04 décembre 2014

Un grand brouillard au Conseil supérieur de l’Éducation

Enseignant depuis plus de 20 ans, c’est non sans fébrilité que j’ai lu le texte «Un grand brouillard en éducation» paru dans Le Devoir.  On y apprenait que le Conseil supérieur de l’Éducation croyait qu’il fallait mettre un terme aux vastes réformes dans les écoles québécoises. Se pourrait-il que le CSÉ ait enfin vu plus loin que la brume qui flotte dans les bureaux de certains décideurs scolaires?

Dans ce texte, on apprend également que, selon son président, Claude Lessard, «Le Conseil demeure étonné de constater combien peu de données existent sur ce qui est réellement enseigné dans les classes du Québec.» Puis, ce dernier y va de constats qui ont valu à bien des enseignants d’être taxés de tous les noms à une époque pas si lointaine. Il évoque les idées qu’il ne faille plus y aller de réformes d’envergure à tous les 15 ans en éducation, que l’élaboration et l’implantation de la dernière réforme a connu des ratés et des maladresses. Il affirme même:  «Il y a eu des écoles pilotes, mais ça a duré à peine un an. Et la pression était telle qu’on ne peut pas dire qu’on a validé grand-chose.» Appelons cela une douce admission que les élèves québécois ont été des cobayes pédagogiques.

Mais ne crions pas victoire trop vite car, malgré ses propres constats et le fait que le CSÉ affirme lui-même qu’on on ne sait pas ce qui se passe dans nos écoles, cet organisme maintient, selon Le Devoir,  «qu’il ne faut pas arrêter d’implanter la réforme que le milieu, malgré les critiques et les controverses, a réussi à s’approprier.» Mais au fait, comment sait-on que le milieu s’est approprié cette réforme si on ne sait pas ce qui se passe dans nos écoles?

En poussant plus loin notre analyse, une lecture du «Rapport sur l’état et les besoins de l’éducation 2012-2014» du CSÉ chassera toute idée que celui-ci remet en question la dernière réforme qu’a subie l’école québécoise. Pour ce dernier, «le premier cycle de deux ans est bien implanté et il prépare efficacement à l’entrée en troisième année du secondaire» (p 94). Dans les faits, «le Conseil estime qu’il faut faire différemment pour poursuivre la mise en œuvre du curriculum et des programmes en procédant de manière graduelle et itérative» (p. 99)

Mais comment peut-on considérer avec sérieux de telles idées alors que de l’aveu même du CSÉ, «quinze ans plus tard, le dossier de l’évaluation n’apparaît toujours pas réglé à la satisfaction des acteurs concernés» (p. 100)? Finalement, c’est un peu comme si on disait: «On enseigne on ne sait pas trop quoi dans nos écoles, on n’a peu d’analyses sur ce qui s’y fait mais continuons la réforme ! Et en ce qui a trait à l'évaluation, il faudrait bien y penser.»

27 novembre 2014

L'école n'est plus une garderie!

Entre collègues, on se plait parfois à dire que l'école est une gigantesque garderie où certains parents «dumpent» leurs enfants du matin ou soir, quand ce n'est pas le transport scolaire qui s'occupe de les mener à bons ports.

Mais voilà: cette comparaison ne tient plus. En effet, le gouvernement libéral a statué aujourd'hui que la garderie, c'est du sérieux. Plus que l'école. Comment? En indiquant qu'il pénaliserait les parents qui n'envoient pas leurs enfants à la garderie, laissant ainsi une place inoccupée. Par contre, pour l'école, aucune pénalité n'est prévue. Certains de nos bons élèves pourront ainsi continuer à manquer la classe pour des motifs futiles sans aucun problème.

Dans les faits, il ne faut pas croire que le gouvernement de M. Couillard se soucie du développement des enfants. Après tout, pour paraphraser notre bon ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, il n'y a pas un enfant qui va mourir de manquer quelques jours à la garderie Picot. Ce qui intéresse nos gouvernants est de maximiser le nombre de places qu'on y offre. Des considérations économiques, donc. 

Une question maintenant: notre gouvernement a-t-il l'intention de pénaliser les parents dont les enfants seraient absents à un service de garde où ils seraient inscrits? Apprécions l'ironie: un parent serait pénalisé parce qu'il n'a pas envoyé son enfant au service de garde d'une école alors qu'on ne dirait rien pour ses absences en classe...

10 novembre 2014

Un comportement discutable

On apprenait par le biais du JdeM que l’ancien président de la commission scolaire des Affluents, M. Yves Saint-Denis, refusait de remettre à cette CS l’équipement informatique rattaché à ses fonctions antérieures. La CSA lui a même proposé de racheter pour 1 000$, une somme discutable, une imprimante, une tablette, un ordinateur de bureau et un portable. Et il a refusé en affirmant que c'était trop cher pour quelqu'un qui aurait fourni son propre matériel au début de son mandat.

Monsieur Saint-Denis, au sein de votre ancienne commission scolaire, combien d’enseignants fournissent ou ont fourni leur propre matériel pour enseigner? Combien paient à même leur propre argent du matériel, des livres, de l’équipement informatique? Combien actuellement n’ont même pas d’ordinateur pour travailler et apportent le leur à l’école?

Votre comportement, M. Saint-Jacques, rappelle celui des gens qui croient que tout leur ai dû. Qui plus est, il renforce l’idée que les CS sont des lieux de gaspillage où les décideurs ne songent qu’à se donner des privilèges. D’ailleurs, sur ce point, votre silence sur les réformes que compte entreprendre le ministre Bolduc quant aux CS est bien intriguant. On a du mal à comprendre qu’en tant qu'ancien président d’une commission scolaire il y a à peine quelques mois, vous n’ayez plus rien à dire. Pourtant, n'est-ce pas vous qui déclariez le 11 octobre 2013:  «C'est sûr que je vais défendre les commissions scolaires.»

09 novembre 2014

À propos des jeunes et de la novlangue de 1984

Je ne peux m'empêcher de réagir à ce texte paru dans Le Devoir...


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Monsieur Bergeron,

Dans votre texte publié le 6 novembre dernier, vous parlez du manque de culture générale de vos étudiants et de leur manque de vocabulaire. Vous l’associez entre autres à la culture du texto. Or, il n’existe aucune étude sérieuse sur les impacts négatifs du texto sur la langue et le vocabulaire. Si vous en avez une, il me fera plaisir de la consulter. Pour ma part, je me méfie des généralisations anecdotiques comme celles à laquelle vous vous livrez. De même, il serait intéressant de vérifier si les jeunes d’aujourd’hui s’expriment moins bien que leur parents ou leurs grand-parents. Il est de si bon ton, vous savez, de verser dans la nostalgie (qui n’est plus ce qu’elle était) et de dénigrer les technologies de la communication et de l’information.

