31 décembre 2011

Infoman

M. Dufort en a manqué une bonne avec cette citation de François Legault: «Oui, on recycle les vieilles affaires.»

Que nous réserve 2012 en éducation?

En éducation, l'année 2012 sera déterminée par un homme, peut-être deux.

Le premier est Jean Charest. Si le premier ministre du Québec annonce des élections au printemps, comme plusieurs analystes semblent le croire, on assistera assurément à bien des mouvements en éducation. Actuellement, ce n'est pas sous la gouverne ronflante de la ministre Beauchamp qu'on assiste à de grands changements dans le domaine scolaire. On vit au mode «petite gestion», pas au mode «innovation» ou «solution». Si, d'un côté, je préfère un MELS endormi et tranquille qui ne vient pas saccager le travail des enseignants, d'un autre, on s'ennuie d'un leadership clair et affirmé. Parfois, j'ai même l'impression que Jasmin Roy et Pierre Lavoie en font plus pour les élèves québécois que nos élus.

Il est déjà clair que le Parti libéral ne pourra présenter un programme électoral proposant le statut quo, notamment en ce qui a trait aux commissions scolaires, à cause de la grande popularité de la Coalition Avenir Québec (CAQ). Le PLQ aura cependant l'avantage de bénéficier de l'appareil gouvernemental (bref de l'expertise des fonctionnaires) pour présenter des idées plus étoffées que celles de la CAQ et pour critiquer celles de la formation de François Legault.

Le deuxième homme qui pourrait changer le monde scolaire québécois est évidemment François Legault. Déjà, son influence s'est fait sentir en 2011. Si sa formation politique prend le pouvoir, il comptera mettre rapidement de l'avant les idées qu'il a déjà annoncées.

C'est là qu'il risque de rencontrer des difficultés. Certaines viendront des acteurs de l'éducation (syndicats, enseignants, employés de soutien, commissions scolaires) mais aussi de la communauté anglophone qui refusera de perdre une institution régionale ou locale. Il faudra alors s'attendre à des contestations légales (constitution, conventions collectives, etc.). On verra alors comment se traduira sa promesse de mettre de l'avant les mesures qu'il défend dans les 100 premiers jours de son gouvernement. Déjà, la fusion de l'ADQ avec la CAQ pourrait être contestée devant les tribunaux. Imaginez le reste...

Personnellement, je ne serais pas surpris de voir un gouvernement minoritaire porter au pouvoir au Québec. Libéral? Coalisé? Difficile de le savoir.

28 décembre 2011

Donner la parole à un imbécile

Parfois, il y a des médias qui me désespèrent. Le Journal de Montréal atteint les limites de ma patience en reprenant les inepties d'un lecteur de l'hebdo Le Soleil de Châteauguay.

Sa solution à l'intimidation? Inscrire des enfants à des cours d'arts martiaux. Pas pour lui apprendre la confiance en soi ou la maitrise de ses émotions. Non. C'est trop zen, j'imagine. «Dites à vos enfants de régler la violence par la non-violence et ils resteront peureux toute leur vie. Apprenez-leur à se défendre et ils vous en seront éternellement reconnaissants. [...] Si ma mère m'avait inscrit à des cours de karaté au lieu de me dire de me défendre avec des mots, je ne serais pas devenu un grand peureux de 6 pieds 2 à l'âge de 35 ans.»

En préconisant la violence comme réplique à la violence, on engendre généralement une escalade de comportements dangereux tant pour l'intimidateur que l'intimidé. J'ai en tête, entre autres, le cas de ce jeune intimidé qui a tué d'un coup de poing son agresseur.

Platement, je pense qu'il y a des grands peureux de 35 ans qui mettent tout sur le dos de leur «môman» et qui sont aussi des imbéciles.

22 décembre 2011

Mon conte de Noël

Noël ne sera pas blanc pour la famille Charles. Pourtant, contrairement à celui de certains autres Québécois, il sera joyeux. En effet, pour la première fois depuis des années, il y aura un véritable réveillon le soir du 24 décembre et les enfants auront des jouets. Dans cette banlieue qu'est Longueil, ce cas n'est pas unique. Mais ce qui est unique cette année, c'est que cette famille avait été désignée par le hasard. Enfin. Pour une fois. Chanceuse.

Quand l'adjoint de l'école primaire de son fils l'avait appelé pour lui dire que sa famille faisait partie des douze à avoir gagné un panier de Noël, le père n'en avait pas cru ses oreilles. Il s'était senti le besoin de s'assurer qu'on ne lui jouait pas un vilain tour. Puis, doutant à nouveau de la bonne fortune des choses, il s'était mis à réfléchir. Comme il avait trop peur de la réponse, il n'osait pas poser la question qui lui torturait l'esprit. Le silence, qui avait étouffé la conversation, devint très pesant et causa un malaise. L'adjoint savait quoi ne pas dire. Le père, lui, voulait oublier ce à quoi il pensait.

Henry, le fils le plus âgé de la famille Charles, inscrit en troisième année, va souvent le ventre vide à l'école. Il bénéficie du programme des petits déjeuners et des diners gratuits. La Saint-Vincent-de-Paul lui avait offert une partie de ses effets scolaires en début d'année et des vêtements. Le jeune garçon a également des frères et des soeurs qui ne vont pas encore à l'école mais dont les besoins sont tout aussi criants. Habituellement, les vacances scolaires de Noël signifient pour Henry qu'il ne mangera pas à l'école, donc qu'il mangera moins. Mais pas cette année.

La famille Charles est pauvre et on peut faire bien des reproches aux parents. Les coeurs les moins durs, les moins aigris par la vie comprendront qu'ils sont démunis, surtout démunis d'éducation, de ressources à consulter, de repères pour les guider et de chance pour leur permettre de croire en eux.

Pendant que le silence s'éternisait lentement au téléphone, l'adjoint pensait à comment il apporterait les boites d'épicerie à cette famille. Il frapperait à la porte d'un appartement miteux qui coute pourtant 700$ par mois et remettrait une première boite d'aliments au père en lui expliquant qu'il redescendait en chercher d'autres. Puis, il ferait autant d'aller-retour qu'il y aurait de boites, les donnant une à la fois, pour ne pas avoir à entrer dans le logement, à moins d'y être invité. Voilà ce qu'il ferait. Pour ne pas gêner. Pour éviter le malaise qui, déjà, avait tué leur conversation.

Finalement, le père de Henry, à la fois fier et honteux, posa LA question: «Vous ne nous avez pas choisis parce que mon fils a l'air pauvre?» C'est là que l'adjoint comprit qu'il avait bien fait de mentir, de ne pas avoir avoué que sa famille avait été retenue parce que les intervenants de l'école avaient remarqué les difficiles conditions dans lesquelles elle vivait.

Un pieux mensonge. Pour célébrer une fête encore quelque peu religieuse. Cela lui sembla tout à coup de circonstance.

20 décembre 2011

Cerveau et comportement: quand la réalité rejoint la fiction

Dans le roman Une enquête philosophique, Philip Kerr aborde la notion de criminels dont le comportement est «prédéterminé» par certaines caractéristiques physiques, notamment la morphologie de leur cerveau.

Or, voici qu'une étude de l'Université de Wisconsin-Madison révèle que «Le cerveau des psychopathes est différent des autres et possède moins de connexions entre le cortex préfrontal et l'amygdale.»

Ce qui est fou est de travailler en éducation et de constater qu'on en sait si peu sur le cerveau et les comportements humains.  Sciences de l'éducation... pfffff!

16 décembre 2011

Je n'aime pas Pauline Marois parce que...

Elle se lamente tout le temps que c'est parce qu'elle est une femme qu'elle n'est pas aimée par les Québécois.

Quand elle dit qu'on jalouse sa fortune et celle de son mari, elle oublie tout le temps de dire que celle-ci vient en partie des contribuables.

En radotant pourquoi les Québécois ne l'aiment pas, elle leur confirme qu'ils ne l'aiment pas et donc, qu'ils n'ont pas à l'aimer.

J'ai rarement vu une femme politique autant se tirer dans le pied en tenant ce discours misérabiliste.

Vite un attaché de presse compétent!

14 décembre 2011

Des efforts d'intégration

On critique parfois les arrivants au Québec. Pourtant, j'en connais qui font des efforts pour s'intégrer à la nouvelle réalité qui les entoure. Ainsi, une de mes amies a déjà connu une mère dont le fils s'appelait Wyane Gretzky Jean-Baptiste.

10 décembre 2011

Anglais intensif: des profs du primaire s'indignent

Cette lettre est tellement bonne que je la publie intégralement. Enfin des enseignants qui se tiennent debout et qui dénoncent cette mesure qui tient de l'imposture et de l'improvisation!

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À quand le français intensif?

À tous les décideurs en éducation, en particulier à Line Beauchamp, ministre de l'Éducation

Nous avons pris connaissance du procédurier d'implantation de l'anglais intensif en 6e année. À la Commission scolaire des Découvreurs, il a été prévu que cette implantation se réalise en trois ans.
Considérant que :
  • ce ne sont pas tous les élèves qui sont capables d'acquérir les compétences disciplinaires d'une 6e année amputée de la moitié du temps d'enseignement;
  • que les enseignants de 6e année ont déjà beaucoup à faire pour couvrir tout le programme en un an;
  • qu'on ne sait pas si véritablement une majorité de parents souhaite l'implantation unilatérale de l'anglais intensif en 6e année au primaire;
  • qu'il est déjà très difficile de recruter des enseignants de 6e année étant donné le programme surchargé, les examens du Ministère, les rencontres pour le passage primaire secondaire, etc;
  • que cette décision d'aller de l'avant avec ce projet, sans consulter ni écouter les principaux concernés, c'est-à-dire les élèves d'abord, les enseignants et les parents ensuite, démontre une méconnaissance des besoins réels des élèves et un mépris de l'expertise des professionnels de l'éducation;
  • que les enseignants en ont assez des «on verra après, on ajustera, on modifiera...finalement arrangez-vous avec ça, faites de votre mieux...» Cela est révélateur de la considération pour notre travail;
  • qu'on n'a pas pensé à tous les élèves qui ont été intégrés dans nos classes et qui peinent déjà à faire leur année normalement souvent sans aide. Que feront nos TED, Asperger, TDAH, EHDAA, autistes ou autres enfants atteints à des degrés divers (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, dyscalculie...)?;
  • que la qualité du français est déjà critiquée; on nous dit que nos enfants ne savent pas écrire leur langue maternelle;
  • qu'actuellement, dans notre Commission scolaire, les élèves qui font partie d'un programme d'anglais intensif sont sélectionnés, triés tant au niveau des capacités qu'au niveau du comportement;
  • qu'on n'a pas demandé l'avis des enseignants spécialistes en anglais;

Nous nous opposons donc massivement à l'implantation brutale, rapide et unilatérale de l'anglais intensif en 6e année.

