30 septembre 2010

Un petit billet quétaine, comme ça.

Vous ai-je déjà dit que j'aime mon boulot? Que d'avoir changé pour enseigner aux petits prouts de première a été une merveilleuse décision? Que j'aime rigoler avec les élèves mais aussi leur montrer l'importance de l'effort, de la méthode et de la rigueur? Qu'ils s'amusent depuis deux semaines à me saluer à l'entrée et à la sortie de ma classe? (Braves bêtes...) Que je me sens privilégié de pourvoir jouer un rôle dans l'éveil de certains enfants qui me sont confiés? Que j'ai le bonheur d'avoir une seule classe bien éclairée et aménagée? Bien sûr, j'attends une chaise ergonomique pour un dos fragile, mais qu'est-ce qu'on s'en fout parfois... même si on comprend bien que tout cela est révélateur d'une gestion lourde.

Même dans ma vie personnelle, j'ai cessé cette course, cette recherche fictive d'un bonheur utopique. Il m'a fallu faire des choix déchirants, notamment en ce qui a trait à ma fille. Mais le bonheur a un prix parfois très élevé,

Je ne veux pas faire le jeu des comparaisons: seulement, juste vous dire que j'apprends à apprécier le bonheur que j'ai chaque matin, même quand je râle, que le temps est gris ou que les choses sont difficiles. Parce que le bonheur réside dans mon regard, dans ma tête et dans mon coeur.

Quétaine, ai-je dit?

28 septembre 2010

Maudit horaire de travail absurde à la con!

Je suis un vieux prof nostalgique du temps où mon horaire de travail consistait à mes périodes d'enseignement et d'encadrement. On notait le tout sur une feuille de papier qu'on signait et remettait à l'adjoint de notre secteur.

Puis sont arrivées les négociations collectives où ils ont «obtenu» l'équité salariale. J'écris «ils» parce que, dans mon cas, cet ajustement équitable s'est traduit par à peu près rien du tout. J'étais «trop» scolarisé comparé à d'autres collègues. Les enseignants ont alors fait la preuve paradoxale que «Qui s'instruit s'enrichit» ne s'appliquait pas en éducation en acceptant une convention collective où des gens beaucoup moins scolarisés voyaient leur salaire majoré en fonction du beau principe: «Travail égal, salaire égal».

J'ai encore de la difficulté à croire que tous les profs avec un brevet A puissent accoter un prof correct ayant quatre années de formation universitaire. Mais bon. Un jour, je me dis qu'une entraineure d'ÉnergieCardio pourrait faire la job d'un professeur d'éducation physique et avoir le salaire qui va avec... puisqu'elle fait à peu près le même boulot que lui. Ça me semble équitable.

Je me dis aussi qu'on devrait pousser ce principe d'équité en fonction de la correction et du travail qu'on rapporte le soir à la maison. Je connais des profs qui n'en ont jamais, d'autres qui finissent par s'épuiser à la tâche. Travail égal? Mon cul, ou plutôt le cul de ceux qui se le pognent encore à deux mains, oui!

Quoi qu'il en soit, avec l'équité sont arrivés l'augmentation et le contrôle des heures travaillées. Ça, par contre, je connais bien. Maintenant, je dois remplir à l'ordinateur un horaire qui précise à la minute près tout le travail que j'effectue dans un cycle de neuf jours. Il existe ainsi 34 codes différents dans ma commission scolaire pour détailler ce que je pourrais faire dans une journée. Si j'ai bien compris, ces 34 codes se découpent en tâche d'enseignement (1845 minutes), en tâche éducative (305 minutes), en tâche complémentaire (185 minutes) et en travail de nature personnelle (540 minutes) dont je dois respecter le nombre exact de minutes.

Qui plus est, selon chaque direction d'école ou les années, les paramètres peuvent varier. Ainsi, cette année, on doit absolument prendre 50 minutes pour diner et allouer également au moins 25 minutes aux élèves pour diner. Si on suit ce raisonnement à la lettre, il est impossible ou presque de placer des activités le midi avec des élèves.

Bref, tout cela pour vous dire que remplir cet horaire de contrôle du temps travaillé est un enfer d'autant plus absurde qu'il ne correspondra jamais à la réalité.

Premièrement, parce qu'on ne peut prédire ce qui arrivera dans la journée d'un prof. Un élève vit une crise de larmes à 12h01. Mais ça ne rentre pas dans mon travail de nature personnelle puisque celui-ci exige que je ne sois pas en présence-élève. Un jeune a besoin de récupération après le cours? Aussi bien faire cela immédiatement, non? Oups! J'ai placé mon diner à l'horaire. Reviens dans 50 minutes.

Deuxièmement, quand on coupe mon salaire lors d'une absence, on ne tient absolument pas compte des éléments que j'ai placés à mon horaire. Allons-y avec un petit exemple. Je suis absent un jour 4. Par miracle, j'ai réussi à placer seulement cinq heures de travail ce jour-là en surchargeant mes huit autres journées. Eh bien sachez qu'on me coupera l'équivalent d'un deux-centième de mon salaire malgré tout (une journée complète). Un autre exemple: je n'avais placé qu'une heure de travail de nature personnelle un après-midi et je suis absent: on me coupe une demi-journée de travail. Bref, on me coupe du temps que je n'avais pas à faire! C'est pour cette raison que les profs s'absentent généralement les journées les plus chargées. Tu en veux pour ta coupure de salaire!

