28 février 2010

Du français et des jeux


Puisque qu'on parle depuis quelques billets de tests de certification en français pour les futurs enseignants...

Si vous aimez le français ou si vous vous y intéressez, un ouvrage instructif et même amusant: Le livre des curiosités et énigmes de la langue française. Des règles de grammaire générales ou inusitées, des petits tests, des notions parfois étonnantes, de l'histoire de la littérature, de l'étymologie, de l'origine étrangère de certains mots. Peu de choses échappent à cet ouvrage.

Une seule restriction: le ton condescendant à l'égard du parler québécois qu'on qualifie d'argot et quelques inexactitudes en la matières. Mais bon. on commence à avoir l'habitude.

Le livre des curiosités et énigmes de la langue française
Claire Leroy
Jean-Michel Maman
Éditions ESI
ISBN 13: 978-2-35355-289-4

26 février 2010

La fin du dinosaure!

Voilà. C'est fini. Fini le dernier modem téléphonique dans la grande banlieue montréalaise. M. Karl-Pierre Péladeau est venu lui-même installé ma connexion internet ce midi. Julie l'accompagnait, avec des petits biscuits délicieux. Une recette de maman Dion, saus aucun doute. Un autre effet de la convergence.

Le vieux dinosaure que je suis a dû se rendre à l'évidence: on n'arrête pas le progrès. Reste à installer un routeur et je pourrai vous écrire de mon portable Mac.

Chienne de vie.

How Quizzzz Whizzzz You!!!!!

Nouvelle dans Le Soleil hier: taux de réussite après deux essais au Test de certification en français écrit pour l'enseignement (TECFEE) des futurs enseignants formés dans huit programmes à l'UQAM: 52%.

«Ç'a été un choc, c'est assez alarmant comme résultat, indique Marie Nadeau, professeur à la Faculté des sciences de l'éducation, chargée de mettre sur pied des mesures d'aide pour les étudiants. Il y a un décalage assez grand entre la difficulté de ce test et ce qu'on exige à la sortie du cégep. Est-ce qu'on a besoin d'être aussi drastique avec un nouveau test qui n'a pas encore été validé à grande échelle? On met la barre haut aux étudiants, mais en même temps, ils sont un peu victimes de ce qu'on a mal fait dans le passé.»

Victimes de ce qu'on a mal fait dans le passé? Pourtant, ces étudiants ont réussi avec succès deux épreuves de français: l'examen d'écriture de cinquième secondaire et l'ÉUF au collégial.

Voici quatre exemples de questions de ce test.

1- Quelle phrase comporte une erreur reliée au mot ou groupe de mots souligné?
a) Les élèves participant au concours sont très jeunes.
b) Les moteurs fonctionnant à l'essence sont les meilleurs.
c) Persistant dans leur erreur, ils ont tout perdu.
d) Plusieurs soldats revenants de la guerre sont traumatisés.

2- Quelle phrase comporte une erreur de syntaxe? L'erreur peut porter, entre autres, sur l'emploi des pronoms, l'emploi de la proposition, l'emploi des modes et des temps, la négation.
a) C'est le film que vous avez vu hier.
b) Il y a plusieurs points auxquels je n'avais pas pensé.
c) L'ouvrage dont il est question est introuvable.
d) Voici le livre que je te parlais depuis si longtemps.

3- Quelle est la bonne définition du mot autodidacte?
a) Qui se déplace par lui-même.
b) Qui s'instruit lui-même.
c) Qui se fait par soi-même.
d) Qui se sert de ses doigts.

4- La phrase ci-dessous ne contient pas d'erreur. Choisir parmi les quatre explications proposées celle qui justifie correctement l'emploi ou l'accord de ce qui est en cractères gras.

Les cadeaux qu'ils nous ont faits sont magnifiques.

a) Le complément direct qu', qui remplace ils, est placé avant le verbe.
b) Le complément direct qu', qui remplace Les cadeaux, est placé avant le verbe.
c) Le complément indirect qu', qui remplacent ils, est placé avant le verbe.
d) Le complément indirect qu', qui remplace Les cadeaux, est placé avant le verbe.

Bonne chance!

25 février 2010

ECR: une seul programme de formation au Québec?

RueFrontenac publie une nouvelle qui devrait interpeler tout intervenant en éducation. Vous voulez soustraire votre enfant au cours d'éthique et de culture religieuse (ECR)? Envoyez-le à l'école privée!

Dans la même veine, c'est à se demander pourquoi on tente d'obliger certaines écoles juives à respecter le programme de formation si on peut aussi aisément s'en soustraire.

24 février 2010

Reportage-choc du JdeM: un regard discutable sur l'éducation

J'ai longuement hésité avant d'écrire sur la série de reportages du Journal de Montréal publiés dans la semaine du 15 février. Tout d'abord, je suis un peu las de frapper sur les mêmes clous. Ensuite, la qualité de celle-ci ne méritait pas qu'on y accorde de l'attention.

Puis, plus le temps passait, plus certaines réflexions me venaient en tête. Impossible de les étouffer. Impossible de ne pas les écrire. Impossible de ne pas les partager avec vous. À la fois comme prof, mais aussi comme ancien journaliste. Car il suffit de quelques moments lucides de réflexion pour constater la fragilité de toutes les affirmations de cette série d'articles.

Un regard biaisé

Le JdeM affirme que cette série d'articles ne visait pas à dévaloriser l'école publique, mais à montrer les «dures réalités» auxquelles font face ceux qui travaillent dans nos école.

Déjà, en partant, la vision du journaliste, Sébastien Ménard, est teintée: il ne veut pas objectivement prendre connaissance de la réalité de nos écoles, mais bien rendre compte des «dures réalités» qu'on y retrouve. Comme paire d'oeillères, on ne fait pas mieux!

Je ne dis pas que ce que M. Ménard raconte est faux. Simplement, l'information qu'il rapporte sera forcément orientée en fonction de ce «pré-jugement».

De plus, et il s'agit d'une évidence, le traitement de l'information qu'on retrouve au JdeM oriente la façon dont la nouvelle sera rendue. Ainsi, les textes de M. Ménard constituent un regard «exclusif», une «série choc»... D'ailleurs, certains titres annoncent tout un programme: «Le calvaire des profs en 2010», «Une génération sacrifiée»...

Enfin, on peut s'interroger sur les intentions de ceux qui ont accueilli M. Ménard dans leur école. Il s'agit d'une hypothèse, mais je crois que leur but était de montrer à la population que la réalité scolaire québécoise est difficile.

Prenons, par exemple, ce directeur d'école que M. Ménard a accompagné pendant cinq jours. Croyez-vous que celui-ci aurait demandé au journaliste d'être à ses côtés une semaine ou il aurait dû être en congrès à l'extérieur ou en réunion de formation? J'en doute. Pour ma part, j'ai la conviction qu'on a surtout alimenté M. Ménard avec tout ce qui pouvait être négatif en éducation. Loin d'être honteusement manipulé, je suis convaincu que ce dernier n'en demandait sûrement pas mieux.

Par ailleurs, je ne suis pas convaincu que ceux qui ont accueilli M. Ménard ont pleinement réalisé le portrait qu'il ferait de l'école québécoise et... de leur école. Parce qu'il n'a pas fallu longtemps pour identifier au moins l'une d'entre elles.

Un regard parcellaire

Dans les faits, la série de textes du JdeM pose un regard parcellaire sur nos écoles et ce, de multiples façons.

Tout d'abord, M. Ménard n'a pris le pouls que de deux écoles durant une semaine pour chacune. Ce n'est pas ce qu'on peut appeler un échantillonnage très représentatif et une durée valable.

