31 octobre 2007

Les invasions musulmanes?

Dans ma banlieue 450, le monde change un peu chaque jour. Cette année, on commence à vivre l'arrivée de nombreuses familles de confession musulmane dans mon patelin de travail.

Jusqu'à présent, le plus difficile a été d'apprendre à prononcer correctement tous ces noms et prénoms faciles écorcher. C'est une question de respect, simplement. Mais ce n'est rien à côté, je dois l'avouer, du nom de cette élève serbo-croate de l'année dernière. Comment peut-il y avoir autant de consonnes et si peu de voyelles dans un mot?

Ces élèves musulmans, vous ne les remarqueriez même pas dans mes classes. Pour les deux filles, elles sont fortes en français et très appliquées. Oubliez le voile et tous les clichés: elles sont résolument modernes et fonceuses. Quant à l'autre garçon, sa principale difficulté est qu'il parle cinq langues. Il lui arrive parfois de se mélanger quelque peu, si vous comprenez. Pour le reste, je pense qu'il connaît mieux sa console Nintendo que le Coran.

Je m'en voudrais de ne pas vous raconter sur deux anecdotes très révélatrices à leur propos.

La première est survenue lorsque nous parlions religion après le cours. Comme nous abordons le conte et la légende, il était inévitable que nous parlions de la présence de la religion catholique dans les légendes québécoises: diable beau danseur, loup-garou, etc.

La conversation est tombée tout naturellement sur le ramadan et la prière. Wahib (j'ai changé le prénom. Hey: n'allez pas vous imaginer que j'ai de la difficulté à prononcer «Wahib» quand même) m'expliquait qu'il n'est pas obligé de prier à heures fixes et qu'il repousse le tout en soirée. Quant au ramadan, on a rigolé un bout coup en pensant à cet astronaute malaisien à bord de la navette spatiale SSI: «De façon théorique, un musulman devrait prier 80 fois par jour à bord de la SSI puisque cette dernière effectue 16 rotations toutes les 24 heures autour de la Terre.» Et je ne parle pas du jeûne après le coucher du soleil... Allah n'avait pas tout prévu. Fin de la première parenthèse.

La seconde est survenue ce matin. Wahib était en examen et ne comprenait pas le sens de l'adjectif «constante». J'ai donc tenté de le lui expliquer à l'aide d'exemples. Il a compris (du moins, je l'espère!) et je suis retourné à ma place, songeur.

Wahib est un enfant de la Loi 101. Il doit légalement fréquenter l'école française. À une autre époque, il n'est pas dit qu'à cause de sa religion, on l'aurait accepté dans un réseau scolaire catholique ou même francophone. S'il avait admis au PSBGM, il aurait été intégré à la communauté anglophone en moins de temps qu'il n'en faut pour crier «Alléluia!» Dans un contexte montréalais, j'aurais même eu, j'en suis convaincu, le mauvais réflexe de lui expliquer le mot «constante» en le traduisant en anglais.

Mais voilà: Wahib étudie en français dans une école francophone. On l'y a accueilli et il s'y intègre assez facilement. Wahib n'est pas un radical, un extrémiste, tout comme ses consoeurs. Dans un an, dans deux ans, ils auront mieux compris le Québec et seront moins ignorants de la réalité de cette société distincte que si on les avait rejetés.

Quand je pense à toutes les erreurs d'intégration que la société québécoise a commises et aux bienfaits de certaines mesures mises de l'avant par le passé, je me dis que c'est une bonne chose de réfléchir à notre façon de concevoir et de gérer l'immigration au Québec.

Pour l'instant, mon école n'est pas confrontée à de grandes différences culturelles. Mais un jour viendra ou il faudra se pencher sur le voile, par exemple. Pour ma part, je me demande s'il ne vaut pas mieux tolérer certains signes religieux comme le voile et espérer intégrer à moyen terme des Québécois d'une autre confession que de les refuser et voir ces individus se tourner vers la communauté anglophone ou se refermer sur eux-mêmes, par exemple. Après une génération ou deux, il est démontrer que les individus dont les parents venaient de l'extérieur du Québec ont tendance à adopter nos valeurs, pour le meilleur et pour le pire.

Le débat reste entier. Pour l'instant.

28 octobre 2007

Safwan et les Nazis

Dans une autre vie, il y a longtemps, je parlais souvent roman sur ce blogue. Aujourd'hui, je reviens à ces amours. Vous souvient-il que Safwan avait bien apprécié le roman Le rectificateur de Jeffery Deaver? Je lui avais alors souligné que j'avais eu le plaisir de lire deux autres romans ou le nazisme occupait une part importante de l'intrigue. Une précision: n'allez consulter les liens placés dans cette critique que si vous ne croyez pas lire ces deux romans, sinon vous serez amèrement déçu.

Le premier s'intitule K, tout simplement. Mais chasuble que cette lettre aura une signification lourde tout au long de l'histoire! Ce roman a été écrit par Daniel Easterman.

Dire que je vous le recommande est un euphémisme. Je serais même prêt à garantir votre achat. Le plus frustrant est qu'il m'es 'absolument impossible de vous parler de l'histoire sans vous dévoiler un des punchs importants. Normalement, à la fin du premier chapitre, vous êtes aussi accroché qu'un brochet affamé à un hameçon. C'est peu dire! On est dans l'aventure, ça bouge, mais ça remue aussi l'intérieur tellement le récit est vraisemblable et aurait pu être vrai. Voilà. Je n'en dis pas plus. À vous de découvrir.

Le deuxième a pour titre Le complot contre l'Amérique et a pour auteur Philipp Roth. Cette oeuvre explore une thématique semblable à K sauf que, cette fois-ci, le ton est plus intimiste, plus introspectif. Il vaut mieux la lire en deuxième quelques mois plus tard, question de ne pas rester sur une comparaison forcément injuste.

Dans les deux cas, ces romans pourraient être utilisés dans un cours de morale ou d'histoire tellement ils sont pertinents.

En passant, ma liste de livres de ma bibliothèque de classe devrait être au point cette semaine.

Bonne lecture!

Dictée: les politiciens arrivent!

Je vous ai déjà parlé des mythes de la réforme. Vous savez: ces légendes urbaines dont on n'arrête pas de dire que j'exagère ou qu'elles sont fausses. Par exemple, de cette direction d'école qui interdisait à un enseignant de demander à ses élèves de lire le même livre parce que la réforme l'interdisait.

Aujourd'hui, j'en rajoute un peu.

Je vous parlerai de cette direction d'école qui a dit que je ne devrais pas faire de test objectif dans mes classes parce que cette pratique ne respecte pas la réforme.

Je vous parlerai de ces conseillers pédagogiques qui ne veulent rien entendre, même de manière occasionnelle, de l'enseignement systématique et magistral de la grammaire parce que cette pratique ne respecte pas la réforme. Ils veulent un enseignement uniquement contextualisé. Point à la ligne.

Je vous parlerai de cette direction avec qui il faut se battre pour prévoir des périodes d'examens conventionnels (uniques, individuels, uniformes et standards) parce que cette pratique ne respecte pas la réforme.

Je pourrais aussi vous parler de cette commission scolaire ou la dictée serait interdite parce que cette pratique ne respecte pas la réforme.

Des mythes...

Mais au rythme ou l'on découvre que ces mythes, aussi absurdes soient-ils, sont vrais, il ne faudra pas s'étonner du fait que le pouvoir politique s'en mêle et s'enmêle... Déjà, la ministre Courchesne, comme certains de mes collègues d'ailleurs, croyait que la réforme de l'orthographe était relié au Renouveau pédagogique.
Et ne vous surprenez pas que la réforme redevienne un enjeu politique de premier plan. Déjà, ce midi, sur les ondes de Corus, le premier ministre Charest parlait de la réforme de madame Marois.

L'arrivée en force des politiciens dans ce débat pédagogique est triste, mais peu surprenant, Sous le règne paisible du ministre Fournier, les décideurs scolaires avaient les coudées franches et n'en ont pas toujours fait un éclairage éclairé et stratégique. Au lieu de tenir compte des remarques de certains opposants, même des plus mous d'ailleurs, leur rigidité jumelée avec l'âpreté féroce des anti-réformes a mené tout ce débat dans un cul-de-sac. Tout est une question d'équilibre.

Maintenant, à quand Jean Charest donnant la dictée dans ma classe? Déjà, notre premier ministre a indiqué que son gouvernement «va agir dès cet automne pour qu'il y ait un retour en force de la dictée dans les écoles du Québec». Selon lui, «on a un peu délaissé la dictée dans les dernières années (...) alors qu'à son avis, ça demeure un des meilleurs moyens pour apprendre à écrire sans faute».

27 octobre 2007

Le discours de la ministre Courchesne à l'AQPF

Dans cette ère de tourmente ministérielle, je m'en voudrais de ne pas partager avec vous ce que la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a affirmé lors de son passage à l'Association québécoise des professeurs de français (AQPF) hier. Comme ces propos ont été tenus lors d'une assemblée somme toute publique, je ne crois pas enfreindre quelque règle que ce soit en en raportant l'esentiel ici. On verra qu'au-delà du flafla ronflant habituel, Mme Courchesne a donné certaines indications quant à ses actions futures.

Ce qui suit ne se veut pas une retranscription exacte du discours de la ministre, mais je suis convaincu de ne pas m'être éloigné de sa pensée. On m'excusera le manque de style de ce résumé.

