28 février 2012

Le programme de la CAQ en éducation - une analyse

Très long billet. J'ai pensé le scinder en plusieurs petites parties. Mais le tout forme un tout. Bonne lecture aux persévérants!

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Je suis allé relire le plan d'action de la CAQ en matière d'éducation et ce qui m'étonne est qu'il ait été si peu étoffé depuis les origines de ce parti. On y énonce de grands principes, mais il manque de précisions autour de ceux-ci, quand ce ne sont pas de grands pans qui semblent manquants. Bref, des idées mais peu de précisions et de visions plus approfondies.

Comme ce parti tiendra un congrès d'orientation sous peu, voici quelques pistes et questions concernant certains aspects de ce programme. Espérons que des journalistes ou des participants à congrès sauront s'en inspirer dans leur travail.

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La Coalition estime d’abord qu’il est impératif de revaloriser l’éducation en général et la profession enseignante en particulier. À cette fin, elle propose d’améliorer la formation des enseignants et de hausser leur salaire de 20 %. Cette dernière mesure attirera les meilleurs talents et procurera à ceux qui se dévouent à leur tâche une reconnaissance à la mesure de leurs efforts.

Ici, le discours de la CAQ est sensiblement contradictoire. En effet, d'un côté, on prétend vouloir valoriser une profession et, de l'autre, on fait le jeu de ceux qui la critiquent en instaurant, on le verra, des mesures d'évaluation.

Concernant la formation des enseignants, on remarquera que la CAQ n'a apporté, à ma connaissance, aucun exemple concret d'amélioration de celle-ci. Est-ce dans les contenus des cours, dans le nombre de stages? Comment la CAQ entend-elle améliorer concrètement la formation des futurs enseignants?

Concernant le salaire des enseignants, on comprend ici que TOUS les enseignants verront leur salaire augmenter de 20%. À cette hausse, on le verra plus loin, pourrait également s'ajouter une seconde augmentation de salaire pour les enseignants travaillant dans des milieux difficiles.

La CAQ ne semble pas comprendre que, lorsqu'on interroge des enseignants, ceux-ci ne veulent pas d'une augmentation salariale mais plutôt de meilleures mesures de soutien dans le cadre de leur travail. J'enseigne depuis 20 ans et je peux témoigner à quel point les conditions dans lesquelles j'exerce mon emploi se sont dégradées au fil des ans. Le manque de soutien à l'enseignement, de spécialistes et de matériel pédagogique est criant dans plusieurs de nos écoles québécoises.

De plus, sur quelle étude la CAQ s'est-elle basée pour affirmer qu'un salaire plus élevé attirera «les meilleurs talents»? Dans l'opinion publique, à tort ou à raison, on estime que les enseignants gagnent déjà un salaire élevé. Ce sont davantage certaines de leurs conditions de travail qui sont perçues de façon négative: violence et intimidation dans les écoles, jeunes démotivés, parents querelleurs. Combien de fois m'a-t-on dit: «Moi, ta job, je la ferai jamais!» À mon avis, une telle hausse salariale attirera davantage les candidats intéressés par l'argent que par un travail exigeant auprès de nos jeunes.

Dans les faits, le programme de la CAQ ne contient aucune véritable mesure visant à rehausser le statut des enseignants au quotidien. On pourra continuer de les harceler, de les invectiver sans aucune conséquence. Dans les hôpitaux, un citoyen qui adopte un comportement semblable à certains jeunes ou parents dans nos écoles est immédiatement «encadré» par des agents du service de sécurité. 


LA CAQ sous-estime aussi les effets collatéraux de la hausse salariale qu'elle propose. En effet, offrir de meilleurs salaires signifie aussi une augmentation des primes de retraite. A-t-elle calculé cet impact sur les finances publiques? Également, a-t-elle réalisé que les enseignants seront mieux payés que plusieurs directions d'école, ce qui entrainera évidemment des demandes salariales à la hausse dans la fonction publique?

Dans les faits, si la CAQ entend augmenter les salaires de certains employés, elle devrait porter son regard ailleurs. Actuellement, en éducation, on manque de spécialistes (psychologues, orthophonistes, etc.) parce que les conditions salariales qu'on leur offre sont dérisoires comparées à ce que ceux-ci peuvent obtenir en travaillant à leur compte. Ne serait-ce pas une façon autrement plus efficace d'assurer une meilleure qualité d'éducation aux jeunes Québécois que d'investir là où le besoin se fait réellement sentir, soit auprès des spécialistes? 

