29 juin 2010

Manuels scolaires: recours collectif - la suite

Une petite suite à ce billet.

Ainsi, on apprend que ce recours est basé sur la Loi sur l'instruction publique et la Charte des droits et libertés du Québec: «La Charte québécoise stipule que toute personne a droit à l'instruction publique gratuite. La loi stipule aussi que les manuels scolaires et le matériel didactique doivent être fournis gratuitement aux élèves jusqu'au dernier jour du calendrier scolaire où ils ont 18 ans. Une exemption est prévue pour le matériel et les documents dans lesquels l'élève écrit, dessine ou découpe. Les cahiers, papiers et crayons sont aussi exclus et doivent donc être payés.»

Avoir su, j'aurais invoqué la Charte quand j'étais à l'université...

Ce qui est intéressant, c'est que la juge Carole Julien va tenter d'éclairer la fameuse zone grise concernant les romans dans lesquels on demande aux élèves d'écrire et de surligner: «Le matériel pédagogique, non altéré par l'élève dans le cours d'une utilisation normale (les romans, par exemple), est-il admissible à l'exemption prévue si le professeur impose une utilisation particulière les altérant : soulignements, notes manuscrites, etc.?» Elle se demande aussi quelle est la latitude de l'enseignant, de l'école et de la commission scolaire à cet égard.»

28 juin 2010

C'est fini et tout commence!

La correction est finie. Trois compétences ont été évaluées:
- lire: trois travaux;
- écrire: quatre travaux;
- oral: un travail;
- autre: trois travaux.

Il faut entrer une note pour chaque travail et ensuite retranscrire le total des travaux dans une autre colonne. Tout cela pour 96 élèves. Quelle joie!

À mon maintenant les vacances! Des projets de roadtrip, de rencontres, de planification pédagogique (si, si! la nuit dernière, durant mon insomnie quotidienne, j'ai conçu une nouvelle planification pour la prochaine année) et de farniente!

26 juin 2010

Manuels scolaires: recours collectif

La Cour supérieure du Québec vient d'autoriser un recours collectif contre la Commission scolaire des Seigneuries qui aurait injustement facturé à des parents des frais concernant l'achat de manuels obligatoires. Il s'agirait, entre autres, de romans.

Il faut savoir que la Loi sur l'instruction publique permet aux écoles d'exiger des parents qu'ils défraient les coûts des documents sur lesquels l'enfant écrit ou dessine.

Pour François Paquet, président de la Fédération des comités de parents du Québec: «Parfois, c'est de l'ignorance, ce n'est pas nécessairement de la mauvaise volonté. Je pense que les directions d'écoles gagneraient à avoir des formations à ce sujet.» Désolé de le détromper, mais c'est dans l'interprétation de la loi que ces directions divergent d'opinion avec certains parents. Je m'explique.

Sous la pression des enseignants de français, mon école a déjà facturé aux parents l'achat de romans destinés aux élèves. Les raisons justifiant cette mesure étaient bien simples:
- on voulait que le jeune s'approprie le livre, qu'il apprenne à y surligner des passages importants, à y écrire des notes, à y placer des signets, à rédiger un bref résumé sur les pages de garde ou à la fin des chapitres, etc. Bref, on désirait que le livre devienne un matériau sur lequel il travaille plutôt qu'un objet qu'il doit lire mais sans le «détériorer», perpétuant ainsi le mythe du livre sacralisé. Au cégep, l'étudiant sera invité à agir de la sorte. Pourquoi attendre avant de le former adéquatement?
- on voulait également que chaque élève ait son propre exemplaire en main. Généralement, les enseignants doivent utiliser des séries de romans et, comme il y en n'a pas assez pour l'ensemble de leurs groupes, ils ne peuvent en laisser un exemplaire à chaque élève. La lecture se fait alors en classe, souvent à coups de 15 minutes ici et une période là. On brise constamment le rythme de lecture des jeunes. De plus, quant à moi, ce temps est mal investi puisque, après un accompagnement de départ, l'élève est souvent capable de lire de manière autonome ailleurs qu'en classe. C'est autant d'heures gagnées pour un véritable enseignement en classe. Faites le calcul et vous verrez combien d'heures on gagne ainsi pour un coût somme toute raisonnable.
- on ne se cachera pas la vérité: on voulait également compenser pour le sous-financement en ce qui concerne l'achat de romans dans nos écoles. On voulait aussi proposer aux élèves des oeuvres récentes, vivantes et différentes du vieux stock qui se couvre de poussière sur nos tablettes. Comment donner le goût de la lecture aux jeunes avec des oeuvres parfois dépassées?

