30 mai 2009

La réussite du plus grand nombre

Que fait-on quand on est devant une baisse des résultats des élèves? Que fait-on quand la réussite scolaire devient un impératif politique et non pédagogique? On s'assure de travailler à la réussite du plus grand nombre. Mais il y a plusieurs façons d'y parvenir.

Comme en éducation, les administrations déterminent à la fois les examens, la façon de les corriger et de consigner les résultats, il est parfois tentant de prendre des raccourcis. Un exemple: les notes transformées en cote et retransformées en notes grâce à une table de conversion officielle pour effectuer les conversions nécessaires lors de l'établissement de la cote du bilan.

Il y a quelques mois, un collègue d'une CS recevait ladite table qui contenait certaines infos pour établir les notes. Ainsi,un élève ayant un résultat en pourcentage X obtenait la cote Y qui était reconvertie en en pourcentage Z. Cela donnait un tableau semblable à celui-ci.

0 à 28% = E = 28%
29 à 36% = E+ = 36%
37 à 44% = D = 44%
45 à 52% = D+ = 52%
53 à 60% = C = 60%
61 à 68% = C+ = 68%
69 à 76% = B = 76%
77 à 84% = B+ = 84%
85 à 92% = A = 92%
93 à 100%= A+ = 100%

On remarque que la conversion de la cote en pourcentage se fait presque toujours à la hausse. Cela vou surprend-il? Entre 53 et 60%, il y a un monde, je crois. Mais dans l'oeil de l'administrateur scolaire, à 53%, tu passes!

Récemment, ce même collègue a reçu une nouvelle directive modifiant les informations qu'on lui avait transmises. Tant pis pour celui qui s'était basé sur le document précédent pour effectuer sa correction!

Tout d'abord, on lui apprend qu'en juin 2009, l'épreuve de fin d'année est «pondérée». En langage clair, la direction de son école a la possibilité de faire varier cette pondération de 0 à 30% de la note finale de l'élève. Bref, la direction s'immisce dans l'évaluation professionnelle des enseignants. En se basant sur quoi? On ne le sait pas. S'assurer qu'il y ait le moins d'échecs possibles? Contrebalancer l'effet négatifs d'examens mal foutus?

Ensuite, on lui apprend qu'on a modifié la table de conversion officielle pour effectuer les conversions nécessaires lors de l'établissement de la cote du bilan. Et, vous le verrez, ces changements sont savoureux.

0 à 28% = E = 28%
29 à 36% = E+ = 36%
37 à 44% = D = 44%
45 à 57% = D+ = 57%
58 à 60% = C = 60%

61 à 68% = C+ = 68%
69 à 76% = B = 76%
77 à 84% = B+ = 84%
85 à 92% = A = 92%
93 à 100%= A+ = 100%

On remarque que ces changements tournent principalement aux résutats compris entre 45 à 60%. Ainsi, un élève qui a entre 45 et 57% se verra maintenant attribuer la cote D qui vaut 57%. Or, la magie de l'histoire, c'est qu'à 57%, l'élève peut bénéficier d'un jugement de maitrise qui lui permet de recevoir la note de 60%. L'enseignant peut s'opposer à ce changement qui se fait automatiquement, mais il doit se lever de bonne heure pour motiver cette décision.

Bref, vous l'avez compris: maintant, avec un résultat de 45%, un élève peut réussir son année. 45% et tu passes!

La réussite du plus grand nombre.

En passant, pour les ceuses qui me demandaient un document officiel pour appuyer un billet précédent, vous remarquerez que le zéro n'existe pas dans cette table de conversion. Un élève qui, au départ, a 0 reçoit une cote de E qui vaut 28%.

28 mai 2009

A propos de l'anonymat des blogues

Mario tout de go publie un billet sur l'anonymat des blogues, notamment en éducation.

Il cite un long extrait d'un texte publié dans Les cahiers du 27 juin: «Et pourtant j’appelle les intéressés à, tout de même, au maximum, se dévoiler. Même si c’est dur. Même si c’est risqué.» Tout cela au nom de l'idéal de la liberté d'expression et de notre devoir d'éducateur.

