27 janvier 2014

Le décrochage des jeunes enseignants québécois

Comme ça, en lisant une présentation de Steve Bissonnette portant sur la gestion du comportement, je suis tombé sur une statistique assez intéressante.

Il importe de préciser qu’environ 33 % des nouveaux enseignants en Amérique quittent durant les trois premières années et que presque 50 % auront quitté au bout de cinq années (Shakrani, 2008).

Au Québec, les taux sont moins élevés, mais on rapporte qu’autour de 15 % à 20 % des enseignants abandonnent durant leurs cinq premières années d’enseignement (Gaudreau, 2011; Kirsch, 2006).



Finalement, ces données relativisent peut-être ce que certains coeurs sensibles considéraient être une hécatombe en éducation.

Je n'en dirai pas plus sur ce propos.

20 janvier 2014

Anglais intensif: une suite

Un article du Soleil fait le suivi de l'implantation, devenue facultative sous le gouvernement du Parti québécois, de l'anglais intensif au primaire. On y souligne que cette mesure n'a pas changé grand-chose puisque plusieurs conseils d'établissements se sont prononcés en faveur de ce programme et que l'implantation sera presque complète. «Dès qu'on amène nos arguments au conseil d'établissement, on se fait dire que c'est des sentis de profs et que ce n'est pas dans les recherches», indique une enseignante. Bravo pour le respect du métier et de nos compétences!

Plusieurs arguments avancés par les enseignants sont défendables, mais celui que je retiens le plus est le respect du rythme d'apprentissage des jeunes. Voir toute la matière de la sixième en cinq mois, c'est la marche forcée, rien de moins. C'est aussi dire que les dix mois de cette année scolaire sont compressibles comme si de rien n'était. Dans les faits, n'est-on pas simplement en train de faire du bourrage de crâne pour des examens?

Bien sûr, il y a eu ce projet-pilote au Saguenay dont on parle beaucoup. Il y a aussi ce rapport que l'École nationale d'administration publique devait dévoiler en septembre 2013 et qu'on attend encore. Avec ce retard, il est trop tard pour bénéficier de l'éclairage scientifique de celui-ci pour l'année scolaire 2014-2015 puisque le processus d'adoption des grilles-matières est quasi terminé. C'est juste un détail, hein? On dirait que les décideurs ne savent pas qu'il y a un calendrier scolaire à respecter dans nos écoles. De plus,  comment peut-on aller de l'avant de la sorte sans avoir le contenu et les conclusions de ce rapport? Ça me dépasse pas mal.

Chose certaine, l'article rapporte une phénomène dont j'ai déjà parlé ici: devant l'ampleur du défi qu'on leur impose, des profs de sixième délaissent ce niveau: «Ce sont les jeunes précaires ayant moins d'expérience qui prennent la relève, une façon, prédit Catherine, de les amener droit dans le mur en début de carrière.»

Enfin, je m'en voudrais de ne pas critiquer l'idée avancée par certains enseignants d'ajouter une septième année à la formation primaire. Avez-vous une idée du coût de cette mesure? Savez-vous que, dans certaines régions du Québec, les écoles primaires débordent et qu'on ne sait déjà pas où mettre les jeunes?
















10 janvier 2014

La CSEM ou l'art de jeter de l'essence sur un feu

Ouf! quand j'ai écouté cette entrevue à la radio à l'émission 15-18 sur les ondes de Radio-Canada Première, je n'en revenais pas (ici et ici).

La vice-présidente de la CSEM (Commission scolaire English Montréal), Sylvia Lo Bianco, recommande rien de moins que la désobéissance civile si le projet de loi 60 était adopté. Ce n'est pas seulement ce geste et ce qu'il implique qui m'interpellent mais aussi l'argumentation même mise de l'avant.

