28 octobre 2008

L''Halloween sans bonbons

Tenez-vous bien: dans les écoles de certaines CS, on va fêter sans bonbons. Ben oui, les ayatollahs du sucre et de la friandise s'apprêtent à interdire les nananes en cette journée de fête dans nos écoles.

Il faut être logique: si on a été jusqu'à mettre les distributrices du personnel offrant des cochonneries dehors, ce n'est pas pour permettre aux gamins de se bourrer l'estomac de produits nocifs pour la santé en ce jour de fête quand même!

La commission scolaires des Samarres va même interdire aux gamins d'apporter leurs propres bonbons. C'est drôle, je pensais que les politiques alimentaires adoptées par les CS à l'instigation de Québec ne concernaient que la malbouffe fournie par les cafétéria ou les écoles. Mais laissez un centimètre à des facistes de la pensée et ils prennent un mètre.

Ça me rappelle une anecdote d'une élève dont le prof du primaire avait saisi les bonbons dans sa boite à lunch pour ensuite les manger, croyant être à l'abri du regard des élèves...

Pendant qu'ils se drapent dans la vertu alimentaire, n'oubliez pas que nos décideurs scolaires mangent et boivent à nos frais au restaurant des produits qui sont loin d'être santé. Mais de cela, qui en parle? On voit les priorités de certains. Il me semble que nos écoles ont des problèmes bien plus importants sur les bras, non?

À quand le contrôle systématique des boites à lunch? À quand le détecteur de malbouffe dans nos écoles? À quand les barbelés et les miradors pour empêcher les élèves d'aller à la Belle Pro d'en face?

Moi, mes bonbons sont prêts. Pis, que je ne vois pas un directeur venir m'interdire de les donner. Il y a une limite à la bêtise.


http://lcn.canoe.ca/lcn/infos/regional/archives/2008/10/20081028-072937.html

25 octobre 2008

Un décrocheur, ça coûte cher! Et la mauvaise gestion, elle?

Un demi-million, voilà le coût auquel est parvenu l'économiste Pierre Fortin quand on parle de ce que coûte un décrocheur à la société québécoise. Je vous fais grâce des calculs. Toute cette opération mathématique a pour but de légitimer le fait que l'on doive investir davantage en éducation. «Ça nous donne la dimension de la mine à exploiter. Ça vaut la peine d'investir dans l'éducation», croit M. Fortin, en entrevue au Soleil.

Au risque de paraitre iconoclaste, moi, je n'ai pas envie qu'on investisse davantage en éducation. Pourquoi? Parce que le fric ne se rendra pas dans ma classe. ce sera surtout du gaspillage, comme d'habitude. C'est aussi simple que cela. Il se perdra avant. Dans le confort et les avantages de ceux qui auront à le gérer.

Si on demandait à une firme comptable d'étudier les dépenses des CS et des écoles, elle constaterait des choses intéressantes. Par exemple, chez nous, le budget mobilier a surtout été consacré à renouveler les bureaux de la direction. Jusqu'à l'année dernière, le budget peinture a servi à rafraichir les bureaux de la direction, des professionnels et des secrétaires. Les toilettes de notre siège social se sont encore refait une beauté alors que celle de mon école date de 40 ans.

Il y a aussi les comptes de dépenses. Chaque directeur et adjoint a un cellulaire payé par la CS, soir et fin de semaine inclus. D'après vous, en font-ils un usage personnel? Et je ne parle pas des frais de déplacement qui sont toujours calculés comme si l'essence valait 1,50$ le litre... Certains gestionnaires de l'éducation paient leur voiture à force de se déplacer.

Et puis, il y a eu les mauvaises décisions administratives. Un seul exemple à 100$ l'exemplaire. Avec la réforme, les écoles ont dû renouveler les manuels destinés aux jeunes. Quelque $16 000 de manuels inutiles dorment dans un local de mon école pour un cours qu'on ne donne pas. De même, en français, on a dû adopter la politique ministérielle «un élève, un manuel». Il a fallu choisir à la hâte parmi des manuels de qualité moyenne conçus en vitesse sinon on perdait la subvention ministérielle. Résultat: les profs ont acheté des manuels qu'ils n'utilisent plus ou si rarement que cet achat a été un très mauvais investissement. Pendant ce temps, je manque toujours dictionnaires dans ma classe, mais j'ai de beaux manuels tout neufs et quasi inutilisés.

Pensez-vous au mauvais quart d'heure que passerait l'enseignant qui dénoncerait une telle situation publiquement? Davantage de fric en éducation? Non! Davantage une meilleure gestion s'il vous plait.

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/education/200810/25/01-32800-un-decrocheur-coute-500-000-a-la-societe.php

24 octobre 2008

Les incohérences pétrolières

Tiens, le prix du baril de pétrole n'a jamais été si bas. Pourtant, je regarde à la station au coin de chez moi et il n'y a pas grand chose de changer.

Ça se peut-tu qu'on se fasse fourrer d'aplomb?

Excuse-le.

http://argent.canoe.com/lca/infos/quebec/archives/2008/10/20081024-183532.html

Les profs sont malades!

