30 août 2012

Anglais intensif: le PQ et la CAQ en défaveur

Tant la CAQ que le PQ ont indiqué aujourd'hui que l'instauration obligatoire de l'anglais intensif en sixième année du primaire n'était pas une mesure qu'ils partageaient. Pour les deux formations politiques, il revient à chaque école de statuer en la matière. Bref, le 5 septembre au matin, les probabilités sont grandes que le prochain gouvernement, qui ne sera pas libéral, mette la hache dans cette idée.

Le Soleil rapportait également que le critique en éducation du Parti québécois, Sylvain Gaudreault, n'était pas surpris d'apprendre que «des enseignants veulent déserter la sixième année.»

Pffff... ça fait des mois qu'on le mentionne ici, tsé.



28 août 2012

CAQ et éducation: des précisions

En entrevue, le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ), François Legault, a voulu préciser quelques éléments de la plateforme de cette formation politique.

1- Le salaire des enseignants «ne dépendra pas de l'évaluation.» VRAI 

2- «Les enseignants vont tous avoir un minimum d'augmentation de salaire de 10 %, mais ça va pouvoir aller jusqu'à 30 %, a-t-il expliqué. C'est clair que les salaires seront les mêmes pour les enseignants de la même école. Il y aura des salaires plus élevés dans les milieux défavorisés, il y aura des salaires plus élevés pour les mentors, qui aideront d'autres enseignants, mais ça, ce sera dans la convention collective.» EN PARTIE VRAI

Je rappelle qu'on est parti ici d'une augmentation de 20% pour en arriver à une augmentation de 20% en moyenne. La plateforme de la CAQ précise: «Chaque enseignant verra son salaire augmenter de façon significative, mais les augmentations varieront en fonction de certains paramètres, incluant le profil socioéconomique de l’école, le nombre d’années de scolarité de l’enseignant, son implication dans les activités parascolaires et s’il fait du mentorat auprès d’enseignants plus jeunes.»

Qu'arrivera-t-il avec un collègue d'une école favorisée oeuvrant dans un programme régional pour élèves en difficulté? Qu'arrivera-t-il avec un collègue avec une classe de doubleurs dans une école favorisée? 

Personnellement, je crois que cette idée attirera davantage les gens intéressés par l'argent dans les milieux défavorisés. À la fin de ma carrière, un petit 20% de plus, pourquoi pas? Et les enseignants oeuvrant dans des programmes performants, le PEI par exemple, auront-ils une augmentation de salaire pour toutes les activités parascolaires qu'ils organisent?

3- Le chef de la CAQ a aussi promis l'embauche de 2500 professionnels pour aider les élèves en difficulté. ON RÊVE?

Premièrement, il existe une pénurie de certains de ces professionnels en milieu scolaire. Deuxièmement, le salaire et les conditions de travail incitent ces derniers à se tourner vers la pratique privée.

27 août 2012

Les osties de...

Bon, ils ne sont pas tous comme ça, mais avouez que ça fait du bien de se défouler un peu.

Ce matin, au secrétariat général de mon école, une mère de banlieue avec son ado de fille chix, la casquette vissée sur la tête. J'indique à la jeune prépubère déjà exhibitionniste qu'elle doit se découvrir comme le demande le règlement de l'école.

«Ben, là, tsé, l'école est même pas commencée», me répond... la mère.

Après m'être tourné sept fois la langue dans la bouche, je n'ai pu m'empêcher de lui répondre: «Merci de votre soutien comme parent quant à la mission de notre école, madame. Il n'y a rien de mieux pour amener votre fille à respecter l'école que de contester un enseignant devant votre enfant.»

Et après avoir tourné la langue, j'ai tourné les talons.

26 août 2012

Bulletins et admission au cégep: quand le MELS s'en mêle

Lorsque le MELS a décidé que l'année scolaire serait découpée en trois bulletins distincts, on se doutait bien que ce choix poserait des difficultés pour les élèves de la cinquième secondaire quant au processus d'admission au cégep (ici et ici). En effet, la date d'émission du deuxième bulletin retenue par le ministère pouvait aller jusqu'au 15 mars, soit deux semaines après l'envoi des demandes des finissants du secondaire. Il en résultait alors que les jeunes n'étaient parfois évalués que pour une seule étape durant moins de 60 jours et souvent que pour un seul volet dans certaines matières (par exemple, en français, il pouvait s'agir d'un des trois volets suivants:  lecture, écriture ou oral). Dans d'autres matières, comptant un plus petit nombre de périodes à l'horaire, certains enseignants se demandaient ce que pouvait signifier une note alors qu'il n'avait vu leurs élèves qu'une douzaine de fois.

Certaines écoles, soucieuses que leurs élèves de cinquième secondaire soient évalués sur un plus grand nombre de jours (environ 50 de plus) et sur un plus grand nombre de volets, ont alors adapté leur calendrier scolaire pour que les notes du deuxième bulletin soient remises par les enseignants avant le 1er mars afin que les finissants puissent soumettre les notes de deux bulletins complets lors de leur demande d'admission au collégial.

Mais voilà: la manoeuvre ne semble manifestement pas plaire à quelqu'un puisqu'en juillet dernier, durant les vacances estivales, le MELS annonçait qu'il interdisait que les résultats du deuxième bulletin, émis par certaines écoles à la mi-février, soient transmis à tout organisme externe. Entre les branches, on me dit que même les organismes responsables de traiter les demandes d'admission au collégial auraient été surpris de cette décision. Donc, finie la possibilité pour nos jeunes de soumettre lors de leur admission au cégep un portrait plus juste et plus complet de leur valeur. Seules les notes du premier bulletin émis au plus tard le 20 novembre comptera.

Le choix de certaines écoles de permettre à leurs élèves de cinquième secondaire de soumettre les notes des deux premiers bulletins n'était pas anodin. II faut savoir que les notes recueillies durant cette première partie de la cinquième secondaire valent uniquement 20% de cette année d'étude mais autant que celles de toute la quatrième secondaire dans le processus d'admission au collégial. On se retrouve donc aujourd'hui dans une situation où les notes de 60  jours d'école de cinquième secondaire et 20% d'un bulletin vaudront autant que les notes complètes de 180 jours de la quatrième. On se retrouve aussi avec des enseignants qui devront enseigner pour évaluer et surtout évaluer à la hâte pour remettre des notes pourtant grandement déterminantes dans le choix de vie de certains jeunes.

Honnêtement, comme éducateur, toute cette situation est un gâchis pédagogique incroyable. On nie la valeur des efforts et des progrès que pourraient effectuer certains jeunes. De plus, pensons qu'une fois un jeune admis dans un programme collégial après seulement 60 jours d'école de cinquième secondaire, sa candidature ne sera plus remise en question même si, lors des 120 jours restants, ses résultats connaissent une baisse importante. Au moins, autrefois, avec deux bulletins, non seulement on donnait une chance aux élèves plus faibles ou connaissant des difficultés scolaires ou personnelles de se rattraper et de persévérer, mais on exigeait également un effort plus long et constant de la part des autres.

Quand on parle de décrochage scolaire et de moyens de le contrer, voilà une situation où il conviendrait d'agir. Avec cette nouvelle mesure, certains jeunes de cinquième secondaire qui échoueront au premier bulletin de novembre ne verront plus l'utilité de  travailler pour se rattraper au second de février, car celui-ci ne comptera plus dans l'admission du programme de leur choix. Ceux qui seront admis, eux, auront encore plus de temps pour se la couler douce. Ce sera encore à ces jeunes, à leur école et à leurs enseignants de compenser pour des décisions illogiques prises par des décideurs qui gagneraient à enseigner dans une classe quelques semaines.

Le plus ridicule dans toute cette situation est aussi que plusieurs écoles n'ont pas le choix de publier un deuxième bulletin en février si elles veulent mettre en branle l'opération des classements temporaires  des élèves pour l'année suivante, des choix de cours ainsi que du processus d'affectation des enseignants et de l'attribution de leurs tâches. Mais qu'on se le dise: il sera impossible d'utiliser les notes de ce deuxième bulletin pour les fins du premier tour d'admission au collégial, même si elles existent!

