conseil se préoccupe-t-il d'un milieu dont il se foutait qu'on le bardasse et qu'on lui impose un régime pédagogique pour lequel il n'a même pas été consulté?

Une farce, une triste farce que cet avis.

11 août 2010

Au revoir, madame Courchesne!

Jean Charest a finalement offert un autre portefeuille ministériel à Michelle Courchesne que celui de l'éducation. Était-ce à la demande de cette dernière? On le saura peut-être un jour. Quoi qu'il en soit, il fallait avoir la couenne dure pour demeurer si longtemps à la tête d'un ministère aussi ingouvernable.

Les critiques ont été extrêmement dures envers madame Courchesne. Dans le cas du calendrier scolaire où l'on a appris qu'elle avait menti, à mon avis, à la population sur les pressions qu'elle avait subies de la part de la communauté juive, ces jugements négatifs étaient fondés.

On peut aussi reprocher à la ministre de souvent avoir procédé à des annonces très «politiques», par exemple celles sur le français ou la violence. De belles intentions mais pas toujours les investissements pour les réaliser. Et cela, sans oublier qu'elle ne pouvait pas toujours compter sur les commissions scolaires et certaines directions d'école qui se trainaient les pieds parce que celles-ci n'aiment pas se dire quoi et comment le faire.

Par contre, si j'ai été un ardent critique de cette ministre, madame Courchesne a souvent eu à payer pour le cadeau empoisonné dont elle a hérité en occupant ce ministère. Qui se rappelle de l'état de crise permanent qui régnait en éducation à son arrivée avec l'imposition improvisée d'un renouveau pédagogique? Certains collègues, à la mémoire défaillante, ont reproché à madame Courchesne les divers changements de bulletin alors que c'est elle qui a remis sur les rails une évaluation carrément fantaisiste. De même, on a dénoncé son attitude dictatoriale au ministère de l'Éducation alors que, de l'autre côté de la bouche, on ne cesse de se plaindre des fonctionnaires déconnectés et fantasques qui imposaient leurs volontés à un ministre qui ne faisait souvent que passer.

Madame Courchesne paiera le prix d'avoir été celle qui aura dû ramener un peu d'ordre dans un ministère en proie à un délire pédagogique. Elle aura voulu changer les choses petit à petit, donnant malheureusement l'impression de cautionner une situation souvent indéfendable.

Parmi les bons coups de madame Courchesne, il ne faudra pas oublier la hiérarchisation des apprentissages en français, la création de passerelles pour permettre l'embauche de diplômés issus d'autres disciplines que le «fumeux» bac en enseignement, la création de tests de français pour s'assurer de la maitrise de cette langue par les futurs enseignants. Et il faudra se rappeler que cette ministre aura su s'entendre tant avec la FSE et la FAE en ce qui a trait à de nombreux dossiers pédagogiques, ce qui n'est pas un mince exploit!

Michelle Courchesne partie, c'est au tour de Line Beauchamp d'être à la tête de ce monstre qu'est le ministère de l'Éducation. Cette dernière devra travailler à refaire des liens, parfois brisés par maladresse, parfois brisés parce qu'il était important de remettre certains intervenants en éducation à leur place et effectuer un nécessaire ménage. Le monde de l'éducation est encore cahotique et il conviendra d'unir tous ceux qui y oeuvrent son veut assurer la réussite de nos jeunes. Il s'agira d'une situation difficile, mais la nouvelle ministre pourra au moins concentrer ses énergies à construire au lieu d'éteindre des feux et de réparer des catastrophes comme a dû le faire la précédente.

10 août 2010

Virginie est bientôt morte, 30 vies arrive!

La Fabienne nationale l'a annoncé: la série Virginie prendra fin en décembre prochain. Cela ne change pas grand-chose à mon monde parce que je n'écoutais pas cette émission. Il m'a suffi d'un épisode il y a douze ans pour comprendre le genre de bouillie qu'on y servait. Inutile de dire que Virginie était de la fiction, pas un documentaire, et les clichés sur l'école secondaire publique, dans cette émision qui n'en finissait plus de mourir d'ennui, étaient tellement nombreux que c'en était pathétique .