La facturation de ces romans a donc été approuvée par la direction de mon école et le conseil d'établissement de celle-ci (qui regroupe des parents) comme étant l'achat de matériel où l'élève écrit.

Les enseignants, conscients de la capacité de payer des parents, ont pris soin de ne pas dépasser un montant de 20 à 25$ par année pour l'achat de trois romans. À titre comparatif, je signale qu'une sortie scolaire au théâtre coûte le même montant. J'ai même utilisé ces livres pour divers exercices de grammaire en demandant aux jeunes d'y analyser des phrases, d'y expliquer des règles de grammaire en contexte, etc.

Dans tout ce débat, je comprends que l'éducation doit être gratuite. C'est un principe de base au Québec. Mais elle doit aussi être de qualité. Et je ne crois pas que ce recours permettra aux enseignants d'offrir une formation adéquate en classe. il faut être complétement déconnecté pour penser que les écoles prendront la relève en matière d'achats de romans. On reviendra aux vieilleries sacralisées...

Je trouve regrettable que ce soit le seul point qui incite certains parents à entreprendre des recours judiciaires ou autres contre notre réseau d'éducation. On retrouve tellement de situations plus importantes qui nuisent au développement des jeunes. Mais certains parents ont une courte vue de la situation ou ne voient pas plus loin que le bout de leur... portefeuille.

24 juin 2010

Au cas où vous vous demanderiez...

Pas de nouvelles, donc bonnes nouvelles? Pantoute!

Je corrige comme un dingue, je serai en retard dans ma remise des notes, mon boss va m'engueuler, je ne comprends rien à certaines femmes et j'ai une fille qui me désespère...

Heureusement, il reste les reprises de la FIFA pour m'endormir le soir. Et René Poithier, vraiment! je lui préfère le vuvuzela...

Une question de mimétisme en terminant: je corrige avec un stylo rouge. Si j'avais un stylo vert, est-ce que mes yeux deviendraient verts?

19 juin 2010

Pas de cours de ECR pour une école privée (ajout)

Tiens, tiens, une bande d'extrémistes religieux a contesté le programme de formation du MELS parce qu'il entrait en contradiction avec ses convictions religieuses. De qui s'agit-il? De Juifs? Non, eux, ils le boycottent en cachette dans leurs écoles. De méchants musulmans? Non, eux, on le sait, ils forment des kamikazes et obligent leurs femmes à porter le niqab. En fait, il s'agit du très chic collège Loyola, à Montréal.

« En ces temps de respect des droits fondamentaux, de tolérance, d'accommodements raisonnables et de multiculturalisme, l'attitude adoptée par la ministre, dans la présente affaire, étonne », écrit le juge Dugré.

« La société démocratique canadienne est fondée sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit, lesquels bénéficient d'une protection constitutionnelle », note encore le juge.

« Ces deux principes fondateurs ont été mis à rude épreuve dans la présente affaire. Toutefois, en matière de droits fondamentaux, les Chartes accordent aux judiciables la protection des tribunaux », ajoute-t-il.


Un Dieu suprême

J'ai hâte de comprendre quel dieu est suprême, selon le juge. Sûrement celui des catholiques. Krishna, Vishnu et Toutatis peuvent aller se rhabiller. Quand on sait que certains contestent la théorie de l'évolution et ne veulent pas la voir enseignée à l'école, on peut rigoler du passage suivant de ce jugement

«[L]'obligation imposée à Loyola d'enseigner la matière obligatoire ÉCR de façon laïque revêt un caractère totalitaire qui équivaut, essentiellement, à l'ordre donné à Galilée par l'Inquisition de renier la cosmologie de Copernic.»

La porte est grande ouverte maintenant. On portera l'affaire en Cour suprême. Mais désolé, je ne crois pas que n'importe quel dieu ait sa place dans la constitution d'un pays. Ça risque de lui donner les allures du théocratie.