On parle beaucoup dans Le Journal de Montréal du fait que les enseignants prennent plus de jours de maladies que jamais. On ne peut nier les chiffres. Pour ma part, la plupart des jours que j'ai pris à être malades ont servi à corriger à la maison. Spécial, hein?

Une chose qu'on omet de préciser cependant, c'est que les profs ont le réflexe de prendre leurs journées de maladie parce que, il me semble, elles ne sont plus cumulatives comme elles le furent jadis. Il n'y a plus d'incitatif financier à ne pas les prendre, je crois. C'est à vérifier. Si vous avez de l'info à ce sujet, n'hésitez pas!

En passant, pas fort la réaction du MELS quant à ces chiffres: si la tâche des professeurs augmente, le nombre d'enseignant augmente également. Ouins, pis? On est juste davantage à rusher, c'est tout.

http://www.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2008/10/20081024-051300.html

22 octobre 2008

Pénurie des profs et formation: incohérence!

Excellent ce texte de Mme Allard qui résume bien le parcours de certains collègues qui ne pourront jamais être des nôtres finalement: «Profs sans permis dans un cul-de-sac».
À propos des profs ayant obtenu des autorisations provisoires pour enseigner, la journaliste indique «tous les gens qui les ont reçues ont dû s'engager à faire une formation en pédagogie. Or, bien des cours et stages ne se font que de jour, ce qui est incompatible avec le métier de prof.»
Elle cite l'exemple de Karyne Gamelin qui devra donc abandonner son travail d'enseignante payant et reconnu pour aller effectuer des stages bénévoles. De façon absurde, cette femme est assez compétente pour enseigner aux yeux proches d'une direction d'école tout en ne l'étant aux yeux lointains du MELS et des universités. Pire encore, elle côtoie fort possiblement des collègues moins scolarisés qu'elle!
Quant à la formation qui lui manquerait, notamment des stages, je ne comprends pas qu'on ne puisse pas reconnaitre son expérience de travail comme étant une formation pertinente. Je traiterai un jour de la formation en enseignement, mais vous me permettrez de vous dire que la pratique sur le terrain avec de bons collègues vaut bien des cours dits universitaires.
Bien sûr, les universités se défendent d'être des empêcheuses de tourner en rond. «Il faut faire des sacrifices», affirme Spencer Boudreau, vice-doyen à la faculté d'éducation de McGill. Il faudrait peut-être intelligent aussi et voir un peu plus loin que sa propre chapelle.
Le commentaire de Marc Turgeon, doyen de la faculté des sciences de l'éducation de l'UQAM est, à cet égard, très éclairant: «On jette facilement la pierre aux universités. Comment se fait-il que l'employeur n'organise pas le contrat ou l'horaire de ces personnes pour faciliter la formation si on les apprécie?» Que propose-t-il? Qu'elles enseignent à leurs élèves le soir, la fin de semaine, l'été?
Devant une pénurie d'enseignants qui dure depuis plus dix ans et que même les universités ont sous-estimée, il est du devoir des institutions universitaires de favoriser la formation de nouveaux enseignants. Or, elles se traînent la mentablement les pieds, quant à moi.
L'UQAM et l'UdeM offriront en janvier une maitrise menant au brevet d'enseignement pour les futurs profs de français, de maths et de sciences et technologie. Treize ans après les départs massifs à la retraite du plan Bouchard. Treize ans pour une maitrise qui rate en partie sa cible en formant des profs en français (peu de postes vacants) et pas en anglais, par exemple. L'Université de Sherbrooke a fait un peu mieux en offrant une maitrise similaire entièrement par Internet.
Mais encore une fois, on remarquera l'incohérence de notre beau système d'éducation: comprenez-vous comment on peut permettre à un aspirant prof de maths d'obtenir son brevet d'enseignement en ligne et sans stage de l'Université de Sherbrooke alors que Mme Gamelin devra se farcir tout le tralala si elle veut enseigner un jour? Moi pas.

20 octobre 2008

Une maitresse d'école

Loin de moi l'idée de vouloir partir une chicane, mais la lecture de cette lettre dans Le Devoir m'a surtout convaincu du fait qu'on connait peu ce qui se passe dans les autres classes, les autres écoles, les autres niveaux d'enseignement.

Ainsi, dans ce texte, Yves Waddell réfléchit à la condition des enseignantes du primaire et déplore les faits suivants.

Plus qu'enseigner

Tout d'abord, que la tâche au primaire comprend plus que l'enseignement: «J'ai la même formation universitaire que mes collègues, j'ai même une maîtrise en enseignement, mais, contrairement à eux, je ne fais pas qu'enseigner.»

Désolé, mais je ne fais pas qu'enseigner, moi aussi. Ma tâche n'est pas entièrement consacrée à des activités pédagogiques et d'enseignement.

La tâche absurde que ma direction m'a demandé de remplir peut comprendre de la récupération individuelle, la participation à des comités, la surveillance de locaux et de corridors, des activités parascolaires, des sorties éducatives et j'en passe! Même que ma direction m'a récemment souligné que j'étais responsable de la propreté des pupitres de ma classe et m'a suggéré de demander des produits de nettoyage aux concierges! Rien de moins.