***********

Tout d'abord, la ministre a rappelé l'importance de la langue française au Québec qui est à la fois une valeur commune mais aussi la responsabilité de tous. Elle a affirmé que les parents avaient un rôle à jouer dans l'apprentissage de la langue de cette dernière et qu'on en mettait beaucoup sur les épaules des enseignants.

Mme Courchesne a ensuite précisé que le Renouveau pédagogique est là pour rester mais, qu'après dix ans, il conviendrait davantage de parler de programme de formation que de réforme. Selon elle, des correctifs étaient nécessaires, comme le bulletin et le redoublement, et elle s'attardera maintenant à deux autres éléments importants: l'intégration des élèves en difficulté et la nécessité de s'assurer de la qualité de la maîtrise de la langue, tant parlée qu'écrite. Sur ce dernier point, des mesures devraient être annoncées sous peu, mais la ministre a quand même révélé qu'elle s'intéressait à un meilleur soutien des enseignants, à une meilleure formation continue et à l'évaluation des apprentissages.

La ministre voit ce qui l'attend comme un défi. Selon elle, il est faux d'attribuer les difficultés en français uniquement au renouveau et il ne faut pas croire qu'il existe des solutions magiques pour régler ce problème. Pour elle, il va falloir se donner du temps et se donner des objectifs de réussite.

Mme Courchesne a souligné que le monde dans lequel nous évaluons change rapidement (famille, Internet, etc.) et que, comme parents, il faut soutenir nos jeunes et valoriser l'effort. À des parents qui estimeraient que la correction faite par un enseignant est trop sévère, elle a rappelé que les enseignants sont des professionnels dont on doit respecter le jugement.

La ministre est revenue brièvement sur la notion de connaissances, mais aussi sur l'importance du transfert de celles-ci. Elle a rappelé l'importance d'être fier de notre langue, qui est riche, complexe mais dont les difficultés ne sont pas insurmontables.

D'autre part, et de façon un peu émotive, Mme Courchesne est revenue, sans le préciser directement, sur son entrevue aux Francs-Tireurs et sur le fait qu'elle était exaspérée de toute cette réalité négative entourant la réforme. Elle a d'ailleurs indiqué que, dorénavant, elle éviterait les débats qui favoriseront la polarisation des opinions. Elle a reproché au montage de cette émission de ne pas avoir rendu l'essentiel de ses propos. (À moins de me tromper, la ministre a paru ébranlée par les récents événements.)

Mme Courchesne a par la suite souligné que les enseignants de français faisaient aujourd'hui un travail plus difficile qu'il y a 10 ans et que le Québec vivait des moments difficiles. Pour elle, il est urgent de dire au premier ministre qu'un sérieux coup de barre s'impose si l'on veut s'assurer d'une meilleure maîtrise de la langue française chez les jeunes.

Elle a terminé son allocution en soulignant à quel point le milieu de l'éducation est partagé et qu'on n'y retrouve pas d'unanimité. Selon elle, ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les électeurs ont porté au pouvoir un gouvernment minoritaire. Enfin, elle a humblement souhaité faire équipe afin de porter la langue française un haut niveau d'excellence.

Pendant ce temps, M. Parizeau...

Ineptie pour ineptie, avez-vous lu les propos de l'ex-premier ministre Jacques Parizeau sur l'éducation?

Voici en gros ce que rappporte La Presse ce matin.

Jacques Parizeau invite à une réforme du système d'éducation de la même envergure que lors de la Révolution tranquille, particulièrement pour venir à bout de la «tragédie nationale» qu'est le décrochage chez les garçons. (...)

«Si une nation comme la nation québécoise veut l'indépendance, il faut alors surveiller deux choses, avertit M. Parizeau, économiste de formation. La productivité, qui est pas mal trop basse, et l'innovation.»

C'est là que Jacques Parizeau insiste sur l'importance de l'éducation. «Environ 20% des gens sortent de l'école sans diplôme, et trois sur quatre sont des garçons. Le décrochage des gars au secondaire est une tragédie nationale.» À l'Université de Montréal, a-t-il rappelé, il y a deux femmes pour un homme. «Il devient urgent de modifier complètement le système de formation professionnelle et technique», propose M. Parizeau. Il lie cela à la prospérité future du Québec. «Il y a donc à faire, sur le plan purement économique et de la croissance, un réexamen de tout le système d'éducation aussi profond que dans les années 60.»

Coudonc! On peut se demander ou vivait Monsieur depuis les 10 dernières années. Il doit bien être le seul Québécois à ne pas avoir entendu parler de la réforme.

Les lendemains de veille de la ministre

On ne peut pas dire que la ministre Courchesne ait passé une bonne semaine. Ses déclarations dans Le Devoir (ici, et ici), son entrevue aux Francs-Tireurs... Tout pour avoir envie de se payer et de lui payer une bonne brosse!

Tout d'abord, à ceux qui estiment que la ministre s'est isolée de ses haut fonctionnaires, je répliquerai qu'elle l'était déjà bien avant cette semaine. La fameuse saga du bulletin a été l'occasion de bien des déchirures au MELS et même dans les commissions scolaires. Et le plus rigolo, c'est qu'on se chicane sur l'emploi de lettres ou de notes alors que c'est de la disparition de l'aspect plus descriptif du bulletin dont on devrait le plus parler. M'enfin...

La ministre est isolée dans son ministère depuis des mois parce qu'elle ne croit pas manifestement à plusieurs des fondements du renouveau pédagogique. Je suis même convaincu que son entourage ministériel proche ne souhaitait qu'une chose: qu'elle s'enfarge royalement. Mais pensez-vous sérieusement que Jean-Marc Fournier croyait davantage à la réforme? Sauf que notre Louis de Funès pédagogique avait compris qu'il valait mieux se tenir peinard. De toute façon, il avait manifestement été nommé au MELS pour mater la grève étudiante qui grondait, pas pour s'intéresser à la pédagogie, ce qui laissait le champ large à bien du monde. D'ailleurs, j'aurais payé cher pour voir sa mine que je devine réjouie quand le premier ministre l'a nommé à d'autres fonctions.

Mme Courchesne a des convictions, des croyances, des pensées, bonnes ou mauvaises. Elle est loin de ses prédécesseurs lobotomisés. C'est donc aux gens qui se disent «éducateurs» de l'éduquer. Leur réflexe de qualifier d'inepties les propos de quelqu'un qui ne partage pas notre point de vue ou qui est en détresse ne mènera nulle part.

Actuellement, l'éducation est dans un cul-de-sac. Et ne blâmez pas uniquement les anti-réformes de l'avoir conduite dans cette situation périlleuse! It takes two to tango. Il y a eu des gens qui ont manqué des occasions d'écouter l'autre et inversement. De plus, les dérapages du renouveau l'ont torpillé joyeusement.

Deux anecdote à ce sujet. Au congrès de l'AQPF, j'ai eu l'occasion de discuter avec des enseignants de toutes tendances.

Un premier a expliqué que la direction de son école lui a indiqué qu'à cause de la réforme, il ne pouvait plus faire lire un roman commun aux élèves de ses groupes. Il devait les laisser choisir un roman sur une base individuelle. À cause de la réforme... On parle d'une direction qui a suivi une formation sur le renouveau, qui est sûrement active dans le milieu de l'éducation depuis plus de six mois comparativement à la ministre. Mais verrons-nous quelqu'un s'en scandaliser?

Dans un autre cas, j'ai longuement discuté avec une enseignante de deuxième secondaire. Comme j'aurais aimé que M. Inchauspé nous entende de son Olympe! Nous nous sommes rejoints sur un point crucial: l'élève. Le programme de formation, la réforme nous appartient dans nos classes et il nous appartient en professionnels que nous sommes d'actualiser nos pratiques d'enseignement tout en ne reniant pas nos convictions profondes. On peut changer ces dernières, c'est vrai, mais ce changement doit être le fruit d'une réflexion, d'une discussion, d'un échange. Et désolé pour tous les batteurs de tambour, mais cet espace de discussion autour de la réforme a peu existé avant l'imposition de celle-ci dans nos classes. Par ailleurs, comment réfléchir sur sa pratique quand on manque de formation et que les documents essentiels arrivent souvent dans les écoles à la dernière seconde?

Sauf que tout cela est du passé, que la «marde est pognée» (dixit Michel Rivard) et que j'ai des élèves dans mes classes. Alors, on fait quoi? On s'entre-déchire? On joue à qui-pisse-le-plus-long? On continue à vouloir tout gagner? On démolit une ministre aux abois? On contribue à affaiblir l'image de l'école aux yeux de la population?

Nous sommes rendus à ce que j'appelle un point de rupture et le prix à payer si on ne sait pas gérer cette situation pourrait être considérable. Rome brûle. Continuons à jeter du bois dans le feu!

24 octobre 2007

Mes chaînes? Ou sont mes chaînes?

Chaque fois que je lis Paul Inchauspé, c'est bien simple: j'ai l'impression d'être un con, mais un con! Total. Fini. Irrécupérable. Alors, imaginez après son épître publié dans Le Devoir de ce matin.

Grand papa Bi de l'éducation (désolé du surnom, mais ça se veut quand même affectueux) prend la plume pour réagir à propos de la dernière sortie de la ministre Courchesne sur l'enseignement du français. Ses récents propos manquent de clarté, indique-t-il. Et puis, que reproche-t-elle donc à la réforme?

Les avantages du Renouveau quant à l'enseignement du français.

Tout d'abord, M. Inchauspé indique qu'un «choix a été fait: celui d'un enseignement du français qui mettrait l'accent essentiellement sur l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et de la communication orale.» Quoi de neuf, docteur? L'ancien programme s'intéressait aux mêmes aspects, à ce que je sache.