À lire également, le tas de commentaires à la suite de l'article de Radio-Canada. On n'est pas sortis de l'auberge.

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Juste comme ça: vous en avez vu souvent des conférences de presse qui s'ouvrent avec une prière?

17 juin 2010

Entente approuvée à la soviétique

Avez-vous vu le résultat des votes sur l'entente de principe conclue entre le gouvernement et la FSE? On croirait ceux d'élections tenues dans la défunte URSS, soit 95%. Ce qui revient à dire que ceux qui ne l'approuvent pas sont peu nombreux ou ne vont plus voter.

Une écrasante majorité de 95% d'enseignants? Quand je pense qu'on a de la difficulté à s'entendre à mon école sur des choses comme le port de la casquette en classe.

À l'heure où l'on questionne la démocratie au Canada en s'attardant au taux d'absention lors des élections, je crois qu'il conviendrait de faire de même avec nos syndicats. Je suis désolé de l'écrire, mais il n'existe rien de plus manipulateur qu'une bonne assemblée syndicale.

Jusqu'à présent, seul le syndicat de l'enseignement de la région de Québec (SERQ) a rejeté l'entente. Celui-ci songe d'ailleurs à s'affilier avec la FAE. Coïncidence, mais quand on regarde le tableau, on s'aperçoit qu'il s'agit généralement d'enseignants oeuvrant dans des grands milieux urbains.

Une déclaration m'a bien fait rigoler sur la manière de négocier de nos syndicats. Il s'agit de celle de la présidente du Syndicat de l’enseignement des deux rives à l'effet qu'il fallait faire des compromis étant donné que la partie patronale a laissé tomber 50 de ses 52 demandes de récupération: «Si on attend d’avoir tout ce qu’on veut sans rien donner, on s’en va dans un cul-de-sac», explique Mme Turbide.

A-t-elle déjà compris ce vieux truc de négociation: demander plus pour négocier plus et obtenir plus?

Lors de la négociation de la précédente entente, nos syndicats ont dénoncé avec véhémence les conditions de travail qui nous seraient imposées. C'est bizarre, mais qu'a-t-on vraiment gagné de plus cette fois-ci? Pourquoi ai-je cette impression enduite de vaseline de me faire ... par mon propre syndicat?

16 juin 2010

Bulletin unique: y a-t-il de la vie intelligente au MELS?

Le 13 juin dernier, je commentais le projet de bulletin du MELS. Je signalais entre autres:
- le peu de temps pour procéder à ce changement;
- l'imposition de quatre étapes alors que le calendrier scolaire est déjà adopté dans certaines écoles.

Ce matin, un texte du Soleil nous rapporte les réactions de quelques acteurs du milieu de l'éducation.

«Ça m'apparaît peu réaliste. Avec les vacances d'été, ça laisse très peu de temps», affirme Josée Bouchard, présidente de la Fédération des commissions scolaires.

Les quatre étapes obligatoires causent des maux de tête aux écoles qui fonctionnent avec trois cycles, explique-t-il. «Un directeur d'école m'a appelé pour me dire que ses agendas pour l'an prochain sont déjà en impression. Qu'est-ce qu'on fait avec ça?»

À la Fédération des établissements d'enseignement privés, la majorité des écoles fonctionnent avec trois cycles, indique son porte-parole, Auguste Servant. Mais la Fédération veut d'abord consulter ses membres avant de prendre officiellement position.


Le but de ce billet n'est pas de me lancer des fleurs (du genre «Je vous l'avais dit!»), mais de chercher à comprendre comment on fonctionne au MELS. Si moi, petit prof de secondaire, j'arrive tout seul à énoncer les problèmes soulevés par ce nouveau bulletin, pourquoi un ministère arrive-t-il si tard avec un nouveau bulletin, ce qui entrainera des problèmes de logistique pour de nombreuses écoles?

Je reviens également avec une autre interrogation qui me semble majeure: ce bulletin est-il conforme avec le programme d'enseignement et les diverses politiques d'évaluation des apprentissages? Manifestement, on nage en pleine schizophrénie.

