30 octobre 2010

Question technique

Puis-je faire des liens vers des documents Word ou PDF à partir de cette page Blogger?

29 octobre 2010

Une petite bitch en passant...


Sur le leadership de Marois et sa capacité à vendre l'option souverainiste:

L'ex-député bloquiste Suzanne Tremblay

«Mme Tremblay avance que Mme Marois devrait nommer un député responsable de la pédagogie de la souveraineté au sein de son cabinet fantôme.»

Associer Mme Marois et pédagogie dans la même phrase, est-ce sérieux?

28 octobre 2010

Chouette: on a le droit de tuer des cyclistes quand on est fatigué au volant!


Je n'ai absolument pas compris que l'individu qui a tué trois cyclistes à Rougemont s'en soit tiré sans qu'aucune accusation de quelque nature que ce soit n'ait été portée contre lui. Un peu plus et on a l'impression que ce sont les familles des disparues qui allaient devoir se défendre pour les dommages causés au véhicule impliqué dans cette tragédie: «À quel vitesse roulaient les cyclistes quand elles ont heurté votre camion, monsieur?»

Ce soir, à la télé. ce conducteur a fait son «coming out» et a expliqué... qu'il n'avait à rien expliquer.

Après avoir terminé son travail de nuit, l'homme roule un matin clair de printemps sur une route à quatre voies. La chaussée est sèche. Il a mis en marche le régulateur de vitesse à 105 km-h alors que la limite permise est de 90 et puis, plus rien. Il tue trois cyclistes qu'il n'a même pas cherché à éviter. Aucune trace de freinage n'a été retrouvée sur les lieux de l'accident. Rien.

Pour Canoe, l'homme «ne comprend pas ce qui s'est passé.» Et à lire ses explications, on réalise qu'on n'en saura pas plus. «Je sais que ce serait plus facile si je pouvais comprendre moi-même ce qui s’est passé, mais je ne sais pas quoi répondre. (...) J’ai pris la courbe, puis après ça… J’essaie encore de voir ce qui s’est réellement passé. Moi-même je ne le sais pas. Est-ce que je me suis endormi? Est-ce que j’ai eu un moment d’inattention? Tout ce que je peux dire, c’est qu’il n’y a pas eu de vitesse: j’étais sur le "cruise control". Il n’y avait pas d’alcool: je revenais du travail. Il n’y avait pas de cellulaire: je n’avais pas de batterie. J’avais travaillé mon quart de nuit. Mais fatigué? Moi, je trouvais que la route se passait bien. Moment d’inattention, moment de fatigue… oui, c’est possible.»

La dernière fois que j'ai pris connaissance d'un témoignage aussi vague, c'est lors du scandale des commandites: «Je ne me souviens pas... Je ne sais pas, Monsieur le Juge.»

Quand je pense à tout le secret entourant l'enquête de police et celle du coroner, la façon dont les policiers et le procureur ont décidé qu'il n'y avait pas matière à porter des accusations criminelles, le traitement honteux réservé aux familles des victimes et ce témoignage cousu de fils invisibles, je ressens un grand malaise. On est responsable de la conduite de son véhicule, non? Or, ce conducteur indique qu'il ne se souvient de rien. Troublant. Quand on conduit, on doit être attentif, non?

Si les cyclistes avaient causé leur perte en enfreignant la loi, je me dirais qu'elles se sont mises dans le trouble toutes seules. Mais là?

Morale: soyez fatigué ou souvenez-vous de rien au volant. Au Québec, ça fonctionne.

Un moment à préserver

Depuis quelques jours, comme je suis fatigué, il m'arrive de déparler avec une rigueur et une vigueur qui m'épateraient moi-même si j'avais l'énergie de le remarquer et de réagir.

Ainsi, avant-hier, dans un groupe absolument merveilleux, j'ai donné, sans m'apercevoir de l'absurdité de la chose, la consigne suivante: «Vous devez m'écrire un texte de deux pages à l'encre noire ou blanche, à votre choix.» On comprendra que je pensais plutôt à de l'encre bleue.

Ne voilà-t-il pas que, hier, mes 32 élèves m'ont soigneusement remis chacun leur devoir: deux feuilles blanches soigneusement agrafées. Qu'est-ce que je pouvais leur dire ou faire? Un grand sourire, un hochement de tête.

Au delà de leur audace et de leur intelligence, ce que j'ai le plus apprécié est leur solidarité dans l'humour. De beaux gamins.

Enfin. Ce ne fut pas trop long à corriger.

27 octobre 2010

Les girouettes éditoriales


Une ligne éditoriale, c'est une pensée, un regard sur le monde que privilégie un média sur un sujet donné. Ainsi, depuis quelques années, Le Journal de Montréal a publié de nombreux articles à propos de futurs enseignants au Québec qui maitrisent mal la langue française et échouent le TECFÉE.

Je m'explique alors mal que, hier matin, ce même journal publie un texte pathétique sur une enseignante, Mélissa Sirois, ayant pratiqué en Ontario et au Koweit, On refuse de l'embaucher au Québec, à moins qu'elle ne se soumette à une évaluation démontrant sa connaissance de l'anglais ou du français. «Malgré la pénurie d'enseignants qui frappe nos écoles, le ministère de l'Éducation oblige une prof québécoise diplômée de deux universités et comptant plusieurs années d'expérience en Ontario à subir un test de français ou d'anglais, avant de pouvoir enseigner chez nous. Autrement, elle est «illégale», pleurniche le journaliste Sébastien Ménard.