De nombreux facteurs autres que scolaires peuvent expliquer les constats qu'il aurait faits, dont le profil socio-économique des écoles concernées et le moment ou il a été présent en classe. Tout enseignant un tant soit peu expérimenté vous dira que certaines périodes de l'année sont plus difficiles à gérer que d'autres. Également, il y a le niveau de discipline existant dans ces écoles. Certaines peuvent être plus déstructurées que d'autres, disons.

Au niveau de la réalité d'un directeur, M. Ménard n'en a côtoyé qu'un seul et pendant une seule semaine. Comme on l'a vu, on peut se demander les intentions de ce dernier. En effet, il est à la mode depuis deux ans que les directions d'école se plaignent des conditions dans lesquelles on leur demande d'oeuvrer et plusieurs de leurs principaux griefs ont d'ailleurs été largement repris par le JdeM. Est-ce l'effet du hasard? J'en doute.

Au niveau de la réalité des enseignants, M. Ménard n'aura été suppléant que pendant onze périodes d'enseignement. C'est peu et surtout cela ne correspond pas vraiment à ce que ceux-ci vivent. En effet, le travail d'un suppléant est souvent beaucoup plus ingrat que celui d'un enseignant au niveau de la discipline. Il ne connait pas les élèves qu'il a sous sa gouverne, n'a pas de véritable relation avec eux. Bref, il n'est pas «le vrai prof». D'ailleurs, il ne faut pas se le cacher: pour les élèves, un suppléant est une occasion de se payer du bon temps. Un jeune résume très bien la chose en disant au représentant du JdeM qui veut le garder après un cours: «Si t'es pas content, tu chialeras à ma prof et elle me chicanera après.»u

Enfin, quelles sont les compétences de l'enseignant Ménard? Est-il un bon prof? Sait-il gérer une classe? Pas un mot là-dessus mais, pourtant, ce sera à partir du regard de ce dernier que nous vivrons certaines des «dures réalités» de l'école québécoise.

Un regard anecdotique

En fait, la série de reportages du JdeM constitue davantage une série d'anecdotes ponctuelles. Ainsi, les encadrés «Vu et entendu...» représentent d'excellents exemples de faits rapportés sans contexte et sans analyse.

M. Ménard aurait pu comparer son expérience récente avec celle qu'il a effectuée six ans plus tôt dans une polyvalente montréalaise. Mais il ne le pouvait tout simplement pas parce que ce qu'il a accumulé comme informations ne peut se prêter à une analyse valable.

En conclusion, les articles du JdeM ne sont pas dépourvus de valeur, mais ils doivent être replacés dans leur contexte pour bien comprendre qu'il serait faux d'en tirer des généralisations ou des conclusions sur l'école québécoise.

Quelques petites perles...

Je ne peux m'empêcher de conclure ce billet sans relever quelques inexactitudes et observations à propos de cette série d'articles.

- textes du lundi 15 février 2010 (ici et ici)

Dans l'encadré «Des moments plaisants», on prend connaissance des seuls bons moments de tous les reportages de M. Ménard et ceux-ci sont vécus par le directeur qu'il accompagne. Ce dernier prend le temps de «soigner une crise existentielle», de «rire avec les enfants» et de «récompenser un élève qui progresse». On dépeint alors un portrait sympathique et positif de ce directeur d'école.

Cependant, il est paradoxal de voir cette série de textes jumelée à une autre ou le même directeur se plaint de manquer de temps pour les «vrais problèmes» à cause de la paperasse, de la discipline à imposer aux enfants et des relations avec certains parents. Quant à moi, il m'amène à m'interroger sur le rôle d'un directeur. Est-ce son rôle de «soigner une crise existentielle»?

Dans l'encadré «Vu et entendu», on rapporte l'anecdote de cette mère monoparentale qui demande au directeur de ne pas permettre à un père de venir chercher ses enfants pour diner, car elle estime qu'il n'en aurait pas le droit légalement. Il acquiesce à sa demande. Une question: a-t-il le droit d'agir de la sorte? Les affirmations de la mère sont-elles valables?

Toujours dans le même encadré, M. Ménard rapporte le cas d'un élève qui fume et boit en quatrième année du primaire. Ce dernier porte d'ailleurs un chandail qui va à l'encontre du code de vie. Mais le directeur ne sévit pas dans ce cas. «S'il enlève ça, il n'a plus rien à se mettre. En 4e année, son père le laissait fumer et boire de la bière. Il a même volé de l'argent dans mon bureau», explique le directeur. Volé dans son bureau? Et n'y a-t-il pas dans cette école des chandails de rechange à prêter à ceux qui ne respectent pas le code de vie comme c'est souvent le cas ailleurs?

Encore dans «Vu et su», on rapporte l'anecdote d'un formulaire mal complété par le directeur. Honnêtement, je ne comprends pas le problème. On lui demande de reprendre une tâche mal effectuée. Cela me semble normal. Pourquoi en faire un tel cas?

Dans le texte principal de cette journée, on explique que les directeurs d'école n'auraient pas le temps de s'occuper des «vrais problèmes» comme le décrochage et la réussite scolaire. À lire ce texte, on comprend surtout qu'il manque une technicienne en éducation spécialisée ou une travailleuse sociale dans cette école pour s'occuper des élèves en crise ou en difficulté. Est-ce le rôle d'une direction de s'occuper au quotidien d'élèves ayant des troubles de comportement? Je ne crois pas. Est-ce le rôle également d'un directeur d'être un «leader pédagogique» dans une école? Je n'en suis pas si sûr. Mais cela est une autre question sur laquelle on pourra revenir un jour.

- textes du mardi 16 février 2010 (ici)

M. Ménard semble un suppléant mou. Ainsi, il permet aux élèves de se regrouper devant la porte de la classe trois minutes avant la fin d'un cours. Tout prof qui a un peu de jugeotte et de poigne interdit ce genre de rassemblement pour éviter des bousculades.

M. Ménard affirme que certains élèves seraient lents à prendre des notes de cours. Va-t-il trop vite? Les élèves niaisent-t-il le suppléant ou sont-ils des chiâleux habituels? Impossible de le savoir. Sur les quinze lignes que M. Ménard consacre à cette anecdote, treize servent à décrire «certains élèves» lents et deux «d'autres» (on ne sait pas combien) qui suivent le rythme. Est-ce de l'information équilibrée?

Le JdeM affime que les élèves «écrivent au son». M. Ménard remarque ce fait alors qu'il remplace un enseignant de troisième secondaire lors d'un cours de projet personnel et d'orientation (PPO). Si ce dernier avait véritablement de l'expérience en éducation, il aurait compris que nos élèves sont schizophrènes: ils font attention à l'orthographe quand on en tient compte. Et dans le cours de PPO, l'orthographe, tout le monde sait que ça ne compte pas vraiment! Je ne dis pas que les jeunes ne font pas d'erreurs, mais il s'agit ici d'un mauvais exemple pour appuyer cette affirmation. D'autre part, mes collègues qui ont lu ce texte ont déjà vu bien pire, en passant.

M. Ménard affirme que les jeunes manquent d'autonomie en prenant l'exemple des élèves d'un cours d'éthique et de culture religieuse qui, à force d'oublier leur cahier, ont amené l'enseignant à ramasser ceux-ci à la fin de chaque cours. Voilà un bon stratagème des élèves qui pousse la prof à faire le boulot à leur place! Qui manque d'autonomie: les élèves ou le prof?