Troisièmement, les directions vérifient rarement si ton travail correspond à ton horaire. Elles le font quand elles t'ont pris en grippe ou que ton «absentéisme» est rendu trop important. Elles n'ont pas toujours le temps de s'occuper de cet aspect de la gestion du personnel. Moralité: les fraudeurs habiles peuvent dormir en paix. Par contre, les profs qui travaillent, eux, se font suer avec une augmentation du nombre d'heures à travailler et un horaire à la con à remplir.

Horaire à la con? Surtout quand notre propre syndicat dit que c'est la faute du patron si on doit le remplir et surtout quand le patron dit que c'est la faute du syndicat si... Comprenne qui pourra. Mais entre-temps, je me fais suer avec un processus administratif pénible, démotivant, inefficace et irréaliste.

Pas grave! Il a fallu des gestionnaires pour créer le logiciel que je dois utiliser pour compléter mon horaire, d'autres pour vérifier si je l'ai correctement rempli et ainsi de suite. Ça créé des emplois. Inutiles.

25 septembre 2010

Avertissement: ceci est un des bons billets que j'ai écrit depuis un bout...

Je veux revenir sur mon billet précédent. Lorsqu'un enseignant demande à des parents d'acheter des romans, il a au moins deux intentions derrière la tête.

La première est reliée à compenser pour un financement inadéquat de l'enseignement du français; la seconde, à des raisons pédagogiques.

Le français: une matière sous-financée

Savez-vous quelles sont les matières les mieux pourvues financièrement lorsque vient le temps d'acheter du matériel pédagogique dans plusieurs écoles? Si je me base sur mon expérience et différents chiffres que j'ai vus: éducation physique, arts et sciences. Des matières comme le français, l'anglais et les maths reçoivent généralement un budget deux à trois fois moindre.

On ne tient pas compte de plusieurs facteurs quand on procède à cette répartition budgétaire. Ainsi, comment une matière comme français peut-elle recevoir moins de la moitié du budget consacré à l'éducation physique ou aux arts alors que le nombre de périodes de français dispensées est le double sinon le triple de chacune de ces deux matières? Dans la même veine, quelle matière scolaire est le plus souvent au coeur des débats de notre société?

Si j'établis un comparaison avec les sciences, avec la réforme, il a fallu aménager de nouveaux laboratoires à mon école et embaucher davantage de techniciens pour aider les enseignants de cette matière à préparer leur matériel lors d'expériences en classe. Or, les résultats des petits Québécois en sciences faisaient déjà l'envie de plusieurs pays. Pourquoi pomper plus de fric dans cette matière quand on sait que la qualité du français de plusieurs finissants du secondaire est pour le moins douteuse?

Avez-vous déjà entendu parler de laboratoire de français? Ça existe, mais il faudrait être culotté pour faire cette proposition à une direction. Un prof de français a droit à un tableau, des craies, des vieux dictionnaires et des romans passés date. Vous me direz qu'on avait aussi la possibilité d'acheter de nouveaux manuels «réformés». Dans les faits, on était obligé d'acheter des manuels. Dans ma classe, ils ne servent jamais. Ils sont totalement inutiles et même dépassés. Par contre, il m'était impossible de demander qu'on achète des dictionnaires neufs, des romans... Ce n'est pas la même enveloppe budgétaire.

Un achat pédagogique

Donc, on demande aux parents d'acheter des romans parce qu'on veut travailler avec des oeuvres récentes, nouvelles, intéressantes avec nos jeunes. On veut travailler avec des livres en bon état, pas des livres qui perdent des pages et qui ont un aspect repoussant.

Les jeunes ne lisent pas assez, clame-t-on un peu partout. Peut-on alors mettre toutes les chances de notre côté pour inciter un jeune à ouvrir un bouquin qu'il va aimer et qui va lui prouver que lire est une activité captivante?

Qui plus est, on veut permettre au jeune d'utiliser ce livre comme un outil d'apprentissage.

Une anecdote: chaque fois que je passe un texte photocopié à mes élèves, ils me demandent toujours s'ils peuvent l'annoter ou surligner certains passages importants. «Bâtard, que je leur réponds, il est photocopié justement pour que vous écriviez dessus!» Mais quand je leur distribue un livre, on oublie ça! On désapprend, on régresse! Regarde, mais ne touche pas.

Toujours dans l'anecdote. Une année, mes élèves ont dû acheter deux romans tandis que l'école leur fournissait les deux autres. Après avoir appris à lire de façon active avec les deux romans qu'ils ont achetés, plusieurs m'ont demandé la permission d'acheter les deux autres et de ne pas utiliser ceux de l'école! Voici quelques-unes des raisons qu'ils ont avancées.
- Le livre est plus beau.
- Ça a l'air d'un bon livre et je pourrai le garder: il m'appartient.
- Je peux avoir le livre en tout temps et le lire quand je veux. Pas seulement lors de moments prévus en classe.
- Je peux écrire dedans. C'est plus pratique pour me rappeler les passages importants et indiquer ce que je ne comprends pas.

On se plaint que la lecture est une lacune importante chez les jeunes québécois. Pourrait-on me donner les moyens de travailler à y remédier?

23 septembre 2010

La valeur de l'éducation

Oui, il est vrai que l'éducation doit être gratuite au Québec. La Loi sur l'instruction publique (LIP) prévoit des dispositions à cet effet. Cependant, il arrive parfois qu'on se retrouve dans une zone floue.