Il y a enfin une question d'iniquité qui demeure toujours en suspens. Actuellement, lors du premier bulletin, si un enseignant de français évalue ses élèves à l'oral, il les avantage comparativement à un autre qui le ferait pour l'écriture, l'oral étant habituellement plus facile à réussir. Alors que les écoles avaient trouvé le moyen de permettre l'évaluation de plusieurs volets sur deux bulletins, certains décideurs auraient voulu qu'on évalue au minimum tous les finissants en écriture dès la première étape, sans tenir compte du fait que ce volet demande beaucoup de temps et des énergies considérables en un si court laps de temps et qu'il désavantage certains élèves moins habiles à l'écrit. L'idée a heureusement été reléguée aux oubliettes, mais on craint qu'elle ne soit ramenée avec cette récente décision du MELS.

Quand, à la base, une décision est mal foutue, les solutions pour la corriger le sont souvent tout autant. Il est tout à fait regrettable qu'on empêche les écoles de remédier à ce problème avec une solution somme toute efficace et on peut se demander s'il ne vaudrait pas simplement mieux alors pour nos finissants de reporter la date d'envoi des demandes d'admission au cégep de deux semaines, par exemple.

22 août 2012

M. Legault oublie les filles

François Legault serait notamment préoccupé par le décrochage scolaire chez les garçons avant la 5e secondaire. Trois garçons sur dix décrochent au Québec. Il fait quoi avec les deux filles sur dix qui décrochent elles aussi?


Maudite vision parcellaire du décrochage.

Plateforme électorale du PLQ

Après avoir analysé la plateforme électorale de la CAQ (ici et ici) et celle du PQ (ici) en matière d'éducation préscolaire, primaire et secondaire, allons jeter un coup d'oeil sur celle du Parti libéral du Québec. Coup d'oeil parce que les engagements sont plutôt minces.

Après nous avoir rappelé son bilan en matière d'éducation, le PLQ y va des engagements suivants:
  • les parents d’élèves qui fréquentent une école primaire publique pourront compter, dès la rentrée de 2013, sur une aide financière de 100 $ par enfant, non imposable, pour l’achat d’articles scolaires. J'ai déjà commenté cet engagement ici en notant, ente autres, que cette mesure n'aurait pas dû être universelle mais s'adresser seulement aux familles moins bien nanties et être élargie aux élèves du secondaire.
  • bonification du programme d'aide aux devoirs, notamment en doublant son financement actuel. Correct. Mais a-t-on déjà mesuré l'efficacité d'une telle mesure concrètement?
  • ajout d'un cours Sensibilisation à l’entrepreneuriat qui sera donné à tous les élèves de 4e et 5e secondaire. Comme dans le cas de la promesse de la CAQ d'ajouter un cours portant sur l'économie, les finances personnelles et l'entrepreneurship en quatrième secondaire, la question demeure: quel autre cours écopera dans la grille-matières?
  • ajout de 10 heures d'engagement communautaire bénévole à la réussite du cours Monde contemporain de la cinquième secondaire. J'imagine que les penseurs libéraux n'ont aucune idée de la charge de travail que représente de superviser comme enseignant ce genre de bénévolat si l'on veut qu'il soit fait de manière sérieuse.
Bref, cinq engagements moyens.

21 août 2012

La non-vérité de François Legault

En débat, ce soir, M. Legault a affirmé vouloir augmenter le salaire des enseignants de 10 à 30% le salaire des enseignants. Je rappelle ceci: voici les chiffres de cette formation politique concernant cette augmentation.

2013-2014 : 0            
2014-2015:  0             
2015-2016:  120 M$ 
2016-2017:  290 M$  
2017-2018:  410 M$

En 2018, il y aura donc une augmentation cumulative de 820 M$ par rapport à aujourd'hui. Si l'on regarde ces chiffres, on est en deça du milliard de dollars prévu annuellement selon cet article:

Selon les informations qui ont circulé dans les médias hier, les membres de la Coalition pour l'avenir du Québec, dirigée par François Legault, proposeront d'augmenter de 20 % à 30 % la rémunération des enseignants, une mesure qui serait financée en haussant les tarifs d'hydroélectricité. Or, cette augmentation pourrait représenter des dépenses supplémentaires allant jusqu'à 1 milliard $, puisque la masse salariale des enseignants est d'environ 5 milliards $, en tenant compte des avantages sociaux

Si on sait qu'il y a environ 100 000 enseignants au Québec (primaire, secondaire secteur jeunes adultes et formation professionnelle), on en arrive aux augmentations de salaire annuelles suivantes:

2013-2014 : augmentation annuelle moyenne:  0,00$
2014-2015:  augmentation annuelle moyenne:  0,00$
2015-2016:  augmentation annuelle moyenne:  1 200,00$
2016-2017:  augmentation annuelle  moyenne: 2 900,00$
2017-2018:  augmentation annuelle moyenne:  4 100,00$

Si on se base sur le salaire moyen d'un enseignant québécois en 2007-2008 (soit 58 430$), une augmentation de 20% aurait dû se traduire par 11 686$ de plus. Ici, la CAQ propose d'augmenter le salaire moyen des enseignants de 14% (soit 8 200,00$) à la cinquième année de sa prise du pouvoir. Cet écart devrait être plus grand si j'avais eu sous la main des chiffres plus récents.

20 août 2012

Éducation: chronique exaspérante d'un exaspéré

Dans le JdeM, on laisse la parole à Égide Royer qui se questionne sur la place des engagements électoraux des différents partis pour ce qui est d'augmenter le taux de diplomation. Selon lui, la campagne passe complètement à côté des véritables enjeux. Mais n'est-ce pas là le but de certains politiciens: éviter les véritables enjeux? Il vaut la peine malgré de lire les réponses des candidats aux questions de M. Royer pour constater les lacunes de certaines plateformes électorales.

Regardons chacune de ces réponses.

1 - Que prévoit votre parti pour prévenir les troubles de lecture et de comportement chez les enfants de 3 à 5 ans, pour faire du dépistage et les accompagner jusqu’à la maternelle ?

CAQ › Des ressources supplémentaires seront octroyées pour permettre de dépister les problèmes avant la scolarisation.
PQ › Pour que le dépistage commence tôt, nous proposons la prématernelle aux plus de 4 ans à temps plein pour les parents qui le souhaitent.
PLQ › Nous proposons un projet expérimental pour former des groupes scolaires en milieu défavorisé chez les 4 ans et plus.
CAQ: position vague.  Combien? Comment?
PQ: Rien ne garantit que du dépistage sera effectué durant cette période et que des services suivront. Mais, au moins, certains cas problèmes pourraient être identifiés.
PLQ: un projet-pilote alors que cette réalité est assez bien documentée?
Avantage PQ, mais avec des réserves.

2 - Que prévoit votre parti pour accorder un suivi systématique des lecteurs débutants et une intervention continue auprès de ceux qui éprouvent des difficultés en lecture ?

CAQ › Notre parti croit à l’autonomie des établissements et plus particulièrement au jugement professionnel des enseignants pour accorder ce suivi systématique.
PQ › Nous proposons l’embauche de 600 professionnels supplémentaires pour accompagner les élèves dans la réussite scolaire.
PLQ › On le fait déjà ! La lecture, c’est la clé. Nous avons un plan d’action dont je n’ai pas les détails.
CAQ: on refile la patate aux autres. L'autonomie des établissements a le dos large. Comme si les membres d'un CE étaient des spécialistes en éducation. Le jugement professionnel des enseignants? La CAQ entend réduire leur présence sur les CE, donc on comprend qu'il s'agit d'une phrase creuse. L'avis d'un enseignant ne vaut rien sans une direction ouverte et des ressources adéquates. Et on manque de professionnels pour assurer un suivi systématique.

PQ: 600 professionnels pour 2 800 écoles? Et il faudra les trouver, ces professionnels comme on peut le lire dans ce billet.
PLQ: réponse malheureuse. Ne jamais parler d'un plan qu'on ne connait pas.  Ça mine sa crédibilité.
Zéro à tout le monde.

