30 mars 2009

Claude Poirier et le français


La radio n'est pas toujours un média facile parce qu'on doit souvent intervenir en direct. Par contre, on peut bénéficier d'oreilles pas toujours attentives pour masquer nos erreurs.

Un chroniqueur à la radio a le don d'écorcher les miennes: Claude Poirier. Oui, le monsieur est ce qu'on appelle un newsgetter. Oui, il a ses indicateurs dans le milieu. Oui, il présente souvent des exclusivités. Mais cela ne lui permet pas pour autant de massacrer ardemment la langue française lors de ses interventions. Trouvez-lui un prof, un linguiste, quelqu'un!

Sa perle d'aujourd'hui: «On attend le rapport du médecin légiste pour savoir les conséquences de ce décès.»

28 mars 2009

Le saupoudrage scolaire

Le premier ministre Charest a annoncé hier qu'il versera 25 millions $ sur cinq ans pour lutter contre le décrochage scolaire. La fondation Chagnon ajoutera également la même somme. Voilà! Le problème est réglé, dites-vous. 50 millions qui seront ajoutés aux mesures qui existent déjà.

Voilà ce qui m'embête. A-t-on évalué ces mesures actuelles? Sont-elles efficaces? Doit-on en privilégier certaines et en oublier d'autres?

C'est l'absence de réflexion qui tue souvent la pertinence de l'action. Ici, on a l'impression d'une mesure louable, mais surtout très politique pour frapper l'imaginaire de la population. Un peu comme l'ADQ le faisait, le gouvernment actuel semble aller au gré du vent et penser qu'il résoud les problèmes en créant des plans et en annonçant des subventions.

On gouverne au petit bonheur pour notre plus grand malheur.

26 mars 2009

Vérification des antécédents des profs: de la foutaise? (ajout)

Depuis 2005, les commissions scolaires et les écoles privées peuvent vérifier les antécédents judiciaires de tout employé oeuvrant en éducation. Je me souviens encore qu'à ma CS, on avait exiger que je produise une photocopie de mon permis de conduire, une procédure à laquelle elle avait dû finalement renoncer. L'opération m'avait laissé un goût amer dans la bouche

Jusqu'à présent, le gouvernement a dépensé 6 millions pour scruter le passé de 14 976 enseignants et futurs enseignants. De ce nombre, 1214 présentaient des antécédents judiciaires (histoires de drogue, petite fraude fiscale ou conduite avec facultés affaiblies) et 18 avaient commis une infraction criminelle que le MELS jugeait incompatible avec un milieu d'éducation.

Des contres

Pour Lysianne Gagnon, «Il devrait y avoir des limites à la paranoïa. Des limites, aussi, à l'intrusion de l'État dans les vies privées.» Elle qualifie de «pêche à l'aveugle» cette mesure qui soulèverait des interrogations «si la police scrutait les dossiers de tous les musulmans dans le but de débusquer de potentiels terroristes islamistes?» Pour elle, parce qu'ils sont des modèles, on demande aux enseignants d'être «parfaits et infaillibles».

L'éditorialiste de La Presse doute de l'efficacité de cette vérification quand on sait que «les quatre enseignants québécois accusés de pédophilie depuis deux ans n'avaient aucun antécédent judiciaire!»

Des pours

Pour Brigitte Breton, il s'agit du «prix à payer pour s'assurer qu'un individu qui a abusé sexuellement de mineurs ou usé de violence ne se retrouve pas à la tête d'une classe. Pour s'assurer aussi que le chauffeur de l'autobus jaune n'a pas perdu son permis pour conduite en état d'ébriété, et que le directeur d'école n'est pas un ancien vendeur de drogues ou un fraudeur.»

Pour cet éditorialiste du Soleil, «La diversité des catégories de personnel nécessaire au bon fonctionnement d'une école justifie la largeur du spectre. La vérification ne peut se limiter aux cas de pédophilie.»

Une opinion très masquée

Pour ma part, au nom du bien des enfants, je considère qu'on verse un peu dans l'exagération. Dépenser 6 millions pour finalement débusquer 18 cas problématiques montre qu'il n'y a pas de véritable problème, d'autant plus que cette vérification n'est pas une garantie du comportement actuel et futur des employés embauchés.