- textes du mercredi 17 février 2010 (ici)

Aujourd'hui, dans l'encadré «Vu et entendu...», M. Ménard rapporte les propos du directeur auprès duquel il oeuvre et qui semble en avoir gros sur le coeur. Tout cela, sans vérifier les faits qu'on lui rapporte de façon anonyme. Ainsi, il y aurait de méchants enseignants qui profiteraient des périodes d'allègement pour se débarrasser du cours d'éthique et culture religieuse, des professeurs qui ne seraient pas de «vrais professionnels» parce qu'ils ne veulent pas voir le fait qu'ils soient tenus «responsables et imputables» de la réussite des jeunes dans leur convention collective, des parents «profiteurs», une ministre de l'Éducation déconnectée de la réalité des classes...

M. Ménard rapporte également le fait que les directions d'école doivent vivre avec des enveloppes budgétaires fermées (i.e. l'argent qu'elles contiennent ne peut être dépensé qu'à des fins spécifiques). Il donne l'exemple d'un programme d'aide aux devoirs qui n'est utilisé que par 1,5% des élèves de l'école ou il est présent. Conséquemment, le directeur «triche» et utilise ces sommes à d'autres fins, ce qui est un comportement discutable venant de quelqu'un qui veut incarner une certaine autorité. De plus, on ne retrouve dans cet article aucune véritable analyse de la part de M. Ménard sur la faible performance du service d'aide aux devoirs. Pourquoi ce dernier ne fonctionne-t-il pas? A-t-il été mal annoncé? Les élèves peuvent-ils demeurer après la classe ou doivent-ils prendre l'autobus scolaire?

- autres textes connexes

La série choc de reportages n'aura duré finalement que trois jours.

Le jeudi 18 février, on aborde plutôt les solutions et les réactions. Je les inclus dans mon analyse parce qu'elles permettent de jeter un autre éclairage sur les reportages du JdeM.

Tout d'abord, une réaction des élèves de l'école secondaire ou M. Ménard a travaillé comme suppléant: «Je ne peux pas nier le problème, il est là. Les profs vivent un certain calvaire. Je l'ai vécu dans certains de mes cours, l'an passé. Mais je trouve qu'il est facile de généraliser. Ce ne sont pas tous les jeunes qui ont cette attitude-là. On n'est pas tous comme ça», explique un porte-parole des élèves. D'ailleurs, le conseil des élèves s'interroge sur la pratique du journaliste qui a choisi de travailler incognito, en changeant son apparence et son identité. Tout cela avec l'assentiment de la direction.

Ensuite, M. Ménard interroge des professeurs universitaires qui nous indiquent qu'un «sérieux coup de barre s'impose». Il est remarquable de voir ce journaliste citer l'avis d'«éminents experts» (les mots sont de lui) qui unanimement reprennent l'essentiel des idées véhiculées dans ses textes.

La Fédération des commissions scolaires a refusé toute entrevue: «On ne veut pas commenter une situation générale que vous n'avez pas décrite», explique une porte-parole de la FCSQ.

La présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement (FQDE), Chantal Longpré, estime que ce portrait est «réaliste» et espère qu'il permettra aux écoles (i.e. aux directions d'école) d'«obtenir une marge de manoeuvre».

Un autre texte du JdeM publié le 21 février vient appuyer la description que M. Ménard a effectuée des écoles québécoises. On y rapporte à nouveau les propos de Mme Longpré et d'une dizaine d'enseignants. Aucun commentaire ne détonne. Tout le monde est unanime.

En fait, un des seuls textes qui commentera négativement ces reportages sera publié sur RueFrontenac.com. Quelle surprise! me direz-vous. Dans cet article, on rapporte les paroles de Jean-Pierre Frelas, président du conseil des commissaires de la Commission scolaire de Rouyn-Noranda: « Les propos et les faits relatés dans ces articles ne reflètent qu’une partie de la réalité vécue par le personnel enseignant des écoles secondaires de la province.» Pour ce dernier, le représentant du JdeM n'a pas passé assez de temps pour en tirer des constats rigoureux.

Finalement, sur la Toile, il y a le Goéland et Mario Asselin qui ont commenté les reportages du JdeM. Si le premier s'étonne du silence sur la blogosphère autour de ces reportages, le second s'interroge longuement sur les motivations qui ont incité le directeur de l'école primaire à accueillir M. Ménard.

23 février 2010

Parlons hockey

Grosse victoire du Canada sur l'Allemagne. Bof...

Premier vrai test demain contre la Russie. Performance plutôt décevante de l'équipe canadienne jusqu'à présent. Quant à moi, trois joueurs devraient être sur le banc.

Brodeur. Deux performances inégales consécutives contre la Suisse et les États-Unis. En fait, je me demande si c'est la performance de ce gardien qui est décevante ou l'interaction avec ses défenseurs qui ne fonctionne pas. Brodeur est trop hot dog dans ses sorties pour les arrières du Canada. Trop de sorties, trop de retours. Il met souvent son équipe dans des situations troubles.

Getzlaf, dit «Get lost». Beaucoup de temps de glace. Mais des passes imprécises, des jeux décousus.

Perry. Qui?

Et des décisions du coach discutables. Ou est Ignila? Il a cinq buts à sa fiche et on lui préfère des joueurs qui trainent la patte. Pourquoi laisser le tir de pénalité à Crosby plutôt qu'à Nash? Ce n'est pas comme si ce dernier était un manchot. Et cette incapacité à «couper son banc», à faire jouer les joueurs qui le méritent.

Demain contre la Russie.

Pédophile et laissez-faire policier

Un petit débat anime les lignes ouvertes ce matin: deux policiers auraient laissé sciemment des détenus tabasser un pédophile. Le bon peuple est évidemment d'accord avec le procédé. Il faut dire qu'il est plus facile d'approuver dans le confort de son foyer une démarche vengeresse que de faire l'effort d'amener le législateur à changer les lois.

Quelques petits éclairages malgré tout là-dessus:
- il n'est pas du devoir d'un policier d'appliquer un châtiment, quel qu'il soit, sinon il faudra en venir à approuver les constables à la gachette sensible;
- quelle confiance peut-on avoir dans un service de police qui encouragerait des détenus à commettre un crime?;
- qui ne dit pas qu'un jour, l'individu qu'un policier laisserait tabasser aurait été innocemment condamné?

«On ne répare pas une erreur avec une autre erreur», m'a déjà expliqué un adjoint dont je m'ennuie. Il a parfaitement raison, quant à moi.

22 février 2010

Test de français, éducation physique et autres bêtises (ajout)

Début de la semaine de relâche. Peut-être une visite impromptue au Barbare érudit ce soir. Mais surtout une grande envie de vacher comme ce n'est pas possible.

Ce matin, lecture des quotidiens. Les sujets ne manquent pas. Mon regard acéré et caustique aussi.

Le test de français des futurs profs

Dans un français douteux, le Journal de Montréal titre: «Le nouvel examen national de français éprouve les futurs enseignants». Éprouve? Ah bon. Un bon dictionnaire indique que tout examen viser justement à éprouver quelqu'un, à mesurer sa valeur. Ici, on est plutôt dans une utilisation fautive de ce verbe (anglicisme).

Le Soleil, qui a publié la nouvelle en premier, nous apprend que le nouvel examen de français que doivent passer les futurs enseignants, le Test de certification en français écrit pour l'enseignement (TECFEE), leur cause bien des maux.

Le taux de réussite varie selon les universités et les programmes. À l'Université Laval, on parle de 60 % pour le baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire tandis qu'il est de 70 % en enseignement secondaire. Dans d'autres universités, il peut descendre jusqu'à 25%!