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Le droit à une éducation de qualité exige d’évaluer le travail des enseignants. L’objectif de cette mesure n’est pas de lier le salaire à un quelconque indice de performance, de congédier des enseignants ou de menacer leur sécurité d’emploi. Il s’agit plutôt de soutenir ceux qui seraient en difficulté, puis d’identifier et de partager les meilleures pratiques afin de s’assurer que tous les élèves reçoivent le meilleur enseignement possible. Cette mesure serait appliquée de manière souple
et graduelle. Une formation adéquate des directions d’école devra d’abord être assurée. Des mécanismes spécifiques pourraient être mis en place pour éviter toute forme d’arbitraire dans les cas exceptionnels de congédiement.


On remarquera tout d'abord que les seuls employés en éducation que la CAQ entend évaluer sont les enseignants. Comme s'il était les seuls responsables de la qualité de l'enseignement que reçoivent nos jeunes. Pourtant, il suffit de se rappeler du soutien complet que M. Legault a accordé à la réforme de l'éducation pour se questionner sur la compétence de celui qui fut ministre de l'Éducation. N'importe quel gestionnaire vous le dira: si l'on entend rendre un système plus efficace, c'est l'ensemble des éléments de celui-ci qui doivent être évalués. Or, pourquoi n'entend-on pas parler de mécanismes d'évaluation des directions d'écoles et d'autres décideurs scolaires? D'ailleurs, on le verra plus loin encore, c'est toute l'imputabilité du système de gestion au-dessus des enseignants qui semble inexistante dans le modèle proposé par la CAQ.

La CAQ de M. Legault entend évaluer les enseignants alors qu'ils ont déjà été évalués lors de leur formation universitaire mais aussi par des directions d'école, celles-là mêmes qui seraient responsables de l'évaluation version CAQ 2.0. Après plus d'un an d'existence, cette formation peut-elle enfin nous dire quel modèle d'évaluation sera retenu? Sera-t-on plus près du modèle américain, par exemple? Je crois qu'on peut être légitimement en droit de demander à ce parti politique de préciser ce qui constitue un aspect majeur de son discours d'éducation.

Dans de nombreuses entrevues, M. Legault affirme que seulement 5% des enseignants seraient incompétents. Y a-t-il lieu, pour un si petit pourcentage, de mettre en branle un processus évaluatif dont on connait mal le fonctionnement et les couts? L'argent dévolu à cette mesure ne serait-il pas dépensé de façon plus efficace auprès de soutien aux élèves?

Si on lit correctement l'énoncé politique de ce parti en matière d'évaluation, celle-ci est présentée comme une mesure de soutien pour les enseignants. Pourtant, de mémoire, M. Legault a affirmé que les enseignants devraient remettre en question leur sécurité d'emploi. Il a même parlé, toujours de mémoire, de contrat de travail renouvelable d'une durée de cinq ans. Dans la même veine, M. Legault a mentionné que son gouvernement n'hésiterait pas à rouvrir des conventions collectives dûment signées pour imposer son programme politique. On est loin ici d'un esprit de soutien et davantage de coercition. Quelle est la véritable position de la CAQ en ce domaine?

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Le décrochage scolaire reste trop élevé au Québec. Les solutions proposées par la Coalition s’attaquent à certaines des causes profondes de ce problème. Les ressources consacrées aux enfants handicapés ou éprouvant des problèmes d’adaptation ou d’apprentissage doivent être mieux allouées. Or, le décrochage est plus élevé chez les élèves issus d’un milieu socio-économique moins favorisé. Des mesures ciblées doivent être prises pour les mener à la réussite, dont une meilleure allocation des ressources spécialisées, une augmentation du soutien aux écoles en difficulté et la possibilité de rémunérer davantage les enseignants travaillant dans des milieux où l’abandon scolaire est plus répandu.

On croit comprendre que la CAQ, en abolissant les commissions scolaires et les directions régionales du MELS, dégagerait des sommes qu'elle dirigerait vers les écoles en difficulté. Ici, on croit régler un problème en attribuant plus d'argent et de ressources à ces dernières alors qu'on connait, dans la réalité, les limites de cette façon de procéder.

