30 septembre 2007

Vaut mieux tard que jamais...

Depuis trois ans, la commission scolaire de Montréal ()CSDM fait de gros efforts pour redorer son blason et pour concurencer les écoles privées sur son territoire. La lutte est féroce, d'autant plus que c'est dans les grandes villes que ces écoles ont le beau jeu de choisir une clientèle performante et d'affirmer être des lieux de performance.
Dans cette veine, la CSDM annonçait vendredi qu'elle continuerait son opération charme en y incorporant une nouvelle stratégie: les inscriptions dans les écoles secondaires seront devancées de quatre mois et auront donc lieu à la mi-octobre. Ainsi, elles se tiendront en même temps que celles des écoles privées. L'autre avantage de ce procédé est qu'il permettra de mieux planifier le nombre d'enseignants requis dans chaque établissement.

Célébrons donc dans la joie cette initiative heureuse! Après tout, il s'agit d'un pas dans la bonne direction afin d'éviter, entre autres, les incohérences dans l'attribution des tâches et les changements à répétition de profs en début d'année scolaire.

Cependant, je ne peux me retenir de mentionner ce fait: durement confrontée elle aussi à la concurence des écoles privées, la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) a devancé sa période d'inscription il y a de cela quatre ans. Quatre ans... Pourquoi un tel délai?

29 septembre 2007

À quoi pense Mario Dumont?

Ma réponse: «Mummmm... Concentre-toi! Donne l'impression que tu penses et que tu peux être premier ministre.»

28 septembre 2007

La tâche des enseignants: la débilité continue

Pour les lecteurs qui ne le savent pas, les enseignants doivent remettre à la direction de leur école, pour approbation, un projet de tâche pour l'année scolaire. Il s'agit d'un processus complexe et ridicule comme le témoigne ce billet. Or, cette semaine, deux faits nouveaux viennent appuyer cette opinion.


Ainsi, dans une école de ma commission scolaire, non content de leur demander de compléter cet horaire, une direction a indiqué aux enseignants qu'ils devaient le faire en utilisant uniquement des blocs de 15 minutes, affirmant qu'on ne peut rien faire à l'école en moins de temps. Suivant ce raisonnement, il faut donc 15 minutes pour faire une photocopie, 15 minutes pour appeler un parent et tomber sur une boite vocale, 15 minutes pour aller chercher un livre à la bibliothèque. Je comprends que certains gestionnaires soient si ineffficaces qu'il leur faille 15 minutes pour signer un bon de commande, mais quand même! De là à généraliser cette incapacité à l'ensemble des enseignants, il y a de quoi à être outragé.


Le deuxième fait est que mon syndicat m'a confirmé que je serais coupé d'une demi-journée même si je ne manque qu'une période et que je n'ai rien d'autre à mon horaire ce matin-là. Coupé pour du temps qui n'est pas à mon horaire, coupé pour du temps que je n'ai pas légalement à faire!


Expliquez-moi quelqu'un! On nage en plein délire.

Sondage et carottes: la malbouffe

Voilà! La période pour répondre à ce deuxième sondage est terminée.

À la question «La politique sur la malbouffe...

  • 42% ont répondu «me permettra de vendre illégalement des nananes à mes élèves»;
  • 14% ont répondu «me poussera à manger à l'extérieur»;
  • 21% ont répondu «est la meilleure idée du gouvernement Charest en deux mandats»;
  • 21% ont répondu «me fait vomir».

Et maintenant, voici l'analyse de ce sondage par le porte-parole de la maison de sondages Léger et Allégé, monsieur D. Ficient-Léger

Euh! Dans quel kodalk que je parle? J'aime assez ça les kodaks quand je suis dedans!

Bon, on peut expliquer le haut taux de réponses du premier choix (42%) par le fait que ces enseignants tentent de trouver une façon de travailler au noir comme la moitié des Québécois.

Quant au 14% qui indiquent que cette politique les poussera à manger à l'extérieur de leur école, on peut les associer à la catégorie des Québécois lucides: ils ont compris que la nourriture contrôlée par l'État, c'est de la m...

Les 21% qui croient qu'il s'agit de la meilleure politique du gouvernement Charest sont soit atteints d'un déséquilibre mental, soit membres du Parti libéral, soit les deux en même temps. À moins bien sûr que ces répondants aient fait preuve d'ironie.

Enfin, les 21% qui indiquent que cette politique les fait vomir mangent sûrement déjà à la cafétéria de leur école.

27 septembre 2007

Ma bibliothèque de classe

Cette année sera ma dernière... jusqu'à la prochaine, j'imagine. Aussi, j'ai décidé de mettre de l'avant certains projets qui me tiennent à coeur. Projets suicidaires, utopiques ou rêveurs, je m'en moque!

Ma première subversion consiste à avoir une bibliothèque à la disposition de mes élèves dans ma classe. Pour ce faire, j'ai commencé à employer des stratégies et des tactiques totalement déloyales.

Déjà, j'ai parlé «livres» avec mes élèves. Ils m'ont vu avec un roman dans les mains. Pire, certains ont même pu constater que je savais lire!

Ensuite, j'ai commencé à prêter sur une base individuelle des livres à deux ou trois d'entre eux. Des livres gagnants qui me voudront la question suprême: en as -tu d'autres du même genre? Le bouche-à-oreille a déjà commencé et j'ai accueilli ajourd'hui une grande de cinquième en manque de livre!

Mais mon coup sournois est survenu à la dernière période. Comme premier texte de l'année, les élèves doivent me présenter un livre qu'ils ont adoré et qu'ils feraient lire à un collègue s'ils le pouvaient. Ce livre doit, le plus possible, être le premier d'une série. Une critique personnelle donc , minimum 150 mots, à l'encre, sans structure à suivre et surtout sans faute! J'ai expliqué à mes élèves que ce texte est comme un premier baiser: ils doivent y mettre tout leur coeur.

L'aspect pervers est qu'une fois le texte écrit et corrigé, je vais m'arranger pour avoir en ma possession les livres qu'ils recommandent pour constituer mon fonds de bibliothèque et que je vais placer, à l'intérieur de chacun, leur critique! Ah!Ah! Ah!

Un midi par semaine, au minimum, j'ouvrirai mon local pour y tenir une petite exposition comme ça, tout subtilement. Mon pari est qu'après le premier, les élèves voudront lire le deuxième de la série.

J'ai honte de manipuler ainsi mes élèves, surtout parce qu'il s'agit de les faire lire! Madame Courchesne; démissionnez-moi rapidement avant que j'ai trop d'influence sur eux!

25 septembre 2007

Jeunes enseignants: les marmottes gagnent une manche!

J'ai déjà traité dans un billet précédent (On écrase bien les marmottes...) des clauses orphelin imposées aux jeunes enseignants lors du renouvellement de la convention collective en 1997. Ceux-ci avaient alors porté plainte devant la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ).

Une entente hors cour est intervenue à cet effet ce printemps entre le gouvernement, la CSQ et la CDPDJ. Le hic, c'est que les jeunes enseignants n'ont pas eu un mot à dire dans celle-ci. Plus odieux encore, ce sont justement le gouvernement et la CSQ qui avaient travaillé de concert pour imposer ces clauses. C'est un peu comme si on demandait à des criminels de déterminer les réparations qu'ils devraient verser aux victimes de leurs actes.

Devant cette situation absurde, l'Association de défense des jeunes enseignants du Québec (ADJEQ) a contesté avec succès cette entente qui prévoyait de dédommager ces derniers avec des programmes de formation déjà disponibles dans les commissions scolaires...

«C'est une retenue sur le salaire qui a été faite, donc (...) minimalement ce qu'on demande, c'est une compensation financière pour les sommes qui ont été prélevées injustement en 1997», considère Normand Morin, président de l'ADJEQ.

On revient donc à la case départ, après 10 ans de procès, de négociations et de magouilles.

Un titre tendancieux

Il y a des titres d'articles de journaux qui me font rager. Celui-ci par exemple: «André Caron appelle au professionnalisme des enseignants». Comme si on n'était pas des professionnels...

Pourtant, quand on lit ce texte, on s'aperçoit que le titre aurait pu être tout autre: «La Fédération autonome de l'enseignement déplore les courts délais imposés aux enseignants, l'absence de directives et la désorganisation chronique du ministère de l'Education depuis l'implantation de la réforme.»

Si on a à questionner le professionnalisme de quelqu'un, il me semble bien que ce ne soit pas celui des enseignants qui maintiennent à bout de bras un système d'éducation mal géré par les commissions scolaires et victime de réformes totalement improvisées par le MELS.

Martineau en remet une couche!

Dans le Journal de Montréal aujourd'hui, Richard Martineau commente la décision du MELS d'abolir le cours obligatoire d'économie au secondaire. Méchante langue dans le vinaigre, comme d'habitude! Mais parfois, les langues dans le vinaigre, c'est pas mauvais...