Cet article du journal de PKP qualifie cette situation d'«étonnante». Elle n'est pas étonnante: elle est cohérente. Pour une fois qu'on maintient des exigences en éducation...

J'ai aussi beaucoup de difficulté à m'apitoyer sur le sort de cette personne et ce, pour plusieurs raisons.

Détentrice d'un baccalauréat en histoire de l'Université Concordia et d'un diplôme en éducation de l'Université Laurentienne, celle-ci est venue au Québec, comptant sur la pénurie d'enseignants, pour enseigner l'anglais alors que le MELS lui donnerait plutôt l'autorisation d'enseigner le programme d'«Univers social», ce qui me semble encore une fois très cohérent avec la formation qu'elle détient: «Mon amie me disait qu'elle était certaine que je me trouverais quelque chose en revenant ici, mais ce n'est pas ce qui arrive. Je viens d'avoir 30 ans et je dois retourner vivre chez mes parents.» Peut-être vaudrait-il mieux qu'elle choisisse des amies plus informées?

Par ailleurs, Mme Sirois explique que tout ce qu'elle a trouvé comme travail en éducation depuis son arrivée au Québec se limite à du remplacement. Encore une fois, il s'agit d'une situation parfaitement cohérente. Pourquoi lui conférerait-on un avantage sur d'autres candidats alors qu'elle n'a pas démontré ses compétences en français ou en anglais?

Il y a de quoi devenir étourdi quand on prend connaissance du traitement journalistique que certains médias font des nouvelles qu'ils rapportent. Un peu de cohérence ne ferait pas de tort, je crois. Mais quand on privilégie le scandale et le sensationnalisme, il est parfois normal de manquer de rigueur de la sorte.

Comme le disait un ami à propos de cette «nouvelle», certains journalistes peuvent-ils se brancher? Parce que, sinon, ils ne valent pas mieux que les girouettes trônant sur les toits de certains bâtiments.

25 octobre 2010

Crise de l’éducation québécoise: et les mauvais parents, eux?

Il existe un tabou en éducation : il est mal vu des collègues qu’un enseignant critique publiquement les parents. Après tout, ce sont eux qui paient notre salaire, dit-on. Même silence de la part d’un commissaire scolaire ou d’un ministre qui aurait peur de perdre des votes. Pourtant, dans tout le débat entourant les enfants en difficulté et la performance du système scolaire québécois, un des grands facteurs qu’on néglige de mentionner, ce sont ces parents qui ne démontrent aucun intérêt à l’égard de la réussite de leur enfant ou qui ne cessent de remettre en question le travail effectué par l’école.

Des parents absents

Combien de fois dans ma carrière ai-je côtoyé des élèves dont les parents se moquaient de leurs apprentissages? Des jeunes beaux, fins, intelligents mais complètement abandonnés par ce qui a l’allure de géniteurs trop occupés ailleurs. C’est d’ailleurs à se demander pourquoi ils ont voulu procréer de la sorte.

Je pense entre autres à cette mère d’un enfant en difficulté qui refusait de venir discuter de son jeune à l’école et à qui on avait même offert une rencontre le soir ou la fin de semaine avec, en plus, le transport en taxi! Oui, parfois, il faut savoir lâcher prise et mettre un jeune devant ses difficultés, mais cela ne veut pas dire de se laver les mains de tout ce qu’il fait… surtout quand il a 14 ans.

Des parents complices

Combien de fois ai-je dû affronter des parents qui nuisaient à leur enfant en le défendant pour des actions et des attitudes qui mettaient en péril sa réussite? À force de vouloir être l’ami de leur fils ou de leur fille, ces parents finissent par en être le pire ennemi sans compter qu’ils réduisent à néant tous les efforts que l’école entreprend. Mais que vaut l’avis d’un directeur d’école ou d’un enseignant quand vient le temps de juger de ce qui est bon pour un jeune? Parce qu’un parent est déjà allé à l’école, il devient un authentique gérant d’estrade et semble savoir ce qui est bon pour sa progéniture. Comment doit-on réagir devant cette note écrite par une mère dans un carnet scolaire d'un élève: «Mon fils avait mieux à faire que votre devoir hier soir. Merci.»

Je ne compte plus les parents qui mentent à outrance pour motiver les absences de leur enfant, absences dont les motifs vont d’un rendez-vous chez la coiffeuse à la pose de pneus à neige pour la voiture de leur chérubin. Ou encore ces avocats sans diplôme qui contestent la moindre sanction donnée à leur petit ange innocent ou qui remettent en question le code de vie de l’école dont ils auraient dû prendre connaissance en début d’année. Et je ne parle pas des menaces ou de l’intimidation alors que l’enfant est présent devant l’enseignant: «Je vais te faire perdre ta job, mon câliss!» Voilà donc une belle façon de montrer à respecter l’autorité!

Des parents qui font la différence

Qu’on me comprenne bien : il existe d’excellents parents qui accompagnent correctement leur enfant dans leur parcours scolaire. On remarque souvent leur présence dans les groupes performants. C’est d’ailleurs à se demander si c’est le potentiel des enfants ou l’engagement des parents qui explique le succès académique de certains jeunes.

