Est-ce le titre de l'article qui m'a blessé? Ou le fait de se faire traiter implicitement d'incompétents par un regroupement de directions d'école? Il semblerait que la formation actuelle des enseignants est «déficiente» et que «le curriculum universitaire des enseignants n'est pas adapté aux clientèles réelles des classes.»
«Ils ont reçu quelques cours, mais ce n'est pas suffisant pour être à l'aise avec cette réalité. (...) Il faut que les universités se penchent là-dessus pour ajuster la formation des enseignants», explique la présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement, Chantal Longpré.
Désolé, mais il y a des choses que je n'accepte pas venant de la part de ces décideurs.
Premièrement, ce sont souvent les directions d'école qui déterminent certaines des formations que reçoivent les enseignants. Alors, au lieu de nous obliger à subir un atelier sur l'importance du rire au travail (oui, oui: on m'a déjà infligé une telle bêtise), pourquoi ne pas nous offrir des formations UTILES?
Deuxièmement, au lieu de regarder la paille dans l'oeil des enseignants, les directions d'école pourraient peut-être regarder la poutre dans le leur? Combien d'entre elles sont formées pour oeuvrer avec des élèves «intégrés»? Oups.
Troisièmement, et là je suis désolé, mais un enseignant qui a choisi de travailler auprès d'une clientèle régulière ne s'attend pas à oeuvrer auprès de tant d'élèves en difficulté et présentant des problématiques aussi lourdes. Sinon, il aurait choisi d'étudier en éducation spécialisée ou en adaptation scolaire!
On demande à des enseignants de s'adapter à des clientèles pour lesquelles ils n'ont pas été formés mais aussi auxquelles ils ne voulaient peut-être pas enseigner. C'est la situation actuelle qui est problématique, pas les profs.
À cet égard, les commentaires de Gérard Boutin, professeur à l'UQAM, sont plus justes que ceux d'Égide Royer de l'université Laval. Pour M. Boutin, «Il n'est pas normal que les enseignants se retrouvent avec cinq ou six élèves en difficulté dans une classe. C'est un problème réel.» Selon lui, les enseignants «ne pourront jamais remplacer un orthopédagogue.»
8 commentaires:
Merci d'avoir résumé ici le fond de ma pensée.
Et encore une fois, le JdM s'arrange pour que les profs aient l'air d'une gang de cons aux yeux de son lectorat...
J'ai pris la peine d'aller lire l'article et les commentaires. J'aime bien quand il est question des directions d'école qui ne sont jamais dans leurs écoles, des parents qui n'éduquent pas aussi. Je pense que les profs d'adaptation scolaire ont une longueur d'avance sur les profs spécialistes qui ne sont pas formés, il est vrai, pour enseigner aux enfants présentant un handicap quelconque qu'on a intégré dans nos classes.À quoi doit-on s'attendre d'un prof de français pour dire que sa formation est adéquate? Qu'il maîtrise la langue, qu'il s'y connaisse en syntaxe, en grammaire, qu'il s'exprime bien, qu'il valorise la langue, qu'il puisse parler littérature serait déjà pas mal. Maintenant il faudrait aussi qu'il puisse poser un diagnostique de dyslexie, qu'il puisse reconnaître les troubles de langage, maîtrise la lsq et j'en oublie!! Bien d'accord avec vous PM, c'est la situation actuelle qui est problématique et je pense qu'elle n'a pas fini de l'être hélas.
Le Prof: notez que les commentaires de Messieurs Boutin et Royer, ceux qui sauvent la face des profs, se retrouvent dans le JdM.
Amen ! Que rajouter de plus !
Ailleurs, mais sur le même sujet: http://mariellepotvin.wordpress.com/2010/06/07/cest-pas-moi-qui-le-dit/
(Deuxième essai... le premier ne semble jamais avoir fonctionné. N'hésitez pas à corriger la situation si les deux commentaires ont été acceptés par le serveur!)
Pas grand chose à ajouter, sauf peut-être l'élément suivant: il est aussi important de distinguer la formation initiale (à l'université, le bacc.) et la formation dite continue, où trop souvent, on nous propose (ou impose, selon les Commissions scolaires) des formations plus souvent moins pertinentes...
Comme chez nous c'était proposé, je n'y allais jamais. Un directeur adjoint m'a déjà dit que je n'avais pas la volonté de me perfectionner: PARDON ?!?!!!! (Suivi, intérieurement d'une liste de vases sacrés…) Inutile de vous mentionner que j'Avais répondu à cette personne que son jugement était basé sur une fausse perception et qu'il avait intérêt à ... prendre de l'expérience dans son rôle d'adjoint qu'il n'avait que depuis 2 ou 3 ans à l'époque.
Cette année, je me suis déniché moi-même mes formations, mes participations à des colloques, etc. J'ai réussi à faire accepter ces dépenses dans le budget perfectionnement, même si ce n'était pas dans la liste officielle de la sacro-sainte Commission scolaire. Évidemment, on ne parle pas de la même personne sur le fauteuil de l'adjoint responsable dans mon école, mais bon… Je me suis fait la preuve que des formations pertinentes, c'était possible, mais il nous faut nous les trouver nous-mêmes et ne pas attendre des miracles du côté de la Commission scolaire, même si l'argent est pourtant là, au départ !
Voilà pour ma petite expérience, si jamais ça peut servir à quelqu'un ;-)
Que je suis d'accord avec vous, et particulièrement sur le point trois... Dans mes cours à l'université, je trouvais presque absurde de devoir souvent penser en termes d'adaptation scolaire ou d'éducation spécialisée, alors que c'est le français que je désirais enseigner. On ne peut pas tout demander aux enseignants. C'est les faire courir à leur perte.
Je suis d'avis que la société (lire: le gouvernement) mélange toutes les cartes pour de simples raisons pratiques ou économiques, à moins que ce ne soit par une sorte d'aveuglement ou d'ignorance. Les décideurs de l'école prennent leurs décisions si loin des intérêts des profs et des étudiants, parce qu'ils les prennent aussi de si loin, sans souvent avoir la moindre idée de la réalité. Ces décideurs ne sont souvent guère plus que de simples gestionnaires.
Depuis quand une université donne une formation pertinente...
Interrogez des milliers d'étudiants gradués et 99% vous diront que leurs cours sont du "pelletage de nuages".
Sauf en médecine, où on forme des foutus bons professionnels (transformer un cégepien en chirurguen cardiaque, ça c'est de la formation!)
Faudrait peut-être s'inspirer de la formation médicale pour former nos profs...
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