Pénurie des enseignants et incohérence du MELS

Depuis 1997, le réseau de l'éducation est aux prises avec une pénurie des enseignants. Au départ, on a cru que ce phénomène était ponctuel et relié au programme de mises à la retraite anticipée du gouvernement Bouchard. À l'époque, les facultés universitaires affirmaient même qu'elles suffiraient à la demande... Quelle blague! On sait ce qui est arrivé.
Et cette pénurie qui devait se terminer, selon le MELS, en 2001 devait finalement se terminer, toujours selon le MELS, en 2005 pour finalement peut-être se terminer, encore une fois selon le MELS, en 2007, mais récemment le MELS a annoncé que cette pénurie se terminerait... Bref, n'importe quoi, comme d'habitude.
Il y a deux ans, le ministre de l'Éducation de l'époque, Jean-Marc Fournier, annonçait un programme pour remédier à cette pénurie temporaire. En effet, il annonçait en grandes pompes qu'on faciliterait la qualification pour devenir enseignant. Fallait-il y croire?
Si vous lisez cette lettre publiée dans Le Devoir aujourd'hui (et je vous invite fortement à la faire), vous verrez qu'il n'en est rien et que les beaux discours de nos politiciens et leurs politiques ministérielles ne passent pas toujours le test de la réalité. Patrick Letendre enseignait depuis onze ans, mais n'était pas légalement qualifié. Même avec les assouplissmeents (?) du MELS, il lui faudrait retourner quatre ans sur les bancs de l'université pour obtenir son brevet d'enseignant.
En plus de remettre en question les récentes politiques du MELS, la lettre de M. Letendre questionne fortement la formation nécessaire pour enseigner. Faut-il un bac en enseignement pour être prof? Avec le règlement de l'équité salariale, vous comprendrez que je sois mordant et que je vous réponde que les études ne comptent absolument pas pour notre syndicat ou le gouvernement. Sauf qu'il y a un double discours une fois qu'on parle des nouveaux enseignants non légalement qualifiés. Si j'ai une collègue qui enseigne le français depuis 14 ans alors qu'elle n'a qu'un bac en sexologie, le petit nouveau, bardé de diplômes pertinents, doit absolument avoir complété des études universitaires en éducation. Pour ce qu'elle vaut cette formation et certains jeunes qui en sortent!
Il est de bon ton de parler des jeunes enseignants qui quittent la profession. On aime bien les victimes au Québec. Et les jeunes enseignants sont victimes des conventions collectives, des attributions de postes anarchiques, d'une formation universitaire déficiente et j'en passe!

Mais, quant à moi, et mes propos risquent de vous choquer, je ne m'inquiète pas trop de ce phénomène parce qu'il s'apparente à une forme de sélection naturelle et parce qu'il faut l'avouer, il y a plusieurs jeunes étudiants en enseignement qui n'ont pas les ressources personnelles pour travailler en éducation. À ce propos, saviez-vous que c'est notamment dans les facultés d'éducation qu'on retrouve les étudiants avec la cote R la plus faible? De même, il faudrait comparer ce phénomène de départ des jeunes enseignants avec d'autres professions avant de s'alarmer. Sauf que, pour notre syndicat, il s'agit d'une façon de démontrer que la profession est bien malade.

Si le malaise est bien réel, je suis en désaccord avec cette façon de faire qui risque surtout d'avoir l'effet pervers de remettre en cause l'attribution des postes au lieu de s'attaquer aux véritables problèmes en éducation. Je repense au dossier de l'équité et je me rappelle que l'enfer est pavé de bonnes intentions. Au delà des beaux discours, notre syndicat est doué pour toujours faire porter sur les épaules de ses membres ce qui devrait appartenir à d'autres.

On manque de profs, ceux qui choisissent cette profession ne sont pas toujours à leur place, on les forme parfois très mal à la réalité de nos écoles et on prive des candidats émérites de postes qu'ils combleraient aisément.

24 septembre 2007

L'économie, qu'ossa donne?

Dans le cadre de la réforme, le cours d'économie de cinquième secondaire passe à la moulinette. Il deviendra alors une matière optionnelle. Ça, on le savait déjà. Il sera remplacé par un cours de 100 heures intitulé Monde contemporain, qui regroupera rien de moins que l’histoire, la géographie, l’économie et la politique.

«Le Québec a déjà du mal à se tailler une place parmi les gros joueurs, on est très endettés et là, on fait disparaître le seul cours d’économie au secondaire », déplore M. Robitaille, conseiller pédagogique à la retraite et membre de l’Association québécoise pour l’enseignement en univers social (AQEUS). Pourquoi éduquer les jeunes à l'économie quand tout ce que l'on veut est qu'ils consomment? De toute façon, ironiquement, enseigner la notion d'économie ne devait pas être si efficace que cela si on considère que les Québécois sont les plus endettés au Canada.
Reste à écouter certains pédagogues du MELS nous expliquer en quoi la disparition du cours d'économie n'est pas un drame.
  • «On est conscient que dans tout changement, il y a des deuils à faire, explique Catherine Dupont, directrice des programmes au MELS. Mais l’orientation du cours a changé et il faut faire des choix.»
  • «Et il ne faut pas oublier qu’il y a une invitation à toutes les disciplines de se préoccuper des enjeux d’économie, précise Marius Langlois, responsable des programmes du domaine de l’univers social au ministère de l’Éducation. Par exemple, les professeurs de maths pourraient intégrer des apprentissages liés au crédit ou à l’épargne.
  • «L’éducation économique peut se faire à la maison», mentionne Catherine Dupont en rappelant que les parents ont aussi un rôle à jouer dans l'éducation économique de leur enfant.
Des deuils à faire... Intégrer les notions dans d'autres matières... Se faire à la maison... Je ne sais pas, mais j'ai l'impression qu'on me prend pour un con, simplement. Des deuils, on en fait souvent de ce temps-ci, je trouve. Tous les cours en intègrent d'autres et, au rythme ou cela va, on finira par ne plus avoir de temps pour l'essentiel. Quant à la responsabilisation des parents, c'est une concept à géométrie varaiable que le MELS utilise quand bon lui semble.
Enfin, je souhaite bonne chance à mes collègues de sciences humaines! Le programme est toujours en cours de rédaction, les manuels seront évidemment en retard et vous devrez revoir toute votre formation et votre façon d'enseigner, tout cela en quelques journées pédagogiques.

La tâche des enseignants

Chaque année, à la fin septembre, tous les enseignants du Québec doivent remettre à la direction de leur école, pour approbation, un projet de tâche de travail pour l'année scolaire en cours. Il s'agit d'un processus parfois stressant, complexe et absurde.

Un processus stressant

Ceux qui ne vivent pas dans une école ne savent pas qu'il existe parfois de vives compétitions entre les enseignants pour l'organisation d'activités parascolaires. On en a déjà vu se jalouser vertement pour savoir qui allait organiser un club de lecture ou un voyage à l'étranger, par exemple. Et comme c'est la direction de l'école qui choisit l'heureux élu, on assiste alors à des stratégies de charme ou de salissage...

Il y a aussi le stress de voir refuser son projet d'horaire et de se voir reléguer à la stimulante surveillance de la reprise des examens ou du paisible local de retrait, par exemple.

L'horaire de travail d'un enseignant peut dépendre de la direction de son école, du lien établi avec elle et de ses priorités. Une année, nous avons eu une direction qui avait pour politique de sabrer dans l'aide aux élèves pour favoriser la surveillance et l'organisation d'activités parascolaires. Jamais nos élèves n'ont autant visité le monde, été absents en classe et échoué.

Un processus complexe

Pour mieux comprendre toute la complexité du projet de tâche de travail d'un enseignant, prenons mon exemple.

Cette année, j'ai dû entrer mon horaire de travail sur un logiciel spécial appelé GPI. La direction a fourni un accompagnement aux néophytes pour y parvenir mais, dans certains cas, ce fut plutôt ardu. Autrefois, le tout était remis à la main et un membre du service du personnel l'entrait dans le réseau informatique.

Premier avantage: on libère maintenant des employés du Service du personnel. Deuxième avantage: mon horaire étant informatisé, il est plus facile pour l'ordinateur de la commission scolaire de gérer mes coupures de salaire lorsque je suis absent.

Premier désavantage: tous les enseignants d'une école doivent consacrer une à deux heures à compléter ce joyeux casse-tête. Deuxième désavantage: les directions d'école ont bien d'autres choses à faire, je crois, que de nous donner des cours d'informatique.

Une tâche de remplir la tâche
Pour bien comprendre toute cette gymnastique intellectuelle, il faut savoir que mon horaire de travail s'étale sur un cycle de neuf jours et comprend des périodes d'enseignement de 75 minutes. D'office, la direction de mon école a placé mes 24 périodes d'enseignement. Il me reste donc à compléter le reste. Et le reste, c'est:
  • 315 minutes reliées à la tâche éducative en présence d'élèves, minutes qui peuvent être consacrées à la récupération, l'encadrement particulier (on ne parle pas de suivi d'élèves auprès des parents), la surveillance ou la réalisation d'activités parascolaires;
  • 756 minutes consacrées à ma tâche complémentaire, dont 240 minutes pour l'accueil des élèves en classe et à mes déplacements, 15 minutes à la suppléance dépannage, 120 minutes à des rencontres du matin et 270 minutes au suivi des élèves auprès des parents;
  • 540 minutes reliées à du travail de nature personnelle, dont 10 rencontres collectives, trois rencontres de parents, la conception d'outils et de matériel pédagogique, la correction et des communications écrites.
S'ajoutent également huit heures reconnues de travail par semaine effectuées à la maison les soirs ou la fin de semaine.