Dans le cas d'élèves en difficulté, leur engagement est souvent déterminant. J’ai eu un véritable plaisir à enseigner à des enfants dyslexiques ou hyperactifs dont les parents étaient présents et travaillaient en équipe avec l’école. En collaboration avec eux, j’ai eu l’impression de faire une différence et de permettre à un jeune de surmonter ses problèmes.

Malheureusement, au Québec, les mauvais parents – tout comme les mauvais élèves - finissent par peser de tout leur poids dans un système d'éducation qui a bien d’autre chose à faire que de s’occuper de leur manière toute personnelle de considérer l'école. On consacre un temps important à scolariser leurs enfants malgré eux au lieu de s’occuper des élèves et des parents qui ont à cœur la réussite scolaire.

Pour certains parents, une école est tout au plus un service de garderie et la scolarisation de leur jeune, une corvée. Ils savent que leur comportement sera toléré. Il semble d’ailleurs impossible de responsabiliser ceux qui abusent ainsi du système d’éducation. Comme directeur, essayez de faire un signalement à la DPJ à l’effet que des parents ne s’assurent pas de la fréquentation scolaire de leur enfant. Comme enseignant, essayez de convoquer des parents qui ne veulent rien savoir. Vous perdrez votre temps parce que les intervenants scolaires ne disposent d'aucun pouvoir véritable sinon que de renvoyer systématiquement un enfant chez lui jusqu'à ce que ses parents n'en peuvent plus.

Il serait grand temps que certains parents réalisent - ou qu'on leur fasse réaliser - que l’éducation n’est pas un service mais un privilège ainsi qu’une obligation sociale et légale. Il serait grand temps qu’on les responsabilise. Mais ça aussi, il ne faut pas le dire… C’est un autre tabou.

Simplicité technologique volontaire


Curieuse expérience que celle de cette enseignante de Lanaudière qui a convaincu ses élèves de vivre trois jours de simplicité volontaire, notamment en ce qui a trait à la technologie comme les textos et Facebook. Parmi les résultats étonnants, des jeunes qui ont pris du temps avec leur famille et leurs parents, d'autres qui ont mieux fait leurs devoirs et enfin ceux qui ont dormi un nombre d'heures d'heures plus appropriée.

L'impression que tout cela me donne: ce n'est pas tant l'importance et les effets des moyens technologiques de communication que le fait qu'ils semblent servir de gardienne à des enfants qui sans eux se sentent bien seuls.

Il y a dix ans, vingt ans, on se plaignait d'enfants qui passaient leur vie devant le petit écran. L'écran a simplement changé de forme et pris plus de place dans leur vie.

22 octobre 2010

Mon premier élève dyslexique de l'année?


Avec le temps, vous avez remarqué que j'ai une sensibilité assez grande à l'égard des élèves dyslexiques. Pourquoi? Il s'agit souvent d'enfants intelligents qui vivent une grande détresse académique intérieure, quand ce n'est pas davantage. J'ai connu des jeunes détruits par dix années d'un réseau scolaire qui les confrontait à l'échec sans avoir eu l'efficacité de les dépister ou de leur offrir des services adéquats. Aussi, en première secondaire, je garde l'oeil très ouvert quand je corrige les productions écrites de mes élèves.

Ce matin, j'ai repéré un premier cas auquel je devrai accorder une attention toute particulière. Je ne dis pas qu'il s'agit d'un élève dyslexique. Je n'ai pas la compétence ou l'autorité pour poser une tel diagnostic. Sauf que rien ne m'empêche de poser un jugement professionnel et de constater que ce jeune présente des traits qui m'interpellent à l'écrit. Deux erreurs toutes bêtes: «comprenpre» et «drevriez». Il se peut qu'il ait écrit son propre très rapidement.

Chose certaine, j'exercerai un suivi plus attentif et, surtout, je regarderai le brouillon de ses textes. Très révélateur, habituellement.

Voilà. Je voulais partager cette observation avec vous. Le quotidien d'un prof.

Je retourne à ma correction.

21 octobre 2010

Un directeur adjoint le dit

Je pense que je vais aller travailler au privé à Kirkland. Ce directeur adjoint est la seule autre personne que j'ai entendue dénoncer le bulletin uniforme à trois étapes.

Les caractères gras sont de moi. De maudits bons arguments pour montrer que ce bulletin à trois étapes sera une véritable plaie au secondaire.


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Eric Casarotto

L'auteur est directeur adjoint à l'école secondaire privée Kuper Academy, à Kirkland.

J'ai récemment assisté à une session d'information sur les nouvelles orientations en évaluation du ministère de l'Éducation à la suite de la décision de retourner à un bulletin «conventionnel» et de prioriser l'évaluation des connaissances. L'annonce d'une approche quantitative simplifiée m'apparaissait a priori comme une sage décision et j'attendais donc avec intérêt les instructions détaillées.

Le bulletin simplifié est une nette amélioration sur le bulletin de la réforme. Il permet aux parents de comprendre facilement le progrès de leurs enfants sans décortiquer des pages de compétences qui aboutissent finalement à la même conclusion. Hélas, il y avait aussi de mauvaises nouvelles.

Ma première déception est survenue lorsque le responsable nous a informés des changements aux règlements scolaires pour 2011. L'année scolaire sera divisée en trois étapes avec des dates limites imposées par le ministère, le 15 novembre, le 15 mars et le 10 juillet. Une communication supplémentaire sera remise aux parents à la mi-octobre. Ceci prendrait la forme d'une évaluation anecdotisé sans notes officielles. Les deux premières étapes auront une pondération de 20% chaque et la troisième 60%. Pourquoi ce chambardement?

