30 avril 2007

La marâtre affronte Claudine Potvin

Un récent billet de La marâtre m'oblige à revenir sur un sombre personnage médiatique que je m'étais promis d'oublier, mais qui revient me hanter à nouveau. J'ai nommé: Claudine Potvin (musique funèbre, s'il vous plait).

En effet, La marâtre s'est coltinée à l'illustre personnage scolaire sur le blogue qu'elle possède sur Canoe et a reçu une bordée de propos disgracieux en guise de réponse dans la section Commentaires. Notre vertueuse amie se promettait donc de se plaindre auprès des gens concernés du comportement de la dite chroniqueuse en éducation.

Ne reculant devant rien, j'ai envie de lui donner un coup pouce tout en administrant un coup de pied à notre chère accompagnatrice scolaire. Aussi, je suggère de diffuser la lettre suivante sur les blogue des gens que vous connaissez et d'inviter le plus d'individus possible à la faire parvenir à l'adresse suivante: blogue@canoe.quebecor.com .

Qu'en pensez-vous?

Pour ma part, je ne vous cacherai pas que j'ai déjà expédié mon courriel au modérateur des blogues de Canoe...

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Madame, Monsieur,

J'aimerais porter à votre attention les propos disgracieux de votre blogueuse en éducation, Mme Claudine Potvin.

À plusieurs reprises, celle-ci insulte les gens qui ne partagent pas ses avis ou met en doute leurs facultés intellectuelles. Le ton de ses commentaires, les conclusions qu'elle tire d'informations souvent parcellaires m’incitent à vous suggérer qu’elle fasse preuve d’un peu plus de retenue dans ses chroniques.

Dans certains cas, les propos qu’elle tient à l’égard de gens dûment identifiés ou facilement identifiables relèvent tout simplement du libelle diffamatoire et pourraient entraîner des poursuites devant les tribunaux. Des Jeff Fillion et des Stéphane Gendron n’ont pas leur place dans des débats sur l’éducation.

Par ailleurs, je considère qu’il est inexcusable que les propos d’un blogueur en éducation soient truffés d’autant de fautes d’orthographe, de grammaire, de ponctuation et de vocabulaire.

Voici un exemple ironique parmi tant d’autres : dans un billet intitulé «Drôle de commandite (sic) », Mme Potvin reproche à mots couvert à deux jeunes élèves de consacrer plus de temps à recueillir des fonds pour un projet scolaire qu’à étudier. Elle écrit alors : «Croyez-vous que ces fillettes ont mis l'emphase (sic) sur l'étude de leurs mots de vocabulaire ou sur l'action d'amasser des fonds?» Peut-on souligner que l’expression «emphase» est un anglicisme et une erreur de vocabulaire au même titre que l’expression «commandite»?

Quand on écrit pour un journal ou un blogue relevant de ce dernier, il y a, selon moi, un minimum à respecter, ce que ne fait manifestement pas votre chroniqueuse.

Merci de l'attention que vous consacrez à cette plainte et j'aimerais que vous m'écriviez pour m'indiquer le suivi que vous accorderez à celle-ci.

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Pour en savoir plus sur La marâtre:

Pour lire la prose de Mme Potvin:

Touche pas à ma tâche!

Voici revenu ce temps de l'année où l'émission Virginie n'est rien à comparer aux drames qui se vivent dans certaines écoles du Québec. Mensonge, hypocrisie, jalousie, crise de nerfs, jeux de coulisse, visite en douce à la direction, compliments charmeurs et intéressés, commentaires assassins, zizanie: rien n'est de trop dans cette gigantesque saga qui s'appelle La signature des tâches pour la prochaine année scolaire.

Déjà, cet hiver, on sentait monter la tension avec l'adoption de la grille-matières de l'école. Au secondaire, chaque département, que dis-je! chaque professeur s'assurait de protéger son fief (i.e. sa tâche). Une période de plus en éducation physique pour mettre les élèves en forme? Mais quelle bonne idée, mais pas touche pas à ma tâche par exemple!