Maintenant enseignant de première secondaire, je laisse même dans ma classe le kit du parfait petit infirmier et une traditionnelle boite de mouchoir pour les nez qui coulent. Comme je n'ai qu'un local de classe, j'ai le bonheur de pouvoir le décorer à ma guise, mais je dois me transformer en préposé à l'audiovisuel quand je veux une télé ou un ordi dans mon local.

Et je ne parle pas aussi de ces élèves de cinquième que j'ai connues et qui avaient besoin de mon écoute parce qu'enceintes ou violentées.

L'univers des enseignants du secondaire reste souvent, lui aussi, «calqué sur l'univers des femmes à la maison» et cela, même si je suis un homme.

Des espaces prévus pour les enseignants

M. Waddell souligne ensuite que les enseignants du primaire sont aliénés en quelque sorte parce qu'ils sont confinés à leur classe et qu'on ne prévoit pas pour eux de véritable bureau de travail.

J'invite ce dernier à venir dans mon école. Les espaces de travail des enseignants sont souvent des locaux de classe dans lesquels on entasse jusqu'à une trentaine de bureaux de profs. Impossible de penser, de lire ou de travailler dans ce lieu. Impossible aussi d'avoir tout son matériel sous la main. Les lieux sont trop exigus.

À tort ou à raison, mes collègues envient les enseignants du primaire avec leur classe et leur 32 élèves. Une d'entre elles a eu cette année un horaire comprenant 4 préparations de cours différentes, 6 locaux différents situés sur trois étages et près de 200 élèves. Méchant marathon en perspective!

Du temps de travail reconnu

M. Waddell ajoute: «Tous les professionnels des autres ordres d'enseignement ont des temps bien définis dans leur horaire pour planifier, corriger, rencontrer les étudiants ou leurs collègues. C'est reconnu. Et nécessaire. Mais, semble-t-il, pas au primaire.»

La réalité est semblable au secondaire, convention collective et réalité scolaire oblige.

Si je suis d'accord avec M. Waddell quant au fait qu'on considère à tort l'enseignement primaire comme un ordre mineur, on ne l'élèvera pas en le comparant incorrectement avec les autres ordres d'enseignement, notamment le secondaire.

Car c'est tant l'éducation primaire et secondaire qui en est réduit à du gardiennage aujourd'hui. La tâche de l'enseignant et les programmes qu'il doit enseigner sont devenus des fourre-tout qui nient presque la notion d'éduquer et d'instruire nos jeunes.

L'enseignant est devenu un concierge, un infirmier, un psychologue, un travail social, un travailleur humanitaire, un vendeur de gogosses pour ramasser des fonds, un amuseur public pour les élèves blasés, un travailleur syndiqué qu'on malmène souvent allégrement avec mépris et j'en passe.

18 octobre 2008

Le MELS et les fautes!

Je fais écho à ce billet de Bibco ou elle relève que la lettre que la ministre Courchesne a envoyée aux parents pour la rentrée scolaire contenait une erreur d'orthographe d'usage! Ah oui: parmi les sujets abordés dans la missive ministérielle, l'on retrouvait la qualité du français.
Ça me rappelle la fois ou la grille de correction du MELS pour l'épreuve de production écrite de cinquième secondaire contenait une faute. Y'a pas à dire...

17 octobre 2008

Initiation à la bibliothèque! (ajout)

Un petit jeu tout simple pour initier vos élèves à la bibliothèque de votre école. Vous avez besoin:
  • d'un préposé à la bibliothèque qui aime son boulot:
  • d'une boîte remplie d'objets hétéroclites (bougie, verre, animaux en plastique divers, etc.);
  • une feuille et un crayon;
  • un sac de bonbons;
  • des élèves regroupés en équipes de quatre membres;
  • un prof qui sait compter.
Les élèves sont réunis en cercle dans la bibliothèque. Le préposé sympathique en profite pour expliquer le fonctionnement du service de prêt, les différentes publications disponibles, etc. C'est la partie On plogue les infors importantes. Ensuite, il énonce les règles du jeu.

Celles-ci sont assez simples: chaque équipe pige un objet dans la boite magique et doit ramener à l'enseignant un livre rattaché directement à l'objet qu'elle a pigé. Dans ce cas, elle mérite trois points. Par exemple: si l'objet pigé est un camion, l'équipe doit ramener un livre sur les camions. Si le livre est indirectement relié à l'objet, elle mérite un point. Par exemple, un livre dont le titre seul est relié au monde des camions. L'enseignant, qui tient le compte des points, est le seul juge en la matière.

L'objet pigé et le livre ramené sont conservés par l'enseignant qui attribue un nouvel objet à chaque équipe et ainsi de suite jusqu'à la fin du jeu (une trentaine de minutes environ).

Le préposé peut aider les équipes à bien se retrouver dans la médiathèque et leur faire des suggetsions de recherche. On renforce ainsi son rôle, celui d'AIDER les élèves justement.