Dans un premier temps, rien ne montre que la restructuration de l'organigramme scolaire entrainera le dégagement d'une marge de manoeuvre pouvant être réinvestie ailleurs. Au Québec, de nombreux exemples de changements structurels devant engendrer des économies se sont avérés des échecs. Qu'on pense aux fusions des municipalités ou des commissions scolaires. Qu'est-ce qui nous prouve que ce ne sera pas le cas cette fois-ci avec cette idée de la CAQ?

Dans un deuxième temps, pour la CAQ, le décrochage est manifestement un problème scolaire et non social. Pourtant, l'ensemble des analyses de ce problème montre bien que les causes de celui-ci dépassent largement le cadre de l'école. Dans tout le Canada, c'est au Québec, par exemple, que l'éducation est la moins valorisée socialement. On note également, dans le programme politique de la formation de M. Legault, l'absence totale de mesures de resserrement concernant les responsabilités des jeunes, des parents et des employeurs quant au décrochage scolaire. Ainsi, en Ontario, pour souligner l'importance des études, l'obtention du permis de conduire est conditionnelle à l'obtention d'un diplôme d'études secondaires ou d'un niveau d'études équivalent. Quelles mesures sociales le parti de M. Legault entend-il mettre de l'avant pour contrer le décrochage scolaire?

Enfin, à la lecture de cet énoncé, il est clair que les enseignants oeuvrant en milieu défavorisé recevraient plus de 20% d'augmentation salariale. Encore une fois, on peut se questionner sur la pertinence de cette mesure en ce qui a trait à l'attraction de candidats de qualité dans ces écoles et à l'efficacité de celle-ci en matière de décrochage scolaire.

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La Coalition croit également que les structures scolaires du Québec doivent être allégées afin d’augmenter les services directs aux élèves. L’abolition des commissions scolaires (incluant les élections scolaires et les postes de commissaires) et des directions régionales, et le redéploiement d’une partie de leur personnel en centre des services pour les écoles visent cet objectif. Le but de cette
réforme est double. Diminuer les coûts de la bureaucratie scolaire et transférer les ressources ainsi dégagées aux écoles afin d’en accroître l’autonomie et donner plus de services aux élèves. Cette restructuration tiendra compte de la réalité des régions, tandis que des écoles pourraient choisir de mettre plus ou moins de ressources en commun.


On l'a vu, rien ne garantit l'efficacité de cette réorganisation structurelle proposée par la CAQ. Cette dernière dispose-t-elle d'études crédibles établissant à combien se chiffreraient les sommes que cette mesure permettrait - éventuellement - de dégager?

Même si les commissaires scolaires sont élus par un petit nombre d'électeurs, l'abolition des commissions scolaires entrainera une perte théorique quant à la participation démocratique du citoyen. Dans les faits, on se trouve ainsi à réduire l'imputabilité des décideurs scolaires devant la population. De qui relèveront les décideurs scolaires si les CS sont abolies?


À la lecture de cet énoncé de la CAQ, on peut en déduire que le pouvoir décisionnel sera davantage concentré dans les écoles qui se doteront, selon les cas, de centres de service pour mettre en commun leurs ressources. Comme le soulignait un intervenant récemment, c'est un peu comme si on abolissait 69 commissions scolaires pour finalement en créer autant qu'il y a d'écoles au Québec.  Il ne fait aucun doute dans mon esprit qu'avec le temps et la mentalité bureaucratique propre à toute organisation, ces centres de services voudront dicter aux écoles la marche à suivre et se transformer en monstres semblables aux CS.

De nombreuses autres questions demeurent quant à la volonté d'abolir les CS.
- qui nommera les directions d'école et qui les révoquera?
- qu'adviendra-t-il des conseils d'établissement?
- que fera-t-on des commissions scolaires anglophones qui affirment être protégées par la constitution canadienne?
- qui embauchera les enseignants? Aura-t-on autant de conventions collectives locales qu'il y aura d'écoles?

Voilà autant de questions qui, après plus d'un an, demeurent sans réponse.

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Quand on analyse sommairement certains aspects du programme de la CAQ en matière d'éducation, on constate qu'il manque de viande autour de l'os. Pour une formation qui propose des changements aussi importants, cela est, à mon avis, inexcusable.

Comme pour tout politicien, M. Legault a la responsabilité de dépasser le stade de lancer des idées sans qu'elles s'appuient sur de solides bases ou qu'elles fassent l'objet d'une minutieuse analyse, surtout quand il s'agit de l'avenir de nos enfants.