Mais notre grande Fabienne aura une autre série en milieu scolaire: 30 vies. Une seule prof, Gabrielle Fortin, jouée par Marina Orsini, et 30 élèves. C'est déjà un plus grand groupe que d'habitude... Virginie était tellement ridicule avec ses grands groupes de 12 élèves! Trente élèves, ce n'est quand même pas le nombre qu'un prof ordinaire a dans ses groupes, mais bon.

On aura donc droit à une suite de petits épisodes (de quatre à huit) couvrant le drame de l'un d'eux. Si on se base sur les clichés habituels de Mme Larouche, voici donc en primeur les thèmes qui seront abordés dans cette série;
- le rejet (homophobe et autres);
- l'anorexie et les désordres alimentaires;
- les relations de couple chez les jeunes et la sexualité;
- la drogue;
- les beaux-parents;
- les différences religieuses;
- l'avortement;
- la dépression...

Honnêtement, je pense que le mérite de cette nouvelle émission sera de traiter ces thèmes plus en profondeur parce que l'auteure aura plus de temps pour les installer et les développer. Espérons simplement qu'elle ne versera pas dans les éternels clichés dont elle a abondamment gavés les téléspectateurs.

À quand des élèves heureux qui réussissent simplement sans drame? À quand de simples moments de joie et des sourires parce que la vie en classe peut être belle?

09 août 2010

Parti libéral du Québec: les portes tournantes

Jacques Dupuis part à mi-mandat (ici et ici). Celui-ci a droit à une prime de départ de près de 150 000$ ainsi qu'à une généreuse pension et on doit organiser une élection complémentaire, ce qui coutera évidemment de l'argent. Vous en connaissez des emplois où vous recevez une prime quand vous partez avant la fin de votre contrat pour des raisons autres que médicales ou humanitaires? En éducation, en tous cas, je n'en connais pas!

Jean-Marc Fournier reviendrait après avoir quitté la politique pour des raisons familiales. «Familiales» dans le genre travailler pour Ignatief à Ottawa... Le PLC et le PLQ sont une grande famille, si je comprends bien. Lui aussi avait touché une généreuse pension à son départ. Mais il avait eu au moins la décence de partir à la fin de son mandat.

Après ces porte-tournantes, il faudra s'attendre à un jeu de chaises musicales, soit un remaniement ministériel. Jean-Marc Fournier (le sosie de Louis de Funès, dixit PMT) sévira-t-il de nouveau en éducation?

Les citoyens ont-ils raison d'être cyniques? Poser la question, c'est y répondre...

07 août 2010

Journalisme citoyen: en réaction à Mario tout de go

Vous trouverez ici un commentaire en réaction au billet de Mario Asselin. J'ai déjà abordé ce sujet dans un billet précédent qu'il vous sera utile de consulter pour comprendre tout le contenu de ma réaction.

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À titre d'ancien journaliste (un brève carrière) et de blogueur, vous me permettrez de revenir sur trois passages du texte que vous mentionnez.

1- «Pour l'instant, «on reste dans le flou par rapport aux normes professionnelles», dit-elle, et l'Association canadienne des journalistes se demande s'il ne serait pas préférable de ne rien diffuser qui n'ait pu être vérifié. «Une fois qu'on sort une rumeur, le mal est fait: lorsqu'on obtient la vérification, le public est passé à autre chose. Et c'est encore plus vrai avec les images. On a l'impression qu'un reportage vidéo ne peut être faux, alors que les effets de cadrage, de montage ou la musique peuvent être tendancieux.»

«Ne rien diffuser qu'il n'ait pu été vérifié.» Il me semble que c'est tout à fait normal. Or, la pression des cotes d'écoute et de l'exclusivité pousse les médias à ne pas respecter ce principe sacro-saint de l'information: la validité du contenu et de son contexte.