3 - Que prévoit votre parti pour augmenter les exigences académiques pour être admis au baccalauréat en éducation et créer un ordre professionnel des enseignants ? 
CAQ › La CAQ veut mettre en place un ordre professionnel qui s’assurera d’encadrer les exigences de cette profession.
PQ › Nous ne croyons pas qu’un ordre professionnel soit utile; nous croyons à un système de mentorat entre anciens et jeunes enseignants.
PLQ › Plus de formation c’est bon. La voie choisie est la formation continue. Un ordre professionnel est quelque chose dont nous devrons discuter avec les enseignants, mais nous ne rejetons pas l’idée.
Question annulée. Question abordant deux volets distincts. Très mauvais méthodologiquement. Ici, la question de M. Royer est biaisée puisque celui-ci croit aux vertus d'un ordre professionnel. Implicitement, il favorise donc les positions de la CAQ. De plus, M. Royer est quelque peu dans le champ. Il est difficile d'augmenter les exigences académiques pour être admis en éducation quand les programmes qui y sont reliés ne remplissent pas leur contingent et qu'on est en pénurie d'enseignants.  Notons que la CAQ aurait pu indiquer qu'elle compte attirer des candidats de meilleure qualité en augmentant le salaire des enseignants. Une occasion manquée de ploguer son propre programme.

4 - Que prévoit votre parti pour porter une attention particulière à l’échec scolaire des garçons en intervenant très tôt et pour valoriser la contribu­tion des hommes en éducation ?

CAQ › Donner plus d’autonomie à une école lui permettra de faire les choix de ressources et de projets répondant mieux aux goûts des garçons; on donne aussi davantage de pouvoir et d’intérêt à la profession d’enseignant.
PQ › Un crédit d’impôt pour une activité sportive est un facteur qui peut soutenir la réussite scolaire. Et l’embauche de 600 professionnels supplémentaires peut y contribuer.
PLQ › Bien sûr la lecture est un élément important. C’est dans notre stratégie globale de 2009. Nous croyons qu’il faut valoriser globalement la profession des enseignants, autant hommes que femmes.
Question annulée. Question abordant deux volets distincts. Très mauvais méthodologiquement. Ici, le propos implicite de M. Royer soulève des questionnements. Tout d'abord, il accorde une importance plus grande au décrochage des garçons qu'à celui des filles alors que l'un devrait être aussi préoccupant que l'autre. Que deux filles sur dix décrochent devrait interpeler autant un chercheur universitaire que le fait que trois garçons sur dix décrochent. Ensuite, cette question réduit la problématique du décrochage aux garçons et montre, quant à moi, que M. Royer, que je respecte, a une mauvaise perception de ce problème et des solutions pouvant le régler. Ensuite, rien n'indique qu'une plus grande contribution des hommes en éducation ait un impact sur le décrochage des garçons. Il existe des pays où on retrouve autant, sinon plus, de femmes en éducation et les garçons réussissent tout aussi bien que les filles, sinon mieux. Si le sexe de ceux qui enseignent à nos enfants avait une influence sur leur réussite, il faudrait encore plus se questionner sur la réussite «toute relative» des filles avec une présence si massive des femmes en enseignement. Suivant la logique de M. Royer, aucune fille ne devrait décrocher avec toutes les femmes qu'on retrouve dans nos écoles!
CAQ: théoriquement, donner plus d'autonomie aux écoles ne garantit pas automatiquement une baisse du décrochage. Si l'on comprend mal ce phénomène, les CE risquent de se contenter de recettes magiques. Par contre, certains projets peuvent avoir des effets bénéfiques par leur caractère mobilisateur et non pas par leur caractère intrinsèque.
PQ: équation sexiste (sport égale garçon) et ne correspondant pas toujours à la réalité.  Encore les 600 professionnels fantômes...
PLQ: propos vagues et creux. Comment comptez-vous valoriser davantage la profession d'enseignant?

5 - Que prévoit votre parti en vue d’une intervention intensive, dès la première secondaire, auprès des jeunes qui arrivent avec des retards d’apprentissage et des problèmes de comportement ?

CAQ › Par des ressources professionnelles accrues telles que l’orthopédagogie, l’orthophonie, la psychologie, l’ergothérapie et le soutien par les techniciens en éducation spécialisée.
PQ › Encore une fois, l’embauche de 600 professionnels supplémentaires peut contribuer à soutenir un personnel essoufflé.
PLQ › Cibler ceux à risques qui arrivent et faire un suivi est tout à fait correct. Ça se fait déjà beaucoup dans les écoles et nous avons les moyens de le faire.
CAQ:  pensée magique. On manque de certains professionnels et il n'est pas intéressant pour eux de travailler dans les écoles québécoises.
PQ: même constat. Encore les 600 professionnels fantômes...
PLQ: manifestement, ce candidat vit dans une autre réalité quand il déclare: «Ça se fait déjà beaucoup dans les écoles et nous avons les moyens de le faire
Zéro à tout le monde.

6 - Que prévoit votre parti pour utiliser la période estivale pour combler les retards scolaires, plutôt que le redoublement ou la promotion automatique ?

CAQ › Ce choix doit appartenir à l’équipe-école qui déterminera les meilleures façons de faire pour répondre aux besoins des élèves et des parents.
PQ › Nous n’avons pas d’opinion arrêtée là-dessus; nous visons la réussite.
PLQ › Nous ne favorisons pas le redoublement, mais c’est le choix des parents et de l’école. Utiliser l’été n’est pas mauvais en soi; il faudrait voir comment aménager tout ça.
La question de M. Royer traduit une certaine incompréhension de la réforme ou de la réalité scolaire. De même pour les réponses de tous les candidats. Il est incompatible d'utiliser la période estivale pour combler des retards académiques si on entend respecter les préceptes du Renouveau pédagogique. Les cours d'été, reconnaissons-le sont des mises à niveau ressemblant parfois à du bourrage de crâne.
CAQ: on refile encore la patate aux autres. Il y aura autant d'écoles que de solutions. Vaut mieux inscrire son enfant à la bonne alors! Tiens, en passant, les cours d'été, ce sont encore les centres régionaux de services qui vont devoir s'occuper de cela. L'autonomie de l'école a donc ses limites.
PQ: Zzzzzzzzzzzzzzzzzz...
PLQ: Je ne l'écoute plus.
Zéro à tout le monde.

7 - Que prévoit votre parti pour rendre la fréquentation scolaire obligatoire jusqu’à 18 ans, comme c’est le cas en Ontario, au Nouveau-Brunswick, en Allemagne et dans 21 États américains, tel que souhaité par le président Obama.

CAQ Non ce n’est pas prévu. Il ne s’agit pas d’obliger les élèves à rester à l’école jusqu’à 18 ans, mais plutôt de les intéresser à y demeurer en améliorant les parcours scolaires.
PQ Nous sommes prêts à l’examiner; nous voulons consulter, voir la faisabilité et les coûts engendrés.
PLQ › Ce n’est pas dans nos projets. Notre politique est de mettre tous les incitatifs en place pour maintenir les jeunes à l’école.
Question annulée. M. Royer parle d'une mesure trop précise et il sait pertinemment qu'elle ne fait pas partie des plateformes électorales des trois formations. Par contre, il s'agit d'une idée que je partage entièrement.
CAQ: réponse de politicienne. Une occasion manquée encore de ploguer sa plateforme en parlant des activités parascolaires dans le cadre de l'engagement concernant les cinq heures de plus par semaine à l'école secondaire.
PQ: cette idée est soulevée depuis au moins deux ans. Cette réponse est une preuve que le PQ ne suit pas l'actualité à ce sujet ou manque d'initiative.
PLQ: J'entends une voix...

8 - Que prévoit votre parti pour permettre à tous les jeunes du secondaire, handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage, de fréquenter les écoles privées ou à vocation particulière ?

CAQ › La CAQ veut rendre le réseau public plus performant. En y ajoutant plus de services, nous favorisons nécessairement la réussite d’un plus grand nombre.
PQ › Nous voulons modifier le financement des écoles privées pour intégrer et soutenir les élèves en difficulté. Nous allons forcer leur intégration dans ces écoles.
 PLQ › Nous avons déjà demandé aux écoles privées d’intégrer les enfants en difficulté. Notre message est passé; on m’informe qu’un colloque sera organisé là-dessus. 
CAQ: a-t-on bien compris toute la question ici? On parle entre autres des écoles privées. «Plus de services», c'est encore vague.
PQ:  a-t-on bien compris toute la question ici? On parle entre autres des écoles à vocation particulière.
PLQ: «on m'informe que...» Donc, ce candidat ne le savait pas avant? Crédibilité nulle.
Zéro à tout le monde.
Total:
CAQ: 0 sur 5 avec mention «capable de meilleurs résultats».
PQ:    1 sur 5 avec mention «on ne se pète pas les bretelles».
PLQ:  0 sur 4 avec mention «cancre».

