12 août 2012

Le programme de la CAQ en éducation - première partie

Dans un précédent billet, j'abordais la plateforme électorale du Parti québécois en matière d'éducation primaire et secondaire. On y retrouvait huit engagements précis que j'estimais plutôt faibles et sans saveur.

Aujourd'hui, je consacre un premier billet aux engagements électoraux de la Coalition Avenir Québec (CAQ) concernant le même sujet. Je m'attarderai tout d'abord sur les mesures qui seront assurément peu couvertes par les médias traditionnels. Notons que deux engagements précis ont déjà été analysés, soit l'engagement 91 portant sur le soutien aux arts et à la culture pour les jeunes et l'engagement 20 concernant les cinq heures de plus par semaine à l'école secondaire.

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Engagement 82: fin de la pratique des écoles passerelles

LA CAQ entend mettre un terme aux écoles passerelles. Celles-ci, on le sait, sont des écoles de langue anglaise privée qui permettent aux élèves qui les fréquentent, ainsi qu'à leurs frères, soeurs et descendants, d'y acquérir après un certain parcours un droit constitutionnel à l'enseignement en anglais.

Pour y parvenir, la CAQ entend demander un amendement à l'article 23(2) la Charte canadienne des droits et libertés. On comprend mal que cette formation politique choisisse cette solution alors qu'elle affirme vouloir se tenir loin des chicanes constitutionnelles. On peut aisément présumer que cette demande se heurtera à un refus. Par contre, il est de bon aloi de demander un tel changement avant d'utiliser la clause dérogatoire pour défendre la langue française.

Engagement 30: meilleure intégration des élèves ayant des besoins particuliers

L'engagement de la CAQ semble mener à un resserrement des critères d'intégration des élèves en difficulté dans les classes régulières (on devrait plutôt parler de classes ordinaires) et à une augmentation des classes spéciales. Cette mesure s'inscrit à contrecourant de la tendance observée avec la réforme scolaire qu'a pourtant préconisée M. Legault. Elle risque de diviser les parents, selon le type d'enfant qu'ils ont sous leur gouverne.

Par ailleurs, la CAQ assure qu'elle augmentera l'accès aux élèves et aux enseignants à des services spécialisés dont ils ont besoin  (orthophonie, orthopédagogie, psychoéducation et psychologie). Cet engagement est vague et dépendra des ressources financières mises à la disposition des écoles. Mais surtout, il est étonnant que les membres de cette formation politique semblent ignorer la pénurie qui existe actuellement en ce qui a trait aux professionnels en éducation. Plusieurs d’entre eux ne veulent plus oeuvrer dans des établissements scolaires publics, car les conditions salariales et de travail qu’on y retrouve sont nettement insuffisantes par rapport à la pratique privée.

Engagement 29: cours sur l'économie, les finances personnelles et l'entrepreneurship

La CAQ propose la création d’un cours obligatoire n quatrième secondaire portant sur l’économie, les finances personnelles et l’entrepreneurship afin de remédier aux connaissances insuffisantes des jeunes Québécois en la matière. Cette idée devrait recevoir un bon accueil en général, mais soulève  l'interrogation à savoir comment sera réaménagée la grille-matières de la quatrième année du secondaire. 

Engagement 28: abolition du cours d'éthique et culture religieuse au primaire 

La CAQ entend donc abolir ce cours au primaire. Les raisons invoquées peuvent cependant laisser  certains observateurs perplexes.  Ainsi, à l'appui de cette mesure, on invoque les doutes des parents sur la pertinence de ce cours et la façon dont il est enseigné au primaire ainsi que la volonté de consentir davantage de temps aux matières de base.  On se rappellera que M. Legault  a été ministre de l'éducation lors de l'implantation de ce programme. Cet engagement ressemble à une concession faite  aux membres de la défunte ADQ.

Engagement 27: meilleur enseignement des langues

Afin d'assurer un meilleur enseignement du français, la CAQ affirme qu'elle ajoutera des ressources additionnelles à cet effet sans préciser lesquelles et combien il en coûtera. Par ailleurs, elle entend instaurer des examens nationaux à tous les cycles du primaire et du secondaire. 

On me permettra d'être critique quant à cet engagement. Ce n'est pas tant le nombre d'examens que l'on administre que les exigences de ceux-ci qui importent. A-t-on également évalué le coût de ces examens, mais aussi leur impact sur la pédagogie alors que, dans les faits, certains enseignants auront l'impression d'enseigner pour évaluer?

En ce qui a trait à l'anglais, la CAQ ne remet pas en question l'enseignement de cette langue durant une demi-année au primaire.  Elle laissera aux écoles et aux enseignants de choisir les modalités et les méthodes reliées à cet apprentissage, allant même jusqu'à indiquer que cet enseignement peut débuter dès la cinquième année.  Un bémol cependant: cette autonomie causera un manque d'uniformité d'une école à l'autre, ce qui pourrait devenir problématique pour les élèves vivant un déménagement.

Dans un prochain billet, je me pencherai sur des sujets comme la valorisation de la profession d'enseignant, l'autonomie des écoles, l'abolition des commissions scolaires et l'amélioration du taux de diplômation.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

D'un côté comme de l'autre, on sera donc « pognés » avec l'anglais intensif...

On en parle beaucoup et, en tant qu'enseignante d'une classe-cycle 5e-6e année, il est évident que le sujet m'inquiète un peu... Quotidiennement, je dois faire de la différenciation pédagogique afin d'aider le plus possible mes élèves en difficulté. Que se passera-t-il avec mes élèves dyslexiques, dyspraxiques, TED et autres, ou tout simplement avec ceux qui ont un rythme de travail plus lent?!?

À mon école, les élèves du 3e cycle ont 2h30 d'anglais par semaine, donc une matinée. Ce fonctionnement est grandement apprécié des parents, des enseignants et des élèves. De plus, ces derniers font de véritables progrès. La majorité des enfants arrivent à participer à une discussion, ce que j'ai rarement vu dans les autres écoles du coin. Je crois que ce modèle devrait être pris en considération. Il est efficace et ne nuit aucunement à l'apprentissage des autres disciplines, surtout pour les enfants en difficulté.

Par rapport aux examens nationaux, je pense comme vous... On enseigne pour évaluer! Les enfants sont en apprentissage! Les évaluations sont-elles nécessaires pour situer l'élève dans le développement de ses compétences et l'acquisition des connaissances? Non!

Un enseignant efficace, présent, disponible, observateur a tout ce qu'il faut dans ses observations au quotidien pour faire un portrait de l'enfant selon la progression des apprentissages et le programme. L'important, pour l'élève et ses parents, est de savoir ce qu'il doit travailler, indiqué par des commentaires constructifs et précis, pour s'améliorer et devenir compétent, pas une simple note sur une feuille!

Les évaluations du MELS, c'est exactement cela : une note! Et j'ajouterais que c'est un stress incroyable pour les jeunes.

Au niveau personnel, c'est aussi un véritable casse-tête dans ma classe-cycle! Mais je suis capable d'en prendre, c'est ce que j'ai choisi! :) Les enfants, eux, les subissent. Avec toute la pression familiale que cela implique... Peut-on les laisser être des enfants, au moins jusqu'à 12 ans?!?