Quant au risque de représailles, on rapporte les propos de M. Asselin: «Je voudrais avoir des représailles! C’est une occasion pour repousser les limites, pour apprendre le mieux-vivre ensemble.»

Le sujet a déjà été abordé ici. Le sujet a déjà été abordé ailleurs. Le débat a déjà été abordé partout.

Désolé, mais je ne suis pas un chevalier qui a envie de pourfendre l'hypocrisie de certains décideurs scolaires qui tiennent des discours d'inclusion et d'ouverture, mais qui une fois le dos tourné, livrent au bûcher les mécréants et les hérétiques qui ne partage pas leur vision de l'éducation. (Je précise que ne pense pas ici à M. Asselin pour lequel j'ai le plus profond respect.)

Désolé, mais j'ai un travail qui paie mon hypothèque et mon char, un travail ou on pourrait me faire chier à l'os en me refilant des groupes terribles, des locaux insalubres et une tâche propice à l'épuisement professionnel.

J'ai vu des directions d'école avoir des profs à l'usure. Et je suis déjà bien usé.

Anyway, on radote sur le sujet. Lui aussi est pas mal usé.

Un petit texte dans un coin

Dans le Journal de Montréal, un petit texte dans un coin. Innocent. Discret. Pas dérangeant. Une citation. Une seule.

«Le premier ministre Jean Charest avait promis d'investir 100 millions $ pour procéder à l'embauche de professionnels supplémentaires. Deux ans plus tard, on est encore très loin du compte puisqu'on a ajouté tout au plus 250 professionnels.»

Une belle promesse, irréaliste quand on connait la réalité de l'emploi et les conditions de travail dans l'éducation.

25 mai 2009

On se prépare à la grippe...

C'est la fin de l'année, le retour de l'été. On va bientôt se débarrasser de nos élèves. Et si par malheur, ils ne vont pas changer d'école, on aura à les saluer à nouveau à la prochaine rentrée.

Moi, ça m'angoisse un peu. Autrefois, j'enseignais en cinquième et ils venaient me voir quand ils étaient au cégep. Un groupe est même descendu en voitures un après-midi de classe: presqu'une trentaine d'élèves, huit voitures... Ça tombait bien: j'étais en train de botter le cul à un groupe de paresseux. J'ai pairé un ancien avec un paresseux qui s'est chargé de l'engueuler à ma place. Un beau moment de vie enseignante. Un discours pair-tinent.

J'ose à peine imaginer l'année prochaine combien d'anciens de première vont venir m'achaler. Mais trêve de nostalgie anticipée.

Je pensais à la rentrée prochaine parce qu'on sent qu'on craint la grippe porcine dans ma commission scolaire. Déjà, on a installé des petites affiches sur comment tousser ou éternuer un peu partout dans mon école. De plus, on a même installé des bidons (format 4 litres) de savon antiseptique dans les espaces communs du personnel.

Je ne veux apeurer personne, sauf qu'on sent qu'on prépare le terrain au cas ou... D'autant plus que ma région accueille un grand nombre de travailleurs mexicains l'été.

21 mai 2009

Les maudits examens...

On parle beaucoup des examens de fin d'année dans les médias ces temps-ci.

Il faut lire ce texte dans La Presse ou écouter cette entrevue chez Paul Arcand pour s'en rendre compte.

Mal foutus, couvrant ou ne couvrant pas ce qui est vu en classe, comptant ou ne comptant pas vraiment selon les écoles... On nage dans le brouillard et le n'importe quoi, comme d'habitude. Tout cela me rappelle de doux souvenirs.

Il y a quelques années, en français, le MELS avait cessé de transmettre aux CS une épreuve de lecture de fin d'année. Chaque école choisissait donc son épreuve, généralement une des années antérieures. Chaque école choisissait aussi la pondération de cette épreuve dans la note totale de l'année. Quand, après analyse des résultats de la CS, on s'est aperçu, les collègues de mon école et moi, que nous étions les plus sévères de notre CS, on a compris le message et on a rajusté le tir à la baisse parce qu'on était tannés de faire rire de nous avec un taux d'échecs plus élevé.