Mme Lo Bianco est en contre l'ensemble de ce projet de loi, même pour ce qui est des dispositions qui font l'objet d'un large consensus social et politique, dont celui de l'égalité homme/femme: «On ne peut pas appuyer une loi qui va à l'encontre de nos valeurs», avance-t-elle pour expliquer ce refus de la CSEM. Pourtant, elle-même affirme plus tard que «l'on peut être différent et égal en même temps». Où est la cohérence? Suivant cette logique, certaines communautés religieuses ou autres peuvent donc faire fi des lois, elles aussi, si elles ne correspondent pas à leurs valeurs.

Il faut écouter la réponse de Mme Lo Bianco sur le fait que la CSEM veut le rejet du projet de loi en entier, dont les mesures qui concernent les balises des accommodements raisonnables et l'égalité homme/femme: «On est pas là pour faire une nouvelle façon de (inaudible...) le temps, de dépenser l'argent des contribuables. On est là pour utiliser et améliorer la réussite.» Tiens, tout à coup, la mission «socialiser» devient moins importante que dépenser et qualifier... Changement de registre populiste.

À l'animateur qui lui dit qu'une entité gouvernementale ne peut pas appliquer les lois seulement quand elles font son affaire, Mme Lo Bianco ne répond pas à cette affirmation. Elle ne semble d'ailleurs pas comprendre que c'est aux tribunaux de décider de la validité d'une loi, comme si une commission scolaire avait tous les pouvoirs et étaient au-dessus du cadre légal existant. «On va se battre pour notre mission nos convictions et tout ceux qui représentent notre commission scolaire, notre mission et nos valeurs.» Quitte à dépenser de l'argent à cette fin? demande l'animateur. Réponse évasive de la vice-présidente de la CSEM à ce sujet. On ne peut quand même pas trop se contredire dans la même entrevue...

Mme Lo Bianco affirme que ce projet va trop loin «d'après notre avis» et  n'est pas cohérent avec les lois 118 et 56 contre l'intimidation. Pour elle, ce projet de loi incite à la violence: « Le gouvernement Marois, depuis qu'il est en poste, fait tout ce qu'il peut pour diviser les groupes ethniques et il sème de la haine. Pendant des années, nous n'avons eu aucun problème de vivre ensemble, mais maintenant il y a des femmes, dans des autobus, qui se font insulter et cracher dessus.»

«Nous considérons que le projet de loi 60 est une tactique d'intimidation. (...) Les intolérants parmi nous ont maintenant l'appui tacite du gouvernement d'imposer leurs volontés», peut-on lire dans le mémoire que déposera la CSEM en commission parlementaire.

On m'excusera mais un organisme gouvernemental peut être en désaccord avec un projet de loi, peut même le contester légalement quand il est adopté. Par contre, quand on affirme qu'on n'appliquera pas une loi à cause de ses valeurs, on est dans un autre monde.

Mme Lo Bianco a livré une entrevue très maladroite. Elle aurait pu simplement indiquer de façon calme et posée que l'organisme qu'elle représente est contre le projet de loi 60 et que, si ce dernier était adopté, elle demanderait le report de l'application de la loi, le temps que les tribunaux statuent sur la validité de celle-ci. 

À sa manière, elle attise le débat.



08 janvier 2014

Les filtres Internet à l'école des armes de desstruction massive

Ce midi, je fais une petite recherche sur Internet avec mon ordi à l'école. Je veux trouver des informations sur le nombre de policiers morts en fonction au Québec. Hop sur Google! Je survole la liste des sites proposés et je clique sur un lien qui me semble prometteur. Il s'agit du Tableau d'honneur 2012 - Police et Peace Officers' Memorial Ribbon's (ici).

Puis, apparait la mention que je ne peux accéder accéder à ce site. La raison est mentionné dans le message de refus: ce site contient le mot-clé ou le sujet-clé «weapons».

Ouf! Il y a de la censure ou des interdits qui mènent à la bêtise.

06 janvier 2014

Noyades: je ne peux résister...

Le nombre de noyades survenues au Québec est le plus bas depuis 1990. Il faut se réjouir de cette nouvelle puisqu'il s'agit, dans chaque cas, de drames humains épouvantables.

Maintenant, si je peux me permettre...