De plus, je remarque qu'on applique aux enseignants des vérifications qu'on ne juge pas essentielles pour des employés pourtant à l'emploi de l'état. Pensons par exemple aux employés de la santé qui sont, eux aussi, en contact avec des enfants. Et à ce que je sache, on peut frauder l'état ailleurs que dans une école. Dans la même veine, à quand la vérification des antécédents judiciaires des commissaires scolaires et des députés?

Dans son éditorial, Mme Breton écrit: «Personne ne souhaite que l'intégrité ou la sécurité de son enfant soit menacée parce que la commission scolaire ou la direction de l'école privée a fait preuve de laxisme à l'embauche ou en cours d'emploi.»

Cette remarque m'a rappelé un incident que j'ai vécu au début de ma carrière. Plusieurs élèves étaient venues me voir parce qu'elles étaient intimidées par le comportement intimidant d'un collègue: regards inappropriés et soutenus, remarques déplacées et à double sens... Après une plus longue vérification personnelle (Prof masqué enquête...) et beaucoup de réflexion, il m'est apparu évident que je devais rapporter ce cas tellement plus les signes montraient qu'il y avait quelque chose qui clochait (par exemple, danser un slow collé et tâter les seins d'une élève mineure dans un bar). Ce fut la seule fois de ma carrière, d'ailleurs.

Finalement, il a été impossible de porter plainte contre cet individu. Les preuves n'auraient pas été suffisantes et les élèves concernées n'avaient pas envie d'être mêlées à un processus judiciaire. Mais bien coincé dans une rencontre avec un directeur, ce dernier avait remis sa démission en échange qu'on n'aille pas plus loin avec cette histoire.

Rien ne figure dans le dossier de ce dernier, qui travaille aujourd'hui dans une commission scolaire voisine, et on ne peut qu'espérer qu'il a compris le message. Sauf qu'un doute a toujours hanté mon esprit.

Alors, le laxisme et les vérifications...

****

Au fond, c'est un peu comme si on avait renversé le fardeau de la preuve: chaque personne est coupable jusqu'à preuve du contraire. On la soupçonne jusqu'à temps qu'elle réussit à prouver son innocence.

25 mars 2009

L'armoire qui tue


Au Québec, on en retrouve généralement une par classe dans laquelle on range des dictionnaires ou du matériel scolaire. Sous ses airs de solidité, elle cache en fait un esprit démoniaque et meurtrier. Il s'agit de... l'armoire qui tue!

Narration de l'événement

J'étais tranquillement assis à mon bureau en train d'expliquer une copie corrigée à un élève debout à ma gauche. Les autres élèves de la classe travaillaient silencieusement sur une base individuelle.

Une de mes gamines se lève alors et va se chercher un dictionnaire dans l'armoire comme cela leur est permis. Je repense soudain à une scène de début d'année quand une de mes mouettes (surnom des élèves que je vous expliquerai bien un jour) n'arrivait pas à attraper un dictionnaire parce qu'ils étaient placés trop haut et qu'elle était trop petite.

Tout blonde et menue, sur la pointe des pieds, avec un air d'une naïveté incroyable, elle n'arrivait pas à rejoindre le précieux ouvrage, malgré tout sa bonne volonté, si bien que je les ai placés quelques tablettes plus bas par la suite. S'adapter à ma nouvelle clientèle, voilà mon mantra cette année.

Bref, je corrige en expliquant quand, tout à coup, je vois l'armoire basculer vers l'avant. Ne faisant ni une ni deux, je réussis à attraper de justesse le meuble satanique au vol avant qu'il ne tombe sur ma gamine et l'écrase au sol. Bien sûr, tout le contenu de l'armoire a fini sur le plancher, mais c'était un moindre mal si on pense à ce qui aurait pu arriver. Et on sous-estime souvent ce qui aurait pu arriver. Une solide armature de métal sur un joli crâne de 12 ans... Le combat est férocement inégal.

L'élève m'a alors expliqué qu'elle cherchait à atteindre un objet situé sur la tablette du haut et qu'elle a dû probablement s'appuyer sur la porte ou encore grimper dans l'armoire.

Comme je ne suis pas en faveur du port du casque protecteur en classe, j'ai alors décidé de «chimer» l'armoire pour éviter qu'elle bascule à nouveau en attendant que les ressources matérielles viennent la viser au mur.

Morale de l'histoire

Enseignants, votre classe est remplie de nombreux dangers pour vos élèves!