De plus, nous nous interrogeons sur les points suivants:
  • y aura-t-il encore des personnes intéressées à enseigner la 6e année compte tenu de la double tâche imposée? (deux classes);
  • quels seront les critères de sélection pour l'embauche massive des enseignants d'anglais?;
  • a-t-on déjà pensé, conçu, élaboré le programme d'enseignement de 6e année dans son ensemble ? Il faudra couper quelque part, mais où?;
  • quels seront les changements effectués dans le régime pédagogique?;
  • qu'adviendra-t-il des évaluations du MELS de la fin du 3e cycle du primaire? Seront-elles éliminées?;
  • les élèves seront-ils prêts pour le secondaire ?
  • a-t-on pensé à l'impact qu'une telle mesure pourrait avoir sur le décrochage scolaire?

Comprenons-nous bien. Nous sommes des enseignants qui sont aussi des parents et nous ne sommes pas contre l'apprentissage de l'anglais mais pas n'importe comment ni à n'importe quel prix.

À quand le français intensif?

S'il vous plaît, ceci est un débat de société: que veut-on pour nos enfants? Élèves, parents, enseignants, directions, exprimez-vous, donnez votre avis à votre école, votre conseil d'établissement, votre Commission scolaire.

Les indignés de l'éducation au primaire,
Ghislaine Taillon (enseignante) et les enseignants de l'école Marguerite-d'Youville
Cap Rouge

09 décembre 2011

Ah que la neige a neigé...

Mes élèves étaient turbulents cet après-midi.  Par les fenêtres de ma classe, ils voyaient la neige tomber. Une fois de plus, les flocons ont rendu les flots cons...

08 décembre 2011

Payer pour de la récupération?

Le Journal de Montréal y va ce matin d'un texte qui met à mal les enseignants sans vérifier complètement les informations qu'il publie. Décevant.

Ainsi, un enseignant de Laval aurait demandé 30$ à deux élèves pour une période de récupération en vue d'un examen. Le parent, qui a porté plainte, déclare:

«Je n'en reviens tout simplement pas. Je suis désabusé. Je paie tous les jours des taxes pour financer le salaire de cet enseignant-là, et il faudrait que je le paie une deuxième fois tout simplement pour qu'il fasse son travail? C'est inacceptable. [...] Je lui ai donc donné 30$ le matin du 10 novembre en vue de cette période de récupération, qui s'est déroulée le matin pendant les heures de cours. Mais j'étais sceptique. [...] Je suis convaincu que ça existe ailleurs et que le cas de mon fils n'est pas unique. C'est choquant. Je n'ai pas à payer 30$ pour que mon fils réussisse. Ça relève de la tâche de l'enseignant, dont je paie déjà le salaire avec mes taxes!»

Personne ne semble avoir vérifié la version de l'enseignant. Nulle part dans ce texte, on indique qu'on a cherché à obtenir son point de vue. Ce n'est pas compliqué: depuis quelque temps, le Journal de Montréal semble publier des articles sur l'éducation sans faire un véritable travail journalistique. Un parent se plaint et hop! on publie!

D'ailleurs, attardons-nous à la déclaration de ce parent. 


«Je n'en reviens tout simplement pas. Je suis désabusé. Je paie tous les jours des taxes pour financer le salaire de cet enseignant-là, et il faudrait que je le paie une deuxième fois tout simplement pour qu'il fasse son travail? C'est inacceptable. [...»

Qui a vérifié si l'enseignant n'avait pas déjà accompli toutes les heures prévues à sa tâche? Qui a vérifié s'il ne demandait pas 30$ parce qu'il offrait ce service en plus de ses heures régulières de travail? Cet enseignant a parfaitement le droit de demander à être rémunéré pour le travail supplémentaire qu'il effectue.

«Je lui ai donc donné 30$ le matin du 10 novembre en vue de cette période de récupération, qui s'est déroulée le matin pendant les heures de cours. Mais j'étais sceptique.» 

Honnêtement, ici, la version du parent soulève des interrogations. Entre autres, comment peut-on offrir une période de récupération PENDANT les heures de cours? Si l'enseignant a demandé à être payé pour un service qu'il a offert pendant le temps prévu à son horaire, c'est évidemment condamnable. Par contre, si l'enseignant l'a fait en dehors des heures de sa prestations de travail, où est le problème? Cette affirmation n'est pas claire et aurait demandé à être validée avant publication.


«Je suis convaincu que ça existe ailleurs et que le cas de mon fils n'est pas unique. C'est choquant. Je n'ai pas à payer 30$ pour que mon fils réussisse. Ça relève de la tâche de l'enseignant, dont je paie déjà le salaire avec mes taxes!»

Voilà une affirmation sans fondement. Sur quoi se base ce parent pour affirmer que «ça existe ailleurs»? Comment un journaliste peut-il publier une accusation aussi grossière sans aucune vérification? De plus, si l'enseignant a effectué toutes les heures prévues à sa tâche, pourquoi n'aurait-il pas le droit de demander un supplément? Ce n'est pas parce qu'un parent paie des taxes que l'enseignant est obligé de tout faire - sans salaire - pour que son enfant réussisse. Il y a des limites à une prestation de travail! L'intervention de ce parent semble fondée sur une prémisse: l'école  a l'obligation de faire réussir mon enfant. Point à la ligne. Peu importe si l'enseignant a déjà effectué le travail pour lequel il est payé.


Un point cependant que je me dois de préciser: tout enseignant qui offre des services contre rémunération à des élèves devrait toujours en informer sa direction et demander son autorisation écrite si cela se fait à l'école même. J'ai toujours refusé d'offrir un service de ce genre, malgré de nombreuses demandes. Deux raisons motivent ce choix: parce que ça permet d'éviter les zones grises dans mon métier d'enseignant (comme le montre cette histoire) et parce que ça ne paie tout simplement pas assez. Trente dollars de l'heure est un tarif ridicule quand on sait ce qu'exigent certaines entreprises d'aide aux devoirs.

Comme un cave, je ne compte donc pas mon temps et je me (attention au mot) dévoue. Le système d'éducation du Québec compte d'ailleurs sur la bêtise de ses enseignants à ce propos. Alors, si un prof demande à être payé pour un service qu'il offre en dehors de ses heures normales de travail, je lui dis bravo. 



07 décembre 2011

Fume, fume, fume...

Une commission scolaire de la Rive-Sud a écopé d'une amende de 400$ parce qu'une soixantaine d'élèves fumaient sur le terrain d'un de ses écoles en octobre 2008 sans qu'une surveillance adéquate ne soit exercée. Alors qu'elle affirme avoir pris tous les moyens pour faire appliquer la loi anti-tabac, le Tribunal se demande «comment la défenderesse peut s'acquitter de faire respecter l'application de la Loi sur le tabac alors qu'il y a absence de surveillant à l'extérieur de l'école à la pause du matin». 

Des petites réflexions comme ça...
- La loi sur le tabac a pelleté dans la cour des écoles l'obligation de la faire respecter. Comme si on n'avait pas assez à faire, on doit maintenant payer un employé le matin, le midi et durant les pauses pour surveiller les élèves ou en assigner un spécifiquement à cette tâche.
- La superficie des terrains à surveiller est parfois assez vaste. Si l'on prend une polyvalente, on parle d'une terrain s'étendant sur plusieurs pâtés de maisons à surveiller.
- La loi ne permet pas l'aménagement de zone «fumeurs» sur les terrains des écoles. Aussi, à mon école, théoriquement, comme il n'y a pas de trottoir, les élèves en sont réduits à fumer dans la rue ou à proximité de celle-ci, ce qui est évidemment dangereux.
- La loi ne permet pas non plus l'aménagement de «cendriers» sur les terrains des écoles, avec pour résultat que certaines zones sont littéralement jonchées de mégots et d'autres détritus.


Je comprends que chacun doit faire des efforts pour enrayer la consommation du tabac - un produit pourtant vendu légalement et sur lequel le gouvernement perçoit de fortes taxes - mais je ne comprends pas qu'aucun parent du Québec n'ait reçu de contravention pour laisser leurs jeunes fumer. Si on ne veut pas que les Québécois de moins de 18 ans fument, on devrait cesser cette hypocrisie sociale, bannir le tabac ou en interdire formellement la consommation par ces derniers.

Encore une fois, c'est à l'école d'éduquer les enfants. Ça doit rentrer, j'imagine, dans le volet Santé et hygiène...

06 décembre 2011

Fête du jubilé de la Reine

Si ce n'était pas sérieux, on en rirait:

Les célébrations pour la reine visent à célébrer «son service dévoué au pays et l’important rôle de la Couronne canadienne»,  a annoncé le ministre du Patrimoine canadien, James Moore. On parle d'une somme de 7,5 millions. «Les Canadiens nous ont confié un mandat clair: celui d’appuyer et de célébrer des événements importants comme le jubilé de diamant», explique le ministre.

01 décembre 2011

De l'action en éducation

Voici comment on règle parfois un problème en éducation.

«Contrairement à ce qui s'est dit dans certains médias, plusieurs actions ont été posées», rétorque le directeur général de la commission scolaire des Chic-Chocs, Jean Letarte. «Des comités ont été mis sur pied, et on a élaboré un protocole d'intervention face à l'intimidation.»

30 novembre 2011

Il est temps qu'on prenne les vrais moyens (ajout virulent)

Une histoire triste. Un autre cas d'intimidation qui se conclut par un suicide. Nos charmants politiciens sont indignés. Mais soyez assurés le tout sombrera dans l'oubli du temps qui passe.

Alors, je n'hésite pas: quelqu'un quelque part doit demander une enquête publique ou du coroner sur la mort de cette jeune fille de Sainte-Anne-des-Monts. Il n'est pas acceptable qu'on ne questionne pas les pratiques des écoles en ce qui a trait à l'intimidation. Trop de gens s'en tirent sans qu'on les interpelle véritablement, trop de jeunes harceleurs ne sont pas inquiétés par la justice, trop d'adultes ne sont pas ramenés à leurs responsabilités, trop de jeunes se suicident parce qu'on ne répond pas adéquatement à leur détresse.