Ainsi, la LIP autorise l'achat de matériel didactique et de livres qu'on ne peut réutiliser. Que penser alors d'une école qui demande aux parents d'acheter des romans en affirmant qu'il s'agit de matériel qu'ils doivent payer puisque les élèves écriront et surligneront dans ces derniers? Dans un recours collectif contre la commission scolaire des Seigneries, des parents allèguent qu'ils ont dû payer injustement pour des romans.

Lorsque je lis les propos de François Paquet, président de la Fédération des comités de parents du Québec, j'avoue que je m'étouffe dans ma barbe: «Il ne faut pas qu’une famille se prive de manger pour acheter un dictionnaire.»

Tout d'abord, je ne connais pas d'école publique qui exige l'achat d'un dictionnaire. Ensuite, je connais bien des familles - dont certains provenant de milieu défavorisé - qui dépensent pour des biens fort discutables, mais qui ne sont pas foutus d'avoir un seul dictionnaire à la maison. Voilà un bel exemple de l'importance qu'on accorde parfois à l'éducation au Québec!

Il fut un temps où toute famille, soucieuse de l'avenir des enfants, se privait, s'il le fallait, pour posséder un dictionnaire. Il s'agissait d'un bien précieux, vénéré, d'un objet de savoir et d'éducation. Aujourd'hui, au Québec, un livre est une dépense questionnable comme c'est le cas de plusieurs biens culturels.

Monsieur Paquet en rajoute en affirmant «les professeurs ne doivent pas aller à l’encontre de ce qu’est un livre en y faisant écrire leurs élèves». Ah bon! On n'écrit pas dans un livre. C'est nouveau. Franchement...

Aujourd'hui, la gratuité en éducation est un mythe, une illusion. Pour ma part, il serait temps qu'on parle de coûts raisonnables en éducation. Sinon, en suivant le raisonnement de la loi et de tous les messieurs Paquet du monde, il vaut mieux oublier les sorties au théâtre, au musée, etc., à moins que l'école paie le tout.

Or, de mémoire, je me rappelle que mes parents payaient pour ces activités sans rechigner parce qu'on parlait de montants raisonnables. Aujourd'hui, j'ai davantage l'impression de parents qui chiâlent pour tout et pour rien, qui contestent le moindre sou exigé. Qu'ils continuent: ils en auront pour leur argent...

20 septembre 2010

Le manque de fric et les services aux élèves

Il existe des listes d'attente en éducation pour recevoir des services. Vous ne le saviez pas? Vous êtes normal parce que personne n'en parle.

Ainsi, j'ai dépisté l'année dernière deux élèves éprouvant des difficultés reliées à la dyslexie. Deux élèves sur cent. Dans des groupes performants. Je ne dis pas que ce nombre soit représentatif de la réalité. Simplement que je ne peux accepter qu'un système d'éducation soit incapable d'identifier de tels problèmes après six ans où un petit pit a écrit, écrit et écrit. Ce n'est pas normal.

Un de ces élèves a une maman qui veut donc que son enfant soit officiellement dépisté par l'école pour recevoir les services qui pourraient l'aider quant à son handicap. Mais voilà le problème: il n'est pas en échec en français (on a travaillé fort l'année dernière lui et moi) et il existe des cas plus lourds que lui. Donc, il ne sera pas évalué en priorité.

Tout le monde s'entend sur les difficultés de ce jeune. Sauf que, manifestement, il faudra attendre qu'il se casse la gueule avant de l'aider alors que c'est maintenant qu'il a besoin de soutien. Plus tard pourrait être trop tard.

La maitrise de la langue est fondamental dans la réussite d'un jeune. Dans le cas présent, mon ancien élève sait qu'il éprouve des difficultés. Que fera sa mère? Elle ira au privé, ce qui serait impossible pour des parents moins fortunés.

Les enfants ne sont pas tous égaux quant à la réussite scolaire. Et notre réseau éducatif est semblable à celui de la santé: peu d'argent en dépistage et en prévention, beaucoup de fric pour corriger des problèmes qui sont parfois devenus insolubles parce qu'on a attendu trop longtemps pour s'y attaquer. Mais en éducation, personne ne meurt et on peut maquiller les chiffres allègrement en étant plus généreux dans l'évaluation.

Triste, très triste.

18 septembre 2010

Bilan de santé et usage du portable

Suite de mes aventures médicales.

Donc, la médecine a estimé que je me suis entorsé un muscle, qu'il est coincé quelque part dans mon dos et que celui-ci finit par irradier de la douleur un peu partout. Un peu comme si je m'étais coincé le nerf asiatique. Je voulais d'ailleurs en faire un gag avec le dernier médecin qui m'a vu mais, comme il était d'origine vietnamienne, j'ai jugé prudent de laisser tomber cet humour...

J'arrive enfin à dormir la nuit. Par contre, les analgésiques et les relaxants qu'on m'a prescrits ne font pas grand effet malgré les sévères avertissements qu'on m'a donnés: «Vous allez voil, monsieur Masqué, il vous faudla pas conduile douze heules aplès les avoir plis tellement vous allez êtle somnolent.»

Intéressons-nous maintenant à l'origine de cette blessure. Selon toute vraisemblance, celle-ci serait reliée à une mauvaise posture lors de l'utilisation du portable que l'école me fournit. Dans le mot «portable», on retrouve le mot «table». Pas les mots «lit», «sofa» ou «patio»...