22 mars 2009

À propos de l'anonymat des blogues d'enseignants

On reproche souvent aux enseignants qui tiennent des blogues de le faire de façon anonyme. Ceux-ci ont leurs raisons de préserver leur identité. Deux des plus fréquentes sont d'éviter d'identifier des élèves ou d'éventuelles représailles de la part de collègues, de décideurs scolaires ou de parents.

La Presse, aujourd'hui, publie exceptionnellement la lettre d'une enseignante à propos du décrochage des parents en omettant son nom de famille. Cette lettre ne nous apprend rien de bien nouveau, vous le remarquerez en la lisant.

Mais pourquoi cet anonymat, pensez-vous? La peur des parents. Un prof aura toujours peur de critiquer le payeur de taxes, la main qui le nourrit. Après tout, qui sommes-nous, privilégiés avec des mois de vacances, pour houspiller le bon citoyen devant l'impôt éternel, même quand il élève ses enfants d'une façon épouvantable.

J'ai déjà participé à un débat sur l'avenir des commissions scolaires. Dès le lendemain matin, le téléphone sonnait à mon école. Deux commissaires offusqués. Pourtant, j'avais pris soin de ne pas identifier ma CS ou de nommer des individus en particulier. C'était la première fois, en 14 ans, qu'on s'intéressait à ma personne et pas parce que je faisais un bon travail auprès de mes élèves (ce dont je suis convaincu) mais parce que je dérangeais en haut lieu en faisant miennes publiquement des positions largement répandues. Je dérangeais. Donc, il fallait subtilement me suggérer de me ranger.

Si une institution comme La Presse agit de la sorte, elle ne le fait pas gratuitement. Il existe en enseignement, comme dans bien d'autres domaines, une omerta qui pousse au silence même les plus braves.

Au lieu de questionner les profs qui tiennent à l'anonymat, on devrait davantage se demander pourquoi notre système d'éducation tolère si mal la critique de ses propres membres et encourage le silence et son ami: la complaisance par le silence.

L'éducation a ceci de particulier qu'elle dit favoriser le travail en collégialité mais tolère mal comme institution la critique et la divergence d'opinion.

Le rapport Ménard : une première impression

Cette semaine a été marqué par la publication du rapport Ménard sur le décrochage scolaire. Celui-ci a ceci de particulier qu'il s'agit d'une initiative citoyenne et non d'un comité ministériel. Mais avant d'aller plus loin dans une analyse de celui-ci dans un autre billet, permettez-moi, si vous le voulez bien, de situer la publication de ce rapport dans son contexte.

L'oubli: meilleur ennemi des idées

Dans une chronique, également parue cette semaine et que je vous invite à lire tant elle est intéressante, Jean-Marc Léger affirme à juste titre: «80% des nouvelles ne durent justement que 24 heures.» Que croyez-vous qu'il va arriver au rapport Ménard?

Déjà, récemment, le congédiement du coach du Canadien a suffi à éloigner de l'actualité les pertes de 20 milliards de la Caisse de dépôts et placements. Pensez-vous sérieusement que le rapport Ménard va rester dans la mémoire collective plus qu'une semaine? Médiatiquement, le décrochage est un phénomène social dont on a tant parler sans y donner suite qu'il est rendu malheureusement banal et banalisé, comme s'il s'agissait d'une réalité incontournable contre laquelle on ne peut rien faire.

Le MELS s'occupe déjà du problème

Une autre raison pour laquelle le rapport n'atteindra pas les objectifs qu'il s'est fixé, du moins rapidement, est qu'il remet en question le travail déjà fait actuellement par diverses organisations gouvernementales. Pour le MELS, on s'occupe déjà du problème. C'est du moins ce que laisse entendre la ministre Courchesne en entrevue. On a l'impression d'un enterrement assez expéditif.

Rappelons que c'est aussi la même ministre qui croit que le PQ est responsable de la situation actuelle alors que le parti Libéral est au pouvoir depuis six ans. J'ai toujours été convaincu de la bonne foi de Mme Courchesne, mais cette fois-ci elle me met résolument à l'épreuve...

Enfin, il ne faut pas oublier qu'il s'agit du même ministère qui permet à des décideurs scolaires de recevoir 800 000$ de bonus basés sur leur bon rendement alors que plusieurs aspects du système de l'éducation du Québec sont tout simplement lamentables, notamment en ce qui a trait au décrochage scolaire. N'est-ce pas là un signe inquiétant que certains croient que tout va bien en éducation et que les gens en place font un excellent travail?