Cet ancien ministre de l'Éducation, revenu à la politique pour changer le Québec, a peut-être cru qu'il pourrait surfer sur quelques idées frappant l'imaginaire des électeurs.  Or, il appert que c'est davantage la faiblesse des deux autres partis qui dopent les votes en sa faveur actuellement. Et, bien que l'électorat québécois soit volatil, sans un programme en éducation plus crédible parce que plus étoffé, les chances que al CAQ forme un gouvernement efficace en la matière sont minces..

27 février 2012

Peine de mort et preuves scientifiques

L'autre jour, nous échangions ici à propos de la peine de mort et de l'infaillibilité de la science.  Voici un texte qui vient relativiser les choses.

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Démasqués!

Au cinéma, les experts en science médico-légale ne mettent que quelques répliques à résoudre les énigmes judiciaires. Dans la vraie vie, la science offre des outils étonnants, mais aussi imparfaits. Survol des plus récentes découvertes en matière d'identification.

VISAGE

Les logiciels de reconnaissance faciale peuvent être confondus dès que le sujet passe sous le bistouri pour une intervention esthétique. Une équipe de l'Université de Notre-Dame, en Indiana, a constaté que la moitié des logiciels échouait à identifier correctement une personne avant et après son opération. Solution: au lieu d'étudier tout le visage, il vaut mieux identifier indépendamment plusieurs éléments du visage, comme les yeux ou le nez. Cette technique a permis aux chercheurs américains d'obtenir un taux de reconnaissance de 78%. (New Scientist)


CHEVEUX

Un demi-centimètre à la racine d'un cheveu. C'est tout ce dont une équipe de chercheurs de l'Université d'Ottawa a besoin pour découvrir le parcours de son propriétaire dans les deux semaines précédant le prélèvement. L'été dernier, ces chercheurs ont déballé toute l'information qu'ils pouvaient lire dans les isotopes stables d'hydrogène et d'oxygène retenus dans un cheveu, qu'il ait appartenu à une victime ou à un suspect. «L'eau que l'on boit, a indiqué au journal Le Droit le chercheur Gilles St-Jean, contient des éléments différents selon la région où l'on se trouve.» Les scientifiques s'appliquent à construire une carte géographique de la composition chimique des cheveux canadiens, qui pourrait aider à résoudre certaines affaires criminelles non élucidées.


DOIGTS

Depuis le début de leur utilisation comme méthode d'identification judiciaire, les empreintes digitales ont acquis une réputation solide. Mais un rapport d'enquête publique publié en décembre dernier en Écosse appelle à la prudence des experts dans les cas complexes. En 1997, des empreintes de doigts trouvées sur une scène de meurtre avaient été attribuées à une policière. L'agente Shirley McKie, qui a toujours vigoureusement nié les conclusions de l'analyse des empreintes, a finalement été blanchie en 1999. La confusion entre les empreintes digitales de la victime et celles de la policière a mené les commissaires à formuler 86 recommandations, dont 2 très importantes: la preuve des empreintes n'est pas infaillible, et les experts doivent reconnaître que leurs conclusions relèvent parfois de l'opinion plutôt que des faits. (The Guardian)

ADN

On laisse des traces d'ADN, des fragments de peau ou de salive, un peu partout sur notre passage. Mais on en laisse aussi là où l'on n'est pourtant pas allé... Des chercheurs australiens ont démontré l'automne dernier que la contamination de l'ADN ne devait pas être prise à la légère. Après avoir demandé à un volontaire de manipuler pendant une minute un jouet d'enfant, une chercheuse a frotté le jouet sur sa blouse de laboratoire. En analysant le vêtement, on a trouvé suffisamment de traces d'ADN pour clairement identifier le volontaire, même si celui-ci n'a jamais touché la blouse blanche. Prudence, donc, disent les chercheurs aux policiers, lorsque vient le temps de conclure qu'un suspect était présent sur les lieux d'un crime. (New Scientist et Legal Medicine)


PIEDS

Comme l'empreinte digitale, la démarche est également unique à chaque personne. Des chercheurs de l'Université Shinshu, au Japon, ont mis au point un logiciel qui a obtenu un taux de reconnaissance de 98% des 104 participants de l'étude. Le logiciel a d'abord observé chacun des participants pendant qu'il fait une dizaine de pas - pieds nus - sur un plateau constellé de capteurs. Ceux-ci ont enregistré la pression exercée par le pied au sol lors de la marche. Par la suite, l'ordinateur a su reconnaître la très grande majorité des participants qui sont repassés sur son plateau. Les chercheurs croient que la méthode pourrait avoir des applications médicales ou même être utilisée comme mesure de sécurité à l'aéroport. (New Scientist)

26 février 2012

Les abus de langage...