Puisque nous parlons des médias, vous écrivez dans un de vos commentaires à la suite de votre texte: «C’est à se demander si l'image ne vient pas prendre sa revenge après avoir été tassée suite à l'invention de Gutenberg.» Euh… L’image tassée par l’imprimerie? Mais dans quel siècle vivez-vous? Moi qui croyais qu’on avait inventé la photo, le cinéma et la télévision depuis ce temps. Saviez-vous, sur ce point, que la venue des grands médias télévisés aux États-Unis dans les années 1950 a entrainé une augmentation des tirages des grands journaux? Méchante revanche de l’image sur l’écrit…

De façon plus précise quant à votre propos, le vocabulaire auquel vous faites référence est tout de même spécialisé et relié davantage à un cours d'ECR ou d'Univers social que de français. Cela ne vous empêche pourtant pas de décocher une flèche à certains (quelques? plusieurs? tous les?) enseignants du primaire et du secondaire: «Ils [les étudiants] ne comprennent pas l'importance des mots pour la construction de la pensée. Ce travail devrait être fait au primaire, au secondaire mais à condition d'avoir des professeurs qui ont cette même passion du langage…»

Je vous invite à m’accompagner, Monsieur Bergeron, une ou deux journées, à mon école secondaire pour voir le travail que nous y effectuons. Nos partons de très loin. Un récent sondage effectué par La Presse la semaine dernière montrait le niveau de culture générale des Québécois. Vous n’avez pu le manquer, j’imagine.

Oui, les jeunes devraient avoir un meilleur vocabulaire. Oui aussi, leurs parents n’en ont pas un meilleur. Oui, il manque de ressources dans nos écoles. Oui, notre ministre de l’Éducation et le gouvernement libéral actuel ne semblent pas très sensibles à l’importance de la langue française, mais vous éludez une bonne partie du problème en vous ne vous intéressant pas à la société dans laquelle nous évoluons et aux priorités de celle-ci. Les contribuables veulent payer moins d’impôts et de taxes. Socrate, Platon et les autres, ils s’en balancent. Voilà un beau défi pour un professeur de philosophie engagé comme vous.

Enfin, puis-je souligner que votre propos sur les jeunes détonne énormément de tout ce qu’on a dit d’eux lors du fameux «Printemps érable»? Aurait-ils tous soudainement si changés?

25 octobre 2014

Le ministre Bolduc : un incendiaire à l’Éducation

Il ne se passe pas un mois, voire une semaine, sans que le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, ne fasse les manchettes avec ses propos et allume des débats pour le moins douteux.

Ainsi, c'est la deuxième fois que ce ministre déprécie le français. Il y a d'abord eu sa déclaration malheureuse sur les livres à l'école. Voilà maintenant qu'il récidive avec la maitrise du français au collégial en se demandant si on ne devrait pas prévoir des exceptions pour certains élèves ne réussissant pas l’Épreuve Uniforme de Français (EUF).
 
Par ailleurs, interrogé par un journaliste du Devoir le ministre a déclaré : « Il y a peut-être un 5 % [pour lequel] je devrais avoir une règle particulière» en donnant l’exemple d’un boucher dyslexique.

Or, voilà : tant aux niveaux primaire, secondaire que collégial, un élève ayant un diagnostic de dyslexie a droit à différentes mesures d’aide personnalisée. Par exemple, durant certains examens, il a accès à un cubicule où il peut rédiger seul, avec son ordinateur, et bénéficier de temps supplémentaire.

Au niveau collégial, plus particulièrement, il existe aussi le SAIDE qui vise à fournir des services adaptés afin de favoriser l'intégration des élèves ayant des besoins particuliers.
Sur le site du cégep du Vieux-Montréal, concernant le SAIDE, on peut ainsi lire : «Les personnes qui vivent avec une incapacité sensorielle (auditive ou visuelle) physique ou motrice, qui présentent un trouble d'apprentissage connu (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, déficit d'attention, etc.) ou qui ont connu un grave problème de santé mentale peuvent malgré tout accéder aux études collégiales et obtenir leur diplôme.»

Enfin, le ministre sait-il qu’on n’a pas besoin d’un diplôme d’études collégiales (DEC) pour devenir boucher? Sur le site du Centre de formation professionnelle Jacques-Rousseau, par exemple, on apprend qu’il existe un Diplôme d’études professionnelles (DEP) en boucherie de détails.  Les prérequis minimaux pour être admis à ce programme sont:
·      Avoir au moins 16 ans au 30 septembre de l’année scolaire en cours et avoir, ou être en voie d’obtenir, les unités de français, d’anglais et de mathématique de 3e secondaire;
·      Avoir 18 ans et avoir réussi le test de développement général (TDG).

On est donc loin de voir un futur boucher à la carrière compromise à cause de sa faible maitrise du français et de l’EUF.

Actuellement, aux yeux de bien des acteurs de l’éducation et observateurs politiques, ce n’est plus la compétence du ministre Bolduc qui est remise en question mais bien celle du Premier ministre Couillard qui l’a nommé à ce poste.

16 octobre 2014

Abolition des commissions scolaires: qu'en pensent-ils?

Il est intéressant de constater que certains députés libéraux, qui ont occupés des fonctions importantes dans des commissions scolaires par le passé, sont muets devant les affirmations du ministre de l'Éducation Yves Bolduc quant à l'idée d'abolir cette instance décisionnelle.

Je pense entre autres à:
  • Francine Charbonneau, ancienne présidente du comité de direction (2007-2008) et ancienne présidente de la Commission scolaire de Laval (2002-2008)
  • David Birnbaum, ancien directeur général de l’Association des commissions scolaires anglophones du Québec (2004-2014);
    Michel Matte, ancien directeur des ressources humaines et directeur général à la Commission scolaire Grand-Bois, puis ancien directeur général adjoint à la Commission scolaire de Portneuf;
  • François Ouimet, ancien président de la Commission des écoles catholiques de Montréal (1991-1994);
  • Yves Saint-Denis, ancien président de la Commission scolaire des Affluents.

11 octobre 2014

L’abolition des commissions scolaires : une fausse bonne idée?

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Depuis quelques semaines, le parti libéral du Québec semble avoir changé radicalement de discours quant à l’avenir des commissions scolaires. Ce changement est d’autant plus étonnant qu’au fil des élections, on remarquait que plusieurs élus libéraux avaient au préalable fait «leurs classes» à titre de commissaire scolaire. 

On assiste même aujourd’hui à une fronde de la part de CS envers le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, qui envisage d’abolir purement et simplement cette structure décisionnelle, une situation impensable il y a à peine quelques mois.