Un exemple: à Montréal, TVA a présenté en boucle une vidéo d'une citoyenne montrant une jeune fille devenue éboueuse. Pas de recherche, pas d'enquête, rien. Pourquoi est-elle là? Que fait-elle exactement? Qui sont les adultes qui l'accompagnent? On ne saura qu'une partie seulement de l'histoire que deux jours plus tard. Pas fort.

Dans la même veine, aux États-Unis, Obama congédie une employée sans même vérifier ce qu'on lui reproche. Je rajouterai que Fox (je crois), qui a diffusé la nouvelle venant d'un blogue, l'a fait en diffusant une information tronquée dont elle n'avait pas vérifié le contexte. Rien pour aider sa réputation déjà bien entachée...

2- «Jusqu'à présent, la population faisait confiance aux institutions que sont les médias pour ne pas être trop manipulées, affirme Philippe Le Roux. Maintenant que tout le monde peut diffuser des images, chacun devra se réapproprier ce pouvoir de discernement. Ce n'est sans doute pas plus mal, et on devrait même l'enseigner dans les écoles.»

Enseigner le discernement, je veux bien. Mais le discernement selon quelle grille idéologique? Il existe des scientifiques qui croient au créationnisme, d'autres à la présence de Dieu. Et je ne parle pas de ces Américains qui sont convaincus d'un complot X ou Y en se basant sur des vidéos, des livres, etc.

Le discernement est une notion à géométrie très variable, quant à moi.

3- «Dans une démocratie, ne pas faire confiance au sens critique du citoyen, vouloir interdire l'accès à des informations qu'on trouve dangereuses pour lui, c'est un plus grand danger encore», renchérit l'éthicien Daniel Weinstock.

Théoriquement, cette position est juste. Le hic est de savoir qui a produit cette «information» et dans quel but. Les médias institutionnel reconnus bénéficient d'une certaine légitimité quant à ce qu'ils diffusent. Leur notoriété, leur réputation en dépend. Dans une économie de marché, c'est en fait ce qu'ils nous vendent: leur crédibilité.

Autrefois, il fallait influencer des journalistes pour «manipuler» l'opinion publique. Aujourd'hui, on dirait que l'équation se renverse et que certains essaieront de manipuler l'opinion publique pour influencer les journalistes. Je ne dis pas que le procédé soit mauvais. Tout dépend des intentions de celui qui «manipule».

Un exemple: cette mère qui s'est servi de Twitter pour obliger Air Canada à faire réparer le fauteuil roulant de son fils brisé lors d'un vol aérien. La pression sur la toile et le fait que des médias ont commencé à s'intéresser à l'histoire ont poussé le transporteur aérien à donner rapidement satisfaction à la maman....

Revenons à nos moutons. Un «journalisme citoyen» ne vit pas avec les mêmes contraintes et n'a pas pas à satisfaire des conditions qui garantissent peut-être davantage ce qui est diffusé. Car là est un des problèmes: doit-on diffuser ce qui n'a pas été vérifié au préalable par des institutions dotées de règles éthiques et de contraintes les poussant à satisfaire un minimum de crédibilité?

Par ailleurs, j'ajouterai aussi que cette nouvelle forme de journalisme, dont on peut questionner la crédibilité, souffre d'un autre tare: celle de créer des citoyens prêts à tout pour faire la nouvelle, sans tenir compte des lois et des droits des individus. On crée des gens qui veulent se mettre devant la nouvelle, en quelque sorte. Andy Wharol l'a dit: tout le monde aura son 15 minutes de gloire.

Si je reviens sur l'exemple de la fillette éboueuse, la dame qui l'a filmée a commis au moins trois infractions au code de la route pour effectuer son topo: filmer en conduisant une voiture, franchir une ligne pleine et rouler en sens interdit! Aucun journaliste ou commentateur ne l'a souligné. Jusqu'où ira-t-on dans la prise de certains risques pour faire la nouvelle? Les journalistes bénéficient habituellement d'un encadrement et d'une formation qui évitent certains dérapages.