Maintenant, on est dans le corps-à-corps brutal, vicieux, extrême. La direction, avec son droit de gérance, peut attribuer une tâche à l'enseignant de son choix. Tu es un fatigant qui donne du travail à un adjoint parce que tu le trouves trop mou... Mauvaise idée! Comme le jeu des serpents et des échelles, tu tombes sur la mauvaise case et...

Je sais, je sais: les précaires ont la vie bien plus difficile encore. C'est tout juste s'il n'existe pas un droit de cuissage dans certaines écoles. Mais vous ne perdez rien pour attendre: un jour, ce seront vos propres collègues qui vous entuberont!

29 avril 2007

Tralala-lalère!

Je ne veux écoeurer personne, mais vraiment personne parce que je connais les misères de la vie d'enseignant, mais j'ai terminé mon esclavage de correction de production écrite jusqu'à l'année prochaine! Comme je suis en cinquième secondaire, l'examen ministériel de jeudi prochain sera corrigé par le MELS lui-même. On se reparlera d'ailleurs de cet examen dans un autre billet.

Je compatis avec les autres collègues qui ont encore une épreuve à corriger. Pour ma part, enfin, je pourrai jardiner un peu!
La première symphonie de Malher fait vibrer les murs de la maison. Satie va suivre dans quelques minutes... La vie est belle!
Pour en savoir davantage sur Mahler et Satie, tiens!

Du fric au privé!

Bon, en douce, comme ça, la privatisation du réseau de l'éducation gagne du terrain au Québec. Ainsi, dans le quotidien La Presse de cette semaine, on apprend que le MELS est ouvert à verser un million $ aux écoles privées pour les élèves en difficulté. Avant tout, par honnêteté intellectuelle, réglons plusieurs choses avant de vous livrer le fond de ma pensée.

Primo, il est vrai que les collèges privés ne sont pas tous des institutions d'élite qui choisissent que des élèves haut de gamme. À Montréal, Brébeuf, Jean-Eudes et Regina Assumpta effectuent un tri des candidats qui leur permet de ne conserver que les meilleurs. Cependant, en région, le bassin de population étant plus petit, la situation est totalement différente.

Deuxio, les écoles privées sont rentables pour le gouvernement québécois parce que les parents, en plus de contribuer à l'impôt, paient une partie de l'instruction de leur enfant. De la sorte, un élève au privé coûte moins cher au gouvernement qu'un élève inscrit au secteur public, même si on prend en compte la déduction d'impôt que pourra faire le parent.

Tertio: le Québec est la seule province canadienne à financer le réseau privé d'éducation. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien si celui-ci est le plus important au Canada. Il y a des sous à faire là, on le comprend. J'ai un peu de difficulté à savoir que je finance à même mes impôts les études de certains enfants de parents millionnaires. Si, au moins, on tenait compte des revenus des parents dans ce financement. Pour le parent moyen qui travaille fort pour payer les frais de scolarité de son enfant, je peux, à la limite, comprendre, mais pour M. Bronfman et les autres... Quoique, eux, envoient sûrement leurs enfants en Suisse ou en Angleterre.

Quartissimo (eh! eh!) : les écoles privées sont des entreprises privées qui ne sont en rien redevable à la population. Peut-on savoir les salaires que se versent les dirigeants de ces écoles et les profits qu'ils réalisent? On veut bien leur verser des sous, mais pourquoi faut-il accommoder la logique capitaliste quand une business privée dit manquer d'argent? Le propriétaire du petit dépanneur coupe son salaire quand il n'a pas vendu assez de billets de loterie dans sa semaine, à ce que je sache! Le gouvernement gèle le salaire de ses employés quand il dit manquer d'argent à ce que je me souvienne? Pourquoi est-ce (encore) à la communauté de payer?

Si une école privée n'est pas en mesure d'offrir des services spécialisés à un enfant, plusieurs alternatives sont possibles:
  • les parents embauchent des professionnels à leurs frais;
  • l'école restructure ses dépenses et s'arrange pour offrir les services manquants;
  • les parents envoient leur enfant au secteur public en espérant qu'il recevra l'aide requise.