Une constante: les résultats sont généralement plus faibles en enseignement préscolaire et primaire. Aucune surprise ici. Au risque de me faire lancer des briques, les candidats enseignants au primaire sont plus faibles que ceux du secondaire et possèdent un cote R qui le démontre bien. (Ajout: ce passage devait être la bêtise - voir le commentaire de David D'Arrisso)

Ce qu'on remarque également, ce sont les euphémismes, les litotes et la pensée positive de certains décideurs universitaires. En voici quelques échantillons.

- Le doyen de la faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval, Marcel Monette, affirme que les résultats «ne sont pas si catastrophiques que ça.»
- Le doyen de la faculté des sciences de l'éducation, Michel Laurier, faculté ou les étudiants ont obtenu 44% de réussite à ce test en automne: «Selon les indications que j'ai, les étudiants ici font relativement bien. J'imagine que ça peut être pire ailleurs.»
- La coordonnatrice du Centre d'aide à la réussite de l'UQAR, Élisabeth Haghebaert: «Il faut regarder d'où ils partent. Mais il ne faut pas paniquer parce que le taux d'échec est élevé. L'idée, c'est de pouvoir enfin repartir sur de meilleures bases. Il y a une bonne progression. On a bon espoir d'en sauver d'autres à la deuxième reprise. Ceux qui travaillent peuvent y arriver.»

Déjà, M. Laurier suggère de diminuer le seuil de réussite de cet examen. Il craint une pénurie d'enseignants qualifiés dans les écoles. Ah, monsieur Laurier... Premièrement, il y a déjà une pénurie d'enseignants, qualifiés ou pas. Le saviez-vous? Deuxièmement, vous trouvez ça «qualifié» un futur prof qui échoue ce test?

Dans la même veine, il poursuit: «La majorité des enseignants en exercice ne le réussiraient probablement pas. Mais comment peut-on socialement changer un seuil de passage sans que les gens ne lancent de hauts cris et qu'on se fasse accuser de niveler par le bas?» So what que les profs en place ne le réussiraient pas? Ce n'est pas parce qu'il y a des profs qui échoueraient ce test qu'il faut le remette en question. Pourquoi abaisser les uns au niveau des autres?

Dans un aveu éloquent, M. Laurier reconnait: «Le seuil de réussite est trop élevé. Mais si on le baisse, ça va être perçu comme une diminution des exigences. On est coincé.» Quant à moi, il s'agit d'une excellente nouvelle que vous soyez coincé de la sorte.

Personnellement, j'en suis à me demander si ce test ne devrait pas être obligatoire pour tous les intervenants en éducation. Pire! Il y a des jours ou, rempli de désespoir, je me demande même si on ne devrait pas exiger un minimum de culture générale de ceux qui évoluent en éducation.

L'école responsable de tout

Drame à la commission scolaire des Hautes-Rivières, dans la région de Saint-Jean-sur-Richelieu: les élèves du préscolaire n'auront qu'un cours d'éducation physique par cycle de six jours au lieu de trois.

Statistiques à l'appui, de nombreux intervenants dénoncent cette mesure reliée à des coupures budgétaires. Il faudrait au moins 60 minutes d'activité physique par jour.

Mais, ma question: pourquoi est-ce à l'école de s'assurer que les jeunes bougent une heure par jour? Coudonc, faut-il s'assurer de la qualité de leur alimentation! Oups... on le fait déjà.

Tiens, un jeune doit dormir un mimimum de huit heures par jour. C'est essentiel à son bon développement physique et mental. Alors, je propose que l'école doive dorénavant assurer un mimimum de huit heures de sommeil par jour à chaque élève. C'est une question de santé publique!

21 février 2010

Une autre réalité de l'éducation: la détresse des élèves performants

J'enseigne à des élèves pour la plupart performants. Ce n'est pas de ma faute: il en existe encore...

Jeudi, deux de mes élèves de l'année dernière viennent me voir, la mine catastrophée. Elles veulent me parler en privé. Le sujet qu'elle veulent aborder semble les préoccuper. Après quelques instants, je comprends qu'elles craignent qu'une de leurs amies soit devenue anorexique. Il y a des détails qui ne mentent pas: élève belle comme un coeur et exigeante envers elle-même, jeans devenu trop grand grand, regard fatigué et cernes autour des yeux, trop vêtue parce qu'elle a constamment froid, pas de lunch le midi, propos plus ou moins convaincants quand elle est questionnée sur son alimentation...

Je comprends alors que mes poussinnettes se sentent dépassées par cette situation et qu'elles se tournent vers moi pour trouver une solution. C'est là qu'un prof n'est plus un prof, mais un adulte responsable. C'est là, ou n'en déplaise à mon syndicat et à mon gouvernement, je ne regarde pas mon horaire de travail qui m'indique que je suis en TNP (travail de nature personnelle) et met en branle les ressources qui existent à mon école.

Jasette avec le directeur adjoint pour l'informer de la situation, hiérarchie oblige. Puis, rencontre avec la travailleuse sociale qui appelle la psychologue pour convenir du meilleur moyen d'intervention. Trente-cinq minutes se sont écoulées. On convient qu'il nous manque des informations.

Ensuite, je cours au secrétariat situé au bout du monde consulter les horaires des élèves de deuxième secondaire. Je croise «par hasard» l'élève concernée qui sort d'un cours de maths. Doute partagé: elle a maigri radicalement et elle semble fatiguée. Il arrive souvent que les élèves de deuxième perdent leur gras de bébé, mais pas qu'ils maigrissent à ce point.

Comme je donne un cours dans cinq minutes, je me rends en classe en vitesse et fais de mon mieux à la fois parce que la situation me préoccupe et parce que j'aurais dû préparer mieux la matière que je dois donner.

Le lendemain, vendredi, mes deux élèves de deuxième reviennent me voir avoir des faits nouveaux. Je devrai régler des problèmes de photocopie sauf que, soudainement, je crois que j'ai mieux à faire... J'en profite pour les questionner sur la jeune qui nous inquiète: situation parentale, etc. Surtout, je constate que mes deux oiselles ont besoin elles aussi de réconfort: elles sont très préoccupées, très comme trop à cet âge ou nos amis sont le centre de notre univers.

Je les remercie pour leur sollicitude à l'égard de leur collègue, leur dis qu'elles ont bien fait. Mais surtout, je les invite à comprendre qu'elles doivent comprendre qu'elles ne peuvent en faire plus, qu'elles doivent accepter que leurs actions ont une limite, qu'elles ne doivent pas se sentir coupables de ce qui se passe. Elles ne doivent pas devenir victimes du comportement de leur amie.

Nouvelle rencontre impromptue avec la travailleuse sociale. Selon mon horaire à la con, je devrais être en train de... Notre planning d'intervention est déterminé. Il inclut les deux amies ébranlées. Un seul bémol: nous tombons en semaine de relâche. D'accord, une anorexique nous mourra pas en une semaine, mais je déteste ces délais. Je déteste l'inaction devant la détresse.

********

Si j'ai écrit ce billet, c'est pour souligner que les élèves performants ont des difficultés qui leur sont propres. On l'oublie souvent. Les cas d'anorexie sont plus fréquents généralement chez les filles qui réussissent très bien à l'école, par exemple.

J'aimerais également ajouter que je ne suis pas une exception. Bien des enseignants en font plus que ce qu'on leur reconnait. Ils le font tout de même parce qu'ils ont un coeur, un souci du professionnalisme et un humanisme que leur convention collective et leur horaire ne leur reconnaissent pas. Comme enseignant, il faut cependant à aller vers les ressources de l'école (quand il y en a!) et ne pas tout porter sur ses épaules, sinon on risque de commettre des erreurs ou de ne pas survivre à la détresse qui nous entoure.

