28 septembre 2011

À propos de collusion

Je me demande ce dont les Québécois auront besoin pour comprendre que la gestion de l'appareil gouvernemental souffre de graves lacunes et que plusieurs de nos politiciens, à tout le moins, se sont placés dans des situations fort discutables. On réalise mal les sommes importantes qui sont détournées des projets sociaux pour aller enrichir certaines entreprises et certains individus. Pourtant, on aurait tant besoin de financement supplémentaire dans certains cas. Pour prendre un raccourci, oubliez un orthopédagogue pour votre enfant: l'argent sert à acheter un Hummer à M. X.

Le pouvoir d'influence des grandes firmes d'ingénieurs n'a pas besoin de s'exercer pour promouvoir un projet spécifique. Il suffit simplement que le gouvernement favorise la construction de centrales hydro-électriques plutôt que la réduction de la consommation d'énergie pour être satisfaites. Vous trouvez normal qu'Hydro-Québec ne soit pas un leader mondial en matière de néga-watts»?

Un dernier point: on parle beaucoup de l'efficacité du secteur privé. Avec la faillite du système bancaire et des grands de l'automobile aux États-Unis ainsi que la collusion qu'on semble constater au Québec, vous y croyez encore? Où sont l'institut économique de Montréal, les Éric Duhaime et autres pourfendeurs de l'État? On voit très bien ce qui arrive quand on laisse un ministère, comme celui du Transport, aux mains de certaines firmes privées.

25 septembre 2011

Mythe 2: le décrochage scolaire (ajout)

Au Québec, il est de bon ton de parler de décrochage scolaire sans arrêt. Même quand celui-ci se résorbe. Et il est surtout important de dire absolument n'importe quoi sur celui-ci.

Un décrochage à la baisse

En effet, les statistiques montrent que le décrochage a atteint son plus bas taux en 25 ans (voir à cet effet le billet de Marc Saint-Pierre). Bien sûr, on peut questionner la validité de la formation offerte aux jeunes, mais je ne suis pas convaincu qu'elle était mieux il y a 25 ans pour la simple et bonne raison que l'école de mon enfance n'était pas mieux ou plus que celle d'aujourd'hui.

On néglige aussi de dire que le taux de raccrochage des jeunes est important au Québec. Bien sûr, il est regrettable qu'autant d'élèves quittent le réseau scolaire, mais on ne doit pas autant oublier ceux qui y reviennent. Tout cela occasionne des coûts humains et économiques importants et on ne doit pas se contenter de cette situation. Sauf qu'au moins, peut-on s'en consoler un peu?

Il n'y a pas que les garçons qui décrochent

Cet aspect-là me donne de l'urticaire. Grosso modo, 30% des garçons décrochent avant la fin de leur secondaire contre 20% des filles. Or, le discours à la mode est que les garçons sont victimes d'une école de matantes qui les castrent. Les 20% de filles, elles, elles sont quoi? Des butchs, des garçons manqués?

Il faut entendre les Dutrizac et parfois les Arcand se lamenter de l'école québécoise sur ce point. Or, à force de véhiculer ce faux message, on en vient à ancrer des réflexes absolument incroyables chez les jeunes. Un jour, l'un d'entre eux m'a confié: «C'est normal que je décroche: l'école est pas faite pour moi, chuis un gars.» Bienvenue à l'ère de la victimisation et des fausses excuses...

La pire dérive, selon moi, est venue d'Égide Royer, un universitaire, qui a cautionné tout ce discours en enfilant les clichés et les lieux communs l'un après l'autre. «Ça manque de femmes dans nos écoles», pourrait-on dire. Parfait! Embauchons des hommes. Et surtout assurons-nous de leur virilité, parce que ça prend des VRAIS hommes, avec de la testostérone, n'est-ce pas...

Cette dérive a eu une influence sur le discours politique où le gouvernement Charest a annoncé qu'il allait mieux financer les équipes sportives scolaires pour contrer le décrochage des garçons. Parce qu'on le sait tous: les VRAIS garçons font du sport et ne s'intéressent pas aux activités parascolaires culturelles. À moins de ne pas être de VRAIS garçons, bien sûr...

Le facteur important de décrochage

On peut bien parler de méthodes pédagogiques avec le Renouveau, de l'incompétence des enseignants et de l'autonomie des écoles avec la Coalition pour l'avenir du Québec, des éléphants avec Égide Royer, il n'en demeure pas moins que le principal facteur de décrochage qu'on peut identifier avec certitude est la situation socio-économique dans laquelle vit le jeune. Point à la ligne.