Cette demande au gouvernement de subventionner les services spécialisés des écoles privées est pernicieuse. Ce n'est pas tant le montant en cause que le précédent qui est dérangeant. Une fois la porte ouverte, je suis convaincu que la liste des demandes ne s'arrêtera pas là. À preuve, l'année dernière, je crois, j'ai lu un texte ou des écoles privées demandaient au gouvernement des subventions pour réparer et remettre en état divers bâtiments vétustes (et sûrement mal entretenus). Décidément!

«Au total, plus de 5 % des élèves entrent au secondaire privé avec un retard dans leurs bagages. C'est moins qu'au public, où ce taux atteint 19,4 %, mais le privé les accueille sans subvention particulière», peut-on lire dans le texte de La Presse afin de justifier une telle demande.

Une telle comparaison est trompeuse. Pour compléter ce portrait, il aurait fallu aussi ajouter que les parents font le choix d'envoyer leur enfant à l'école privée en toute connaissance de cause et que le réseau public vit une crise sans pareille de sous-financement en ce qui a trait aux élèves en difficulté.

Il y en aura toujours pour essayer d'avoir le meilleur des deux mondes, j'imagine.

Pour en savoir davantage à ce sujet:
http://www.cyberpresse.ca/article/20070428/CPACTUALITES/704280485/1028

26 avril 2007

Pour Forsythia

Pourquoi mes élèves étaient-ils si atroces aujourd'hui, Forsythia? C'est un douloureux mélange d'incompétence, de mauvaise éducation parentale et de climat social. À cet égard, je préviens les lecteurs sensibles: je suis amer et en colère.

Incompétence? En cinquième secondaire, je reçois en début d'année des élèves qui ont à peine le niveau d'un élève primaire. Mais le système les fait monter selon la technique «Donner au suivant». Et le suivant, c'est moi!
Est-ce normal qu'un élève qui a subi onze années de français écrive «Il les vends» parce qu'il ne sait pas reconnaître un nom d'un verbe? Et je ne parle pas des fautes plus terribles les unes que les autres. Mais le système incompétent l'a fait cheminer jusque dans mes groupes... et débrouille-toi pour qu'il réussisse l'examen ministériel!

Dans mes classes, j'ai des jeunes qui font, encore aujourd'hui, une faute tous les 10 mots. Chocking! Mais rassurez-vous: ils devraient obtenir leur DES parce que les examens ministériels sont de la frime. Et ils le savent.

Incompétence? Certains collègues ne lisent pas un livre de l'année, peinent à corriger correctement une copie d'élève, mais font passer celui-ci parce qu'il est gentil et parce qu'il travaille fort...

Ces collègues ont le même salaire que moi, mais ne font jamais écrire leurs élèves (c'est moins de travail), n'appliquent aucune discipline en classe (il faut respecter les jeunes), n'organisent aucun projet parascolaire (je suis fatigué) et amusent les élèves à coup de vidéos violents et d'histoires salaces (je suis populaire).

Incompétence? Certains adjoints font monter des élèves à cause de la pression des parents ou encore pour s'assurer d'avoir des groupes bien pleins pour des raisons budgétaires. Mummmm... vive la pédagogie des gestionnaires!

Ces mêmes adjoints cool ne sont jamais là pour s'assurer de l'encadrement des élèves, de l'application du code de vie. Ils laissent les jeunes à eux-mêmes au lieu de s'assurer de les entourer, d'en prendre soin et de leur inculquer des notions reliées à l'effort, la réussite, le respect, la satisfaction de soi.

Un élève qui fait ce qu'il veut dans une école, qu'on ne sanctionne pas quand il enfreint des règles élémentaires de comportement n'accorde plus d'importance au travail, à sa réussite. On lui a fait comprendre que tout est facile, sans effort et sans conséquence.

Les mêmes adjoints ferment les yeux devant les collègues incompétents parce qu'ils sont de la même eau et de la même bière. Et puis, ils ont l'excuse facile du syndicat et de la convention collective blindée. Comme s'il n'existait pas 26 manières d'écoeurer un prof pourri.. Non, les seuls qu'ils écoeurent, ce sont ceux à qui ils peuvent en demander toujours plus justement pour compenser l'incurie des collègues incompétents.