L'ancien régime laissait le choix à l'école. La direction était libre de diviser l'année scolaire en quatre étapes ce qui permettait aux parents de recevoir quatre bulletins complets: début novembre, fin janvier, fin mars et fin juin. De plus, la pondération des deuxième et quatrième étapes était majorée afin de refléter les examens de janvier et de juin. Ceci motivait les jeunes à se préparer au passage des épreuves officielles de mi et de fin d'année. Il faut noter que les parents recevaient un bulletin à la fin de la période d'examen de mi-année et non trois mois plus tard comme le prescrit le MELS. La question se pose: à quoi sert le passage d'examens de mi-année si ceux-ci non plus de valeur à la note finale?

La maquette de cours est également affectée par ces nouveaux règlements. Au secondaire, les écoles ont toujours pu proposer des cours donnés à la mi-année. Par exemple, au premier cycle, l'école pouvait offrir le cours d'art plastique de septembre à janvier et le cours d'art dramatique de janvier à juin. Les élèves profitaient d'une plus grande variété de cours. Ceci permettait un meilleur emploi du personnel, car l'école pouvait planifier des tâches de travail plus équitables et équilibrées. Cette option n'est plus possible sous le nouveau régime.

Le problème est encore plus sérieux pour les finissants de cinquième secondaire. Le 1er mars est la date limite des inscriptions au cégep. Sous le nouveau régime, les élèves ne pourront soumettre que le bulletin de novembre. Donc, il sera très difficile de changer de cours avant le premier bulletin; échec en maths sciences tant pis! De plus, un élève qui éprouve de la difficulté pendant la première étape verra ses chances d'admission diminuer même s'il redouble d'effort pendant la deuxième étape. Pourquoi pénaliser les jeunes lorsque l'admission aux programmes pré-universitaires devient de plus en plus compétitive?


Le MELS s'est empressé de promouvoir la simplicité du nouveau bulletin, soit la réduction du nombre de compétences. De plus, la nouvelle orientation permet la définition plus claire des connaissances et la rationalisation des épreuves obligatoires en quatrième secondaire.

Certes, les parents trouveront ce nouveau bulletin plus facile à lire, mais il est difficile de comprendre pourquoi le MELS tient mordicus à dicter la division de l'année scolaire. Selon les nouvelles règles du MELS, il sera donc illégal d'en faire plus pour les élèves... pas question d'offrir quatre vrais bulletins. Le MELS décide donc de niveler par le bas au lieu de laisser le choix aux directions d'écoles, qui sont les mieux placées, pour décider de l'organisation de l'année scolaire. C'est donc la valse perpétuelle de l'éducation, deux pas en arrière et un pas en avant.

20 octobre 2010

Avertissement!

Le mot «punaise» à l'école prend un sens plus désagréable à la lecture de ce texte. Je sais que certains élèves ont l'air de constamment dormir, mais de là à amener leurs petites amies en classe...

18 octobre 2010

Et s'il s'appelait Mohammed?


«Les taxes sont basses… Je ne comprends pas pourquoi elles sont aussi basses et qu'on réussit pareil à donner autant de services, pourquoi aujourd'hui on développe autant, pourquoi la ville connaît un élan comme elle n'a jamais connu. Il faut demander l'aide de Dieu pour ça.»

Si la personne qui avait fait cette déclaration demeurait au Moyen-Orient et était maire de sa ville, on dirait: «Ah! les maudits Arabes, pis leur religion... Vraiment n'importe quoi!»

Or, il s'appelle Jean Tremblay et est maire de Saguenay. «C'est sûr que quelqu'un qui n'a pas la foi ne comprend pas ça», explique le maire.

Comprendre quoi? Que c'est Saint-Pierre qui fait la collecte des ordures? Que Saint-Jean s'occupe de la voirie? Moi, je ne comprends pas qu'un maire ne comprenne pas pourquoi ses taxes sont si basses autrement que par le biais d'une intervention divine. À la limite, on peut penser qu'il est incompétent.

17 octobre 2010

Décrochage scolaire et motivation politique (correction)

La commission scolaire des Premières-Seigneuries a effectué un sondage auprès de 114 décrocheurs de moins de 16 ans afin de mieux comprend les raisons qui les ont poussés à quitter l'école. L'étude bat en brèches certains préjugés.

La manque de motivation et l'absentéisme sont deux facteurs importants qui expliqueraient le décrochage scolaire. Suivent les difficultés scolaires.

Les raisons du genre l'intimidation, l'influence négative des amis, le manque d'intérêt, le manque d'implication des parents dans leur vie scolaire arrivent en bas de liste.

Les jeunes décrocheurs affirment aussi qu'ils pouvaient facilement trouver un adulte à qui parler à l'école et qu'ils avaient un cercle d'amis. On est donc loin de l'image de l'individu solitaire et rejeté, bien que ces jeunes participaient rarement aux activités de leur école.

Si on regarde de plus près ces chiffres, 60% de ces jeunes étaient en adaptation scolaire. Aucun cependant n'avait redoublé au primaire. D'où ma réflexion:

Les jeunes décrochent-ils parce qu'ils ne comprennent pas ce qu'on leur enseigne?