Taux de décrochage au Québec, 2008-2009: milieu défavorisé (IMSE 10) = 31,1%; milieu favorisé (IMSE 1) = 12,1%
Taux de décrochage au Québec, 2008-2009: garçons milieu défavorisé (IMSE 10) = 35,9%; garçons milieu favorisé (IMSE 1) = 15,6%
Taux de décrochage au Québec, 2008-2009: filles milieu défavorisé (IMSE 10) = 26,1%; filles milieu favorisé (IMSE 1) = 8,7%

Dans certains cas, le plus grand handicap à la réussite d'un jeune, c'est tout simplement son origine sociale. On retrouve aussi une culture du décrochage scolaire au Québec, une culture où l'école passe après le travail, les loisirs et tout le reste. Mais cela, il ne faut pas le dire: la situation socio-économique et les parents sont des aspects tabous du décrochage des jeunes.

Il ne s'agit pas de culpabiliser qui que ce soit mais, si on veut régler un problème, il ne faut pas avoir peur d'en regarder toutes les causes possibles. Or, qui parle d'aider les jeunes vivant dans un milieu défavorisé, d'outiller et de responsabiliser leurs parents?

Personne.

Un sujet trop sensible. Encore plus quand on a des visées politiques comme M. Legault.

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Comme pour me faire mentir, il y a ce texte dans le Journal de Montréal ce matin. Un peu sensationnaliste, il faut l'avouer. Écrire «Il n'est pas nécessaire de réussir à l'école pour obtenir un diplôme ou un certificat» est nettement exagéré, pour ne pas dire mensonger.

Il est possible que le MELS aurait diplômé 8 000 élèves au cours des trois dernières années qui n'auraient pas réussi leur premier cycle du secondaire. Mais il faut comprendre qu'on ne parle pas ici de diplôme d'études secondaires (DES). Pour parler clairement, on parle parfois d'enfants avec des problématiques mentales et psychologiques très lourdes.

L'article mentionne que, pour l'obtention du certificat préparatoire au marché du travail (CPMT), l'élève n'a pas besoin d'avoir terminé sa scolarité primaire. Or, ce certificat existe justement pour diplômer une formation minimale, pas des études universitaires en physique nucléaire! Et le MELS en a remis un seul en 2009. On ne parle pas d'une grosse cohorte...

Quant au certificat en formation pour un métier semi-spécialisé (CFMSS), je doute, comme l'affirme ce texte,  qu'on demande de suivre des cours sans les réussir. Je vérifierai ce point.

«Pour avoir une bonne idée du taux de réussite, il faudrait ne prendre que le DES et le DEP» affirme le sympathqie Égide Royer. Même chose du côté de la Fédération des syndicats de l'enseignement. Dans un premier temps, que représentent 3 000 élèves sur le taux de diplômation annuel? Dans un second, que font les autres provinces canadiennes avec des diplômes similaires?

23 septembre 2011

Les propositions magiques

Je le répète: je ne suis pas un farouche défenseur des commissions scolaires. Mais j'ai beaucoup de difficulté à comprendre qu'on puisse publier de tels chiffres sans les questionner un peu.

Le PLQ suggère différentes mesures pour « accorder plus d'autonomie aux écoles ». Il veut réduire les responsabilités des commissions scolaires sans toutefois les abolir complètement comme le suggère la CAQ - celle-ci propose de confier leurs mandats à 30 directions régionales du ministère de l'Éducation. Le PLQ estime que des économies annuelles de 100 millions pendant trois ans seraient réalisées. Ce sont donc des économies récurrentes de 300 millions par an à terme. La CAQ précise dans son document que sa restructuration permettrait des économies de 280 millions.

Sur quelles études se base-t-on pour avancer de tels chiffres? Comment se fait-il qu'on perde tout sens critique devant de tels énoncés politiques? Si le MELS affirmait qu'il va réduire le décrochage de 5% par année, on lui demanderait de quelle façon, avec quels moyens, etc. Ici, deux formations politiques avancent des propositions sans aucun fondement et on les considère réalistes.

Vous m'excuserez, mais je ne suis pas encore assez sénile pour croire à de tels miracles.