Également, je souligne un petit quelque chose: les profs de français devront se taper plus de notes qu'ils en ont actuellement. Merci de nous en rajouter!

13 juin 2010

Un bulletin unique

Bon, vous le savez, la ministre Courchesne a déposé vendredi dernier, en pleine fin de session tumultueuse, son projet de bulletin unique pour la prochaine année scolaire. Vouloir être plus discret que cela, tu te déguises en Stéphane Dion...

Le tout sera suivi d'une période de consultation de 45 jours. Pas grand temps pour faire des changements, vous l'avouerez...

On pourrait parler du retrait des compétences, de son caractère uniforme tant pour le public que pour le privé, du cumul des résultats des étapes. etc., etc., etc. Mais vous connaissez tout cela, j'en suis sûr.

Un petit détail a attiré mon attention: «Le bulletin serait produit quatre fois par an, à l'intérieur de périodes prédéterminées.» Ah bon! J'espère que cela fonctionnera avec le calendrier scolaire de certaines écoles qui fonctionnent autrement qu'avec quatre étapes et les rencontres de parents qui sont déjà indiquées dans celui-ci.

Un dernier détail: ce bulletin est-il conforme avec le programme d'enseignement et les diverses politiques d'évaluation des apprentissages?

10 juin 2010

Admissions au cégep: problème révélateur? (final)

Voix d'accès en parle dans son dernier billet. Certaines impressions de collègues de cinquième secondaire semblent le confirmer également. Reste à une bonne journaliste à se lancer sur le sujet sur lequel je me dis que je devrais écrire depuis un bout: c'est le ... quant aux admissions des finissants du secondaire de cette année au cégep.

Tout d'abord, bien des élèves ont vu leur demande refusée parce qu'incomplète ou acheminée en retard. Selon mes sources limitées, le phénomène serait à la hausse, du moins à mon école.

Ensuite, plusieurs élèves ont vu leur demande refusée parce qu'ils ont opté pour un programme pour lequel ils n'avaient tout simplement aucune chance d'acceptation. Ce qu'on me dit, c'est qu'ils ont carrément manqué de sens stratégique ou de supervision.

Enfin, on assiterait à un plus grand nombre de refus parce que les résultats des élèves sont tout bonnement insuffisants. Il leur manquerait de nombreux cours préalables et les admissions conditionnelles à la réussite de certaines matières seraient importantes.

Déjà, on sait que les cégeps sont de plus en plus accommodants pour accueillir les élèves du secondaire. Diverses mesures permettent à un jeune ne détenant pas un DES ou tous les préalables requis de commencer ces études collégiales.

Mais ne voilà-t-il pas qu'on songerait, d'après Voix d'accès, à un quatrième tour de sélection. Des admissions en moins dans un cégep, c'est moins de budget et moins d'emplois. Alors, il ne faut pas être surpris qu'on tente par tous les moyens de ne pas assister à une baisse de clientèle.

Je vais tenter de vérifier l'information de mon côté. Si vous avez des infos du vôtre...

Si ces tendances sont avérées, deux facteurs peuvent les expliquer. Le premier serait l'abolition du cours de ECC (choix de carrière) et son remplacement par le fumeux concept d'école orientante qui est, quant à moi, implanté de façon très variable selon les écoles.

Ensuite, il y aurait la fameuse réforme. Mais on va attendre de confirmer les choses avant d'aller plus loin.

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Les choses semblent se confirmer.

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Les choses semblent ne plus se confirmer.

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Finalement, on ne parle pas de quatrième tour, mais bien d'admissions tardives propres à chaque cégep s'il a envie d'en faire et s'il a la capacité d'accueil, bien sûr. Ce genre de mesure existe depuis un bout.

08 juin 2010

Pourquoi je n'appuie pas cette entente

Peut-on être un enseignant lucide et appuyer l'entente survenue entre la FSE et le gouvernement? La réponse est non.

Quand le gouvernement a menacé les enseignants d'un décret il y a quelques années, nos officiers syndicaux nous avaient indiqué que c'est sous le couteau sur la gorge qu'on nous imposait des conditions de travail inacceptables. «On va se reprendre», pestaient-ils.