En classe, j'ai remarqué que mes élèves qui comprennent ce que je leur enseigne sont plus motivés, ont soif d'apprendre, de relever de nouveaux défis. Par contre, si je laisse ceux qui éprouvent des difficultés scolaires baigner dans leur jus et échouer devant des évaluations qui deviennent finalement pour eux insurmontables,, ils se découragent et font rarement les efforts pour s'en sortir. C'est alors que - comme bien des enseignants - je ne compte pas mon temps et j'interviens pour les obliger à travailler en récupération. Et se produit parfois un phénomène intéressant qui se résume à cette phrase d'un élève:

«C'est l'fun d'apprendre quand tu comprends!»

60% de ces jeunes décrocheurs étaient en adaptation scolaire. Aucun n'a redoublé. A-t-on trop attendu pour intervenir? Devrait-on davantage dépister de façon précoce les difficultés d'apprentissage des jeunes comme c'est le cas en Finlande? Oui, oui, la Finlande: LE pays modèle en éducation. Un pays où on ne lésine pas quant aux moyens mis en oeuvre pour aider les jeunes en difficulté.

Chose certaine, il y a de quoi à être découragé quand on lit ce jugement concernant des parents qui poursuivaient le MELS et les commissions scolaires - dont celle des Grandes-Seigneuries (et non des Premières-Seigneuries) - à l'effet qu'ils ne donnaient pas des services adéquats à leur enfant.

Dans La Presse, on pouvait lire: «Le MELS plaidait au contraire que le droit à une éducation gratuite et aux services d'éducation doit s'exercer en tenant compte de différents facteurs, dont les ressources humaines, financières et matérielles. Et les commissions scolaires affirmaient qu'il serait impossible de dépister la dyslexie dès la maternelle chez tous les enfants, car aucun test reconnu scientifiquement ne permet de conclure à la dyslexie et qu'à l'heure actuelle, cette déficience ne peut être reconnue qu'après deux ans d'entraînement à la lecture.»

Pour le juge qui a entendu les parties, «la question de savoir quels services doivent être offerts aux élèves relève du milieu politique et ne doit pas être tranchée par un tribunal puisqu'il n'y a pas discrimination.»

Ce qui revient à dire que certains commissaires vont pouvoir continuer à jouer au golf et à boire du vin à nos frais, que certains directions d'école et certains administrateurs pourront toujours se réunir à Bromont, que les dédoublements administratifs ne seront pas remis en question. Bref, on va continuer à manquer de fric pour effectuer un travail convenable dans nos écoles et auprès des jeunes, mais personne au niveau politique ne semble comprendre qu'il faut revoir nos façons de faire et de gérer. On ne manque pas d'argent en éducation au Québec: on le dépense mal. Voilà la vérité. Et il y a des gens en place qui ne veulent pas soulever cette question par peur de perdre leurs privilèges ou par crainte du changement.

Ah oui! En Finlande, LE pays modèle, il n'y a pas de commission scolaire et la structure bureaucratique n'a rien à voir avec celle, obèse et inefficace, du Québec. C'est à se demander qui manque de motivation: nos jeunes ou certains de ceux qui gèrent l'appareil éducatif québécois?

15 octobre 2010

En éducation: les compétences et la pensée magique

Dans sa lettre, par ailleurs très intéressante, «Enseigner et éduquer, c’est bien différent», Laurence Phillipson, une finissante au baccalauréat en enseignement au primaire écrit : « Il faut comprendre que l'approche privilégiée pour les compétences ne se fait pas au détriment des connaissances.» Une telle croyance ne peut que nuire aux apprentissages des jeunes québécois et il est malheureux qu’elle soit partagée non seulement par une future enseignante mais de nombreux éducateurs.

On fait beaucoup état des résultats des futurs enseignants à l’examen TECFÉE. Or, ceux-ci sont révélateurs de deux évidences toutes simples quant à cette fameuse pensée magique.

Tout d’abord, en français, il est possible de réussir les examens ministériels d’écriture tant au secondaire qu’au collégial sans avoir une bonne connaissance du code grammatical. C’est d’ailleurs ce qu’a démontré cet enseignant de la Rive-Sud de Montréal dont les élèves auraient pu réussir l’épreuve finale de cinquième secondaire alors qu’ils commencent à peine leur troisième! Une telle situation serait tout bonnement impossible en maths ou en science. Mais cela ne semble pas réveiller nos hauts fonctionnaires et les divers ministres de l’Éducation que le Québec a connus au cours des dernières années.

Il est d’ailleurs révélateur que ce ne soit pas la partie reliée à la rédaction dans le TECFÉE qui crée des problèmes chez les aspirants profs mais bien celle portant sur les règles de grammaire. On aura beau dire que cette dernière est bourrée d’exceptions et d’éléments inutiles, encore faut-il savoir pour qui et dans quel contexte.

Ensuite, on comprend bien qu’il est faux de croire que la rédaction d’une production écrite entraine la mobilisation d’une foule de règles grammaticales et permet d’affirmer que l’auteur de celle-ci a une solide connaissance de la langue française. Le scripteur démontre sa compétence à éviter des erreurs quand il écrit son texte, point à la ligne. Mais devant un exercice plus exigeant ou différent, on voit tout de suite que les connaissances de celui-ci sont plus limitées qu’on serait tenté de le croire. Sinon, comment expliquer tous ces échecs au TECFÉE? En accusant, bien sûr, cette évaluation d’être trop difficile et déconnectée de la réalité de tous les jours.