Pour être enseignant depuis plus de 20 ans, ma commission scolaire m’a souvent donné des occasions de rager et m’en donne encore aujourd’hui ! Sauf que je méfie de cette solution qui m’apparaît bien simpliste.

En effet, il n’existe aucune étude sérieuse quant aux bienfaits économiques ou autres entourant l’abolition des CS. Un simple exemple: quand on suggère de refiler l’organisation du transport scolaire aux municipalités, on oublie de mentionner que celles-ci n’ont aucune expertise dans ce domaine et qu’elles le feraient éventuellement à un cout possiblement plus élevé parce que les salaires dans les villes sont de loin plus grands que dans les CS. C’est la même chose en ce qui a trait à la gestion des immeubles. Et qui nous dit que certaines villes, pour des considérations électoralistes, ne feront pas passer les intérêts des élèves après ceux des citoyens ?

À travers le monde, on retrouve autant d’exemples de catastrophes que de demi-succès en ce qui a trait à ce qu’on appelle les «écoles autonomes». De même en ce qui concerne les écoles chapeautées par une organisation semblables à des CS. Se peut-il que le succès d’un réseau scolaire s’explique autrement que par ses seules structures?

Un autre point est que les écoles, si on les rend autonomes, vont inévitablement se regrouper un jour ou l’autre pour se doter de ressources communes qu’elles n’auront pas les moyens de se payer seules. Elles se créeront, au minimum, une structure régionale. Aucune école n’aura les moyens de se doter d’un service juridique, par exemple, et rien ne garantit que le secteur privé offrira son expertise à moindre cout.

Enfin, on semble oublier qu’il faudra inévitablement toujours un arbitre régional sur le terrain pour trancher dans le cas de certaines décisions. Ainsi, qui déterminera quelle école offrira tel ou tel programme scolaire? Qui déterminera qu’il faut agrandir telle ou telle école? Le MELS? Celui-ci est déjà un monstre bureaucratique qui exige des écoles existantes tellement de redditions de comptes que c'en est absurde! Dans les faits, le vrai problème est le MELS qui n'a ni confiance aux CS et aux directions d'école. Quand un ministre, comme Yves Bolduc, en est rendu à vouloir faire de la microgestion, c'est un signe évident que rien ne va plus.

À ce propos, soulignons que M. Bolduc est incohérent dans sa gestion de l'administration du réseau scolaire québécois. Il y a quelques mois, il a coupé les directions régionales du MELS qui étaient devenues en quelque sorte inutiles avec la fusion des commissions scolaires, ces dernières étant ni plus ni moins des entités régionales en elles-mêmes. Va-t-il devoir les «ressusciter» s'il abolit les CS?

Depuis la proposition de l'ADQ d'abolir les CS, on nage dans le populisme et la pensée magique quant à nos structures scolaires. Demandez-vous combien de millions l’ADQ prévoyait-elle récolter en éliminant les CS à ses débuts et à combien s’élèvent les coupes budgétaires dans les CS depuis? 

Lors du 50e anniversaire de mon école, j'ai eu à me pencher sur l'histoire scolaire de ma région. J'ai lu sur la formation des commissions scolaires, sur la création des écoles régionales, sur le rapport Parent. À l’époque, on avait pris le temps de s'interroger et d'effectuer une véritable réflexion. Aujourd’hui, sans juger de la valeur des idées mises de l’avant, il est manifeste qu'on ne va pas très loin côté analyses et recherches pour entreprendre une réforme qui serait aussi importante que celle survenue dans les années 1960. Est-ce logique? Est-ce acceptable? Nos décideurs politiques ne sont-ils pas tenus à un devoir de saine gestion?

Au cours de ma carrière, j'ai été témoin de trop de changements de la sorte. J'en ai vu du gaspillage et des élèves victimes des lubies de nos décideurs. Nos enfants méritent qu'on soit plus sérieux quant à ce que l'on propose comme modifications au réseau scolaire. Qu’on me comprenne bien : je ne tiens pas à protéger le statut quo actuel. Des changements sont nécessaires, mais il faut s'assurer que ceux-ci soient efficaces et au service de l'élève. Et actuellement, rien ne me convainc que ce sera le cas.

26 septembre 2014

Ils sont tombés sur la tête!

Vous vous souvenez de la phrase: «On n'a pas voté pour ça»? On dirait bien qu'elle redeviendra à la mode avec les projets de réforme qu'a dans ses cartons le parti libéral du Québec quant à l'éducation.

Au nom de l'austérité, on réfléchit à complètement refaire le monde de l'éducation ou presque. Le tout parait bien aux yeux de la population qui en a marre des taxes et des impôts. Sauf qu'on oublie que jamais les plus riches n'ont payé si peu leur part à la société et que certaines compagnies en paient moins en pourcentage que bien des ménages québécois.... Tout comme on ne remet pas en question qu'on paiera des milliards pour ajuster le salaire des médecins à la moyenne canadienne alors que le cout de la vie au Québec est moindre et que la majorité des employés de l'État sont encore et toujours moins bien payés que leurs collègues canadiens...

C'est comme la fameuse abolition des conservatoires en région: combien de gens savent que ce qui a grevé ce réseau, ce sont les déficits des institutions situées à Montréal et à Québec qu'on maintient au détriment des autres. Bravo pour la cohérence!

Dans les cartons du PLQ, on retrouverait donc différentes idées que je commenterai par la suite...

1- Fusion de 72 à 46  des commissions scolaires, voire abolition de celles-ci.

La fusion de certains organismes génèrent parfois des économies. Parfois. On a vu le résultat désastreux avec les municipalité. Ici, l'idée est de penser qu'une CS a une taille critique quant à son efficacité et que certaines sont trop petites. On notera l'absence de véritables études sur le sujet. De plus, pour les régions, il s'agirait d'un camouflet majeur. Mais je pense que le PLQ s'en moque, des régions...

Quant à l'abolition des CS purement et simplement, là, on est carrément dans la pensée magique. Aucune étude, aucune analyse des impact... Vive le chaos! Certains, à force de répéter l'idée que cette mesure va générer des économies, ont fini par y croire. J'ai hâte de voir les constats que vont faire les vérificateurs envoyés à la CSDM de Montréal. Il serait assez ironique si ceux-ci en venaient à la conclusion que cette CS avait raison d'affirmer dans son discours voulant qu'elle avait fourni le maximum d'efforts en ce qui a trait à la commande de coupures exigées par Québec. Mais attention: tout comme dans le cas des bélugas du Saint-Laurent, on peut déjà douter de l'impartialité dont jouissent ces fonctionnaires...