Pour toutes ces raisons donc, j'espère que M. Ménard aura la patience de ses convictions. Il lui faudra constamment ramener ses solutions auprès des décideurs et surtout, stratégiquement, trouver une façon de leur faire croire qu'il s'agit de leurs idées. Parce que le décrochage scolaire est davantage un problème politique que pédagogique.

21 mars 2009

Telle mère, tel fils?


Il ne faut pas généraliser, mais cette nouvelle fera sourire (de couleur jaune, quand même le sourire), bien des enseignants.

Lorsqu'elle a appris que son fils était suspendu de son collège, Aleyda Uceta a vu rouge. Dans un accès de colère, cette femme du Rhode Island, dans le nord-est des États-Unis, a frappé et mordu le directeur de l'établissement, qui venait de lui annoncer la nouvelle, selon la police.

Mme Uceta, 30 ans, aurait également mordu un policier qui tentait de l'arrêter après l'incident survenu vendredi au collège Roger Williams à Providence. Elle est accusée d'agression contre des responsables scolaires et des policiers et de rébellion.

Selon la police, la mère irascible a frappé le directeur Rudolph Moseley Jr. au visage et l'a mordu au bras gauche après qu'il lui eut annoncé que son fils de 11 ans était suspendu trois jours pour avoir refusé d'aller à un cours pour élèves turbulents.


Méfiez-vous du parent qui sourit: il ouvre peut-être la bouche pour vous mordre!

19 mars 2009

Mes prédictions sportives


Bon, je vous le promets: dans mes deux prochains billets, je vous parlerai de décrochage scolaire (un texte fouillé et intelligent) et de comment j'ai sauvé la vie à une élève cette semaine (Prof masqué super prof, croyez-moi). Mais aujourd'hui, j'ai l'âme à des prédictions sportives.

En effet, chaque semaine, Prof masqué a le bonheur d'aller écouter le hockey avec un collègue chez un ancien élève. Petite bouffe, propos et badineries, puis écoute du match proprement dit ou tous les sujets sont bienvenus.

Sauf qu'aujourd'hui, j'y suis allé de deux prédictions devant mes élèves:
- Les Canadiens allaient perdre contre Ottawa;
- Les Canadiens ne feront pas les séries éliminatoires.

Pour le reste, qu'on se débarrasse de Koivu au plus vite, qu'on nomme Kovalev capitaine du club, qu'on laisse Price sur le banc jusqu'à l'année prochaine. Halak, avec qui le club a été foncièrement injuste, lui a été cent fois supérieur.

Voilà: c'est écrit.

Dites-moi maintenant que vous voulez entendre parler de décrochage scolaire...

18 mars 2009

Un cabinet conservateur à flusher?

Blague un peu facile, mais je me console encore aujourd'hui de ne pas avoir voté conservateur aux dernières élections.

Tout d'abord, il y a ce ministre de la Culture, James Moore, qui, lors de son passage à Tout le monde en parle, a réussi à ne pas reconnaitre Félix Leclerc, Guy Laliberté, Jean-René Dufort, Robert Lepage et Céline Galipeau. Par contre, il savait très bien qui était Pierre Karl Péladeau...

Ensuite, aujourd'hui, on apprenait que le ministre des Sciences et Technologies, Gary Goodyear, est un créationniste. Rien de moins! En fait, il croit à une certaine forme d'évolution, mais du bout des lèvres: «Nous évoluons chaque jour, chaque décennie, l'intensité du Soleil, les espadrilles, les talons hauts, nous évoluons face à notre environnement.» En fait, il semblerait qu'il n'y ait que les conservateurs qui n'évoluent pas et qui aient côtoyé les dinosaures.

D'ailleurs, les Conservateurs ont voté contre une motion à la Chambre des Communes voulant souligner le 200e anniversaire de naissance de Darwin.

George W. Bush est toujours en politique. Il a seulement changé de pays.

17 mars 2009

Le Conseil du statut de la femme et le béton


Le Devoir nous apprenait aujourd'hui que, selon le Conseil du statut de la femme, le prochain budget du gouvernement Charest serait discriminatoire parce les investissements dans les infrastructures favoriseraient davantage les hommes que les femmes. D'après sa présidente, Christiane Pelchat, la somme prévue de 13,9 milliards pour les infrastructures «ne bénéficient pas aux 50% de la main-d'oeuvre active que sont les femmes.»