17 février 2010

Les élèves «multitâches»: une bonne chose?

En entrevue avec Isabelle Maréchal, Pierre Fraser développe l'idée que les individus «multitâches» sont plus performants est un mythe. À cette époque ou l'on veut former des jeunes selon ce principe dans nos écoles, son intervention est intéressante.

Selon lui, les multitâches «développent des problèmes d’attention, de contrôle de la mémoire, et ont tendance à changer plus fréquemment d’emploi que ceux qui prennent le temps de compléter un travail et d’effectuer une tâche à la fois.» Sur le plan cognitif, ils «deviennent des champions de la non pertinence et tout les distrait.»

Peut-on penser raisonnablement qu'une partie des déficits d'attention qu'on retrouve chez les jeunes pourrait être causée parce ce mode de fonctionnement?

C'est que je remarque parfois dans mes classes, ce sont des élèves qui jonglent avec plusieurs éléments en même temps sans être capables de fixer leur pensée sur un objet précis. Des élèves incapable d'un discours clair et structuré. Des élèves incapables de se concentrer et de développer leur mémoire, même à court terme. Ils ont besoin de stimulis pour être captivés mais semblent davantage avoir ce besoin pour être amusés que pour être instruits.

Mis en situation de projet, ils ont de la difficulté à travailler sans un encadrement précis et sont démunis devant des situations «floues». Ils passent aussi plus de temps à jouer avec les fonctions «gadget» des logiciels qu'ils utilisent qu'à créer un produit pertinent relevant d'une communication efficace.

Bon, je râle, mais je crois qu'il faut être conscient comme éducateur que l'utilisation en classe demande une plus grande rigueur de la part de l'enseignant. De plus, il ne faut pas surestimer les élèves: ce n'est pas parce qu'ils pianotent sur un portable depuis des années qu'ils savent correctement s'en servir, non seulement pour des fins de s'informer adéquatement, mais aussi pour structurer leur pensée et la rendre de façon efficace.

Si l'ordinateur est une fenêtre sur le monde, cette fenêtre les empêche parfois de regarder devant soi et les distrait des tâches demandées.

À cet égard, qu'on travaille avec un papier ou avec un clavier, obliger l'élève à établir un plan précis du produit qu'on veut créer me semble incontournable. Le laisser seul avec un portable et s'imaginer que tout se fera par magie est illusoire.

De plus, il faut amener le jeune à être plus conscient du langage qu'il emploie (utilisation de la musique et des images, des titres, de la voix...). À cet égard, ce ne sont pas tous les enseignants qui ont ces connaissances médiatiques.

Enfin, comme l'ordinateur est un beau joujou, il importe de fixer un temps limite au jeune pour créer le produit demandé, sinon on s'expose à devoir le regarder avoir beaucoup de plaisir à créer sans résultat concret.

La ministre Courchesne démisionnerait?

Ai-je rêvé? J'esaie, sans succès, de retrouver ce texte ou, en entrefilets de porc, on mentionne une rumeur à l'effet que Michelle Courchesne voudrait quitter le ministère de l'éducation après les Jeux olympiques de Vancouver.

Il s'agit d'une drôle de coïncidence puisque, pas plus tard que la semaine dernière, quelques collègues et moi mentionnions qu'on serait bien mal pris face aux décideurs scolaires si la ministre n'était plus là.

Il est trop tôt pour rédiger une élogie funèbre (surtout que la ministre n'est pas inscrite en luge), mais disons que la situation est bien ironique.

16 février 2010

Lucien, calme tes nerfs...

Depuis que l'ex-premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, a quitté la vie politique, il n'est jamais intervenu sur la scène publique pour commenter les affaires de l'État québécois. Or, hier, Lulu a pris la parole à la fois pour enfoncer Pauline Marois, la chef du Parti québécois, et défendre son frère, Gérard, auteur du rapport que l'on sait.

Selon lui, le PQ a «l’air de vouloir remplacer l’ADQ dans la niche du radicalisme.»

Il a ajouté: «Mon frère s’est fait traiter d’Elvis Gratton par Pauline Marois; je n’oublierai pas ça. Ça ne montrait pas beaucoup d'ouverture. Dans l’immédiat au Québec, on a autre chose à faire qu’attendre quelque chose qui ne vient pas vite.On a des problèmes très graves, des problèmes économiques, des problèmes d’éducation, des problèmes de santé, de finances publiques. Il faut qu’on se mette à la tâche.»

Quelqu'un pourrait-il lui rappeler de se faire oublier un peu? Les problèmes en santé et en éducation, il les a aggravés avec ses mises à la retraite massive. À sa place, je me garderais une petite gêne.

15 février 2010

Lipdub et euphémisme

L'élève de cinquième secondaire qui a voulu faire un lipdub contre la réforme dans son école a pu retourner en classe après avoir signé un contrat de réintégration: «On a convenu que je pourrai réaliser le lipdub à l'école à condition que je change les paroles. On a le droit de s'exprimer, ce n'est pas vrai que je vais changer les paroles au complet. Je ne lâcherai pas le lipdub, on va le faire peu importe ce qui arrivera.»

Pour sa part, la directrice de l'école a refusé de rencontrer les médias, mais la commission scolaire a publié communiqué comprenant un euphémisme merveilleux: «les interventions n'avaient jamais visé à restreindre la liberté d'expression sur un sujet ou un autre, mais visaient à accompagner et à encadrer des élèves qui souhaitaient exprimer leur opinion».

14 février 2010

Adulte

Le 15 février 1992, vers minuit trente, Fille masquée était conçue. Un petit spermatozoïde plus vaillant que les autres avait fait son chemin.

Le miracle de la vie, me direz-vous.

Le 0,01% de défaillance du condom, m'expliquera le pharmacien.

225 mg d'Effexor pendant trois ans, me suggéra le médecin.

«Tu es responsable de ce que tu as dans tes culottes», finira par me dire un de mes frères.

Une pesante ancre attachée à mes pieds, moi qui savais si peu nager.

Jamais je n'ai voulu croire à un geste mal intentionné. À un complot féminin. Parce que si tel était le cas, j'aurais sûrement mis fin à mes jours.

Alors que ma fille apprenait à vivre dans ce monde, j'apprenais à ne pas y mourir. À croire en l'avenir, même s'il n'était plus le mien. Trop égocentrique encore pour comprendre que même notre avenir ne nous appartient pas toujours. Trop égocentrique pour comprendre que la seule chose qui nous appartient vraiment est cette volonté de vivre. Tout comme ce petit spermatozoïde vaillant et insignifiant.

Fille masquée. Une enfant de l'amour. Une enfant d'une dernière nuit entre sa mère et moi. Comme une dernière étreinte avant un déchirement. Un dernière caresse avant une rude bataille. Un dernier baiser avant une morsure. Un dernier éclat de lumière avant la noirceur.

Fille masquée a longtemps été l'enfant de l'ambiguïté. Celle d'une paternité non désirée d'une fille pourtant remarquable. Celle d'une culpabilité de regarder s'épanouir cette enfant que j'aurais souhaiter avortée. Celle de devoir revoir chaque semaine une femme que j'ai aimée et que j'ai appris à détester plus je la connaissais parce qu'elle me haïssait d'exister. Celle d'un père à qui on demandait de prendre sa place tout en la lui niant.

Dix-huit ans marqués de lutte contre une mère qui m'a souvent plongé dans la dépression et l'amertume. Dix-huit ans ou seul l'amour éprouvé pour ma fille m'a soutenu. Dix-huit ans ou j'ai voulu demeurer son père sans savoir si je voulais demeurer pour moi.