2- Baisse d'au moins 50% du financement des écoles privées

Si on se base sur le rapport du comité Champoux-Lesage, les école privées sont financées à la hauteur de 75% et non 60, comme elles se plaisent à l'affirmer. Le PLQ envisage de réduire ce financement de 50%. A-t-on prévu les impacts de cette décision sur le réseau public? Je songe à la migration d'une clientèle d'un type d'établissement à l'autre, au manque de classes dans certaines régions, etc. Je ne m'oppose pas à cette réduction du financement des écoles privées, mais encore faut-il le faire intelligemment!

3- Transfert de certains pouvoirs des commissions scolaires aux municipalités et aux MRC, notamment en ce qui concerne le transport scolaire et de la gestion des infrastructures

Euh... On est sérieux, là? Que connaissent les villes en matière de transport scolaire? Quant à la gestion des infrastructures, faut-il souligner que les villes n'ont pas de leçon d'efficacité à donner aux commissions scolaires? De même, sait-on que les employés des villes coutent beaucoup plus cher que ceux des CS? Enfin, quelle garantie aura-t-on qu'une ville fera passer les intérêts de ses citoyens et électeurs avant ceux des élèves?

4- Création d'un ordre professionnel des enseignants

Un ordre professionnel est une structure que se donnent des individus pratiquant une même profession afin d'assurer la protection du public et de valoriser le travail qu'ils effectuent. Ici, on parle d'imposer un ordre professionnel. Bravo pour la cohérence! Surtout quand on regarde l'exemple de comment le Collège des médecins a agi dans le cas du docteur Mailloux...

Dans les faits, certains veulent un ordre pour policer les enseignants, c'est tout. J'ai bien hâte de voir les premiers cas de sanction qui seront évidemment contestés et judiciarisés. Bien hâte aussi qu'on constate que les enseignants n'ont pas vraiment le statut d'un professionnel. Bien hâte qu'on constate à quel point ils raboudinent un système qui craque de toutes parts...

5- Réduction du nombre d'épreuves ministérielles

Les épreuves ministérielles coutent cher. Coupons-les! Et réalisons ensuite les écarts qui existeront entre chacune des écoles autonomes à la suite de l'abolition des commissions scolaires. Voilà peut-être le meilleur exemple de la dérive que peut engendrer la pensée magique quand elle rime avec austérité.

16 septembre 2014

La technologie est arrivée dans ma classe...

J'enseigne le français au secondaire depuis plus de 20 ans. Mais cette année marque un tournant important: la technologie est arrivée dans ma classe. Qu'on ne s'y trompe pas: mon école me fournit un ordinateur portable et mes élèves en ont tous un, gracieuseté de leurs parents. Mais voilà: fini le rétroprojecteur! Vive l'ère du tableau blanc!

«Quoi! direz-vous. Un tableau blanc même pas interactif!»

Non et j'ai mes raisons. En effet, j'ai fait partie du comité informatique de mon école et ce choix n'a pas été que le mien. Voici les pistes qui nous ont guidés dans ce choix.

Au départ, il est facile de constater qu'au secondaire, un tableau blanc interactif (TBI) est moins utilisé qu'au primaire à cause de nombreuses contraintes.

Tout d'abord, ce ne sont pas toutes les matières qui sont propices à l'utilisation de cette technologie. Selon les moments de l'année et les activités en classe, un enseignant du secondaire l'utilisera davantage ou pas du tout... Au primaire, l'enseignant a plus d'occasions, parce qu'il est un généraliste, de l'employer pour l'une ou l'autre des matières vues. En fait, au secondaire, le TBI va être utilisé plus fréquemment en mathématique et en univers social. Et encore: c'est encore et toujours le prof qui interagit avec le tableau, pas les élèves. Pour l'interactif, on repassera...

Également, au secondaire, dans une grande école semblable à la mienne, comme un même enseignant risque d'avoir plusieurs locaux de classe, il est important qu'on retrouve une technologie similaire dans chacun de ceux-ci.

Avec ces éléments et un budget limité, il a donc été décidé d'équiper un maximum de locaux de TB, plutôt que d'installer un nombre réduit de TBI qui seront parfois sous-utilisés, et d'acheter des iPad pour certaines clientèles particulières.  L'ironie de la chose est que nous aurions pu, sur un plan de deux ans, avec les budgets qu'on nous promettait, équiper toutes les classes de l'école. Nous avons décidé de fonctionner autrement et les choses semblent nous donner raison puisque, avec les coupures budgétaires récentes, cela aurait été impossible.

Pour ma part, un TB me suffit grandement.

En terminant, quelqu'un pourrait-il dire à mon ministre Yves Bolduc que les commissions scolaires coupent ardemment dans les budgets reliés à l'informatique? Les beaux TBI qu'il souhaite voir dans toutes les classes ne sont qu'un rêve. Et comme il n'y a pas un enfant qui est mort de ne pas avoir un TBI dans sa classe...


13 septembre 2014

Savoir apprécier

On peut bien chiâler sur tout, mais je dois avouer que ma carrière d'enseignant a connu et connait de merveilleux moments. L'un d'entre eux est survenu lors des portes ouvertes de mon école cette année.

En effet, j'ai vécu de touchants moments lorsque d'anciens élèves sont venus pour inscrire leurs enfants. Si j'ai reçu de chaleureux compliments de leur part que j'ai accueillis avec humilité (si, si: j'en suis capable!) et que j'ai souligné aux jeunes combien leurs parents ont été de bons élèves (j'ai une assez bonne mémoire), je m'estime surtout chanceux de pouvoir vivre de telles situations. Au cours de ma carrière, j'ai obtenu un poste permanent en trois ans et n'ai connu pratiquement qu'une seule école. Oh! Il m'a fallu travailler fort et faire des choix un peu cinglés pour y parvenir comme accepter une tâche avec quatre préparations différentes, mais quand même...

Alors que j'évoquais des souvenirs souvent tendres avec ces «devenus adultes» surgis d'un passé parfois lointain, je réalisais que bien de mes collègues méritants n'auront jamais cette chance, celle de voir à quel point leur travail peut être important et signifiant.

Je suis privilégié. Je le sais et je le goûte. Sans vantardise. Humblement. En remerciant une vie qui n'a pas toujours été bonne mais qui m'apporte chaque jour maintenant de bons moments.

Cela étant, Yves Bolduc ne perd rien pour attendre.

Bilan de la semaine 4

Ouaip, ça ralentit. Seulement une et demie de préparation de documents. Je dois être moins professionnel...

08 septembre 2014

Bilan de la semaine 3

Youp! Je dois être professionnel en tab... parce que, cette semaine, j'ai encore six heures et demie de temps supplémentaires! Tiens, quatre heures et demie de portes ouvertes et deux heures de création de documents qui ne sont pas destinés à mon enseignement. Et la semaine qui s'en vient aura la même couleur...

À mes deux fidèles lecteurs, je devrais me commettre sous peu dans un billet sur notre sinistre de l'Éducation.

