30 août 2008

Match comparatif: Larousse versus Robert!

Tout d’abord, merci à tous de vos nombreuses réponses à mon billet sur les dictionnaires. Celles-ci auront enrichi ma réflexion.

Deux dictionnaires seront retenus dans cette analyse comparative: Le Petit Larousse illustré 2009 et Le nouveau Petit Robert 2009. Je me contenterai généralement de ne souligner que les avantages de chacun en comparaison avec l’autre.

Le P'tit Larousse (coût régulier: 54$)
  • Comprend une section des noms communs et des noms propres.
  • La version 2009 comprend une section grammaticale intéressante (accord des participes passés, des noms composés, des adjectifs de couleur, etc.)
  • Comprend des tableaux de conjugaison, mais ceux-ci sont incomplets par rapport à un Bescherelle cependant.
  • Comprend une liste explicative de divers préfixes et suffixes.
  • Comprend une liste des divers signes de l’alphabet phonétique mais n’intègre pas celui-ci dans la définition des mots.
  • Comprend une liste des mots touchés par les modifications orthographiques de 1990 au début de l’ouvrage mais n’indique pas ces modifications dans les définitions des mots.
  • Est illustré et comprend de nombreuses planches en couleurs ainsi que des cartes géographiques et drapeaux de divers pays.
Le Robert (coût régulier pour les deux volumes: 146$)
  • Vient en deux volumes, un pour les noms communs, un autre pour les noms propres.
  • Comprend une préface intéressante sur l’évolution du lexique.
  • Comprend une liste des divers signes de l’alphabet phonétique et intègre celui-ci dans la définition des mots.
  • Comprend une liste des dérivés des noms propres, des suffixes et des préfixes.
  • Les définitions sont généralement plus étayées : elles comprennent la prononciation phonétique, l’étymologie du mot défini, des antonymes et des synonymes ainsi qu’une illustration de celui-ci dans des phrases d’œuvres de grands auteurs, dont des auteurs québécois. Pratique lors qu’on se demande dans quel contexte un mot peut s’utiliser ou quelle proposition suit un verbe, par exemple.
  • Comprend des tableaux de conjugaison, mais ceux-ci sont incomplets par rapport à un Bescherelle cependant.
En définitive

L’appréciation d’un dictionnaire variera toujours selon l’usage qu’on en fait.

Ainsi, Le Petit Larousse me semble un ouvrage plus complet dans son ensemble, mais est davantage destiné à une utilisation générale et à une clientèle de niveau primaire ou secondaire à cause de sa présentation plus imagée et vivante. Plus petit et plus pratique, sa manipulation en classe est plus simple. Il comprend des éléments grammaticaux intéressants et est nettement moins coûteux que Le Robert. Il est à déplorer que Le Larousse n’intègre pas la prononciation phonétique des mots dans la définition de ces derniers. Cet aspect aurait pu s’avérer fort utile pour de jeunes lecteurs confrontés à des termes nouveaux et étranges. Certaines définitions sont également frustrantes par leur brièveté ou leur manque de clarté.

Quant à lui, Le nouveau Petit Robert est davantage un ouvrage destiné à une clientèle plus adulte (cégep, université) ou qui a besoin de définitions plus étoffées. On comprend mal que la section grammaticale soit si peu développée. De plus, Le Robert des noms communs vient avec une couverture protectrice en plastique, plutôt pratique pour éviter de salir cet ouvrage. Cependant, le fait que celle-ci ne soit pas fixée au dictionnaire nuit à la manipulation de ce dernier.

Dans le cas du Larousse et du Robert, on aurait pu souhaiter y retrouver clairement et de façon pratique les modifications orthographiques de 1990. De plus, les termes utilisés pour désigner les classes de mots entrent en conflit avec la nouvelle grammaire. Ainsi, on parle d’article et non pas de déterminant.

Un dictionnaire étant le gardien de la norme écrite mais aussi le reflet de l’évolution de la langue, de nombreux mots sont ajoutés ou retirés chaque année (à cet effet, vous pouvez consulter cet excellent site). Règle générale, aucun des deux ouvrages consultés ne semble plus conservateur que l’autre.