Depuis quelques années,  l'expression «pris en otage» est devenue à la mode. Les éducatrices de garderie font une journée de grève: les parents sont pris en otage. Des zozos bloquent le pont Jacques-Cartier pendant 20 minutes: les automobilistes sont pris en otages...

Ce matin, on assiste à une variation dans le vocabulaire médiatique. «Manifestations du PAJU: Les victimes collatérales en ont assez», peut-on lire dans le Journal de Montréal. L'expression «dommages collatéraux» sert habituellement à désigner les morts ou les blessés non prévus lors d'une opération militaire. Ici, on l'humanise quelque peu...

Si on peut être désolé des préjudices que subissent des individus ou des entreprises à cause de manifestations qui ne les visent pas, peut-on déplorer ce genre d'enflure verbale qui finit par banaliser les vrais drames humains?

25 février 2012

Santorum et l'éducation

Quand je regarde comment certains politiciens parlent d'éducation du côté de nos voisins américains, j'adore le Québec. Mais je vois aussi à quoi ressemblera sûrement un jour le discours des Conservateurs de Stephen Harper.

«Le président Obama veut que tout le monde en Amérique aille au collège. Quel snob!»

- Rick Santorum, candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2012, soulevant son auditoire du Michigan avec un nouvel angle d’attaque contre l’occupant de la Maison-Blanche.

21 février 2012

CAQ et salaire des enseignants: qui dit vrai?

Dans Le Devoir, j'ai retenu ce passage à propos de François Legault:

Il [François Legault] assure que «jamais la coalition n'a proposé de telles mesures», et que ce sont tous les enseignants qui toucheraient cette augmentation de salaire de 20 $ (sic - on parle de 20%) en échange d'une évaluation de leur travail, selon la coalition.

Retenez cette phrase. J'ai quelques petites recherches à effectuer.

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Recherche faite.

Il faudrait que M. Legault explique ce passage du Devoir et le mette en lien avec celui de TVA où l'on dit:

En contrepartie, François Legault propose de revaloriser la profession d'enseignant et de majorer leurs salaires en moyenne de 20 %. Une telle mesure coûterait 950 millions $ au trésor public et l'argent proviendrait notamment des quelque 2000 postes qu'il souhaite supprimer dans la bureaucratie des commissions scolaires.

Ces augmentations de salaire seraient modulées selon la charge de travail confiée aux enseignants, a expliqué François Legault.

La présence d'élèves en difficultés dans les classes de même que les milieux socio-économiques où sont situées les écoles seront parmi les principaux critères qui serviront à chiffrer les niveaux de salaires des enseignants.

Les deux passages sont très différents, on le reconnaitra. Alors, où se situe la vérité là-dadans?

19 février 2012

Le calendrier scolaire «rushé» par le SRAM (ajout)

On savait tous que l'horaire des classes est déterminé par les gros autobus jaunes. Par exemple, certaines écoles commencent plus tôt le matin que d'autres à cause de la logistique du transport scolaire.

Ce qui sera nouveau l'année prochaine est qu'une partie du calendrier scolaire sera déterminée par le Service régional d'admission du Montréal métropolitain. En effet, avec le bulletin à trois étapes, le SRAM veut prendre connaissance des notes des finissants une semaine plus tôt. Alors, encore une fois pour des raisons logistiques, on devancera la deuxième étape d'une semaine pour TOUTES les années du secondaire. Et tant pis si la deuxième étape rétrécit comme peau de chagrin, qu'on devra faire «rusher» les gamins et ainsi de suite.

En éducation, la pédagogie ne pèse jamais très lourd devant les comptables. Le SRAM veut des notes plus tôt. Il aura des notes.

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Et comme on le soulignait  à juste titre en commentaire à ce billet, le SRAM voulait également l'évaluation des trois compétences en français dès la première étape. Comme ancien prof de cinquième, je peux vous dire que cette exigence était purement débile.