20 septembre 2011

Les contes de ma grammaire

Hier, j’ai donné un petit test de grammaire à mes élèves de première secondaire. Oh! Rien de bien difficile.  Quelques questions rattachées au rôle syntaxique et à la classe des groupes adjectivaux et des déterminants. De la matière de primaire. Bébéfafa, en d’autres mots.

Intermède grammatical

Grosso modo, pour les dinosaures grammaticaux, un déterminant est l’équivalent des adjectifs définis, indéfinis et autres de votre enfance : le, une, ma, cet, quel, deux, certains et ainsi de suite. Un groupe adjectival est un adjectif avec ses potentielles expansions.

Par exemple, dans la phrase «Il est con comme la lune.», con comme la lune est le groupe adjectival, con est le noyau de ce groupe et comme la lune son expansion.

Retour au programme principal

Si, dans l’ensemble, les résultats sont bons, j’ai eu quelques surprises. Des élèves qui ne savent pas que le mot bricoleur est un adjectif dans l'expression suivante: mon voisin bricoleur. Ou encore que dérangeant est un adjectif dans la phrase suivante: «Il est très dérangeant.»

Or, il faut savoir que ces gamins ont été sélectionnés pour faire partie du programme dans lequel j’enseigne. Ce ne sont pas des doubleurs ou des élèves en difficulté.

De plus, la semaine dernière, j’ai fait avec eux des tas d’analyse de la phrase : des GNs, des GV, des GFCP. Aucun problème. Des vrais pros. Alors, que dois-je penser de tout cela?

Intermède grammatical

Grosso modo, pour les australopithèques grammaticaux, le Groupe Nominal sujet (GNs) est le groupe sujet d’un phrase. Le Groupe Verbal (GV) est le verbe et ses expansions, généralement, un adverbe, un CD ou un CI. Enfin, le Groupe Facultatif Complément de Phrase (GFCP) s’apparente un peu au complément circonstanciel de votre époque. Il est effaçable, déplaçable, recyclable…

Par exemple, dans la phrase «Pierre a écrasé des marmottes ce matin.», Pierre est le GNs, a écrasé des marmottes est le GV et ce matin le GFCP.

Retour au programme principal again!

C’est là que je m’interroge. Comment un élève de première secondaire peut-il identifier les constituants d’une phrase sans être capable d’aller plus loin? Quelle compréhension d’une phrase peut-il avoir si son degré d’analyse s’arrête là?

Et il y a aussi les élèves qui ont manifestement connu un enseignement pour le moins interpelant.
Par exemple, certains utilisent des termes qui remontent à l’ancienne terminologie employée en grammaire : des adjectifs définis, des épithètes... Et je ne parle pas des fonctions étonnantes comme ce déterminant qui accompagne un nom, ce adjectif qui le qualifie et tutti quanti.

Je ne jouerai pas à blâmer les collègues du primaire pour ce que je constate dans mes classes. Je préfère travailler au présent avec les élèves devant moi.  Au delà des individus, il y a des raisons systémiques qui expliquent ce genre de situation.

Au menu, la semaine prochaine: les fonctions syntaxiques du groupe nominal. Ou comment comprendre le sens d'une phrase sans être capable de reconnaitre son sujet.

17 septembre 2011

Prof, clown et entertainer?

Madame Paola écrivait dans un commentaire au billet précédent:

Sans vouloir vous relancer, voici le message de la semaine...

Madame, c'est l'anniversaire de ma fille lundi prochain. Comme je ne peux m'arrêter de travailler lundi, je me demandais s'il vous serait possible de m'accorder de votre précieux temps. Je vous propose de vous donner 50$ afin que vous organisiez une petite fête pour ma fille en classe la semaine prochaine. 
Merci beaucoup madame.
(Le papa de ...)

Ben oui...Pourquoi pas!!!

Paola ;)

Je savais qu'on devait être infirmière, psychologue et quoi encore! Mais animateur d'anniversaire de naissance? Je crois cauchemarder!

14 septembre 2011

L'excuse de la semaine

Une élève n'a pas fait son devoir hier. Son excuse:
- Monsieur, on recevait des Français à souper et ils sont partis tard.

Il a fallu que je me retienne pour ne pas rire et ajouter:
- Tu es chanceuse: au moins, ils sont partis.

Méchant Québécois que je suis...