On peut cependant rechigner quand on constate qu’on ajoute un terme anglais et son équivalent français dans la même année (podcast et balladodiffusion). On est d’ailleurs plus rébarbatif au Québec à l’ajout au dictionnaire de mots provenant de la langue de Shakespeare. Il faut cependant se rappeler que ces nouvelles entrées n’ont pas toujours l’assentiment de l’Académie française et visent davantage à refléter l’utilisation fréquente de certains termes dans la vie de tous les jours. Nos cousins français vivent moins sous la menace d’une assimilation linguistique et semblent avoir une prédisposition à vouloir être in…

La plupart des libraires s’entendent pour dire qu’un dictionnaire a une durée de vie d’environ dix ans. Avec les progrès technologiques et l’actualité, de nouveaux noms communs et noms propres s’ajoutent chaque année. Je pense au mot Internet qu’on ne retrouvait pas dans les dictionnaires qu’utilisaient mes élèves lors d’une épreuve ministérielle reliée à ce sujet.

On peut d’ailleurs déplorer avec quelle lenteur parfois les dictionnairiens intègrent la nouveauté. L’exemple du mot cédérom est éloquent. Le temps qu’il apparaisse dans le dictionnaire que celui n’était déjà plus sur les tablettes des magasins!

Pour ma part

Règle générale, on retrouve des exemplaires de Larousse et de Robert dans mes classes, le premier étant plus nombreux pour des raisons de coût et d’usage plus pratique. Par contre, il m’arrive souvent de me référer au Robert devant les élèves pour leur montrer que les définitions de celui-ci sont généralement plus éclairantes À la maison, j’utilise évidemment les deux, mais aussi un ensemble d’autres ouvrages plus spécialisés comme le Multidictionnaire, des dictionnaires des synonymes, Le Bouquet, Le Grand Druide, etc.

Quant à moi, le principal problème quant aux dictionnaires au Québec est que ces derniers sont vus comme un achat dispendieux et non pas comme un investissement.

Dans nos écoles, on laisse dans les classes à la disposition de nos élèves un nombre insuffisant de dictionnaires et ceux-ci sont souvent périmés ou en mauvais état. Il est aberrant de constater qu’il est plus facile d’avoir de l’argent pour acheter des manuels de classe qui dormiront sur des tablettes que des ouvrages de référence utiles. Et je ne parle pas des sommes investies à cause de la réforme dans les laboratoires et les aménagements physiques, par exemple.

À la maison, les parents refusent de dépenser 50$ pour l’achat d’un dictionnaire, mais achètent sans trop de problèmes des vêtements griffés à leur enfant. Ils oublient qu’avec l’amortissement, un dictionnaire revient en fait à 5$ par année.

J’ai bien de la difficulté à comprendre de tels comportements en regard de notre volonté de nous affirmer comme francophones en Amérique du Nord. Beaucoup de mots, mais pas toujours les gestes qui comptent.

28 août 2008

Ettore, salute!

Il y a des individus qu'on rencontre une dizaine de fois et qui nous marquent à jamais.

Ce soir, j'ai un verre de grappa à la main en mémoire d'Ettore. Un verre de sa grappa.

Ettore m'aura appris les délices de la cuisine italienne, des tomates séchées, du vin santo et des cigares. Plus que tout, il m'aura fait comprendre, des années plus tard, un nouveau sens du mot bonheur.

Comme tout Italien qui se respecte, tes cendres iront rejoindre le pays ou tu es né. Comme tout ami, les souvenirs que j'ai de toi resteront en mon coeur.

Salute!

26 août 2008

Then we made contact...

Aujourd'hui, j'ai eu l'impression d'être Gulliver. Vous savez ce voyageur anglais qui, un jour, aborde une contrée lointaine où les habitants mesurent à peine six pouces. Cela a fait plutôt bizarre de côtoyer des élèves verticalement différents. Un choc de voir certaines têtes à peine dépasser le bureau. On dirait ces vieilles dames qui conduisent et qui ont de la difficulté à voir au-dessus du volant. Un avantage à la taille réduite de ces jeunes: on peut davantage resserrer les pupitres, ce qui laisse plus d'espace pour placer une bibliothèque de classe...