Ensuite, il souligne que «l'apprentissage de ces savoirs essentiels bénéficie aussi de plus de temps qu'auparavant.» Fallait-il une réforme de cette envergure pour ajouter plus de temps d'enseignement au français? J'en doute. Et a-t-on vraiment plus de temps pour enseigner cette matière? Avec les compétences traversales, l'interdisciplinarité, la pédagogie par projet, je ne suis pas du tout convaincu que le temps consacré à l'acquisition de connaissances et de compétences soit plus grand maintenant. Pour l'instant, et je demeure poli, certains indices donnent à penser que les élèves de sixième année du primaire écrivent moins bien que leurs prédécesseurs d'avant la réforme. Plus de temps, moins de résultats. Il y a comme un problème.

Sur le même argument, monsieur Inchauspé ajoute: «Cette augmentation du temps a un effet: celui de réduire le nombre d'élèves différents qu'auront les enseignants de français.» Que ça tombe bien! Parce qu'avec l'intégration forcée et sauvage d'élèves en difficulté (à qui on ne rend manifestement pas toujours service) et la pédagogie différenciée qui en découle, les profs ont justement besoin de davantage de temps!

Des programmes clairs et exigeants

Par ailleurs, l'ancien président du Groupe de travail ministériel sur la réforme du curriculum d'études, les textes du programme de français au secondaire sont clairs: «Et le degré d'explicitation de ce contenu est tel qu'un enseignant de français pourrait se passer de manuel. » Alors, pourquoi nous oblige-t-on à en acheter?

Toujours sur les programmes, M. Inchauspé continue: «On peut critiquer bien des aspects du nouveau programme d'études, notamment certaines de ses formulations, mais on ne peut, sans mauvaise foi, dire qu'il ne contient pas de contenus exigeants en ce qui concerne l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.» Là, désolé, mais je décroche complètement. Entre les attentes du programme et la réalité de l'évaluation, il y a un monde que ce grand penseur de l'éducation semble tout bonnement ignorer. Le contenu est exigeant, mais la réalité est qu'on ne demande pas, à toute fin pratique, à l'élève de le posséder. Je me souviens d'un objectif au primaire que des professeurs universitaires jugeaient tout bonnement irréaliste pour des élèves de cinquième secondaire.

À mots voilés, on dirait que M. Inchauspé suggère que les enseignants sont paresseux. À vous de juger en lisant sa lettre, mais que penser de la remarque suivante: «Aussi, le développement des compétences en lecture ou en écriture demande quelques connaissances mais surtout beaucoup, beaucoup de pratique. Et si les médiocres résultats en français écrit étaient aussi dus au fait qu'on l'oublie parfois?» Pas assez de pratique alors que les enseignants ont plus de temps et moins d'élèves? Doit-on en déduire quelque chose?

La faute est ailleurs

Quoi qu'il en soit, l'auteur de Pour l'école - Lettres à un enseignant sur la réforme des programmes croit que les lacunes des élèves en français relèvent davantage «du côté de son application et des conditions de cette application». Et M. Inchauspé y va d'une longue liste révélatrice:

«Qu'est-ce qui peut expliquer les lacunes constatées: les tests utilisés? L'élève? L'enseignant? Ses méthodes? Les manuels? Le degré d'appropriation des exigences du programme? Les effets du «bruit» sur et autour la réforme? L'importance donnée par l'école à l'apprentissage du français? Les difficultés particulières de cet enseignement aux élèves d'aujourd'hui? Les effets de la suppression du redoublement? Le contrôle de l'application du programme par la commission scolaire? Les effets des dispositions prises pour libérer l'espace professionnel des enseignants?»

Ou s'intéresse-t-il à la mollesse de l'évaluation? au manque de la culture de l'effort et de toutes ces valeurs résolument facistes?

Les enseignants ne savent pas comment vivre leur liberté

Pour Inchauspé, une autre explication tiendrait dans le fait que les enseignants doivent maintenant apprendre à se libérer du carcan des anciens programmes. Ils ont de la difficulté à passer du stade de technicien à celui de véritable professionnel:«Cette forme de détermination du programme et ce mode d'évaluation visaient à faire de l'enseignant un technicien, applicateur de procédures déterminées ailleurs. Ces deux verrous ne sont plus là. (...) La disparition de ces verrous, en ouvrant une nouvelle situation de liberté pédagogique, produit aussi le tohu-bohu actuel des batailles du bulletin et des pédagogies.»

Liberté pédagogique? Ai-je bien lu? Alors, pourquoi ai-je l'impression d'être passé d'une prison à une autre, simplement? Je suis libre et je l'ignore? Et je ne saurais pas quoi faire de cette liberté qui, à mes yeux, est totalement inexistante? Vite, mes chaînes! mes chaînes!

Chaque fois que je lis Paul Inchauspé, c'est bien simple: j'ai l'impression d'être un con, mais un con! Total. Fini. Irrécupérable. je vous l'avais dit.

Sur ce, je fuis pour le congrès de l'AQPF. Je suis sûr que quelques amis cons m'y attendent.

23 octobre 2007

Jaziri et les médias: je t'utilise, tu m'utilises...

La saga de l'iman autoproclamé Jaïd Jaziri tire à sa fin. Mais, même de sa Tunisie natale, celui qui est entré illégalement au Canada en 1997 avec un faux passeport et en fournissant des renseignements inexacts sur ses antécédents judiciaires en France fait encore parler de lui en affirmant avoir été torturé par les autorités canadiennes lors de son transfert: . «C'était un cauchemar. J'ai été torturé psychologiquement et physiquement.» Rien de moins.

N'épargnant pas son fiel, le barbu personnage a même ajouté que, dans toute cette affaire, la Tunisie a été beaucoup plus intelligente que le Canada. Tant mieux, diront les plus cyniques puisque, maintenant, il séjourne dans ce pays.

Nuançons un fait immédiatement: il est fréquent pour un réfugié politique d'entrer au Canada avec un faux passeport. «Prenons l'exemple d'un réfugié politique tunisien: il est torturé, il est persécuté. On ne lui délivrera jamais un passeport tunisien. Comment va-t-il sortir? Il n'a pas d'autre choix que de se fabriquer un titre de voyage», explique l'avocate de M. Jaziri, Nawal Benrouayene.

Sauf que les ennuis du coloré imam remonte à plusieurs années. Tout d'abord, il a eu maille à partir avec la justice tunisienne parce qu'il a fondé une association islamiste illégale. Ensuite, il a résidé en France ou il a été reconnu coupable de coups et blessures volontaires devant sa mosquée. Au Canada, pour plusieurs, ses propos étaient à la limite de l'incitation à la haïne, notamment à l'égard des homosexuels. Bref, on ne peut pas dire que le personnage fuyait la controverse.

Devant les récriminations de l'imam expulsé, la réplique de l'Agence des services frontaliers du Canada été cinglante. Si la première partie du voyage s'est bien déroulée, l'imam a commencé à devenir incontrolable une fois rendu dans un espace public: ce dernier «se serait laissé choir au sol, se plaignant à grands cris de douleurs et refusant d'aller plus loin.» Il a alors été menotté et ramené dans l'avion en direction de la Tunisie. Une fois sur place, il a recommencé son manège à l'aéroport. Quand on aime se donner en spectacle...

Dans le cas de Jaïd Jaziri, il ne fait aucun doute que les médias québécois ont créé un monstre, au même titre que le maire Gendron, par exemple. Chacun y trouvait son compte: l'imam se voyait offrir une tribune de choix, suscitait la controverse et donnait un bon spectacle. Et tant pis pour l'éthique si cette grande gueule ne représentait pas l'esprit de la communauté musulmane du Québec et suscitait de l'antagonisme! Jusqu'à tout récement, un animateur télé continuait même de l'inviter à son émission alors qu'il avait remarqué que Jaïd Jaziri ne revêtait ses vêtements traditionnels que lorsqu'il était en ondes. On dirait un comédien avec un costume de scène, non?

Soyons honnêtes: les médias ont accordé trop d'espace à cet individu. On se serait attendu à un comportement plus responsable de leur part. Dans un contexte de fortes tensions autour des accommodements raisonnables, on avait bien besoin de laisser des pyromanes allumer des brasiers sur nos ondes.

Jaïd Jaziri expulsé, souhaitons maintenant que la communauté musulmane saura se doter de représentants moins controversés auprès des médias. Souhaitons aussi que ces derniers auront une attitude plus responsable qunat à ceux à qui ils donnent la parole.

En terminant, jamais je n'aurais jamais retourné cet imam en Tunisie, un pays ou l'on pratiquerait la torture, comme l'affiment plusieurs spécialistes et organisations gouvernementales (ici et ici). Le Canada ne sortira possiblement pas gagnant de cette saga.

«Il a eu ce qu'il méritait», m'a expliqué un de mes élèves. Désolé, mais je n'achète pas ce raisonnement. Et je comprends mal qu'on ne boycotte pas ce pays si ces accusations de mauvais traitements sont fondées. Et je comprends mal aussi qu'une école, ayant un programme d'études internationales, organise un voyage dans ce pays. Mais ça, c'est une autre histoire...

21 octobre 2007

Théâtre obligatoire?

Dans le cadre de ses États généraux, le milieu du théâtre vient d'adopter une proposition à l'effet que l'État québécois «rende obligatoire la fréquentation du théâtre professionnel par tous les élèves du Québec.» On ne se cachera pas que le boycott des activités parascolaires par les enseignants lors des dernières négociations avec le gouvernement a sûrement contribué à l'adoption de cette proposition.