Il appartient à l'enseignant de déterminer quelles équipes pourront piger dans le sac de bonbons à la fin du jeu: les trois premières, par exemple. On peut aussi remettre des bonbons à chaque équipe en laissant les première choisir en premier.

Honnêtement, ce petit jeu que j'ai essayé à trois reprises cette semaine s'est avéré un vif succés. La participation des élèves a été incroyable et respectueuse.

Trois mises en garde cependant. La première est de bien préciser aux élèves de replacer correctement les livres lors de leurs recherches ou de les déposer sur les chariots prévus à cet effet. La seconde est de s'assurer d'avoir des objets de nature diversifiée et différents. La troisième est que vous devez être conscient que vous enfreignez la politique alimentaire de votre CS en distribuant des bonbons aux élèves. Vive la délinquance!
S'il ne vous est pas possible d'avoir des objets comme ce fut le cas ici, vous pouvez toujours utiliser des cartes plastifiées avec des images des objets que vous trouverez sur Internet.
Avantages: pas besoin de chercher des objets et plus de facileté pour illustrer certaines idées. Désavantages: l'objet a un pouvoir évocateur plus puissant et je crois que les élèves seront plus stimulés par celui-ci que par une image.
À vous de choisir!

14 octobre 2008

La loi de la gravité en classe

Un des premiers chocs avec mes nouveaux élèves est de constater à quel point la loi de la gravité semble s'appliquer tout particulièrement à leur matériel scolaire en classe.

Qu'un crayon, qu'une efface, qu'une trousse complète, irrésistiblement attiré par cette force que Newton a découverte il y a des lustres, tombe sur le plancher semble un phénomène inévitable. Une fois passe toujours, mais aujourd'hui l'incident gravitationnel est survenu une dizaine de fois avec un groupe!

J'ai discuté avec un collègue expérimenté à propos de ce phénomène physique et il m'a expliqué que celui-ci s'estomperait vers le mois de mars. Jamais je ne saurais attendre jusque-là sans devenir fou. Déjà, j'ai mis en branle l'opération «On ne sort que le matériel nécessaire et on ferme sa trousse». On verra bien.

Des suggestions pour lutter contre cette force maléfique? J'espère que vous mesurez la gravité de cette situation qui installe une atmosphère pesante dans mes cours.

Les maudits dossiers d'élèves

Cette année, j'enseigne en première secondaire. J'ai donc des élèves tout frais sortis du primaire. Qui dit nouvel élève dit nouveau dossier.

Il faut savoir qu'un élève qui réussit son primaire perd automatiquement la plupart de ses cotes qui nous indiquent ses difficultés. Dans un monde utopique, il a réussi, donc il n'a pas vraiment de problème.

C'est avec le temps qu'on découvre donc les difficultés des jeunes devant nous. Un temps précieux et irrémédiablement perdu.

Prenons le cas de Martin. Il a un déficit d'attention et il est dyslexique. Je ne suis informé de rien. C'est parce que son père est un collègue que je le sais. D'ailleurs, le dossier de Martin n'existe plus au primaire et il n'est pas non plus à son école secondaire. Perdu. Quelque part. Des centaines de dollars en évaluations externes.

Heureusement que le papa a gardé des copies de tous les documents. Heureusement que papa travaille dans une école et encore plus heureusement qu'il s'agit de l'école de son fils.

Prenons un autre cas: celui de Marco. Hyperactif à attacher sur sa chaise. S'il ne prend pas sa médication matin et midi, il peut marcher au plafond. J'exagère à peine: je l'ai vu en crise. On aurait un possédé par le vaudou!

Marco est attachant (...) et très intelligent, mais il a des caractéristiques dont je dois tenir compte. Or, je n'ai été informé de rien. C'est sa mère, qui travaille à mon école, qui m'a mis au courant de la situation de son fils.

Je ne sais pas ailleurs mais, chez nous, le suivi primaire-secondaire oblige les enseignants à des éternels recommencements. Comme si on avait du temps à perdre.

Si, en santé, on vivait une situation similaire, on hurlerait au meurtre. En éducation, ce n'est pas grave. Les gamins n'en meurent pas.

Les idéaux de la ministre (suite)

Autres points sur les volontés ministérielles quant au français abordées en réunion à mon école avec mes collègues et l'adjoint responsable du français. Celles-ci sont basées sur les recommandations du rapport Ouellon, on s'en rappellera.

Écrire un texte par semaine

Quelle longueur? Qui corrigera les 128 copies d'élèves? Et surtout, ce texte s'inscrit dans quel continuum logique d'enseignement?

On peut bien sûr favoriser la dictée et la correction par un pair. Mais pourquoi tout cela? Pour rassurer les parents? Parce que ça parait bien politiquement? Pour montrer qu'on écrit à l'école? Pour améliorer la qualité du français comme si les enseignants ne s'en préoccupaient pas déjà? La ministre, je n'en doute pas, est pleine de bonnes intentions. L'enfer aussi.

Une période quotidienne de lecture

Lire quoi? Dans quel but? Comment évalue-t-on les apprentissages des élèves? Et dans quel continuum logique d'enseignement s'inscrit cette période de lecture lecture? Enfin, on fait quoi avec les enfants qui n'ont pas de français à l'horaire telle journée?