Un premier bon contact. Les élèves semblent attachants, polis, respectueux, avec un côté affectueux. Le professeur paternel en moi risque d'être sollicité. Trois d'entre eux me connaissaient de réputation: Ma soeur t'a eu en cinquième et... Misère! Condamné à l'excellence. Déjà qu'un jeune m'a dit que j'étais baveux comme Martin Matte. Oui, mais je suis plus beau, lui ai-je répondu.

La journée a surtout consisté à des activités d'intégration et de familiarisation avec l'école. Je n'avais que deux périodes à l'horaire, mais je suis arrivé à 7h45 pour continuer mon aménagement de classe et de bureau, puis j'ai suivi les élèves toute la journée pour voir comment se débrouillaient mes collègues avec eux, question de me familiariser avec diverses dynamique de classe adaptée aux plus jeunes. Je me sentais soudainement revenu à la période de mes stages.

Ce fut mon premier jour en première secondaire (tout comme ces jeunes) et je suis bien content de ma rentrée progressive. Demain, un premier vrai cours en après-midi: je vivrai alors une véritable période d'adaptation scolaire.

25 août 2008

Rentrée: troisième journée

Après une autre réunion tout aussi productive (en milieu scolaire, les réunions sont une alternative pratique au travail: on a l'impression de faire quelque chose tout en ne produisant souvent rien), j'ai finalement reçu mon horaire vers les 14 heures cet après-midi. Il a donc fallu deux jours et demi plus une fin de semaine pour produire ledit papier. Chasuble, je me demande comment on faisait cela avant, à la main. J'imagine que ça prenait l'année, au moins...

Si certains enseignants regardent les journées ou ils finissent tôt et commencent tard, je suis plutôt du genre à m'intéresser au nombre de locaux qu'on m'a attribué. J'y reviendrai sûrement, mais l'affectation des locaux de classe peut avoir un impact majeur sur la pédagogie d'un prof. Un exemple tout simple: j'aime décorer ma classe et je veux aller de l'avant avec mon projet bibliothèque. La direction était au courant de ces idées. Or, ne voilà-t-il pas qu'on m'attribue deux locaux de classe. J'ai donc un groupe sur trois qui vivra dans un environnement plate, un genre de tiers-monde pédagogique si l'on veut. Les deux autres groupes seront plus choyés.

Après avoir dû patienter pendant deux jours et demi, je peux enfin aménager mon espace de classe. Si pendant deux jours, l'école ressemblait à une ruche bourdonnante d'activité, j'étais maintenant le seul à fredonner la maudite chanson de la pub du clan Panneton avec mon petit diable pour déménager mes 15 boites de matériel et de livres. Et puis, il a fallu nettoyer les armoires et les casiers couverts de poussière de craie. Personnellement, ça ne me dérange pas trop de jouer au déménageur, mais je trouve indécent qu'on impose cet exercice à des collègues âgés dans la soixantaine. Mais il semblerait que certaines directions d'école n'aient pas ma sensibilité.

Finalement, je suis parti à 18 heures ce soir. Et il me restait encore du boulot à faire. Donc, demain, 7 heures, retour au boulot. Il faut bien rattraper le temps perdu. Et attendre les listes d'élèves.

24 août 2008

Larousse ou Robert?

Avec la rentrée vient parfois le temps de l'achat d'un dictionnaire. Etes-vous Larousse ou Robert? Votre préféré en classe? À la maison?

Rentrée: jour 2

Deuxième journée de la rentrée. L'inefficacité scolaire continue...

Tiens, au matin, on a une réunion ou l'on parle des procédures d'évacuation. Le plus rigolo, c'est que le trois-quart des portes sont barrées avec des chaines et des cadenas parce que les serrures sont trop vieilles, ce qui est évidemment illégal. Survient un incendie et on grille tous. Cohérence...

J'ai quitté cette perte de temps pour aller vaquer à des occupations médiatiques. Au retour, assemblée générale pour élire nos représentants sur divers comités. Je refuse de siéger sur quelque comité officiel que ce soit. Après deux ans, mes collègues semblent comprendre que je ne veux plus me mettre la tête sur le billot et être celui qui va au devant des coups. Place aux autres! Et puis, j'ai de nouvelles obligations. Me laisser du temps. Éviter d'en faire trop.