Si les jeunes issus du secondaire étaient si «compétents» en écriture, comment doit-on interpréter le fait qu’on demande maintenant aux enseignants du collégial de s’assurer que leurs élèves sachent employer des moyens efficaces pour réviser leurs textes après onze années sur les bancs de plus petites écoles?

S’il est vrai qu’un «élève sachant par coeur ses règles d'orthographe (sic) pourrait écrire un texte absolument catastrophique sur ce même plan orthographique», comme l’écrit Mme Phillipson, il est aussi vrai qu’un élève compétent en rédaction puisse l’être sans maitriser plusieurs des règles de grammaire.

Pourquoi alors ne pas songer à un examen de cinquième secondaire en français hybride qui comprendrait à la fois une partie rédaction et une partie connaissances grammaticales ? J’ai eu l'occasion de travailler à l'instauration de tels examens. En plus de «discipliner» certains profs dans leur enseignement, j'ai vu certains jeunes étudier des notions de grammaire pour la première fois. Pour une fois, ils ne pouvaient plus se contenter d’une langue qu’ils connaissent de façon approximative et devaient en connaître toute la finesse et la richesse.

14 octobre 2010

Rêver d'être un beuf

À cause ma voix, de ma stature imposante, de mon regard chaleureux et de mon sourire aussi sympathique qu'une porte de prison, j'ai rarement de problèmes de discipline avec mes élèves... et les autres auprès desquels j'interviens. Je touche du bois.

Parfois, j'aimerais que les enseignants soient aussi considérés que les policiers devant la loi. Poursuivre des élèves ou des parents qui se livrent à des abus verbaux envers des profs, ça devrait être permis par la loi.

12 octobre 2010

TECFÉE: révélateur des lacunes de l'enseignement du français

Petite nouvelle dans le JdeM ce matin: les futurs profs échouent toujours leur examen de français.

«(...) une situation qui révèle de sérieuses lacunes dans les notions qu'on leur a inculquées à l'école secondaire et au cégep, estiment plusieurs observateurs.»

«Le porte-parole de l'UQAT, Bernard Pelletier, croit que la piètre performance des étudiants à ce test révèle des lacunes dans les notions de français qu'on leur a inculquées avant leur entrée à l'université.»

«C'est très inquiétant, ce qui se passe, confie le vice-recteur ( de l'université du Québec en Outaouais) Denis Dubé. Les compétences en français des étudiants qui nous arrivent laissent à désirer plus souvent qu'autrement», déplore-t-il.»


Mettez ce texte en lien avec l'expérience menée par Benoit Paquin et rappelez-vous que tous les futurs profs ont réussi leur épreuve d'écriture au secondaire et au collégial. Or, quelle est une des différences majeures entre le TECFÉE et les épreuves secondaire et collégiale? Les deux dernières ne mesurent pas vraiment les connaissances grammaticales des élèves. On peut y contourner ses difficultés assez facilement. La première, par contre, est plus exigeante et demande une bonne connaissance de la grammaire française.

Voilà la preuve par deux que l'examen d'écriture du MELS au secondaire et au collégial est une évaluation à revoir.

10 octobre 2010

Collège privé Dina-Bélanger: «Nous ne sommes pas un commerce.»

Voilà la phrase qu'a prononcée la directrice pédagogique du collège privé Dina-Bélanger, JoAnne Caron, pour justifier le fait que cette entreprise envoie des lettres personnalisées à des élèves de sixième année d'écoles primaires de la région de Saint-Michel-de-Bellechasse. Je sais: le mot entreprise en fera tiquer certains, mais c'est comme ça. J'assume.

C'est une mère offusquée par ce procédé qui a porté plainte à l'Office de la protection du consommateur du Québec (OPCQ) en invoquant qu'il s'agissait de publicité destinée aux enfant, ce qui serait évidemment illégal: «C'est de la publicité directe envoyée à un enfant, c'est déplorable.»

À l'OPCQ, un avocat a analysé le contenu de la lettre et a jugé la situation comme étant «très préoccupante».

Du côté du collège, Mme Caron, qui semble de bonne foi, assure qu'elle arrêtera cette pratique si elle est jugée illégale: «Ce n'est pas de la publicité, c'est une invitation à une journée portes ouvertes. Nous ne sommes pas un commerce.» Pas de la publicité? Pas un commerce? Une sacrée business quand même. Comme bien d'autres écoles privées et publiques.

Cela étant écrit, on ne rue pas dans les brancards: c'est le principe en cause qui m'intéresse ici. Le Collège Dina-Bélanger compte 290 élèves: «On est un petit collège, on n'a pas les moyens de se payer des pleines pages de publicité dans les journaux.» Aussi, chaque année, le collège demande-t-il à ses élèves de lui indiquer le nom et l'adresse d'enfants de sixième année qui pourraient être intéressés à s'inscrire chez lui. Environ une centaine de lettres ont ainsi été envoyées cette année.