Un processus absurde

Je dois donc m'assurer d'intégrer tous ces éléments à mon horaire de travail et, absurdité totale! déterminer le moment précis ou je les ferai. Donc, le jour 3, entre 9h25 et 10h04, je devrai faire de la correction. Tant pis si un jeune dont je suis proche menace de se suicider dans les toilettes de l'école et qu'on m'appelle à la rescousse! Moi qui me considère comme un professionnel de l'éducation, me voilà encarcané dans un horaire de travail précis à la minute près.

Mais le gros bon sens doit quand même primer, me direz-vous. Pas si sûr. Et en voici quelques exemples.
  • Si je fais du surtemps, il n'est évidemment ni reconnu ni payé. Je suis un professionnel dont l'horaire est plus rigide que celui d'un employé syndiqué d'usine.
  • Le temps de travail de nature personnelle comprend des activités déterminées par la direction. Ou est la logique? Cela revient à dire que, si j'ai une rencontre de parents, je devrai couper dans la correction ou la préparation de mes cours cette semaine-là.
  • Tous les enseignants ont une tâche égale. Crotte de boeuf! En connaissez-vous des enseignants d'éducation physique qui corrigent huit heures le soir et la fin de semaine? Dans certains établissements scolaires, certains d'entre eux voient même leur costume payé par l'employeur, convention collective oblige. Essayez de faire payer vos dictionnaire spécialisés en français, on s'en reparlera.
  • Mon horaire prévoit du temps de correction que je n'emploierai jamais pour corriger à l'école. Seriez-vous capable de vous concentrer, par exemple, dans un local ou l'on retrouve 26 bureaux d'enseignants et qui est situé à côté d'une classe d'anglais ou un vidéo joue à tue-tête? Je connais peu d'enseignants qui corrigent à l'école. Ils reportent le tout à la maison et font parfois bien plus que les huit heures officielles par semaine.
Mais le summum de l'absurdité est ce qui suit: j'ai conçu un horaire de travail qui me permet de n'avoir que 75 minutes d'enseignement un matin. Rien d'autre n'est inscrit à mon horaire. Mais si je suis absent, ma commission scolaire me coupera néanmoins toute l'avant-midi. Vous avez bien lu: je serai coupé pour du temps que je n'avais pas à faire! La comprenez-vous? Moi non plus. Mais disons qu'il s'agit d'une bonne façon, pour les CS, de rentabiliser les absences des enseignants.
Et je ne parle pas des diners et des pauses-pipi qui deviennent inexistantes devant les demandes de la direction ou des élèves.

Un retour historique et une conclusion

Quand j'ai débuté ma carrière d'ensiegnant, on présumait que nous étions tous des professionnels. On retouvait sur nos horaires nos périodes d'enseignement et le reste du temps consacré à la tâche éducative (28 périodes de 75 minutes dans mon cas). Lorsque j'étais absent, on coupait mon salaire à la période parce qu'on présumait que je ferais le travail complémentaire malgré tout. La direction de l'école avait pour mandat de surveiller les tricheurs, si elle le voulait.

Puis, sont arrivées les négociations sur l'équité salariale. Les enseignants ont tenté de démontrer qu'ils étaient sous-payés si l'on considérait le temps et la nature de leur travail. Après de longues discussion, le gouvernement est tombé d'accord avec le premier point, mais pas avec le deuxième. Il a alors fallu lui prouver que le nombre d'heures que nous travaillions n'étaient pas de la frime. Après bien des discussions et des manifestations («L'équité, ce n'est pas négociable! So, so, so!), mon syndicat a accepté qu'on supervise et augmente mon temps de travail afin d'obtenir la fameuse équité.

Comme enseignant de français trop scolarisé et trop travaillant, l'équité s'est résumée pour moi à un chèque ridicule, à une non-reconnaissance finalement de ma scolarité (ce qui, en éducation, est un joyeux paradoxe), à une augmentation effective de mon temps de travail et à l'obligation de répondre à un horaire de travail débilant.

Bref, comme l'enfer est pavé de bonnes intentions, je me portais mieux sans l'équité. Tant mieux pour ceux qui en ont profité. Sauf qu'aujourd'hui, tout ce processus de tâche me démotive et me rend très amer. C'est Alexandre Jardin qui écrivait dans Le petit sauvage que l'école avait tué tout le génie en lui. Elle est en train de faire exactement la même chose en moi. Au rythme ou les choses vont, on ne retrouvera en enseignement que des professeurs bureaucrates et standardisés qui suivront un horaire débiles et du matériel de maisons d'édition.

Je reviendrai d'ailleurs sur ce point dans un prochain billet.

PS: J'ai piqué l'illustration de ce billet à La Souimi et je vous invite à lire ses commentaires sur le même sujet. Ils ilustrent tellement bien ce qu'est le métier d'enseignant de nos jours.

Le retour des oies blanches

Chaque soir, leur chant me berce et, chaque matin, il me réveille. C'est le retour des oies blanches. Et dire que pendant 40 ans, le Montréalais inculte que j'étais ignorait tout de cette réalité migratoire. Qu'il faut être ignorant des véritables réalités!

Aussi, question de rattraper le temps perdu, le plus souvent possible, je me précipipe à l'extérieur pour observer ces gigantesques voiliers du ciel. Cette année, un ajout: je vais avoir des jumelles. On observe ou on n'observe pas.

Puis, comme quoi tout est relatif, «Le retour des oies blanches», je crois, est aussi le titre d'une pièce très sombre de Françoise Loranger... Je préfère les miennes, sans hésiter.

21 septembre 2007

Les lois 142 et 43 toujours actives!

Si les enseignants doutaient de vivre encore longtemps avec les contraintes imposées par les lois 142 et 43 imposant leurs conditions de travail et restreignant leurs activités syndicales, qu'ils prennent connaissance de l'événement suivant tel que rapporté par Le Devoir ce matin.


Au collège Édouard-Montpetit, des modifications ont été apportées à la composition de la commission des études. Celles-ci ont soulevé la colère des professeurs et pour cause. Ainsi, ce ne serait plus l'assemblée générale du syndicat de ces derniers qui choisirait les représentants des professeurs à la commission des études. On nommerait plutôt de facto les coordonnateurs des programmes importants tandis que la directrice des études choisirait elle-même un représentant pour les programmes plus petits. Pour cette dame, l'ancien mode de fonctionnement donnait trop de pouvoir au syndicat. Sauf qu'avec cette nouvelle formule, on se retrouverait avec une situation absurde ou elle pourrait nommer des gens qui se prononceraient entre autres sur le renouvellement de son contrat, par exemple.


Bref, les professeurs ne sont pas contents. Et le plus beau de toute cette histoire est que le collège Édouard-Montpetit menace d'utiliser la Loi 43 pour les empêcher de perturber, comme ils le prévoient, la prochaine rencontre de cette instance consultative. Parmi les sanctions que pourraient subir les contestataires:
  • chaque journée d'action syndicale coûtera une journée de salaire aux participants et trois mois de salaire aux membres de l'exécutif syndical;
  • fin de la eprception automatique des cotisations syndicales pour une période de trois mois;
    amendes allant de $100 aux participants et de $100 000 au syndicat concerné.
Vous ai-je mentionné que mon syndicat négocie présentement le renouvellement de notre convention collective locale? La partie patronale adopte depuis le début une attitude instansigeante et fermée. Cela vous surprend-il quand vous venez de lire ce qui se passe au collège Édouard-Montpetit? Les patrons ont tous les pouvoirs et ils comptent bien s'en servir. Peut-on parler de négociation quand un syndicat est muselé de la sorte par une loi que le Bureau international du travail, un organisme de l'ONU, a condamné?

20 septembre 2007

J'ai écrit à Jean Charest!

Un site Internet nous permet d'écrire au premier ministre du Québec, M. Jean Charest. Et semble-t-il que celui-ci répondrait aux courriels qui lui sont adressé.

Alors, n'écoutant que mon courage, voici une copie du courriel que je lui ai adressé. Je vous tiendrai au courant d'une éventuelle réponse.


Monsieur le Premier ministre,

À plusieurs reprises, vous avez indiqué l'importance de bien parler et de bien écrire notre langue commune à tous, le français. Or, lorsqu'on s'attarde aux exigences du MELS quant à la maîtrise de la langue française des jeunes élèves québécois, on constate que, de la première année du secondaire jusqu'à la quatrième, ils peuvent écrire autant de fautes de grammaire et d'orthographe qu'il y a de mots dans leur texte et malgré tout réussir leur épreuve d'écriture. En fait, il n'y a que lors de l'examen d'écriture ministériel de cinquième secondaire ou l'on retrouve un seuil de réussite quant à la langue. Un élève qui écrira plus de 35 fautes de grammaire et d'orthographe dans un texte d'environ 500 mots sera en échec. On parle ici ni plus ni moins d'une faute aux 15 mots!