Ma fille a été conçue il y a dix-huit ans cette nuit et chacun de ses sourires, chacune de ses caresses me serre le coeur. Je lui ai donné la vie, malgré moi et grâce à moi. La longue culpabilité a cédé la place au sentiment d'être un bon père, aimant, présent et dévoué.

Aujourd'hui qu'elle est presque une adulte, j'ai, moi aussi, à le devenir. À oublier un certain passé pour mieux vivre cette vie que je lui ai donnée.

12 février 2010

Branchez-moi, quelqu'un!

Bon, voilà. Prof masqué doit se trouver un nouveau fournisseur Internet. Jusqu'à présent, je connaissais les joies d'une ligne téléphonique et d'un modem qui me permettaient d'affirmer que j'avais une connexion basse vitesse avec patience limitée. J'étais fier de ce statut préhistorique.

Mais un concours de circonstances auquel je n'étais pas inscrit et que j'ai remporté malgré tout fait que je perdrai le privilège de regarder une photo se télécharger un pixel à la fois.

J'ai commencé à magasiner et je ne comprends absolument rien au charabia technique de tous ces charlatans de la communication.

Voici donc ma situation:
1- Je n'ai pas le câble et ne le veux pas.
2- Je fais peu d'appels interurbains.
3- J'ai une ligne téléphonique chez Bell.
4- J'ai un cellulaire à la carte chez Virgin.
5- Comme tous les hommes, je fuis l'engagement et je déteste les contrats à longue durée.

Voici mes besoins:
1- Je consulte les journaux en ligne et différents autres sites plusieurs heures par jour.
2- Je ne télécharge pas de trucs musicaux ou de films.
3- Je prends mon courrier.
4- Je viens sur Blogger.
5- À l'occasion, je regarde des séquences vidéo.

Il y a Bell, Vidéotron (Vidéo-étron, pour les intimes) et Distributel que je connais. Qui et que me recommandez-vous?

11 février 2010

Du respect et de l'enseignement

Vous êtes enseignant dans la région de Laval et vous songez à donner une retenue à un élève qui manque de politesse à votre égard. Et, rapidement, vous y renoncez. Peut-il y avoir un lien entre votre comportement et cette nouvelle dont je donne un extrait:

LAVAL - Le stationnement de l’école secondaire Saint-Maxime, dans le quartier Chomedey à Laval, a été le théâtre d’un véritable affrontement entre des dizaines de jeunes et les policiers, jeudi, en début d’après-midi.
Quelques 200 élèves de l’école située au 3680, boul. Lévesque Ouest, ont profité de la fin de leur pause de dîner pour défier les agents présents, appelés sur place en raison de rumeurs voulant que deux gangs s’affrontent sur les terrains de l’école.

Projectiles de pierre et de glace

«C’est un jeune qui a donné un coup de pied à la voiture de police qui a déclenché le tout. Les policiers l’ont arrêté et d’autres jeunes se sont approchés de la voiture pour essayer d’intimider les policiers», raconte le porte-parole de la police de Laval, Franco Di Genova.

Et les jeunes n’ont pas lésiné sur les moyens pour manifester leur mécontentement envers les policiers à la suite de l’arrestation de leur confrère, leur lançant notamment des roches et des morceaux de glace. Un agent a d’ailleurs été atteint par l’un des projectiles mais n’a pas été blessé sérieusement.


Quand on vous parlera de problèmes de discipline auprès des jeunes, imaginez comment ils se comportent avec des enseignants.

10 février 2010

De l'utilisation du «et» et du «ou»

Le Journal de Montréal, dans un exemple de talent journalistique sans pareil, rapporte l'histoire de cette femme atteinte d'obésité morbide qui a dû aller en cour pour obtenir une place de stationnement à cause de son état physique.

Je ne peux que m'imager la déplorable situation de cette femmme, surtout quand je lis: «Mme Mayrand doit se déplacer ave (sic) une canne, une marchette et un fauteuil roulant.»

Elle est drôlement handicapée avec tous ces objets.

Le texte du lipdub de l'Ancienne-Lorette

Le Soleil publie aujourd'hui intégralement le texte du lipdub interdit dans cette polyvalente de l'Ancienne-Lorette et pour lequel Anthony Leclerc a été suspendu pour cinq jours.

Dans un autre texte, la directrice de cette école, Francine Desrochers, explique que les paroles de cette adaption de la chanson «Ça m'énerve» d'Helmut Fritz seraient irrespectueuses: «On ne pouvait pas les autoriser à filmer à l'école dans ce contexte-là. On a des valeurs de respect à véhiculer.»

Je sais qu'il existe des règles à appliquer pour le bon fonctionnement de nos écoles. On ne peut pas permettre à n'importe qui de filmer sans autorisation dans un établissement scolaire. Par contre, il faut avouer que, dans le présent cas, en parlant de valeur, cette directrice est juge et partie quand on lit le texte de cette adaptation.

De plus, permettez-moi de hurler quant à la qualité du français de ce texte. Etre directrice d'une école ou un élève de cinquième secondaire maltraite autant la langue française, je me poserais des questions sur la qualité de l'éducation qu'il a reçue. Ça aussi, c'est une question de valeur et de respect. Mais tout cela est moins important, finalement.

Pour tous ceux qui sont pogné dans la réforme scolaire!!
5 années au secondaire
mais la réforme me pompe l'air,
c'était ça la décision
d'un vrai ministère de con.
ça m'énerve
Oui, ça m'énerve!
Mais, moi je n'en ai rien à faire,
Une réforme c'est une galère.
Sur les murs c'est marqué : « FUCK »
Parce que la réforme ça : « SUCK »
ÇA M'ÉNERVE!
Tous ceux qui ont faits confiance à la ministre de l'éducation
Ça m'énerve
Le pourcentage c'est finit, Courchesne à fait tout le ménage
Ça m'énerve.
Tous ceux qui trouvent que c'est une décision intelligente
Ça m'énerve!
La seule vue sur la réforme, me donne effectivement le goût de m'enfuir!
Ça m'énerve
Oui, ça m'énerve
Dans le gouvernement, tout le monde semble content
Moi j'arrive contre la réforme on me dit t'es pas conforme!
Mais ça m'énerve!
J'marche dans l'corridor, une directrice, vraiment pas rapport
Me dit : « TU VAS TE TAIRE !!? »
Non, je ne vous aie pas sonné!
Elle m'énerve,
Mon dieu qu'elle m'énerve
J'ai vu touts les échecs au ministère,
Quand j'ai vu ça j'ai tout vomi par terre,
J'ai fini par tout couler mes matières
Bref, les compétences, ouah, c'est d'la merde!
CA MÉNERVE!
Tous ceux qui ont faits confiance à Jean Charest
Ça m'énerve
Le pourcentage c'est fini, Courchesne à touts fait le ménage
Ça m'énerve.
Comme tout les fonctionnaires qui ce pogne le cul au ministère
Ça m'énerve!
Pour oublier le taux de décrochage dans les écoles !
Ça m'énerve vraiment ce gouvernement qui fait n'importe quoi..
Tout ça pour de l'argent.
Mais bon, ils paraient qu'ils en ont !
CA MÉNERVE!
Pour touts les enseignants qui ont de l'espoir envers ces gens
Ça m'énerve
Si t'es moyennement intelligent, et bien tu sauras où est ton argent!
Ça m'énerve.
Tous ceux comme toi qui écoutent beaucoup trop fort ces gens
Ça m'énerve!
Nous ont montent les voir et ont leurs dit avec les cries...
C'est d'la merde!!