Dans l'après-midi, on apprend que nous recevrons nos horaires peut-être lundi et que la première journée de cours sera transformée en partie en journée de remise des manuels. Ça sent l'improvisation... Et puis, je me demande pourquoi nous connaissons ces difficultés alors que chez Safwan, tout se déroule bien. Ma direction blâme le serveur central de la CS. Pourtant, on se connecte au même serveur dans toutes les écoles, non? Bizarre...

Quoi qu'il en soit, pas d'horaire, pas de locaux, pas d'aménagement, pas de listes d'élèves...

Je m'en moque un peu. Les collègues de moi niveau ont prévu une rentrée progressive des deux jours avec nos ti-prouts. Alors, je ne me sens pas concerné par cette crise de gestion. Première secondaire. Mummm... Zéro stress pour l'instant. Joie.

22 août 2008

Only in America! (part two)

Comment contrer le décrochage? Tout simplement en donnant du cash aux jeunes pour qu'ils restent à l'école! Pourquoi faire compliqué quand tu peux faire simple! Voilà la solution imaginative qu'entendent mettre de l'avant les autorités scolaires du district de Colombia. Pour une fois, on comprendra que les études, c'est payant!

«Dès octobre, 3000 étudiants de 14 écoles seront éligible en se méritant jusqu’à 50 points par mois, points qui leur vaudront 2$ chacun pour leur assiduité en classe et leur ponctualité, la remise des devoirs, leurs bonnes manières et de bonnes notes. Un fonds de 2,7 millions de dollars a été mis sur pied pour ce programme et les sommes gagnées par les étudiants seront déposées dans des comptes bancaires spéciaux.»

Décidément, les Amorocains, ils l'ont l'affaire! Des guns et maintenant du cash! Combien on parie que les jeunes vont trouver que 100$ par mois, ce n'est pas assez? Au Québec, je suis convaincu même qu'on crierait à l'exploitation si on instaurait un tel système.

21 août 2008

La rentrée (après-midi)

Grosse perte de temps l'après-midi... Quand on parle d'inefficacité scolaire...
En effet, le service informatique de notre CS a décidé de remplacer le serveur central deux jours avant la remise des horaires des élèves, confiant que tout se déroulerait sans problème. Je ne sais pas, mais c'est ce qu'on appelle croire aux miracles.
Bref, le système informatique est instable, les élèves n'ont tous pas reçu leur horaire ou leurs manuels. Allo la rentrée désorganisée! On va perdre une journée de classe ou, à tout le moins, une avant-midi.
Pour les profs, on n'a reçu ni notre horaire ni nos listes d'élèves. Donc, on ignore pour l'instant dans quels locaux on enseignera ni à combien de mousses. Au lieu d'aménager nos locaux (affiches, matériel, etc.) ou d'envoyer de la photocopie, on a donc dû utiliser des trésors d'imagination pour avoir l'air occupé à quelque chose. Et certains ont moins de talents que d'autres en ce domaine.
Pour le reste, ce fut la participation à de traditionnels rituels de début d'année qui s'apparentent à une forme de taxage social:
  • contribution au groupe de 6/49;
  • contribution au distributeur d'eau;
  • inscription à la liste des anniversaires à célébrer.
Comme j'ai décidé de devenir sociable, je cracherai le moton.
Dans une autre veine, Prof masqué a une double vie. Je serai à la radio demain. Mais je ne vous dis pas ou ni quand, question de préserver vos chastes oreilles de ma voix de velours. Na!