Tout comme pour l'écriture, il s'agit d'une mesure difficilement applicable au secondaire. Nous n'en avons strictement pas parlé. Pas important? Pas une priorité?

Je ne crois pas que ma direction veut se mêler de la pédagogie des profs. Du moins, pas encore.

Formation continue des enseignants

Eh oui! Lorsque nous avons eu cette rencontre avec un adjoint sur les volontés ministérielles, c'est sur ce point que celui-ci a insisté. Il a parlé du fait que nous avions une obligation LÉGALE de nous doter d'un plan de formation continue en français.

Après maintes recherches, je n'ai rien trouvé là-dessus. Je l'ai donc invité à appuyer ses prétentions avec des preuves. J'attends toujours...

La qualité du français dans les autres matières

Autre point de discussion: comment évaluer la qualité du français dans les matières autres que le français? Qui va évaluer? Comment?

Un collègue a abordé la notion de projet interdisciplinaire. Le reste du groupe s'est quelque peu braqué. Parmi les réticences que j'ai senties, je note:
  • On manque de temps pour voir le programme.
  • L'ajout d'un projet réduirait le temps et constituerait un ajout à la tâche parce que ce sont évidemment les profs de français qui se farciraient la correction.
  • Les profs de français seraient perdants, car il s'agit pas d'un véritable échange. Qu'est-ce que le prof d'univers social apportera à ma matière, par exemple?

Pour la direction, cette façon de faire permettrait de résoudre le fameux problèmes des compétences transversales. On pourrait ainsi évaluer si l'élève communique correctement. Ou plutôt, le prof de français pourrait évaluer si l'élève communique correctement.

Ajout à la tâche? Redoublement en fait de la mesure d'un objectif déjà mesuré en quelque sorte en français? Encore une fois, une mesure plus facile à appliquer au primaire. Plus facile ne voulant pas dire facilement applicable...

11 octobre 2008

Les idéaux de la ministre Courchesne et la réalité

Mes élèves ont ramené à la maison une lettre de la ministre Courchesne dans laquelle elle expliquait à leurs parents que leurs enfants bénéficient maintenant d'une plage-horaire quotidienne réservée à la lecture à l'école, rédigent un texte par semaine et ont le bonheur de connaitre les joies de la dictée.

Cependant, mes élèves ne font rien de cela. Je ne les fais pas écrire. Ils lisent à la maison. Souvent. Mais pas en classe. En classe, j'enseigne et on travaille dur.

Pour l'instant, n'en déplaise à la ministre, je leur apprends à maitriser les classes et les rôles des mots et groupes de mots dans une phrase. Des choses comme trouver un verbe, identifier un sujet ou un complément direct. Impossible de leur parler d'écriture s'ils connaissent rien de la grammaire et de son fonctionnement de base.

Je ne blâme personne. Pas les profs du primaire. Pas les gamins. Je m'intéresse plutôt à ce que je peux faire avec eux pour qu'ils s'améliorent, pour qu'ils comprennent l'acte d'écrire.

On est à la première marche et certains trouvent cela difficile. C'est normal. Et ils ne savent pas à quel point je les trouve braves.

Je trouve cela difficile aussi. Il faut garder leur attention, les stimuler, les encourager, mimer des classes de mots et j'en passe. Et puis, je déteste les classes et rôles. C'est comme faire des gammes alors que j'ai envie de jouer de la musique!

Ah oui! au fait: je les ai fait rédiger un texte une fois. Celui-ci portait sur l'importe de bien lire et bien écrire. La plupart sont bourrés d'erreurs. Dans un mois, ils le corrigeront avant de me le remettre à nouveau. À ce moment, ils verront pourquoi ils n'ont pas écrit tout de suite en début d'année.

N'en déplaise à la ministre, je n'ai pas envie de corriger de la schnoute, de faire des dictées avec des explications que la moitié de mes groupes ne comprendront pas.

Aller en classe quand tu ne comprends rien et que tu ne peux rien apprendre, ça démotive. Apprendre, c'est stimulant quant on comprend. Encore faut-il avoir les connaissances nécessaires. C'est là que j'en suis rendu avec eux.
Malgré la lettre de la ministre, je fais ce qui me semble nécessaire pour la réussite des jeunes qui me sont confiés. C'est ce que j'appelle de l'autonomie professionnelle.

08 octobre 2008

Pénurie: et les directions d'école?