16 février 2012

Censure de «L'Hymne à l'amour»: 2+2=5 (ajout)

En réaction à ce prof de musique qui a écourté la chanson de «L'Hymne à l'amour» d'Édith Piaf parce qu'il ne voulait pas aborder le thème de Dieu.

Non seulement vous êtes un joyeux tarla mais que dire du porte-parole de votre commission scolaire!

«Il ne voulait pas aborder de thème religieux dans ce cours-là, d'où sa modification à la finale de la chanson,
a dit Éric Choinière, de la Commission scolaire, au réseau radiophonique Cogeco Nouvelles. Je ne suis pas mal à l'aise qu'on ait enlevé un petit bout pour ne pas aborder cette question dans un contexte laïque.» Un petit bout... Il y en a à qui il manque un petit bout, il faut croire.

Faque moi, suivant cette logique, je coupe la finale «2+2=5» du roman 1984 de George Orwell parce que j'enseigne le français.... et que je ne veux pas avoir affaire aux maths.

Non, mais quels crétins! Et ça enseigne et travaille auprès des jeunes.


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La vérité commence à sortir du sac si on lit cette citation d'une porte-parole de la commission scolaire en question. 

« Il faut comprendre que le contexte actuel dans lequel les enseignants exercent leur profession, où tout ce qui entoure les débats sur les accommodements raisonnables n'est pas pour l'instant balisé ou encadré, plusieurs éducateurs marchent sur des oeufs lorsque confrontés à ces questions. Il n'existe en effet pas, pour le moment, de manuel, de guide ou de texte légal permettant à l'enseignant d'orienter sa décision sur un sujet aussi délicat », explique encore la commission.

Je ne sais pas si quelqu'un à cette commission sait que l'école où a eu lieu cette entreprise de rectitude politique s'appelle Saint-Gabriel-Lalemant. SAINT-Gabriel-Lalement. Et cette chanson devait souligner la SAINT-Valentin.

Vite! Soyez logiques et bannissez-moi le mot «saint» au plus sacrant...

13 février 2012

Le moment où j'ai eu l'air le plus fou

On a tous un moment dont on se rappelle parce qu'on a perdu la face de façon remarquable. J'ai eu l'occasion d'en écouter un savoureux hier soir.

La Première Chaine de Radio-Canada diffuse toujours une tribune téléphonique après l'émission Tout le monde en parle. Hier, celle-ci portait sur le thème suivant: «Selon la CAQ, le décrochage scolaire est un fléau social. Les enseignants peuvent-ils faire la différence?». L'animatrice Isabelle Craig et son invitée, Lisa-Marie Gervais, journaliste couvrant l'éducation au Devoir, ont été bouchées par un auditeur allumé qui leur a simplement demandé combien gagnait un enseignant par année au maximum de son échelle.

«Je ne sais pas. On va trouver. C'est autour de 50 000. Ça dépend si on travaille au primaire ou au secondaire», a répondu la vibrante animatrice.

Misère. Je ne doute pas que Mme Gervais connaisse ses dossiers, mais l'autre... aurait gagné à se taire.

11 février 2012

Une coïncidence?

Une coïncidence que la semaine des enseignants soit en même temps que celle sur la prévention du suicide?

09 février 2012

L'enfant dans la cage: un jugement

Vous vous souvenez de ces parents qui avaient crié sur toutes les tribunes médiatiques qui s'offraient généreusement à eux que leur enfant avait été mis dans une cage à l'école parce qu'il dérangeait en classe? Ils avaient alors décidé de poursuivre l'enseignante de cette dernier pour diffamation et autres velléités. Celle-ci, avec l'appui de son syndicat, avait répondu avec une contre-poursuite.

Résultat de ce bataille judiciaire: les parents ont perdu sur toute la ligne. Résultat hautement prévisible comme je le signalais déjà  ici.  J'espère que Me Julius Grey, qui qualifiait la contre-poursuite de l'enseignante de procédure civile abusive dont le seul objectif était de supprimer la critique à l'égard des professeurs, prendra note de ce résultat. De même, on peut espérer que les gérants d'estrade en enseignement (dont celle dont on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom) en tireront une leçon: éviter de condamner avant de savoir.

Je copie ici le seul article sur le sujet (merci au lecteur qui me l'a indiqué!). L'empire Quebecor, qui avait fait ses choux gras de cette histoire et qui avait conclu une indemnisation à l'amiable avec l'enseignante, ne couvrira pas cet événement, on s'en doute.