Incompétence? Certains conseillers en orientation (quand ils existent) ou profs d'ECC (éducation et choix de carrière - en voie de disparition) qui encadrent mal les élèves et qui leur font croire n'importe quoi, du genre «Tu pourras aller finir ton DES aux adultes ou encore être accepté avec une formation secondaire à compléter au collégial.» Un élève à qui on raconte ce genre de bêtises finit rarement quelque chose. Ou est la notion de l'effort, de la persévérance? Ou est l'encadrement pour aider cet élève, tiens? Ben non, on lui montre comment décrocher autrement et à faible coût pour mon école. Et pour l'instant, il reste dans mes groupes et contamine les éléments fragiles avec une attitude qu'on a encouragée de façon complaisante.

Mauvaise éducation parentale? Certains parents n'ont jamais enseigné le respect de soi à leur enfant. Se respecter, c'est donner le meilleur de soi-même, aller au bout de ses possibilités et de ses rêves. Cela n'a rien à voir avec s'inventer des excuses pour mieux paresser. Mais à quoi s'attendre de jeunes dont les parents motivent toutes les absences, partent avec eux en voyage durant les sessions d'examens, acceptent qu'ils travaillent de soir et de nuit 25 heures par semaine? Et je ne parle pas de ces parents qui, parce que leur enfant a 16 ans, croient que celui-ci est mature et autonome. La belle excuse pour ne plus s'en occuper alors qu'il a atrocement besoin d'adultes signifiants à cet âge-là.

Climat social? Je commence à comprendre Denys Arcand et son propos dans Le déclin de l'empire américain. La personne qui croit que l'éducation est une valeur importante au Québec devrait revoir sa médication.

Voilà, Forsythia, pourquoi mes élèves étaient si atroces aujourd'hui. Je n'ai pas su leur enseigner la notion d'effort et de travail bien fait. Et je songe sérieusement à me réorienter ou à aller enseigner au privé parce que ce système d'éducation est malade et désespérant.

PS: En plus de ne pas tuer mes élèves, j'ai fait trois BA aujourd'hui. Quand je suis grognon, c'est encore la meilleure façon pour moi de croire à l'être humain.

23 avril 2007

Un petit plaisir policier: James Lee Burke

Vous n'avez rien à faire ou vous devez vous désintoxiquer de la correction? Une suggestion de lecture policière : James Lee Burke. Et comme tous les petits plaisirs, j'ai appris à le déguster lentement et goulûment.

Goulûment, tout d'abord parce la majeure partie des actions de ses romans se déroule en Nouvelle-Orléans et l'auteur ne se gêne pas pour nous titiller tous les sens avec des descriptions qui mettront tous vos sens en éveil. Les descriptions des repas vous donneront tout simplement le goût de cuisiner cajun. On peut aussi remarquer les odeurs et les couleurs des lieux qui vous feront regretter encore plus les ravages de l'ouragan Katrina. Enfin, la musique. Chaque livre est une découverte. D'ailleurs, je commence à me bâtir une collection à partir des différents airs de jazz, de blues et de zydeco auxquels l'auteur fait référence. Bref, chaque roman est un voyage gastronomique, touristique et musical.

Mais au-delà des sens, de la cuisine et de la musique, il y a aussi cette Louisiane du racisme et de la pauvreté, tant sociale que personnelle. Une collègue à qui j'ai prêté le bouquin se remémorait facilement les souvenirs de ses voyages au pays des bayous tant le ton était juste.

De plus, on retrouve aussi une touche française à travers certaines allusions historiques et les noms des lieux et des personnages, ce qui n'est pas sans intriguer le francophone en nous.

Mais l'histoire, les intrigue, me direz-vous? Rien ne bat les aventures du lieutenant de police démissionnaire Dave Robicheaux. On nage dans une eau souillée, trouble et le lecteur est partagé entre ces personnages affreux, sales et méchants. La fin justifie souvent les moyens et ce, peu importe que les moyens soient violents, retors ou pervers.