La rentrée: avant-midi (ajout)

La rentrée est l'occasion de nombreuses traditions. À mon école, il y a le sacro-saint avant-midi de socialisation. Cette année, nous avons eu droit à un petit déjeuner dans un établissement de loisir.
Bilan : de nombreuses allocutions, présentation du nouveau personnel et remise de documentation. Deux heures et demie très productive et une chemise contenant quelques photocopies plus tard, je suis à la maison et la piscine m'attend avant de retourner au boulot. Mais je m'en voudrais de ne pas décrire le moment des retrouvailles, celui ou l'on revoit des collègues dits «classiques».
  • Le voyageur: individu qui fait habituellement chier avec son voyage en Italie, en France ou en Espagne. Il nous raconte avec menus détails son parcours exaltant et ses découvertes inimaginables. Surtout, il en rajoute une couche en nous parlant de sa prochaine destination.
  • Le bricoleur: le nom le dit, cet amant du Réno-Dépôt nous fait part des multiples rénovations qu"il a effectées à sa maison ou à son chalet. Et cela, c'est quand n'a pas construit la maison ou le chalet lui-même durant les vacances. Il faut suivre ses aventures palpitantes avec la plomberie et les blessures sévères qu'il s'est infligées avec une scie ronde... Des heures de plaisir si on ne l'interrompt pas en prétextant une envie soudaine.
  • Le chiâleux de la météo: très en vogue cette année, cet individu pourrait remplacer à pied levé n'importe quel animateur de Météo-Média. Il connait par coeur la moyenne saisonnière, le total de précipitations, etc. Généralement, à l'écouter, on finit pour avoir le front froid et développer une dépression qui nous pousse à vouloir l'assommer avec une masse pas nécessairement nuageuse.
  • Le parental: ce dernier ne parle pas de lui, mais bien de ses enfants. À croire qu'il nous raconte les vacances de sa progéniture. Get a life, chasuble! À part faire le taxi, tu as fait quoi de ton été, chose! Attraper un coup de soleil au bras droit parce que tu conduisais la fenêtre ouverte?
  • L'obstétrique: quand elle est partie en juin, elle ne faisait qu'un. Là, elle est au moins deux et, si elle a pris du poids, elle n'en fait pas une dépression pour tautant. On l'entend radoter couches, vergetures et biberons. Mais surtout, elle nous regarde en plein visage sans gêne pour nous parler de son congé parental: «Avec tout ça, moi, j'évite de la correction en masse, vous savez...» D'une marde à l'autre, comme le disait un collègue.
  • Le zélé: lui, il est déjà rentré depuis deux semaines pour préparer sa classe. Et quand il te parle de l'année prochaine, ce n'est pas celle qui s'en vient mais bien celle de 2009-2010. Souvent, ce prof a aussi comme caractéristique d'être téteux de boss.
  • Le téteux de boss: on retrouve généralement cet individu à moins d'un moindre du moindre ajoint ou du directeur. Il lui sert le café, beurre son pain, lui pose mille questions intéressantes et n'oublie pas de rire à chacune de ses péripéties de bricolage.
  • Le bougon: c'est celui qui se sert trois assiettes et qui apporte des restants pour son chien, mais qui n'a pas de chien.
  • Le bougonneux: l'éternel râleur qui trouve que les vacances sont trop courtes, que l'année scolaire commence trop tôt, que le bacon est trop cuit. Il se plaint parfois des groupes qu'il n'a pas encore vus à défaut de pouvoir se plaindre de ceux de l'année dernière.
  • L'optimiste: déjà, on le reconnait lorsqu'il consulte le calendrier scolaire: «Il ne reste plus que 199 journées à faire!» Chaque difficulté représente un défi, une occasion de surmonter. Ennemi du bougonneux. Souvent jumelé au téteux de boss.
  • La matante: le genre d'enseignante dont vous redoutez la moustache quand elle vient pour vous embrasser et qui laisse suffisamment de matériel génétique sur vos joues que vous pourriez cloner assez de profs pour une polyvalente de 3 000 élèves.
  • La main moite: on a tous comme ça un collègue dont on redoute la poignée de main. Même après douze lavages, on a encore l'impression d'être infecté par une armée de germes.
  • Le prof masqué: le genre de prof qui observe et qui sourit, qui ne semble pas là tout en étant très présent. Celui qui regarde ce rituel avec sagesse et ironie. Le gentil collègue qu'on aime retrouver ou le méchant qu'on évite, c'est selon. Généralement, il va chercher des verres d'eau pour ceux qu'il aime et se montre plus téteux que téteux.