********
Si l'actualité se calme, je propose sous peu de publier ma plateforme électorale en matière d'éducation préscolaire, primaire et secondaire ainsi que de répondre à ces huit questions. On va rigoler et vous pourrez vous payer ma gueule.






19 août 2012

Le débat et l'éducation


Le débat des chefs à la SRC a peu abordé le thème de l'éducation préscolaire, primaire et secondaire. Voici les quelques «lignes» lancées par les chefs.

CAQ
  • On va réduire les dépenses des commissions scolaires. (Réduire? La CAQ veut les abolir)
  • Les écoles secondaires ouvertes jusqu’à 17 heures. (Faux. Certaines écoles.)
PLQ
  • Changer des structures ne crée pas de l’emploi mais des chicanes.
  • Vous n'avez pas cru à la pensée magique des gains d’efficacité à l’époque.
QS
  • Si les tâches demeurent les mêmes, on ne fait pas d’économie.
  • Trop de parents paient pour envoyer leurs enfants à l’école. 

On n'aura décidément pas appris grand-chose.

18 août 2012

Politico-fiction: la CAQ prend le pouvoir et...

Chaque école devient...

Chaque école devient une entité autonome et régie par un CE qui détient les pouvoirs d'un conseil d'administration. Ce conseil est dorénavant formé majoritairement de parents. Ces derniers sont élus pour des mandats de deux ans. Malheureusement, comme d'habitude, après un engouement passager de vouloir affirmer leur nouveau pouvoir en matière scolaire, peu de parents participent à l'élection de leurs représentants lors de l'assemblée générale de début d'année. Lentement, on s'aperçoit que certains CA sont noyautés par des individus partageant une idéologie commune en matière d'éducation et il s'ensuit de fréquentes contestations de leadership.

L'embauche de directions d'école connait quelques ratés. On se rend à l'évidence: on manque d'individus compétents pour accomplir tous les nouveaux mandats dévolus aux 2 795 directeurs d'écoles publiques autonomes. Pour attirer les meilleurs candidats, on en vient à offrir des primes diverses comme dans le secteur privé et une formation en pédagogie n'est plus requise pour occuper ce poste. On s'aperçoit également que certains directions d'école, pour être réembauchées, sont devenues davantage d'habiles politiciens que des gestionnaires efficaces.

La gestion des écoles québécoises connait de nombreuses disparités et le MELS met sur pied une équipe d'inspecteurs pour s'assurer du respect de certaines normes minimales. Dans certains cas, le MELS doit même intervenir et mettre sous tutelle des écoles dont la gestion les pousse à connaitre déficit sur déficit ou qui ne respectent pas des normes minimales. Les élèves éprouvant des difficultés scolaires sont, par exemple, perçus comme étant un poids financier et certaines écoles s'arrangent pour ne pas les compter parmi leurs élèves.

Chaque région devient...

On assiste à des luttes importantes entre des écoles de diverses régions en décroissance pour attirer la faible clientèle scolaire qu'on y retrouve. Comme il n'existe plus de bassin d'élèves préétablis, certaines petites écoles estiment se faire «voler» des élèves par des écoles plus grandes ayant plus d'élèves, de ressources et d'équipement pour instaurer des programmes particuliers plus attrayants et vendeurs. C'est la loi de la concurrence qui s'applique, ne l'oublions pas.

À moyen terme, devant les luttes entre chaque école et pour des raisons d'équité, le MELS se résout à interdire les programmes particuliers aux allures régionales et instaure des bassins de clientèle fixes.

À l'extérieur des grands centres urbains, des petites écoles doivent immédiatement se regrouper pour avoir une direction commune. Les rivalités et les disparités locales sont autant de sources de conflits entre les parents. On observe des tensions entre les parents des différents CE.

Les centres de services régionaux qui, au départ, devait être des coopératives de services imposent de plus en plus leurs normes aux écoles utilisatrices. Le valet se transforme lentement en maitre. La mise en commun des ressources des écoles crée plusieurs conflits entre elles et on assiste ici aussi à des alliances politiques entre certains établissements au détriment d'autres.  Les couts de transition entre les commissions scolaires et ces centres soulèvent de nombreuses controverses et se traduisent à court terme, du moins on l'espère,  par une diminution des services offerts aux écoles.

De nombreux employés des commissions scolaires ont réussi à se replacer dans des écoles mais d'autres, plus astucieux, ont flairé la bonne affaire et ont fondé leur propre entreprise de services, notamment en ce qui a trait au service de la paie, du soutien informatique et de l'entretien des immeubles. À moyen terme, les couts reliés à ces services sont plus importants qu'à l'époque des commissions scolaires. D'autres employés, et pas nécessairement des cadres, sont au chômage.

Les enseignants et le personnel deviennent...

Au sein des conseils d'établissement, la place des membres du personnel et des enseignants est proportionnellement réduite comparée à maintenant. Ceux-ci sont maintenant perçus comme des employés.

Si chacun est régi par une convention nationale globale, chaque école a une convention locale et un syndicat distinct. Un ordre professionnel est instauré malgré la volonté des enseignants. La précarité dans ce secteur d'emploi devient plus grande. La sécurité d'emploi est dorénavant abolie et on fonctionne maintenant sous la forme de contrats de trois à cinq ans.

Le milieu scolaire devient moins attirant pour les jeunes candidats. Le début de l'augmentation de salaire - de 20% en moyenne et étalée sur six ans - a été reporté à la suite de la crise économique qui secoue maintenant le Québec. La pénurie d'enseignants se maintient donc, avec les conséquences que l'on sait.

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Voilà un scénario parmi tant d'autres. J'aurais pu verser dans l'apocalyptique avec une version hard ponctuée de débrayages et de lois spéciales. Mais chose certaine, je ne crois absolument pas à la version Petite pouliche rose qu'on essaie de nous vendre.

Pourquoi? Beaucoup trop de changements prévus. Beaucoup trop d'acteurs concernés. Pas assez de concertation entre eux. Et pas assez de planification avant d'avoir lancé de telles idées.






17 août 2012

CAQ: votez tout de suite, recevez plus tard

On connait tous ces annonces où l'on peut acheter tout de suite et ne rien payer avant deux ans. En politique, on assiste parfois à la même chose: votez tout de suite et attendez la réalisation de nos promesses plus tard.

C'est le cas avec la CAQ actuellement en éducation. (Pour les autres partis politiques, j'essaierai de faire le même exercice.) Si l'on regarde le cadre financier de cette formation politique, on découvre plussieurs points intéressants comme l'a souligné un commentateur anonyme dans le billet précédent.

Réduction des dépenses

Dans la section «Réduction des dépenses» (page 4 - tableau 2), on parle des «gains en efficacité chez Hydro-Québec», de la «Fermeture du siège social de l'Université du Québec» et de l'«Abolition des agences de la santé et des servies sociaux du Québec» comme la CAQ s'y est engagée, mais pas un mot sur une éventuelle abolition des commissions scolaires. Je ne comprends pas.

Année prévue des réalisations

Dans la section «Coûts des engagements de la Coalition Avenir Québec» (page 5 - tableau 3), là aussi, quelques petites surprises.

Tout d'abord, nous sommes en 2012-2013 pour ce qui est des budgétaires scolaires. Or, la CAQ n'entrevoit pas dépenser un sou avant deux ans pour respecter ses engagements en matière d'éducation. Donc, rien cette année (on le comprend), mais rien non plus l'année prochaine. Or, n'est-ce pas ce parti qui a affirmé incarner le changement et dont le chef a déclaré: «On va garder le cap sur nos objectifs. Maintenant, sur les moyens, on peut s’ajuster. De toute façon, on dit qu’on veut entreprendre ces changements dans les 100 premiers jours, mais on va les faire graduellement.»

Dans le cas de l'engagement «Une heure de plus à l'école», on y va de 50M $ en 2014-2015 avant de respecter intégralement la promesse de 290 M$ en 2015-2016.