Il faut arrêter de s'indigner et agir. Il faut se dire, naïvement, que cette mort devrait être la dernière.

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Je mets en lien la réaction de l'humoriste Laurent Paquin devant cette triste histoire. Dans ce texte sur Canoe, on peut lire:

Il se moque aussi un peu du premier ministre Jean Charest, qui dit qu'«il faut se poser des questions». «Il faut agir!!!!» rétorque Laurent Paquin, en demandant aux gens d'être solidaires aux victimes d'intimidation. «On n'arrête pas de se poser des questions», a-t-il ajouté en entrevue.

Parlons-en de nos politiciens.


Déclaration de la ministre de l'Éducation: «On sent que c'est inacceptable dans notre société.»

Quelle phrase de n'importe quoi! Du gros «on» impersonnel, indéfni! «On sent que...» Vous, vous sentez quoi? Il me semble vous avoir vu prendre part à une marche contre l'intimidation il y a quelques mois. Et puis, plus rien. Retour au ministère ronflant qui dort ses deux oreilles. Combien de morts faudra-t-il encore pour que vous vous mettiez en mode «action», pas en mode «blabla».

Déclaration de la ministre de l'Éducation: «Et là, le contexte de ce geste-là posé par la jeune Marjorie, il semble bien que ce soit dans un contexte où elle aurait vécu de l'intimidation au cours des derniers jours ou des dernières années autour de son école.»

Euh... voilà la preuve de quelqu'un qui parle sans connaitre ce dossier. «...au cours des derniers jours ou des dernières années autour de son école.» Come on!

Déclaration du premier ministre: «On doit s'interroger si nous pouvons comme société en faire davantage.»

S'interroger comme société? Ne pourriez-vous uniquement vous interrogez, vous, et montrez l'exemple en agissant, en vous mettant à la tête d'un comité interministériel chargé de donner des outils aux écoles pour contrer l'intimidation? Pourriez-vous vous engager à déposer dans les six prochains mois une législation sur cette question et des balises pour guider les CS dans leurs interventions? Au lieu de parler du plan Nord et de voyager partout sur la planète, pourquoi ne pas juste aller à Sainte-Anne-des-Monts et commencer à régler des problèmes concrets?

Ironiquement, on a déployé une cellule de crise à l'école de la jeune maintenant qu'elle est morte. N'aurait-il pas été plus adéquat de s'assurer d'offrir des services alors qu'elle était en vie? 

Plein le c... des politiciens qui manquent de leadership.

28 novembre 2011

Une ostie de belle example pour le Français

Le «Phoenix» de Sherbrooke restera le «Phoenix». Ainsi en a décidé le président de cette future formation de hockey de la ligue junior majeure du Québec. Il faut savoir qu'en anglais, un «phoenix» est un oiseau de feu qui renait de ses cendres, comme le montre le logo de cette équipe. En français, c'est un arbre de la famille des cocotiers...

«On a fait ça sans mauvaise intention, a rappelé le propriétaire et vice-président de l'équipe, Jocelyn Thibault. Le choix du nom "Phoenix" s'est fait en tenant compte de la racine grecque du mot et du côté rassembleur.» Grec? Rassembleur, parce qu'en anglais? 

Ben oui, mon Jocelyn. Toi qui connais si bien le grec, sais-tu comment on dit le mot «foutaise» dans cette langue? En anglais, c'est «bullshit». Mais ça, tu t'en doutais déjà.

Quand on n'a pas la fierté de sa langue, on n'est même pas un peuple.

26 novembre 2011

Les Shafia et certaines interrogations

On connait tous la tragique histoire entourant ce qui est advenu à quatre membres de la famille Shafia. Or, depuis quelques jours, on s'interroge sur ce qui aurait pu ou dû être fait pour éviter ce drame. Trois chroniqueurs y vont de leur avis.

Le torchon de Benoit Aubin

Personnellement, Benoit Aubin a écrit le texte le plus insultant des trois. S'il demeure prudent en ce qui a trait aux accusés, il se livre à un procès en règle des intervenants dans ce dossier.

«Des professeurs, la direction de l'école, un centre d'accueil pour femmes en détresse, des travailleurs sociaux, la DPJ, la police de Montréal, avaient tous été alertés, souvent par les filles elles-mêmes. Mais leur «cas» aura finalement passé au travers des mailles du filet social comme un caillou dans la neige, jusqu'à leur mort tragique au fond du canal Rideau. [...] Aujourd'hui, les filles sont mortes, et j'imagine qu'il y a tout plein de gens qui doivent être sincèrement désolés d'avoir «échappé» une situation qui semble pourtant aujourd'hui tellement flagrante. [...] Mais aucun de ceux qui ont témoigné à ce procès cette semaine n'a formulé le moindre regret, la moindre excuse.»

On verra que l'école n'a échappé quoi que ce soit dans ce dossier, contrairement à ce qu'affirme de façon incohérente M. Aubin. Alors qu'il écrit qu'il «serait trop facile de jouer les gérants d'estrade» et nuance à la sauvette ses propos, ce chroniqueur ne propose aucune solution pour remédier à la situation qu'il dénonce. Facile, incohérent, maladroit, mal écrit...

Martineau et le relativisme culturel

Dans le même journal, Richard Martineau se demande plutôt si «on module notre jugement selon l'appartenance ethnique, religieuse et culturelle des personnes», la famille Shafia étant de pratique musulmane assez stricte, du moins en ce qui a trait aux parents et à un de leurs enfants. Il n'affirme pas: il se questionne.

À mon avis, tout a été fait dans les normes si on se fie à ce que j'ai pu lire. L'appartenance religieuse n'a rien changé aux interventions de l'école et de la DPJ. C'est un autre élément, on le verra, qui explique que certaines démarches n'ont pas pu aller plus loin.

Yves Boisvert: un peu décevant

Habituellement, ce chroniqueur de La Presse livre des propos éclairants et intéressants. Dans le cas qui nous préoccupe, je suis resté sur ma faim. Il demeure néanmoins que c'est ce dernier qui pose la bonne question: «Pourquoi la DPJ n'a-t-elle pas retiré les enfants Shafia de leur foyer?» D'ailleurs, le titre de son texte annonce clairement ses couleurs: «Les Shafia et la DPJ».

Tout d'abord, M. Boisvert montre qu'il suit le dossier Shafia en rapportant les actions concrètes posées par l'école.
  1. Une enseignante observe une marque de violence sur l'une des filles Shafia. («Antonella Enea, enseignante, a dit jeudi avoir remarqué une marque sur la main de Sahar. C'était un coup de ciseau donné par son frère, avait-elle dit.»)
  2. La même enseignante établit un contact avec cette enfant et s'informe de sa situation. («Sahar lui avait confié avoir tenté de se suicider.»)
  3. Il y a une rencontre avec les parents. («Mme Enea avait dû faire venir les parents Shafia pour leur expliquer que la Loi sur l'instruction publique les obligeait à envoyer leurs enfants à l'école les parents retenaient parfois Sahar, pour ne pas qu'elle fréquente des garçons.»)
  4. L'école a signalé ce cas à la DPJ. («Bref, il y avait amplement de quoi faire un signalement à la protection de la jeunesse. Ce qui fut fait en 2008.»)

Ensuite, M. Boisvert rapporte aussi la peine ressentie par les intervenants de l'école quant à cette horrible tragédie:

«On sentait une sorte de malaise et une grande tristesse dans le témoignage des professeures cette semaine. Ce sont elles qui ont pris l'initiative des plaintes. Qui ont recueilli les confidences de Zenaib ou Sahar, souvent en pleurs. Elles ont essayé de les aider, leur ont dit qu'elles n'avaient pas à accepter la violence chez elles.»

On est loin des jugements à l'emporte-pièce du très subtil et éclairé Benoit Aubin...

Là où je suis cependant déçu du texte de M. Boisvert est qu'il m'a habitué à aller plus loin que de rapporter les faits et les analyser.

Mon questionnement

Les trois chroniqueurs s'entendent sur les difficultés pour la DPJ à aller de l'avant avec une plainte alors que les enfants Shafia ont changé leur version une fois le signalement effectué.

La première question est de savoir s'il est normal que ces enfants aient parfois été interrogés par la DPJ et les policiers en présence de leurs parents, comme le souligne à juste titre Yves Boisvert. Une telle façon de fonctionner devrait être tout simplement interdite. C'est comme interroger une victime de viol devant son assaillant!

La seconde est de se demander pourquoi les services policiers et la DPJ n'ont pas poursuivi leurs démarches malgré le changement de version des enfants Shafia. À moins que je ne me trompe, dans le cas de violence conjugale, par exemple, on ne peut retirer une plainte une fois qu'elle est déposée. Pourquoi est-on plus «précautionneux» dans ce genre de situation que dans celui de la violence faite à des enfants? Il y a des changements de mentalité à effectuer et ceux-ci devraient peut-être être appuyés par des modifications à la loi ou à certains règlements.

Enfin, un dernier point. Je connais plusieurs enseignants qui ont effectué des signalements à la DPJ. Ceux-ci ont été classés parce que les enfants, comme dans le cas Shafia, ont changé leur témoignage. Dans d'autres cas, et c'est particulièrement troublant, parce que la famille a tout simplement déménagé dans un autre territoire administratif, entrainant ainsi la fermeture du dossier. Et comme il n'y a pas de suivi efficace entre les différents territoires administratifs de la DPJ, les cas «limites» ou peu documentés disparaissent simplement... laissant le beau jeu aux parents abuseurs.

24 novembre 2011

Vaccination contre la rougeole en vue

Prof malgré tout aborde le sujet sur son blogue en indiquant qu'on demanderait aux personnes non vaccinées de rester à la maison en cas d'éclosion de ce virus. Aujourd'hui, on en apprend davantage.

Primo: il y aura une campagne nationale de vaccination en décembre pour ce qui est des écoles secondaires et en janvier pour les écoles primaires.

Secundo: les élèves qui ne sont pas vaccinés seront forcés de rester à la maison, «le temps que l'éclosion s'estompe ou le temps qu'ils reçoivent le vaccin», disent les dirigeants de la santé publique.

