28 juin 2013

Jouons à concevoir une grille de correction

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À l'invitation de Jean-Pierre Proulx, parlons évaluation. On comprendra comment une grille de correction en écriture de première secondaire «grille» la correction. C'est la même chose qui se produit en cinquième secondaire. Ces grilles sont conçues pour faire passer les élèves quant à moi.

Avant d'aller plus loin, il faut  savoir que ce ne sont pas toutes les fautes qui comptent de la même manière. Certains guides de correction qui accompagnent les grilles spécifient qu'on ne peut enlever plus d'une faute de ponctuation ou de syntaxe par phrase. Ainsi, dans une même phrase, une faute reliée à un pléonasme et une autre relié à l'emploi erroné d'un pronom devraient être considérées comme deux fautes distinctes. Ce n'est pas le cas actuellement.

Dans la même veine, en grammaire et orthographe, un même mot mal orthographié plus d'une fois ne sera pénalisé qu'une fois, ce qui semble logique. Mais impossible de pénaliser davantage quand il est orthographié de manière différente plus de deux fois.

Suivant cette règle logique toujours, certains individus ont suggéré de ne pénaliser qu'une fois l'élève s'il fait plusieurs fautes reliées à la même notion, par exemple. On voit où la logique peut mener... Au MELS, si j'ai bonne mémoire, en cinquième secondaire, un correcteur peut apprécier un texte de la sorte et émettre un jugement professionnel. Ça ouvre la porte à bien des choses.

Toujours sur l’évaluation, en première secondaire, je ne peux pas enlever de points pour des erreurs reliées à des notions pas encore vues en classe. Cela semble logique, sauf quand on constate que, pour nos pédagogues en chef, on ne peut pas exiger de nos élèves qu'ils maitrisent les PPA en première secondaire alors que certains les ont vus au primaire... D'ailleurs, c'est fou le nombre de notions qu'on réserve aux profs de 3, 4 et 5. Le programme leur balance dans les pattes les règles les plus compliquées avec les discours les plus complexes. Ouf!

Enfin, si on revient à la grille actuelle, accordez 25 points à la syntaxe et ponctuation est ridicule. C'est disproportionné. Un bon enseignant va amener ses élèves à commettre un maximum de 9-10 fautes. Avec la grille actuelle, il reste alors 19 points aux élèves. C'est une façon indirecte de limiter les échecs. Je réduirais donc la proportion syntaxe et ponctuation à un maximum de 20%.

Ensuite, je crois que, quand on commet une faute, on ne peut pas avoir une note parfaite comme le prescrit cette grille.

Pour le reste, il faut aussi déterminer deux éléments:
- à partir de quel nombre de fautes par mot un élève devrait être sous le seuil de réussite?
- un échec à certains critères devrait-il entrainer un échec complet à cet examen?

Pour ma part, en ponctuation et syntaxe, commettre 15 fautes sur 300 mots (1/20) devrait revenir à 12/20 (60%). Ce qui est assez semblable à la grille actuelle.

Ensuite, concernant la grammaire et l'orthographe, j'augmenterai le pourcentage qui lui est accordé à 25%. Pour la suite, 15 fautes sur 300 mots (1/20) devraient revenir à 15/25 (60%). Ici, avec 15 fautes sur 300 mots (1/20), la grille actuelle donne 15/20 (75%).

Enfin, j'établirai un seuil de réussite quant à la maitrise de la langue. Une faute aux dix mots (30 fautes au total) en grammaire et orthographe entraine un échec immédiat.

Par exemple, une élève qui obtient 29/45 avec la grille actuelle (18/25 en ponctuation et 11 sur 20 en grammaire et orthographe) aurait 23/45 (15/20 en ponctuation et syntaxe et 8/25 en grammaire et orthographe). Au lieu de s'en tirer avec un 74% au général, elle aurait 68%...

À mon avis, une élève qui commet 30 erreurs de grammaire et d’orthographe en 300 mots devrait être plus près de l'échec. 

Pour conclure, soulignons que le ratio d’une faute par vingt mots me semble généreux.

Ensuite,  avec une telle grille, la plupart de mes élèves aurait vu leur note diminuer et la démarcation entre les élèves faibles, moyens et forts aurait été plus claire.  Enfin, une baisse de 74 à 68%, c’est énorme psychologiquement. Un gamin sent qu’il a moins de jeu, disons.

Enfin, une grille et un examen ne sont pas tout. Ce qui est embêtant également, c’est d’être aussi généreux avec des jeunes alors qu’ils connaissent le sujet à l’avance et que la rédaction est étalée sur trois périodes. Quant à moi, ces deux aspects sont suffisants pour invalider toute cette évaluation.

syntaxe et ponctuation
fautes        note
0                      20
1-2                  19                  
3-4                  18
6-7                  17                  
8-9                  16
10-11             15                  
12-13              14
14                   13                  
15                   12                  
16                   11
17                   10                  
18                   9
19                   8
20                   7
21                   6
22                   5
...                     

grammaire et orthographe
fautes          note
0                      25
1-2                  24                  
3-4                  23
6                      22                  
7                      21
8-9                  20                  
10-11             19
12                   18                                     
13                   17                  
14                   16
15                   15                  
18                   14
19                   13
20                   12
21                   11
22                   10
23                   9
24                   8
...