Par ailleurs, je viens d'initier une nouvelle saga administrative. Combien s'écoulera-t-il de jours, de semaines, de mois avant que je reçoive un fauteuil ergonomique pour ma classe? C'est d'ailleurs incroyable comment on équipe mal les profs côté mobilier de bureau et de classe. Il me semble que, quand tu retrouves des chaises semblables à celle que tu utilises en classe chez des antiquaires, c'est un signe évident que cette dernière est peut-être un peu dépassée.

Les paris sont ouverts, le sondage à droite aussi! J'ai remis à la direction mardi dernier un papier médical à cet effet. Donc...

17 septembre 2010

C'est à cause des profs...

Dans une entrevue ce matin à Jean-Luc Mongrain, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, explique qu'elle a reporté le bulletin unique d'un an à la demande des enseignants.

On peut-tu avoir une preuve de cela? Il me semblait que c'était les commissions scolaire qui réclamaient le report de cette mesure...

15 septembre 2010

Écoles autonomes d'Alberta: précisions

Il est plutôt rare qu'un journal publie un texte pour réaffirmer la véracité des informations qu'il a publiées. C'est ce qu'a fait le JdeM à propos de son dossier sour les écoles autonomes albertaines.

«Notre reportage publié depuis lundi a eu l’effet d’une bombe, dans le monde de l’éducation, à tel point que des groupes de pression ont fait circuler de fausses informations au sujet des écoles autonomes. Le Journal juge important de remettre les pendules à l’heure», indique le quotidien.

Le contenu des articles dérange, c'est clair....

Par ailleurs, le JdeM apporte de nouvelles informations quant à ces écoles:
- elles accueillent des jeunes en difficulté;
- elles sont situées en milieux urbain et rural.

Plus intéressant encore, on apprend que:
- certains parents doivent payer pour le transport scolaire ou reconduire leurs enfants à l’école.
- ces écoles louent leurs locaux auprès des commissions scolaires et elles reçoivent une subvention pour cette location.

Question: cette subvention est-elle versée en plus des montants déjà alloués par élève? Parce que là, on commence à ajouter de l'argent aux 6 000$ versés annuellement à tous les élèves albertains.

Pour les profs, on apprend que ceux-ci ne sont pas représentés par un syndicat. Si on affirme que leur salaire est comparable à ceux oeuvrant dans les commissions scolaires, on découvre plus loin que, dans l'une d'entre elles, ils reçoivent seulement 85% du salaire régulier d'un enseignant. Est-ce la même chose pour la direction et les cadres?

Je veux bien qu'on nous parle du modèle albertain, mais peut-on creuser davantage celui-ci avant de l'ériger en solution miracle parfaite? Si la bonne gestion dont on qu'on nous vante est basée sur des montants versés en plus pour la location des immeubles, l'absence de service de transport scolaire et un salaire moins élevé versé aux enseignant, moi aussi, je suis capable de bien gérer ça une école!

14 septembre 2010

De la politique au lieu de l'efficacité

Depuis un bout de temps, il est désolant de constater que plusieurs des décideurs en éducation sont plus occupés à faire de la politique qu'à s'occuper de la réussite des élèves. Ça se chicane, se houspille...

Dernière prise de becs en lice: la présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), Josée Bouchard, s'en est prise à la porte-parole des directeurs d'école, Chantal Longpré, en l'accusant de «faire de la politique» quant à l'efficacité des écoles autonomes albertaines.

Lâchez pas!

13 septembre 2010

Le péril jaune

Une dame de la Rive-Sud a fait parvenir à TVA des vidéos où l'on voit des chauffeurs d'autobus ne pas respecter les règles de sécurité routière dans une zone scolaire.

Cela m'incite à glisser un petit mot sur des chauffeurs d'autobus scolaire qui ont, parfois, un problème d'attitude au volant. Des exemples: obstruer une voie de circulation pour permettre à leurs collègues de les rejoindre, mettre les feux clignotants alors qu'ils roulent encore (me semble que c'est quand ils sont immobilisés, non), ne pas respecter des arrêts obligatoires quand ils sont en convoi.

Il ne s'agit pas de jeter la pierre, mais qu'il y en a des cowboys sur les routes au Québec!

Les commissions scolaires: utiles?

Le JdeM publie une série d'articles sur des écoles autonomes en Alberta (ici, ici et ici). Le portrait qu'il en brosse est idyllique mais semble manquer un peu de sens critique. Qu'on me comprenne bien: je suis heureux qu'on explore de nouvelles formes de gouvernance scolaire afin de rechercher des modèles plus performants sauf qu'il faut s'assurer de le faire en se livrant à une analyse poussée afin d'éviter de «changer pour changer». Au Québec, on a cette fâcheuse tendance à succomber à des modes.

Ainsi, certaines questions me viennent en tête quand on parle de ces écoles:
- Elles existent depuis quelques années. Combien exactement? Et qui assume les coûts d'immobilisation et d'entretien des édifices? Par exemple, qui paiera la facture quand reviendra le temps de refaire le toit?
- On indique qu'elles ne sélectionnent généralement pas leur clientèle. Très bien, mais accueillent-elles autant d'élèves en difficulté que les autres?
- Les résultats de ces écoles aux examens ministériels sont 15% supérieurs aux autres écoles. Ce chiffre semble très beau, mais quel type d'élèves accueillent ces écoles autonomes? Sont-ils représentatifs des autres élèves de la province? Proviennent-ils de milieu socio-économique similaire? Quel est le taux de décrochage de ces écoles?