30 août 2014

Bilan de la semaine 2

Cette semaine, j'ai fait un total de 7 heures et demie de temps supplémentaire. Je ne plains pas ou n'estime pas être mieux que mes autres collègues. Simplement, cette année, j'ai envie de chiffrer un peu le temps que je consacre à mon boulot.

Quatre heures et demie sur un document pour une sortie avec les élèves.
Deux heures pour la préparation et la tenue d'une activité.
Une heure pour une autre activité.

Et devinez quoi? Les prochaines jours s'annoncent tout aussi chargés.


26 août 2014

Éducation: une gestion budgétaire à la petite semaine... (ajout)

Après s'être mis les pieds dans les plats à propos de l'achat de livres pour les bibliothèques scolaires, voilà que le sinistre de l'Éducation, Yves Bolduc, fait un acte de contrition et déclare que les commissions scolaires devront rétablir les budgets concernés: «Les livres vont être protégés.» Dans la même veine, le sinistre a aussi indiqué que cela sera aussi le cas des budgets consacrés aux services à l'élève, comme l'aide aux devoirs. (ici et ici)

Il faut se rappeler que le gouvernement Couillard a demandé aux commissions scolaires de couper cette année en leur remettant la totalité de la gestion de leur budget. Alors qu'autrefois, certaines sommes devaient obligatoirement être consacrées à des postes budgétaires précis, le MELS a retiré ces contraintes, les laissant ainsi administrer les sommes qu'elles recevaient de Québec comme elles l'entendaient. Il a suffi de paroles malheureuses du sinistre pour qu'un gigantesque battage médiatique l'amène à revoir en partie ses positions.

Toute cette saga montre à quel point le MELS a laissé l'odieux aux CS d'effectuer les coupures en éducation. Ensuite, elle montre à quel point on improvise selon l'humeur de l'opinion publique. Plusieurs CS et écoles devront revoir leur budget à la suite de l'intervention de M. Bolduc. Comme si elles n'avaient que cela à faire!

Et une question demeure: quelle est la vision, quels sont les principes qui guident le ministre dans ses interventions budgétaires? Il faut savoir qu'à défaut de couper des livres, ce sont d'autres secteurs qui devraient maintenant normalement être coupés par les CS si on veut maintenir l'objectif du déficit zéro. Dans certaines écoles, les activités parascolaires sportives et l'informatique risquent de passer aux ciseaux budgétaires. Dans d'autres, ce sont des services offerts aux élèves en difficulté qui seront peut-être touchés.

On nage dans le grand n'importe-quoi. Comme d'habitude. Et cela n'annonce rien de bon pour la gestions des finances qu'entend exercer le gouvernement Couillard l'année prochaine. De façon générale, Québec et les CS consacrent 15 millions $ par année à l'achat de livres pour les bibliothèques scolaires. Voilà le budget sur lequel on comptait pour faire des économies de bout de chandelle alors qu'Hydro-Québec perd des millions en vendant de l'électricité à perte et en relançant le projet des mini-centrales hydroélectriques.

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Voilà un exemple concret des impacts de la gestion à la petite semaine.

23 août 2014

Bilan de la semaine

C'est la rentrée!

Je ne sais pas si j'arriverai à maintenir le rythme de cette idée, mais j'ai envie cette année d'effectuer chaque semaine un bilan du travail que j'ai effectué durant celle-ci.

En trois jours de travail, j'ai cumulé 13h30 de temps supplémentaires. Ça parait énorme, mais le tout s'explique aisément et ce total est un peu gonflé par des circonstances exceptionnelles.

En effet, je suis entré une journée avant les classes pour donner un coup de main à la rentrée administrative. Également, j'ai travaillé sept heures à la maison pour terminer un document important, Enfin, j'ai fait une demi-heure de temps supplémentaire vendredi à l'école pour mettre une dernière main à un document dont avait besoin la direction.

Tout ce temps devrait normalement m'être redonné lors de journées pédagogiques ou en fin d'année. On verra bien.

22 août 2014

Le sinistre de l'éducation (ajout)

Certains en doutaient mais, avec sa récente sortie sur la réduction des budgets consacrés aux bibliothèques scolaires, le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, vient de démontrer à quel point il occupe un poste qui le dépasse. À le regarder aller, on se demande s'il ne sera pas la pire catastrophe à survenir ces dix dernières années dans ce domaine.

Tout d'abord, resituons dans le temps les événements.

Mercredi, Le Devoir révélait que les commissions scolaires n'étaient plus obligées de consacrer des sommes précises à l'achat de livres pour les bibliothèques scolaires. Alors qu'autrefois, il s'agissait d'«enveloppes fermées», comme on dit en éducation, ce budget est fondu dans le budget général des CS. Elles peuvent le dépenser pour asphalter un stationnement, acheter un nouveau bureau au directeur-général. Comme l'écrivait ce journal: «le gouvernement s’était jusqu’ici engagé à offrir une enveloppe de 8,3 millions de dollars par année, en plus d’exiger aux commissions scolaires d’investir 6,7 millions de dollars pour regarnir les bibliothèques. Or, rien n’oblige désormais les commissions scolaires à utiliser leurs budgets pour l’achat de livres.»

Ce que Le Devoir ne révélait pas cependant, c'est deux choses. La première, c'est que l'embauche de bibliothécaires par les CS est gelé. Autant on nous a vanté l'importance de ces professionnels dans une école et pour le développement des habiletés en lecture, autant la «suspension» de cette mesure est passée inaperçue. La seconde, c'est que des budgets informatiques sont aussi gelés. Ainsi, à mon école, notre plan d'équipement sur deux ans est carrément mis sur la glace.

Toujours est-il que jeudi, le ministre Bolduc y allait de cette déclaration à propos des bibliothèques scolaires: « Il n’y a pas un enfant qui va mourir de ça et qui va s’empêcher de lire, parce qu’il existe déjà des livres [dans les bibliothèques] [...] J’aime mieux qu’elles achètent moins de livres. Nos bibliothèques sont déjà bien équipées. […] Va dans les écoles, des livres, il y en a, et en passant, les livres ont été achetés l’an passé, il y a 2 ans, ou 20 ans. »

 Manifestement, le ministre ne semble pas savoir qu'une bibliothèque scolaire doit proposer des livres récents aux jeunes si elle veut les attirer. Les livres d'il y a vingt ans ne font parfois pas toujours le poids devant les oeuvres des auteurs plus actuels. De même, une bibliothèque doit aussi réparer et racheter des livres parce que ceux-ci n'ont pas une durée de vie éternelle. Enfin, il existe des bibliothèques scolaires qui sont encore mal pourvues côté livres, contrairement à ce que le ministre affirme.