Trouvez-vous ce seuil acceptable? Si non, que comptez-vous faire pour remédier à cette situation que j'estime déplorable? De plus, ne croyez-vous pas qu'il devrait exister des seuils de réussite en ce qui a trait à la maîtrise de la grammaire et de l'orthographe à toutes les années du secondaire?

Je vous remercie de l'attention que vous accordez à ces questions.

Un autre mauvais test révélateur

Le mauvais journalisme est comme la bêtise humaine: il est universellement répandu. Ce matin, c'est Cyberpresse qui mérite la palme avec son quiz intitulé: «Êtes-vous plus brillant qu'un jeune de premier secondaire?»

Notons tout d'abord l'emploi du terme «brillant». Dix petites questions pour déterminer si vous êtes «brillant» ou non. Pas de grande marge d'erreur, on en conviendra. On sent aussi une petite volonté de concurrence avec le Journal de Montréal avec son sondage sur les parents et les devoirs.

Ensuite, on découvre que les questions posées proviennent d'un livre visant à préparer les jeunes aux tests d'entrée des écoles privées ou des programmes d'études internationales. On ne parle plus de n'importe quel élève du secondaire, mais pourquoi ne pas sombrer dans la confusion des genres tant qu'à y être!

Mais ou Cyberpresse se surpasse, c'est dans la qualité orthographique de ce test. On jugera.

  • Le titre lui-même soulève des interrogations. À la page d'accueil de Cyberpresse, on indique correctement : «Êtes-vous plus brillant qu'un jeune de 1re secondaire?» Mais à la page même du test, celui-ci devient: «Êtes-vous plus brillant qu'un jeune de premier (sic) secondaire?»
  • Corrigé de la question 1 : «La forêt boréale. La forêt boréale est composée de pins, de sapins, de mélèzes et dépinettes (sic) noires.» Les dépinettes, une nouvelle sorte d'arbres? Je vous ai épargné toutes les autres fois ou on ne retrouvait pas d'apostrophe, mais j'en ai compté plus de 18 autres.
  • Question 2 : «Qui a prouvé que la terre (sic) était ronde?» La «Terre» avec une majuscule quand on parle de la planète dans un contexte astronomique.
  • Question 3 : «Qui était Charles Perreault (sic)?» Dans Le Petit Robert, on écrit «Perrault», mais est-ce si important de mal orthographier le nom d'un auteur aussi célèbre?
  • Corrigé de la question 4 : «Depuis al (sic) fin du 19e siècle...»
  • Question et corrigé de la question 5 : manifestement, les concepteurs de ce texte ne savaient pas écrire le titre du recueil de contes arabes des Mille et Une nuits. Alors, ils n'ont pas pris de chance: ils l'ont écrit de deux façons différentes : «Milles et une nuits» et «Mille et Une Nuits».
  • Corrigé de la question 5 : «... dont la porte souvre (sic) à ses (sic) mots : «Sésame, ouvre-toi! ». (sic)» On devrait écrire à «ces» mots et le point est inutile à la fin de cette citation.
  • Corrigé de la question 10 : «Deux adversaires déplacent chacun leurs pièces, de valeur différentes (sic) ...»
Mais plus que ce manque de respect anecdotique de la langue de la part d'une institution médiatique, ce qui m'enrage quelque peu est de croire qu'on peut mesure un individu avec un test de 10 questions.

Également, ce test est l'écho d'une réalité triste des programmes d'études internationales: on y sélectionne les élèves en fonction de leurs connaissances. Point à la ligne. Ceux-ci sont actuellement ni plus ni moins des ghettos scolaires pour élèves bollés et pour profs qui fuient les élèves réguliers. Or, les valeurs propres à ces programmes vont à l'encontre même de cette de sélection et de clivage.

En fait, outre le peu de cas qu'on fait du français au Québec, ce test montre bien que les PEI sont, dans notre province, des programmes de douance déguisés.

19 septembre 2007

Salaire des enseignants québécois et écart avec le Canada

Note: à éviter de lire si vous avez des problèmes de rage au volant et que vous restez près du domicile d'un membre du gouvernement québécois.

Tiens, question d'appuyer les propos de mon dernier commentaire, je vous invite à consulter ce document du MELS. Les tableaux de la deuxième page sont assez révélateurs.

Salaire moyen du personnel enseignant des commissions scolaires en 2003-2004 en dollars courants :
  • $49 586 au Québec
  • $56 273 aux États-Unis
Salaire moyen des éducateurs (voir la nuance dans le texte) des commissions scolaires en dollars courants en 2002-2003 :
  • $51 738 Québec
    $56 584 Provinces de l'Atlantique
  • $64 394 Ontario
  • $63 396 Provinces de l'Ouest
  • $63 235 Canada sans le Québec
  • $60 409 Canada incluant le Québec
On pourra bien sûr relever qu'il faut aussi considérer des facteurs autres que le salaire pour mieux cerner les conditions de travail d'un employé, mais il demeure que l'écart entre les salaire des enseignants québécois et ceux des autres provinces - qui ont également la sécurité d'emploi - ne cessent de se creuser. En 2003-2003, cet écart s'élevait à 18%. Avez-vous déjà entendu Mme Jérôme-Forget en parler?

Je vous rappelle: le but n'est pas de vous faire pleurer, mais de montrer en quoi le discours du gouvermement en ce qui a trait aux médecins spécialistes est quelque peu biaisé. On aurait pu trouver de meilleurs arguments pour nous convaincre que celui de l'écart salarial avec ceux des autres provinces.

Pour paraphraser le document du MELS, ce n'est pas si grave que cela si le salaire moyen des médecins spécialistes est moins élevé au Québec que dans les régions avoisinantes puisque le coût de la vie y est également plus bas.

18 septembre 2007

Un syndicat de «p'tites madames»

Avez-vous vu comment les médecins spécialistes ont réussi à obtenir de bonnes augmentations du gouvernement (ici et ici)? Mme Jérôme-Forget estime que l'entente est raisonnable, tient compte de la capacité des Québécois et permettra de s'assurer d'avoir un nombre suffisant de médecins au Québec. Ces derniers verront rejoindre leur salaire rejoindre la moyenne des médecins canadiens.

Je sais: je vais me plaindre et recevoir un tas de commentaires à l'effet que les profs sont des gras durs et tout le tralala habituel. Sauf que...
  • des augmentations de salaire pendant qu'on gèle le mien en affirmant que l'État n'a pas les miens de me payer convenablement?
  • rejoindre la moyenne canadienne alors que les profs québécois sont parmi les moins bien payés au Canada?
  • l'abrogation de la Loi 37 qui déterminait les conditions de travail des médecins pendant qu'on nous imposait nos conditions de travail?
  • des journées d'étude et le report d'opérations urgentes alors qu'on nous traînait devant le Conseil des services essentiels parce qu'on s'habillait en noir et refusait de faire du surtemps avec les activités para-scolaires?
  • maintenir des médecins au Québec alors que l'éducation connaît une pénurie d'enseignants sans précédent et qu'on embauche des gens non qualifiés dans les écoles?
Est-ce qu'on me prend pour un imbécile? Ou bien me suis-je trompé de faculté à l'université?

L'autobus de la malbouffe

Un peu de sensationnalisme dans un titre n'a jamais fait de tort. Ainsi, ce matin, La Presse et Le Devoir nous apprenaient que la Société de transport de Montréal (STM) «offre une navette vers la malbouffe». Rien de moins! Quand on connaît l'école Mont-Royal dont traitent ces deux textes, on comprend mieux certaines choses.

En effet, celle-ci est enclavée dans la chic et très riche Town Mont-Royal (à Montréal, on dit TMR , à l'anglaise). Tous les élèves de cette école proviennent de quartiers voisins, multiethniques, populaires et moins cossus. Impossible pour eux d'aller manger à la maison à pied. Restent donc le lunch, la cafétéria et le transport en autobus vers la maison ou les restos en région éloignée. Ils n'iront quand pas même manger à La Sirène qui est à proximité et qui coûte 20$ le couvert...

N'entrons pas dans les détails, mais mes souvenirs de la cafétéria de l'école Mont-Royal m'incitent à penser que je préférerais moi aussi le lunch ou l'autobus: espace trop petit, manquant de vie et de convivialité. Les choses ont peut-être changé, remarquez

À part le lunch, un seul choix s'impose donc à l'élève: retourner à la maison ou bouffer dans les restos de la Côte-des-Neiges. L'autobus spécial du midi permettait d'éviter d'indisposer les usagers habituels de la STM qui voyaient arriver cette horde d'élèves avec horreur. D'ailleurs, sur ce point, sont-ce tous les jeunes qui prennent cette navette qui vont dans les restaurants? Il faudrait vérifier. Certains vont peut-être manger des repas sains à la maison.