Ce qui est dommage est que les médias n'en ont que pour les commissions scolaires alors qu'il existe une autre structure administrative qui mériterait qu'on se questionne sur sa pertinence: les directions régionales du MELS.

12 septembre 2010

Premiers jours - plusieurs constats importants

Voilà. Plusieurs jours de classe se sont écoulés depuis la rentrée. Neuf jours sur le calendrier scolaire, mais beaucoup moins d'enseignement en fait. Deux jours ont été consacrés à une rentrée progressive, deux à mon nerf douloureux et il y a le petit lundi de congé férié.

Je déteste ces séquences brisées où l'on n'a jamais l'impression de prendre un rythme de croisière. Cela nuit aux apprentissages, à mon avis. Les élèves ont besoin de routine, de quotidien sinon ils ne sont pas assez concentrés. Ils pensent trop à autre chose, trop divertis.

Ça, c'est mon premier constat: l'importance de la régularité (une commandite de All Brun).

Cette année, je devais perdre le local de classe que j'avais aménagé et décoré au cours des deux dernières années. Heureusement, un peu de souplesse administrative, quelques sourires et des collègues accommodants ont permis de remédier à cette situation.

Pour moi, habiter mon local de classe est fondamental. Cela me permet tout d'abord d'avoir mes repères (comme mon matériel à proximité, par exemple) mais aussi de me sentir à l'aise dans l'espace où j'effectue ma prestation de travail.

Mais plus que des questions de confort personnel, habiter mon local me permet de me positionner de façon dominante face aux élèves: ils entrent chez moi. Et ce rapport est important quant à la dynamique disciplinaire que j'installe dans ma classe: «My class, my rules.»

Deuxième constat: occuper son territoire.

Comme chaque année, je détermine où les élèves s'asseoient en les plaçant en ordre alphabétique. L'objectif de cette décision est triple.

J'affirme mon autorité en décidant de l'aménagement de mon territoire. Ça évite que les tannants monopolisent les places du fond et établit le principe que je peux déplacer un élève selon mon désir. Bien évidemment, je peux tenir compte des caractéristiques individuels de certains élèves (problèmes de vision, d'audition, de concentration, etc.).

Les élèves étant placés en ordre alphabétique, il est plus facile ainsi de distribuer ou de recueillir la paperasse, les examens, les devoirs... Puis, la prise des présences se fait d'un seul regard. C'est fou le temps que j'économise de la sorte en classe. Je ne comprendrai jamais les profs qui font l'appel nominal toute l'année. Quelle perte de temps et quel moment potentiel d'indiscipline!

Enfin, il m'est plus facile apprendre les noms et prénoms de mes élèves quand ils sont placés ainsi. Pour moi, on le verra, il est important de s'adresser à eux nommément le plus rapidement possible.

Troisième constat: occuper efficacement son territoire.

Quand j'ai débuté en enseignement, on m'a souvent recommandé de ne pas tisser de liens trop chaleureux avec les élèves en début d'année: «Les premiers mois, garde ta face de bois.» Je comprends qu'ainsi, on prend le temps de bien se positionner par rapport à sa classe. Sauf qu'avec le temps et une certaine assurance, j'ai pris l'habitude de sauter cette étape pour installer rapidement une proximité que j'estime nécessaire à un climat propice à de bons apprentissages. M'adresser aux élèves personnellement est à la fois une marque de respect et une preuve qu'ils sont uniques pour moi. Au cours des prochains mois, ils seront parmi les personnes les plus importantes de ma vie.

Ce respect, je l'installe aussi en demandant à mes élèves diverses marques de politesse. L'une d'entre elles est fondamentale: ils me saluent en entrant dans ma classe. En contrepartie, je les salue individuellement quand ils quittent ma classe. Le tout finit par prendre l'allure d'un jeu, mais ce qui se cache derrière ce dernier est important: identification, autorité, respect.

Quatrième constat: se positionner respectueusement en autorité.

Voilà quatre petites observations de ma rentrée. Il y en a plusieurs autres. J'aurais l'occasion d'y revenir.

11 septembre 2010

Baillargeon écoeuré

«J'arrête parce que je n'ai pas la patience d'endurer trolls et hargneux qui se multiplient ici.»

Normand Baillargeon a décidé de fermer son blogue. J'aimais bien cette aventure parce qu'il est plutôt rare qu'un universitaire et un intellectuel de renom se risque à la Toile mais aussi qu'il ait la générosité de partager de la sorte.

Il est regrettable que les gens bêtes viennent à bout d'un discours libre et indépendant.

10 septembre 2010

Le désarroi d'un jeune étudiant

Aujourd'hui, je travaillais les notions de complément du nom et d'attribut du sujet dans le cadre d'une révision concernant le groupe adjectif. Tout à coup, le regard consterné d'un de mes élèves me pousse à m'arrêter et à lui demander:

- Ça va, Marco?
- Non.
- Comment ça?
- Ben, monsieur, je comprends.


Pauvre petit pit tout perdu! Je sens que l'année va être amusante.

09 septembre 2010

Diagnostic!

Apprentis docteurs, voici les résultats.