Quand à son argument qu'aucun jeune ne mourra à cause de cette mesure budgétaire, j'imagine qu'il utilisera le même argument niais quand on soulèvera que les activités parascolaires sportives sont aussi coupées, que des rénovations sont reportées et ainsi de suite.

De toute façon, rassurons tout de suite le ministre: personne ne meurt en éducation depuis des décennies, même quand le réseau est d'une incompétence notoire.

Ajout-----------------------

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard a contredit les propos de son ministre de l'Éducation ce midi. Le même ministre a tenté de nuancer ses propos. Mais aucun des deux ne s'est engagé à remédier à cette situation.

J'ajoute ce texte du Devoir qui résume bien toute cette situation.

10 août 2014

Éduquons les parents pour favoriser le développement des enfants

Article intéressant dans La Presse sur l'importance des parents dans le développement de l'enfant.  «Certaines aptitudes des parents ont un impact majeur sur les enfants, notamment la capacité à concentrer son attention sur une tâche précise, à résoudre des problèmes, à établir un plan et à le mettre en place. La capacité à maîtriser ses impulsions est aussi une habileté importante», révèle le directeur du Centre du développement de l'enfant de l'Université Harvard, Jack Shonkoff.

On indique aussi que la pauvreté ou le stress, stress qui peut être causé par la faim, l'incertitude ou la violence, peut «hypothéquer lourdement l'architecture du cerveau ainsi que la santé physique à l'âge adulte.» Par contre, ce phénomène n'est pas irréversible, du moins si on intervient en bas âge.

Il est donc important de donner aux parents une formation qui pourrait doubler l'efficacité des programmes d'intervention précoce et «d'épargner à long terme des milliards de dollars en frais d'incarcération, de programmes sociaux et de santé.»

Des projets-pilotes sont actuellement en cours au Massachusetts. Pendant ce temps, au Québec...

01 août 2014

Lecture d'été

Cet été, le Prof masqué s'est voté volontairement une pause de médias sociaux. J'avais accès à un ordi de bureau et une tablette, mais j'ai préféré réorienter mon temps. J'aurai l'occasion de reparler des  effets de celle-ci dans un prochain billet.

Une des conséquences cependant de cette pause que j'aimerais partager avec vous est que j'ai pu replonger dans la lecture. Voici quelques auteurs ou quelques titres de mes vacances.

 Joe Nesbo (série inspecteur Harry Hole)

Harry Hole, c'est un explosif mélange du Docteur House et de Harry Bosch. L'écriture de Nesbo, c'est un sens du rythme et des effets qui causent inévitablement une nuit d'insomnie une fois un des romans de cette série entre vos mains. Je recommanderais sans hésiter n'importe quel des romans de cet auteur, sauf celui que j'ai lu cet été: Police.

Bien sûr, si vous êtes un mordu de Hole, vous le lirez, mais les 200 premières pages vous sembleront longues et éparpillées. Et puis arrive un tour de passe-passe digne des pires soaps américains sur lequel je me tairai pour ne pas vendre l'histoire précédente. Restent les 400 pages suivantes qui sont néanmoins un doux plaisir retrouvé mais avec un arrière-gout qui nous oblige à avouer que Nesbo a manqué son coup pour la première fois.

Si vous n'avez jamais lu du Nesbo, il est fortement recommandé de suivre l'ordre de publication des romans.

Lu cet été:
- Police


Donna Leon (série commisaire Guido Brunetti)

Cette auteure italienne qui vit maintenant à Venise a écrit une vingtaine de titres des aventures du commissaire Brunetti. Celles-ci se déroulent généralement toutes dans son aqueuse ville d'adoption. Honnêtement, les quatre ou cinq premiers romans avaient une fraicheur et un souffle captivants. Puis, on sent que l'auteure s'est donné une liste de thèmes d'actualité à exploiter dans ses romans: immigration, prostitution, etc. Chaque roman a alors un côté ''pédagogique'' un peu embêtant. Puis, la comparaison avec les romans de la série Maigret de Simenon est inévitable: bouffe, vin, police. À ce propos, il existe un livre des recettes de Brunetti qui pourrait faire le bonheur d'un lecteur cuisinier.

La série Brunetti est intéressante dans l'ensemble, mais ne vous empêchera pas de dormir pour continuer à lire. Le caractère vénitien de l'histoire est suffisamment exotique pour susciter l'intérêt.

Lus cet été dans cette série:
- La petite fille de ses rêves
- La femme au masque de chair
- Le cantique des innocents

Jonathan Rabb: (série kriminalkommissar Hoffner)

Un de mes coups de coeur de l'été. Dans cette trilogie, on plonge dans l'Allemagne d'après la Première Guerre mondiale, une époque peu connue mais pourtant très importante si on s'intéresse au siècle dernier. Les comparaisons avec Philipp Kerr sont inévitables, mais pas nécessairement à l'avantage de cet auteur plus célèbre. En effet, les récits de Rabb semblent plus vraisemblables et surtout définissent mieux psychologiquement les personnages. On est loin des caricatures de Kerr.

Lus cet été dans cette série:
- Rosa
- L'homme intérieur
- Le second fils

James Lee Burke (série inspecteur Robicheaux)

Un de mes auteurs policiers préférés. Celui-ci est un véritable ambassadeur touristique de la Louisianne. La qualité de ses descriptions, leur sensualité en font un écrivain plus qu'un simple auteur. On a le gout d'écouter la musique qu'il mentionne, gouter la nourriture mangée par les personnages, voir les lieux où ils évoluent. Pour moi, c'est un aspect tellement savoureux des aventures de l'inspecteur Robicheaux.

Oui, mais l'histoire, direz-vous? Solide, parfois un peu répétitive, mais la qualité des descriptions balaie très loin ces quelques défauts.

Lus cet été:
- Créole Belle
- L'arc-en-ciel de verre

Qiu Xiaolong (inspecteur Chen)

Un auteur chinois, ouaip! Dépaysagement garanti. L'inspecteur Chen, c'est un peu le Brunetti oriental: de la bouffe,des romans à thème...  mais on aime à cause de la simplicité de l'écriture et les références historiques reliées à l'histoire de la Chine. Il y a aussi tous ces liens avec des poèmes et oeuvres littéraires de cette immense civilisations

Xiaolong a aussi écrit un recueil de nouvelles que j'ai lu par curiosité: Des nouvelles de la Poussière rouge. On y décrit la vie d'un quartier de Shanghai à travers le temps. Lecture un peu difficile à démarrer, il faut l'avouer, puisque l'ensemble manque au départ de rythme et de continuité.