11 septembre 2011

Mythe 1: l'abolition des commissions scolaires

C'est un secret de Polichinelle que la Coalition pour l'avenir du Québec muera en parti politique d'ici les prochaines élections provinciales. Au menu de cette future formation politique, l'on retrouve bien sûr l'idée d'abolir les commissions scolaires. Pourtant, depuis que l'ADQ a lancé cette idée, on nage dans la pensée magique. En effet, aucune étude sérieuse n'est venue appuyer les effets positifs qu'engendrerait ce changement. À vrai dire, on se croirait de retour quinze ans en arrière avec le Renouveau pédagogique.

Ce matin, dans le Journal de Montréal, François Legault précisait un peu plus ce projet d'abolition: «(...) on va mettre les écoles autonomes, on va abolir les commissions scolaires, on va avoir des petites directions régionales qui vont juste répartir les ressources et les élèves.» Plusieurs questions surgissent à mon esprit.

Une réforme structurelle appropriée?

Ainsi, on ferait disparaitre les commissions scolaires (CS), qui ont une connaissance du territoire, des clientèles et du personnel, au profit d'une direction régionale (DR) restreinte mais complètement déconnectée de la réalité. Or, c'est l'inverse qu'il aurait convenu de faire! Éliminer les directions régionales dont on se demande à quoi elles servent, réduire le nombre de CS tout en leur adjoignant les gestionnaires nécessaires provenant de DR et en tenant compte des réalités régionales.

Par ailleurs, ce projet de fusion des organismes au-dessus des écoles, qui dit qu'il entrainera des économies? Combien couteront les mouvements de personnel entre ces deux entités administratives et les mises à la retraite? On se souvient encore des promesses d'économie non réalisées des dernières fusions des commissions scolaires. Comment réussira-t-on à s'assurer que certains gestionnaires ne trouveront pas une façon de sauvegarder leur poste? Quel impact aura ce projet d'abolition auprès des petites écoles et des établissements en région? Ensuite, à moins que je ne me trompe, mais l'abolition des commissions scolaires soulève également des questions de nature juridique et constitutionnelle. Cela, c'est sans compter les conventions collectives locales de milliers d'enseignants qu'il faudra changer et harmoniser puisqu'on abolira leur employeur direct.

Qui assurera les services?

Si l'on abolit les CS, qui assurera certains services? La CAQ manque de clarté à ce propos.  Je pense entre autres à l'entretien des bâtiments, la cafétéria, le service de la paie et du personnel. On risque alors de déplacer des dossiers dans les écoles, dans les mains de directions qui, inévitablement, n'auront pas toutes les compétences pour y parvenir. Il y a des limites à être un homme-orchestre, tout de même. Le service qu'on ferme à la CS, va-t-on le recréer à une échelle plus petite dans chaque école? Par exemple, combien de directeurs d'école sauront négocier correctement un contrat de déneigement à un cout avantageux? Se retrouvera-t-on dans la situation où l'on confiera au secteur privé des services qui étaient offerts à moindre cout par une CS?

De même, qu'arrivera-t-il avec les petites écoles qui n'auront pas les moyens d'embaucher un spécialiste à temps plein? Vont-elles se regrouper sous l'égide d'une table régionale pour y parvenir? Et se pourrait-il qu'on en vienne finalement à ce que des écoles se regroupent pour négocier en commun des achats ou des services?

Pourquoi tout à coup cette impression que la solution Legault nous ramènera inévitablement à la création d'organismes intermédiaires entre les directions régionales et les écoles? Pourquoi, au quotidien, la gestion des services des écoles m'amène à penser que la structure que propose le CAQ ne sera pas une solution efficace?

François Legault estime qu'en vertu de son plan, on pourra mettre à pied près de 2 000 employés dans les CS actuelles, soit environ 30 par organisme. Sur quelle étude ou analyse est-il arrivé un tel chiffre? De quels postes parle-t-on?

Pourquoi réinventer le monde?

Pour ma part, il ne fait aucun doute que les CS, depuis des années, n'ont pas su se renouveler et adapter leur fonctionnement. Politiquement, les députés qui se sont succédé au poste de ministre de l'Éducation n'ont pas su les obliger à donner le coup de barre qu'elles auraient dû et, aujourd'hui, on a l'impression que ces dernières commencent tardivement à bouger sous l'effet des pressions qu'elles subissent de toutes parts.