Après des prises de sang, un test d'urine, des radiographies et des scans, le verdict est tombé: on sait que ce ne sont pas des diverticulites ou des pierres aux reins. Reste donc un diagnostic par défaut: musculaire. Un nerf bien coincé ou un truc du genre. Médication: anti-inflammatoire et anti-douleur. Zéro efficacité. J'ai dû trop abuser de la drogue dans ma jeunesse. Toutes les positions du kama-sumatra me feraient mal, même la position du soumissionnaire...

J'ai passé dix heures à attendre dans une salle à l'urgence. Quand le docteur m'a demandé où j'avais mal, je ne savais plus où tellement tout mon dos était ankylosé. L'attente est interminable mais, une fois admis, les choses sont allées rondement.

Je rêve d'un gros Lazzzzzzy-Boy de mononcle où je pourrais dormir un peu. Ou encore du confortable lit de pôpa et môman dans La Petite Vie. Pour l'instant, j'ai l'impression de faire du sommeil à relais. Dix minutes dans mon lit, dix minutes dans le lit inoccupé de ma fille, dix sur le sofa, dix debout dans un coin...

Tant qu'à avoir mal à la maison, je suis allé avoir mal à l'école. Mêmes résultats en revenant chez moi: incapable de me placer, de dormir, de m'étendre. Comment il faut pour dormir debout les chevaux?

Relance médicale demain matin. Si jamais je meurs de douleur d'ici là, je serai modeste: je me contenterai de funérailles municipales.

08 septembre 2010

Ces malades qui nous gouvernent

D'après le titre d'une oeuvre qui a suscité bien des débats à l'époque.

Bon, un sujet délicat. Et je détonnerai peut-être dans le concert d'éloges funèbres qui remplit les médias depuis hier. Comprenez bien que je ne juge pas l'homme, mais la situation.

Claude Béchard a démissionné comme ministre hier et, une heure après, on annonçait son décès. Une véritable onde de choc. De quoi frapper l'imaginaire des citoyens. Moi ce qui m'a plutôt frappé, c'est que le ministre de l'Agriculture et des Affaires intergouvernementales canadiennes du Québec occupait ce poste depuis des mois alors qu'il était gravement malade :

Peu de gens le savent, mais, depuis longtemps, il recevait une chimiothérapie extrêmement agressive, utilisée en Europe, qui était encore au stade du protocole expérimental. Le 11 août, lors du remaniement ministériel, il s'était présenté à l'Assemblée nationale pour être reconfirmé dans ses fonctions de ministre de l'Agriculture et des Affaires intergouvernementales canadiennes. Bien que souriant et détendu, il portait alors sous son veston des bouteilles de soluté qui faisaient partie de son traitement de chimiothérapie. Ce fut sa dernière apparition publique. Son état de santé s'est détérioré peu de temps après.

Sans critiquer l'homme toujours, quelle performance pouvait-il offrir comme ministre dans un tel état? N'aurait-il pas été de son devoir ou du devoir du premier ministre de le convaincre de céder la place? La situation était délicate, soit, mais je crois que l'amitié que Jean Charest témoignait à l'égard de Claude Béchard l'a éloigné de la conduite qu'il aurait dû adopter. Tout comme aujourd'hui, le fait de décréter des funérailles nationales en l'honneur de l'ex-ministre me semble, encore une fois, une décision davantage dictée par des considérations personnelles que des considérations d'État.

Gilles Carles en a eues. Claude Ryan aussi. René Lévesque. Robert Bourassa. Gaston Miron. Maurice Richard. Michel Chartrand et Pierre Bourgault, non. Là, Claude Béchard y aurait droit?

Au risque de paraitre cynique et très méchant, le parti Libéral fait encore la preuve qu'il est le parti des intérêts personnels et des petits amis. Claude Béchard n'avait pas la stature d'un homme politique qui méritait un pareil honneur de l'État québécois, parce que c'est bien de cela dont il s'agit.

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Suite du bilan médical ce soir. Là, je vais dormir.

07 septembre 2010

Jouons au docteur!

Un tel titre suscite chez vous des images lascives? Désolé de vous détromper, mais j'ai manqué ma première journée de travail de l'année pour faire un tour d'ambulance jusqu'à l'hôpital. J'ai passé les trois jours de la fin de semaine sur le carreau tellement j'avais mal.

J'ai donc passé sept heures à attendre dans une salle judicieusement nommée salle d'attente. Ensuite, le reste s'est déroulé promptement. Test de sang, test d'urine (comme si on pissait sur commande, radiographie, etc.). Pour l'instant, les docs n'ont pas fini les examen et hésitent.

Vous avez donc le choix de trouver ce que j'ai en complétant le sondage à droite. Votre diagnostic vaut peut-être le leur, qui sait?

PS: Au cas où vous vous en douteriez, je suis sur la morphine extraforte et c'est légal.

06 septembre 2010

Encore un autre!

Si, au moins, ces petits cons se tuaient entre eux: il en resterait moins à la fin. Même pas.

Ici, on a le cocktail alcool au volant et délit de fuite mortel. La victime avait 19 ans.

Assiste-t-on à une augmentation des incidents mortels impliquant de jeunes conducteurs ou est-ce les médias qui accordent pus d'importance à ces incidents?