Lu cet été:
- Cyber China
- La bonne fortune de monsieur Ma
- Des nouvelles de la Poussière rouge

Maxime Chattam

Auteur français dont plusieurs des récits se déroulent en Amérique, Chattam est un auteur à suspens dont le sens du rythme et de l'insoutenable sont bien connus des amateurs de romans policiers à sensations fortes. On nage parfois dans l'horrible, dans même l'horreur. Par contre, il a eu tendance à se perdre dans des récits loin de son style et d'une lourdeur... La trilogie de L'Âme du mal demeure un incontournable.  Dans la même veine, on retrouve La Promesse des ténèbres que j'ai bien aimé.

Lu cet été:
- La Promesse des ténèbres

Robert Cormier

Voilà un auteur américain que je m'étais promis de lire un peu par curiosité. Il a écrit I am the Cheese qui est un incontournable des cours d'anglais au secondaire. J'avais déjà eu le bonheur de lire, à des fins professionnels, La balle est dans ton camp, un court roman parfait pour des élèves de deuxième secondaire, quant à moi.Tout d'abord à cause du jeune âge du personnage principal mais surtout à cause du fait qu'on y décrit un dilemme relié au mal, une notion qu'on apprend parfois à cet âge.  Le récit, dans sa simplicité, n'est pas sans me rappeler Des souris et des hommes de Steinbeck. Une belle découverte!

Par contre, le recueil de nouvelles Huit + Une = Médium est très... médium.  et j'en suis ressorti plutôt perplexe. Entre les intentions de départ (un recueil de nouvelles sur les pères) et le résultat, c'est décevant. Certains récits font sourire, bien sûr, mais on assiste davantage à un collage de textes qu'autre chose.

Lu cet été:
Huit + Une = Médium

J. D. Salinger

Dans la même influence de mes collègues d'anglais, je me suis finalement décidé à lire L'attrape-coeurs (The Catcher in the Rye), un classique des classiques des cours d'anglais. Si l'on replace ce roman dans son époque, je peux comprendre à quel point il a pu susciter des controverses et des débats. Son succès, relié à son côté dérangeant, ne serait pas le même aujourd'hui tellement cette oeuvre a vieilli. Je comprends mieux maintenant certains élèves quand ils m'ont confié à quel point il s'embêtaient en le lisant...

Lu cet été:
L'attrape-coeurs

Elsa Morante

La lecture de la nouvelle Un camarade, dont on a tiré un bel examen de lecture en français
m'a poussé à lire le recueil dont il était tiré. La curiosité sera toujours une bonne idée. Mais pas toujours un grand succès. Ce que je me suis emmerdé!

- La châle andalou

Frédéric Beigbeder

L'auteur de 99 francs m'a toujours intéressé et c'est avec joie que j'ai débuté la lecture de Au secours pardon! Après une cinquantaine de pages, c'est le lecteur qui crie ''Au secours'' tellement ce récit est exaspérant. Si au départ, on aime les formules-choc et les phrases assassines de l'auteur, on finit par devenir irrité par ce récit dont le seul pronom est ''Je'' et le seul personnage un imbuvable Français narcissique qui se complait dans son nombril douloureux. Désolé, mais la vie est trop courte pour s'emmerder.

Lu cet été:
- Au secours pardon!

Don Wislow

La griffe du chien: James Ellroy a parlé en bien de ce roman noir relatant l'hypocrise de la lutte à la drogue des autorités américaine en Amérique du Sud. Cela m'a suffi pour m'atteler à la lecture de cette saga. Le néophyte en apprendra beaucoup sur l'hypocrisie et la politique américaines.  Mais voilà: je n'y ai appris que peu de choses. Un ouvrage un peu décevant pour moi mais un roman qu'un amateur de saga pourrait aisément aimer.

Lu cet été:
- La griffe du chien 




08 juillet 2014

Petites lectures de début d'été

Le Prof masqué a pris une grande pause de médias sociaux et, à l'étonnement de plusieurs, il a survécu sans aucun problème. Le temps disponible aidant, il commencé ses lectures d'été. Pour ne pas trop prendre de risque, il est demeuré dans des classiques, si l'on peut dire. Mais même là, il arrive qu'on soit déçu...

Le cinquième témoin de Michael Connlely

Un solide roman. Simple et efficace comme on les aime de la part de cet auteur. On reste par contre avec la détestable impression que le personnage principal, Mickey Haller, qui est aussi le demi-frère d'Harry Bosch, en est plutôt le clone. Sensiblement le même âge, la même situation familiale... Également, il est impossible de ne pas penser un peu à John Grisham tant certains liens sont évidents. Un 7,5 sur 10.

Ceux qui tombent de Michael Connelly

Après le décevant Volte-Face, Connelly nous livre un Bosch qui tient la route. On se serait passé par contre du principe de la double intrigue qui ne semble être là que pour permettre d'atteindre un nombre suffisant de pages. Une seule intrigue plus simple et touffue aurait suffi. 7,0 sur 10. Une bonne lecture d'été, mais on est loin du Poète et de Créance de sang. On est un peu las aussi des entourloupettes de l'auteur pour nous expliquer pourquoi Harry finalement n'a toujours pas pris sa retraite.

Ils vivent la nuit de Dennis Lehane

Un livre qui s'annonçait très prometteur mais qui finalement ne remplit pas ce qu'il annonce. Ce roman est une suite de la magnifique saga Un pays à l'aube. On y raconte les aventures d'un des fils du chef de police Thomas Coughlin. Joe est un hors-la-loi qui quitte Boston pour la pègre de la Floride et Cuba.  Honnêtement, pour le lecteur curieux, on apprend peu de choses ici. James Ellroy a déjà couvert le sujet et en mieux. On se serait passé aussi d'une histoire d'amour aussi invraisemblable que longue. Bref, un mauvais roman. Si l'auteur a l'intention de nous raconter la vie des autres fils de Thomas, il est mieux de faire ses devoirs. 4,0 sur 10.

La stèle maudite de Matt Bondurant

Le risque que vous tombiez sur ce roman est - heureusement - très faible. Il a été publié il y a quelques années dans la veine du succès du Da Vinci Code et est passé sommairement inaperçu. Il trainait chez moi et devrait être bientôt rangé dans la section «Élagage»... 3,0 sur 10.

Descente en enfer de Preston and Child

On aime ou on déteste l'inspecteur Pendergast. J'ai longtemps aimé, mais il faut croire que leurs créateurs ont réussi à me le rendre totalement antipathique. Tout d'abord, le roman s'ouvre sur une interminable et invraisemblable  poursuite de 72 pages où Pendergast perd la femme qu'il est sur le point de retrouver. Si, avec le temps, on a accepté bien des choses dans cette série de romans (on a versé dans le paranormal et le fantastique allègrement), cette poursuite ici est tout bonnement d'un ridicule d'invraisemblance. Puis, on tombe dans le monde du 4e Reich en Amérique du Sud, de jumeaux nazis et j'en passe. Peut-on parler de kitsh littéraire? C'est éculé, mauvais, risible, facile. Tout cela sans parler d'une autre intrigue qui semble n'ètre là que pour étirer la sauce et qui met en vedette un personnage secondaire - Corrie - dont on se contrebalanceet qui est aux prises avec une fraude dont le fondement même est discutable. Bref, un mauvais roman. 4,0 sur 10.

