28 janvier 2007

Les mots manquent...

Un de mes élèves est décédé subitement vendredi et je suis tout simplement dévasté. Déjà, ses collègues de classe et moi échangeons par courriel. La nouvelle fait mal et la mort paraît encore plus absurde.

Je commençais à prendre l'habitude de prêter mes livres à ce grand gamin réservé en classe et on s'était promis une bonne jase de romans ensemble. De toute façon, cette rencontre était inévitable, que je me disais, et on avait bien le temps.

Je le vois, toujours plongé dans un livre. Fantastique, chevalerie, roman mystique... On avait échangé rapidement sur le Code de Vinci et il dévorait déjà Le Troisième secret de Fatima. Rien de bien profond, mais lire n'est pas obligé d'être toujours profond et mes livres ne sont pas obligés de rester toujours entre mes mains.

Il n'y aura pas de jase, pas de livres prêtés, pas d'étincelle dans les yeux à chaque page. Lundi matin, on retrouvera plutôt un pupitre vide, vingt-quatre élèves et un prof aux yeux pleins de larmes et de tristesse.

Mes pensées accompagnent ses parents et amis à qui je pense très fort.

20 janvier 2007

À bas l'ancienneté?

Pour une fois, j’avais envie de parler un peu de moi et surtout de mes élèves, vaillants et travaillants, qui viennent de terminer une dure semaine consacrée à la hantise des jeunes : celles des exposés oraux ! Mais voilà, ma lecture des journaux du matin m'a fait avaler mon café de travers.

En effet, la CSDM annonce son intention de remettre en cause le principe de l'ancienneté dans l'attribution de certaines tâches des enseignants. Motif invoqué: le bien-être des enfants devant un mouvement de personnel parfois aberrant.

Désolé, mais commençons en affirmant que la CSDM n'a pas trop de leçon à donner quant à sa façon de se préoccuper du bien-être de ses élèves. Allez scruter comment on augmente le salaire des hauts dirigeants de cette CS, comment on dépense en frais de représentation et en déplacement... Il en y a du fric qui ne descend pas dans les classes, croyez-moi! Et la situation est similaire dans bien des commissions scolaires du Québec.

De plus, une partie du problème soulevé par la CSDM est directement imputable à sa gestion déficiente. En effet, les mouvements de personnel enseignant sont souvent occasionnés par une mauvaise évaluation des effectifs scolaires. Qu'on m'explique comment on peut mal évaluer le nombre d'élèves d'une école quand, au Québec, terre d'exception culturelle en Amérique du Nord, la majeure partie des déménagements ont lieu en juillet? Dans la même veine, pourquoi également attendre à la fin octobre pour procéder au recensement officiel du nombre d'élèves par école?

Même la présidente de la CSDM, Diane De Courcy, admet les insuffisances de son organisation dans un texte publié dans La Presse: «La commission scolaire reconnaît qu'elle devra faire son bout de chemin, notamment en permettant un décompte des élèves plus tôt qu'à la fin de septembre. (…) On doit raffiner nos outils, c'est vrai, mais les parents aussi devront être sensibilisés à l'importance de faire le choix de l'école au bon moment et de nous informer des déménagements prévus.» On peut lire dans un autre article publié dans Le Devoir que la présidente avoue que, pour y parvenir, la commission scolaire devrait effectuer des prévisions de clientèle plus justes et rappeler aux parents l'importance de l'aviser lorsqu’ils déménagent. En se basant sur ces faits, il me semble que la logique veut qu'on règle les problèmes dans sa cour avant d'embêter les voisins.

En fait, à long terme, ce que la CSDM veut obtenir, c'est ce qu'on appelle le droit de gérance dans l'attribution des postes des enseignants. C'est-à-dire que ce serait le directeur d'une école décide qui il place à tel et tel poste. «Hourra!», s'exclameront les antisyndicaux qui aiment casser du sucre sur le dos des enseignants. Voici cependant quelques pistes de réflexion pour les amener à voir la chose sous un autre angle.

Sur quels critères objectifs sera déterminée l'attribution des postes? Dans une école que je ne peux nommer, la blondeur des cheveux et la taille de la poitrine semblaient deux critères importants pour un directeur quand venait le temps d'accorder des postes de remplacement. On risque de nager en plein arbitraire, de verser dans la discrimination ou le sexisme sans critère objectif et neutre. Attention: je ne dis pas que l'ancienneté est un critère intelligent, mais, pour paraphraser Churchill, il est peut-être le moins pire.