Pour ma part, en tant que blogueur, il m'arrive parfois de diffuser de l'information. Mais si j'estime que le sujet me dépasse ou est potentiellement dangereux, je refile le ballon à des journalistes reconnus, dont certains lisent mon blogue. Ceux-ci vérifient les faits et publient, s'il y a lieu.

Dans certains cas, je me suis royalement planté dans les informations que je leur ai fournies et ils m'ont expliqué où et pourquoi. Dans d'autres, ils n'ont pas publié pour des raisons que je respecte (nouvelle plus ou moins intéressante ou faisant partie d'un reportage à venir). Enfin, parfois, ils sont allés de l'avant avec mes infos qu'ils ont validés. J'ai établi une relation de confiance avec eux. Et ça me va très bien comme ça.

06 août 2010

Frankie va bien

Quelqu'une m'a demandé des nouvelles de Frankie. (Frankie, pour ceux qui l'ignorent, c'est mon vélo.) Il a passé tout l'été dans le salon à écouter la télé. Le Mondial de foot, des reportages sur la Deuxième Guerre mondiale, la série Mad Man que je trouve moyenne. Bref, je l'ai boudé. L'année dernière, il m'avait désarçonné deux fois, dont une qui m'avait valu une bonne entorse au poignet.

Alors, tout l'été, ce cyclope m'a regardé de son oeil blanc réfléchissant. «Amène-moi avec toi!», me suppliait-il en larmoyant quelques gouttes de lubrifiant à chaine. Moi, je lui préférais les exercices dans la piscine où je développais un muscle important: le mental. Grand bien me fit!

Aujourd'hui, j'ai chevauché Frankie pendant une heure. Un petit 23 kilomètres tranquille dont le seul but était de me ménager et d'avoir encore de l'énergie au retour. Ma monture était bien contente. Moi aussi.

05 août 2010

Québec Solidaire prouve l'incurie politique

Disons les choses comme elles sont: Québec Solidaire est trop à gauche pour moi. Je ne voterais donc pas normalement pour ce parti. Je préfère les Verts. Sauf que... je remarque que, depuis, l'élection d'Amir Khadir, celui-ci a fait un sacré bon travail avec une équipe de recherchistes réduites à son minimum.J 'ai écrit «recherchistes» au pluriel, mais je doute même que cette équipe en soit une.

Son dernier bon coup en lice: il a obligé le directeur général des élections a enquêté sur le cas de prête-noms qui ont versé plus de $150 000 à divers partis politiques. Or, pour découvrir cette fraude, il n'a simplement fallu que consulter la liste des donateurs des différents partis politiques.

Faut-il être surpris que ni le PQ ni l'ADQ n'ont porté plainte contre le PLQ? Pas du tout parce que la firme de génie-conseil Axor, accusée d'usage de prête-noms, avait pris soin d'arroser un peu tout le monde sauf Québec Solidaire.

Là où je demeure dubitatif, c'est quant au Directeur général des élections. Celui-ci a des enquêteurs. Que font-ils? Ils attendent qu'on porte plainte et mâchent le boulot pour eux? Chose certaine, on ne peut pas dire qu'ils ont une attitude pro-active dans certains dossiers.

04 août 2010

Affaire Villanueva: pu capab' de la victimisation

Les policiers font-ils du profilage racial? Oui, sans aucun doute. Est-ce condamnable? Oui. L'agent Lapointe devrait-il être sanctionné? Fort possiblement. A-t-il droit à des circonstances atténuantes. Fort possiblement aussi. Ai-je des amis policiers? Non.

Cela étant écrit, je n'en peux plus de cette affaire Villanueva. L'enquête du coroner s'éternise. La facture ne fait qu'augmenter et on tombe parfois dans un vaudeville de mauvais goût. Déjà, certains individus militent pour que le parc Henri-Bourassa, où est décédé le jeune Fredy, soit renommé en son honneur.