Je me souviens qu'à l'époque, un représentant du milieu théâtral avait dénoncé les enseignants qui «prenaient en otages la culture des jeunes» et qui «affamaient les compagnies de théâtre» alors qu'ils «touchaient leur gros chèques de grève». Pas fort, pas fort comme façon de conserver des amitiés d'affaires (on parlera business ici, vous le constaterez), surtout que les enseignants n'ont pas de fonds de grève. Cette méconnaissance du milieu enseignant m'avait atterré.

«C'est un choix de société de rendre le théâtre et l'art en général obligatoires à l'école, croit le directeur artistique de l'Espace libre, Olivier Kemeid. Il faut passer par des obligations dans la vie, comme savoir lire et écrire. Si un professeur ne m'avait pas obligé à aller au théâtre un jour, peut-être que je n'en ferais pas aujourd'hui.»

Passons sur le fait que ce monsieur croit que l'école rende obligatoire le fait de lire et d'écrire... Il a droit à ses illusions comiques. Non, si je suis très mal à l'aise avec cette proposition, c'est pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, quoi qu'on en dise, le milieu culturel est largement financé par le gouvernement au Québec. L'est-il trop? On peut en débattre.

Chose certaine, il y a trop de compagnies théâtrales au Québec, ce qui exerce une pression énorme sur ces dernières afin de se démarquer et de présenter constamment des nouveautés. L'industrie se nuit elle-même et doit davantage sa survie aux subventions gouvernementales qu'à ses entrées au guichet. Donc, pourquoi subventionner indirectement des entreprises malades? Parce que c'est de ce dont il s'agit: les écoles devraient fournir obligatoirement des spectateur$, que la pièce soit bonne ou mauvaise, que les enseignants aient l'amour ou non du théâtre. On risque donc d'encourager le mauvais comme le bon ainsi que de forcer un amour qui devrait venir du coeur.

Ensuite, pourquoi rendre obligatoire le théâtre et pas les arts de la musique, les activités sportives ou scientifiques, par exemple? Si une telle mesure était acceptée, il ne faudra pas longtemps avant que d'autres intervenants aient, eux aussi, envie de tremper leur petit pain dans l'assiette au beurre. Et en quoi le théâtre devrait-il jouir d'un statut privilégié?
Par ailleurs, les parents n'ont-ils pas, eux aussi, un rôle à jouer dans l'éducation culturelle de leur enfant? Combien d'entre eux les amènent au théâtre, croyez-vous? La réponse est proche du zéro. Bien sûr, l'école a le devoir d'initier les jeunes aux arts de la scène, mais doit-elle le faire au détriment d'autres besoins plus importants actuellement? Je ne sais pas. Disons que j'aimerais mieux choisir d'autres batailles que celle-là pour l'instant.

Dans les faits, cette proposition du milieu théâtral sent plus le fric avec un grand $ que l'art avec un grand coeur. L'école est déjà une véritable vache à lait pour certaines industries culturelles au Québec. Ainsi, certains artistes, dont l'ensemble de l'oeuvre a toujours été fortement subventionné, (je pense à Marie Laberge et Michel Tremblay) n'hésitent d'ailleurs pas à demander des droits d'auteurs exorbitants pour jouer leurs pièces de façon amateure deux soirs de suite dans une école du 450.

Qu'on me comprenne bien: pour moi, le théâtre est un art majeur. Je garde des souvenirs impérissables de certaines pièces présentées au théâtre Denyse-Pelletier et j'aime bien la façon dont la compagnie de théâtre La comédie humaine travaille son approche auprès des écoles et des jeunes.

Également, j'ai toujours veillé à ce que mes élèves assistent à des pièces de théâtre dans le cadre de mes cours. Cela ne m'a cependant pas empêché de proposer de boycotter les activités parascolaires quand j'ai compris qu'on comptait sur mon bénévolat et mon sens bête du dévouement.

Quand le gouvernement a décrété nos conditions de travail, j'ai tout de suite songé à amener mes élèves au théâtre et c'est là que j'ai été confronté à un nouvel écueil: la politique des frais facturés aux parents. Impossible d'organiser une activité de ce genre sur une base obligatoire. De plus, il fallait prévoir une activité de remplacement gratuite, similaire et signifiante pour les élèves ne voulant ou ne pouvant participer à cette sortie. Enfin, malgré les belles promesses, je devais faire le deuil de mon horaire de travail cette journée-là.

Rendre le théâtre obligatoire? Pas de problème, mais n'oubliez pas de me dédommager. Et n'oubliez pas aussi de retaper la toiture des écoles. Et de remplacer mes dictionnaires de classe dont certains sont si vieux que le mot «Internet» n'y figure pas. Et de fournir aux élèves en difficulté les services dont ils ont un besoin criant. Et de... (complétez la liste à votre choix)

Trois éléments en terminant:
  • Si vous croyez qu'on ne parle pas de gros sous ici, relisez la proposition adoptée dimanche. On veut y obliger la fréquentation du théâtre «professionnel». Méchante façon corporatiste de favoriser ses intérêts...
  • La majeure partie des frais occasionnés par une sortie au théâtre est reliée au transport par autobus. Je connais des propriétaires de gros bus jaunes qui vont être contents si le gouvernement donne suite à cette idée.
  • Que fait-on avec certaines régions ou il n'y a pas de troupe de théâtre professionnelle?

De la religion à l'école

Hier, plusieurs centaines de parents manifestaient devant l'Assemblée nationale pour le maintien des cours d'enseignement religieux catholique et de morale dans nos belles écoles québécoises (ici, ici, ici et ici). Ces derniers souhaitent que les jeunes continuent de recevoir une éducation confessionnelle et préfèrent donc la situation actuelle au nouveau cours d'éthique et de culture religieuse. Bon, ils s'y prennent un peu tard, quant à moi, mais c'est l'intention qui compte comme on dit.

Parmi les arguments invoqués par ces parents, l'on retrouve:
  • les jeunes du primaire et du secondaire avaient déjà de la difficulté à assimiler une seule religion;
  • l'État ne devrait pas s'approprier du droit de parler de religion;
  • la vraie neutralité de l'État est de permettre aux deux discours de se tenir dans les écoles;
  • le citoyen doit avoir préséance sur l'État pour définir ses valeurs;
  • c'est une atteinte à la liberté de choix;
  • la loi 95 est une véritable dictature de la pensée.

Bon, si certains arguments font sourire, d'autres sont carrément en contradiction avec le fait même d'enseigner quelque religion que ce soit à l'école.

Cependant, ce qui m'interpelle tout d'abord dans ce débat, c'est que l'école, de tout temps, a toujours enseigné des valeurs. Le renouveau pédagogique, par exemple, est basé sur des valeurs bien précises. Le nouveau cours d'éducation physique aussi. Et de même quand Gooba parle de sexualité en classe. En français, quand je décide de parler de Gaston Miron, je dois traiter de l'indépendance du Québec. Seulement, je n'en fais pas la promotion tout comme le nouveau cours des religions ne le fera pas non plus.

En cette période de réflexion sur les accommodements raisonnables, ces revendications parentales catholiques pourraient soulever bien des vagues. Si on ramène l'enseignement de la foi religieuse dans nos classes (parce que c'est de cela dont il s'agit), comment peut-on s'opposer à l'enseignement du Coran ou du Talmud?

Tiens, cela me rappelle que l'État québécois subventionne encore des écoles confessionnelles. Je ne veux pas me faire traiter d'antisémite, s'il vous plait, mais il faudrait être cohérent. S'il favorise l'enseignement des religions, le gouvernement devrait cesser de financer l'enseignement de quelque foi que ce soit.

20 octobre 2007

Projets du PQ: des tests pour les immigrants et les enseignants!

Cette semaine, le PQ a tenté de reprendre l'initiative politique en proposant divers projets de loi en ce qui a trait aux valeurs québécoises. Certaines d'entre elles touchent l'immigration, une autre, les enseignants.

Des tests de français pour les immigrants

Les récentes idées du Parti québécois en matière de citoyenneté québécoise (ici, ici et ici) font jaser. À preuve, ces réactions ce matin (ici , ici et ici).

Pour ma part, ces initiatives, remplies de bonnes intentions, sont dangereuses pour la cause nationaliste et constituent même une très mauvaise idée. Oui, je sais: l'affirmation est grosse, mais revenons sur ce que propose le PQ.

L'idée d'une constitution québécoise qui indiquerait certaines valeurs québécoises est intéressante, mais aussi redondante. En effet, il existe déjà la Chartre des droits de la personne qui fait déjà ce travail. On peut toujours répéter autrement, si l'on veut. C’est pédagogique.

Là, cependant ou on déraille complètement, c'est dans la façon dont on veut s'assurer que les immigrants aient une «connaissance appropriée» du français. Ainsi, la personne qui immigre au Québec aura droit à trois années de cours de français gratuits, après quoi elle devra faire la preuve de sa maîtrise de la langue française, sinon elle ne pourra se présenter comme candidat à des élections scolaires, municipales ou scolaires, financer un parti politique ainsi qu’adresser une pétition à l'Assemblée nationale.

Des cours de français gratuits pour les immigrants, quelle belle idée! Il me semble qu'on a déjà connu les COFI au Québec et que le gouvernement consentissait des mesures incitatives à ceux qui y suivaient des cours.