Que des nutritionnistes et des cadres de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeois (CSMB)demandent à la STM de ne plus offrir ce service spécial d'autobus montre bien le peu de sens pédagogique de ces ayatollahs anti-malbouffe. Quand on interdit alors qu'on peut éduquer, on rate souvent une occasion de jouer son rôle auprès des jeunes!

Pour ma part, ce problème relève davantage de l'école qui ne sait pas retenir ses élèves à l'heure du midi car, s'ils «quittent en masse cette polyvalente», c'est qu'il doit bien y avoir un problème quelque part? Une clientèle quasi captive qui doit s'échapper d'un Alcatraz alimentaire, ça ne vous amène pas à réfléchir davantage à des solutions un peu plus poussées que «On devrait couper le service d'autobus!»

La CSMB devrait s'attarder tout d'abord à la qualité de la nourriture de la cafétéria de cette école, aux services qui y sont offerts et à son aménagement physique. Comme le dit la diététiste Geneviève O'Gleman: «Le défi, ce n'est pas d'éliminer les frites dans les cafétérias, c'est d'offrir quelque chose d'intéressant à la place.»

Quant à l'autobus de la malbouffe, certains dirigeants et nutritionnistes de la CSMB devraient cesser de réclamer son abolition et s'occuper de mieux gérer ce dont ils sont responsables. Sinon, quelle est la prochaine étape: inspecter la boîte à lunch des élèves qui ne mangent pas à la cafétéria et qui ne prennent pas l'autobus? Après tout, ceux-ci aussi s'alimentent peut-être mal!

17 septembre 2007

Quelques lectures policières

Voici un compte-rendu de mes récentes lectures.

Les deux premiers romans dont je traite sont du même auteur qui a connu un succès important et mérité, je crois. Cependant, les risques de lire des romans en série de la sorte sont de se lasser du style d'un auteur ou encore de repérer ses tics d'écriture. Parfois, on peut se demander s'il suffirait de les lire en les espaçant pour mieux les apprécier.

Cette réflexion, je me la fais en pensant au roman de Val McDermid, Le chant des sirènes. Ou celui-ci est meilleur que les précédents que j'ai lus ou le fait que je l'ai lu en l'alternant avec ceux d'autres auteurs a influencé mon jugement. Qu'en pense Hortensia?

Un fleuve de ténèbre (Rennie Airth) : en 1921, l'Angleterre est encore marquée par les horreurs de la Grande Guerre. Un meurtrier sème la terreur en éliminant des familles entières. L'inspecteur Madden, encore sous le coup du dernier conflit mondial, mène l'enquête. Un mélange plus que réussi d'Agatha Christie et du Silence des agneaux. On couperait parfois quelques descriptions longuettes, mais un excellent roman policier qui nous fait connaître une Angleterre dévasté moralement et un inspecteur froid mais attachant. À découvrir! (9 sur 10)

La Marée sanglante (Rennie Airth) : on retrouve John Madden onze plus tard. Ce dernier a démissionné de la police, mais il est mêlé à une nouvelle enquête ou des fillettes sont victimes d'un psychopathe. On retrouve avec plaisir le personnage de Madden et il est intéressant de voir comment l'Angleterre a changé en onze années. (8,5 sur 10)

Le chant des sirènes (Val McDermid) : l'inspectrice Jordan, avec l'aide du profileur Tony Hill, tente d'arrêter un meurtrier en série qui sévit au sein de la communauté gay de Bradfield en Angleterre. La première aventure de Carol Jordan et de loin la meilleure que j'ai lue de McDermid. (8,5 sur 10)

Crises (Robin Cook) : un scientifique de génie voit ses recherches compromises par le Sénat américain. Il conclut alors un pacte avec un sénateur qui lui accordera ses faveurs politiques à condition de le guérir de sa maladie de Parkinson en lui injectant l'ADN du Christ. Pourquoi résumer ce livre qui est un des pires que j'ai lu? À éviter, simplement.

Sondage et carottes

Voilà! La période pour répondre à ce premier sondage est terminée.

À la question «Comme Gooba est débordée par sa tâche, voulez-vous que je fasse des sondages en attendant?»:
  • 8% ont répondu «Oui, mais les tiens sont plates»;
  • 12% ont répondu «Oui, mais on s'ennuie de ceux Gooba»;
  • 28% ont répondu «Oui, si tu ne parles pas d'accommodements raisonnables»;
  • 52% ont répondu «Toutes ces réponses».

Unanimement, tous les répondants ont manifesté leur avis que je fasse des sondages en attendant que Gooba soit moins débordée. Ça me touche beaucoup, même si je me suis assuré qu'il ne soit pas possible de répondre non.

Comme Gooba est de retour, je devrais donc retirer cette partie de mon blogue. Cependant, c'est à genou (un seul tout de même) que je lui fais la grande demande: «Gooba, je peux-tu faire des sondages pareil même si tu es revenue parmi nous?»

C'est à suivre...

16 septembre 2007

Les grandes légendes pédagogiques

Il existe des légendes dont on ignore parfois l'origine: le diable beau danseur, le loup-garou et les nombreuses coupes Stanley des Canadiens de Montréal n'en sont que quelques-unes. Actuellement, l'une d'entre elles, à caractère pédagogique, sévit chez les enseignants. Laissez-moi vous raconter comment j'ai été confronté à cette dernière aujourd'hui..

**********

Prof masqué, toujours aussi inconscient de l'importance de la vitalité économique rurale, faisait des achats au WalMart quand, tout à coup, il croisa une ancienne collègue travaillant maintenant dans une école voisine et qu'il n'avait pas vu depuis quelques années.

(En passant, le métier d'enseignant est incroyable pour cela: on passe 180 jours par année avec une personne, on la connaît mieux que son conjoint et paf! elle disparaît dans une autre école. Ce genre de situation, à moins que je ne me trompe, est fréquent en éducation.)

  • Prof masqué: Et puis, en quel secondaire enseignes-tu cette année?
  • Ex-collègue maintenant dans une école voisine: en troisième.
  • PM: Ouins, la réforme.
  • ECMDUÉV: je ne m'en fais pas avec cela. Je vais continuer à donner des tests et à enseigner la grammaire.
Voilà! La légende a frappé encore! D'ou vient cette idée que la réforme interdisait l'enseignement de la grammaire et l'imposition de tests de connaissances aux élèves? Il doit bien y avoir une raison pour qu'autant d'enseignants aient l'impression d'être des résistants pédagogiques et des délinquants scolaires.

J'écoute les conseillers pédagogiques, je lis les documents du MELS et c'est pourtant évident selon eux: jamais la réforme n'a interdit de telles pratiques. J'en conclus donc que l'enseignement rend cinglé et cause des hallucinations pédagogiques collectives. Vite, un psychologue!

15 septembre 2007

Home Depot et le Prof masqué

Bon, ce n'est pas un secret: je fais des rénovations à la maison depuis quelque temps. Rien d'aussi radical que Zed mais, bon, les rénovations, on sait quand ça commence, jamais quand ça finit.

Or, ne voilà-t-il pas que je dois faire couper des tablettes pour la salle de bain. Habituellement, je vais au Réno-Dépôt sauf que, là, ma conscience écologique me suggère d'aller au plus près: le Maison Depot.

Après avoir regardé trois associés jaser ensemble comme si je n'étais pas là pendant quelques minutes, je me résouds enfin à demander ou sont les tablettes de mélamine. Je déteste déranger des employés au travail, surtout quand ils y mettent autant de coeur. Que voulez-vous: c'est ma nature.
Aussitôt la tablette trouvée, je me dirige au centre de coupe. Et là, l'asssocié m'avertit: les coupes ne sont précises qu'au huitième de pouce près. Dans ma tête, je commence à m'interroger.

Une fois la première coupe en largeur effectuée, je demande au préposé s'il peut couper ma tablette en hauteur. Impossible, me dit-il. Son appareil technologique gros comme une camionnette et bourré de témoins lumineux n'y arrive pas parce qu'il lui manque une pièce.

Et là, le préposé me demande, sans se rendre compte de la bêtise de sa question: «Avez-vous un banc de scie chez vous? Vous pourriez le faire à la maison.» Inutile de dire qu'il m'a littéralement scié les jambes...
D'après vous, croyez-vous que je fais couper mon bois au magasin pour le plaisir?

Malbouffe: suite et faim

Deux excellents textes de La Presse. Savoureux! À leur lecture, vous comprendrez pourquoi la nouvelle politique anti-mabouffe du gouvernement Charest, même si elle un pas vers l'avant, n'est pas automatiquement garante de santé.

Allons-y tout d'abord avec celui de Stéphanie Bérubé.