J'ai beaucoup de difficulté avec cette affirmation parce qu'elle ne tient pas compte de la réalité. En effet, actuellement, des statistiques démontrent clairement que ce sont les hommes qui sont actuellement les plus grandes victimes de la crise actuelle.

«Nous apprenons qu’en novembre, décembre et janvier, il s’est perdu au Canada quelque 213 000 emplois. De ce nombre, 166 000 étaient des emplois occupés par des hommes, contre 47 000 par des femmes.

Donc, près de 8 emplois sur 10 perdus au pays depuis novembre étaient occupés par des hommes.

Aux États-Unis, en guise de comparaison, 82 % des emplois perdus depuis décembre 2007, c’est-à-dire depuis le début officiel de la récession dans ce pays, étaient occupés par des hommes...

Encore plus impressionnant, alors que 1000 femmes ont perdu leur emploi pendant la période de référence, contre 30 000 hommes...»


Si la crise perdure, il est fort problable que cet écart se rétrécira sensiblement, car il y a aura plus de secteurs à prédominance féminine qui pourraient être touchés.

N'empêche que de suggérer de vouloir gérer la crise en divisant les emplois selon le sexe est aberrant dans la mesure ou l'on devrait privilégier les mesures qui seront les plus efficaces pour relancer l'économie. De plus, un emploi perdu par un homme se traduit très souvent par une perte importante quant aux revenus d'une famille. Et comme plus d'hommes que de femmes perdent actuellement leur emploi...

Une suggestion, madame Pelchat: un peu d'analyse avant de crier au sexisme.

16 mars 2009

Encore un sondage bidon (ajout)


On dirait malheureusement que le Journal de Montréal a pour spécialité de publier des sondages un peu bidons ces temps-ci.

Le plus récent avance que 56% des Québécois veulent qu'on dégraisse tout d'abord la fonction publique. Le chiffre est clair et sans appel, pensez-vous. Regardons les choses de plus près.

Ce sondage a été commandé par l'Institut économique de Montréal (IEDM), un groupe de pression bien connu pour sa pensée politique plutôt à droite du spectre politique. Également, les questions et les choix de réponses offerts aux individus sondés semblent clairement orienter leurs réponses (cliquez sur l'illustration).

De un: on n'offre aucun scénario ou le gouvernement du Québec pourrait décider de choisir un déficit pour investir dans la relance de l'économie, par exemple.

De deux: ou trouve-t-on, par exemple, un choix du genre «augmenter l'impôt des particuliers gagnant un million et plus ainsi que des entreprises»? Nenni! On offre un choix qui n'en est pas véritablement un. Qui voudrait une hausse des tarifs des services publics?

La deuxième question permet à Michel Kelly-Gagnon, président de l'IEDM, de nous servir une autre tartine sur le fait que les syndicats en mènent large et nuisent à l'économie.

À ce que je sache, la récente crise économique dans laquelle nous sommes plongés est le fait de tous ces penseurs du capitalisme et de la libre entreprise. Banquiers, financiers et autres sympathiques wonder boys de la bourse ont réussi à pousser notre économie au bord de l'abîme.

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C'est grave: Stéphane Gendron et moi possédons des points de vue similaires si je me fie un peu à sa chronique. Il faut bien qu'un gars ait raison de temps en temps....

L'affaire est chocolat?


Je me pose trop de questions. Ma psy me l’a dit récemment. Je suis comme ça. Impossible de me changer à moins d’une médication plus sévère. Nelligan n’aurait pas écrit le Vaisseau d’or s’il avait été sous le Prozac. Ibid pour mes modestes billets et moi, que je me dis.

Donc, au début de la semaine dernière, j’ai été confronté à une situation suscitant chez moi maints questionnements.

Explications.

Ma commission scolaire a adopté une politique anti-malbouffe qui a exigé qu’on retire des distributrices du salon du personnel les boissons gazeuses et le chocolat qu’on y retrouvait bien que seuls des adultes aient accès à celles-ci. Malbouffe maléfique… que de crimes on commet en ton nom!

On a eu beau expliquer à la direction que nous étions des adultes et que les ventes de ces distributrices servaient à amasser des fonds pour le comité social de l’école, rien n’y fit.

Or, ne voilà-t-il pas que j’ai remarqué cette semaine que de vaillants élèves de mon école finançaient un prochain voyage à l’étranger en vendant du chocolat, et ce, au sein même des murs pas si infranchissables de mon institution scolaire.