Par contre, l'idée de priver quelqu'un d'un droit démocratique n’est pas une mince affaire. Oui, il est préférable que chaque nouvel immigrant au Québec maîtrise la langue de la majorité, mais doit-on le faire de façon répressive? Pourquoi utiliser une façon négative de motiver un nouveau venu à apprendre la langue des Tremblay? Est-ce parce que la majorité francophone au Québec n'exerce pas un pouvoir d'attraction suffisant pour intégrer les immigrants? Ne risque-t-on pas de créer des citoyens de seconde classe qui, pour des raisons qui leur appartiennent, refuseront de se plier à cette obligation?

Toujours à propos de l'idée de citoyen de seconde zone, imagine-t-on comment se vivra cette idée de citoyenneté linguistique dans la réalité? Les Québécois ne parlant pas un traite mot de français (anglophones, autochtones, immigrants déjà installés au Québec, etc.) auront la citoyenneté québécoise de facto. Mais qu'en est-il des immigrants venant d'une autre province, qu'ils soient nés au Canada ou non? Avec cette logique, est-ce à dire que, si Stephen Harper immigrait au Québec, il pourrait être premier ministre du Canada mais pas citoyen québécois s'il échoue à faire la preuve de sa connaissance du français?

De plus, l'idée d'évaluer que les immigrants aient une connaissance appropriée de la langue française pour pouvoir jouir de certains droits me rappelle les fameux tests linguistiques des gouvernements Bertrand et Bourassa à l'époque des lois 63 et 22 (ici). Il faudrait peut-être se souvenir de nos mauvais coups, parfois.

Enfin, pourquoi mesurerait-on seulement la langue pour attribuer la citoyenneté à un immigrant au Québec? Sa tolérance à la différence, son respect de l'égalité des sexes ne sont-ils pas tout aussi importants? Imaginez les tests que cela fera.

Ta femme te demande de laver la vaisselle.


  1. Tu lui réponds que le Coran te l’interdit et tu es content qu’elle ne sache pas lire pour vérifier si c’est vrai.

  2. Tu proposes que ce soit votre fille qui la lave afin de la préparer à son rôle avec le mari que tu lui as choisi.

  3. Tu t’empresses de la faire parce que tu es un citoyen québécois modèle qui veut s’intégrer à sa nouvelle communauté et respecter les valeurs d’égalité qui y sont propres et qui expliquent ta venue dans ce futur pays qu’est le Québec.

Je sais, je sais: je m'emporte, mais disons que cette idée de citoyenneté linguistique ne semble pas lumineuse et j'imagine déjà les gorges chaudes que feront les médias du reste du Canada. On colle déjà aux Québécois des étiquettes nazies. Pas besoin de leur donner matière à continuer dans cette voie.

Des tests pour les enseignants

Un aspect qui est passé inaperçu est que le Parti québécois obligerait les étudiants universitaires en enseignement à réussir un «examen national» de français pour obtenir l'autorisation légale d'enseigner. La maîtrise de la langue parlée et écrite serait donc indispensable pour les jeunes qui veulent exercer ce métier. Les vieux croulants comme moi n’auraient donc rien à craindre puisque cette mesure ne s'adresserait qu'aux nouveaux enseignants. Ouf! Quelle joie de pouvoir continuer à malmener la langue française en classe sans qu’il n’y ait de conséquence!

Mais puis-je souligner que ces futurs enseignants ont réussi avec succès l'épreuve d'écriture ministérielle au secondaire, l'épreuve uniforme d'écriture au collégial, l'épreuve écrite d'entrée à l'université (ou, à défaut, ont suivi, une formation censée corriger leurs lacunes) et enfin, avant leur embauche, subiront des tests administrés par les commissions scolaires?

Pour ma part, cette idée du PQ montre bien la faillite de l'enseignement du français au Québec: on doit évaluer la maîtrise de la langue maternelle de futurs enseignants qui ont 17 années de scolarité et qui ont toujours réussi toutes les épreuves auxquelles ils ont été soumis. De plus, pourquoi investir des énergies dans des tests quand on devrait s'assurer de mieux enseigner et évaluer dans nos écoles? Le véritable problème n'est pas à la fin de la formation des enseignants, la bonne solution non plus.

Enfin, faut-il rappeler que ce même parti a été au pouvoir suffisamment longtemps pour corriger de telles lacunes chez les futurs enseignants et que ce sont les mêmes personnes qui ont laissé ce problème perdurer en toute connaissance de cause qui nous proposent aujourd'hui des solutions dont je me méfie?

Voilà ce qui explique peut-être la popularité de l'ADQ et de Mario Dumont: de nouveaux visages. Mais, pour mon grand malheur, je ne peux pas le voir en peinture et je ne suis pas dupe de cet effet de nouveauté. Sauf que je ne suis pas dupe non plus des gens qui essaient de faire du neuf avec de l’usagé qui n’a pas fait ses preuves...

18 octobre 2007

Gang d'hypocrites!

Voilà: l'insulte est lancée et je l'assume bien.

Ainsi, le PQ a l'intention de singer, oups! d'imiter l'ADQ (ici, ici et ici) en souhaitant l'adoption d'une constitution où seraient enchâssées les valeurs communes des citoyens de la Beautiful Province et la création d'une «citoyenneté québécoise». À ce sujet, les projets de loi 195 et 196 referment également des «dispositions assurant la prédominance de la langue française, la maîtrise de la langue parlée et écrite et la connaissance de l'histoire nationale.»

Désolé, mais je ne crois absolument pas aux convictions linguistiques de Mme Marois et de son parti. Le bilan de cette formation souverainiste en matière d'éducation et d'enseignement de la langue française m'a convaincu que nous sommes, encore une fois, devant un beau discours électoraliste ou l'on expoitera la fibre nationaliste des «bons Québécois» pour les amener à voter pour le «bon parti».

C'est sous la gouverne de Mme Marois que nous avons connu à la fin des années 90 la réforme de la grammaire dans nos écoles. Elle devait simplifier et moderniser l'enseignement de la langue française, améliorant ainsi inévitablement la maîtrise que les jeunes ont de celle-ci. Laissez-moi rire de tristesse... C'est là qu'on a compris pourquoi la réforme suivante serait un échec: implantation faite sans véritable concensus et de façon improvisée, formation insuffisante des enseignants, manque de ressources et de moyens, etc.

Et puis, il y a eu aussi le renouveau pédagogique dans lequel nous sommes empêtrés et à cause duquel la maîtrise de la langue des élèves du primaire au Québec est en baisse selon une étude internationale.

La Parti québécois a jeté aux poubelles de l'histoire un chef dont le passé rimait avec «cocaïne». Il lui a plutôt préféré une candidate dont le passé rime avec «héroïne». Seulement, quand on regarde les faits d'arme de Mme Marois, je préférais un politicien «coké» à une politicienne «poquée».

Le PQ se préoccupe du français, langue d'enseignement. Laissez-moi rire de tristesse...
Le PQ se préoccupe de la langue française des immigrants. Laissez-moi rire quand on voit à quel les évaluations auxquelles le MELS soumet nos élèves sont bidons en français... D'ailleurs, je suis pas sûr de la légalité de priver quelqu'un de son droit de se présenter aux élections scrutins scolaires, municipales et provinciales.

Dalida le chantait si bien: «Paroles, des paroles, des paroles...»

17 octobre 2007

Les interrogations de la ministre Courchesne

Depuis quelques jours, la ministre de l'Éducation, des Sports, des Loisirs et des ventes de garage automnales, Michelle Courchesne, étale sur la place publique certaines de ses interrogations sur le renouveau pédagogique (ici, ici et ici). Son ton est très loin du jovialiste Jean-Marc Fournier dont l'optimiste semblait parfois le confiner à la bêtise. En fait, je ne doute nulement de l'intelligence de ce dernier, mais il donnait tellement l'impression de détester ce ministère qu'on comprend qu'il préférait croire tout ce que les haut-fonctionnaires lui disaient.

La ministre Couchesne est d'une autre trempe. Je sais qu'elle a multiplié cet été et avant la rentrée des classes des rencontres informelles avec différents acteurs de l'éducation. Celle-ci a écouté d'autres propos que ceux des fonctionnaires du MELS et des représentants syndicaux. Elle a ausi remis publiquement en question les avis du Conseil supérieur de l'éducation. Bref, on assiste à une autre ère.

Ceux qui estiment que la réforme telle qu'annoncée à ses débuts ne se réalisera pas n'ont pas tort. Il ne fait aucun doute, selon moi, qu'on est déjà au mode «réforme de la réforme». Il était hautement prévisible que cette dernière vive mal le passage au secondaire, pas uniquement parce que certains enseignants de ce niveau allaient la torpiller allègrement, mais bien parce qu'il y a des limites à pelleter des problèmes vers l'avant.

Plusieurs pourront objecter que le renouveau pédagogique n'a pas eu le temps de faire ses preuves ou qu'on ne lui a pas fourni les moyens de ses ambitions. Je ne le leur reprocherai pas. Par contre, par leur manque d'écoute, leur dogmatisme pédagogique, ils se sont privés de précieux signaux qui auraient pu leur permettre d'améliorer les choses. Mais il ne fallait pas écouter «l'ennemi», dut-il avoir raison... Car, dans la façon dont elle a été décidée et implantée, la réforme n'a jamais été véritablement un projet rassembleur. Et, de grâce, évitez de parler du concensus des États généraux sur l'éducation! On travestit la réalité historique en affirmant que ceux-ci ont appuyé ce changement pédagogique.

J'ai toujours cru que la réforme était un beau projet sur papier, une magnifique utopie totalement irréaliste dans la pratique. Son application totalement improvisée dans nos école lui a nui au point de la discréditer, quant à moi. Il est d'ailleurs paradoxal qu'on reproche l'échec de cette dernière à des enseignants qui demandaient davantage de formation pour l'appliquer.