Ensuite, en donnant un droit de gérance aux directions d'école, on ne réalise pas à quel point on remet à ces dernières le droit d'être des petits tyrans absolus. Je m'explique. Si un enseignant est trop revendicateur ou dénonce une situation nuisible à des élèves, rien n'empêchera une direction de punir ce dernier en lui donnant une tâche abominable l'année suivante. Même avec les contraintes des conventions collectives actuelles, j'ai déjà vu des directions pousser littéralement à la retraite des enseignants compétents, mais trop dérangeants.

Si elle tient tant à s'occuper du bien-être des élèves, pourquoi la CSDM ne tente-t-elle pas plutôt de régler les problèmes importants reliés à la réforme en cours ou encore de cesser de remplir des classes à pleine capacité pour sauver des sous?

Pour en savoir plus:

http://www2.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2007/01/20070119-075925.html

http://www.cyberpresse.ca/article/20070119/CPACTUALITES/701190811/1028

http://www.ledevoir.com/2007/01/19/127950.html

18 janvier 2007

Le bulletin réformé (la suite sans fin)

Rions un peu! On apprenait dans Le Devoir du 18 janvier que le nouveau bulletin réformé de la Commission scolaire de Montréal sera à nouveau modifier. À quelle version est-on rendus au fait?

Une question maintenant: depuis combien d'années la réforme est-elle en vigueur au Québec? Une fois que vous aurez trouvé la réponse, dites-vous que, même après tout ce temps, les charmants pédagogues du MELS et de la CSDM n'ont pas réussi à produire un bulletin clair, cohérent et efficace.

Rions un peu, mais rions jaune...

Pour en savoir davantage:

http://www.ledevoir.com/2007/01/18/127814.html

14 janvier 2007

Les étudiants en enseignement (la suite)

Voilà qu'on apprend dans l’édition du Devoir du 10 janvier 2007 que les universités ont décidé de s'assurer de la qualité du français écrit des futurs enseignants en imposant un nouvel examen plus exigeant et que deux échecs consécutifs entraîneront tout simplement une interruption des études de l'élève recalé pour une période d’au moins un an. Ce nouveau test répond à une des demandes du rapport de la commission Larose portant sur la qualité du français rendu public en 2001. On jugeait qu'on devait aussi évaluer la qualité des connaissances générales des futurs profs, mais cette recommandation est demeurée lettre morte.

Réjouissons-nous donc! Pas si vite… Je ne veux pas être rabat-joie, mais savez-vous pourquoi on tolère autant d’analphabètes dans les programmes d’enseignement? Tout d’abord, pour combler la pénurie de professeurs dans certains domaines, mais aussi pour que certaines facultés des sciences de l’éducation ne soient pas obligées de sabrer dans leur budget et leur personnel. Bref, on admet des cancres pour conserver des emplois… Si, si, si! L’information me vient d’une excellente source.

Sachant ce fait, croyez-vous sérieusement que les universités vont tuer le veau gras comme ça, sans trouver une façon de s’assurer de préserver leurs acquis? Faut-il croire ce doyen qui affirme que la forme des tests sera changée, mais sera toutefois plus difficile?

J’ai mes réserves. Déjà, on a pris soin de placer le test à la fin de la deuxième année d’études, avant les stages. Pourquoi croyez-vous? Clientèle, clientèle… De plus, il s’est écoulé six longues années avant la mise en œuvre de cet examen. On ne pas dire qu’on s’est dépêché… à résoudre une situation qui est tout simplement catastrophique.

Pour en savoir davantage:

http://www.ledevoir.com/2007/01/10/126934.html

08 janvier 2007

En parlant d'argent dépensé au MELS

Petit article peu important publié ce matin dans le J de M. Peu important en terme d'espace, mais éloquent quant à la mentalité qu'il traduit.

Le journaliste, Jean-Philippe Pineault, a analysé les dépenses encourus en 2005 par des formations et des conférences suivies par les directeurs, sous-ministres et sous-ministres adjoints du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS). Il en relève 96 qui ont coûté 18 098 $ aux contribuables et dont le lien avec l'éducation peut sembler discutable.