Tertio:  «la politique a été discutée avec le ministère de l'Éducation et l'école prévoira un genre de soutien scolaire pour ces enfants-là», précise le directeur régional de santé publique de la Capitale-Nationale, François Desbiens. Un genre comme style manière de?

Juste par curiosité, quelles sont ici les dispositions légales qui permettent qu'on interdise à un enfant d'aller à l'école? On ne peut légalement, je crois, obliger un individu à subir un traitement médical ou le priver de l'un de ses droits (ici, la scolarisation) s'il ne le fait pas.

Dans un autre article, sur lequel s'est basé PMT, les autorités sanitaires sont moins catégoriques: «Pour les personnes qui refusent la vaccination, parce que la vaccination n'est pas obligatoire, on leur demanderait de s'exclure de l'école, c'est-à-dire pour toute la période - qui peut être de deux semaines - pour ne pas qu'ils retransmettent l'infection. Et ça vaut autant pour le personnel que les enfants.»

Personnellement, la question ne se pose pas: je me ferai vacciner si c'est nécessaire.  Mais on fait quoi avec ceux qui ne croient pas aux mérites de la vaccination?

Permis de tuer

Un automobiliste tue trois cyclistes à Rougemont. Aucune accusation.

À Saint-Gabriel-de-Valcartier, deux automobilistes tuent coup sur coup deux cyclistes. Aucune accusation même si, dans un cas, on indique que le véhicule moteur impliqué roulait à haute vitesse.

Qu'on vienne me dire qu'il est impossible de déterminer la vitesse d'une voiture ayant heurté un vélo en analysant les dégâts sur celui-ci. Dans un reportage sur le naufrage d'un navire, des scientifiques avaient pu évaluer la vitesse des vagues qui avaient coulé le bateau. Mais bon, des cyclistes... on s'en fout pas mal.

Vous vous promenez en voiture dans une zone sans témoin avec un cycliste devant vous. N'hésitez pas. Et surtout évitez de freiner pour laisser un indice de la vitesse à laquelle vous rouliez.

19 novembre 2011

François Legault: évaluer les enseignants en moins de 100 jours

«Je commencerais à évaluer les enseignants et à mieux les payer. [...] Je ferais cela dans les 100 premiers jours parce que je me suis rendu compte que plus on avance dans un mandat, plus les gens sont préoccupés par la réélection.»

- François Legault à La Presse

18 novembre 2011

Hugues Boisvenu: un être démagogue (ajout)

J'ai quelquefois malmené le sénateur Boisvenu pour certaines de ses prises de position intellectuellement douteuses et qui semble surtout animées par un désir de vengeance. S'il a raison quant au sort réservé aux victimes d'infractions criminelles, son incapacité à admettre que le système de justice québécois engendre moins de récidives et de violence prouve bien son étroitesse d'esprit, pour ne pas dire plus.

Quoi qu'il en soit, M. Boisvenu s'est surpassé sur les ondes de Radio-Canada en prêtant des intérêts corporatistes au Barreau du Québec en ce qui a trait au projet de loi C-10.

Le sénateur estime que 80 % des membres du Barreau sont des avocats de la défense. « Ces gens-là disent qu'ils sont contre les projets de loi qui affectent leur clientèle et c'est tout à fait normal », considère le fondateur de l'Association des familles de personnes assassinées ou disparues (AFPAD). « Moi, je défends au Sénat non pas les intérêts des criminels, mais ceux des victimes... », a-t-il ajouté.

Le Barreau n'a pas hésité à répliquer au sénateur. Ainsi, dans les faits, seuls 5% des membres du Barreau plaident dans des dossiers en matière criminelle. Quant à la position du Barreau, elle résulte du travail d'un comité composé de procureurs de la Couronne, de professeurs d'université et d'avocats de la défense.

Le sénateur Boisvenu fait dans la petite politique, la démagogie honteuse. Et dire que ça parle au nom de la justice et du droit.

(Quelques compléments d'information ici.)

Incompétence scolaire: certains bulletins retardés

La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a  donné une année de plus au monde scolaire pour s'approprier le nouveau bulletin. Même avec cette année supplémentaire qui a été obtenue après de vigoureux débats avec les enseignants, pour 10% des élèves, généralement en adaptation scolaire, il n'y aura pas de bulletin en première étape (ici et ici). «C'est le chaos. Comme d'habitude avec le ministère de l'Éducation, c'est toujours improvisé et on n'est jamais prêt à temps», explique Alain Marois, président de l'Alliance des professeurs de Montréal.

Pourquoi? On semble comprendre que le fournisseur informatique des commissions scolaires n'est pas arrivé à fournir le matériel à temps. Avec une année de plus pour le faire. Imaginez maintenant quand on pense à l'installation de milliers de tableaux interactifs dans les écoles...

Ce fournisseur est-il la GRICS? Je pose cette question tout en me demandant qui sont les fournisseurs informatiques en éducation quant au bulletin. Dans les faits, dans mes réflexions, je m'interroge à savoir s'il existe une saine concurrence dans ce domaine.

Ensuite, concernant cette situation, la ministre va-t-elle demander qu'on sévisse à l'égard des gens concernés ou adopter l'attitude traditionnelle de «non-imputabilité» propre aux décideurs de l'éducation? Un élève qui me remet un travail en retard est pénalisé dans ma classe. Le fournisseur et la CS qui ne sont pas foutus de donner les outils nécessaires à la confection des bulletins, eux, s'en tirent sans aucune conséquence?

17 novembre 2011

Maxime Bernier: cet homme est toujours un menteur

« Le registre des armes d'épaule est inexact, et transférer ces données inexactes là à un gouvernement, ce serait lui donner un cadeau empoisonné. » — Maxime Bernier, ministre d'État à la Petite Entreprise et au Tourisme

S'il y en a un qui s'y connait en données inexactes, c'est bien lui.

15 novembre 2011

CAQ: Un flou un peu moins flou... un peu moins seulement

Après un an d'une tournée provinciale s'apparentant à une grosse campagne de présence médiatique, la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) s'est convaincue d'être un parti politique: la Coalition Avenir Québec (CAQ).

Disons-le tout de suite, le plan d'action qu'elle propose en matière d'éducation reprend sensiblement les mêmes idées qu'originalement. M. Legault a écouté ce qui faisait bien son affaire sans remettre en question les bases mêmes de ses «solutions».

Ce qui est décevant, c'est que les changements qu'il propose ne sont basés sur aucune étude ou analyse sérieuse. De plus, pour moi, un plan d'action va au-delà des idées générales: il doit proposer des idées, des moyens et des indicateurs d'efficacité.  Or, force est de constater que la réflexion n'a pas trop avancé chez celui qui prétend agir au cours des 100 premiers jours de son mandat. Je me permettrai de reproduire ici en bleu les éléments du plan d'action de la CAQ en ce qui a trait à l'éducation (sauf en ce qui concerne la partie universitaire) et j'y ajouterai en rouge mes commentaires et questions.

1. L’ÉDUCATION, LA PRIORITÉ ABSOLUE
  
Lucien Bouchard tenait exactement le même discours avant de sortir la tronçonneuse. 

La priorité pour relancer le Québec est de s’assurer que notre système d’éducation permette à tous de donner leur pleine mesure. Depuis la Révolution tranquille, le Québec a réalisé des progrès remarquables. Cependant, les défis en éducation restent immenses. Trois orientations caractérisent les mesures avancées pour y parvenir.

La Coalition estime d’abord qu’il est impératif de revaloriser l’éducation en général et la profession enseignante en particulier. À cette fin, elle propose d’améliorer la formation des enseignants et de hausser leur salaire de 20 %. Cette dernière mesure attirera les meilleurs talents et procurera à ceux qui se dévouent à leur tâche une reconnaissance à la mesure de leurs efforts.

1- Concrètement, on parle de la formation des enseignants actuels et/ou de ceux dans nos universités?
2- La hausse de 20% sera-t-elle attribuée à tous les enseignants ou seulement à certains d'entre eux (selon des critères qui restent à définir) comme le sous-entend le libellé «à ceux qui se dévouent à leur tâche»)?
3- En plus de l'ajout d'une évaluation effectuée par les directions d'école, cette hausse s'accompagnera-t-elle d'ajouts dans la tâche des enseignants?
4- Rehaussera-t-on également en conséquence le salaire des autres individus oeuvrant en éducation: adjoints, directeurs, psychologues, etc.?
5- A-t-on mesuré l'impact de cette mesure sur un régime de retraite qui se base sur les cinq dernières années travaillées pour établir la rente payée?
6- Personnellement, ici, M. Legault pense comme un homme d'affaires. Un meilleur salaire attirera de meilleurs candidats. Or, bien des jeunes, qui ont ce qu'il faut pour être enseignant, refusent d'embrasser cette carrière pour des raisons personnelles et non financières. Ils ne se sentent pas les habiletés pour travailler avec des jeunes, par exemple (dans le milieu, on dit «moucher des nez et attacher des souliers»). Cette mesure risque, non pas d'attirer de meilleurs candidats, mais simplement des candidats intéressés par un meilleur salaire. Il s'agit d'une nuance importante quand on sait que les qualités personnelles pour être un bon enseignant sont davantage altruistes.
7- La valorisation des enseignants, selon M. Legault, ne se limite qu'au seul salaire. Or, la problématique est bien plus complexe. Pour de nombreux enseignants, c'est davantage leur rôle, leur statut et leur expertise qu'ils aimeraient voir mieux considérés. Bien des candidats intéressés par l'enseignement choisissent une autre carrière quand ils constatent le peu de cas qu'on fera de leurs opinions et de leurs idées. Ils réalisent que, même avec un bac ou une maitrise, ils seront traités comme de simples techniciens, pour ne pas dire moins.

Le droit à une éducation de qualité exige d’évaluer le travail des enseignants. L’objectif de cette mesure n’est pas de lier le salaire à un quelconque indice de performance, de congédier des enseignants ou de menacer leur sécurité d’emploi. Il s’agit plutôt de soutenir ceux qui seraient en difficulté, puis d’identifier et de partager les meilleures pratiques afin de s’assurer que tous les élèves reçoivent le meilleur enseignement possible. Cette mesure serait appliquée de manière souple et graduelle. Une formation adéquate des directions d’école devra d’abord être assurée. Des mécanismes spécifiques pourraient être mis en place pour éviter toute forme d’arbitraire dans les cas exceptionnels de congédiement.