La compétence et la motivation du personnel

À la suite d'un appel fait auprès des lecteurs, elle remarque que peu de cafétérias (une quinzaine) offre un menu exceptionnels aux élèves et que celles-ci, animées de bonnes intentions, comptaient surtout sur des «gens inspirés et dévoués», un peu comme ce fut la cas à mon école il y a bien des années. Bref, le chef fait toute la différence! D'ailleurs, pour la diététiste Hélène Tremblay, la formation du personnel qui fait la cuisine dans les écoles est insuffisante.

Les contraintes budgétaires

Hélène Laurendeau, nutrionniste, explique que la gestion d'une cafétéria est difficile: «Les gestionnaires de cafétéria sont coincés entre des politiques alimentaires, des restrictions dues aux allergies et des budgets extrêmement serrés.» Cet aspect fric ne vous surprendra pas: on en a toujours pour son argent.

À mon école, au Conseil d'établissement, le prix des repas a déjà été l'objet d'un débat. On en veut toujours plus pour le moins cher possible. Mais comme on en a pour son argent... Manger à la cafétéria scolaire est l'équivalent d'un repas pris à l'extérieur, d'un repas pris au restaurant. Certains parents semblent l'oublier et veulent payer moins cher pour leur jeune que ce qu'ils s'offrent chaque midi.

De mémoire, dans un sondage, les parents québécois affirmaient être prêts à payer plus cher pour des repas de qualité, sauf que de passer de la pensée à l'acte... Et puis, si cela coûte trop cher, on retombe dans la malbouffe qui, elle, est moins coûteuse et souvent plus goûteuse.

Les faux choix santé et le goût

En effet, Mme Bérubé remarque que c'est souvent la saveur qui fait défaut dans les plats santé offerts aux jeunes. Pire: certains plats dits santé offerts sont de véritables horreurs nutrionnels. Elle cite le cas suivant: «Cette spécialiste se rappelle avoir vu un poulet au thé vert sur un menu, présenté comme une option santé. En fait, la recette était une préparation commerciale et contenait une vraie mine de sel.» Choix santé ne veut pas dire automatiquement plats santé. Pensons à une salade noyée dans la mayonnaise ou la vinaigrette.

De plus, on peut aussi s'interroger sur les ingrédients des différents plats: «On parle beaucoup des légumes qui viennent de Chine en ce moment. C'est très souvent ça qu'on sert aux enfants. Il n'y a pas de contrôle sur la provenance des aliments.» Au collège André-Grasset, on a décidé de se montrer exigeant: «On ne voulait plus avoir des produits transformés, de la viande irradiée. On voulait de la vraie viande, des vrais légumes cuits al dente.»

L'efficacité despolitiques anti-malbouffe

Marie-Claude Lortie, elle, s'intéresse à l'efficacité de cette politique et elle suscite d'excellentes réfléxions. Elle cite, entre autres, les propos de Jeffrey Friedman de l’université Rockefeller à New York, un des grands spécialistes mondiaux de l’obésité: « Je ne veux pas dire que (de telles interventions) ne marcheront jamais, mais le fardeau de la preuve de leur efficacité devrait être sur ceux qui imposent ces mesures. Or à ma connaissance, personne ne l’a encore démontré.»

En fait, la journaliste semble penser que l'imposition de ce genre de régime minceur n'entraînerait pas automatiquement de perte de poids chez les jeunes. Questionné là-dessus, le premier ministre Charest a affirmé avoir des études qui prouvent le contraire. Intéressée, Mme Lortie a demandé à voir ces études. Elle les attend et j'espère qu'elle ne lâchera pas prise.

Réflexions personnelles

Cela étant dit, il faut savoir que plusieurs écoles et commissions scolaires ont déjà adopté des politiques anti-malbouffe sans qu'il n'y ait de tremblement de terre ou de révolte étudiante. Cette mesure du gouvernement Charest, louable et vertueuse, sent un peu beaucoup le réchauffé. Elle n'a aucun caractère contraignant et les sommes qui y sont rattachées (11 millions$) sont bien peu quand on regarde les objectifs visés.

De plus, elle refile certains aspects du problème à d'autres intervenants. Prenons la présence des restaurants de type fast food aux abords des écoles. «La balle est dans le camp des municipalités», a déclaré le premier ministre Jean Charest. Facile comme réplique. De même pour la formation du personnel.

Comme l’a souligné un intervenant sur le blogue de madame Lortie, cette politique anti-malbouffe constitue un premier pas pour améliorer la santé des jeunes, au même titre, par exemple, que les différentes actions prises pour réduire le nombre de fumeurs. Reste à apprendre à mettre un pied devant l'autre. Bien manger est un geste personnel mais aussi global.

S'il est sérieux dans ses démarches, par contre, le gouvernement Charest devrait augmenter ses budgets consacrés aux activités qui font bouger les jeunes, interdire l'utilisation des gras trans dans les restaurants, obliger l'étiquettage des aliments, appliquer une politique anti-malbouffe de façon plus générale à tous les organismes publics (hôpitaux, etc.) comme il l'a fait avec la cigarette.

À cause du type d'aliments qui nous sont offerts et qu'on choisit, on se tue à manger en Occident, et ce, pas juste à l'école.

14 septembre 2007

Chaos des bulletins: la routine habituelle, quoi!

Dans Astérix, vous vous souvenez sûrement de ce bateau pirate que les vaillants Gaulois coulaient allègrement à chaque bande dessinée. Si vous allez plus loin dans votre mémoire, il y avait aussi ce petit perroquet qui y allait à tous coups de cette réplique: «La routine habituelle, quoi!»
C'est un peu la même chose avec le retour des bulletins chiffrés. Peut-on être vraiment surpris que cette opération politique se traduise par des ratés pédagogiques? La majeure partie de la réforme s'est déroulée sous le signe de l'improvisation, quant à moi. Des profs qui ne savaient pas comment évaluer leurs élèves, c'est un peu devenue chose courante. On s'énerve beaucoup dans les médias (ici, ici et ici) avec cette situation maintenant courante en éducation.

Pas de panique, tout le monde! On a l'habitude de gérer tout ça à la petite semaine maintenant!

Il semblerait, si l'on se base sur les informations reçues, que les enseignants ne seraient pas obligés d'utiliser les fameuses tables de conversion lettre = pourcentage comme on le pensait. Ils seraient libres de mettre les notes de leur choix.

En passant, la ministre a expliqué ce retard en indiquant qu'elle ne voulait pas envoyer dans les écoles des directives qui n'auraient pas fait le bonheur des professeurs. Touchant!
Ajout: le conseiller pédagogique a rencontré les professeurs de troisième secondaire chez nous aujoud'hui. Donc, le chaos est fini.

Un hymne national québécois version Parti libéral

Quand on a tout essayé pour remporter la faveur de l'électorat et que rien ne marche, on se tourne vers les gugusses. La dernière en ligne: l'ancien député libéral trifluvien André Gabias va suggèrer que son parti adopte un hymne national québécois. Ledit hymne, composé par M. Gabias lui-même, va comme suit:

Né sur lit de neige
Habillé de vents
Français fut ton premier chant
Depuis, des générations firent cortège
Dans tes veines gravées flancs de montagne ,

Ton sang fut harnaché et devint lumière
Tes forêts bâtirent chaumières
De Nouvelle-France ne reste que champagne

Tu nous as nourris de perles de rivières
À la ligne, nous avons préféré le filet
Des fourrures et gibiers que tu nous servais
Avons fait parures et festins qui cachaient nos misères

De courants salés à eaux douces
Ton Saint-Laurent nous conduit à mer intérieure
Son souffle amène une langue d'ailleurs
Arrivée, elle aussi, de bateaux qu'il pousse
De nos solitudes est né l'oubli
Des frères arrivés de continents effacés
Sur dos d'oiseaux d'autres forment voiliers
Se posant sur nouveau monde, terre infinie
Ce Québec n'est plus Nouvelle-France
N'est plus seulement partie de pays
Ce Québec plus humain grandit
Parce que son coeur est immense

Né sur lit de neige
Habillés de vents
Français continue d'être ton chant
Maintenant tes générations feront cortège


Ah! misère... c'est Gilles Vigneault qui doit en pleurer.

13 septembre 2007

Bientôt de retour!

Une bonne nouvelle: le tournage du deuxième opus de Dans une galaxie prêt de chez vous commence vendredi!

Inutile de dire que je suis un fan totalement gaga de cette série culte que j'ai véritablement découverte... l'année dernière! J'avais alors écouté l'ensemble de 65 épisodes en deux ou trois jours. Un véritable drogué!

Je vénère religieusement une copie du scénario du premier film signée des mains mêmes des auteur et je frémis encore de cette rencontre avec Stéphane Crête, un comédien hors pair et , surtout, un individu merveilleux!

Dans une galaxie me sert souvent de référent culturel commun avec mes élèves et nous rigolons encore des épisodes des toasts volantes et de Bob qui doit attraper absolument le rhume pour survivre...

Il ne reste plus finalement qu'à attendre au printemps prochain. C'est long...

Malbouffe: déjà un os...