08 février 2010

Censure à L'Ancienne-Lorette! (ajout)

Bon, un titre choc. J'aime ça. Un peu de punch. Du scandale. Du sang, du sexe et du sport, tiens! Oups, je me calme.

À la polyvalent de l'Ancienne-Lorette, il y a des élèves qui ont dû annuler une activité qu'ils avaient prévue. Un lipdub.

La direction de la polyvalente de l'Ancienne-Lorette a annulé le tournage du lipdub qui devait avoir lieu lundi midi parce que la direction et les enseignants n'étaient pas au courant de l'activité pour dénoncer la réforme scolaire.

Sur Radio-Canada, on apprend qu'une cinquantaine d'élèves ont alors manifesté pour dénoncer cette décision: « La directrice nous a empêchés de le faire. Ils ont appelé la police. Ils ont barré toutes les rues. On nous a empêchés de faire ça en voulant dire que c'était presque criminel.»

La direction de l'école explique sa position de la façon suivante: «On n'a rien contre le fait qu'il puisse exprimer ce qu'il ressent face à la réforme, mais qu'on le fasse correctement.»

Disons le tout de go, une direction a tout à fait le droit d'interdire certaines activités dans les murs d'une école, notamment le tournage d'un lipdub, par exemple. Ce genre d'interdiction est mentionnée dans le code de vie de l'école, code de vie connu normalement par tous les élèves. C'est le contexte «correctement» et «réforme» qui donne toute la saveur à cette nouvelle.

Dans un article du Journal de Québec, Laurence et son ami Anthony indiquent ce qu'ils reprochent à la réforme:

« En tant qu’élèves, on s’entend tous pour dire que la réforme, c’est n’importe quoi. Nous sommes les cobayes de la réforme. On travaille avec les compétences depuis toujours. On est dedans et on n’y comprend rien. On n’a pas la sensation d’apprendre. La réforme nous donne des méthodes pour appliquer des méthodes. Et on nous demande d’apprendre ces méthodes. On évalue les méthodes de travail plutôt que le travail. C’est assez!»

Dommage toute cette histoire. Parce que c'était une belle initiative qui mettait en action plusieurs connaissances et compétences. Et je ne parle pas de l'intégration des TIC! Il me semble même que c'était très, mais très réforme au fait.

Si ce projet a été refusé, avouez que c'est ironique, non? Ironique ou politique?

Les jeunes auteurs de ce projet ont affirmé qu'ils tourneront leur libdub ailleurs qu'à l'école. J'ai hâte de le voir!

*********

Tiens, Anthony Leclerc a été suspendu indéfiniment.

Bye! Bye! Bob!

Croyez-vous vraiment que la «démission» de Bob Gainey va changer grand chose cette année pour le Canadien? Chose certaine, cette décision va permettre de régler certains dossiers qui trainent parce que le dg des Glorieux s'était peinturé dans le coin depuis quelque temps. Je pense aux dossiers Price et Plekanec, entre autres.

Mais que croyez-vous que son successeur pourra faire avec une équipe dont la masse salariale est plombée par trois gros contrats (Gomez, Gionta et Camallerri), qui a peu de choix au repêchage et dont les recrues ne sont pas prêtes pour la grande ligue?

Gauthier sera, je l'espère, un homme de transition. Je verrais d'un bon oeil le retour d'André Savard au centre Bell. Tout sauf Jacques Martin dont je me débarrasserais dès l'année prochaine pour un entraineur qui a des aptitudes d'enseignant et de motivateur. Guy Boucher, actuellement à Hamilton, serait un excellent candidat mais il fait un trop bon travail pour le monter tout de suite.

Quant à moi, Bob aurait dû partir depuis une ou deux années. Il aura eu le temps de faire des dégâts qui hypothèqueront ou retarderont le développement du Canadien pour quelques saisons.

07 février 2010

Douze mythes entourant l'enseignement

La Fédération autonome de l'enseignement (FAE) a produit un dépliant fort intéressant quant aux principales récriminations qu'on fait parfois aux enseignants: nos deux mois de vacances, notre sécurité d'emploi, etc.

Un résumé est maintenant disponible en ligne.

Je ne veux pas avoir l'air chiâleux, mais j'aurais aimé que cette initiative vienne de mon syndicat. Mais depuis quelque temps, on dirait que la FSE se contente de toucher mes cotisations et de dormir au gaz.

05 février 2010

Les soirs et les fins de semaine (AJOUT)

On apprend que la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a déposé un projet de règlement afin de modifier le calendrier pédagogique afin de permettre que les élèves puissent être à l'école les soirs et les fins de semaine. On ne compterait plus l'année scolaire en jours mais en heures. Le but: réduire le décrochage scolaire. Les écoles auraient ainsi davantage de flexibilité afin de réduire le décrochage scolaire.

Je comprends mal cette idée de changement puisque des dispositions sont déjà prévues dans la convention actuelle pour l'exemple que donne l'attachée de la ministre quant au changement: «Le but, c'est de donner plus de flexibilité aux institutions scolaires pour qu'ils mettent sur pied des projets à la performance solaire ou pour contrer le décrochage. Par exemple, un professeur d'éducation physique pourrait décider de remplacer ses heures de cours par une sortie de ski de fond un samedi.» Or, il existe déjà la notion de temps compensé qui permet ce genre d'activité.

Dans le texte de La Presse, on soulève de nombreux écueils comme la conciliation travail-famille, le transport scolaire, les failles reconstituées, les services de garde, etc.

Honnêtement, je ne vois pas où la ministre veut en venir avec cette idée. Même les commissions scolaires n'avaient pas demandé une telle initiative, affirment-elles.

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Différents articles publiés aujourd'hui montrent que tous els acteurs du milieu scolaire ne comprennent pas ou veut en venir la ministre avec son initiative.

Dans Le Devoir, la mesure est incompréhensible pour les intervenants en éducation. Dans les réactions à cet article, on signale que des groupes FaceBook contre cette initiative se sont déjà formés.

Dans un premier article du Journal de Montréal, certains se demandent s'il ne s'agit pas d'une stratégie alors que le gouvernement est en négociation avec les enseignants pour le renouvellement de leur convention collective.

Dans un deuxième texte, le critique de l'opposition en matière d"éducation, Pierre Curzi, se demande s'il ne s'agit pas d'une façon d'accommoder les écoles illégales. J'ai mes grosses réserves quant à cette idée.

Dans tous les cas, la ministre doit clarifier la mesure qu'elle entend implanter.

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Voilà ce qu'elle fait dans ce texte et dans cet autre texte .PMT pourra dormir tranquille le samedi. Moi aussi.

04 février 2010

Dans une école près de chez vous - septembre 2010

En entrevue à Paul Arcand ce matin, la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a fait part de ses intentions pour la prochaine année scolaire:
- bulletin uniforme à la grandeur du Québec;
- fin des tables de conversion et retour des notes en pourcentage de 0 à 100 selon l'évaluation de l'enseignant;
- notes au bulletin constituées de l'accumulation de travaux durant la période couverte par le bulletin.

Par ailleurs, la ministre semble comprendre que l'évaluation des élèves de cinquième secondaire avec des tables de conversion pourrait causer un certain préjudice à ceux qui voudraient s'inscrire dans des programmes contingentés au cégep. Ce sujet a déjà été abordé ici. Je ne verserai pas dans le «Je l'avais dit...» Je suis seulement content qu'on corrige rapidement cette iniquité.