Ce qui m'interpelle plus globalement en lisant cette nouvelle, ce sont les pratiques de recrutement des écoles secondaires publiques et privées. Dans ma région, les écoles secondaires publiques vont parfois - durant le temps de classe - faire la promotion de leurs divers programmes dans les écoles primaires publiques des quartiers qu'elles déservent. Est-ce éthique? Ouvriraient-elles aussi grandes leurs portes aux écoles privées de la région? J'en doute. Et si je pose cette question dans mon école, je vais probablement me faire lyncher... Voilà pourquoi un anonymat relatif a du bon.

De même, une école primaire privée de ma région s'assurait de ne jamais parler des programmes publics offerts à ses élèves quand ils iraient au secondaire et avait même une entente qui garantissait un rabais à ses élèves s'ils s'inscrivaient à un collège privé que je ne peux nommer. Est-ce éthique? Est-on dans de la grosse business, d'après vous? Dans de ce qu'on appelle la convergence?

Pas un commerce, madame Caron? Ben voyons! Ne soyez pas trop naïve ou angélique. Même PK Péladeau se sentirait à l'aise dans une telle dynamique.

09 octobre 2010

Examen de français: la ministre a confiance...

Ouille.

L'éducation recule d'un pas avec cet article où la nouvelle ministre de l'Éducation affirme sa confiance envers ses fonctionnaires travaillant à l'évaluation. C'est du moins ce que l'on comprend à la lecture de cet article du Soleil qui fait suite à cette expérience effectuée par un enseignant de la Rive-Sud, M. Benoit Paquin, qui a fait passer l'examen ministériel nouvelle mouture à des élèves de quatrième secondaire.

«Je vais demander au comité de suivi sur le français de prendre ça et de se questionner. Mais il faut quand même se dire la vérité : le processus est bâti avec toute une équipe, et les premiers résultats montrent que l'examen se porte bien», a déclaré la ministre. Selon elle, «l'examen est de même niveau de difficulté que par les années passées», puisque les résultats sont semblables.

Quel raisonnement navrant et bancal! Du grand n'importe quoi! En quoi le fait que les résultats soient similaires cette année indique-t-il que l'examen a le même niveau de difficulté? Des élèves poches avec un examen facile donne le même résultat qu'un examen difficile avec des élèves bien formés, non? Et croyez-vous sérieusement que nos fonctionnaires vont remettre en question les décisions qu'ils ont prises? Du grand guignol, oui!

La plupart des profs de cinquième que je connais me disent que l'examen est moins exigeant. Point à la ligne. Ils enseignent depuis des années. Ils sont assez bons pour être dans des classes et oeuvrer auprès de nos jeunes. Mais leur avis ne vaut que dalle comparé à celui de fonctionnaires responsables de l'évaluation qui évaluent finalement leur propre job! Désolant!

En passant, la vraie question dans ce débat n'est pas de savoir si l'examen est plus ou moins facile qu'auparavant, mais comment se fait-il que des élèves fraîchement sortis de la troisième secondaire puissent le réussir? En maths, en science, une telle horreur serait impossible. Allo quelqu'un? Y a-t-il de la vie intelligente au MELS?

Si j'étais baveux, je ferais la même expérience que M. Paquin mais avec mes élèves de première secondaire. Ils réussisaient pour la plupart. Mais comme un ami l'a déjà fait avec une élève de sixième année du primaire avec l'épreuve collégiale, je me dis que je perds mon temps. Le MELS ne veut rien entendre, ne veut rien savoir.

08 octobre 2010

Vos yeules, les ceusses qui veulent du silence!

Je ne prévoyais pas traiter de ce sujet, puis finalement... je ne peux rester insensible à cette dérive médiatique à propos de l'interdiction de parler durant 15 minutes lors du diner qu'impose une école de la région de Waterloo. Mario tout de go en parle d'ailleurs sur son blogue.

On parle d'une mesure qui s'applique pendant quinze minutes sur un diner d'une durée de 75 minutes. Donc, on arrête d'écrire qu'on les empêche de parler durant le diner alors que c'est durant une partie du diner. Un peu de rigueur...

Ensuite, on regroupe les enfants dans un gymnase, un lieu qui est susceptible d'amplifier le bruit, parce qu'on n'a pas les moyens de payer des surveillants. En fait, l'école pourrait embaucher plus de surveillants, mais ce sont les parents qui vont payer, ces mêmes parents qui chiâleront alors contre le coût de cette mesure.

Par ailleurs, chez eux, je suis convaincu que ces mêmes parents ne laissent pas les enfants sortir de table, courir, crier et se lancer de la bouffe par la tête. Peut-on donc avoir des règles adaptées à notre milieu?

Un dernier commentaire: j'aimerais voir des parents s'impliquer et lancer des pétitions sur des sujets autrement plus importants pour l'éducation des enfants. Qu'on pense au manque de ressources spécialisées, aux bâtiments en mauvais état, etc. Mais il est tellement plus facile de s'enflammer pour des sujets aussi peu signifiants par rapport à ce qui se passe dans nos écoles. Tellement plus facile.

J'ai hâte de voir la dame à l'origine de cette saga se lancer dans des causes plus significatives.

07 octobre 2010

Un test passoire?

Un enseignant de la Rive-Sud de Montréal, M. Bruno Paquin, tente de démontrer ce que j'affirmais l'année dernière: les exigences de la nouvelle version de l'examen ministériel de français ont été revues à la baisse (ici et ici). Ainsi, il s'est livré à une petite expérience tout simple: il a pris des élèves de quatrième secondaire et leur a fait rédigé une production écrite qu'il a rédigé avec l'ancienne et la nouvelle grille. Résultat: les élèves obtiennent en moyenne 57% avec les anciennes exigences et 72% avec les nouvelles. Suis-je surpris? Non.