Dans le cas du «Soutien des élèves en difficulté», on parle de 50 M$ en 2014-2015, de 200M$ en 2015-2015 et de 250M$ par la suite.

Dans le cas de l'«Initiation à la culture», on y va de 10 M$ en 2014-2015, de 30, 40 et 50 M$ les années suivantes.

C'est dans le cas de la «Rémunération des enseignants» que l'écart est le plus grand entre la promesse et la réalité budgétaire. La CAQ a promis une augmentation moyenne de 20% du salaire des enseignants. Or, voici les chiffres de cette formation politique concernant celle-ci.

2013-2014 : 0            
2014-2015:  0             
2015-2016:  120 M$ 
2016-2017:  290 M$  
2017-2018:  410 M$ 


En 2018, il y aura donc une augmentation cumulative de 820 M$ par rapport à aujourd'hui. Si l'on regarde ces chiffres, on est en deça du milliard de dollars prévu annuellement selon cet article:

Selon les informations qui ont circulé dans les médias hier, les membres de la Coalition pour l'avenir du Québec, dirigée par François Legault, proposeront d'augmenter de 20 % à 30 % la rémunération des enseignants, une mesure qui serait financée en haussant les tarifs d'hydroélectricité. Or, cette augmentation pourrait représenter des dépenses supplémentaires allant jusqu'à 1 milliard $, puisque la masse salariale des enseignants est d'environ 5 milliards $, en tenant compte des avantages sociaux

Si on sait qu'il y a environ 100 000 enseignants au Québec (primaire, secondaire secteur jeunes adultes et formation professionnelle), on en arrive aux augmentations de salaire annuelles suivantes:

2013-2014 : augmentation annuelle moyenne:  0,00$
2014-2015:  augmentation annuelle moyenne:  0,00$
2015-2016:  augmentation annuelle moyenne:  1 200,00$
2016-2017:  augmentation annuelle  moyenne: 2 900,00$
2017-2018:  augmentation annuelle moyenne:  4 100,00$

Si on se base sur le salaire moyen d'un enseignant québécois en 2007-2008 (soit 58 430$), une augmentation de 20% aurait dû se traduire par 11 686$ de plus. Ici, la CAQ propose d'augmenter le salaire moyen des enseignants de 14% (soit 8 200,00$) à la cinquième année de sa prise du pouvoir. Cet écart devrait être plus grand si j'avais eu sous la main des chiffres plus récents.

Bon, il se peut que je me trompe quelque peu dans mes chiffre concernant l'augmentation du salaire des enseignants. Mais on notera les points suivants;
- aucune augmentation de salaire n'est prévue pour les deux premières années alors qu'on peut parier que la CAQ, si elle forme le gouvernement, demandera des efforts aux eneignants;
- cette augmentation se fera graduellement sur une période de cinq ans;
- l'augmentation de salaire la plus substantielle, soit au moins la moitié, n'aura lieu qu'en fin de mandat de la CAQ.

Or, cinq ans, en politique et en économie, c'est une éternité.


16 août 2012

Le programme de la CAQ - deuxième partie

Dans ce deuxième billet portant sur la plateforme électorale de la Coalition Avenir Québec (voir les précédents ici, ici, ici et ici), on touche le coeur de celui-ci en éducation. Honnêtement, je ne comprends pas que les adversaires de la CAQ ne décortiquent pas davantage le programme de cette formation politique. Le niveau d'analyse des engagements de cette formation politique est faible et lui permet de marquer bien des points dans l'électorat par des promesses populistes et parfois irréalistes.

Ce billet est long. Il en vaut la peine.

Engagement 21: offensive majeure contre le décrochage scolaire
LA CAQ entend mettre tout en oeuvre tout un programme pour contrer le décrochage scolaire. C'est la base même de son programme en éducation et le principe qui guide toutes ses actions, comme on le verra. Elle a pour objectif d'augmenter de 8% d'ici 2020 le taux de diplomation, pour le faire passer de 73,8% à 80%.

Trois  commentaires. Un: les pourcentages calculés par le MELS, ce ne sont que des chiffres qui peuvent être «trafiqués» par un gouvernement ou un autre selon comment on calcule celui-ci. Une telle promesse vaut ce qu'elle vaut. Deux: selon la hausse du taux de diplomation  qu'on observe depuis quelques années, on peut se demander si le taux fixé par la  CAQ ne sera pas atteint de toute façon, quoi que l'on promette. Trois: il y a un an, M. Legault était bien plus ambitieux. Il proposait un taux de diplomation de  85%. Cette façon de lancer des chiffres sans trop qu'on sache sur quoi l'on se base est exaspérante et irresponsable, quant à moi.

À travers une réorganisation (dont l'abolition des commissions scolaires), la CAQ entend consacrer des ressources supplémentaires pour permettre de dépister les problèmes d’apprentissage afin d’assurer un soutien rapide aux enfants en difficultés, notamment dans les milieux socioéconomiques défavorisés où le taux de décrochage est plus élevé. Elle veut également ajouter des professionnels en orthophonie, en psychoéducation, en orthopédagogie et en psychologie dans les écoles. 

Aussi, on le verra, rien ne prouve que la réorganisation proposée par la CAQ dégagera des sommes significatives. De plus, il faut bien mal connaître le monde de l’éducation pour y aller d’une telle promesse. Actuellement, le milieu scolaire est aux prises avec une pénurie de professionnels. Qui plus est,  plusieurs d’entre eux ne veulent plus oeuvrer en éducation, car les conditions salariales et de travail qu’on y retrouve sont nettement insuffisantes par rapport à la pratique privée. On a beau promettre, il n'y aura rien à offrir ici.

Engagement 22: plus d'autonomie aux écoles (i.e abolir les commissions scolaires)
C'est ici que la CAQ entend abolir les 69 commissions scolaires actuelles (60 francos, 9 anglos) pour verser  les sommes versées à celles-ci directement aux écoles. Or, il se peut que je ne comprenne rien aux finances, mais la CAQ semble commettre une erreur  dans son programme  en confondant  frais de gestion et frais de fonctionnement (voir page 36). Est-ce vrai que «L’abolition des commissions scolaires permettra d’économiser environ la moitié de leur budget actuel de fonctionnement» comme on l'écrit à la page 37?  Si un intervenant peut m'éclairer ici, tant mieux!

LA CAQ entend créer 39 centres de services régionaux (30 francos, 9 anglos) pour permettre à diverses écoles de s'offrir des services en commun (transport scolaire, entretien des écoles, etc.). Pour la CAQ, cette structure serait souple. C'est à voir avec le temps...

Dans les faits, aucune analyse n’a été effectuée démontrant que les élèves recevront davantage de services directs et ressortiront gagnants de cette réorganisation structurelle. Ce n’est pas parce qu’on martèle sans cesse cette idée dans l’opinion publique qu’elle est nécessairement vraie. De plus, il n’existe aucune analyse des coûts des départs et des mises à la retraite d’employés, dont certains devront fort possiblement être réembauchés dans les nouvelles structures proposées. 

Ce que l’on sait, par contre, c’est qu’une partie importante des services actuellement offerts par les CS devront encore être assurés par les écoles ou les centres de services régionaux. Qu’on pense au transport scolaire, à l’entretien des immeubles, au service de la paie, etc.  Les écoles et les centres de services régionaux devront également embaucher des employés pour vaquer aux nouveaux mandats qui leur seront confiés. Ce que l’on sait enfin, c’est que les coûts pour effectuer certains services seront plus élevés si l’on doit faire affaire à des entreprises privées qu’à des employés scolaires. 

Le programme de mises à la retraite anticipée des enseignants et des infirmières en 1997 ainsi que les fusions municipales sont autant de gâchis dont on doit se rappeler avant de croire au bien-fondé des grandes restructurations organisationnelles proposées par la CAQ. Ici, ce parti, qui prétend vouloir former un gouvernement responsable, n’a pas fait la preuve de l’efficacité du changement qu’il propose. L’abolition des commissions scolaires est davantage un credo populiste qui gaspillera temps et énergie. Il existe des moyens de les rendre plus efficaces, mais la CAQ a choisi la voie facile et dangereuse de procéder à leur abolition, ce qui fera que le monde de l’éducation connaitra une autre de ses réformes inefficaces et coûteuses. 