Or, qu'est-ce que cette entente donne de plus que ce qui était inacceptable? Une diminution du nombre d'élèves par classe? Celle-ci ne vise que le primaire ainsi que la première et deuxième secondaire. Elle sera étalée sur quelques années. Rien pour la troisième, quatrième et cinquième secondaire. Rien pour la formation professionnelle. Rien pour l'éducation aux adultes. Rien pour les programmes particuliers. Bel exemple d'équité... et surtout, c'est comme s'il n'y avait pas de problème ailleurs.

Dans les faits, la stratégie de la FSE est simple: on obtient des avantages pour une majorité des syndiqués et f... le reste. Comme la majorité des enseignants oeuvrent au primaire, on comprend vite qui notre syndicat tente de satisfaire.

Ah oui! il y a aussi ce vingt millions de plus pour les élèves en difficulté, le temps qu'on atteigne le ratio prévu par la diminution d'élèves par classe. 0,14% du budget du MELS. Un pet dans l'univers.

Désolé, mais cette nouvelle entente ne répare en rien les conditions imposées il y a quelques années et les reconduit même pour cinq autres années.

Pis encore, en s'entendant sur les clauses normatives de la sorte, quelle marge de manoeuvre nous reste-t-il quand à ce qui a trait au salaire et aux avantages financiers? Rien.

Et il fallait voir cette semaine comment nos sympathiques officiers syndicaux s'y sont pris pour nous faire avaler cette couleuvre en assemblée générale.

Premièrement, on a pris grand soin de ne distribuer aucun document avant l'assemblée. Impossible donc de savoir en quoi consistait concrètement cette entente, impossible de l'analyser à froid. Il aurait pourtant été facile de la distribuer par courriel ou de la déposer sur un site internet. Bel exemple de démocratie! Dire que c'est le même syndicat qui exige de la direction que tous les documents déposés en conseil d'établissement soient distribués à l'avance.

Deuxièmement, on remet aux particpants des documents soigneusement préparés pour «vendre» l'entente. Pas de texte original. Des textes annotés pour indiquer les avancées et les gains.

Troisièmement, on effectue un «pitch» de vente digne d'un représentant Tupperware. Poser des questions revient à être un mécréant, un renégat.

Avec certains collègues, je me suis déjà renseigné pour me désaffilier de la FSE. je me suis également renseigné pour créer un syndicat regroupant uniquement les profs du secondaire, sous l'égide de la FSE ou pas. Et le constat fut assez simple: plus difficile encore que de sortir de la mafia ou des Jéhovas.

Et dire que je paierai près de 27 000$ durant toute ma carrière pour faire partie d'un syndicat qui n'est même pas foutu de négocier des assurances collectives qui ont de l'allure et de créer, avec ces cotisations, un fonds de grève.

07 juin 2010

Ne tirez pas sur le pianiste!

Est-ce le titre de l'article qui m'a blessé? Ou le fait de se faire traiter implicitement d'incompétents par un regroupement de directions d'école? Il semblerait que la formation actuelle des enseignants est «déficiente» et que «le curriculum universitaire des enseignants n'est pas adapté aux clientèles réelles des classes.»

«Ils ont reçu quelques cours, mais ce n'est pas suffisant pour être à l'aise avec cette réalité. (...) Il faut que les universités se penchent là-dessus pour ajuster la formation des enseignants», explique la présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement, Chantal Longpré.

Désolé, mais il y a des choses que je n'accepte pas venant de la part de ces décideurs.

Premièrement, ce sont souvent les directions d'école qui déterminent certaines des formations que reçoivent les enseignants. Alors, au lieu de nous obliger à subir un atelier sur l'importance du rire au travail (oui, oui: on m'a déjà infligé une telle bêtise), pourquoi ne pas nous offrir des formations UTILES?

Deuxièmement, au lieu de regarder la paille dans l'oeil des enseignants, les directions d'école pourraient peut-être regarder la poutre dans le leur? Combien d'entre elles sont formées pour oeuvrer avec des élèves «intégrés»? Oups.

Troisièmement, et là je suis désolé, mais un enseignant qui a choisi de travailler auprès d'une clientèle régulière ne s'attend pas à oeuvrer auprès de tant d'élèves en difficulté et présentant des problématiques aussi lourdes. Sinon, il aurait choisi d'étudier en éducation spécialisée ou en adaptation scolaire!