On pourra toujours avancer que M. Paquin n'était pas neutre dans sa correction. Mais, à mon avis, il est tout aussi neutre que ces gens qui font des maitrises et des doctorats. Il a posé une hypothèse et a voulu la vérifier. Là où le bât blesse cependant, c'est qu'il s'est livré à cette expérience avec des élèves issus du programme PEI, des élèves habituellement performants.

Question d'être un peu plus baveux que M. Paquin, je suis prêt à parier que la grande majorité de mes élèves de première secondaire PEI réussiraient en juin prochain cette épreuve de fin de secondaire, avec ou sans la nouvelle mouture de l'examen. Oui! Vous avez bien lu. Dès qu'on arrive à faire moins d'une faute aux 15 mots, les probabilités de réussir cette «épreuve» sont quasi assurées. Le reste, la structure, la logique du texte est à la portée du moindre élève un tant soit peu allumé.

Cette forme d'évaluation finale ne permet pas de savoir si l'élève connait bien ses règles grammaticales, mais plutôt s'il est capable d'éviter de faire certaines fautes. La nuance peut sembler futile, mais elle est importante. Un élève ne sait pas comment écrire un mot ou effectuer un accord? Il n'a qu'à reformuler sa phrase ou employer un synonyme. Cette technique d'évitement, je l'enseigne à mes élèves et ils l'appliquent généralement avec succès.

Au diable donc tout un pan des connaissances grammaticales: on peut réussir cet examen en étant compétent et ne rien comprendre des participes passés, de la règle du tout et des adjectifs de couleur. Je le sais: alors que j'enseignais en cinquième secondaire, même mes élèves qui ont échoué toute l'année mes tests de connaissances grammaticales réussissaient pourtant l'épreuve du MESL sans aucun problème. Sans aucun problème, donc sans aucune inquiétude, mes élèves considéraient l'épreuve ministérielle comme une simple formalité: «Tout le monde passe ou presque. Il faut juste pas être malchanceux.» Surtout qu'avec les nouvelles technologies de l'information, la tricherie n'a jamais été aussi facile.

C'est entre autres dégoûté par cette comédie de la réussite que j'ai quitté la cinquième secondaire pour oeuvrer auprès de jeunes de première dans un programme particulier. Et leur soif d'apprendre, leur désir sain de construire leur estime de soi en surmontant de véritables difficultés m'a fait le plus grand bien. En première secondaire, ces élèves ne sont pas encore blasés ou pervertis par un système qui érige le succès en un absolu ridiculement trompeur.

En passant, au ministère, on a refusé de répondre. À l'Association québécoise des professeurs de français, la désespérante présidente Suzanne Richard a qualifié l'exercice de «non scientifique» et ajouté qu'on «peut faire dire ce que l'on veut à ce genre de choses. Ce n'est pas sérieux.» La dame est une ancienne conseillère pédagogique et une universitaire de renom. Ce ne sont pas des tares. Mais cette forme de contact avec la réalité des classes ne l'a, semble-t-il, pas encore écoeuré de la réalité burlesque dans laquelle plusieurs profs enseignent.

06 octobre 2010

L'organigramme du MELS

Benoit Dutrizac a mis en lien sur le site de son émission l'organigramme du MELS. Captivant.

On peut comprendre pourquoi l'argent ne descend pas dans nos classes.

05 octobre 2010

Cet homme est un menteur


On s'en doutait. On en a une preuve de plus. Mais êtes-vous réellement surpris? Il est juste triste que le mensonge soit rendu une façon de gouverner.

Et Radio-Canada qui titre: «Maxime Bernier a-t-il omis de dire la vérité....»
«Omettre de dire la vérité», c'est se taire pour cacher une vérité. Dans le présent cas, Maxime Bernier a ouvert la bouche et affirmé des «faits contraires à la vérité». Ou il est «mal informé», a été «mal cité» ou il a «volontairement induit le public en erreur».

Il n'a pas omis, il a menti. C'est pas pareil.

C'est comme tous ces témoins avocats à la commission Bastarache d'ailleurs. Qu'attend le Barreau du Québec pour s'interroger sur le comportement des Bellemare, Charest et co? Quelqu'un ment effrontément à cette commission, mais sans aucune conséquence. Même Guy Lafleur a été davantage puni pour son témoignage.

03 octobre 2010

Moi, une bitch...

En première secondaire, j'avais un élève qui portait, vous savez, un pantalon dont le fond va aux genoux. Grrrr...

- Monsieur Lapierre*?
- Oui, monsieur Masqué.
- Vous pouvez remonter votre pantalon. Je sais que vous aviez des choses à prouver. Maintenant, toute la classe a pu constater que vous ne portiez plus de couche. Bravo!
- ...

Depuis, M. Lapierre ne porte plus son pantalon aux genoux. Il est grand, maintenant...

* L'anecdote est vraie. Seul le nom de l'élève a été changé pour éviter un éventuel recours en justice de la part de ses parents.

01 octobre 2010

Enseigner, pour moi, c'est...

En réaction à un billet de Miss Math, je me permets ici.

Enseigner, pour moi, c'est être présent, engagé ainsi qu'incarner sa matière et ses valeurs.

Pour vous?