25 juin 2013

Les ... grilles de correction

Quoi de plus enrageant que de corriger une production écrite en devant respecter les critères et les contraintes des grilles de correction savamment concoctées par les commissions scolaires et le ministère...

Au niveau du contenu, l'échec est quasi impossible. Si l'élève maitrise la structure demandée et sait rédiger une introduction moyenne, il obtiendra un 40 sur 55 avec un développement très ordinaire.

Au niveau de la qualité de l'écriture, voilà où les grilles de correction pervertissent la réalité. Il faut être un cancre de première pour ne pas obtenir suffisamment de points pour réussir cette épreuve tellement on veut s'assurer de la réussite du plus grand nombre. Là où la chose devient carrément pernicieuse est qu'en normalisant une réalité, on atténue l'écart existant entre les élèves faibles et les élèves moyens. Ainsi, un élève faible obtiendra un 74% tandis qu'un élève moyen ira chercher un 84% alors que, dans les faits, le premier maitrise mal le code grammatical comparé à l'autre.

Il suffit de regarder les paramètres que je dois respecter en ce qui a trait à la langue pour comprendre la mécanique de ce mensonge. Un élève qui commet 36 erreurs en 300 mots (15 en syntaxe et ponctuation et 21 en grammaire et orthographe) aura 27 sur 45. L'élève qui en commet 13 ( 4 en syntaxe et ponctuation et 9 en grammaire et orthographe) aura 41 sur 45. L'élève qui fait 23 fautes de plus aura seulement 14 points que l'autre...  Un élève qui fait 9 fautes de grammaire et orthographe aura deux points de moins que celui qu'il n'en fait... aucune.

J'ai donc corrigé mes groupes avec cette grille et je ne me suis jamais senti aussi con.


syntaxe et        grammaire et
ponctuation      orthographe

0-1       25        0-2       20
2          24        3-6       19
3-4       23        7-9       18

5-6       21        10-11   17       
7-8       20        12-13   16
9-10     19        14-15   15

11-12   18        16-17   14
13        16        18-19   13
14-15   15        20-21   12

16-17   13        22-24   11
18        12        25-27   10
19-20   10        28-30   8

21        8          31        7
22        4          32        5
23 et + 0          33 et +            0

17 juin 2013

Enseignante d'éducation physique et fellation

Une enseignante d'éducation physique s'est mise dans une situation problématique alors qu'elle aurait fait une fellation à un de ses élèves de 17 ans lors d'une soirée plutôt festive et qu'elle aurait communiqué avec lui par média électronique en lui envoyant  un contenu inapproprié.

Honnêtement, si les faits qui lui sont reprochés sont vrais, il faut ne pas avoir de jugement pour les avoir posés et cette personne mérite de voir son permis d'enseigner suspendu, voire même révoqué.

Il va être difficile pour cette enseignante de nier les faits puisque le jeune lui-même, en voulant la défendre, reconnait qu'elle a posé les gestes qui lui sont reprochés et qui ont mené à son congédiement et à des poursuites criminelles. Si le jeune adulte estime que le comportement de son enseignante était immoral, il s'oppose aux accusations portées contre elle.

Il faut également lire les commentaires des internautes du Journal de Montréal à la suite de cet article: pour désespérer de la race humaine: le jeune garçon est «un maudit chanceux», l'affaire est une «perte de temps», les gens sont «des puritains»...

La loi est pourtant claire: «Un adulte ne peut donc pas avoir d'activités sexuelles avec un jeune de moins de 18 ans s'il est en situation d'autorité, de confiance vis-à-vis le mineur (ex.: entraîneur, enseignant, médecin) ou d'exploitation.»  De plus, «quelle que soit l'activité sexuelle sans consentement valable, cela constitue une forme d'agression sexuelle, peu importe l'âge de la personne.» (ici)

Par ailleurs, même entre adultes consentants, il existe des cas où des rapports sexuels, même consentants, peuvent être sanctionnés par un employeur ou un ordre professionnel. Ainsi, pour le Collège des médecins, «aucune forme d'intimité sexuelle n'est tolérée entre un médecin et un patient ou une patiente.»

Mais ici, l'enseignante est dans la trentaine et sexy, les faits reprochés agréables aux yeux de certains... Pas besoin de plus pour perdre la tête, il faut croire.





10 juin 2013

La fissure

La Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) vit peut-être le début d'une crise qu'elle aurait dû connaitre depuis longtemps. En effet, la commission scolaire Marguerite-Bourgeois a décidé de se désaffilier de celle-ci. Deux autres CS, celles de Marie-Victorin et des Grandes-Seigneuries, devraient suivre sous peu. À elles trois, ces dernières représentent 10% du budget de la Fédération.

À l'origine de ce geste, une prime de départ qui sera un jour versée à la présidente de la FCSQ, mais aussi «un écart grandissant entre la CSMB et la FCSQ sur la vision du rôle de cette fédération, de sa gouvernance et de ses valeurs.»

Quant à moi, il était temps que le rôle et la pertinence de la FCSQ soient remis en question. Au-delà de la dite prime, il y a lieu de questionner le rôle de celle-ci, d'autant plus que son financement provient directement des CS qui essuient des coupures budgétaires depuis des années.

Par contre, les commissaires scolaires sauront-ils faire preuve de cohérence en remettant également en question les primes de départ de leurs propres dirigeants?

Ajout ici.