Rien ne change. C'est juste que ce genre de bordel ne touchait pas encore les autres matières. Bref, on aura été des précurseurs!

Parlant d'examens, certains élèves de cinquième secondaire de mon école ont encore su le sujet de l'examen de production écrite du MELS une heure et demie avant ceux des autres écoles de ma CS. Comme d'habitude (ça fait au moins trois ans que ce petit procédé dure), un élève d'une autre école de ma CS commençant plus tôt le matin a envoyé un texto à un élève de la nôtre pour lui transmettre le sujet.

Vivent les nouvelles technologies de l'information!

19 mai 2009

Un manque de jugement

Parfois, certains enseignants manquent de jugement. C'est le cas de ce joyeux confrère qui a accompagné des élèves lors d'un voyage à New York:

Un enseignant de la polyvalente Dominique-Racine, du secteur Chicoutimi, à Saguenay, est dans l'eau chaude.

C'est que l'homme aurait consommé de l'alcool avec des élèves lors d'un voyage à New York le mois dernier.

La commission scolaire a considéré, comme facteur aggravant, que c'est l'enseignant qui aurait acheté les boissons alcoolisées alors que l'âge légal pour s'en procurer est de 21 ans dans l'État de New York.

L'homme a été suspendu pour une durée de deux jours.


Pas fort, pas fort...

17 mai 2009

Conditions de travail des profs

Wow! Qui a dit que l'université était déconnectée de la réalité des classes? Jessica Riel, une chercheuse de l'UQAM, a fait une étude sur les conditions de travail des enseignants du secondaire. Elle a fait des découvertes stupéfiantes. Vous n'en reviendrez pas!

Des classes inadéquates

Par exemple, certaines classes seraient surchauffées, trop bruyantes et inadaptées. Dans certains cas, la température pourrait atteindre 28 degrés Celsius. «Certains professeurs préfèrent avoir chaud et ferment la porte de la classe pour ne pas entendre de bruit. La température de la classe peut augmenter de 1 à 2 degrés au cours d'une période», ajoute la chercheure.

Mme Riel devrait lire davantage les blogues des enseignants. J'ai déjà souligné dans un billet antérieur que la température pouvait atteindre jusqu'à 32 degrés dans ma classe. Et, après vérification, cette situation ne va pas à l'encontre des règles de la CSST.

J'en rajoute en indiquant aujourd'hui que certains élèves et enseignants passent leur année dans des locaux sans aucune fenêtre. Dans certains cas, on parle d'élèves ayant des problèmes psychologiques sérieux. Cela doit sûrement les aider de ne pas voir le soleil cinq heures durant le jour.

Au fait, en passant, il existe des locaux climatisés dans mon école: ceux de la direction.

Ce qui est intéressant, par contre, c'est lorsque Mme Riel estiment que les ensiegnants passent 16,1% de leur temps à gérer des questions reliées à la température, au bruit ou au bris de matériel.

Il a fallu un mois et deux mémos pour qu'un collègue voit enfin réparée la serrure de sa classe qui refusait de fonctionner. Un mois!

Des salles de profs inadéquates

Mme Riel a également noté que certaines salles de profs ne sont pas conçues pour le travail des enseignants. Elle relève le cas d'une école ou 30 enseignants partagent la même salle de travail, transformant cet espace en un lieu peu propice à la concentration et à la correction. «Pour certains professeurs, la correction devient insupportable. Il y en a même qui prennent des jours de congé de maladie pour en faire», indique-t-elle. Elle souligne que les profs déplorent le fait qu'ils soient obligés de corriger à l'école plutôt qu'à la maison. Faut-il rappeler que ce temps de présence obligatoire à l'école est une conséquence du règlement sur l'équité salariale?