8- Ici, M. Legault semble avoir modifié grandement sa vision des choses, comme le souligne Jean-François Lisée sur son blogue. Concrètement, est-ce que M. Legault a renoncé à instaurer des évaluations bi-annuelles et des contrats renouvelables de trois à cinq ans aux enseignants comme il l'avait déclaré précédemment? 
9- Comment M. Legault s'y prendra-t-il pour modifier les conventions collectives actuelles, s'il y a lieu?
10- Le libellé de la dernière phrase de ce paragraphe est plutôt troublant: ainsi, des mécanismes devraient obligatoirement être mis en place pour éviter toute forme d'arbitraire et non pas «pourraient».
11- Pour M. Legault, une éducation de qualité ne semble reposer que sur les seuls enseignants. Il n'y a qu'eux qui seront évalués et sur une base individuelle, qui plus est.
12- Le changement de position de M. Legault en ce qui a trait à l'évaluation et le congédiement des enseignants m'apparait troublant. Un homme a le droit de changer d'idée, mais il fallait écouter avec quelle ferveur M. Legault dénonçait sur différentes tribunes l'impossibilité de congédier un enseignant. Il serait tout à coup «assagi»? Peut-être?

Le décrochage scolaire reste trop élevé au Québec. Les solutions proposées par la Coalition s’attaquent à certaines des causes profondes de ce problème. Les ressources consacrées aux enfants handicapés ou éprouvant des problèmes d’adaptation ou d’apprentissage doivent être mieux allouées. Or, le décrochage est plus élevé chez les élèves issus d’un milieu socio-économique moins favorisé. Des
mesures ciblées doivent être prises pour les mener à la réussite, dont une meilleure allocation des ressources spécialisées, une augmentation du soutien aux écoles en difficulté et la possibilité de rémunérer davantage les enseignants travaillant dans des milieux où l’abandon scolaire est plus répandu.

13- La CAQ affirme que ses solutions s'attaquent à certaines des causes «profondes» du décrochage scolaire au Québec. Vraiment?  Ici, les mots sont flous: on parle de «mesures ciblées qui doivent être prises».  Mais que fait-on du rôle des parents? de la valorisation de l'école?  du soutien auprès des mères monoparentales peu instruites, par exemple?  La pensée de la CAQ en matière de décrochage semble se résumer à cette simple idée: donnons davantage de ressources à des écoles autonomes. Chaque école pourra ainsi inventer ou réinventer la roue.
14- La mesure visant à rémunérer davantage les enseignants oeuvrant dans des milieux difficiles s'ajoutera-t-elle celle d'une hausse de 20% de leur salaire?
15- Ce qui attire des enseignants dans un établissement d'enseignement, ce sont des facteurs comme la qualité des élèves, de l'équipe-école (direction, enseignants, etc.)  et le climat général de l'école. Encore une fois, M. Legault croit qu'un incitatif salarial sera suffisant pour attirer des enseignants dans des milieux plus difficiles. Je crois être un bon enseignant et même une augmentation d'un autre 20 000$ avant impôts de mon salaire ne m'inciterait pas à aller travailler dans une école où l'abandon scolaire est plus répandu. Dans les faits, l'argent n'attire que ceux qui aiment l'argent. Les écoles difficiles pourraient tout aussi bien se retrouver avec des enseignants en fin de carrière soucieux uniquement d'augmenter la valeur de leur retraite.
16- Les solutions de M. Legault quant au décrochage scolaire n'ont rien de trop nouveau. Ce dernier semble croire que plus d'argent accordé à des écoles autonomes règlera le problème. 
17- Enfin, M. Legault semble ignorer que la clientèle d'une même école peut être très variée, allant d'un programme international à de l'adaptation scolaire. Va-t-on mieux rémunérer, au sein d'une même école, un enseignant travaillant avec des élèves difficiles et laisser en plan un enseignant menant plus loin dans leur cheminement des élèves doués?

La Coalition croit également que les structures scolaires du Québec doivent être allégées afin d’augmenter les services directs aux élèves. L’abolition des commissions scolaires (incluant les élections scolaires et les postes de commissaires) et des directions régionales, et le redéploiement d’une partie de leur personnel en centre des services pour les écoles visent cet objectif. Le but de cette
réforme est double. Diminuer les coûts de la bureaucratie scolaire et transférer les ressources ainsi dégagées aux écoles afin d’en accroître l’autonomie et donner plus de services aux élèves. Cette restructuration tiendra compte de la réalité des régions, tandis que des écoles pourraient choisir de mettre plus ou moins de ressources en commun.

18- Quand la CAQ dit que les structures scolaires «doivent être allégées», on ne peut que sourire devant un pareil euphémisme... On remarquera que cette formation a quelque peu nuancé sa pensée: avant, on abolissait les commissions scolaires et confiait aux directions régionales le soin de gérer certains dossiers. J'ai vivement critiqué cette mesure ici, soulignant entre autres qu'on remettait à une entité régionale des dossiers pour lesquels elle ne possédait aucune expertise. Maintenant, la CAQ parle d'un nouvel organisme: les centres de service qui s'occupera de la distribution des ressources, de la répartition des élèves et du transport scolaire. 
Cette mesure marque théoriquement la fin de la démocratie scolaire et signifie une augmentation du pouvoir des fonctionnaires non élus. Sous prétexte que les élections scolaires sont peu populaires, la solution de M. Legault consiste tout simplement à supprimer celles-ci. En soi, toujours théoriquement, il s'agit d'une perte de pouvoir pour le citoyen et je trouverai toujours intellectuellement incohérent de voir des groupes de droite (ADQ, Liberté Québec) soutenir une telle initiative. 
19- L’abolition des commissions scolaires (incluant les élections scolaires et les postes de commissaires) soulève la constitutionnalité de cette mesure, notamment en ce qui a trait à la communauté anglophone du Québec.
20- Cette mesure soulève aussi d'autres questions tout aussi pertinentes. Qui sera l'employeur des enseignants et des divers employés des écoles? Comment procédera-t-on à leur embauche? Quelle convention collective s'appliquera? Qui nommera et congédiera les directeurs des écoles autonomes? Qui évaluera les écoles autonomes? Comment seront prises les décisions au sein des centres de services? Ne risque-ton pas d'avoir davantage de décisions centralisées au MELS?
21- Sur quelles analyses ou études se base la CAQ pour croire qu'il y aura effectivement une diminution des coûts de la bureaucratie scolaire? On doit se rappeler que la fusion des commissions solaires et des municipalités a, contrairement à ce qui était prévu, entrainé une augmentation des coûts administratifs de celles-ci.


Finalement, si la pensée de la CAQ a changé en ce qui a trait à deux points de son précédent discours (évaluation des enseignants et abolition des directions régionales), on ne peut que constater qu'en un an, celle-ci a peu étoffé ses idées quant à la façon dont elle va les réaliser.  On est encore devant un devoir moyen d'un étudiant de cégep qui entend refaire le monde.

Je l'ai déjà écrit: quand un politicien met de l'avant des idées aussi grandes de changement, il a aussi la responsabilité morale et politique tout aussi grande de s'assurer de leur validité et de leur réalisation. Divers apprentis sorciers ont suffisamment saccagé le monde de l'éducation au cours des 15 dernières années pour qu'on soit en droit de leur demander plus de rigueur dans leur démarche. L'histoire nous rappelle que M. Legault a été un ardent défenseur de la réforme de l'éducation.  Aujourd'hui, il est plutôt silencieux quant à ce sujet et à son rôle comme ministre de l'Éducation. Pendant trois ans, le fondateur d'Air Transat a été une partie du problème. Aujourd'hui, il se veut une solution. Permettez-moi d'être suspicieux.

De plus, M. Legault se dit à la tête d'une «coalition» qui ne rejoint dans les faits ni les représentants des commissions scolaires ni ceux des enseignants, qu'ils soient de la FSE ou de la FAE, deux organisations pourtant opposées. On peut alors douter de sa capacité à effectuer des changements aussi importants en éducation avec un si faible appui des principaux concernés. Le MELS n'a pas su implanter son Renouveau pédagogique parce qu'il a voulu le faire contre la résistance (fondée ou non) des enseignants.

On ne fait pas la révolution contre les gens mais avec eux. LA CAQ semble penser qu'elle pourra imposer de façon efficace aux principaux acteurs de l'éducation, de nature conservatrice, faut-il le dire, les mesures prévues dans son plan d'action.  Permettez-moi d'en douter.

Je m'en voudrais de ne pas souligner, en terminant, ce texte de Louis Cornellier portant sur le sujet que j'ai abordé dans ce billet.

Le logo de la CAQ

On parlera du contenu plus tard. De toute façon, le contenu, le citoyen moyen s'en fout en autant qu'on lui dise le mot «changement». Vous aimez la ressemblance?





12 novembre 2011

Mythe en éducation 3: gars, décrochage et sport

En réaction à mon précédent billet, Jonathan écrit: «Je suis désolé, mais il faut être myope en maudit pour manquer de modèle masculin à notre époque.»

Je vais en rajouter une couche: je suis tanné des discours de loosers voulant que les garçons soient maganés par un système scolaire matriarcal et féminisant. La plupart des gars en échec dans mes cours sont aussi paresseux à la maison qu'à l'école. Il suffit de jaser avec leurs parents pour comprendre qu'ils ont décroché et pas seulement en classe: «Il ne fait rien à la maison... Il fait juste jouer, manger et dormir...»

Le stéréotype du jeune garçon qui passe son temps sur une console à jouer au lieu de faire du sport et étudier est plus près de la réalité qu'on ne le croit. À mon école, la grande majorité des équipes sportives parascolaires sont constituées de filles (sept contre quatre l'année dernière). À la fédération sportive régionale, gars et filles participent à peu près au même niveau. Quand on affirme contrer le décrochage scolaire des gars par le sport, je rigole! Bien des gars parlent de sports, de hockey surtout, mais n'en pratiquent aucun! Sur Facebook, les filles écrivent à propos de leur dernier match de football, de basketball ou de soccer; les gars, de celui du Canadien...

Quand j'ai organisé des activités sportives, il fallait voir les filles respecter les consignes, jouer en équipe, être en meilleure forme, viser la victoire... et regarder les gars têtus, individualistes, bouder à la moindre difficulté et avoir de l'attitude. Savoureux!