Désolé, mais il y a un point de non-retour à certaines revendications. Il vient un temps où l'on ne peut qu'être exaspéré de certaines manoeuvres qui ont tout de la provocation. D'ailleurs, aussi bien le dire, par moment j'ai l'impression que toute cette histoire est instrumentaliée des les tout débuts par des gens qui ont intérêt à ce que les policiers du quartier Saint-Michel marchent tellement sur des oeufs qu'ils en finissent par ne pas intervenir lorsque cela serait nécessaire. Le «hood» pourrait ainsi devenir un quartier ouvert, s'il ne l'est déjà pas assez.

De plus, du décès de Fredy Villanueva, on en est rendu à vouloir «engager le dialogue sur le bilan du G-20, la diversité culturelle et même, la reconstruction d'Haïti.»

Pour la mère de ce jeune, le procès actuel est davantage celui des victimes. C'était le risque de ce genre de procédure. On doit mesurer la crédibilité des témoins. On l'a fait dans le cas des policiers. On le fait avec tout le monde. Sauf que, quand un des principaux témoins est ton frère qui a un casier judiciaire, des bris de probation, etc., il est difficile de donner une impression d'individu irréprochable ou qui n'a pas un préjugé défavorable envers les policiers. Même chose pour ce témoin atteint d'une mémoire sélective qui nous rappelait les mauvais jours de la commission Gomery.

Mais là où la victimisation atteint son comble, c'est cette mère qui demande un appui public pour que son fils âgé, Dany, ne soit pas déporté du Canada à cause de ses démêlés judiciaires et affirme: «Je ne pourrais pas supporter une deuxième perte, on m'a déjà enlevé un fils et maintenant ils veulent m'enlever l'autre.»

Honnêtement, je crois que son fils se moque éperduement de la justice. Quand il a été arrêté à Charlemagne, il conduisait en état d'ébriété avec deux autres individus en bris de condition et trimballaient une quatité de cannabis avec eux. Pas vraiment intelligent... Encore plus dans le contexte dans lequel il est impliqué.

À mon avis, cette situation est triste, mais je crois que cette madame Villanueva a déjà perdu ses fils, et ce, depuis longtemps. Elle ne veut simplement pas le voir. L'admettre. Le constater.

03 août 2010

Les ayatolas de la malbouffe...

Je mange santé la très grande majorité du temps. Je n'ai aucun mérite. C'est ça ou la goutte et, croyez-moi, on apprend vite dans ce temps-là. Sauf que je ne peux plus supporter ces gens qui ont en tête ma santé, celle de nos jeunes, ces gens qui veulent décider pour moi, pour eux.

La dernière croisée en lice est Nathalie Fortin du Projet Urbanisme et environnement alimentaire autour des écoles et de Association pour la santé publique du Québec dont Le Devoir a publié la lettre ce matin. Comme il est impossible d elui répondre sur le site Internet de ce quotidien, je le fais ici en espérant que cette bouteille se rendra à la mer.

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Madame Fortin,

Je suis enseignant et parent.

Vous me permettrez tout d'abord de questionner les efforts des parents québécois. Ce sont généralement eux qui donnent de l'argent de poche à leur enfant, ce sont eux qui les nourrissent à la maison, ce sont eux qui vont au supermarché acheter les aliments. Les habitudes alimentaires des jeunes ne tombent pas du ciel.

On peut bien blâmer la télé, la publicité... Pourtant, ma fille, en contact avec toutes les réalités de notre société, a appris à manger sainement par mon exemple. Je ne lui ai jamais fait la morale ou de grands discours.

Toujours concernant les parents, ma nièce travaille dans un milieu défavorisé où l'on retrouve pas mal de fast food. Le cliché, qui n'en est pas un, me fait mal à écrire mais que croyez-vous qu'elle côtoie très régulièrement? Des parents adeptes de bien manger? Des parents qui participent à des cuisines collectives? On y peine à distribuer des paniers alimentaires en début de mois, au risque de gaspiller des aliments, mais une fois le chèque fini, là, c'est la cohue. Et je ne parle pas des aliments sains qui prennent parfois le bord de la poubelle sitôt les parents sortis du centre de distribution ou encore des jeunes de trois ou quatre ans qui sentent l'alcool à plein nez parce qu'on les enivre pour les endormir.