Dans une école de ma CS, on croirait que c'est la norme d'entasser les enseignants puisque deux de leur salles de profs comportent plus de 30 bureaux. Quant aux journées de maladie prises pour corriger, je crois qu'on a souvent abordé le sujet ici. Tant mieux si Mme Riel le découvre...

Le but de cette étude

Mme Riel a entrepris cette étude pour comprendre «pourquoi 20 % des nouveaux professeurs décrochent dans les cinq premières années.» Mais elle a aussi constaté une augmentation des cas d'épuisement professionnel et de retraites anticipées. Comme quoi il n'y a pas que les petits jeunes qui ont de la difficulté avec les conditions de travail dans lesquelles nous évoluons.

Ajoutons à cela le manque de reconnaissance de notre travail, les agressions physiques et verbales...

Il n'est pas étonnant que, lors des dernières négos, certains de mes collègues voulaient davantage une augmentation de la qualité de leurs conditions de travail que de leur salaire.

15 mai 2009

Zonage alimentaire: phase 1

Gatineau, Baie-Saint-Paul et Lavaltrie ont décidé de déclarer la guerre à la malbouffe près des milieu scolaire. Elles sont même prêtes à modifier leur zonage municipal. «On ne veut pas fermer les commerces qui existent déjà, ils ont un droit acquis, mais on veut voir si on peut agir différemment dans les futurs projets», indique Suzie Pellerin, directrice de la Coalition québécoise sur la problématique du poids.

Pour bien connaitre Lavaltrie (Lavaltrou, pour les intimes), je ne vois ce que cette mesure va engendrer quand on connait les environs de l'école secondaire du coin. Elle est déjà bien entourée avec trois établissements de restauration rapide qui jouiront d'un droit acquis et qui verront leur valeur augmenter...

Et puis, la définition de ce qu'est de la malbouffe varie d'un individu à l'autre. Déjà, pour le Journal de Montréal, un Subway est de la malbouffe. Pas sûr que cette chaine de restauration va se laisser faire.

Rendre la bonne bouffe attirante


Dans l'article du Journal de Montréal, on signale que, depuis l'entrée de la politique anti-malbouffe, certaines cafétérias scolaires connaissent une baisse d'achalandage. «Ce n'est pas partout, mais c'est malheureusement le cas pour plusieurs. On a même pensé fermer une cafétéria dans la région de Chaudière-Appalaches», affirme Suzie Pellerin.

Mais au lieu de réfléchir aux causes de cette désaffection, on se lance dans une véritable chasse aux sorcières. Il est dommage qu'on est pas réaliser que la répression uniquement ne marchera pas avec les jeunes. Il faut éduquer!

De plus, il faudrait peut-être rendre la nourriture santé attirante et moins cher. À mon école, aller au bar à salade prend presque une carte de crédit! Assiette vendue au poids, soupe et dessert en sus: on fait tout pour décourager les jeunes de manger santé! Quand une simple assiette de laitue te coûte presque le prix du menu principal, il y a manifestement un problème!

Une responsabilité individuelle et familiale

Cette nouvelle intrusion dans la sphère de la vie privée des individus a de quoi irriter. Ou s'arrêtera l'action de ceux qui veulent notre bien malgré nous? «On peut pas contrôler toutes les habitudes de vie de tous les gens. Ce qu’on favorise, c’est de mettre en place une alimentation saine sans s’imposer comme dictateur partout», croit le ministre de la Santé, Yves Bolduc.

Bien manger devrait s'apprendre à la maison. Je sais, j'ai une fille étrange, mais depuis que je dois surveiller mon alimentation, elle a réalisé que certains aliments sont meilleurs que d'autres. Mais je me suis imposé en modèle, pas en faisant de longs discours ou en me transformant en ayatollah alimentaire.

Que font les parents des jeunes amateurs de malbouffe à la maison? Que leur font-ils comme lunch? Leur donnent-ils de l'argent ou achètent-ils une carte-repas de leur école?

Quant à moi, tout ce débat est indécent quand on sait que de nombreux jeunes au Québec ne mangent pas à leur faim et viennent à l'école le ventre vide. On devrait s,assurer que tous les jeunes mangent avant de placer autant d'énergie à contrôler ce qu'ils mangent.