On demande à des enseignants de s'adapter à des clientèles pour lesquelles ils n'ont pas été formés mais aussi auxquelles ils ne voulaient peut-être pas enseigner. C'est la situation actuelle qui est problématique, pas les profs.

À cet égard, les commentaires de Gérard Boutin, professeur à l'UQAM, sont plus justes que ceux d'Égide Royer de l'université Laval. Pour M. Boutin, «Il n'est pas normal que les enseignants se retrouvent avec cinq ou six élèves en difficulté dans une classe. C'est un problème réel.» Selon lui, les enseignants «ne pourront jamais remplacer un orthopédagogue.»

06 juin 2010

Remaniement ministériel en vue

Bon, on l'annonce: il y a du changement dans l'air. Même que la ministre actuelle sera mutée ailleurs. Je ne crois pas qu'elle va s'en plaindre. Gérer le MELS, c'est gérer un panier de crabes!

Alors, des suggestions de candidat en vue? Par exemple, Line Beauchamp?

04 juin 2010

Corriger la perception d'une certaine réalité

Benoit Dutrizac expliquait à Pierre Saint-Germain de la FAE, qui lui parlait de la détresse psychologique des enseignants et de la violence à laquelle ils étaient parfois confrontés, que lui ne serait pas intimidé par des jeunes dans une classe ou dans une maternelle.

J'ai bien envie de lui répondre, de lui envoyer un courriel lui montrant que la vision qu'il a de la réalité est bien caricaturale. Vous avez des expériences ou connaissance d'événements survenus à des collègues dont je pourrais lui faire part?

03 juin 2010

Écoles «passerelle»: un débat hypocrite

Hier, le gouvernement Charest a dévoilé sa solution quant à la problématique des écoles «passerelle»: un parcours authentique de trois ans dans une école anglophone non subventionnée. Pardonnez ma franchise: tout le débat entourant cette mesure relève de la plus haute hypocrisie.

Tout d'abord, le gouvernement libéral refuse d'invoquer la clause «nonobstant» de risque de passer pour des extrémistes et de soulever l'ire des communautés anglo-québécoise et canadienne. Il y va plutôt en compliquant l'accès à l'école anglaise. Bref, il tente de faire indirectement ce qu'il ne veut pas faire directement. De plus, Jean Charest affirme refuser brimer les droits de certains pour affirmer les droits des autres avec la clause «nonobstant». Sauf que son gouvernement l'a déjà utilisée dans d'autres cas.

Ensuite, il y a le Parti québécois qui reproche au Parti libéral de ne pas avoir le courage d'invoquer la clause «nonobstant» et de permettre aux «immigrants» (dixit Mme Marois, quel beau lapsus!) d'acheter une place à l'école anglaise. Or, de mémoire, ce même parti aurait eu l'occasion d'invoquer cette clause alors qu'il était au pouvoir, mais ne l'a pas fait.

Enfin, il y a ces Québécois de langue française qui sont contre le fait qu'ils doivent payer pour envoyer leur enfant à l'école anglaise mais qui dénoncent, dès qu'ils le peuvent, les «maudits immigrants» qui ne parlent que l'anglais.

Un jour, il faudrait peut-être se brancher clairement. Aura-t-on, un jour, d'accoler l"adjectif «français» peut être au nom propre «Québec»?

La queue du chat commence à sortir du sac..

Entente de principe en éducation dimanche.

Mais voilà qu'hier, la présidente du Conseil du trésor, Monique Gagnon-Tremblay, indique subtilement que, si les enseignants veulent bénéficier des avantages accordés dans la négociation actuelle dès la rentrée scolaire, il faudra vite régler l'entente au plus vite pour l'ensemble du front commun. Diviser pour mieux régner?

Alors, tiens, feriez-vous la grève pour appuyer le reste du front commun?

01 juin 2010

Une entente de principe: bof!

Le comité patronal et la FSE ont conclu une entente de principe dimanche quant aux clauses normatives de ce qui pourrait être une prochaine convention collective. Les médias ont rapporté la nouvelle, mais il est difficile de commenter celle-ci puisque je n'ai pu mettre la main sur la version originale de celle-ci. Cependant, comme certains éléments ont été divulgués, pourquoi se gêner...