Oui, je généralise mais, comme me le disait une élève aujourd'hui, je généralise à partir des faits tels qu'ils sont autour de moi. Et l'élève masculin québécois, quand il décroche, c'est souvent bien plus à cause d'un mode de vie qu'à cause de l'école. Le «petit roi de la maison à sa maman», le «petit junior à son popa» accepte mal la discipline et l'effort. Point à la ligne.

Heureusement, avec l'âge, vers 16 ans, certains cas désespérants commencent à s'éveiller aux réalités de la vie et commencent à comprendre le cul-de-sac auquel il se destinent.

08 novembre 2011

Les gars et l'école: l'enfer est pavé de bonnes intentions...

Afin de vouloir s'assurer que les gars ne décrochent pas, on crée un peu partout des initiatives pour ces derniers. La dernière en lice: cette école primaire de Chicoutimi qui ira de l'avant avec une sortie de gars.

«On voulait se démarquer en faisant une activité pour encourager les jeunes, surtout les garçons, à s'accrocher à l'école, a expliqué Daniel Morin, animateur de vie spirituelle et d'engagement communautaire à l'école des Quatre vents. Les garçons bougent beaucoup plus. Ils ont besoin de se dépenser. Les filles sont moins agitées que les garçons, qui ont besoin de défis.»

Je suis désolé, mais toutes ces initiatives sont basées sur des visions réductrices et généralisantes. À la limite, elles renforcent des préjugés et des perceptions sexistes. Regardons l'équation suivante:

Un gars = ça crie, ça court, ça aime les sports.

Donc, si ça ne crie pas, si ça ne court pas, si ça n'aime pas les sports, ça ≠ un gars.

Et si ça ≠ pas un gars, ça = une fille ou un fif.

J'ai passé mon primaire et mon secondaire à être traité de fif parce que je lisais, parce que j'aimais l'école, parce que je ne courais pas, parce que je ne criais pas et parce que je n'aimais pas les sports. Étant parmi les plus grands de ma cohorte, je ne compte plus les fois où j'ai dû me battre à 4 heures au rack à bécyk avec des petits teigneux atteints du complexe de Napoléon. Et chaque bagarre que je gagnais ne me rendait pas plus respectable aux yeux des vrais gars, en passant.

Qu'on vienne renforcer, en 2011, des images stéréotypées masculines me dépasse totalement. Et les filles ne perdent rien pour attendre à cette école. Elles auront aussi droit à sortie exclusivement pour elles.

J'ai tellement l'impression qu'on retourne à l'époque de GI Joe et de Barbie.

05 novembre 2011

Sondage: les journées pédagogiques

C'est connu: les enseignants ont deux mois de vacances et des journées pédagogiques pour lire des revues.

Dans les faits, est-ce que je me fais des idées où ces journées sont devenues des journées administratives où l'on nous montre comment gérer ci, comment gérer ça, comment remplir tel formulaire? C'est bien simple: j'ai l'impression que la bureaucratie est devenue verticale, du MELS jusqu'aux enseignants. Et dire qu'on pourrait consacrer ce temps à des activités plus utiles pour nos élèves!

De plus, ces journées sont aussi devenues celles des absents compensés. Impossible de véritablement tenir une rencontre efficace: il manque toujours des collègues à qui l'on remet des heures faites en trop ou partis dans un congrès ou une formation quelconque!

Un petit sondage pour me dire si je suis dans l'erreur. Je reviendrai sur le sondage précédent sous peu.

31 octobre 2011

Les idées de François Legault - une première brèche?

François Legault et la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) claironnent depuis des mois des idées fort populaires auprès d'un électorat en mal de changement. Le problème est qu'à part quelques sombres initiés dont nous sommes sur ce blogue, peu de gens discutent du bien-fondé de ces idées et de leur caractère réaliste.

Une première brèche s'est ouverte dans les médias aujourd'hui alors qu'on remet en question la constitutionnalité de l'abolition des commissions scolaires en se basant sur l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.

Toujours dans cette même veine, il serait intéressant de se pencher sur la pertinence d'abolir les CS et non les directions régionales du MELS. À l'époque où l'on retrouvait plus de 200 CS à la grandeur du Québec, ces dernières avaient un rôle de coordination à jouer. Mais, depuis quelques années, avec la réduction du nombre de CS à 78, ces directions régionales sont devenues, quant à moi, des organismes inutiles. D'ailleurs, au fil des conversations que j'ai eues avec de nombreux intervenants en éducation, peu ont réussi à m'expliquer à quoi elles servent concrètement aujourd'hui.

Le projet Legault a ceci d'inconséquent qu'il veut justement confier à ces organismes déconnectés du terrain des missions pour lesquelles les CS ont déjà une expertise pertinente.  On imagine le jeu de chaises musicales qui va s'opérer entre les CS abolies et les directions régionales embauchant des employés compétents (congédiés par les CS) pour satisfaire les nouveaux mandats qui leur seront confiés.

Si M. Legault voulait mettre de l'avant une solution ayant plus de chances d'être efficace et moins contestée, il devrait davantage abolir les directions régionales et soumettre les CS a un régime minceur tout en conservant les commissaires élus. Sauf qu'il s'est allégrement peinturé dans le coin avec plusieurs déclarations fracassantes pour plaire à un électorat. Tout cela pourrait nous mener à des débats stériles, à moins d'avoir recours à la clause «Nonobstant» avec tout le brouhaha politique que cela pourrait créer auprès des anglophones québécois et canadiens. Déjà, au dernier congrès du Parti libéral du Québec, on a vu l'accueil qu'ont fait certains délégués anglophones au projet Beauchamp qui est pourtant beaucoup moins radical.

M. Legault devrait également se rappeler que, de l'aveu même de la présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), Josée Bouchard, la fusion des commissions scolaires (et même celle des municipalités) n'a entrainé aucune économie pour le contribuable. Ce n'est pas abolir qu'il faut, mais mieux gérer. Jusqu'à ce jour, aucune étude, aucune analyse économique n'est venue appuyer les propos de M. Legault à l'effet que l'abolition des CS allait générer des économies significatives pouvant être réinvesties dans des écoles autonomes. De mémoire, des universitaires avaient même démontré que de confier aux municipalités des mandats relevant des CS, une idée lancée par l'Action démocratique du Québec (ADQ à l'origine du projet Legault, signifierait une augmentation des couts pour les contribuables québécois.

Par ailleurs, il est remarquable qu'on lance de telles idées au Québec sans étudier ce qui s'est fait ailleurs. Par exemple, on mentionne souvent que le Nouveau-Brunswick a aboli ses commissions scolaires pour rétablir des organismes similaires quelques années plus tard. Est-ce véritablement le cas?  N'y aurait-il pas un journal qui pourrait dépêcher un reporter à quelques heures du Québec pour valider le tout?

Si je n'aime pas cette idée de M. Legault, il ne faut pas croire que la façon dont sont gérées actuellement les CS me ravit. Même si elle affirme que les frais de gestion des CS sont exemplaires, madame Boucher manque de sensibilité politique devant le gaspillage qu'on retrouve dans ces organismes publics. Jusqu'à tout récemment, le MELS refusait de se mêler de la gestion des CS puisqu'elle relève de commissaires élus. Le projet Beauchamp a cependant montré une volonté de la ministre de revoir le fonctionnement de ces dernières. Même le maigre plan d'action rendu public par la FCSQ semble vouloir timidement tendre dans cette direction.

Abolir des directions générales, resserrer la gestion des CS: voilà des pistes qui me semblent plus prometteuses que les chimères de M. Legault. Sauf que, depuis quelque temps, le peuple, blasé par les politiciens qu'il a pourtant élus, semble avoir besoin de croire en des chimères encore plus grosses et plus fantastiques...

29 octobre 2011

Samantha Ardente est de retour

Après avoir juré qu'elle n'en referait plus, après avoir affirmé que c'était en quelque sorte une erreur, cette agente administrative congédiée de l'école Les Etchemins de Lévis se relance dans la porno. «Je le fais pour moi, je l'assume et j'ai le goût de l'aventure», affirme celle qui a obtenu l'approbation de sa fille aînée de 12 ans.

Vous vous demandez pourquoi je continue à suivre cette histoire? Simplement parce que j'ai du mal à accepter toute la bullshit qui l'a entourée. Trop souvent, les médias ne creusent pas les événements qu'ils rapportent et n'en font pas le suivi.

Madame Ardente assure que son conjoint sera son seul partenaire de scène. Appelons cela un progrès pour celle qui travaillait dans une école, qui affirme que son travail ne l'a jamais mise en contact avec des jeunes bien que l'un d'entre eux l'ait reconnue et qu'elle ait communiqué avec celui-ci par l'intermédiaire de Facebook et qui, enfin, a tourné une vidéo la présentant avec des jeunes filles ayant à peine 18 ans et où elle les initiait au plaisir féminin en présence de sa «fille» (une actrice) endormie.

26 octobre 2011

Comment fucker une enfant

Il y a des parents dont on devrait pouvoir botter le cul.

J'ai une élève - appelons-la Martine - en détresse dans ma classe. Rien ne marche. Ses résultats sont inconstants. Elle écoute peu ou pas. Ne prend pas de notes. Les larmes sur le bord des yeux. Souvent.

Dans les faits, Martine est dans mon école parce qu'elle demeure maintenant chez son père. Sa mère ne veut plus rien savoir d'elle. Elle l'a foutue dehors en mettant toutes ses choses dans des sacs à ordures sur le bord du chemin.

Martine restait en ville. Elle habite maintenant sur un rang avec un père, une belle-mère et deux frères. Des gens qu'elle connait peu. Elle a perdu son quartier, ses amies, ses repères. Sa mère a vraisemblablement des difficultés personnelles et de dépendance. Son conjoint semble violent.

À mon école, on se montre patient. On essaie d'aider la jeune. On l'encadre, suit son parcours académique,  sans trop de succès. Difficile de travailler quand ton coeur est brisé. Il faut dire que la mère de Martine a promis deux fois à sa fille de la voir pour finalement annuler les rencontres sans raison.

De plus, Martine fait tout pour être rejetée. Elle se suicide à petit feu. C'est plus facile de penser que personne nous aime que notre mère ne nous aime pas.

Cette semaine, je discute avec la «belle-mère» de Martine. On parle de suivi psychologique au privé. Un suivi rapide et intensif. Elle est d'accord. Le hic: Martine a moins de 14 ans. On doit obtenir l'autorisation de sa mère qui en a la garde légale.