Si l'on peut réduire le nombre des CS, on doit malgré tout faire attention à certaines sensibilités régionales. De plus, leur mode de gestion doit cesser d'imposer des solutions provenant du haut vers le bas (top down management) pour développer une philosophie de centres régionaux de services aux écoles. Davantage de pouvoirs doivent revenir aux écoles tout en maintenant un organisme intermédiaire efficace entre elles et le ministère de l'Éducation, ce que les directions régionales proposés par M. Legault n'arriveront pas à faire.

S'il est séduisant politiquement de proposer l'abolition des commissaires scolaires, encore faut-il que cette idée soit une solution appropriée et non pas une réponse électoraliste à un problème important. Pour l'instant, la CAQ lance des idées, des chiffres sans que ceux-ci soient basés sur des analyses sérieuses et valables. Nos décideurs politiques ont la responsabilité de véhiculer au sein de notre société autre chose que des stunts électoralistes qui ne pourraient survivre pas à la réalité du pouvoir. M. Legault doit donc manifestement faire preuve d'une plus grande rigueur dans ce qu'il avance. Le monde de l'éducation a suffisamment pâti de ces belles promesses qui se sont révélées, au fil des ans, des pétards mouillés. Et bien que la CAQ ne soit pas encore une formation politique reconnue, on doit, au même titre que d'autres intervenants sociaux, questionner avec plus de vigueur les idées qu'elle met de l'avant.

Le 11 septembre...

Le 11 septembre 2001, je m'apprêtais à entrer en classe quand, au détour du local des enseignants d'univers social, j'apprends la nouvelle: à 8h46, un avion a heurté l'une des deux tours jumelles du World Trade Center. C'est en direct que je vois avec consternation un second avion s'enfoncer dans l'autre tour à 9h03.

En classe, j'explique aux élèves ce qui vient de se passer. Sous le coup de l'intuition, je leur fais écrire dans leur carnet scolaire la phrase suivante: «Aujourd'hui, le monde a changé.»

Ce matin, le président américain, Barck Obama, citait la Bible en affirmant: «Dieu est avec nous. Le dieu de Jacob est notre refuge.» Finalement, je ne suis pas si convaincu que les choses aient tant changé... Non seulement les Américains n'ont pas compris la haine que certains ressentent à leur égard, ils l'ont attisée davantage.

06 septembre 2011

La démission de Nathalie Normandeau...

On va enfin pouvoir péter sans se sentir coupables.

- les vaches du Québec

04 septembre 2011

Doit-on tolérer l'incompétence en éducation?

Pascale Breton dans La Presse signait récemment deux textes pour lesquels je préfère ne pas employer de qualificatifs. 


Le premier est intitulé:  «Doit-on tolérer l'incompétence en éducation?» Juste ce titre est biaisé. En effet, il pose comme vrais les deux postulats suivants:
1- Il existe de l'incompétence en éducation.
2- Cette incompétence est tolérée.


Vous avouerez avec moi qu'il est impossible de répondre non à une question ainsi formulée. Difficile d'être contre la vertu.


Allons maintenant voir si le texte de la journaliste est de la même eau. Et dès le début, on comprend que oui puisqu'elle affirme: «En attendant, on tolère la médiocrité dans nos écoles.» Médiocrité, rien de moins... Pas des gens moins compétents, incompétents, mais médiocres. 


Puis, elle interviewe un enseignant du primaire, Jean-François Roberge, qu'elle présente uniquement sous le titre d'enseignant de l'école La Chanterelle, sur la Rive-Sud. Or, il faut savoir que M. Roberge, c'est son droit le plus strict, est membre de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) et fait siens tous les énoncés de ce mouvement comme on peut le lire ici. Je suis désolé, mais la journaliste aurait dû informer les lecteurs de ce fait. M. Roberge n'est pas un enseignant lambda comme un autre: il est idéologiquement très engagé quant à tout ce débat. Il s'agit, quant à moi, d'une faute.


Dans le reste de son texte, madame Breton y va d'informations floues. «Ça se fait ailleurs, aux États-Unis et dans d'autres provinces canadiennes.» Lesquelles? De quelles façons? Avec quels résultats? «Les «mauvais profs» représentent une minorité dans la profession.» Quel pourcentage de «mauvais profs» retrouve-t-on dans la profession? Cinq pour cent? Dix pour cent? Quarante-neuf pour cent? Quelle est l'étendue du problème? Pour combien de profs monte-t-on aux barricades? De plus, elle est dans l'erreur quand elle écrit que «Même les notes négatives inscrites au dossier de l'enseignant à la commission scolaire s'effacent après quelques mois.»