Une réduction du nombre d'élèves par classe

Cette baisse de ratio touchera les classes du primaire en milieu défavorisé et les groupes de 1e et 2e secondaire.

Quelques bémols.

Au secondaire, celle-ci sera complétée seulement en 2013-2014(ici). On passera de 32 élèves actuellement à 28 en première secondaire et 29 en deuxième (ici).

L'entente conclue dimanche officialise une promesse déjà effectuée par la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne. Rien de neuf, pourrait-on dire. Mais cela indique bien ce que vaut une promesse faite en politique.

Ensuite, on semble constamment oublier que les élèves de troisiéme, quatrième et cinquième secondaire présentent, eux aussi, des difficultés. Mes collègues de ces niveaux sont irrités de constater qu'on ne semble pas sensible à leur réalité. Il en est de même pour les groupes appartenant à un programme particulier.

Également, alors qu'on est en pénurie d'enseignants depuis 1995, où trouvera-t-on les 2947 nouveaux enseignants que nécessitera cette entente (ici)? Actuellement, plus de 2000 individus enseignent dans nos écoles sans détenir les qualifications officiellement requises. On vit encore une fois dans la pensée magique.

Enfin, où logera-t-on les nouveaux groupes créés à cause de la réduction du nombre d'élèves par classe? Sur la Rive-Nord de Montréal et dans l'ouest de l'ile, la situation est déjà problématique (ici).

Une pondération des élèves en difficulté

L'entente prévoit une pondération a priori des élèves en difficulté. Par exemple, un élève de première secondaire avec un trouble envahissant du développement (TED) aura un facteur de pondération de 2,86. Donc, sa classe comptera 30 enfants au lieu de 32 (ici).

En théorie, cette idée est une bonne nouvelle. Il reste à savoir avec quelle souplesse on officialisera le statut des élèves en difficulté.

Vingt millions pour l'aide aux élèves en difficulté

L'entente entre le gouvernement et la FSE prévoit l'ajout de 20 millions de dollars annuellement pour soutenir l'intégration des élèves en difficulté dans les classes. Cependant, il faut savoir que cette somme ne sera pas renouvelée quand la réduction de la taille des groupes de 1e et 2e secondaire sera atteinte en 2013-2014 (ici).

Bien qu'on ne peut pas être contre la vertu, 20 millions, c'est une goutte d'eau dans un océan de détresse scolaire. Pour vous donner une idée de l'importance de cette somme, on parle d'un ajout qui représente 0,14% du budget du MELS qui se monte à 14 milliards (ici). Ou encore

Comme le soulignait un représentant de la Fédération autonome des enseignants (FAE), «ça représente 10 000$ par école. C’est à peine suffisant pour embaucher un orthopédagogue une journée par semaine.» (ici)

Les inconnues

Toute entente présuppose une négociation et un échange. Or, pour l'instant, on en sait peu sur ce que les enseignants ont cédé dans ces négociations. Politiquement, tant les parties patronale que syndicale n'ont pas intérêt à faire savoir ce que les enseignants perdront. Je suis désolé de l'écrire, mais j'ai déjà vu à quel point certains dirigeants syndicaux dorent la pilule pour faire passer une entente.

On sait déjà que les enseignants devront faire preuve de souplesse quant à l'affectation des tâches afin d'éviter une série de remplaçants pour un même groupe. Par ailleurs, on assisterait à une anualisation de certaines tâches. Pour la connaitre, cette façon de prodéder constitue généralement dans les faits un alourdissement de la tâche (ici).

Une autre inconnue est reliée au fait que, selon la ministre Courchesne, cet «accord permet d'introduire la notion qu'il est du devoir de l'enseignant de prendre les mesures appropriées pour lui permettre d'atteindre et de conserver un haut degré de compétence professionnelle.» (ici) De quoi parle-t-on ici concrètement?

Une évaluation personnelle

Bof.

Et il ne faut pas croire que tout est réglé. Il reste encore la question des salaires et de la retraite. Mais quel pouvoir de négociation aura-t-on maintenant ques les clauses normatives sont réglées?