L'évaluation a toujours été le talon d'Achille du Renouveau. D'ailleurs, on a commencé l'implantation de la réforme sans véritablement savoir comment les élèves seraient évalués. On se souviendra que les pratiques mises de l'avant par le MELS, les commissions scolaires et les écoles au cours des douze dernières années ont donné lieu à des dérapages embarrassants.

Quant à moi, le non-redoublement entre la première et deuxième année du secondaire est une aberration nuisible aux élèves qu'il conviendrait de corriger. J'ai déjà traité ce sujet. Mais j'y reviendrai si le besoin se faisait sentir.

01 février 2010

Les négos: 1- les salaires et la durée de l'entente

Bon, aussi bien le dire, il est écrit dans le ciel que les enseignants vont exercer des moyens de pression et que la fin de la présente année scolaire risque d'être longue... Déjà, certains syndicats ont adopté une liste de moyens de pression «légers» pour mettre la table. Le Soleil en parle traite d'ailleurs des négociations en cours ce matin dans son édition.

Aujourd'hui, question de débroussailler, si possible, le tout et de se désennnuyer de son célibat, le sympathique Prof masqué traitera de la question des salaires et de la durée de l'entente liant le gouvernement et ses employés. Un autre texte suivra sous peu sur les conditions reliées à l'emploi.

La question du front commun

Avant d'entrer dans le vif du sujet, je m'en voudrais de ne pas aborder une première manoeuvre syndicale qui pourrait expliquer pourquoi les enseignants se feront une fois de plus entuber lors des négociations actuelles.

En participant au front commun intersyndical, les syndicats enseignants espèrent bénéficier de l'effet du nombre mais ils diluent, quant à moi, leur capital de sympathie en s'associant à des fonctionnaires beaucoup moins populaires auprès de la population. Et, on ne le dira jamais assez, le renouvellement des conventions collectives est davantage une opération politique que financière. Je ne suis pas sûr que nous améliorons nos chances d'obtenir une meilleure entente avec cette manoeuvre.

Déjà, les médecins spécialistes, qui n'appartiennent pas au front commun, ont annoncé leurs couleurs avec une demande d'augmentation de 4% par année. Il faut lire la logique et la détermination du discours de leur président, Gaétan Barrette, pour réaliser que nos représentants syndicaux ont des croûtes à manger en matière d'argumentation.

Bien sûr, notre situation n'est pas entièrement comparable à celle des médecins qui ont le loisir d'aller pratiquer ailleurs, mais il n'en demeure pas moins que, tout comme eux, le gouvernement québécois est en pénurie d'enseignants et que ceux-ci sont moins bien payés que la moyenne canadienne.

Le contexte financier évoqué par le gouvernement

En dévoilant ses offres, le gouvernement y est allé d’un tas de considérants qu’on peut résumer ainsi:
- les travailleurs du secteur public jouissent de conditions de travail avantageuses par rapport aux employés du secteur privé;
- la récession fait mal et le retour à un équilibre budgétaire demande un effort de la société québécoise;
- le gouvernement doit limiter la croissance de ses dépenses durant cette période tout en s’assurant du maintien des services publics.

Certains points méritent d’être soulignés.

Ainsi, les études actuarielles ne s’entendent pas sur les «conditions avantageuses» des employés du secteur public. Par exemple, il serait plus juste de comparer ces emplois avec ceux d’entreprises de taille comparable, ce que ne fait évidemment pas le gouvernement. On pourrait aussi souligner que le salaire des enseignants québécois vient à l’avant-dernier rang au Canada et que plus de 40% des enseignants du Québec n’ont pas obtenu leur permanence.

Ensuite, j’ai bien de la difficulté à trouver crédible cet effort demandé à la «société québécoise» quand on voit tous ces cas de bonis de performance, de primes de départ et de comptes de dépenses chez nos décideurs publics. Et on ne parle pas ici de la corruption dans l’industrie de la construction ou des 40 milliards partis en fumée à la caisse de dépôt et placement du Québec! La société québécoise semble donc, dans les faits, se résumer aux employés du secteur public… et personne n’a de compte à rendre si on est rendu au bord du gouffre à la suite d’une mauvaise gestion des finances publiques.

Enfin, il est clair que le gouvernement veut maintenir les services publics tout en limitant ses coûts. Devinez comment il va y parvenir? En limitant la masse salariale des employés les plus nombreux, pas en remettant en question les privilèges de gens haut placés ou de ceux qui auront su mieux jouer la game comme les médecins ou les policiers.

Une fausse augmentation de salaire de 7%

Là aussi, le gouvernement se montre habile en indiquant qu’il veut conclure une entente prévoyant une hausse de 7% en cinq ans des coûts de la main d’œuvre. Cela ne signifie aucunement une augmentation de salaire.

Par exemple, si on diminue le nombre d’élèves par classe, il faudra embaucher plus d’enseignants et la masse salariale se verra amputer de sommes qui ne pourront servir à augmenter les salaires. De même avec les fonds de retraite, les coûts reliés à l’équité salariale et les avantages sociaux.

Ironiquement, toute mesure d’amélioration en éducation se fera à même le traitement des enseignants. Ceux-ci seront donc placés dans une situation difficile devant la population : «Ils préfèrent augmenter leur paie que d’aider les jeunes…»

Dans les faits, on risque d'assister à une vaste campagne d’anthropophagie syndicale. Qui bouffera dans l’assiette de l’autre et, surtout, qui bouffera l'autre finalement? Généralement, pour des raisons politiques (parce qu’ils visent à être réélus), nos dirigeants syndicaux s’assurent de contenter le groupe de profs le plus nombreux, soit les profs permanents du primaire. On se souviendra tous de l’équité salariale qui n’a rien rapporté aux profs plus scolarisés, habituellement ceux du secondaire, qui ont hérité d’une augmentation… du temps de présence à l’école.

Sentant déjà qu'on risque de les sacrifier, l'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic a d'ailleurs réclamé l'arrêt des négociations actuelles pour que ses membres soient consultés durant celles-ci. Croyez-vous que nos représentants vont se battre le couteau entre les dents pour d'anciens travailleurs qui ne les élisent pas et qui ne paient plus de cotisations?

Dans une récente déclaration, le premier ministre Charest est venu préciser ou court-circuiter ce processus en affirmant que 5 des 7% seront consacrés aux salaires en tant que tel (soit 0,5%, 0,75%, 1,0% ,1,25% et 1,75%). Mais le tout sent un peu l'improvisation...

La durée de l'entente

Un autre élément important est que le gouvernement souhaite conclure une entente de cinq ans avec les différents syndicats.

Soyons honnête : les syndiqués ne pourront qu’être perdants avec une entente aussi longue. En effet, si les effets de la crise s’estompent, il est fort à parier que l’inflation augmentera et les hausses salariales possibles ne suffiront pas à contrebalancer le coût de la vie. Cela, même si le gouvernement retient la «possibilité» de revoir à la hausse après trois ans le traitement des enseignants «si la croissance économique nominale s’avère plus élevée que prévue dans le plan de retour à l’équilibre budgétaire.»

De façon plus objective, il serait malvenu pour le gouvernement de réduire ses dépenses alors que la reprise économique s'annonce. On fonctionne à l'envers à Québec! Si on coupe les fonctionnaires, on réduira leur pouvoir d'achat et d'autant leur impact positif sur l'économie. En période ce crise, le gouvernement doit soutenir l'économie en dépensant. S'il nous coupe, il doit obligatoirement investir ailleurs, ce qu'il ne semble pas non plus faire.

Madame Gagnon-Tremblay a enfin laissé entendre que les salaires pourraient être augmentés si des gains en productivité étaient réalisés. Comment puis-je être plus productif, je me le demande?