15 octobre 2015

Les Blaiseries II

Cette semaine, le ministre de l'Éducation, François Blais, a eu un éclair de lucidité sur lequel je reviendrai. Mais il a été impossible pour ce grand penseur de l'éducation de ne pas se mettre à nouveau le pied dans la bouche. Explications.

On a appris ce matin qu'une école primaire de Val-Bélair annulait la fête de l'Halloween et que les élèves ne pourraient pas venir costumés en classe. Le Journal de Montréal, dans sa compétence habituelle indiquait que c'était à cause des enseignants. Or, rien n'est plus faux.

Dans un premier temps, c'est la direction d'une école qui autorise ou refuse la tenue d'une activité, tout comme c'est elle qui décide si les élèves peuvent venir costumés en classe ou non. De plus, la direction d'une école a le pouvoir d'assigner des enseignants à des tâches spécifiques durant leur présence à l'école. Les profs ne peuvent annuler ou interdire quoi que ce soit. Ils sont obligés de participer aux activités organisées par l'école.

Dans un second temps, des écoles que je connais mettent sur pied actuellement des activités reliées à l'Halloween en collaboration avec des parents bénévoles. Ça demande évidemment plus de temps et d'organisation. De là à penser qu'il est plus facile pour une direction de blâmer les moyens de pression des enseignants...

Il est remarquable de constater - en passant - qu'on fait plus d'esclandres avec le fait que des élèves soient privés d'une activité qui consiste à se bourrer de bonbons que du fait qu'ils soient privés de services ou encore qu'ils ne mangent pas à leur faim.

Si on revient maintenant à notre bon ministre, voici ce qu'il a déclaré en lien avec cet événement: «C'est dommage pour les enfants. (...) Lorsque les enseignantes et enseignants ou les directions d'établissement agissent ainsi, ce sont sur les enfants qu'ils font pression. Mais nous rappelons que les intérêts des enfants et les lois doivent être respectés.» On a évidemment compris que le ministre a été, encore une fois, mal informé.

Quant au député caquiste Éric Caire, j'espère que son collègue Jean-François Roberge saura l'informer de la réalité des écoles. Quand il déclare que, «Stratégiquement, c’est une très, très, très mauvaise décision des professeurs qui a pour effet, ultimement, de prendre en otage les enfants», il montre l'étendue de son manque de connaissances de l'éducation et de son sens de la démagogie.

08 octobre 2015

Les Blaiseries

Trop tentant. François Blais, ce ministre de la Misère, cultive les gaffes.

Il y a d'abord eu le mercredi 7 octobre dernier avec ce 400 millions $ qui sert à la construction ou l'agrandissement d'école et à l'achat de mobilier neuf qui est devenu soudainement un fonds pour remplacer du mobilier existant ou usagé. 


Puis, aujourd'hui, le jeudi 8 octobre, ce même 400 millions $ sert aussi à rénover le plafond des gymnases de l'école secondaire Louis-Joseph-Papineau à Montréal: «Abordant la question du financement des commissions scolaires dans un contexte de coupes budgétaires, le ministre Blais a rappelé que Québec avait réservé 400 millions de dollars pour réparer les infrastructures tout en réitérant que ces commissions « sont capables de faire les bons choix». 


Mais pourquoi arrêter de gaffer en si bon chemin? Alors qu'il explique pourquoi une partie de la conception des examens ministériels est sous-traitée au privé (à quoi servent finalement tous ces fonctionnaires au MEESR?), le ministre aurait indiqué que «les examens du ministère permettent non seulement de valider la connaissance et la performance des élèves, mais également des enseignants.» Ah bon... On évalue maintenant la performance des enseignants en fonction de la réussite de leurs élèves? Pas surprenant que le PLQ fasse sienne cette idée: elle vient de la CAQ.


Mais comme il ne veut pas en rater une, notre pape de la gaffe, François IV*, en remet une couche:  «Vous savez que nos élèves au Québec sont parmi les meilleurs du monde occidental en mathématique, c'est parce qu'on prend les meilleures ressources pour préparer ces examens.» Là, vive la confusion! À quoi servent les enseignants si la raison pour laquelle nos élèves sont parmi les meilleurs au monde est parce que les examens qu'ils complètent sont si bien préparés? À quoi sert-il d'enseigner finalement si les examens font tout le travail? Et surtout à quoi sert-il d'évaluer les enseignants avec des examens si bien préparés qu'ils placent d'eux-mêmes nos élèves parmi l'élite mondiale? Ne leur faisons que passer des examens...


On pensait qu'avec le départ d'Yves Bolduc, on cesserait de s'amuser. Il faut croire que M. Blais saura relever prendre la relève avec panache.


* Quatre François à l'Éducation:  Cloutier (1972-1975), Gendron (1984-1985), Legault (1998-2002) et Blais (2015-...)

07 octobre 2015

Les pupitres du ministre

Grosse nouvelle ce matin: une école publique récupère des pupitres dans les poubelles d'un collège privé. Réaction du ministre de l'Éducation, François Blais: «Je ne pense pas que les écoles publiques en soient réduites à ça. Les budgets pour le mobilier scolaire sont restés les mêmes.»

Or, selon mes petites recherches peut-être inexactes, il n'y a pas d'enveloppe fermée pour l'achat de mobilier en éducation, exception faite de celle pour l'achat de mobilier neuf destiné à de nouvelles classes ou de nouvelles écoles. Ainsi, dans certaines CS, le mobilier déjà présent dans les écoles serait remplacé à même le budget de fonctionnement de chaque établissement scolaire, selon ce que décide la direction en poste. Et quand on balaie dans les écoles coupure après coupure, il ne faut pas s'étonner parfois qu'on ne renouvelle pas le mobilier ou qu'on découvre les vertus du recyclage.

Ainsi, à mon école, certains bureaux des enseignants peuvent avoir 50 ans d'âge. Y'a pas un ministre qui accepterait cela, hein? Surtout quand on sait à quel point ils aiment dépenser pour leurs nouveaux bureaux. Il en va de même pour certaines autres pièces du mobilier qu'on y retrouve. J'ai déjà vu des meubles dans un magasin d'antiquités tout à fait identiques à ceux qu'on retrouve dans certaines écoles!

«Cette année, dans les écoles publiques, c'est plus de 400 millions de dollars qui sont investis pour la construction de nouvelles écoles, dans l'agrandissement, en incluant le mobilier. Donc on n'est pas dans une année particulière. Je ne peux pas commenter l'exemple précis qu'on a vu ce matin. Mais les écoles publiques ne sont pas du tout réduites à cette situation-là», affirme le ministre. Ce qu'il oublie cependant de mentionner ou ne semble pas savoir que ces 400 millions n'ont rien à voir avec le renouvellement du mobilier actuel et très usagé.