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Shawinigan : jugement rendu dans la cause de l'enfant isolé dans une aire de retrait

La Cour supérieure a débouté les parents de l'élève qui avait été placé dans une aire de retrait dans une classe d'école à Shawinigan.

Dans un jugement de 49 pages, le juge Pierre Ouellet condamne les parents à payer 35 000 $ avec intérêts à l'enseignante. Il leur ordonne aussi de payer plusieurs milliers de dollars en frais divers et en honoraires d'avocats.

Le tribunal estime que les parents se sont trompés. Jacques Turenne, poursuit le juge, a malheureusement entrainé sa famille dans un tourbillon médiatique dont il a perdu le contrôle ainsi que dans un désastre financier.

L'affaire avait fait grand bruit, il y a cinq ans. À Shawinigan, les parents d'un jeune garçon ayant des troubles de comportement avaient dénoncé son enseignante et la direction l'école Saint-Paul qui le plaçait dans une aire de retrait en classe.

S'en étaient suivi des poursuites croisées en diffamations de 200 000 $ de l'enseignante contre les parents Louise Sinotte et Jacques Turenne et 1,115 million de dollars des parents contre l'enseignante.
Les parents n'ont pas bien démontré leur thèse voulant qu'ils aient été victimes de diffamation, écrit le juge.

Il dit aussi aussi que les parents ont réagi de façon émotive avec le coeur pour dénoncer la situation de leur fils sans retourner discuter avec les autorités scolaires pour valider leur perception.
Jointe au téléphone Mme Sinotte n'a pu commenter le jugement dont elle n'avait pas encore obtenu copie.

06 février 2012

L'art de se faire des amis

En assemblée ce soir, le chef de la CAQ, François Legault, «a prévenu les enseignants et les médecins que leurs conventions collectives seront rouvertes afin d'améliorer leur productivité en échange d'une bonification de leur rémunération.»

Combien de temps pensez-vous qu'on va perdre avec ce genre d'affrontements? Le monde de l'éducation et les élèves n'ont jamais été gagnants de ce genre de lutte. Faire des changements dans l'affrontement n'a jamais été un gage de succès.

Vivent les lois spéciales!
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Ajout

Articles supplémentaires à ce propos.

Il veut non seulement «rouvrir les conventions collectives» avec les médecins et les enseignants, plus encore, il veut les réécrire. (...)n«Lorsqu'un gouvernement est élu démocratiquement, il a l'autorité morale pour ouvrir et agir en conséquence. C'est-à-dire que si vous définissez clairement votre plan d'action, que vous avez le mandat de la population pour agir, vous pouvez agir.» (ici)


Peu importe que ces conventions aient été signées par le précédent gouvernement. On dirait le gouvernement Harper avec l'Accord de Kyoto. Être élu démocratiquement n'est pas tout: il y a le respect des lois, des chartes, des signatures, des valeurs morales à respecter. Une élection n'est pas un laisser-passer pour agir comme s'il s'agissait d'une dictature.

Déjà, ici, François Legault se sert de ses volontés politiques d'ouvrir les conventions collectives pour essayer de ne pas devenir un gouvernement minoritaire comme les sondages semblent le montrer: zCe matin en conférence de presse, M. Legault a concédé que ces changements seraient difficiles à faire avec un gouvernement minoritaire. «Il faut avoir l'appui de la population. Si on n'a pas de mandat clair, c'est difficile de faire des changements comme on le propose», a-t-il dit.»

LA CAQ, qui souhaite ne pas aborder les questions constitutionnelles. semblent prendre celles-ci à la légère quant au songe au fait que l'abolition des  commissions scolaires serait anticonstitutionnelle.

M. Deltell, de la CAQ, affirme:. «Ça fait partie des débats qui devront avoir lieu. On prendra les moyens légaux pour le faire... On va faire nos actions prioritaires, tel que prévu par les engagements du mandat que nous aurons reçu.» Utiliser la clause «Nonobstant»?

04 février 2012

Bientôt des élections provinciales

Notez-vous l'absence de point d'interrogation dans le titre de ce billet?

Je vous annonce en primeur que, selon ma source prétendument bien informée, le premier ministre du Québec, Jean Charest, déclenchera des élections d'ici trois semaines, un mois.

Avec la récente baisse de la CAQ dans les sondages, la fin de la comédie péquiste, le début de la commission sur la construction, le timing est fort à propos pour aller passer l'épreuve du peuple.