Enfin, lorsque la journaliste affirme que les directions d'école se sentent démunies devant les recours pour congédier un enseignant, elle se fait le perroquet d'un discours qui a besoin d'être mis en contexte. Ainsi, pourquoi devrait-on être étonné que «Pour entamer un processus disciplinaire, la direction doit constituer un dossier avec des faits précis, survenus à des moments précis»? Il est tout à fait raisonnable qu'il en soit ainsi. Devrait-on accepter qu'on congédie des gens sur des suppositions, des approximations? Ce n'est pas tant de ce processus que devraient se plaindre les directions d'école que du manque de ressource pour les appuyer dans leur démarche. Même chose pour la supervision des enseignants qu'elles n'arrivent souvent pas à faire.


Dans un deuxième texte maintenant, Mme Breton continue son réquisitoire. Dès l'intro, elle y va de l'affirmation suivante: «À moins de commettre un crime grave, un enseignant «moyen» peut poursuivre toute sa carrière sans acquérir de nouvelles qualifications ni être inquiété outre mesure par la direction de son école.» 


Sait-elle seulement pourquoi il en est ainsi? Parce que certaines écoles et commissions scolaires n'assurent aucune formation continue des enseignants. Les journées pédagogiques, par exemple, sont devenues des journées administratives où l'on nous apprend à compléter des formulaires, des documents. Dans mon école, où les adjoints changent aux deux ans, elles sont l'occasion d'être informés des nouveaux changements instaurés par les nouveaux venus. Les règles entourant les réservations d'un autobus changent au même rythme que les feuilles des arbres tombent! Alors, pour la formation, oubliez ça! On est trop occupés à nous bureaucratiser!


Par la suite, la journaliste explique que peu d'enseignants sont véritablement congédiés au Québec. Après tout, le titre de ce texte n'est-il pas «Enseignants: de très rares congédiements»? Ainsi, elle nous apprend que 24 enseignants ont été congédiés au Québec et seulement deux pour des motifs reliés à leur véritable compétence. Encore une fois, un peu de contexte aurait été apprécié. Combien d'enseignants sont congédiés dans les autres provinces qu'elle ne nomme pas? Par exemple, en Ontario, tiens, où l'on retrouve un ordre professionnel. Ensuite, que fait-on des congédiements déguisés? J'ai connu deux cas de démissions fortement suggérées par une direction. Et faut-il obligatoirement des congédiements? Je songe entre autres à cette direction qui, plutôt que de jouer à lyncher des profs, a assuré un rôle de supervision et d'encadrement qui a permis à certains enseignants de retrouver le droit chemin.  


Ce qui me désole des textes de Mme Breton, c'est leur absence de rigueur mais aussi qu'ils véhiculent un discours à la mode sans aller au-delà des clichés les plus éculés. On s'attend d'un article écrit par une journaliste de La Presse qu'il nous informe. Pas qu'il soit un ramassis d'à-peu-près.


Dans ce discours à la mode, on vise toujours les enseignants du primaire et du secondaire. À croire que la médiocrité n'existe que là.  Jamais on ne s'intéresse aux directions d'école incompétentes, par exemple, à ou d'autres ordres d'enseignement. Un prof de cégep qui scrappe des élèves, ça n'existe pas.


On parle aussi d'évaluation des enseignants sans rarement décrire comment cela se fait ailleurs. Tout comme on ne décrit pas ce qui existe au Québec comme encadrement au niveau des collèges et des universités. Là-dessus, rendons à Mme Breton le mérite de s'être informée auprès d'un collège privé, même si de telles procédures existent aussi dans certaines écoles publiques. (Comme s'il n'y avait que le privé qui ne tolérait pas l'incompétence. Tiens, juste dans mon coin, il y a plus d'élèves qui quittent le privé pour venir à mon école que l'inverse. Devinez pourquoi?) 


