26 août 2012

Bulletins et admission au cégep: quand le MELS s'en mêle

Lorsque le MELS a décidé que l'année scolaire serait découpée en trois bulletins distincts, on se doutait bien que ce choix poserait des difficultés pour les élèves de la cinquième secondaire quant au processus d'admission au cégep (ici et ici). En effet, la date d'émission du deuxième bulletin retenue par le ministère pouvait aller jusqu'au 15 mars, soit deux semaines après l'envoi des demandes des finissants du secondaire. Il en résultait alors que les jeunes n'étaient parfois évalués que pour une seule étape durant moins de 60 jours et souvent que pour un seul volet dans certaines matières (par exemple, en français, il pouvait s'agir d'un des trois volets suivants:  lecture, écriture ou oral). Dans d'autres matières, comptant un plus petit nombre de périodes à l'horaire, certains enseignants se demandaient ce que pouvait signifier une note alors qu'il n'avait vu leurs élèves qu'une douzaine de fois.

Certaines écoles, soucieuses que leurs élèves de cinquième secondaire soient évalués sur un plus grand nombre de jours (environ 50 de plus) et sur un plus grand nombre de volets, ont alors adapté leur calendrier scolaire pour que les notes du deuxième bulletin soient remises par les enseignants avant le 1er mars afin que les finissants puissent soumettre les notes de deux bulletins complets lors de leur demande d'admission au collégial.

Mais voilà: la manoeuvre ne semble manifestement pas plaire à quelqu'un puisqu'en juillet dernier, durant les vacances estivales, le MELS annonçait qu'il interdisait que les résultats du deuxième bulletin, émis par certaines écoles à la mi-février, soient transmis à tout organisme externe. Entre les branches, on me dit que même les organismes responsables de traiter les demandes d'admission au collégial auraient été surpris de cette décision. Donc, finie la possibilité pour nos jeunes de soumettre lors de leur admission au cégep un portrait plus juste et plus complet de leur valeur. Seules les notes du premier bulletin émis au plus tard le 20 novembre comptera.

Le choix de certaines écoles de permettre à leurs élèves de cinquième secondaire de soumettre les notes des deux premiers bulletins n'était pas anodin. II faut savoir que les notes recueillies durant cette première partie de la cinquième secondaire valent uniquement 20% de cette année d'étude mais autant que celles de toute la quatrième secondaire dans le processus d'admission au collégial. On se retrouve donc aujourd'hui dans une situation où les notes de 60  jours d'école de cinquième secondaire et 20% d'un bulletin vaudront autant que les notes complètes de 180 jours de la quatrième. On se retrouve aussi avec des enseignants qui devront enseigner pour évaluer et surtout évaluer à la hâte pour remettre des notes pourtant grandement déterminantes dans le choix de vie de certains jeunes.

Honnêtement, comme éducateur, toute cette situation est un gâchis pédagogique incroyable. On nie la valeur des efforts et des progrès que pourraient effectuer certains jeunes. De plus, pensons qu'une fois un jeune admis dans un programme collégial après seulement 60 jours d'école de cinquième secondaire, sa candidature ne sera plus remise en question même si, lors des 120 jours restants, ses résultats connaissent une baisse importante. Au moins, autrefois, avec deux bulletins, non seulement on donnait une chance aux élèves plus faibles ou connaissant des difficultés scolaires ou personnelles de se rattraper et de persévérer, mais on exigeait également un effort plus long et constant de la part des autres.

Quand on parle de décrochage scolaire et de moyens de le contrer, voilà une situation où il conviendrait d'agir. Avec cette nouvelle mesure, certains jeunes de cinquième secondaire qui échoueront au premier bulletin de novembre ne verront plus l'utilité de  travailler pour se rattraper au second de février, car celui-ci ne comptera plus dans l'admission du programme de leur choix. Ceux qui seront admis, eux, auront encore plus de temps pour se la couler douce. Ce sera encore à ces jeunes, à leur école et à leurs enseignants de compenser pour des décisions illogiques prises par des décideurs qui gagneraient à enseigner dans une classe quelques semaines.

Le plus ridicule dans toute cette situation est aussi que plusieurs écoles n'ont pas le choix de publier un deuxième bulletin en février si elles veulent mettre en branle l'opération des classements temporaires  des élèves pour l'année suivante, des choix de cours ainsi que du processus d'affectation des enseignants et de l'attribution de leurs tâches. Mais qu'on se le dise: il sera impossible d'utiliser les notes de ce deuxième bulletin pour les fins du premier tour d'admission au collégial, même si elles existent!

Il y a enfin une question d'iniquité qui demeure toujours en suspens. Actuellement, lors du premier bulletin, si un enseignant de français évalue ses élèves à l'oral, il les avantage comparativement à un autre qui le ferait pour l'écriture, l'oral étant habituellement plus facile à réussir. Alors que les écoles avaient trouvé le moyen de permettre l'évaluation de plusieurs volets sur deux bulletins, certains décideurs auraient voulu qu'on évalue au minimum tous les finissants en écriture dès la première étape, sans tenir compte du fait que ce volet demande beaucoup de temps et des énergies considérables en un si court laps de temps et qu'il désavantage certains élèves moins habiles à l'écrit. L'idée a heureusement été reléguée aux oubliettes, mais on craint qu'elle ne soit ramenée avec cette récente décision du MELS.

Quand, à la base, une décision est mal foutue, les solutions pour la corriger le sont souvent tout autant. Il est tout à fait regrettable qu'on empêche les écoles de remédier à ce problème avec une solution somme toute efficace et on peut se demander s'il ne vaudrait pas simplement mieux alors pour nos finissants de reporter la date d'envoi des demandes d'admission au cégep de deux semaines, par exemple.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Foutu bulletin unique...

Et ils ont fait ça pour qui?

Les parents...

Qu'attendent-ils, ces mêmes parents, pour dénoncer cette injustice?

Encore faudrait-il qu'ils soient mis au courant ou plutôt, dans certains cas, qu'ils écoutent ce que les enseignants disent.

Mais non... les enseignants se plaignent toujours pour rien. C'est bien connu.

Pauvres étudiants. Pourrait-on penser à EUX?!?

Je n'ai pas vérifié, mais c'est sûrement la même chose pour les élèves de 5e année au primaire... L'impact serait peut-être moindre car ils ne jouent pas directement leur avenir avec l'admission au secondaire, mais il est tout de même important. Surtout avec toute cette question du décrochage...