Au bas mot, ce seront des dizaines de milliers d’employés que la Coalition bardassera de la sorte pour des fins politiques. Des secrétaires, des menuisiers, des experts en ressources humaines. Sans aucune preuve que cette proposition génèrera des économies qui seront directement affectées aux services à l’élève,  il est humainement irresponsable, selon moi, de se lancer dans une telle aventure.

Également, la CAQ peut-elle préciser à quoi serviront les directions régionales du ministère de l’Éducation une fois cette restructuration effectuée si les centres régionaux de services peuvent , comme on peut le lire dans son programme électoral, «prendre en charge» (sic) une partie des pouvoirs qui leur sont actuellement dévolus?

Engagement 22: plus d'autonomie aux écoles (i.e des écoles autonomes)
Un autre fer de lance du programme de la CAQ est de conférer une plus grande autonomie aux écoles. Ainsi, les conseils d’établissement de chaque établissement auront des pouvoirs accrus et les parents verront leur représentativité sur ceux-ci augmenter alors que celui des membres du personnel sera tout au moins proportionnellement réduite, si ce n'est pas abolie. Soulignons aussi le paradoxe de voir une formation politique donner plus de pouvoirs aux parents dans le fonctionnement d'une école alors que son propre chef estime qu'ils transmettent de mauvaises valeurs à leurs enfants.

Que vaut cette autonomie sur papier quand on ne sait pas de quels moyens financiers supplémentaires disposeront les écoles? Toutes les directions d'école du Québec sont-elles aptes à relever un tel mandat?
 
Par ailleurs, une fois les commissions scolaires abolies, qui prendra les décisions concernant des litiges entre chaque école? Par exemple, qui déterminera quelle école offrira un programme sport-études et pas une autre? Autrefois, ces décisions revenaient  à des commissaires (trop faiblement élus). Mais maintenant, seront-elles prises par des fonctionnaires ministériels non redevables devant la population? N’assiste-t-on pas ici à une perte du pouvoir démocratique des contribuables? 

Enfin, autres questions sans réponse : qui embauchera et congédiera les directions de ces écoles autonomes? Qui embauchera et congédiera les enseignants? Quelle convention collective régira les rapports entre les écoles et leurs employés?  Quelle convention collective régira les rapports entre les centres de services régionaux et leurs employés?  Il ne faut pas croire qu’il s’agit de détails insignifiants quand on sait qu’il y a plus de 90 000 enseignants au Québec. Le silence de la CAQ à ce propos est d’autant plus lourd que ces questions lui a déjà été posées il y a plus d’un an  

Engagement 23: revaloriser la profession d'enseignant
Pour la CAQ, la réussite des élèves passe par des enseignants compétents et motivés. Pour atteindre cet objectif, elle propose divers moyens, dont deux sur lesquels j'aimerais m'attarder.

Tout d'abord, elle entend augmenter le salaire des enseignants afin d'attirer de meilleurs candidats. J'appelle cela un raisonnement de comptable. Quelqu'un de cette formation politique sait-il qu’en enseignement, les bons candidats sont davantage concernés par des valeurs humaines et sociales que monétaires? Le chef de la CAQ croit-il réellement que cette profession sera attirante pour de jeunes universitaires alors qu’il a en tête de retirer la sécurité d’emploi des enseignants et de les embaucher pour des contrats de trois à cinq ans? Enfin, les jeunes candidats seront-ils attirés par une augmentation de salaire  qui dépendra vraisemblablement d’une augmentation de leur tâche de travail?

Il faut savoir aussi que cette augmentation de salaire a connu diverses versions. M. Legault a tout d'abord parlé de 20 à 30% pour tous les enseignants. Maintenant, on en est rendu à une moyenne de 20% avec peut-être des tâches supplémentaires à accomplir.

Bien des candidats universitaires méritants ne veulent pas oeuvrer dans le domaine de l'éducation parce que le climat actuel des écoles est trop difficile et que certains élèves et parents manquent de respect à l'égard des éducateurs. En quoi un salaire plus élevé changera-t-il cet état de fait? 

La CAQ entend aussi encadrer le travail des enseignants par un ordre professionnel et évaluer  leur performance, en tenant compte entre autres de la réussite des élèves. Dans les faits, avec de telles mesures, les enseignants seraient les seuls employés du réseau de l'éducation aussi évalués. Ils seraient aussi parmi les professionnels les plus évalués au Québec. Ils seraient même plus évalués que certains anciens ministres de l'Éducation....  

Est-ce une mauvaise chose? Tout est dans la manière et dans les buts poursuivis. Personnellement, je trouve que les moyens mis en oeuvre sont hors proportion si, comme l'affirme M. Legault, il n'y a que 5% d'enseignants incompétents au Québec. Ou cette manoeuvre cache autre chose ou, à la CAQ, on est tout simplement trop zélé.

Une conclusion
Pour conclure, le programme électoral  de la CAQ traduit une méconnaissance certaine de l’enseignement et du réseau de l’éducation ainsi que de l’enseignement. Après avoir soutenu une réforme pédagogique désastreuse, M. Legault propose maintenant une réforme organisationnelle improvisée pour dégager des sommes dont il ne précise pas la hauteur afin d'embaucher des spécialistes dont on sait qu'ils sont en pénurie. Si les programmes de Parti libéral et du Parti québécois ne sont pas assez contraignants en ce qui a trait à la gestion des commissions scolaires, par exemple. il faut croire que, pour la Coalition Avenir Québec, la solution afin de régler un problème est de le faire disparaître et d’en créer de nouveaux. 

Je ne dis pas que certaines idées mises de l'avant par le parti de M. Legault soient foncièrement mauvaises, sauf qu'elles ne sont pas appuyées sur des analyses sérieuses. En ce qui concerne l'abolition des commissions scolaires, par exemple, je n'ai jamais rien recensé à ce sujet sauf des déclarations politiques. Encore une fois, et je radote, on ne peut pas entreprendre des changements majeurs de la sorte en éducation sur le fruit d'une intuition, de quelques réunions entre partisans d'une même idée ou d'un élan populiste. C'est téméraire, imprudent, irresponsable quand on pense aux élèves pour qui on entend oeuvrer.

Enfin, je note que le programme de la CAQ ne renferme pas une promesse faite par M. Legault il y a quelques mois visant à geler les subventions aux écoles privées pour consacrer ces sommes à l'amélioration du réseau public. De même, la CAQ n'entend pas étudier le nombre de fonctionnaires qu'on retrouve au ministère de l'Éducation et ses différentes directions régionales. Une lacune sérieuse, quant à moi, quand on prétend questionner les sommes dépensés en éducation et remettre en question la structure administrative dans ce domaine.

Quelques autres billets sur la CAQ:

14 août 2012

Éclairez-moi quelqu'un!

M. Legault affirme qu'il y a 4 000 emplois dans les commissions scolaires et qu'il compte en couper la moitié.

Or, je regarde ce tableau de la commission scolaire de Montréal et voici les chiffres qu'on y retrouve. Qui est coupé et qui garde son emploi là-dedans? À part les enseignants, bien sûr.

Année 2010-2011
Catégories d'emplois
Total
Réguliers
Total
Non réguliers
Grand total
Personnel hors cadre
4
0
4
Personnel cadre supérieur et directeur de service
33
2
35
Personnel cadre
38
1
39
Personnel de direction de centre et adjoint
82
1
83
Personnel de direction d'école et adjoint
310
1
311
Personnel de gérance
54
1
55
Personnel professionnel
745
205
950

Personnel enseignant



Jeunes
5143
0
5143 
Formation professionnelle
247
0
247
Formation générale des adultes
199
0
199
Sous contrat
2140
0
2140
Suppléance
0
2008
2008 
À la leçon
0
207
207 
À taux horaire
0
2988
2988 

Total du personnel enseignant
7729
5203
12932 

Personnel de soutien administratif
727
384
1111 
Personnel de soutien technique
1008
485
1493 
Personnel de service de garde
1038
1169
2207 
Personnel de surveillant de dîner et études dirigées
0
1553
1553 
Personnel ouvrier et aide-concierge
423
430
853 
Personnel concierge
201
267
468 
Personnel de cafétéria
134
290
424 
Honoraires, contrats et autres emplois
0
798
798 
Grand total des emplois
12526
10790
23316 
Total des employés réels *
         12021
       4919
16940











































































































CAQ: les perles de la journée

Je n'ai pu m'empêcher de rire en les lisant:

François Legault m'a convaincu: je vote pour un parti qui aura un chef asiatique à sa tête.