05 septembre 2010

Ces parents qui pardonnent tout

Il faut lire cette entrevue avec la mère du jeune homme de 22 ans qui excuse presque son fils d'avoir tué une jeune fille de 15 ans au volant de sa voiture en passant outre une ligne pleine à haute vitesse à Laval tout en prenant la fuite par la suite. Édifiant...

Celle-ci parle d'un «simple accident» et blâme les piétons qui traversent «n'importe quand, n'importe comment, n'importe où.» À propos de la vitesse à laquelle roulait son fils, elle y va du commentaire suivant: «Quand tu vois un feu jaune, comme tout le monde, tu vas plus vite».

Pour elle, son garçon n'est «pas méchant, pas mauvais». Ah bon! Voici la liste des crimes récents de ce bon garçon:
- permis d'apprenti conducteur révoqué;
- arrestation après une poursuite policière;
- possession de drogue;
- vol;
- possession de carte de crédit volée ou falsifiée;
- voies de fait.

Un autre exemple de cette généreuse empathie est cette entrevue purement pathétique d'un oncle qui défend son neveu en invoquant la testostérone. Ce dernier a trouvé la mort en doublant dans une section interdite à haute vitesse. La passagère qu'il l'accompagnait lutte encore pour sa vie tandis qu'il a tué une conductrice enceinte de huit mois qui roulait en sens inverse.

Écoutez bien son raisonnement. Si, si: ça en vaut la peine. Ce n'est pas de la faute du jeune: c'est celle de ses hormones, de la société, des garçons brimés par... J'arrête ici parce que je risque de verser dans la pure méchanceté. Quoi qu'il en soit, avec un argument du genre, on peut aussi justifier des viols et des meurtres.

Moi qui croyais que ce qui séparait l'homme de la bête était sa capacité à dominer ses instincts et à être civilisé, il ne fait pas de doute que certains jeunes sont revenus au stade de l'homme de cro-magnon quand ils conduisent une voiture. Pas étonnant quand on a comme parents des abrutis.

Quand on parle d'éducation et de décrochage au Québec, n'oubliez jamais ce pourcentage d'abrutis. Juste comme ça. En passant.

04 septembre 2010

L'éclat des fausses évidences

J'ai toujours aimé ce titre de je ne sais plus qui. Il parle, il est clair.

Ainsi donc, Chantal Longpré, présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement (FQDE), voudrait qu'on aille de l'avant avec des mesures de discrimination positive pour augmenter le nombre d'enseignants: «Oui, ça peut avoir un impact positif. On ne peut pas certifier qu'avec 50 % d'hommes tous les garçons vont réussir. Mais ça ne peut qu'améliorer les performances et améliorer la valorisation de la profession.»

Savoureux quand on est un homme. Savoureux surtout quand on sait que rien ne prouve l'effet positif d'une présence masculine sur la persévérance scolaires des garçons. Savoureux enfin parce que cela montre bien que certains représentants scolaires disent n'importe quoi et ont des allures d'apprentis sorciers.

Mais si jamais ça me donne une plus grosse paie, je suis prêt à le croire moi aussi. Vivent les solutions magiques!

03 septembre 2010

Le travail en équipe

La réforme devait amener l'élève à développer ses capacités à travailler en équipe et son esprit de collaboration. Je me suis toujours élevé contre cet objectif qui n'a rien d'académique et tout de social. Je trouve discutable qu'on évalue à l'école de façon aussi directe l'aspect affectif et personnel d'un jeune. Il existe des enfants qui préfèrent par choix la solitude: on les oblige donc à aller contre leur personnalité.

D'autant plus que le travail en équipe est souvent un piège à cons. Une amie, jeune universitaire en enseignement, est obligée de travailler en équipe dans son bac alors qu'aucun critère d'évaluation ne porte sur cet aspect. Bref, on fait des travaux en équipe alors qu'ils pourraient très bien être fait seuls. Ses super profs, qui lui vantent la réforme et lui demandent de l'enseigner, ne sont même pas foutus d'évaluer correctement! L'anecdote serait savoureuse si elle n'était pas aussi désespérante...

Cette entrée en matière pour vous indiquer que, dans mon programme performant, on a décidé de donner une formation aux enseignants et aux élèves en ce qui a trait au travail en équipe. Si je ne partage pas les visées du programme en matière de travail d'équipe, je suis d'accord avec l'idée de bien faire les choses tant qu'à y être.

Seulement, ce qui m'interpelle, c'est que cette formation vient du fait que ces jeunes, qui ont fait six années du primaire, ne savent toujours pas travailler en équipe. Quel est ou quels sont les éléments qui expliquent ce constat? Programme utopique et inadapté à la réalité personnelle des jeunes? Objectif escamoté par les enseignants pour diverses raisons? Je ne sais.

Une remarque cynique en passant: la personne qui nous formera serait la même qui formerait les profs du primaire. Puis-je légitimement me questionner sur son approche, disons?

02 septembre 2010

Quand on se censure...

Le défaut quand vous réalisez que vos collègues découvrent que vous tenez un blogue et le lisent, c'est que vous tombez inévitablement dans une certaine forme d'autocensure. À la blague, je vous dirai que, si vous voulez mon compte-rendu d'une journée à chier, écrivez-moi et je vous la raconterai, mais je m'en abstiendrai.

Heureusement qu'il y a les élèves dans une école: ça aide à adorer ce boulot.

01 septembre 2010

La revue de presse masquée

La rentrée ramène son traditionnel lot d'articles sur l'école. Je vous propose ici une petite revue personnelle des textes parus aujourd'hui.