La lutte à la malbouffe

Première nouvelle de la rentrée: le conseil des commissaires de ma CS a décidé de livrer la guerre à la malbouffe jusque dans le salon des enseignants. En effet, cette année, devront disparaitre des distributrices de ces aires de repos fréquentés uniquement par des profs tout ce qui s'apparente à des chips, des sodas, etc. C'est pour notre bien, parait-il. En fait, des parents se seraient plaint que les méchants enseignants pouvaient se procurer du chocolat et des cochonneries alors que leur pauvre ti-pit ne le pouvait pas. Tout le monde égal!

Je m'en fous un peu, remarquez, puisque je n'y vais pas. Seulement, pourquoi s'arrêter là? Quand j'étudie les comptes de dépense des commissaires, on retrouve des reçus pour des repas au restaurant qui sont loin d'être santé. Et puis, il y a aussi la consommation d'alcool qui est remboursée. «Charité bien ordonné commence par soi-même», dit le proverbe.

Dans la même veine, je serais curieux de voir si les élèves du secteur adultes et professionnel de ma CS subiront les mêmes contraintes. On parie un smoked meat au tofu que non?

17 août 2008

Only in America!

Radio-Canada nous apprend que les enseignants texans de la région de Harrold pourront dorénavant être armés en classe. «Nous avons des caméras de surveillance, mais la question à laquelle nous devons répondre, c'est de savoir ce que nous ferons si quelqu'un fait irruption (dans une école). C'est simplement du bon sens», a expliqué le directeur du conseil scolaire de cette région, David Thweatt. Même les élèves devraient pouvoir porter une arme en classe au cas...

On peut donc en conclure que d'abattre un individu suspect fait maintenant de la description de tâche des enseignants de Harrold. Recevront-ils des bonus en fonction du nombre d'assaillants neutralisés?

Imaginez ce que les élèves m'offriraient si je travaillais dans ce sympathique comté ou on ne niaise pas avec la sécurité. Un AK-47? Un Glock 17?

15 août 2008

Le Prof masqué se prostitue? (passe deux) - ajout

Deuxième visite dans le monde de l'édition. Et beaucoup de constats.

Premièrement, la réforme est encore vue par par certains éditeurs sous forme de manuels et de cahiers d'exercice, ce qui n'est pas en soi une surprise quand on sait qu'il s'agit de leur raison d'être: vendre du papier imprimé. On est loin des nouvelles technologies et des nouveaux supports de travail. Seulement, c'est toute la pédagogie derrière cette conception de l'acte d'enseigner qui est révélatrice. Les manuels et les cahiers sont encore vus comme un maître, une bouée de sauvetage. Remarquez qu'avec l'état actuel du système scolaire, ils ont peut-être raison... À quoi se raccroche un enseignant qu'on garroche devant une classe à deux jours d'avis? Et je ne parle pas des nouveaux qui manquent d'encadrement.

Deuxièmement, à cause d'un contexte que j'expliquerai plus tard, la rapidité avec laquelle le matériel doit être produit est proprement hallucinante. Comment concevoir des outils réfléchis, pertinents, efficaces en si peu de temps? On comprend alors qu'on est dans un contexte de production et non de création. La différence est très grande entre ces deux notions.

Troisièmement, cette contrainte de rapidité oblige à ce que différentes équipes de travail doivent oeuvrer en même temps. La coordination entre les différents ouvrages d'une même collection est alors difficile, voire impossible. Le rôle du chargé de projet, qui doit tout superviser, s'avère titanesque. Il est par conséquent normal d'observer un manque de cohérence dans les manuels d'un niveau à l'autre.

Quatrièmement, malgré le report d'un an de la réforme sous l'ère du ministre Reid, on constate que le MELS est toujours aussi en retard dans l'élaboration de ses programmes. Les maisons d'édition travaillent sous pression parce que le ministère livre tout à la dernière minute. Et encore: même avec un an de grâce, il respecte à peine les nouveau délais qu'il s'est lui-même donné. Un tel comportement vient évidemment augmenter les risques d'improvisation, de manque de réflexion avec, pour conséquence, qu'on mettra dans les mains des élèves et des enseignants le meilleur produit possible, compte tenu des circonstances... et ce, pas toujours à temps.