Oui, il est vrai que des enseignants ont tout fait pour faire dérailler ce train, tout comme aujourd'hui des directions d'école, des cadres de commissions scolaires et des enseignants font tout en leur pouvoir pour saborder le bulletin chiffré.

Dans les faits, l'éducation est déchirée. Deux camps s'affrontent alors que la véritable bataille est peut-être ailleurs que dans les choix pédagogiques de nos écoles. Pendant qu'on discute de partitions musicales, Rome brûle.

Et quant au sacro-saint argument que la réforme a été mise de l'avant pour contrer le décrochage scolaire, permettez-moi de souligner ceci: le décrochage scolaire s'explique par des facteurs extérieurs tout aussi importants que ce qui se passe dans nos écoles. Pauvreté, détresse sociale et individuelle, famille et société dysfonctionnelle en sont quelques-uns. Ironiquement, même une économie en bonne santé peut augmenter le décrochage dans les régions ou la pénurie de travailleurs non qualifiés incite les entreprises à embaucher des jeunes qui ne sentent pas nécessairement l'envie de poursuivre des études secondaires. Et je ne parle pas de ces jeunes qui décrochent au primaire...

Les réflexions de la ministre Courchesne sont un réconfort pour moi, la preuve que je ne suis pas fou dans cette réalité scolaire totalement absurde. Le seul problème est que, depuis 15 ans, le MELS a connu 10 ministres différents. Devant ce manque de stabilité, certains fonctionnaires et décideurs ont la partie belle. Et, avec des élections provinciales ce printemps ou au début de l'automne, le réseau de l'éducation sera encore sous respirateur artificiel.

À mes amis de la réforme, ceux qui y croient vraiment, je n'ai qu'un conseil: commencez à prendre le chemin du compromis, faites de la realpolitik. Avec l'ADQ au pouvoir, il sera peut-être trop tard pour discuter avec des gens sensés.

14 octobre 2007

Humour involontaire

Choisir le bon mot, tout comme Yves Tremblay, superviseur du Site historique maritime de la Pointe-au-Père, à propos du nauffrage de l'Empress of Ireland dans un article paru ici:

«Comme cette guerre (la Deuxième guerre mondiale), d’une importance beaucoup plus grande que celle de la tragédie de l’Empress, s’est déroulée au lendemain du naufrage, le paquebot a sombré dans l’oubli.»

Ma bibliothèque de classe: vos suggestions?

Bon, les choses stagnent un peu. J'aurais aimé trouver une véritable bibliothèque avec des portes vitrées pour que les élèves puissent voir les livres qu'elle renferme, mais cette opération semble bien difficile à mener. Voir un livre, c'est si important. Imaginez si on laissait les bonbons dans leur grosse boite de carton brun au magasin.

Pour l'instant, j'ai stocké une trentaine de livres dans une vieille armoire de métal jaune et, la curiosité aidant, certains élèves commencent à venir en prendre un avant la fin de semaine. Le bouche-à-oreille fait aussi son effet. Dans d'autres cas, j'effectue du «placement de produits», comme on dit dans le milieu publicitaire. Je regarde un élève, je pense à un livre et le pose subtilement sur son bureau.

Résultat: une quinzaine de livres casées en une semaine et demie auprès de 95 élèves. Et ça a l'air que même deux parents auraient emprunté à leur enfant le livre qui lui était destiné... Les pas fins!

Un fois le livre lu, l'élève y écrit son nom et lui attribue une cote de 1 à 5. Ainsi, la lecture qu'il a faite a une certaine signifiance (la cote) et il en reste une trace auprès des autres lecteurs (la signature). Cela aurait pu être un pourcentage, remarquez... La ministre Courchesne aurait sûrement apprécié. Je voulais surtout éviter de demander à un jeune une tâche plus longue et fastidieuse, sauf que Je veux faire lire mes élèves pour le plaisir, leur faire découvrir de nouveaux auteurs, pas les écoeurer avec des résumés et des critiques!
Tout cela pour en arriver à l'essentiel: quels titres me recommanderiez-vous de mettre à la disposition d'élèves de troisième, quatrième et cinquiéme secondaire?

13 octobre 2007

Des chiffres et des lettres avec le Prof malgré tout

Sur le blogue du Prof malgré tout, on retrouve actuellement une discussion sur le fameux bulletin chiffré. Je vous en retranscris quelques épitres ici pour que vous soyez en contexte, mais je vous invite à aller lire l'ensemble de cet échange éclairant et stimulant.

Je publie à la fin de mon blogue une réponse complète aux différentes interrogations de PMT. On la retrouvera aussi sur son site.

Quelques extraits

Le professeur masqué a dit...
Tout ce débat est stérile. Qu'on attribue une lettre, une chiffre ou un petit bonhomme Charest à l'élève, on transmet au parent une appréciation de son jeune. Et je comprends mal en quoi une compétence peut s'évaluer avec une lettre, mais pas avec un pourcentage. Tous ces indices sont des symboles. En français, nous évaluons des compétences avec des % depuis des années et il n'y a jamais eu de débat là-dessus. On ne peut pas se préoccuper davantage de ce que nos jeunes apprennent dans nos écoles et de comment on détermine le mot «réussite»? Moi, qu'une grille de correction m'oblige à donner un C ou un 60% à un élève qui fait une faute par mot, ça m'interpelle davantage.

Prof malgré tout a dit...
Prof Masqué: Je parle du primaire. "Lire des textes variés" par exemple, est une compétence en français. Comment voulez-vous faire la différence entre 74 et 76% dans l'évaluation d'une telle compétence? Au primaire, on ne parle pas de répondre à un questionnaire suite à la lecture d’un texte. On doit avoir une approche beaucoup plus globale et tenir compte de beaucoup de facteurs. Par exemple, l'enfant lit bien, mais ne connaît pas le vocabulaire utilisé. Dans une classe de cinquième, seulement une élève savait ce qu'est un rossignol... Pour ce qui est d'enlever des points pour les fautes d'orthographe et de déterminer la note ensuite... dites-moi quelle phrase vaut le plus :
1- J'aime le chat. (pas de fautes)
2- L'ornithorinque est l'un de mes animaux favori. (2 fautes)
Qui aura le meilleur résultat et surtout, combien obtiendront-ils en pourcentage pour la compétence «Écrire des textes variés»? En deuxième année, je mets C (développe selon les attentes) au premier et B (développe au-dessus des attentes) au second. Soyez indulgent, je ne suis que prof de musique.

Benoit a dit...
Deux élèves peuvent être équivalents sans être pareils. Dans ton exemple plus haut, le premier pourrait avoir 80% parce qu'il ne fait pas de fautes et le second parce qu'il a beaucoup de vocabulaire. La question a se poser est: Qu'est-ce que j'évalue ? Si c'est l'orthographe la note va en conséquence et si c'est l'originalité c'est autre chose. Une fois que tu sais ce que tu évalue, que tu le donnes en chiffres ou en lettres, who cares !! Pour ce qui est de la différence entre 74 et 76 je suis d'accord mais je suis certain que pour la note B donnée à 2 élèves, tu sais qui a le ''B fort'' et le ''B faible''. Combien valent chacun ?
Benoît : Tu as mis le doigt dessus. Qu'est-ce que j'évalue? Le problème, c'est qu'une compétence, c'est un ensemble de choses. Dans le meilleur des mondes, on évaluerait une compétence par une cote (lettre) et les savoirs par un pourcentage. Le problème, c'est que les gens qui ont écrit la réforme présument que les "savoirs essentiels " seront assimilés par les enfants lors de tâches dites "concrètes". Ils se trompent... malheureusement. Au début, j'étais pro-réforme. C'était avant que je constate sur le terrain que ça ne fonctionne pas hors laboratoire. Auriez-vous oublié? Nous, les profs, n’avons pas compris. La réforme, ça fonctionne dans un bureau au ministère ou dans une classe pilote de 18 élèves avec un prof et quatre personnes ressources. C'est même génial. Tout est génial dans une classe de 18 élèves avec un prof et quatre personnes ressources. Presque aussi génial que dans un bureau au ministère...
Le professeur masqué a dit...
Cher PMT, votre exemple ne tient malheureusement pas la route. Pour une production écrite, les grilles de correction en français ont plusieurs critères: la structure, les idées, le vocabulaire, l'orthographe, etc. À cet égard, Benoit a bien expliqué la chose. Tout dépend de ce que l'on évalue et de l'importance relative de chaque critère. Un des dangers de la réforme, c'est que certains confondent «évaluation d'une compétence» avec évaluation générale et subjective, par exemple. Ce glissement est d'autant plus facile que les critères sont plus flous actuellement qu'il y a quelques années. Les profs manquent de repères. Ils finiront bien par se les donner un jour. Actuellement, au secondaire, on constate qu'il y a plus que jamais des écarts importants entre des élèves ayant des bulletins pourtant identiques. Signe des temps: certaines écoles ne retiennent plus les bulletins du primaire pour sélectionner des élèves pour des programmes particuliers. Elles leur préfèrent des tests standardisés.

Prof malgré tout a dit...
Prof masqué : Mais sur le bulletin, c'est la compétence qu'il faut évaluer. Dans votre grille, vous pouvez mettre une notre précise en pourcentage pour les idées? Est-ce que tous les enseignants donneraient le même pourcentage? Au primaire, croyez-vous vraiment qu'un enseignant peut avoir une grille si complexe pour les 5 ou 6 matières qu'il doit évaluer? Ça fait environ un quinzaine de compétences par élèves. Au risque de me répéter, je parle du primaire. Même la tâche (le temps d'enseignement) est très différent pour nous. On ne peut pas comparer.