Tab...

22 octobre 2011

Chantal Longpré: analyse d'une controverse (ajout)

Le Journal de Montréal nous apprenait cette semaine que la commission scolaire des Affluents (CSA) refusait la demande d'un congé d'ordre professionnel d'une de ses directrices d'école, Chantal Longpré. Cette dernière est à la fois la présidente de la Fédération québécoise des directeurs d'établissements d'enseignement (FQDE) mais aussi une des porte-paroles de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ). Ce refus serait basé sur le retard d'un peu moins d'un mois dans la présentation de cette demande.

Dans un article publié par l'Hebdo Rive-Nord, le président de la CSA, Yves St-Denis affirme: «Si elle avait fait sa demande selon les règles, je ne vois pas pourquoi nous aurions pu refuser sa demande. Nous n'aurions pas pu le faire à cause de la teneur de ses propos.»  Il faut savoir que la réélection de Mme Longpré à la présidence de la FQDE a eu lieu en 28 mai 2011 et qu'elle a présenté sa demande de libération le 31 mai alors que celles-ci doivent être présentées le 2 mai pour être admissibles.

«Il m'était impossible de la faire dans les délais respectés en ne connaissant pas la suite des événements, explique Mme Longpré. Il (M. Saint-Denis) savait très bien que je voulais renouveler mon mandat et que j'allais demander un congé professionnel.»

Dans les faits, les relations entre la CSA et sa directrice sont depuis très longtemps orageuses.  Déjà, en juin 2010, alors que la CAQ n'avait même pas encore été fondée, Yves St-Denis manifestait son mécontentement à l'égard de cette dernière en affirmant en avoir «ras le bol» des déclarations de Mme Longpré en matière d'éducation. En avril dernier, Yves St-Denis allait plus loin encore en s'insurgeant contre les propositions de la CAQ en ce qui concerne l'éducation et en réclamant ouvertement le départ de celle-ci à la tête de la FQDE, affirmant qu'elle ne pouvait être engagée à la fois dans la CAQ et dans la FQDE.

Même dynamique avec la présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), Josée Bouchard. En octobre 2009 déjà,  Mme Bouchard reprochait à Mme Longpré ses propos en matière de bureaucratie avec laquelle devaient vivre les directions d'école: «Si elle (Mme Longpré) veut moins de papier, c'est parce qu'elle veut rendre moins de comptes à la population.» En mai et août 2011, Mme Bouchard contestait la légitimité de Mme Longpré à titre de présidente de la FQDE et porte-parole de la CAQ.

Pour ceux qui suivent l'éducation, il faut aussi savoir que le torchon brûle entre la FQDE et la FCSQ bien avant l'arrivée de Mme Longpré à la tête de cette association. En effet, en mars 2007, le regroupement de directeurs d'école et son président d'alors, Serge Morin, remettaient en question la pertinence des commissaires scolaires. On se rappellera la réplique d'André Caron, président de la FCSQ à cette époque:

«On a ici un groupe qui relève de la direction générale d'une commission scolaire, qui elle-même est sous le conseil des commissaires, et qui remet en question la structure qui la dirigeSur leur chèque de paye, il y a des signatures! Et c'est la présidence et la direction générale de la commission scolaire. Disons que tout ça est étonnant et déplacé

À tort ou à raison, il est inévitable que bien des gens lieront la rigidité administrative de la CSA aux positions de Mme Longpré en ce qui a trait à l'éducation, plus particulièrement concernant les commissions scolaires. Les propos de M. St-Denis à l'égard de la présidente de la FQDE sont une porte ouverte à le faire: «Elle beurre tellement épais qu'elle finit par conter des menteries. C'est inacceptable. Que ce soit dans une commission scolaire ou dans une entreprise, s'il y a un employé qui bitche contre son employeur, c'est évident que ça crée un malaise.»

En lui ayant demandé dans le passé de se retirer de la présidence de la FQDE et en lui refusant aujourd'hui un congé lui permettant d'occuper ce poste sur la base de raisons administratives, la CSA se place dans une position qui prête à la critique.

Sur le plan administratif, la CSA pouvait ne pas accorder ce congé à Mme Longpré. C'était son droit le plus légitime. De plus, il est vrai que cette décision n'empêche pas à proprement parler Mme Longpré de demeurer présidente de la FQDE.

Sur le plan politique et de l'apparence, il s'agit cependant d'une décision qui vient renforcer l'image négative des commissions scolaires dans l'opinion publique. De nombreux intervenants (dont la CAQ et la FQDE, bien sûr, mais aussi le Parti québécois, l'Action démocratique du Québec, la Fédération autonome de l'enseignement et la Centrale des syndicats du Québec) ont dénoncé ce geste et demandé à la ministre de l'Éducation d'intervenir dans ce dossier (ici et ici).

Je ne partage pas toutes les idées de madame Longpré en matière d'éducation comme on peut le lire ici et ici. Chose certaine cependant, en agissant ainsi, la CSA lui confère un statut de «martyre» qui sera bien encombrant et qui fera le jeu de celle qui dénonce justement ces organismes ! L'opinion publique, sondage après sondage, veut l'abolition des commissions scolaires. L'ADQ et la CAQ ont d'ailleurs inscrit cette idée au sein de leur programme. Jusqu'au PLQ qui vient finalement de les lâcher avec le récent projet de la ministre de l'Éducation Line Beauchamp!

Les CS ont déjà suffisamment d'ennemis comme cela: il était inutile qu'elles alimentent encore plus leur volonté de les abolir. Sur la forme, la CSA peut affirmer qu'elle a raison d'avoir refusé le congé de Mme Longpré. Sur le fond, c'est autre chose.

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En date du 27 octobre, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, malgré les demandes de l'opposition à l'Assemblée nationale, refusait toujours de se prononcer su ce sujet.

20 octobre 2011

Une question?

Un anonyme est venu poster un message intéressant chez moi, mais je ne peux publier celui-ci sans vérifier certaines informations. Pour cela, j'ai besoin qu'il entre en communication avec moi.  Il peut le faire à l'adresse de courriel suivante: le_professeur_masque@hotmail.com .

Mais pour l'ensemble des lecteurs de ce blogue, comment peut-on vérifier si quelqu'un est bien un enseignant si on n'a que le nom de cette personne?

19 octobre 2011

Intimidation et violence en éducation: on achève bien les enseignants

On fait grand écho depuis deux jours de ces élèves qui ont écrit des menaces de mort à l'égard d'enseignants sur Facebook. Dans certains cas, ces jeunes planifiaient même des scénarios d'assassinat. 80 élèves ont été suspendus du jeudi au lundi en plus de devoir assister avec leurs parents à un atelier de sensibilisation aux risques associés à Internet. Même après cela, certains jeunes parlaient encore d'une blague et trouvaient la réaction des autorités scolaires et des adultes exagérée.

Soyons honnête: une suspension de trois jours pour avoir écrit des menaces de mort envers des enseignants, c'est plutôt cela la véritable blague. Dans les faits, il est faux d'affirmer que ces jeunes ont été suspendus trois jours. Ces trois jours s'apparentent plus à une période d'étude de cas où l'on a décidé de ce que l'on allait faire avec eux qu'à une véritable sanction. 

Toute cette histoire montre bien que le geste d'intimider, voire même de menacer de mort, est rendu banal et sans conséquence dans nos écoles. Après tout, il ne s'agit que d'enseignants. À ce propos,  faut-il rappeler qu'un individu qui a menacé sur FaceBook le premier ministre du Québec, Jean Charest, est actuellement détenu et subi son procès. J'ose espérer que la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, va se sentir interpellée par cette situation et va intervenir de tout son poids dans ce dossier. Alors qu'on parle du climat difficile de certaines écoles, la ministre ne peut tolérer de tels comportements.

De plus, il faut savoir que l'école québécoise défend très mal les enseignants dans des cas de violence, d'intimidation et de fausses accusations. 

Ainsi, il n'est pas rare qu'une direction d'école cherche à minimiser les gestes violents posés ou les paroles menaçantes émises par des élèves à l'égard d'enseignants. J'ai déjà vu des équipes de profs menacer de débrayer en soutien à des confrères agressés et où des directions envisageaient des sanctions ridicules envers les élèves fautifs. 

Comme le droit à la scolarisation des élèves est souvent plus important que la santé et la sécurité du personnel des écoles, il est arrivé qu'on demande à des enseignants de garder des élèves qui les ont agressés dans leur classe ou encore de continuer à les côtoyer dans les corridors. 

De même, quand un enseignant est victime d'intimidation ou violence, la ministre doit savoir qu'il ne peut pas compter sur l'école: il doit souvent porter seul les accusations auprès des services de police concernés. Également, quand un enseignant est accusé d'avoir posé des actes violents, il doit généralement se défendre seul. Ni son école ni sa commission scolaire ni son syndicat ne le défendront.  

Personnellement, en constatant ces faits, j'hésite aujourd'hui à effectuer des interventions disciplinaires dans mon école, car  je ne sens pas que les différents acteurs du monde scolaire sauront me défendre et m'appuyer dans mon travail. Je crains d'être démuni devant d'éventuelles représailles de la part des élèves concernés ou de leurs parents. Et je ne suis pas le seul dans ce cas.

La peur engendre la peur et crée un cercle vicieux où seuls les agresseurs finissent par être gagnants. Il est grand temps que la ministre Beauchamp montre l'exemple dans ce cas et comprenne qu'on doit protéger les enseignants si l'on veut que l'école québécoise soit un lieu où l'on peut apprendre et vivre en toute sécurité.

16 octobre 2011

Savez-vous... (ajout)

Savez-vous combien de cours reliés à l'enseignement du français reçoivent nos futurs enseignants du primaire? Une visite sur les sites Internet de différentes universités vous donnera la réponse. Mais pour le plaisir de la chose, voici ce qu'il en est à l'Université de Montréal.

Cours obligatoires
DID1010A Français écrit pour futurs enseignants
DID1206   Didactique du français - BEPEP 1
DID2203   Didactique du français - BEPEP 2
DID3222   Didactique du français - BEPEP 3
DID4112   Did. du français et élève en difficulté
DID4310   Did. du franç. et diversité linguistique

Cours optionnels
DID2900 Didactique de l'art dramatique
DID3401 Culture, littérature jeunesse et did.