Si on décide d'aborder ce sujet, qu'on le fasse donc avec sérieux et rigueur. Pour l'instant, on est dans le même niveau d'analyse et de pensée magique que les débats sur l'abolition des commissions scolaires et le décrochage des garçons... On va finir par ancrer dans la tête des gens que les profs du secteur public sont des incompétents tout en voulant d'un autre côté valoriser l'école. Chercher l'erreur. Laissons de côté congédiement et incompétence pour parler davantage de formation et de formation continue des enseignants. Il est faux de penser qu'on pourra congédier 200 profs demain...  Pourquoi consacrer tant d'énergie à une action négative et ne pas plutôt travailler à améliorer tous les enseignants du Québec? Pourquoi ne pas encourager et reconnaitre ceux qui vont se doter d'une formation supplémentaire à celle obtenue à l'université, par exemple?


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En passant, voici quelques autres faits que Mme Breton aurait pu inclure dans ses textes à propos de la compétence des enseignants:


- Les programmes en éducation accueillent des étudiants dont la cote R collégiale est faible. Certains doivent même suivre des cours de mise à niveau en français alors qu'ils veulent enseigner... le français.
- Le gouvernement et les syndicats se sont entendus dans le cadre des négociations sur l'équité salariale pour accorder moins d'importance à la scolarité des enseignants. Le proverbe «Qui s'instruit s'enrichit» a alors été désavoué d'une façon pour le moins paradoxale. Quand le message vient de si haut...
- Pour des raisons financières, dans plusieurs champs d'enseignement, les universités forment un nombre d'enseignants de loin supérieur aux besoins nécessaires, évitant ainsi de sélectionner les élèves ayant les résultats les plus forts.
- Le MELS permettra sous peu aux futurs enseignants de reprendre autant de fois le TECFÉE que nécessaire. Qu'en pensent MM Legault et Roberge?
- La rumeur veut qu'il soit pratiquement impossible de faire échouer un stage à un étudiant en enseignement, les superviseurs des universités semblant généreux.
- Avec la réforme du bac en enseignement et l'ajout d'une quatrième année, on décerne automatiquement le permis d'enseigner à un finissant universitaire alors qu'autrefois, il devait compléter une période de probation de deux ans. Cette dernière était de loin plus exigeante que ce que l'on retrouve aujourd'hui. 
- La mise à la retraite de nombreux enseignants sous le gouvernement Bouchard a créé de toutes pièces une pénurie, ce qui fait que, pendant plusieurs années, on a embauché à peu près n'importe qui. En anglais, avec les idées du gouvernement Charest en matière d'enseignement, les portes sont toutes grandes ouvertes. Yess, no, toaster...
- Les directions d'école ont le beau jeu de se plaindre, mais ce sont souvent elles qui embauchent, supervisent et évaluent les enseignants. Or, comme elles sont souvent affectées à une école pour deux ans, croyez-vous qu'elles accordent toute l'attention nécessaire à ce dossier, surtout quand elles sont débordées par une foule d'autres tâches?  


Toute cette problématique est de loin plus compliquée que la pensée magique et les textes de La Presse.

03 septembre 2011

Pensée du jour

Que penser d'un système scolaire qui peut forcer des parents à acheter un uniforme à 150$ mais qui est poursuivi en justice parce qu'il leur a demandé d'acheter un dictionnaire et des romans?

02 septembre 2011

Tenue vestimentaire à l'école: l'indécence à géométrie variable

Ce matin, le JdeM révèle le fait que le Centre jeunesse Montérégie fait une campagne pour inciter ses intervenantes à s'habiller décemment au travail.

Le monde de l'éducation, on ne se le cachera pas, est aux prises avec un dynamique similaire. Ce qui est particulier est qu'on y retrouve une logique à deux vitesses. Ainsi, à mon école, les élèves doivent porter des vêtements qui respectent les normes de la «décence» et de l'«hygiène». Ensuite, on décrit de façon assez précise les caractéristiques desdits vêtements.

Or, on remarque que certaines éducatrices ne respectent pas ces règles dans leur tenue vestimentaire. Elles sont donc, si on se base sur le code de vie imposé aux élèves, indécentes.  Difficile ici d'expliquer que certaines règles s'appliquent à des jeunes et d'autres à des plus âgés. La décence n'a pas d'âge et ne devrait pas être un concept à géométrie variable dans une école. Mais je n'ose à peine imaginer la réaction si une direction d'école osait exigeait la même tenue vestimentaire de la part des élèves et des employés. Pourtant, en tant qu'éducateurs, comment peut-on être contre la décence, surtout quand on l'exige de la part des autres?