François Legault est ce politicien qui dénigre les parents québécois un jour et leur donne des écoles autonomes à gérer le lendemain.



12 août 2012

Le programme de la CAQ en éducation - première partie

Dans un précédent billet, j'abordais la plateforme électorale du Parti québécois en matière d'éducation primaire et secondaire. On y retrouvait huit engagements précis que j'estimais plutôt faibles et sans saveur.

Aujourd'hui, je consacre un premier billet aux engagements électoraux de la Coalition Avenir Québec (CAQ) concernant le même sujet. Je m'attarderai tout d'abord sur les mesures qui seront assurément peu couvertes par les médias traditionnels. Notons que deux engagements précis ont déjà été analysés, soit l'engagement 91 portant sur le soutien aux arts et à la culture pour les jeunes et l'engagement 20 concernant les cinq heures de plus par semaine à l'école secondaire.

*********
Engagement 82: fin de la pratique des écoles passerelles

LA CAQ entend mettre un terme aux écoles passerelles. Celles-ci, on le sait, sont des écoles de langue anglaise privée qui permettent aux élèves qui les fréquentent, ainsi qu'à leurs frères, soeurs et descendants, d'y acquérir après un certain parcours un droit constitutionnel à l'enseignement en anglais.

Pour y parvenir, la CAQ entend demander un amendement à l'article 23(2) la Charte canadienne des droits et libertés. On comprend mal que cette formation politique choisisse cette solution alors qu'elle affirme vouloir se tenir loin des chicanes constitutionnelles. On peut aisément présumer que cette demande se heurtera à un refus. Par contre, il est de bon aloi de demander un tel changement avant d'utiliser la clause dérogatoire pour défendre la langue française.

Engagement 30: meilleure intégration des élèves ayant des besoins particuliers

L'engagement de la CAQ semble mener à un resserrement des critères d'intégration des élèves en difficulté dans les classes régulières (on devrait plutôt parler de classes ordinaires) et à une augmentation des classes spéciales. Cette mesure s'inscrit à contrecourant de la tendance observée avec la réforme scolaire qu'a pourtant préconisée M. Legault. Elle risque de diviser les parents, selon le type d'enfant qu'ils ont sous leur gouverne.

Par ailleurs, la CAQ assure qu'elle augmentera l'accès aux élèves et aux enseignants à des services spécialisés dont ils ont besoin  (orthophonie, orthopédagogie, psychoéducation et psychologie). Cet engagement est vague et dépendra des ressources financières mises à la disposition des écoles. Mais surtout, il est étonnant que les membres de cette formation politique semblent ignorer la pénurie qui existe actuellement en ce qui a trait aux professionnels en éducation. Plusieurs d’entre eux ne veulent plus oeuvrer dans des établissements scolaires publics, car les conditions salariales et de travail qu’on y retrouve sont nettement insuffisantes par rapport à la pratique privée.

Engagement 29: cours sur l'économie, les finances personnelles et l'entrepreneurship

La CAQ propose la création d’un cours obligatoire n quatrième secondaire portant sur l’économie, les finances personnelles et l’entrepreneurship afin de remédier aux connaissances insuffisantes des jeunes Québécois en la matière. Cette idée devrait recevoir un bon accueil en général, mais soulève  l'interrogation à savoir comment sera réaménagée la grille-matières de la quatrième année du secondaire. 

Engagement 28: abolition du cours d'éthique et culture religieuse au primaire 

La CAQ entend donc abolir ce cours au primaire. Les raisons invoquées peuvent cependant laisser  certains observateurs perplexes.  Ainsi, à l'appui de cette mesure, on invoque les doutes des parents sur la pertinence de ce cours et la façon dont il est enseigné au primaire ainsi que la volonté de consentir davantage de temps aux matières de base.  On se rappellera que M. Legault  a été ministre de l'éducation lors de l'implantation de ce programme. Cet engagement ressemble à une concession faite  aux membres de la défunte ADQ.

Engagement 27: meilleur enseignement des langues

Afin d'assurer un meilleur enseignement du français, la CAQ affirme qu'elle ajoutera des ressources additionnelles à cet effet sans préciser lesquelles et combien il en coûtera. Par ailleurs, elle entend instaurer des examens nationaux à tous les cycles du primaire et du secondaire. 

On me permettra d'être critique quant à cet engagement. Ce n'est pas tant le nombre d'examens que l'on administre que les exigences de ceux-ci qui importent. A-t-on également évalué le coût de ces examens, mais aussi leur impact sur la pédagogie alors que, dans les faits, certains enseignants auront l'impression d'enseigner pour évaluer?

En ce qui a trait à l'anglais, la CAQ ne remet pas en question l'enseignement de cette langue durant une demi-année au primaire.  Elle laissera aux écoles et aux enseignants de choisir les modalités et les méthodes reliées à cet apprentissage, allant même jusqu'à indiquer que cet enseignement peut débuter dès la cinquième année.  Un bémol cependant: cette autonomie causera un manque d'uniformité d'une école à l'autre, ce qui pourrait devenir problématique pour les élèves vivant un déménagement.

Dans un prochain billet, je me pencherai sur des sujets comme la valorisation de la profession d'enseignant, l'autonomie des écoles, l'abolition des commissions scolaires et l'amélioration du taux de diplômation.

10 août 2012

Il n'y a que les fous qui... (ajout)

Tiens, une autre ex-décideuse scolaire à la CAQ. Jetons un coup d'oeil à son parcours public remarquable.

Mme Denise Trudel a siégé à la commission scolaire des Premières-Seigneuries de 2002 à 2006 tout en se demandant à quoi servait une CS. Mais son poste était-il inutile alors?

«Inutile non, répond-elle. Parce que l'organisation et la structure étaient en place. Je ne considère pas que c'était inutile le temps où on était là. Mais je pense qu'aujourd'hui, on passe à autre chose.»

Mme Trudel admet elle-même qu'elle représentait un secteur qu'elle ne connaissait pas. Alors, que faisait-elle dans cette galère? Allons-y avec le reste du parcours de la dame pour trouver peut-être une réponse à cette question.

Celle-ci s'est fait élire à Québec sous le parti du maire Labeaume qu'elle a quitté pour devenir conseillère indépendante à l'hôtel de ville de Québec. Maintenant, elle se présente sous les couleurs de la CAQ.

C'est ce qu'on appelle un beau parcours politique, non? Et je rappelle qu'il a débuté alors qu'elle représentait un secteur qu'elle ne connaissait pas bien au sein d'un organisme dont elle se demandait l'utilité.

******
En passant, bordel, qu'est-ce que certains journalistes attendent pour poser des questions intelligentes au lieu de faire du copier-coller de déclarations politiques? Par exemple, à cette dame, j'aurais posé ces  questions.
1- Ok, qu'avez-vous fait d'utile pendant que vous étiez commissaire puisque vous dites ne pas avoir été inutile?
2- En quoi les CS sont-elles inutiles depuis votre départ? Qu'est-ce qu'elles faisaient à l'époque qu'elles ne font plus aujourd'hui?

09 août 2012

Pour la CAQ, l'école est une garderie

Nouvelle promesse de la Coalition Avenir Québec ce matin (ici, ici et ici): s'assurer que les heures d'ouverture des écoles secondaires correspondent aux heures de travail des parents des élèves, bref de «9 à 5».

Cette mesure serait instaurée sur une période de cinq ans et permettrait d'améliorer les services d'aide aux devoirs et d'offrir davantage d'activités sportives et culturelles. Elle ne serait pas appliquée dans toutes les régions puisqu'il faudra tenir compte des réalités de chaque milieu et des horaires du transport scolaire. Mais surtout,  le chef de la CAQ veut en finir avec ces adolescents qui entrent à la maison en fin d'après-midi et qui perdent leur temps «à jouer au Nintendo, au X-Box et des fois vedger comme ils disent.»

Une méconnaissance du milieu scolaire

L'idée est louable, mais traduit une profonde méconnaissance du milieu scolaire.