Cinquièmement, et cela est encore plus vrai dans le cas des matières qui s'étirent sur plusieurs années, on a tout construit à la pièce en partant de la première secondaire jusqu'à la cinquième. Or, il est indispensable d'avoir une vue d'ensemble, de savoir ou l'on veut aller pour déterminer le chemin à prendre. Plus on avance dans la conception d'un programme, plus la majeure partie des notions est déjà déterminée. Bref, plus on avance dans la progression des apprentissages, moins on a quoi que ce soit à dire sur ceux-ci puisque tout est déjà décidé, conçu, imprimé, efficace ou pas. N'est-ce pas aberrant? N'est-ce pas en quatrième et cinquième secondaire, par exemple, qu'on est à mieux de constater les lacunes du programme des années précédentes? Pourtant, ce sont ces gens qui seront consultés en dernier ou qui seront appelés en dernier à créer du matériel scolaire. Je ne sais pas. Peut-être suis-je dans l'erreur, mais tout cela me semble illogique et surtout inefficace.

Dans le cas qui l'occupe, c'est dans ce contexte particulier que le Prof masqué a présenté en collaboration avec une collègue un produit original. Cette deuxième rencontre a surtout permis de constater que bien des éléments de celui-ci n'ont pas été retenus. On aime notre intelligence, on aime nos cerveaux, mais ceux-ci devraient être asservis à la production d'un cahier d'exercice qui devrait respecter la terminologie d'un manuel de base qui n'est pas encore créé, manuel de base qui s'inspirera fortement de celui de l'année précédente qui n'est pas encore fini et qui a été conçu par une équipe différente de celui à venir. Compliqué? Plutôt.

En revenant à la maison, je me suis longuement questionné avec ma collègue. Quelques interrogations ont tourné dans ma tête:

  • De quoi ai-je envie?
    D'avoir du plaisir à créer un produit qui répondra à ce que je crois.
  • Ai-je des choses à prouver professionnellement ?
    Non. Qui me connait sait que j'ai une vie professionnelle bien remplie.
  • Ai-je des ambitions d'être édité?
    Oui, mais pas à tout prix.
  • Que me reste-t-il à faire?

Lundi matin, le courriel destiné à la maison d'édition sera envoyé. Je ne trouverai pas mon bonheur ni de la liberté dans ce projet. Pas grave.

Ajout: à lire, ce texte de La Presse ou l'on répertorie quelque 50 inexactitudes dans les deux manuels de L'Occident en 12 événements. Un exemple de production à toute vapeur?

12 août 2008

Les cadeaux de nos élèves

Tiens, quel est le cadeau le plus original que vous ait fait un élève? Laissez-moi vous indiquer le mien juste pour vous traumatiser.

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Hier, en faisant le ménage de la commode de ma chambre, je suis tombé sur un cadeau qu'un élève m'a fait il y a quelques années. Avouez que ça vous titille et que vous avez tout à coup une pensée croche: un cadeau d'élève... chambre à coucher...

Vous ne perdez rien pour attendre puisqu'il s'agit d'un fouet! Ça y est: les rumeurs vont courir sur mes pratiques sexuelles. Gooba, analyse-moi! Dans les faits, le dit objet se retrouve là puisqu'il s'agit de mon tiroir à cossins. Libre à vous de me croire.

Ce sympathique objet est le cadeau qu'un élève m'a fait au retour d'un voyage dans l'ouest américain: «Quand je l'ai vu, j'ai tout de suite pensé à toi.» Rassurant... Il faut dire que j'ai passé l'année à fouetter au sens littéral (Slack! Slack! travaille grand flanc mou!) cet élève hyper intelligent et surtout hyper paresseux. Appartenant à un groupe de douance, il n'avait jamais vraiment eu à travailler jusqu'à ce qu'il rencontre la Bête. À cause de ses aptitudes, on lui passait tout, même de ne pas faire ses devoirs. Il semble qu'il en ait gardé un bon souvenir malgré tout, du moins c'est ce qu'il avait écrit dans la carte accompagnant cet objet à mon image. Le Prof masqué: un prof fouettard?
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Alors, qui a reçu des menottes? une matraque? ou que sais-je de plus excitant encore?