Ils en vendent aux élèves, aux collègues enseignants, au personnel de soutien, à n’importe qui qu’ils réussissent à émouvoir avec leur regard piteux et culpabilisant ou qui ont envie tout bonnement de chocolat.

Interdiction pour des adultes de se procurer du chocolat dans des distributrices servant à financer des activités sociales, mais permission pour des élèves de vendre du chocolat honni sans aucun problème pour financer leur voyage.

Ai-je oublié ma médication ou y a-t-il un problème de cohérence ici?

12 mars 2009

Des origines familiales?



On se demande tous d'ou viennent les cheveux du petit de Céline. Voici une hypothèse trouvée parmi mes lectures préférées.

11 mars 2009

Bonis des directeurs généraux

Un beau petit moment de radio intense ou Serge Pelletier, président de l'Association des directeurs généraux des commissions scolaires du Québec (ADGCSQ), justifie à Benoit Dutrizac les bonis versés à certains directeurs généraux des CS.

Grosso modo, M. Pelletier mentionne que ces bonis sont prévus dans les règlements au niveau des conditions d'emploi dans les commissions scolaires.

M. Dutrizac exprime alors son incompréhension à l'effet que des bonis au rendement soient versés alors que le taux de décrochage est à la hausse, que les garçons décrochent à 40%, que la réussite scolaire des enfants est à la baisse, que les écoles sont en si mauvais état, etc.

«Vous devriez avoir honte de recevoir des bonis au rendement. Montrez-moi votre réussite. L'école au Québec va mal», lui répond le bouillant animateur de radio, dans un style qu'on lui connait bien.

M. Pelletier explique qu'au niveau des commissions scolaires, il existe différents éléments prévus dans les plans de développement stratégique. Différents éléments entrent en ligne de compte (leadership, mobilisation, réussite éducative, formation professionnelle, éducation des adultes, mise en place de projets particuliers, raccrochage scolaire). Il reconnait qu'il y a des améliorations à apporter, qu'on peut évaluer le rendement d'un système d'éducation en fonction de qui pourrait être amélioré.

Mais là ou je décroche, c'est lorsqu'il affirme: «C'est trop facile de ressortir un élément ou deux qui peuvent accrocher. C'est trop facile de dire qu'on réussit moins qu'au privé. À la différence de vous, je porte attention à valoriser le système d'éducation public au Québec.»

Un ou deux éléments? Quand on oublie la mission essentielle de l'école pour justifier ses bonis en invoquant des éléments connexes, là, je décroche. En tout respect, on dirait un élève de la réforme qui tente de justifier sa réussite dans un cours: «Globalement, je chemine, je chemine...»

L'école québécoise ne réussira jamais à se sortir de son marasme en se valorisant de façon jovialiste sans prendre conscience de la situation dans laquelle elle est empêtrée. Et avec autant d'aveuglement volontaire, elle peut bien si mal se porter.

10 mars 2009

On interpelle les profs

Il y a quelque temps, je rédigeais un texte qui montrait à quel point l'examen d'écriture du MELS de cinquième secondaire est conçu de façon à faciliter la réussite du plus grand nombre possible.

Au fil du temps, quelques élèves du secondaire sont venus le lire, en quête d'informations sur cet examen qui est souvent recyclé par des collègues les années suivantes.

Mais voilà qu'un élève de cinquième secondaire y serait allé du commentaire suivant:

Bonsoir,
Notre prof nous a donner justement ce texte à faire comme pratique d'examen. Effectivement, elle a été très gentille, elle nous la donnée avant la semaine de relache, qui va prendre le temps de travailler la dessus durant ses vacances?
De plus, vous auriez beau donner le texte de l'examen de mai en septembre si vous voulez, personne ne le regarderait avant 2 jours avant l'examen.
Mais je voudrais savoir, c'est quoi ton but? À quoi sa sert d'être zèle dans le métier de l'enseignement? Faire chier les élèves? Je suis d'accord avec vous qu'il faut vérifiez les aide-mémoires pour ne pas qu'on écrive toute le texte... Mais à part sa, l'examen est déjà difficile comme sa... Qu'elle est votre but en écrivant ce texte? Faire croire au MELS que sont examen est trop facile? Contentez-vous dont de simplement virifié vos aide-mémoires. Qu'es-ce que sa vous apporte à vous d'être le plus stick possible avec vos élèves? Es-ce que cela vous enlève quelque chose qu'un élève passe un examen?