Tout d'abord, pour des raisons de logistiques de transport scolaire, il est impossible de faire commencer vers neuf heures les heures de cours de toutes les écoles secondaire d'une même région comme l'affirme la CAQ. Actuellement, pour une même commission scolaire, ces heures varient de 7h30 à 9h30.

Ensuite, dans plusieurs banlieues, les parents qui travaillent ne rentrent pas avant 18h00-18h30. Suivant la logique de la CAQ, que feront nos charmants petits bambins ainsi laissés seuls? Se pratiqueront-ils à fumer de la drogue et à boire pour se préparer au cégep, deux des activités fréquentes que l'on retrouve dans ces établissements d'enseignement, selon M. Legault?

De même, dans les banlieues et les régions, il faudra ajouter un service d'autobus scolaire supplémentaire qui coûtera une petite fortune - 290 millions $ sur cinq ans prévoit la CAQ , à moins que cette formation politique n'ait l'intention de garder tous les jeunes à l'école jusqu'à 17h00. Si c'est le cas, il faudra prévoir de sérieux casse-tête logistiques quant au transport parce que, encore une fois, il est impossible de raccompagner à la maison tous les élèves du secondaire d'une même commission scolaire en même temps.

Enfin, si on n'applique pas cette politique de façon uniforme comme le prévoit la CAQ, certaines écoles (et donc certains élèves) seront désavantagées. Ainsi, les établissements scolaires, où les classes commencent plus tard et terminent à 16h30, seront discriminées par ce programme. Auraient-ils droit au même service, mais le matin alors que des parents laissent leurs enfants perdre honteusement leur temps seuls à la maison jusqu'à 8h30 parfois?

Augmentation de salaire des enseignants

On le sait, la CAQ a proposé d'augmenter le salaire des enseignants de 20% afin de valoriser cette profession et d'y attirer de meilleurs candidats. Ce que l'on sait moins, c'est que cette proposition a été modifiée lors du premier congrès nationale de cette formation politique. Maintenant, cette augmentation sera en moyenne de 20%. Et si on lit entre les lignes, on comprend que cette augmentation sera conditionnelle, selon moi, à différents facteurs. La lecture de ce paragraphe me semble d'ailleurs assez révélatrice:

«Les enseignants seront appelés à contribuer sur une base volontaire pour l’aide aux devoirs. Et ils seront payés en conséquence, a-t-il promis. «Ceux qui vont accepter d’en faire plus auront une plus grande augmentation de salaire», a déclaré François Legault, qui s’est déjà engagé à hausser le salaire des profs de 20% s’ils acceptent de se prêter à une évaluation de leur travail en classe et d’être imputable du taux de réussite de leurs élèves.»

On ne parle donc plus d'une augmentation de salaire pour valoriser la profession, mais d'une augmentation de salaire conditionnelle à une augmentation de la charge de travail. Ce n'est pas du tout la même chose.

********

Quoi qu'il en soit, si M. Legault veut instaurer ce programme dans les écoles secondaires québécoises, c'est que les écoles primaires ont déjà leur service de garde. Il tente ici de créer un pendant de ce service au secondaire. Mais , est-ce à l'école de s'occuper des jeunes du secondaire qui perdent leur temps l'après-midi?  Pour des raisons populistes, l'école québécoise devient littéralement de plus en plus une gigantesque garderie.

Personnellement, j'aimerais bien entendre le chef de la CAQ expliquer davantage son projet d'abolir les commissions scolaires. Il en parle bien peu alors qu'il s'agit pourtant d'un bouleversement majeur pour le monde de l'éducation.

08 août 2012

Il n'y a que les fous qui...

Voir un ancien directeur-général de commission scolaire briguer les suffrages sous la bannière de la Coalition Avenir Québec, voilà qui est plutôt particulier. Pourtant, c'est ce que fait Michel Hamel, ex-dg de la commission scolaire des Premières-Seigneuries de 2000 à 2010, dans le comté de Louis-Hébert.

Il faut lire cet homme qui parle de lui à la troisième personne: «Est-ce que pendant 10 ans Michel Hamel a fait un travail inutile? Bien non, je ne crois pas. Est-ce que dans les prochaines années, ça doit continuer comme ce l'est présentement? Absolument pas. On est rendus là comme société.»

M. Hamel s'est converti à la  CAQ en automne dernier lors de comités de réflexion sur l'éducation. Mais pendant 10 ans, il aura collaboré à une structure qu'il juge aujourd'hui trop lourde.

Ah bon.




07 août 2012

Nager pour survivre: juste pour en rajouter... (ajout)

Saviez-vous qu'il y a moins de noyades cet été que l'année dernière? Avouez que ça vous étonne. Aucun journal n'en fait sa «une» non plus. Étrange...

Je vous rappelle que le MELS va dépenser des millions $ par année pour enseigner à des enfants de troisième année du primaire à faire des culbutes dans l'eau avec une veste de flottaison.


«À ce jour, pour l'année 2012, 49 personnes ont péri noyées contre 53 à pareille date l'année dernière. [...]  Les cinq dernières noyades recensées depuis le 14 juillet sont celles d'hommes de 27 à 60 ans, dans des cours d'eau et non dans des piscines. Étonnamment, les trois dernières victimes sont des plongeurs.»

Explication de la Société de sauvetage: «C'est peut-être l'effet des nombreux reportages sur les noyades dans les médias qui ont incité les gens à faire plus attention. C'est peut-être aussi le signe que les messages de prévention commencent à passer; on espère qu'ils ont quelque chose avoir avec ça.» Peut-être... Peut-être... on espère...

Je vous rappelle qu'aucune étude n'a encore prouvé que cette formation a un impact positif sur le nombre de noyades.

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Merde, même André Pratte est d'accord avec moi.

06 août 2012

Le PLQ: 100$ pour la rentrée scolaire et aide aux devoirs accrue (re-ajout)

Deux promesses du parti libéral du Québec (PLQ) aujourd'hui:
  1. les parents d’élèves qui fréquentent une école primaire publique pourront compter, dès la rentrée de 2013, sur une aide financière de 100 $, non imposable, par enfant pour l’achat d’articles scolaires.  [...] La rentrée scolaire est un moment important pour les enfants et leurs parents. Elle peut aussi être un fardeau financier considérable lorsque vient le temps de faire l’achat du matériel nécessaire. C’est pourquoi nous voulons permettre aux parents québécois de souffler un peu en leur offrant une aide financière directe.
  2. le PLQ s’engage à doubler son financement afin de permettre le développement de programmes plus flexibles, plus compatibles avec les horaires de travail des parents. Il offrira également un accès accru et un nouveau service de soutien en périodes d’examen.
 Radio-Canada explique que la première promesse, «chiffrée à 45 millions de dollars, toucherait les parents de 450 000 enfants, sans égard aux revenus.» La seconde ferait doubler «l'enveloppe budgétaire de ce programme de 20 à 40 millions de dollars.»

 S'il m'est difficile d'écrire à propos du deuxième engagement, le premier m'interpelle davantage.

Tout d'abord, pourquoi restreindre cette aide financière au niveau primaire? En effet, le décrochage scolaire frappe aussi au secondaire à ce que je sache. De plus, certains parents d'enfants au secondaire ont tout aussi besoin de souffler financièrement que ceux du primaire.

Ensuite, pourquoi cette mesure est-elle universelle? Ne serait-il pas préférable d'aider tous les parents - que les enfants aillent au primaire ou au secondaire - dont les revenus sont modestes que d'envoyer un chèque de 100$ à des parents gagnant plus de 100 000$ et dont les enfants sont inscrits à une école primaire privée?

Un dernier élément (et là, c'est juste une idée) : si on applique cette mesure de façon universelle, n'aurait-il pas été plus simple que les écoles primaires achètent pour 100$ de matériel scolaire pour chaque enfant et le distribue en début d'année? Combien en coutera-t-il pour administrer l'envoi des chèques? Combien économiserait-on en achetant en grande quantité? De plus, on éliminerait les tracas des achats de liste scolaire, d'élèves sans matériel et ainsi de suite.

On parle donc ici d'une mesure intéressante, mais mal ciblée et incomplète.


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 Diantre, la Fondation maman Dion partage à peu près l'idée exprimée ici! je vais finir par penser que je sais penser.