Dans les faits, la formation qu'un étudiant universitaire reçoit s'élève à six cours sur trente-trois, si on exclut les stages. La situation est sensiblement similaire à l'UQÀM avec cinq cours de base et un cours optionnel.

Ce qui est intéressant est que le français au primaire n'a pas besoin d'être enseigné par un spécialiste contrairement à l'anglais. On prend pour acquis que, parce que l'étudiant sait parler cette langue, il a moins besoin de formation que celui qui enseignera l'anglais. Et pourtant, la question mérite d'être posée: compte tenu des difficultés en français des jeunes québécois et que le primaire est au début de la maitrise de cette langue, y aurait-il lieu que ceux qui enseignent le français au primaire soient des spécialistes?

15 octobre 2011

Comportements répréhensibles sur le blogue de Stéphane Laporte

J'aime bien lire des blogues. Par curiosité, par culture ou par amitié virtuelle. Je lis aussi ceux qu'on retrouve sur les grands sites de certains médias. Je remarque que le comportement de leurs auteurs est très variable. Certains modèrent les propos des intervenants, d'autres y répondent.

Ce petit billet ce matin à propos du comportement discutable qu'on retrouve sur le blogue de Stéphane Laporte de Cyberpresse. Je ne peux affirmer qu'il s'agit de Stéphane Laporte lui-même, aussi me faut-il faire preuve de prudence dans mes affirmations.

Toujours est-il que j'ai pu constater que le blogue de M. Laporte comporte des erreurs de faits et de langue que certains lecteurs lui soulignent dans leurs commentaires. Ce que l'on remarque, c'est qu'une personne corrige ces erreurs par la suite sans indiquer avoir procédé à de tels changements, dénaturant ainsi la portée des interventions des lecteurs.

Ainsi, dans ce billet, le 11 octobre à 10h10, philbouch88 souligne à M. Laporte que la CFL n'est pas une «ligue à 4 équipes» comme il est mentionné originalement dans le texte qu'on retrouve sur Cyberpresse. La correction est apportée (en douce), laissant en plan le commentaire du lecteur. Procédé discutable.

Même chose dans ce billet où M. Laporte s'insurge contre la publication d'une photo d'autopsie de Michael Jackson en écrivant: «Je ne crois pas que nous avons besoin de voir cette photo d'un mourant.» On sait tous qu'on ne fait pas l'autopsie d'un mourant, mais d'un mort (du moins, on l'espère!). L'erreur est signalée le 12 octobre 2011 à 21h53. Quelqu'un corrige celle-ci sans le mentionner par la suite. Même procédé discutable.

Un tel comportement ne me semble pas digne d'un blogueur d'un grand média. Pour ma part, il est intellectuellement discutable de modifier le contenu d'un billet à la suite d'une intervention d'un lecteur sans l'indiquer formellement. D'ailleurs, quelques blogueurs de Cyberpresse respectent cette ligne de conduite. Je ne crois pas ici que la personne qui agit de la sorte sur le blogue de M. Laporte soit foncièrement malhonnête puisqu'elle autorise quand même les commentaires des lecteurs soulignant ces erreurs.

Enfin, je trouve déplorable qu'une personne corrige en douce des erreurs de faits, mais pas celles qu'on lui rapporte concernant la qualité de la langue utilisée dans des billets. Des lecteurs ont signalé sur le blogue de M. Laporte des erreurs inadmissibles et elles sont encore là. Par exemple,  à la suite d'un billet sur l'utilité du cégep, des intervenants ont signalé les erreurs suivantes à M. Laporte: mauvaise utilisation de la majuscule dans le mot «cégep»,  «Les filles de Villa-Maria aussi avait hâte...» ou encore «au grand plaisir de bien des petits garçon».  Qu'on se comprenne bien: personne n'est parfait, moi le premier. Mais quand un blogueur d'un média reconnu laisse de telles fautes dans ses textes après qu'on les lui ait indiquées, c'est inconcevable.

12 octobre 2011

Le stage de Kassandra à Tou.tv

Dans La Presse ce matin:

Nouveauté à surveiller: Le stage de Kassandra, une websérie qui décolle vendredi sur Tou.tv et qui raconte le parcours d'une désagréable stagiaire en enseignement du français au secondaire.


Cette émission est en ligne ici. On se souviendra que j'ai déjà parlé de cette série dans le billet suivant.

09 octobre 2011

Un nouveau sondage: évaluation des directions

Une jasette avec une amie m'amène à vous poser la question suivante: estimez-vous que votre direction est compétente? Si François Legault veut évaluer les enseignants et donner plus de pouvoir aux directions d'école, qui devrait évaluer ces directions et sur quels critères devrait-on le faire?

Pour ma part, il serait ridicule que les enseignants n'aient pas leur mot à dire dans cette évaluation si on veut créer une véritable équipe-école. Le leadership pédagogique, l'application du projet éducatif et du code de vie par la direction, ce sont les enseignants qui sont les mieux placés pour constater comment celle-ci en ces domaines.

Si certains avancent que des enseignants pourraient en profiter pour régler leur compte avec une direction, je me demande pourquoi cette crainte ne s'applique pas quand on parle de l'évaluation des enseignants par une direction.

06 octobre 2011

C'est le temps de la chasse! (ajout)

Ça sent l'automne. Les feuilles rougissent. Il fait froid. Les gros pick-up se promènent dans les petits sentiers et des chasseurs Badaboum errent dans les forêts. Bref, c'est le temps de la chasse.

Après deux semaines de cours, j'ai enfin débusqué ma première prise. Il ne m'a pas fallu longtemps pour épier la classe, chercher des pistes et découvrir: mon premier cas de TDA.

«PM, tu n'es pas médecin. Ne pose pas de diagnostic», me direz-vous. Sachez que cet élève a été évalué et prend une médication depuis le primaire. Simplement, ses parents ont décidé de lui donner une chance à son entrée au secondaire et de cacher cette situation à ses enseignants. Quelle belle idée humaniste! Évitons de stigmatiser un jeune. Alors que le passage du primaire au secondaire est un moment important du parcours scolaire d'un individu, assurons-nous de lui retirer une partie du soutien qui lui a permis de terminer avec succès sa sixième année et laissons-le expérimenter le secondaire sans filet!

Deux semaines à voir un jeune sans méthode de travail, sans organisation, qui gribouille des devoirs informes et échoue ses évaluations. Deux semaines où il est assis dans le fond de la classe à rêver, à jouer avec des crayons et à faire des grimaces.

Si je n'avais pas appelé à la maison, je n'aurais rien su. Après plusieurs commentaires subtils et invitants de ma part, la mère de l'enfant a finalement reconnu la situation de son enfant. Mais je ne peux rien dire ou faire encore comme démarche auprès de mes collègues ou de la direction. Elle doit en parler à son conjoint qui est à l'origine de ce silence.  Ah oui! ce dernier travaille dans le domaine des services sociaux...

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Je suis allé consulté le dossier de cet élève ce matin. Généralement, les écoles primaires nous les envoient quand le jeune passe au secondaire. Un chemisier rigoureusement vide...

03 octobre 2011

Facebook et les dérapages en situation de crise

Avis:
J'ai établi entre plusieurs de mes élèves et moi divers liens de communication afin de favoriser leurs apprentissages scolaires. Par exemple, nous partageons adresses de courriel, iChat et FaceBook. Les adresses que je leur ai fournies n'ont été créées qu'à cette fin et je veille à ne transmettre aucune information de nature personnelle à l'aide de celle-ci ou encore à écrire des propos qui pourraient s'avérer déplacés.

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Sans entrer dans les détails, les comptes FaceBook de mes élèves ont été très actifs au cours des derniers jours. Un jeune très populaire dans la région est mort et son décès a soulevé beaucoup d'émotion dans le milieu scolaire. Si on a assisté à une vague de tristesse et de larmes, certains comportements m'ont beaucoup questionné.

Tout d'abord, la nouvelle s'est transmise comme une trainée de poudre avec ses inexactitudes et ses rumeurs. C'est normal, FB formant une communauté qui échange des informations. Puis, il y a eu une vague de sympathie. Sauf que c'est là que j'ai cru assister à des dérapages préoccupants.

Le premier est le fait que cet événement est devenu L'Événement. Tous en parlaient, tous le commentaient. Chacun se sentait obligeait d'y «participer» en quelque sorte. On a créé des pages FB de recueillement, des activités. Aurait-on connu une pareille ampleur sans FB? J'en doute.

L'Événement a attiré des gens par solidarité mais aussi par opportunisme et mimétisme. Dans la mesure où l'on connaissait quelqu'un qui connaissait quelqu'un qui connaissait... il fallait en être. Tout le monde semblait tomber en deuil tandis que d'autres étaient mal de ne pas se sentir concernés, sentaient qu'ils devaient être concernés et subissaient, sans que cela soit voulu, une certaine pression populaire. Si on n'était pas avec la vague ou qu'on la questionnait, on devenait contre elle.

Par ailleurs , s'il est sain de dire sa peine et de la partager, je m'interroge sur le fait qu'un tel deuil devienne public et ne demeure pas personnel. Il existe des effets dangereux de renforcement à dire et à partager sa peine entre jeunes sans que cela soit «supervisé» ou «encadré» par des adultes ou des spécialistes. Les risques que les jeunes, laissés à eux-mêmes dans cet espace virtuel, alourdissent leur chagrin sont réels. L'émotivité nous amène à dire des paroles ou à pousser des gestes dont les conséquences peuvent être néfastes. Par exemple, promettre de gagner un tournoi de hockey en l'honneur de l'élève décédé, quelle lourde promesse! Quelle déception et quelle culpabilité si on perd! Ou encore, remplacer sa photo FB par celle du disparu. Pas évident de l'enlever de là un jour sans avoir l'impression de trahir la mémoire de celui qui nous a quittés.

Dans le cas d'un jeune qui se serait suicidé, il y a aussi le risque que cette vague de sympathie et de «popularité posthume» fasse naitre dans l'esprit d'un élève malheureux le scénario d'être aimé de la sorte en posant le même geste irréparable.

Je ne suis pas intervenu sur FB durant ces événements parce qu'il ne s'agissait pas directement de mes élèves, même si une partie de mon école a été touchée par cet événement. Mais il demeure néanmoins que tout cela m'a fait prendre conscience de la force des médias sociaux et des risques qui y sont reliés. De même, cette situation me montre à quel point, comme parent ou éducateur, on doit accompagner nos jeunes sur la Toile.