Dans la catégorie «Oui, mais...», le directeur des affaires publiques de la Fédération des commissions scolaires du Québec, Denis Pouliot, a indiqué ses préoccupations au sujet de la nouvelle politique anti-malbouffe dans les écoles: «On se pose des questions sur le calendrier d'implantation. Il faut avoir si les délais seront suffisants pour faire les choses correctement et pour faire en sorte que les élèves embarquent. Il faudra voir aussi le financement qui sera accordé pour soutenir les écoles dans ce changement.» Ça y est: on commene le bras de fer politique. N'oubliez pas de partir à rire quand on vous dira qu'il s'agit d'une action concertée de tous les partenaires en éducation.

Quelques petites observations en passant.

Dans ma commission scolaire, on a déjà implanté depuis deux ans une politique alimentaire du genre. Les jeunes n'ont pas déserté la cafétéria. Ils trouvent cependant la nourriture toujours aussi «dégueux». On ne les a pas éduqués à manger «différent» et leur réaction est parfaitement normale.

Et puis, il y a des incohérences. Les boissons gazeuses ont été remplacées par des jus. Un progrès, direz-vous? Lisez les étiquettes. Certaines contiennent 56g de sucre par 250 ml. Est-ce vraiment une amélioration? Et il faut voir aussi de quel genre de sucre il s'agit. Certains sont plus nuisibles à la santé que d'autres. Dans son livre intitulé «Toxic», l'auteur William Raymond montre à quel point les nouveaux sucres alimentaires sindustriels ont un véritable poison pour l'être humain. On retrouve le cas de ces belles galettes d'avoine bourrées qu'on imagine à tort santé et qui sont bourrées de gras trans. Mummm... Ce n'est donc pas tant les produits servis que les ingrédients qui les composent sur lesquels on doit s'interroger. Une bonne salade OGM avec une portion de gras trans et de fructose-lactose, ça nourrit son élève!

Abordons également des efforts faits par les cafétérias scolaires pour amener les jeunes vers des aliments sains qui comptent. Quand le bar à salade est moche, coûte plus cher que le plat principal et ferme une demi-heure avant le début des cours du midi, on oriente déjà le choix des jeunes, je crois.

Puisqu'on parle de cafétérias, il y a aussi une question d'attitude. Celles-ci sont des entreprise$ qui s'intéressent d'abord et avant tout à leur rentabilité. Ce n'est pas pour rien qu'un jour, on nous a servi des grilled cheese avec du pop corn comme plat principal à l'école...

En fait, j'ai conu peu de chefs intéressés par les jeunes et par leur saine alimentation. En fait, un seul. Il se mêlait aux étudiants, leur faisait visiter les cuisines le midi. Durant l'année, il proposait des menus alternatifs et internationaux. Au lieu d'être un gestionnaire alimentaire, il cuisinait, tentait des expériences, tentait d'entraînait les élèves dans sa folie. Il a fini par ouvrir son propre restaurant, si je me souviens bien.

Il n'existe aucun doute dans mon esprit que les cafétérias vont trouver un moyen de faire passer leurs profits avant la santé des jeunes et sauront contourner l'essence de la prochaine politique ministérielle. Même certaines écoles vont avoir de la difficulté à renoncer aux machines distributrices qui génèrent d'importants profits, souvent investis dans les activités scolaires. Et puis, il ne faut pas oublier que les jeunes continueront à vendre du chocolat pour financer leurs activités... Incohérence, quand tu nous remplis la bouche.

Avant d'imposer aux jeunes de manger santé, peut-on tout d'abord s'assurer qu'ils mangent à leur faim? Oups... il ne fallait pas le dire, mais savez-vous combien de jeunes viennent à l'école le ventre vide, combien ont un lunch ridicule le midi? Question d'argent, question de priorité des parents. Oui, oui: vous avez bien lu: priorité des parents. S'assurer d'avoir à déjeuner avant d'acheter une X-Box, ça me semble logique. Voilà vraiment un des aspects de la mauvaise répartition de la richesse, quant à moi.

12 septembre 2007

J'investis dans La Belle Pro!

C'est officiel: le gouvernement québécois a décidé de bannir la malbouffe dans nos écoles (ici et ici). Ces dernières deviendront ainsi plus équilibrées nutritivement que le guide alimentaire canadien. Sauf que... nos jeunes pourront évidemment continuer à manger des lunchs bourrés de gras trans, traverser la rue pour aller à La Belle Province ou se gaver de pizza-pochettes à la maison.

Encore une fois, on se déculpabilise en faisant porter à l'école une responsabilité qui devrait tout d'abord être inculquée aux parents. « Si on n'explique pas en même temps aux parents et aux enfants pourquoi on le fait et ce qu'on vise comme résultat, on va échouer », reconnaît le ministre de la Santé Philippe Couillard. J'ai hâte de voir comment il va s'y prendre. Un pesant doute rempli d'embonpoint m'assaille. Que voulez-vous: il s'agit d'une question de foie, j'imagine.

Qu'on se comprenne bien: je n'ai rien contre une saine alimentation. Je ne mange plus à la café de mon école depuis deux ans parce que le service y est aussi relatif que la bouffe qu'on y sert. Mais en demandant aux écoles de faire la lutte à la malbouffe, on met un peu la charrue avant les boeufs.

D'ailleurs, parlant de boeuf, tant qu'à y être, pourrait-on demander à nos écoles de ne pas servir des aliments génétiquement modifiés ou des produits autres que ceux du Québec? Au moment ou l'agriculture québécoise vit des moments difficiles, il ets illogique d'acheter des produits de la Californie quand il y a des fermes à 10 km de mon école.

En attendant, je vais demander à mon conseiller financier d'augmenter mes parts dans le secteur de la restauration rapide. Mon petit chèque quant au règlement de l'équité salariale va enfin servir à quelque chose.

L'UQAM: à coups de pied au Q

La saga de l'ïlot Voyageur est l'occasion pour le gouvernement de recentrer la mission de cette entité universitaire. Ouach! je sens que j'emploie un vrai langage de gestionnaire. Vite, un savon!

Déjà, le fait que Super Lulu (Lucide Man Bouchard, pour les intimes) soit dans le décor est un signe tangible qu'on se dirige vers d'importants changements. Puis, s'est ajoutée la démission de la rectrice par intérim qui refuse d'être la femme de ménage de la ministre Courchesne.

Il est clair que le déficit actuel a servi de prétexte parfait pour sortir le couteau. À se demander si on n'a pas laissé volontairement les choses aller, alors que les étudiants et les enseignants sonnaient la sonnette d'alarme depuis des mois, pour mieux passer l'UQAM à la moulinette.

Je vous recommande trois textes intéressants à ce sujet:

11 septembre 2007

Il y en a qui ne comprendront jamais

Ainsi, l'ancienne lieutenant-gouverneur du Québec, Lise Thibault, affirme n'avoir rien à se reprocher: «Je recommencerais demain matin! Si c'était à refaire, je ferais exactement ce que j'ai fait.»

Décidément, certains ont la tête dure. Je les appelle les «Bougon de luxe».

Vous pouvez lire le reste ici et ici, question de rager davantage.

Privé et public: et les parents?

La semaine dernière, je suis allé à la rencontre des parents de ma fille. Celle-ci est inscrite dans un collège privé de la région montréalaise à la demande de sa mère. J'aurais voulu qu'elle soit à mon école, mais bon. Elle y est heureuse et elle s'y épanouit. C'est ce qui compte, non?

Environ 75% des parents se sont présentés à cette rencontre. Il y a avait tout d'abord le mot de bienvenue de la directrice-adjointe et la présentation de la plupart des enseignants du niveau ou Fille masquée sévira. À tour de rôle, chaque département est venue présenter sa matière et ses exigences. Par la suite, il était possible de rencontrer en plus petits groupes les enseignants de maths, chimie, physique et français. Une belle soirée, surtout pour Fille masquée qui voulait absolument que son père y soit. Ça flatte l'égo paternel, remarquez, surtout quand on sait que nous vivons une relation parentale parfois difficile et que nous avons tous deux beaucoup de caractère.

Hier soir, c'était à mon tour d'accueillir les parents des élèves de cinquième secondaire de mon école. On m'avait demandé de le faire, à ma grande surprise, même si je ne suis pas en bons termes avec tous les membres de la direction (une longue histoire...). Quoi qu'il en soit, une douzaine de parents se sont présentés pour environ 270 élèves. J'ai fait de mon mieux mais, surtout, j'ai pu discuter avec quatre parents de mes élèves et ce furent des échanges très intéressants. À cet égard, pourquoi attendre en novembre pour apprendre certaines informations importantes qu'un enfant ne nous confiera pas?

Je ne veux pas blâmer les parents absents qui ont toujours tort, comme on le sait. Peut-être faut-il revamper le format de cette soirée, la rendre plus signifiante pour les parents? Le fait que peu d'enseignants y participent explique peut-être ce désintéressement.

Quoi qu'il en soit, on peut également s'inspirer de ce qui se fait ailleurs. Pourquoi ne pas jumeler la rentrée au premier cycle avec une fête de la fierté scolaire comme on retrouve dans certaines écoles primaires et une rencontre de parents le soir même? Pourquoi fête-t-on l'Halloween en suspendant les cours et en organisant des activités divertissantes, soit, et ne serait-on pas capable de rendre plus stimulante la rencontre des parents?