12 mai 2009

Ça y est: on recommence à nous varger...

Les différents syndicats de la fonction publique ont annoncé la formation d'un front commun lors du renouvellement des prochaines conventions collectives et certains des gains qu'ils entendent effectuer.

Déjà, on commence le discours voulant que les fonctionnaires sont surpayés, qu'ils ont plein d'avantages, etc. On suggère même qu'ils aillent travailler au privé s'ils ne sont pas contents de leurs actuelles conditions de travail. Les infirmières l'ont compris avec les conséquences que l'on sait. On est en pénurie et on les recrute via des firmes privées ($$$).

Pour dénigrer les demandes syndicales, on indique que les finances publiques sont dans le rouge, qu'il faut que les fonctionnaires acceptent de faire des sacrifices.

J'ai un problème avec ce raisonnement: jamais nos finances publiques n'ont été si mal gérées. Chaque semaine, chaque jour, on soulève des cas de primes de départ, de bonis au rendement, de financements versés aux petits amis, de dépassements de coût, de mauvaise gestion, etc. Les petits amis du régime, certains décideurs s'en mettent plein les poches pendant qu'on essaie de nous endormir.

Au lieu de faire le ménage des finances publiques, le gouvernement Charest va choisir encore une fois la méthode facile: couper les salaires. Il l'a fait alors que l'économie se portait bien, alors croyez-vous qu'il va se gêner dans le contexte actuel? On va encore une fois dévaloriser le travail des enseignants. On va encore une fois leur demander de faire des concessions quant à leurs conditions de travail.

Un mot comme ça: on est en pénurie de profs qualifiés. Les enseignants quittent la profession parce qu'ils en ont plein le...

Alors, continuez à varger fort...

11 mai 2009

Encore un prof anonyme

Tiens, M. Facal reçoit du courrier. Il rapporte les propos d'un enseignant à qui la direction a demandé de rajuster ses notes à la hausse.

«Oui, les directions d'école exigent que nous fassions réussir des élèves qui ne le méritent pas : elles vous convoquent dans leur bureau, elles ferment la porte et vous disent que si tant d'élèves échouent, c'est que vous ne comprenez pas le programme, que vous ne savez pas évaluer, que vous êtes trop exigeant, incompétent même. Elles vous demandent de réévaluer les élèves. Si vous ne comprenez pas ce qu'elles demandent, elles vont vous rendre la vie insupportable. Je l'ai vécu. Donc vous montez les notes. Vous ne gardez que quelques échecs et la vie redevient agréable. Tout cela se fait derrière des portes closes, individu par individu.»

J'ai un collègue à qui on a demandé la même chose de la même façon. Il a refusé. Par on ne sait quel miracle, plusieurs de ses élèves en échec ont connu les joies d'être promus malgré les notes qu'il avait transmises à l'administration. Et l'adjoint lui a fait la gueule pendant quelques mois.

A noter: l'enseignant qui a écrit à M. Facal a demandé à conserver l'anonymat. Ça vous surprend?

09 mai 2009

Expliquez-moi, quelqu'un!

La Fédération des femmes est contre l'interdiction du port des signes religieux dans les services publics québécois. Cela aurait été plus simple de dire qu'elle est pour le port de signes religieux, mais bon... Justement, il ne faut pas qu'elle dise qu'elle est pour...

Pour la FFQ, porter le voile relève de la liberté d'expression. La journaliste Annie Mathieu résume la pensée de la FFQ de la façon suivante: «Elle soutient que la neutralité de l'Etat est basée sur les actes que celui-ci réalise et non sur l'apparence des personnes qui le composent.» Alors, pourquoi des uniformes stricts pour les policiers? Pour ne puis-je pas porter des macarons pro-communiste en classe ou porter du noir que je suis en moyen de pression?