On parle beaucoup de la pénurie des profs, mais puis-je soulever qu'il y a aussi pénurie du côté des directions d'école? Les listes de candidats intéressés par ces postes sont plutôt dégarnies.
Sans verser trop dans la méchanceté, quand on se demande pourquoi untel est directeur ou adjoint, il faut se rappeler qu'on manque de candidats lorsque vient le temps de recruter. Résultat: on retient le meilleur ou... le moins pire.
Tout comme les tolérances d'engagement, il arrive qu'on embauche un adjoint qui devra compléter sa formation pendant qu'il travaille avec comme conséquence qu'il néglige parfois son travail ou que sa disponibilité est réduite.
De plus, ces adjoint sont souvent jeunes et n'ont pas le recul critique ou l'expérience nécessaire pour gérer des situations de crise. Ils apprennent sur le tas et les enseignants subissent. Il n'est pas normal de devoir conseiller ton patron sur sa gestion parce qu'il est proprement dépassé.
Enfin, en plus de ce manque d'expérience, on assiste souvent à un véritable jeu de la chaise musicale, ce qui fait qu'une équipe d'enseignants peut connaitre un nombre impressionnant de membres de direction dans un court laps de temps.
Qu'on ne se méprenne pas: il y a d'excellents nouveaux directeurs ou adjoints, mais certains autres font la preuve au quotidien qu'ils doivent leur poste pour des raisons autres que leurs qualités professionnelles.

07 octobre 2008

Les fameuses passerelles

Je ne veux pas scooper un prochain texte de Mme Allard, journaliste à La Presse, mais je mets en ligne trois informations que j'ai recueillies dans des petites recherches rapides.

La première fait référence au commentaire de Laurence à la suite du billet précédent. Elle nous écrit à propos d'une maîtrise qualifiante par Internet donnée par l'Université de Sherbrooke et qui lui permettra d'obtenir son brevet d'enseignement d'ici... six ans. Il pourrait être intéressant d'en savoir davantage, peut-être avec un lien Internet.

Les deux autres sont le fruit d'un courriel envoyé à l'UQAM et à l'Université de Montréal. Vous trouvez ce courriel ainsi que les réponses deux universités à la fin de ce billet. Vous remarquerez les différences entre celles-ci... Il y en a une qui me semble plus professionnelle que l'autre, disons.

J'attends aussi une réponse du MELS quant au nombre d'étudiants inscrits à ces fameuses passerelles.

Si vous possédez d'autres informations pertinentes, n'hésitez pas à le faire savoir ici. Elles pourraient aider un collègue compétent mais non légalement qualifié.

Je m'en voudrais, en passant, de ne pas souligner que la pénurie des enseignants date déjà de 1995. Douze ans déjà! Gestion gouvernementale compétente.


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Courriel envoyé

Madame, Monsieur,

J'ai un bac en études littéraires de complété. J'aimerais savoir la formation la plus simple et la plus rapide qui serait disponible dans votre institution universitaire pour enseigner le français, langue maternelle au secondaire.

On parle dans les journaux de passerelles, de maitrise, Qu'en est-il chez vous?

Merci de votre attention


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Réponse de l'Université de Montréal

Vous trouverez sous ce lien les informations concernant les programmes de maîtrise.

http://www.scedu.umontreal.ca/formation/index.html


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Réponse de l'UQAM

Bonjour madame Vadnais,

Voici quelques informations au sujet d’un nouveau programme de Maîtrise en éducation – profil enseignement au secondaire qui pourrait vous intéresser :

La durée du programme est de quatre ans. Les cours sont offerts le soir et parfois la fin de semaine. L’inscription à toutes les sessions (été, automne, hiver) est fortement recommandée

Conditions d'admission:

Le candidat doit détenir un baccalauréat jugé pertinent, par exemple :

* pour la concentration français langue première, un Baccalauréat en études françaises ou en linguistique;
* pour la concentration mathématiques, un Baccalauréat en mathématiques ;
* pour la concentration science et technologie, un Baccalauréat en chimie, en physique, en biologie ou en génie.

Quelle que soit la discipline, le candidat devra avoir obtenu son diplôme avec une moyenne d'au moins 3,2 sur 4,3. Tout dossier de candidature avec une moyenne cumulative se situant entre 2,8 et 3,2 sur 4,3 sera étudié par les responsables du profil et pourrait, dans certains cas, faire l'objet d'une recommandation d'admission.

De plus, le candidat devra détenir un lien d'emploi avec une commission scolaire ou un établissement d'enseignement secondaire privé (être sur la liste de remplacement, avoir un contrat de suppléance...) permettant de faire une demande d'autorisation provisoire d'enseigner. Cette demande d'autorisation provisoire doit obligatoirement être obtenue pendant les douze premiers crédits du programme de la Maîtrise en éducation, profil Enseignement au secondaire. Au moment de l'admission, les candidats déjà titulaires d'un diplôme québécois de 1er cycle, satisfont aux exigences générales des universités quant aux compétences linguistiques (l'épreuve uniforme du collégial ou exigence de l'établissement universitaire où la formation universitaire a été réalisée).

Par ailleurs, les étudiants du profil Enseignement au secondaire sont soumis aux mêmes exigences linguistiques en français écrit que les étudiants de 1er cycle inscrits dans les programmes menant au brevet d'enseignement. En termes de reconnaissance des acquis, les candidats devant nécessairement avoir un lien d'emploi avec une commission scolaire, les expériences antérieures d'enseignement ne pourront se substituer aux exigences de formation pratique.

Les admissions se font à l'automne seulement (dépôt des demandes avant le 1er mars).

06 octobre 2008

Pénurie d'enseignants - encore!