La suite

Cher PMT,

Nous mélangeons bien des choses dans cette discussion.

Au secondaire, je dois évaluer les textes de mes élèves en écriture avec une grille détaillée qui donne effectivement des points pour la qualité des arguments, par exemple. Pour ce critère, je retrouve plusieurs indicateurs qui me guident dans l'attribution de la note. Je m'intéresse à sa pertinence, à son utilisation rigoureuse, etc.

Le côté rigolo de cette opération est que, pour chacun des critères de cette grille, j'ai une mini-échelle de compétence de quatre ou cinq échelons désignés par des lettres qu'on convertit ensuite en chiffres! On en sort définitivement pas... Vous pouvez consulter cette grille et cette table de conversion aux pages 14 à 17 de ce document.

On retrouve également des points pour la clarté du propos, la structure du texte, la qualité de la langue, le vocabulaire, l'orthographe, la syntaxe et la ponctuation. Ces critères sont pondérés diféremment et donnent un résultat sur 100. On mesure donc toutes les composantes d'un texte en tenant compte de plusieurs facteurs. On ne peut parler de correction globale, mais la compétence est évaluée, diront plusieurs, dans sa globalité.

Les enseignants de cinquième secondaire, pas tous mais certains, ont suivi des formations sur savoir comment corriger les textes des élèves. Il existe également des ateliers de formation organisés par le MELS à ce sujet. L'un d'entre eux aura lieu lors du prochain congrès de l'Association québécoise des professeurs de français. Sinon, il est fréquent que les anciens enseignants guident les plus jeunes dans la correction du texte argumentatif. Enfin, des correcteurs du MELS sont parfois sollicités pour corriger les textes préparatoires de jeunes de cinquième secondaire à l'examen de fin d'année, question de s'assurer que ceux-ci sont suffisamment préparés à cette épreuve.

On conviendra que cette grille est complexe et renferme de nombreuses aberrations dont je parlerai une autre fois parce que cela n'est pas pertinent par rapport à notre échange. Cependant, aussi imparfaite soit-elle (et elle l'est!), cette grille évite les débordements d'une trop grande subjectivité avec ses nombreux critères et contraintes. Elle encadre la correction, dirons-nous. Il existera bien sûr des écarts entre différents enseignants, mais ils seront moins marqués que s'ils se livraient à une évaluation plus globale. Encore que des enseignants correctement formés à la correction holistique arrivent sensiblement à la même note. Mais le défaut ici, ce n'est pas que la correction holistique peut parfois sembler floue, mais que les enseignants manquent souvent de formation quant à cette dernière.

Des grilles de correction similaires existent aussi au primaire et au collégial, collégial ou l'approche par compétence existe depuis la réforme Robillard dans les années 90, je crois. Les correcteurs doivent donc prendre en compte de façon spécifique d'une foule de caractéristiques. Mais les enseignants de ces niveaux, pour ce j'en sais, ne reçoivent pas de formation systématique comme ceux du secondaire. Le MELS n'organise pas non plus d'atelier à ce sujet. Peut-être certains conseillers pédagogiques s'assurent-ils de cette formation.

En lecture, puisque vous abordez ce volet, les tests au secondaire referment une floppée de questions qui visent à mesurer divers aspects précis de la maîtrise de cette compétences (vocabulaire, capacité à identifier les éléments de la reprise de l'information, etc.). Ces aspects sont pondérés et forment un résultat sur 100, par exemple. On n'évalue donc pas la compétence en lecture de façon globale, mais on croit l'évaluer dans sa globalité avec divers critères précis.

Les enseignants du primaire ont donc des grilles, des indicateurs et des contraintes à respecter, tout comme ceux du secondaire et du collégial. Certains diront que ce que le nombre de matières qu'ils ont à enseigner est contrebalancé par le nombre d'élèves qu'ils ont dans leur classe. Moi, je préfère éviter ces comparaisons, mais je remarque que, pour les spécialistes au primaire, la situation est tout simplement aberrante! Le nombre d’éléments à évaluer en regard du nombre d’élèves est délirant. Elle l’est tout autant pour les profs d’arts ou de musique au secondaire quand on y pense. Alors, évitons les stériles débats primaire versus secondaire.

Il faut enfin savoir qu'avec la réforme, toutes ces grilles, toutes ces évaluations, toutes ces contraintes ne décident pas de la réussite d'un élève. C'est le fameux bilan de fin de cycle qui est déterminant. Et ce dernier ne peut se réduire à un cumul de ces évaluations. Et c'est là qu'on retrouve le plus grand flou. Et c'est là aussi que les enseignants sont victimes de nombreuses pressions de la part de leur direction qui veulent le moins d'échecs possible dans leur école.

Des chiffres, des lettres, des bonhommes Charest? Moi, je m'en fous, comme je vous l'ai écrit. Je me répète: on ne peut pas se préoccuper davantage de ce que nos jeunes apprennent dans nos écoles et de comment on détermine le mot «réussite»? Moi, qu'une grille de correction m'oblige à donner un C ou un 60% à un élève qui fait une faute par mot, ça m'interpelle davantage. Moi qu'un bilan de fin de cycle fait passer un élève qui écrit une faute par mot, ça me décourage de mon métier.

Un dernier point en terminant: le titre de votre billet (Vous avez gagné!) me donne de l'urticaire. Je pense que personne n'a gagné quoi que ce soit dans ce débat. Actuellement, en éducation, il n'y a que des perdants et ce sont surtout ces élèves à qui l'on ment quant à leur pseudo«réussite» scolaire. La réforme n'a pas tenu beaucoup de ses promesses. L'ancien système n'était pas génial. On devait changer pour mieux. On a différent. Pas plus.

J'invite les internautes qui le veulent à poursuivre cet échange sur le blogue sur le site du Prof malgré tout.

12 octobre 2007

Interrogations impertinentes

On a porté à mon attention le slogan d'un plan stratégique d'une commission scolaire. Il va comme suit: «Pour que plus d'élèves réussissent et qu'ils réussissent mieux.»

J'avoue qu'à moins que ce dernier ne se veuille poétique, je ne comprends pas. Comment peut-on réussir MIEUX? Réussir n'est donc plus suffisant? Déjà qu'on vise la réussite du plus grand nombre, va-t-il falloir qu'ils réussissent tous MIEUX les uns les autres?

Des questions comme ça...

11 octobre 2007

Bonsoir, il est parti!

Enfin, le bon sens a prévalu! Il aura fallu deux jours pour qu'on convainque ce serviteur de l'État de quitter son poste. Quelle honte!

Espérons que RBO n'en fera qu'une bouchée dans son spécial de fin d'année et que des poursuites criminelles seront portées contre ce que je crois être un fraudeur. Yves Boisvert, de La Presse, a d'ailleurs écrit plusieurs bons textes à ce sujet (ici, ici et ici).

10 octobre 2007

Parlons de décrochage

Le Journal de Montréal et La Presse ont consacré quelques textes au décrochage scolaire cette semaine. Ceux-ci valent la peine de s'y attarder.

Dans le Journal à Péladeau

Dans le JdeM, on brosse un portrait assez sombre de ces jeunes qui décrochent dès leur entrée à la maternelle: «De plus en plus d'enfants éprouvant des problèmes de comportement ou des difficultés d'apprentissage décrochent «psychologiquement» dès la première année ou même la maternelle, estiment certains spécialistes.»

Une partie de ce phénomène serait attribuable à ce qu'on appelle les «enfants-rois» défendus bec et ongles par leurs parents. Pour Égide Royer, professeur au Département d'études sur l'enseignement et l'apprentissage de l'Université Laval, «Les deux éléments les plus importants chez les jeunes qui décrochent sont les problèmes de lecture et les problèmes de comportement.»

La situation serait d'ailleurs plus préoccupante en Estrie ou la Commission scolaire de la Région-de- Sherbrooke (CSRS) se livrera à une gigantesque enquête afin de mieux comprendre pourquoi ce phénomène est plus important sur son territoire.

Enfin, le Journal de Montréal complète cette série de textes par un test qui permet au lecteur de savoir si son enfant risque de décrocher.

Dans La Presse à Desmarais

Un autre texte, publié cette fois-ci dans La Presse, nous apprend qu'au Saguenay, cette région s'est attaquée avec un succès certain au décrochage scolaire. La plupart des intervenants du pays des Bluets se sont mobilisés afin de lutter de concert contre ce fléau.

En plus du milieu scolaire, les maires des municipalités, les organismes communautaires, les services de santé et même les commerçants ont participé à cette action: «Le milieu des affaires a compris qu'un élève qui décroche va coûter plus cher à la société qu'un élève qui persévère. Économiquement, le succès de nos élèves donne une valeur ajoutée à toute la région. On peut se servir de ces statistiques pour attirer des gens chez nous et faire en sorte qu'ils s'installent à long terme. On peut dire aux parents que leurs enfants réussiront mieux ici», explique Jean Paradis, président du conseil interordres de l'éducation.
Il s'agirait donc d'un modèle à suivre et un programme similaire vient d'être implanté dans le quartier montréalais de Saint-Henri.

Dans la tête malicieuse du Prof masqué

Les très jeunes seraient donc plus nombreux à décrocher. Peut-on avoir une idée de combien? Sur quoi se base-t-on pour établir un tel constat? Cette affirmation est vague à souhait. Mais ce n'est pas grave: la «une» du Journal est accrocheuse.