Là ou l'on peut rigoler, c'est qu'on se peut se demander si ce n'est pas le ministre lui-même qui les a suivies tellement elles pourraient lui être utiles! Regardez un peu:
  • développer l 'affirmation de soi (1 participant - 650$) ;
  • leader: Qui suis-je? (5 participants- 35 $) ;
  • réussir ses interventions en public (9 participants - 650 $)
  • préparation à la retraite (9 participants - 295 $)

Trêve de méchancetés et notons que l'on peut consulter ce texte à l'aide du lien suivant:

http://www2.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2007/01/20070108-055101.html

07 janvier 2007

Revendications parentales

Voilà qu'on apprend que la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) souhaite la création d'un poste d'ombudsman de l'élève. Cette idée mérite d'être explorée, mais la façon dont elle est défendue par la présidente de la FCPQ laisse un goût amer.

Un tel ombudsman «pourrait, entre autres, trancher dans les cas de litige entre les enseignants et les élèves, mais également traiter les plaintes de parents d'élèves en difficulté qui jugeraient que leurs enfants ne reçoivent pas tous les services auxquels ils ont droit», explique la présidente de la FCPQ. Actuellement, c'est le conseil des commissaires des commissions scolaires qui a le dernier mot

Selon Mme Miron, il est illogique que le Conseil des commissaires ait le dernier mot puisqu'il lui arrive souvent d'être en conflit d'intérêts et de pencher en faveur des enseignants. Elle croit de plus que ce mécanisme est essentiel à défaut d'un ordre professionnel des enseignants aurait permis un traitement des plaintes efficace et indépendant, une idée qui aurait été abandonnée en 2005 par la majorité des professeurs.

Je serais fort surpris que cette proposition soit adoptée par le ministère. Les commissaires scolaires ne se départiront sûrement pas de leur pouvoir décisionnel, les directions d'école ne voudront pas d'un autre joueur dans leurs pattes et les syndicats ne rouvriront pas leur convention collective comme ça. Par ailleurs, s'il fallait qu'un ombudsman indépendant se penche sur la qualité des services offerts aux élèves, le MELS en prendrait pour son rhume, croyez-moi. Pour cette seule raison, le ministre Fournier va tout faire, je crois, pour reléguer cette idée aux oubliettes.

Mais ce qui agace surtout, c'est l'attitude de Mme Miron. On la voit souvent blâmer les enseignants, mais jamais le ministère ou les cadres scolaires. Et encore moins certains parents qui sont de véritables tue-élèves... Pourrais-je demander l'avis de cet ombudsman quant à un de mes élèves parti en voyage trois semaines durant l'année scolaire? Ou encore quant à cet autre élève qu'on envoie dans mes classes à cause de son âge alors qu'il a doublé une année scolaire et n'a pas réussi une autre?

Quand Mme Miron affirme que les commissaires penchent en faveur des enseignants, j'aimerais bien qu'elle fournisse des exemples précis parce que la plupart des commissaires que j'ai rencontrés sont plutôt hostiles aux professeurs, quand ils ne les détestent tout simplement pas. Je me rappelle d'un cas d'enseignant agressé physiquement par un élève et qui a été porté devant un conseil des commissaires. La mesure disciplinaire donnée à l'élève était tout bonnement ridicule.

D'autre part, les enseignants n'ont pas abandonné l'idée d'un ordre professionnel en 2005. Ils n'en ont tout simplement jamais voulu. J'aurais d'ailleurs sûrement l'occasion de revenir sur ce sujet dans un prochain billet.

Au lieu d'établir des ponts entre les parents et les enseignants, il est dommage que Mme Miron, depuis quelques années, casse du sucre sur le dos de ceux qui s'occupent, et ils sont parfois les seuls, des enfants au Québec.

Pour terminer, enfin, voici une information qui n'a pas encore été diffusée et qui vient bien compléter ce billet. La FCPQ recommandait également la création d'un poste de commissaire-élève. Devinez qui s'est opposé rapidement à cette idée? La fédération des commissions scolaires du Québec, bien sûr!

Pour en savoir plus sur ce sujet :
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2007/01/07/001-ombudsman-eleves.shtml