Ainsi, le nombre de tolérances permettant à des individus non qualifiés d'enseigner aurait explosé, passant de 1 054 à 2 345 en deux ans. Quelle surprise! Pour moi qui voulais rédiger un billet sur la valorisation de la profession d'enseignant, voilà un signe clair - au-delà du fait que nous soyons d'éternels chiâleux - que cette profession est en perte de vitesse chez les jeunes!

Si je reviendrai sur les causes de ce phénomène, selon moi, permettez que je parle un peu de ce texte paru dans La Presse sous le clavier de Marie Allard.

Tout d'abord, la pénurie actuelle d'enseignants dure depuis 1995 avec le programme de mises à la retraite anticipée offert par le gouvernement Bouchard. Ce programme visait à économiser des sous en renouvelant le personnel enseignant avec le départ des vieux trop coûteux et l'embauhe de jeunes plus économiques.

Résultat: plus de 8 000 enseignants ont fui le réseau de l'éducation, un chiffre que même le MELS n'avait pas anticipé. A l'époque, les universités affirmaient être capables de répondre à la demande, disaient-elles... Depuis 10 ans, notre charmant ministère qualifie cette crise de passagère et estime qu'elle devrait se résorber sous peu.

Qu'a fait le monde de l'éducation pour résoudre cette crise? Pas grand chose, à mon avis.

Le fait que le bac en enseignant dure quatre ans au lieu de trois comme précédemment est une aberration en soi. À l'époque, on justifiait cette année supplémentaire par l'ajout d'une deuxième matière à enseigner par des profs qu'on voulait plus polyvalents dans l'esprit de la réforme à venir. Ironiquement, quand on s'est aperçu que l'étudiant universitaire recevait moins de cours de concentration dans chaque matière qu'avec le bac précédent, on est revenu en arrière tout en laissant le bac à quatre ans en ajoutant des stages en classe.

Puisqu'on parle du bac en enseignement, que celui-ci dure quatre années est unique, à ma connaissance. De plus, le fait que les stages en milieu scolaire ne soient pas rémuncérés constitue aussi un grave handicap. Le futur enseignant devra donc travailler comme enseignant de jour, corriger de soir et être assez riche pour ne pas avoir à cumuler un autre boulot pour subvenir à ses besoins. Quand on connait la réalité des jeunes d'aujourd'hui et leur habitude de consommation, on voit à quel point ce scénario est peu possible.

Dans plusieurs autres programmes universitaires, ces formations sur le terrain sont payées. Les plus cyniques disent que cette pratique est une initiation au métier: beaucoup d'heures et des conditions de travail moches...

Le jeune désireux de devenir enseignant doit donc vraiment le désirer en s'engageant dans une formation longue (inutilement longue, devrais-je dire) et être capables de jeûner de longues périodes.

Oh, bien sûr! Il existe ce qu'on appelle des passerelles qui permettent à des étudiants qualifiés dans la matière à enseigner d'obtenir une formation leur permettant d'être légalement qualifiés. Mais vous êtes-vous déjà renseigné sur cette option?

Un jeune collègue a tenté. J'ai bien dit «tenté». Il a renoncé après une semaine tellement cela ressemblait aux Douze travaux d'Astérix. Le peu qu'il a su l'a aussi découragé. Il aurait fallu qu'il suive des cours le soir pendant près de deux ou trois ans. Cela, en plus de travailler! Père de deux enfants, il préfère la suppléance, tout aussi payante et moins lourde côté correction.

À ce sujet, je vais tenter de savoir combien de futurs enseignants ont opté pour ces passerelles.