Je n'arrive pas à oublier qu'un peu avant les dernières élections provinciales, un fort lobbying et de nombreuses noyades très médiatisées avaient lancé l'idée d'offrir des cours de survie en eau dans les écoles primaires du Québec. La ministre de l'Éducation de l'époque, Michelle Courchesne, avait même débloqué des fonds à ce sujet, si je me rappelle.

Or, une analyse au préalable montrait bien toute l'absurdité de la chose. On se rappellera, grosso modo, que ce cours se déroule dans une piscine bien tranquille avec un gilet de sauvetage et vise les objectifs suivants:
  • 3 séances en piscine, afin de réussir ou tenter de réussir la norme canadienne Nager pour survivre – entrée désorientée, 1 minute de nage sur place et 50 mètres de déplacement, le tout en eau profonde
  • 3 séances théoriques, afin d’en apprendre plus sur la sécurité aquatique (3 sujets parmi les 4) : nager toujours avec un ami, vérifier l'épaisseur de la glace, porter un vêtement de flottaison individuel (VFI), regarder avant de plonger.
Le bilan des noyades 2013 montre une fois de plus à quel point on peut se questionner sur l'idée d'instaurer ce cours dans les écoles primaires du Québec: «Les deux groupes d'âge les plus touchés ont été celui des adultes de 18 à 24 ans, avec 9 décès, et celui des 55 à 64 ans avec 10 décès. La baignade en eau naturelle, la navigation en bateau à moteur et la pêche ont été les activités qui font le plus de victimes, avec 8 décès pour chaque catégorie.» C'est encore la témérité des victimes et l'absence de gilet de sauvetage semblent poser le plus de problème. Enfin, la Société de sauvetage est d'avis que les messages de prévention ont eu un impact positif. Alors, pourquoi ne pas continuer dans cette voie?

Une fois de plus, ce genre d'anecdote montre bien à quel point on peut improviser en éducation et aller de l'avant sans étude sérieuse. Il n'y a pas que des légendes pédagogiques qu'il faut parfois démonter...

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Pour votre information, dans le bilan de la Société de sauvetage 2013, les huit événements suivants ont été considérés comme des noyades. Je les souligne parce qu'une année, un suicide avait été inclus dans cette liste...

  1. Une femme de 55 ans est décédée dans un accident de la route survenu à Saint-Hyppolite dans les Laurentides, après être demeurée coincée pendant de longues minutes dans un véhicule qui a plongé dans les eaux glacées du lac de l'Achigan.
  2. Le corps d'un homme de 57 ans qui manquait à l'appel depuis un certain nombre de jours a été retrouvé dans les eaux de la rivière des Outaouais, près de Hull en Outaouais. 
  3. Le corps d'un  homme de 67 ans a été retrouvé mort dans sa piscine à Longueuil le 21 juillet. La cause du décès est toutefois inconnue.
  4. La jeune femme souffrait d'épilepsie et il ne serait pas improbable qu'une crise soit survenue durant sa baignade.
  5. Son décès a été constaté à l'hôpital. La Sûreté du Québec a ouvert une enquête, mais la possibilité d'un malaise est évoquée.
  6. La police de la Ville de Québec a indiqué qu'une enquête était en cours, mais que l'on suggérait l'hypothèse d'un malaise.   
  7. L'individu aurait plongé et se serait blessé : il s'agirait d'une mort accidentelle. 
  8. L'hypothèse de l'enquêteur est que la victime aurait violemment atterri sur l'eau en se cognant la tête, ce qui a provoqué l'inconscience de la victime.   





05 janvier 2014

À la tivi cette semaine: «Un gars, c'est un gars» et «Subito texto»

Le retour en classe après les vacances des Fêtes correspond à la rentrée télévisuelle de l'hiver. Aussi, pourquoi ne pas parler d'émissions qu'on pourra regarder au petit écran qui est de moins en moins petit finalement?

«Un gars, c'est un gars»

 La première est un documentaire intitulé «Un gars, c'est un gars» qui sera diffusé à RDI mercredi 8 janvier à 20h00 dans le cadre de l'émission Les Grands Reportages.