Intéressons-nous maintenant aux efforts des écoles. Vous parlez du fait qu'on y a interdit la malbouffe. So what? L'a-t-on réellement remplacée par des aliments santé appétissants et bons au goût? A-t-on rafraichi l'allure des cafétérias scolaires? A-t-on fait une véritable éducation des jeunes? Non, on a interdit. Et je ne parle pas du coût. Quand une simple salade coûte plus de 5,00$ (vendue au poids), on comprend que la santé a un prix que notre société ne veut pas payer. Les concessions qui gèrent les cafétérias scolaires n'ont qu'un seul but: le fric. Un bar à salade pour elles est un paquet de problèmes à gérer.

Alors, quand vous me parlez de réglementer, de légiférer, je ne peux penser qu'un truc abominable: les bonnes habitudes alimentaires, ça ne se commande pas! Ça s'éduque, ça se développe. Un exemple: à mon école, les élèves n'hésitent pas à prendre leur voiture et à rouler comme des fous pour aller au McDo le plus proche. Mettez-le encore plus loin, ils iront encore plus vite! Vous les tuerez au volant au lieu de les tuer avec de la malbouffe.

Une loi, une réglementation, c'est tout le contraire de l'éducation. Et que ferez-vous avec les dépanneurs qui vendent de la malbouffe? Irez-vous surveillez le menu des restaurants qui diront ne pas offrir de la malbouffe? Comment concilierez-vous le fait que vous restreindrez l'offre de restaurants des gens qui demeurent à proximité d'une école? En suivant votre raisonnement, certains quartiers populeux les verront tout simplement disparaitre!

On le voit avec la cigarette, avec l'alcool pourtant interdit aux mineurs: ce genre de mesures est tout simplement inefficaces.

Concentrez donc vos efforts sur l'éducation et assurez-vous donc que toutes nos écoles proposent des alternatives intéressantes au lieu de devenir une croisée de la malbouffe et de risquer de mécontenter la population avec des mesures inadéquates.

L'enfer est pavé de bonnes intentions. Vous y allez comme si vous rouliez sur une autoroute.

02 août 2010

Fillette éboueuse et Mon Topo

Je ne veux pas défendre ce papa éboueur qui a amené sa fille au travail. Il s'agit d'un manque flagrant de jugement. Mais je m'interroge sur ce nouveau réflexe qui consiste à ce que tout citoyen peut maintenant se transformer en reporter et envoyer un vidéo à des médias.

Dans le cas présent, je vous suggère d'aller regarder ce vidéo qu'on a vu ad nauseam à LCN et TVA et ensuite tenter de répondre à ces quelques questions.

Pourquoi aucun lecteur de nouvelles ou commentateur a-t-il souligné que la personne qui a filmé cette scène a coupé une ligne jaune, roulé en sens inverse et utilisé son cellulaire pour filmer alors qu'elle conduisait? À moins que je ne me trompe, ce sont trois infractions graves au code de la route.
La police portera-t-elle des accusations contre cette automobiliste journaliste téméraire?
Cette personne était-elle incapable de suivre un camion à ordures à pied?
Jusqu'où certains iront pour être les vedettes du prochain «Mon topo»?
A-t-on le droit de filmer ainsi des gens à leur insu?

On met en ondes un contenu sans même vérifier la véracité des faits, sans véritable enquête. Ce n'est que le lendemain qu'on a appris le fond des choses. Ça donne quasiment le goût d'envoyer des films trafiqués pour voir quelle importance leur donneront nos charmants médias.

Agence QMI: qualité moyennement insuffisante

Parfois, je me demande sur quels critères on embauche certains journalistes ou responsables des titres des textes. Un exemple banal: ce texte de l'agence QMI. Saviez-vous qu'il y avait un ministère de l'Éducation aux États-Unis?