En interdisant le port de signes religieux, on favoriserait la discrimation des femmes désirant en porter, que ce soit dans le secteur public ou privé. On nuirait également à l'intégration des femmes immigrantes dans la société québécoise. je veux bien et je comprends ce raisonnement. Mais j'ai d ela difficulté à le concilier avec cette position de la FFQ à l'effet que «Le port du foulard islamique peut être un instrument qui opprime les femmes.»

Comment fait-on pour différencer une femme voilée opprimée et une qui s'exprime? N'encourage-t-on pas l'oppression en légitimant le port du voile et d'autres signes religieux de la sorte?

07 mai 2009

Mme Courchesne, qu'attendez-vous pour agir?

La malbouffe est en vente libre. Elle crée des problèmes de santé et d'obésité. Donc, madame Courchesne interdit la malbouffe dans les écoles, même si bien des parents hypocrites continuent de nourrir leurs enfants de cochonneries chaque jour.

Le I-Pod et autres gadgets électronique du genre sont en vente libre. Ils créent des problèmes de santé et d'audition. Alors, madame Courchesne, pourquoi ne pas les interdire dans les écoles?

En fait, au-delà de cette boutadeun peu ironique, il serait grand temps que le Québec limite le niveau sonore de ces appareils comme cela est le cas comme en France. On est en train de former une génération de sourds.

Deux textes publiés aujourd'hui (ici et ici) montrent bien que les dangers reliés à ce type d'appareil sont en progression auprès des jeunes et il faut se rappeler que, dans tous les cas, les dommages causés à l'oreille sont irréversibles.

Fille masquée va voir ces textes épinglés sur la porte de sa chambre vendredi...

05 mai 2009

Euphémismes pédagogiques

Dans un billet précédent, je soulignais que la note «zéro» n'existe plus avec le nouveau programme de formation. La lecture de cette chronique de Foglia m'a montré qu'on a reculé encore plus loin la farce pédagogique. Un extrait:

Ceux-là avaient mis des zéros à des copies nulles et même blanches, on les a obligés - sous la menace de sanctions administratives - à changer ces zéros pour des NE - Non évalué! Ou encore celle-là qui s'est fait dire qu'il ne fallait plus écrire E (échec) dans le bulletin.

Que dois-je écrire alors? À l'avenir vous écrirez: RR. Ce qui signifie? Réussite reportée!


Déjà, la ministre Courchesne ne veut plus parler de décrochage scolaire, mais de persévérance scolaire. Je comprends que l'idée est de valoriser ce qui marche, mais...

Alors, un décrocheur, on appelle cela comment, je vous le demande?

Un NPS (un non-persévérant scolaire)?
Un ÉVDP (un étudiant en voie de diplomation prochaine)?
Un ÉODR (un étudiant dont l'obtention du diplôme est reporté?)

Des suggestions?

04 mai 2009

Décrochage scolaire: quand les fachos s'en mêlent...

Je ne me souviens plus, mais je crois que c'est Jacques Ménard, président de la Banque de Montréal et du groupe de travail qui a produit un rapport sur le décrochage scolaire, qui, l'autre jour, mentionnait le succès de l'exemple ontarien.

Allons-y avec deux mesures qui ont été mises de l'avant par le gouvernement ontarien. Quoi? Que dites-vous? Une réforme scolaire? Un changement de paradigme de l'enseignement? Nenni! Plutôt deux mesures facistes qui seraient dénoncées au Québec par tout ce qui grouille de groupuscules qui s'ennuient à dénoncer le dénonçable. Et je ne parle pas uniquement de la DPJ et de Julius Gray!

La première mesure permet de retirer le permis de conduire de tout jeune de moins de 18 ans qui déserte les bancs de l'école. Le message est clair: «Tu veux conduire un char? Va à l'école.» Quand je pense que, dans la Belle Province, on perd des élèves parce qu'ils travaillent trop pour justement se payer une voiture...

La deuxième mesure permet d'infliger une amende à tout employeur qui embauchent un jeune d'âge scolaire durant les heures de cours.

Le premier ministre ontarien Dalton McGuinty, connu pour être un facho d'extrême droite, a d'ailleurs déclaré: «On dit simplement aux jeunes qu'il n'est plus acceptable, dans une économie fondée sur le savoir, de quitter l'école à 16 ans et de traîner au centre commercial.»