Ce qui m'embête avec ce genre de titre, c'est qu'il y a plusieurs types de gars, pas seulement le modèle sportif avec lequel on nous rabâche les oreilles. À l'école, je n'ai jamais correspondu à la définition du «gars» et j'en ai parfois subi les conséquences. De plus, une seule approche généralisatrice peut s'avérer inappropriée dans certains cas. Et si je puis ajouter, une approche généralisatrice véhicule - sans le vouloir - des stéréotypes qui alimentent parfois l'intimidation. Par exemple: «Les gars aiment le sport: il faut leur donner du sport.» revient à dire «Si tu n'aimes pas le sport, tu n'es pas un gars, mais un maudit fif.» 

De même, toujours associer décrochage et garçons finit par stigmatiser ces derniers. Un exemple simple: entendre un jour UN élève dire à un autre «Oui, je suis bon à l'école même si je suis un gars.» Ou encore: «C'est normal que j'ai des difficultés: je suis un gars.»  Ouf! C'est lourd de sous-entendus et de préjugés.

On m'assure que  le message véhiculé par ce documentaire précisera qu'il n'y a pas qu'une façon d'intervenir auprès des garçons. Ouf! Si je le peux, je regarderais ce reportage avec plaisir. Sinon, peut-être y aura-t-il un lien un jour...

Page Facebook du documentaire comprenant des extraits vidéo (ici

«Subito texto»

La deuxième émission s'intitule «Subito texto» diffusée du lundi au jeudi à 18h30 sur les ondes de Télé-Québec.  Cette fiction met en scène un groupe de jeunes vivant leur rentrée au secondaire et très engagés dans leur milieu scolaire, notamment par le biais du journal étudiant. On y traitera également du phénomène des nouvelles technologies en milieu scolaire.  Déjà, on remarquera que l'émission, en plus de son site Internet (ici),  a sa page Facebook (ici) et son entrée sur Wikipédia (ici) ...

Bien que je ne sois pas très amateur d'émissions jeunesse, j'irai sûrement jeter un coup d'oeil sur cette série pour trois raisons toutes simples. Primo, certains de mes élèves et moi avons fait partie des gens consultés par l'équipe de recherchistes lors de la conception de celle-ci et je suis curieux de voir ce qui en ressortira. Secundo, une de mes élèves fait de la figuration à l'occasion dans certains épisodes. Tertio, je me demande quel traitement on réservera aux NTIC: s'agira-t-il d'une banale couleur appliquée sur un scénario ou parfois d'un élément-clé de l'émission? Disons que certains échanges avec les recherchistes sur la cyberintimidation me donnent un peu d'espoir qu'on ira au-delà des clichés.

 

02 janvier 2014

Ensignement de l'histoire: un détail à propos de ce que fut la réforme

Un détail à propos de ce que fut la réforme.

Celle-ci a entrainé un changement au niveau de la grille-matières, notamment au niveau des sciences humaines. Ainsi, les cours de géographie et d'histoire sont devenus un seul cours appelé «Univers social». Bien qu'il existe des liens entre l'histoire et la géographie, ces deux matières ont aussi des différences très marquées. En géographie, on peut traiter de géologie, de risques naturels, etc., ce qui n'a pas un contenu propre à a formation d'un historien.

Plus d'une fois, j'ai entendu de profs de géo d'expérience me confier leur inconfort quant à enseigner des notions historiques et vice-versa. Dans certains cas, des profs devaient non seulement enseigner des contenus qu'ils connaissaient de façon trop superficielle à leur gout mais surtout qu'ils n'aimaient pas. «Si j'avais voulu enseigner de l'histoire, c'est le profil que j'aurais pris à l'université», ai-je déjà entendu.

Or, dans le débat sur l'enseignement de l'histoire au secondaire, je suis surpris de constater que peu de gens ont relevé ce fait.

C'est un peu comme avec la nouvelle grammaire. On a «imposé» un contenu à  des profs qui n'ont pas été formés à cet effet. Pas gagnant comme formule.