05 octobre 2008

Un bon petit garçon

Voilà les mots employés par la mère du jeune suspect sur lequel la police à fait feu hier à Montréal et qu'elle reprend en quelque sorte ici. «Mon frère n'est pas un gars comme ça, il n'aurait jamais menacé un policier», a renchéri sa soeur. Peut-être...
Permettez-moi de ressentir un léger doute raisonnable : au cours des 10 derniers mois, Nashwan Abdullah a comparu deux fois au palais de justice pour des affaires d'introduction par effraction dans une église et de possession de stupéfiants. Il était aussi recherché activement pour une tentative de meurtre.
Est-ce là le comportement d'un bon garçon? J'en doute. A-t-il menacé un policier? Peut-être que non. De toute façon, chaque citoyen a droit à la présomption d'innocence. Sauf que je suis sidéré de constater combien de bons petits garçons réussissent à se retrouver là ou il ne le faut pas. Et puis, la présomption d'innocence peut aussi s'appliquer à l'égard de l'intervention qu'ont effectuée les forces de l'ordre dans le présent.
D'ailleurs, c'est à peu près les mêmes mots - un bon petit garçon - qu'emploient les parents d'un jeune qui tue des innocents alors qu'il conduit une voiture à haute vitesse sous l'effet de l'alcool.
À cet égard, l'entrevue qu'accordait Guy Lafleur à propos de son fils a ceci de touchant qu'il ne considère pas ce dernier comme un individu innocent, mais comme un jeune qu'il a parfois négligé et dont le comportement doit être compris sans être excusé. Rien n'est noir, rien n'est blanc.
Toujours est-il que, depuis quelques semaines, on remet beaucoup en question le comportement des forces policières montréalaises. Ces dernières useraient d'une force démesurée et tireraient à vue de jeunes innocents. Come on!
À un moment, il va falloir relativiser les choses. Sinon, à force de critiquer un peu trop rapidement le travail des agents de la paix, ces derniers vont finir par constamment avoir peur d'intervenir alors qu'on leur demande de réagir dans des situations ou l'erreur existe. Qui veillera alors au respect de la loi? Les gangs de rue, la mafia, chaque citoyen avec un .22 tronçonné?
Les policiers font des bourdes et je ne suis pas un fan de certaines de leurs méthodes d'intervention. Le cas Parasiris en est un bon exemple. Se croyant victime d'une invasion de domicile alors qu'il s'agissait en fait d'une opération policière, cet homme, qui n'a rien d'un saint, a tué un policier engagé dans cette arrestation mal organisée.
Dans mon esprit, il était évident dès le départ que le prévenu devait être acquitté. Et ce n'est pas par sympathie pour ce dernier puisque j'ai côtoyé sa femme qui est policière dans mon secteur et j'ai vu à quel point elle était dévastée par cet incident.
Les policiers feront sûrement encore des abus, des erreurs qu'il conviendra de dénoncer. Mais de là à ce que chaque jeune soit un petit saint, il y a un limite. Aimer son enfant ne signifier pas le défendre envers et contre tous.
Comme enseignant, on connait tous un cas de parent qui refusait de constater à quel point son jeune était à l'origine, au moins en partie, des malheurs qui s'abattaient sur lui. Un parent qui passait du bureau de l'adjoint à celui du directeur, puis à celui du commissaire du quartier.
J'ai connu une situation de ce genre. Un jeune tarla a fait suer mes collègues pendant quatre ans. Il enfreignait tout ce qu'il s'appelle code de vie, ne respectait aucun adulte, mentait comme il respirait, ne faisait aucun effort pour réussir et savait à peine écrire et lire en cinquième secondaire. Ses parents le voyaient blanc comme neige et ont intimidé plus d'un enseignant.
Il a fait trois mois dans ma classe. Puis, il s'est pendu comme un grand avec la corde que je le regardais tresser à chaque cours avec moi. Expulsé après trois mois. C'est le seul jeune dont je me suis réjoui du départ précipité.
Je l'ai croisé, sa mère et lui, alors qu'ils vidaient son casier. J'ai eu droit à une bordée d'injures.
Un bon petit garçon... Une si belle famille si unie... Cela m'a appris à relativiser.

02 octobre 2008

Mange comme il faut...

On se rappelle sûrement cet incident survenu lors d'un diner à l'école Lalande il y a près de deux ans: une éducatrice avait formulé un commentaire déplacé à l' égard de la façon de manger d'un jeune québécois d'origine philippine en lui demandant «si dans son pays il se lave les mains». L'incident - qui a tout d'Elvis Gratton à son pire - avait eu une portée jusqu'aux Philippines et failli causer un incident diplmatique...

Or, la Commission des droits de la personne vient de juger - à juste titre - ce commentaire raciste, mais ne recommande pas que les tribunaux se penchent sur cette affaire, au grand déplaisir de certains. La commission croit plutôt «qu'il n'est pas dans l'intérêt public de saisir un tribunal du présent litige», étant d'avis que «les propos tenus (...) constituent un incident isolé dont la portée demeure limitée (...)».

La mère du jeune enfant concerné souhaitait plutôt des excuses et des réparations financières. Des excuses, il n'est pas clair qu'il y en ait eu, mais pour le fric, on exagère peut-être un brin. À vous de juger.

En effet, la mère éplorée affirme que son fils «a été traumatisé, il n'a pas mangé pendant une semaine et il a fallu que j'insiste pour qu'il vienne aujourd'hui (à la conférence de presse)».

Tout à coup, comme ça, je ne sais plus, moi, qui l'a traumatisé avec toute cette histoire.

Quoi qu'il en soit, rassurez-vous: le petit élève va bien. Ce dernier - qui a manqué son avant-midi d'école pour participer à la conférence de presse, l'école passant en deuxième - a expliqué qu'il n'avait pas aimé se faire caricaturer par la surveillante devant ses copains quant à sa façon de manger, «comme si j'étais un petit bébé».

Il est maintenant heureux dans sa nouvelle école - adieu les copains devant qui il était si important de ne pas se faire ridiculiser finalement - ou personne n'est raciste avec lui.

C'est ce que je lui souhaite. Être victime de la bêtise des autres, pour ne pas dire plus, est déplorable et tout forme de racisme est condamnable. Sauf que je m'interroge sur cette attitude de va-t-en-guerre et je me demande si elle n'a pas traumatisé encore plus ce jeune.

Le retrait de la surveillante en cause ou encore l'obligation pour cette dernière de suivre une formation interculturelle et des excuses n'auraient-il pas suffi? Fallait-il aller jusque-là? Le changer d'école, le priver de ses copains, insister pour qu'il aille à une conférence de presse plutôt qu'en classe?

Je ne sais pas.