En tout cas, là j'ai pas vraiment plus de temps pour écrire sur ce forum stupide.
J'esserais de revenir voir votre réponse

En passant, chu pas un poche à l'école, je suis dans les meilleurs mais je suis juste ben tanné que ya ben des profs qui oublie que leur job c'est d'aider les jeunes...


Je me permettrai simplement de répondre que ce commentaire est une illustration de ce que j'avançais dans mon billet. Pour le reste, ne t'inquiète pas, mon jeune, tu vas l'avoir par la poste, ton diplôme.

Une chose que j'aimerais savoir cependant: les profs sont supposés aider les jeunes à quoi?

En terminant, merci pour qualifier mon forum de «stupide». Mais je te préviens: je ne publierai pas ton commentaire s'il est insultant.

09 mars 2009

Un chômeur de plus


Bon, bon, Guy Carbonneau a été congédié. Quelle surprise! Depuis un mois, il était évident que le coach du Canadien était sur le respirateur artificiel.

Il suffisait de lire les journaux pour voir cet événement venir. Problème de communication avec Kovalev, avec Laraque, avec Bégin, avec Dandenault, avec Tanguay, avec les frères K... Remaniements constants des trios au point ou les joueurs eux-mêmes ne se retrouvaient plus sur la glace. Difficultés à encadrer les jeunes et à maintenir une certaine distance avec les joueurs. Certaines photos sur Internet soulevaient aussi des questions.

Congédiement donc. Le bon peuple va s'énerver quelques jours. mais dans les faits, c'est juste un chômeur de plus, chômeur avec encore deux ans à son contrat. Rien pour pleurer. Désolé.

08 mars 2009

Nouveau-Brunswick: la terre a tremblé


Voilà le titre d'un texte paru dans le JdeM dimanche.

«Les résidants de deux petits villages du centre du Nouveau-Brunswick ont eu droit à un léger tremblement de terre et à une réplique, quelque cinq heures plus tard, aujourd'hui.»

Immédiatement, je me suis demandé: Michèle Richard a-t-elle été arrêtée pour alcool au volant dans ce coin-là?

07 mars 2009

La chute d'une idole (ajout)

L'arrestation de Jean-François Harrisson a beaucoup fait jaser cette semaine. Les gamins aussi en ont parlé un peu dans ma classe. Un mot est souvent revenu: dégoûtant. Fille masquée, sans être révoltée, trouve regrettable que quelqu'un qui lui a fait passé d'aussi beaux moments l'ait en quelque sorte trahie.

À tous, j'ai prudemment expliqué que, dans notre système judiciaire, accusé ne voulait pas dire coupable mais, dans leur esprit, Harrisson est déjà jugé.

Par ailleurs, selon certains spécialistes, on n'a pas la moindre idée de ce qu'est la «pornographie enfantile». Le mot pornographie s'applique mal à la représentation d'actes qui n'ont rien de sensuel et qui relèvent davantage de la violence et de la domination. Pour ce qui est du mot infantile, on est loin des nymphettes du photographe David hamilton puisqu'on parle d'enfants de moins de quatre ans quand il se s'agit pas de bébés.

Dans le monde de l'éducation, l'utilisation d'une vidéo pédagogique s'adressant aux jeunes et utiliant les talents de comédiens de JF Harrisson a été suspendue.

Les vedettes comme ce dernier sont des idoles qui ont un impact auprès des jeunes. Mais aussi des responsabilités.

********

Si vous lisez ce texte, on sent déjà venir les idées de la défense.

05 mars 2009

Report du cours projet intégrateur (ajout)

On me l'avait appris il y a plus d'une semaine, sauf que je ne pouvais pas en parler. Mais comme Sylvain a finalement traité de ce sujet, je me sens tout à fait libre de l'aborder aussi: le ministère de l'Éducation, de la Garderie, de l'Alimentation et des Loisirs (le MÉGAL) a annoncé la possibilité, pour les écoles qui le désirent, de reporter l'application de ce qu'on appelle le projet intégrateur.

Les raisons invoquées par la ministre Courchesne pour justifier ce possible report sont les suivantes:
«plusieurs enseignantes et enseignants tireraient avantage d'avoir une année supplémentaire pour s'approprier le contenu du programme, compte tenu de son caractère novateur»;
«Dans certaines écoles , des travaux plus importants seraient requis pour mieux faire face aux changements dans l'organisation de l'enseignement qu'entraîne la mise en oeuvre de cette matière.»

Mes sentiments devant cette annonce sont très partagés.