A-t-on une vision différente de l'approche anti-décrochage au Canada anglais? Peut-être.

Je repense entre autres à cette commission scolaire du Manitoba qui envisage d'imposer des tests de drogue et d'alcool à ses élèves. Une autre belle gang d'extrémistes, me direz-vous.

C'est étrange, mais il s'agit d'une mesure identique à ce qu'on peut faire en Finlande, vous savez, le fameux pays dont il faudrait s'inspirer au Québec?

03 mai 2009

Le zéro est aboli!

Le zéro aurait fait sa première apparition au IIIe siècle avant J.-C. mais, grâce à notre bien-aimé programme de formation (en d'autres mots: la réforme), il est disparu des bulletins scolaires québécois. En effet, il est impossible de mettre zéro à un élève. Il faut mettre «non évalué». Tout au moins, c'est la pratique dans ma CS.

Allons-y avec un cas pratique. Un élève a une évaluation, mais il ne la fait pas parce qu'il est en absence non motivée (en d'autres mots: il foxe). Je ne peux pas lui mettre zéro parce que je n'évalue pas ainsi sa performance mais son comportement. Je dois alors lui offrir une reprise.

Ben oui, je n'ai que ça à faire offrir des reprises d'examen! Il faut prévoir un temps, un lieu et une évaluation nouvelle si je veux être juste avec ceux qui l'ont déjà faite. Cela, en plus de donner une retenue à l'élève illégalement absent. Ensuite, par rapport à sa note, je ne peux pas pénaliser l'élève qui aura eu plus de temps pour se préparer à sa reprise. Je dois évaluer sa performance, pas son comportement.

Logiquement, un élève qui n'est pas préparé pour son évaluation a tout intérêt à sécher celle-ci plutôt que d'avoir l'honnêteté de venir en classe.

Dans le même ordre d'idée, il m'est impossible de pénaliser l'élève qui remet ses travaux en retard: je dois évaluer son travail, pas sa ponctualité. Si on poursuit cette logique jusqu'à l'absurde, un élève qui arrive en retard à une évaluation pourrait exiger qu'il puisse bénéficier du même temps que ses collègues...

Mais, en première secondaire, le problème ne se pose pas avec la même acuité qu'aux autres niveaux: aucun élève ne peut être recalé. Tout le monde passe, zéro ou pas!

01 mai 2009

Y a-t-il un psy dans l'école?

J'enseigne dans une grosse polyvalente. Or, avec le temps, j'ai remarqué qu'on serait tenté de croire que mon école offre davantage de services qu'une petite. Pourtant, ce n'est pas toujours le cas et ce, pour des facteurs bien indépendants du monde scolaire.

Prenons les psychologues en milieu scolaire. En connaissez-vous? En fait, il s'agit d'une espèce en voie d'extinction pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, on ne se le cachera pas, la pratique en milieu privé est plus payante. Ensuite, le psychologue privé choisit généralement ses horaires et son milieu de travail. Un psychologue scolaire peut être amené à travailler dans quatre écoles différentes, avec quatre horaires différents dans la même semaine. De plus, le psychologue privé est son propre patron et, comme travailleur autonome, a droit à une foule de déductions au niveau de l'impôt.

Une autre raison qui explique actuellement la pénurie de psychologues scolaires est moins connue. En effet, avec l'obligation maintenant d'avoir un doctorat pour pratiquer la profession de psychologue, on a retardé l'arrivée de jeunes psy sur le marché de l'emploi, mais on a aussi découragé bien des étudiants universitaires d'aller dans cette voie.

Enfin, comme maintenant, il faut avoir un doctorat pour être psychologue, ces employés devraient logiquement obtenir un meilleur salaire, salaire que ne sera pas en mesure d'offrir le milieu scolaire.

Comme quoi l'effet papillon existe aussi dans nos écoles. Une décision prise par l'ordre des psychologues du Québec a des impacts jusque dans nos classes...