Quant au petit test, personnellement, j'en ai soupé! Qu'ils soient de La Presse ou du JdeM, malgré les mises en garde qu'on y retrouve parfois, je trouve inconcevable qu'on tente de faire croire à un lecteur qu'il peut lui-même évaluer si son jeune risque de décrocher ou s'il a les connaissances pour entrer dans un programme d'études internationales. Un média ferait de même avec une question médicale qu'il aurait de nombreux médecins sur le dos. Mais comme il ne s'agit que d'éducation et que tout le monde est un spécialiste...

Puis-je me permettre une réflexion un peu de mauvaise foi, mais comment peut-on avoir des jeunes qui décrochent de plus en plus alors que la renouveau pédagogique devait justement contrer cet écueil? Plus cyniquement encore, mais pourquoi avoir chamboulé tout le monde de l'éducation si la solution se trouve (aussi) à l'extérieur de nos écoles comme le montre l'exemple saguenéen? Également, de nombreux exemples de lutte au décrochage existent et ont fait leurs preuves, à Toronto, entre autres.

Mais de cela, il ne faut pas parler. Mais sur cela, il ne faut pas questionner. Le décrochage continue. Le renouveau magique n'y changera rien, quant à moi.

«The truth is out there.»

09 octobre 2007

De l'argent du public et de l'éthique

Permettez-moi de relier deux événements: l'un tiré de l'actualité, l'autre de ma vie professionnelle.

Événement 1

Quel poste devrait occuper quelqu'un qui...
  • paie les partys de Noël les plus dispendieux au Québec à ses employés bien silencieux?
  • s'offre de l'alcool aux frais des contribuables dans un salon privé?
  • utilise un prête-nom pour réclamer des frais reliés à des cours d'anglais?
  • utilise encore un prête-nom pour réclamer des frais reliés à des repas?
Maire de l'arrondissement d'Outremont, bien sûr!

Comme on peut le lire ici et ici, certains, comme Stéphane Harbour, ont une définition du service public bien précise: me servir moi-même avant de servir les autres. Vite une enquête policière! Vite des accusations de fraudes! Et ou devrait finir un tel individu, croyez-vous?

En prison? Rien n'est moins sûr. S'il fallait scruter les comptes de dépense de nos décideurs publics, il y aurait de quoi hurler.

Dans une autre vie, j'ai eu l'occasion de découvrir que certains de nos députés étaient très amis avec les serveurs de la Grande-Allée à Québec et que ces derniers leur gardaient toujours une belle collection de reçus pour leur frais de dépenses...

Et je ne parle pas de ces chauffeurs de taxi qui remettaient des reçus vierges que pouvaient remplir leurs distingués voyageurs...

Et je ne parle pas non plus du matériel de bureau que certains prenaient sans aucune mesure de contrôle...

Événement 2

Je vais au congrès de l'Association québécoise des professeurs de français (AQPF). Mes dépenses sont remboursées par l'école et les frais que je peux déduire sont basées sur ceux reconnus par ma commission scolaire pour ses employés:
  • Nuit à l'hôtel: 100$
  • Déjeuner: 10$
  • Dîner: 20$
  • Souper: 30$
  • Frais de déplacement: 0,37$ pour les 300 premiers kilomètres et 0,27$ pour les 200 kilomètres suivants. 111
Je dois être tout simplement radin, mais je paie très rarement 30$ pour un souper. Pis encore, comme il s'agit de fonds public, je me dis qu'on pourrait être un peu plus respectueux des taxes versées par les contribuables. Niaiseux pas à peu près.

Fort de mes convictions idéalistes, je décide de jaser avec un collègue bien en vue à mon école de ce montant que je trouve élevé et ce dernier me rabroue en me disant qu'avec un verre de vin ou une bière, trente dollars suffisent à peine à payer l'addition.

C'est alors que je comprends quelque chose: il est bien plus facile de dépenser quand il ne s'agit pas de ton argent et que tu te convaincs que tout le monde en fait autant.

Dans ma naïeveté intérieure, je me suis dit qu'on devrait interdire que les fonds publics servent à acheter de l'alcool ou des aliments qui ne respectent pas la politique alimentaire imposée dans nos écoles (...). Puis, je me suis rappelé ces serveurs de la Grande-Allée avec leurs piles de reçus et j'ai vu l'inutilité d'une telle mesure...

En passant, si vous faites le calcul, un cadre ou un dirigeant d'un commission scolaire de la région montréalaise qui va à Québec (envrion 250 km) coûte 155$ aux contribuables alors qu'il existe un service d'autobus aller-retour pour 68$.

Ma voiture, c'est le seul luxe que je me permettrai durant ce congrès. L'alcool aux frais des contribuables, très peu pour moi.

Ajout du 10 octobre 2007 tiré de cet article (pour rager davantage)

M. Harbour blâme deux anciens hauts fonctionnaires, le directeur général Yves Mailhot et le directeur général adjoint Jean-Claude Patenaude, d'avoir «trahi sa confiance».

Allez lire ce texte qui vous fera la liste des irrégularités de tous ces joyeux compères.

08 octobre 2007

Changement troublant

On peut constater que son voyage en Afghanistan commence à modifier physiquement Denis Coderre.

Avant son voyage









Au milieu de son voyage









À la fin de son voyage?


Les jeunes filles baisent tôt: la faute des enseignants?

Je ne sais pas. Je lis ce texte et j'ai comme un malaise.

Ainsi, selon une étude effectuée par Mara Brendgen, enseignante de psychologie à l'Université du Québec à Montréal, les enfants, principalement les filles, seraient davantage portés à avoir des rapports sexuels avant 14 ans s'ils ont été victimes de violence verbale de la part d'enseignants. Mon Dieu! Et moi qui n'arrive même pas à leur faire corriger leurs textes!

Je vous invite à lire cet article et à me faire part de vos commentaires. En passant, ou est l'influence des parents dans ce processus? Je ne sais pas, mais il aurait été intéressant de la mesurer plus précisément. Je ne doute pas de l'influence négative des commentaires pouvant être émis par certains enseignants, sauf que je suis perplexe quant à la validité d'un tel lien avec la sexualité des jeunes.

On refait les horaires après un mois!

Quand Safwan en a parlé, je ne le croyais pas. Je me disais qu'elle avait eu une mauvaise information tant cette nouvelle me semblait incroyable. J'ai vérifié le tout et je me sens mal à l'aise d'avoir douté d'elle parce que ce qu'elle mentionnait était tout simplement vrai!

Une école du 450 a récemment dû réimprimer les horaires de ses élèves et déplacer une journée pédagogique afin de permettre au personnel d'apporter les ajustements nécessaires. Le motif: une importante hausse de la clientèle scolaire non prévue a entraîné plusieurs modifications d'horaires à la rentrée, mais la direction de cette école a dû se résoudre à refaire les horaires de façon massive afin de mieux respecter le nombre d'élèves par classe.

Selon cette direction, cette réimpression a pour conséquences principales, pour les élèves, d'occasionner des changements d'enseignants et même de cours optionnels. Elle oublie cependant de parler du matériel acheté pour rien, des livres lus pour rien, des notes de cours prises pour rien... Bref, dans certains cas, c'est comme si on commençait l'année avec un mois de retard! Et je ne parle pas des enseignants qui ont sûrement dû voir leur horaire ainsi que leur tâche modifiée et qui devront revoir leur planification de cours pour aborder la matière en mode «panique».

Depuis plus d'une dizaine d'années, on ne cesse d'indiquer aux enseignants de cette région que le nombre d'élèves par école diminuera sous peu. On oublie cependant le formidable boom immobilier qui amène des familles déjà constituées (donc avec des adolescents) à s'y installer, ce qui a pour résultat que, si les écoles primaires se vident lentement pour l'instant (la baisse est moins forte qu'anticipée), les écoles secondaires, elles, sont en pleine expansion.

Dans un récent article de L'actualité, on rapportait le cas de la Suède qui donne les pleins pouvoirs aux directions d'école. Avec ce cas rapporté par Safwan, on peut se questionner. Je ne crois pas que ce soit de gaieté de coeur que la direction de cette école à dû agir de la sorte, mais une telle opération catastrophe un mois après le début de la rentrée peut nous laisser songeurs.

Et puis, il y a aussi ces parents qui savent qu'ils déménagent et qui inscrivent leur enfant à la dernière seconde...

07 octobre 2007

Sondages et carottes: Mme Courchesne

Voilà! La période pour répondre à ce troisième sondage est terminée.

À la question «La ministre Courchesne est... »
  • 9% ont répondu «est excellente et fait un bon travail»;
  • 19% ont répondu «va se faire endormir par les fonctionnaires du MELS»;
  • 38% ont répondu «ne sera plus là dans un an»;
  • 10% ont répondu «est franchement mauvaise».
Et maintenant, voici l'analyse de ce sondage par le porte-parole de la maison de sondages Grand Gallup, monsieur Auster Petit-Trot.

On remarque le nombre de répondants qui apprécient le travail de madame Courchesne ou qui la trouvent carrément mauvaise est à peu près identique. En fait, 57% des répondants accordent de l'importance à des facteurs extérieurs à cette dernière: la capacité des fonctionnaires à emberlificoter la ministre (19%) et, surtout, à l'instabilité de l'appareil gouvernemental (38%).

Il faut savoir que le MELS a connu, de mémoire, 10 ministres différents depuis les 15 dernières années, de quoi donner une énorme pouvoir aux fonctionnaires qui, eux, restent.