D'un côté, je me dis que le MELS a l'intelligence de ne pas imposer un cours dont l'implantation n'est pas au point. Il y a si longtemps qu'on n'a pas vu une telle sagesse ministérielle!

Parce que j'ai discuté avec deux collègues approchés pour enseigner ce programme et ils m'ont confié qu'on ne leur avait presque rien expliqué de celui-ci. Dans un cas, le collègue s'est renseigné auprès d'écoles pilotes et a constaté à quel point le cours variaient d'un endroit à l'autre, se résumant, dans un cas cas, à une création ou à la rédaction d'un texte de cinq pages. Deux périodes à l'horaire pour un travail de cinq pages.

D'un autre côté, je suis ulcéré de voir que le MELS, c'est tout et n'importe quoi.

Tout d'abord, on retarde d'une année l'entrée en vigueur de ce cours alors que nos pédagogues et décideurs ministériels ont pourtant déjà bénéficié d'une année de plus pour implanter ce programme avec le report de la réforme au secondaire par le ministre Reid. Il est incroyable de constater que cette organisation est incapable de respecter les échéanciers qu'elle s'est elle-même fixés alors qu'on a obligé pendant des années des profs mal préparés à aller de l'avant avec une réforme bâclée et improvisée.

Et puis, comme si la main droite ignorait ce que fait la main gauche, on annonce le possible report de ce programme alors que bien des écoles ont adopté leur projet de grille-matières pour la prochaine année. Il va falloir défaire pour refaire... Des profs à qui on a indiqué qu'ils enseigneraient probablement ce cours sont dans le flou, dans l'attente d'une décision de la commission scolaire qui indiquerait à leur école de quel côté pencher...

Quand on en est presque rendu à souhaiter de la constance dans une certaine incompétence ministérielle, c'est un signe de toute l'absurdité de ce qu'on a vécu au cours des dernières années. On se remet à penser au passé et on l'impression très certaine d'avoir été allègrement bullshité en devant aller de l'avant avec des programmes connus à la dernière minute, des manuels même pas disponibles et des formations au compte-goutte.

Et alors, dans un élan de jalousie, on a envie de se plaindre et de s'écrier: pourquoi eux et pas moi? Je connais un grand nombre d'enseignants qui auraient voulu une année supplémentaire pour s'approprier le contenu du programme qu'ils devaient alors enseigner compte tenu du caractère novateur de celui-ci. Mais sans doute n'était-il pas assez novateur....

Ensuite, quand on invoque l'importance des travaux à effectuer pour l'enseignement de ce programme, on repense aux cours de sciences qui avaient besoin de nouveaux laboratoire qu'on a aménagé l'été (enfin, chez nous) sans qu'on reporte l'entrée en vigueur de ce programme. On a alors l'impression que la justification actuelle est un peu n'importe quoi.

Puis, comme prof de français, on constate une fois de plus à quel point on enseigne une matière pauvre. À quand de véritables laboratoires de français, avec des dictionnaires, des outils informatiques et des livres?

Money talks. As usual.

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Un courriel me demande de préciser ce qu'est le projet intégrateur. Le peu que j'en ai compris est qu'il s'agirait d'un projet que se donne l'élève et qui lui permettrait d'intégrer les différentes compétences qu'il aurait développées durant son parcours scolaire. À tort ou à raison, on fait beaucoup l'analogie avec le projet personnel propre au PÉI.

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Le Soleil traite de ce sujet aujpurd'hui (samedi)

01 mars 2009

JdeM: quel titre consternant!

Ouvrez un Journal de Montréal d'aujourd'hui à la page 3 (surtout, ne l'achetez pas!) et jetez-y un coup d'oeil sans être horrifié. Non, mais quel empoté il faut être pour donner le titre «Cérémonie à guichets fermés» pour les funérailles des deux enfants assassinés par leur père à Piedmont.

«Guichets fermés», comme s'il s'agissait d'un spectacle. Quelle connerie! C'est une une vraie honte!

Vous voulez écrire votre écoeurement au journaliste Marc Pigeon, auteur de ce texte, pour qu'il relaie vos commentaires à qui de droit (à supposer que ce ne soit pas lui)? Voici son courriel: mpigeon@journalmtl.com .

J'imagine que c'est ce qu'on appelle de l'information spectacle.

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Rue Frontenac, le site des journalistes en lock out du JdeM, traite de ce titre ici. J'y ai posté un commentaire.