On s'en reparle.

Est-ce que je vous ai dit qu'on a vu dans une école des employés du Directeur général des élections déterminer où ils installeraient les boites de votes et comment ils s'y prendraient pour l'accès aux handicapés?

03 février 2012

Le sénateur Boisvenu

Le débat quant aux propos de M. Boisvenu n'a rien à voir avec la langue de bois ou la justice. Il a à  voir avec un élu qui dit et pense n'importe quoi. Mais vraiment n'importe quoi! Comme porte-parole en matière de justice, ce dernier a l'obligation de s'informer avant d'émettre son opinion. Or, M. Boisvenu répand des idées basées sur des erreurs et des faits incorrects. On dirait le devoir d'un mauvais élève du secondaire.

Ainsi, concernant l'efficacité et les économies engendrés par la peine de mort,  Yves Boisvert démontre bien que ces deux arguments sont totalement faux! Certains états américains remettent même en question la peine de mort parce qu'elle est inefficace, discriminatoire et trop couteuse.

De même, M. Boisvenu aurait dû savoir qu'expulser les meurtriers Shafia est une idée imbécile. Mais non, ce sont les journalistes qui ont dû lui faire réaliser que ces derniers seraient libérés en moins d'un mois en Afganisthan...

Si M. Boisvenu veut faire un débat, qu'il utilise des arguments solides et valides. Sinon, qu'il se la ferme! Ses propos n'ont rien à voir avec un débat à propos de la langue de bois ou la justice, mais avec un individu démagogique rempli de haine prêt à faire et dire n'importe pour accomplir une mission très personnelle.  Chose certaine, il est loin de dire les «vraies affaires» comme se plaisent à le croire certains...

01 février 2012

Sénateur Boisvenu: «Moi, je dis toujours...»

Voilà les mots avec lesquels le sénateur Boisvenu a débuté sa déclaration d'aujourd'hui lors d'un point de presse impromptu avant un caucus conservateur, déclaration que l'on peut entendre clairement à la télé, mais qui est tronquée dans les reportages écrits. (ici et ici)

«Moi,  je le dis toujours, dans le fond,  il faudrait que chaque assassin (ait) le droit à sa corde dans sa cellule. Il décidera de sa vie.» Une déclaration qui a le mérite d'être clair, non?

Eh bien, non parce que le sénateur affirme qu'il est contre la peine de mort par principe, mais que, dans certaines circonstances, on pourrait «rouvrir le débat» tout en s'assurant que l'État fournisse une corde aux détenus pour qu'ils puissent se pendre (plus facilement, j'imagine).

Devant le brouhaha provoqué par sa déclaration, à sa sortie du caucus, le sénateur a indiqué que ses propos avaient dépassé sa pensée en ajoutant: «C'est un commentaire que je n'aurais pas dû faire. Je m'en excuse.»

Comment des propos peuvent dépasser notre pensée quand on les commence par «Comme je dis toujours...»? Doit-on en conclure que ses propos dépassent toujours sa pensée? C'est peut-être trop demander à quelqu'un qui est pour la vie, pour la peine de mort, contre l'avortement,  pour fournir des cordes aux assassins, contre la criminalité, pour la possession de certaines armes à feu sans permis et j'en passe.


En plus d'être animé par l'instinct de vengeance que l'on sait, M. Boisvenu est définitivement un piètre menteur. Mais il est aussi un couard parce qu'il a refusé toute demande d'entrevue pour défendre ou clarifier ses propos qu'il dit toujours...


Une dernière chose: ce sénateur a avancé l'argument économique pour défendre la peine de mort en indiquant que les couts de détention des meurtriers étaient élevés en faisant référence à la récente affaire Shafia. Or, il est généralement admis qu'il coute plus cher exécuter un meurtrier, aux États-Unis par exemple, que de le garder en prison à vie. Il y a bien sûr des exceptions. Peut-être M. Boisvenu est-il un émule du système de justice chinois où même la balle qui a servi à abattre le condamné est facturée à la famille de celui-ci...


Pendnat que ce bouffon distrait les foules avec des propos ne concernant que quelques criminels, les véritables bandits, les gros narcotrafiquants ou les fraudeurs patentés en cravate poussent à la pauvreté et à la mort bien plus de gens que n'en ont tué tous les meurtriers en série canadien. Mais ceux-là, on évite de les déranger.