«Le checse de retour dans les écoles!»

Voila ce que hurlerait assurément le défunt Camil Samson. En effet, une coalition propose de ramener l'éducation à la sexualité dans les écoles primaires et secondaires du Québec. Celle-ci se base sur l'augmentation importante des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) pour tirer la sonnette d'alarme. Il y a dix ans, lors de l'abolition des cours d'éducation sexuelle, bien des intervenants avaient prédit cette hausse. On leur avait alors répondu que la sexualité serait l'affaire de tous dans l'école et serait abordée dans divers cours, dont ceux de sciences. Force est de constater qu'ils avaient tort et, dix ans plus tard, on songe revenir à la case départ.

Il existe un autre mythe semblable dans le réseau scolaire: celui de l'école orientante. Mais on parle beaucoup moins de celui-là.

«Speake white»

Voilà ce que dirait sûrement la poète Michèle Lalonde en lisant ce texte. On y apprend qu'il est plus payant d'être bilingue au Québec. Ainsi, un travailleur qui emploie l'anglais et le français au travail gagne 21% de plus qu'un unilingue francophone.

«You can't handle the truth!»

Voilà une phrase célèbre prononcée par Jack Nicholson dans le film Des hommes d'honneur, je crois. Joseph Facal revient un peu tard sur le dossier du TECFEE Son analyse est intéressante, mais un peu hors actualité, ce qui lui enlève de la pertinence, surtout qu'elle développe des arguments déjà utilisés ailleurs. N'empêche qu'il y va de belles phrases:
- «Quand on échoue à un examen, il est plus facile de blâmer l'examen que de se blâmer soi-même.»
- «Hormis le milieu familial, le facteur le plus décisif de la réussite éducative est la qualité du professeur. Or, la vérité est que l'aptitude à enseigner est largement innée.»
- «Bref, si on veut améliorer la réussite éducative des enfants, rien n'est plus important que de s'assurer que les autorités concernées embauchent de bons professeurs et ont des recours contre les mauvais.»


Et les directions peu compétentes? Et les commissions scolaires qui sont une force d'inertie incroyable?

«I Want Money»

Ah... Berry Gordy Jr... Alors que la CSQ et la FSE ont signé une entente avec le gouvernement à la sauvette avant les vacances (une entente que je considère très discutable), la FAE proposera le rejet des offres patronales à ses 32 000 membres cette semaine. Raison: les augmentations salariales ne sont pas assez suffisantes et ne permettent pas d'attirer suffisamment de jeunes enseignants.

Personnellement, si je considère que nos syndicats ont signé une entente à rabais, je ne crois pas qu'une augmentation salariale attirera des jeunes. Ce sont davantage les conditions de travail et la sécurité d'emploi qui me semblent problématiques pour ces derniers.

«Cachez ce texte que je ne saurais voir!»

Paraphrasons un peu Molière pour introduire ce texte de Martineau sur la présence féminine à l'école. Comme d'habitude, ce dernier y va un peu fort dans l'à-peu-près, ce qui nuit à la pertinence de son propos. Je pense à ce passage inexact:

«C'est une école où les garçons ne peuvent se tirailler à la récré, où il est interdit de grimper sur les collines de neige, où le moindre chamaillage est perçu comme une marque de violence et d'agressivité, où la compétition est honnie, où on distribue du Ritalin comme des Smarties et où les livres d'aventure, les magazines de sport et les épopées héroïques sont absents des bibliothèques.»

On se calme le pompon, mon petit Richard... S'il estime que l'école est mal adaptée aux besoins des garçons, je relève une phrase de Martineau que je trouve tout à fait vraie: «C'est bien beau, «adapter» l'école aux gars. Mais il faudrait aussi que les gars s'inspirent des filles, et qu'ils apprennent la culture de l'effort et de la persévérance.»

Et vlan dans les dents!

«J'ai un cerveau féminin!»

Voilà ce que déclare le prof masqué à la lecture de ce texte paru dans Le Soleil. Alors qu'on commence à peine à comprendre le fonctionnement du cerveau et de ce que j'appelle la «neurologie des apprentissages», certains spécialistes affirment que les garçons et les filles apprennent différemment. Ainsi, les garçons seraient plus visuels et concrets. Les filles développeraient plus jeunes leurs habiletés langagières. À moins que je ne me trompe, la notion de «visuel», d'«auditif» et tout le tralala est fortement contestable.

J'ai de la difficulté avec ce genre de généralisation. Tout jeune, j'étais déjà premier de classe en français et je clenchais les filles en écriture. Dois-je remettre en question mon identité sexuelle?

Pour Claude Saint-Amant, ce genre d'affirmation est erroné: «Si c'était vrai, on retrouverait les mêmes différences entre garçons et filles partout sur la planète, et ce n'est pas le cas.» En Australie et au Japon, par exemple, les garçons réussissent mieux à l'école que les filles, dit celui qui a analysé plusieurs données semblables dans différents pays. Et au Québec, les filles ont rattrapé les garçons en mathématiques au cours des dernières années, rappelle-t-il. «Comment l'explique-t-on? Est-ce que le cerveau des filles a changé?» ironise M. Saint-Amant.

Ouf! j'ai peut-être encore un cerveau d'homme...

J'arrête ici cette courte revue et je reviens demain avec une autre série de textes que nos glorieux médias ont publiés aujourd'hui.