L'école publique doit inviter les parents à la visiter, à y rencontrer les enseignants. Les vieilles façons de faire ne semblent plus fonctionner. Pourquoi ne pas tenter autre chose?

10 septembre 2007

Ti-test: la suite de la fin

Le Journal de Monréal finit, espérons-le, sa série sur les devoirs et les parents avec deux articles (ici et ici), articles dont certaines phrases me font hurler d'incompréhension. Allons-y tout de go!
  • «Les parents sont tellement perdus dans le nouveau vocabulaire de la réforme que le ministère de l'Éducation devrait carrément leur fournir un lexique pour s'y retrouver, jugent des experts.»
  • «Ne comprenant rien au nouveau vocabulaire utilisé depuis la réforme, plusieurs parents ont eu du mal à répondre aux questions en français.»
  • «Il faut se poser des questions sur les changements qui ont été faits en français avec la réforme. Des fois j'ai l'impression qu'on applique la règle de pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué», affirme Nathalie Morel, présidente de l'Alliance des professeurs de Montréal.
Ce sont de belles phrases, mais il y a un problème: la réforme n'a rien à voir avec cette terminologie utilisée en français. En effet, la refonte du programme de français date de 1995 et n'est pas reliée à la réforme actuelle. Oups...

«Le concept des «expansions de noyau» en français a aussi sérieusement donné du fil à retordre aux répondants.»

C'est évident, car il aurait fallu préciser des noyaux de quels groupes de mots on parlait! Groupe nominal, groupe prépositionnel, groupe sujet, groupe verbal... Mes collègues, ce matin, ont toutes vu le manque de clarté de cette question et elles ont dû déduire la tâche demandée.

Gérald Boutin, professeur au Département d'éducation et formation spécialisées de l'UQAM, et Johanne Fortier, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement, estiment qu'il faudrait créer un «document pourrait faire la traduction entre ce qu'ils ont appris et ce que c'est devenu.» Ben oui! Il ne faut absolument rien connaître ou comprendre à la réforme de la grammaire de 1995 pour suggérer une telle idée. C'est non seulement la terminologie mais toute la logique de l'analyse de la langue qui a été changée. Méchante brique en perspective!

Quant à Lise Ouellet, présidente de la Fédération des comités de parents, elle ne montre pas une grande capacité d'autonomie: «Ça serait à regarder si c'est un outil qui pourrait être utile pour les parents. Il faudrait que le ministère de l'Éducation fasse une étude pour savoir si les parents en auraient besoin.» Son organisme ne peut-il pas le faire lui-même? Il doit laisser le MELS le décider?

«Votre enquête donne un son de cloche important. C'est un véritable problème pour les parents d'aider leurs enfants à faire leurs devoirs. Il ne faut pas s'en cacher», affirme Gérald Boutin. Une «enquête». Ben voyons donc! Cet universitaire n'a pas vu les failles méthodologiques qu'elle renferme ou quoi? De plus, depuis quand les parents doivent aider les enfants à faire leurs devoirs? Les résultats de ce sondage peuvent s'expliquer bien autrement: le test était mal foutu, les lecteurs du JdeM sont moins bons ou ont moins de mémoire que ceux Devoir (hypothèse), que sais-je encore!

Il est grand temps que cette série de textes finisse. Elle ne fait que culpabiliser les parents, les dévaloriser quant à leur véritable rôle. De plus, elle apporte injustement de l'eau au moulin de ceux qui chiâlent contre l'école et contre la réforme.

Faisons des débats, mais sur de vraies bases, s'il vous plaît!

09 septembre 2007

Un autre blogue de prof!

Bon, ça va faire de perdre son temps sur Internet. Vous n'avez pas de la correction, vous autres, les profs! Enfin...

Nouvel ajout à ma liste: Hobbit Joufflue. A-t-elle les pieds poilus?

Sur ce, bonne nuit. Corrigez bien.

La vraie rentrée

On le sait tous: la véritable rentrée scolaire commence avec la télédiffusion de Virginie, comme on peut le lire ici.

Des gros groupes de huit élèves, des bureaux de profs avec un mobilier adéquat, des heures et des heures à consacrer à sa vie personnelle et amoureuse, rarement de la correction. Aucun doute: voilà un téléroman qui reflète bien la réalité de notre milieu!

Quand je pense qu'il y a des enseignants (que je ne nommerai pas afin de préserver leur dignité) qui regardent cette émission religieusement...

Ti-test: la fin, enfin!

Mise en situation médiatique:
  • Prenez cinq ou six parents volontaires.
  • Demandez-leur d'aider leur enfant à compléter leur devoir.
  • Mettez en ligne un test de connaissances pour donner l'occasion aux lecteurs de s'évaluer par rapport aux devoirs des enfants d'aujourd'hui.
  • Oubliez que cinq ou six parents ne sont pas un échantillon valable en méthodologie.
  • Oubliez que votre test de connaissances comporte une terminologie inadéquate.
  • Oubliez aussi que ce n'est pas le rôle des parents d'aider un jeune à faire ses devoirs.
  • Brassez le tout et laissez mijoter à feu doux et vous obtenez...
Deux articles (ici et ici) ou l'on se penche sur la pertinence de donner des devoirs à la maison! On la voyait venir celle-là! Comme finale pour une série de textes joués à la une, on tombe dans le ridicule intellectuel, quant à moi. Et si...
  • les enfants ne devaient pas être aidés par leurs parents dans leurs devoirs?
  • un devoir pouvait être impossible à compléter parce qu'il est mal foutu?
  • un devoir pouvait être impossible à compléter parce que le jeune n'écoute pas en classe?
  • toute la démarche du JdeM pour arriver à ce constat était mal foutue?
  • ce n'était pas la fin du monde?

Personnellement, je donne des «activités d'apprentissage à la maison» à mes élèves (l'expression, en passant, les fait rigoler). Nous les débutons toujours en classe pour que les consignes à respecter soient claires. Elles ne durent pas des heures et elles ne sont pas toujours sous la forme d'exercices répétitifs. Parfois, un travail de longue haleine (pas une recherche conne du style «copier-coller» sur Wikipédia) sera plus pertinent.

Par ailleurs, le jeune a la possibilité de me joindre par courriel s'il éprouve des problèmes. Je suis également disponible les midis ou la direction ne me fait pas surveiller des corridors. Pire: j'ai même conçu une banque de formatifs avec corrigé et je les distribue au moment opportun.

En plus, je ne vérifie que très rarement les devoirs que je donne. Le jeune qui ne les fait pas et qui est en échec, je le repère à cent milles nautiques à la ronde. Comme un élève aime rarement échouer, il finit généralement par «s'ajuster» à tous les services que je lui offre.

Alors, des activités d'apprentissage à la maison, j'en donne parce qu'elles sont supervisées et parce qu'elles s'inscrivent dans une séquence logique. Elles sont cohérentes avec mon enseignement et respectent mon autonomie professionnelle.

On peut bien débattre de la pertinence de donner des devoirs mais, de grâce, avec une démarche un peu plus rigoureuse s'il vous plaît!

En terminant, j'ai relevé deux passages très intéressants dans les textes du JdeM et sur lesquels j'aimerais revenir.

«C'est une tendance importante dans plusieurs pays de limiter les devoirs. On pense qu'il ne faut pas assommer les élèves après l'école qui est déjà très chargée», affirme Gérald Boutin, professeur au département d'éducation et de formations spécialisées à l'UQAM.

Assommer les élèves? Il faudrait dédramatiser un peu. Plusieurs jeunes quittent mon école le soir, les mains vides. Ils ont aussi à l'horaire des cours moins assommants que d'autres. Enfin, il faudrait se brancher: les jeunes sont des paresseux, des cancres, qui ne travaillent pas plus qu'il faut ou des victimes esclaves d'un système scolaire oppressant qui vivent en état de perpétuel épuisement psychologique? Également, les enseignants savent-ils faire preuve de jugement, sont-ils des bourreaux sanguinaires, des incompétents qui ne travaillent jamais ou des surveillants maniaques de la correction? On véhicule bien des messages contradictoires.

«Je pense que ça ne sert plus à rien de faire des devoirs. Le temps en famille est de plus en plus rare. Les parents devraient passer du temps ensemble plutôt que de se casser la tête avec des devoirs. On perd les parents avec les devoirs. Ils n'ont pas le temps de penser à ça avec leurs longues journées de travail», croit Martin Lacasse, enseignant en sixième année au primaire.

Quand, dans une société, on manque de temps pour s'occuper de ses enfants et de leur éducation, il faut peut-être s'interroger sur ses priorités et ses valeurs. Mais on ne fera jamais la une du Journal de Mescéréales avec un titre du genre: «Travaillez moins, consommez moins et vivez donc un peu plus!»

Quand on veut tout avoir, on se retrouve souvent les mains vides.