Agent 6 de Tom Rob Smith

Cet auteur a écrit Enfant 44, qui lui a valu un bon succès d'estime et que j'ai bien apprécié. Agent 6 nous ramène dans le monde troublant de l'URSS des années 1950 jusque dans les années 1980 avec un passage par l'Afganisthan peut-être un peu longuet. Ne serait-ce que par son côté «exotique» et bien documenté, ce roman nous sort des sentiers battus et s'avère une bonne lecture. Mais il faut parfois être persévérant devant certaines longueurs. 7,5 sur 10.

À la trace de Deon Meyer

Auteur sud-africain, Deon Meyer a écrit certains romans qui sont autant de petits bijoux. À la trace me semble moins réussi, même s'il présente des aspects particulièrement intéressants. On est confronté avec divers récits de différents perosnnages qui sont autant de points de vue qui finissent par s'imbriquer les uns dans les autres et montrer surtout comment de mêmes faits peuvent être interprétés de façons différentes selon qui les regarde. Ce qui nous vaut parfois des fous rires assez méchants à l'égard des services de renseignements de certains pays... Avec ses 730 pages, ce roman aurait gagné à être reserré, je crois. L'idée de départ était excellent, mais le tout s'allonge. 7,5 sur 10.

Imperium de Robert Harris

Un autre restant de bibliothèque, mais qui présente un certain cachet. On suit ici la vie et l'ascension de Cicéron. Les intrigues sont simples et bien menées. Le décor et l'époque semblent décrits de façon crédible. Ce n'est pas tous les jours qu'on nous amène à Rome 70 ans avant Jésus Christ. Un sympathique 7,0 sur 10 et je tenterai de mettre la main sur d'autres oeuvres de cet auteur.

20 juin 2014

Un ordre professionnel pour les enseignants?

Cette question d'un ordre professionnel pour les enseignants a été ramenée récemment dans la sphère publique avec la publication d'un rapport d'un comité d'experts sur le financement, l'administration, la gestion et la gouvernance des commissions scolaires. À ce propos, le ministre de l'Éducation, du Loisir et du Prix de consolation, Yves Bolduc, a indiqué qu'il compte demander un nouvel avis à ce sujet à l'Ordre des professions. Tout comme de nombreux syndicats, je crois que ce comité a outrepassé son mandat, mais on n'en fera pas tout un plat.

Divers commentateurs de l'actualité (ici, ici et ici) ainsi que le président de l'AIRDF-Québec (Association internationale pour la recherche en didactique du français), Érik Tardif, et la présidente de l'AQPF (Association québécoise des professeurs de français), Suzanne Richard, (ici) se sont prononcés en faveur de celui-ci.


Il m'est toujours apparu clairement que cet ordre sera surtout une magnifique structure bureaucratique, sans plus. En effet, tout ce qui encadre la profession (droit d'exercer la profession, traitement des plaintes, révocation du permis d'enseignement, etc.) constituent des pouvoirs déjà dévolus à divers intervenants : MELS, commissions scolaires, directions d’école, etc. Par contre, en ce qui concerne les avantages réels, quotidiens et concrets qu’apporterait cet ordre aux enseignants et au grand public, on verse dans les voeux pieux et l'illusion.


Je ne reprendrai pas l'argumentaire de tous et chacun, mais certains lieux communs méritent d'être démontés.

Un ordre professionnel valoriserait la profession enseignante. Ah bon? C'est bizarre, mais les sondages nous montrent que les enseignants constituent une des professions les plus reconnues par le grand public. En fait, il n'y a que certains médias qui semblent s'acharner à détruire celle-ci à coups de reportages sensationnalistes.

Un ordre professionnel protégerait le grand public. Ah bon? Je regarde ce que font les autres ordres professionnels et j'ai comme un doute. Il s'agit plutôt de grosses corporations qui défendent leurs membres avec une efficacité redoutable au détriment même du public parfois. Ce que je remarque aussi, c'est la porte toute grande ouverte à une judiciarisation des plaintes. Il suffit de repenser à la saga du Doc Mailloux, par exemple.

Un ordre professionnel favoriserait la formation continue. Euh? Tout à fait, mais dans quelles conditions et avec quels avantages pour les enseignants? Le soir et les fins de semaine en surplus du temps de travail alors que la charge de travail n'a jamais été aussi lourde?

La plupart des gens en faveur de cet ordre affirment qu'elle donnera une voix aux enseignants. Or, celle-ci sera noyée dans la cacophonie qui existe déjà dans le monde de l'éducation. Et encore, qui laissera aux enseignants le pouvoir de décider de certains enjeux importants?

Prenons l'exemple de l'accès à la profession et de la formation initiale. Les universités accepteront-elles de se faire dicter les conditions minimales pour être admis dans un programme d'enseignement? J'en doute fortement. De même, le ministère de l'éducation acceptera-t-il de revoir à la hausse les seuils de réussite aux examens de fin d'année pour les élèves? Les commissions scolaires accepteront-elles de resserrer les règles de passage pour les élèves entre la première et la troisième année du secondaire où il n'est pas toujours obligatoire d'avoir réussi un seul cours pour être promu à l'année suivante? Dans les faits, un ordre professionnel ne changera rien à la lourdeur de la tâche des enseignants, à la précarité de leurs conditions de travail, à leur soi-disante autonomie professionnelle.


S'il est un point qu'il conviendrait de ramener sur la table, c'est bien celui d'une formation continue valorisée. Actuellement, un enseignant n'a aucun véritable avantage à se perfectionner. S'il le fait, c'est lors de journées pédagogiques alors qu'il est débordé de corrections qui l'attendent sur son bureau ou à l'extérieur de son temps de travail. Il fut un temps où l'on reconnaissait, à l’aide d’incitatifs monétaires, les enseignants qui se perfectionnaient. Mais voilà: pour des raisons idéologiques, nos vaillants syndicats ont  décidé qu'«équité» signifiait «égalité salariale pour tous». Pourtant, il est anormal, par exemple, que des enseignants ayant réussi des programmes universitaires de 2e cycle ne soient pas reconnus financièrement. Contrairement au proverbe, finalement, il n'y a qu'en éducation où qui s'instruit ne s'enrichit pas. Pour le reste, un ordre professionnel consistera surtout pour les enseignants à choisir eux-mêmes la couleur de leurs chaines.