Comme toute série de romans, il est évidemment conseillé d'aborder les oeuvres en respectant leur date de parution. Mais voici malgré tout quelques incontournables:
  • Le boogie des rêves perdus :
  • Dans la brume électrique avec les morts confédérés :
  • Jolie Blon's Bounce.

Pour en savoir plus sur Dans la brume électrique avec les morts confédérés :

20 avril 2007

Des cafétérias scolaires voraces: la suite

J'ai reçu aujourd'hui ce message de Ghost à propos de la fermeture de la SouPierre de la polyvalente Sainte-Thérèse. On sait que la direction de cette école a cédé devant les pressions de la compagnie de service alimentaire qui voyait dans cet organisme communautaire une forme de concurence déloyale. Vivre le capitalisme!

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ghost a dit...

Bonjour à vous tous, je suis un des pelliers de la soupierre et quand j'ai des journées de congé. J'y vais faire mon tour pour aider.

Petite précision qui n'a pas été annoncé dans les médias. J'ai assisté à plusieurs réunions pour sauver la soupierre et oui nous avons un porte-parole. C'est un avocat qui a décidé d'offrir son aide gratuitement, car il croyait à notre cause.

Autre précision, je vois que beaucoup de critiques disent que c'est juste une chose de nourriture et non les amis. Une chose qui est impossible à la cafétéria de l'école, c'est le rapprochement aux gens (le côté humain) ce qui est très fort à la soupierre. Vous pouvez critiquer ce que je dis, mais vous critiquez quelqu'un qui était un adolescent perdu et qui a trouvé sa place en faisant du bénévolat dans sa communauté grâce à la soupierre. J'ai 24 ans aujourd'hui et je sais que sans la soupierre je ne serais pas devenu la personne que je suis aujourd'hui.

Autre précision, 3 jours avant le fameux Foodfight, nous avions eu une réunion comment sauver stratégiquement la soupierre... Mais, ce que nous avons pas pensé c'est la plupart des jeunes chattes sur internet aujourd'hui et que de cette façon, la tension est montée sans que nous ne pouvions le contrôler. Une de nos membres pendant la manifestion a fait une pancarte 'Soyons Pacifique'. La direction l'a suspendu...

Aussi, j'aimerais soutenir les professeurs de la Polyvalent Ste-Therese qui voudraient agir, mais ils ne peuvent pas, car ça mettrait leurs emplois en grave danger.

De la lecture et de l'enseignant

Je recopie ici un long commentaire que j'ai fait sur le blogue du Prof maudit portant sur la lecture. Comme je me proposais d'aborder ce thème bientôt...
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Dans son prochain programme de français lecture au deuxième cycle du secondaire, le MELS veut que les élèves lisent cinq oeuvres par année. Cinq, rien de moins!

Ayant eu le bonheur d'avoir une haut fonctionnaire secteur lecture sous la main, je lui ai demandé ou allait-on trouver le fric pour acheter tous les romans qu'il faudra pour atteindre cet objectif. J'attends encore sa réponse, mais j'ai compris qu'on nage dans l'illusion la plus réelle. Quand on est rendus à croire ses propres mensonges, il n'y a qu'un pas pour verser dans la folie.

Par ailleurs, je n'ai jamais cru à l'équation «lire aide à mieux écrire». J'ai des élèves qui ont toujours un roman dans les mains (certains en lisent deux par semaine) et ils sont mes derniers de classe en écriture. Orthographe et grammaire aléatoires, comme je dis.

La différence entre AIMER lire et SAVOIR lire est fondamentale et vous l'exprimez bien, cher PM.

Peut-être suis-je naïf, mais je ne crois pas qu'il existe des élèves qui n'aiment pas lire. Il existe plutôt des élèves qui n'ont pas TROUVÉ ce qu'ils aiment lire. Comme je leur dis parfois en boutade: «Ce n'est pas parce que la première fille que tu as embrassée puait de la gueule que tu en es resté là. Il t'a fallu trouver la bonne. C'est pareil pour un livre.» Et le rôle d'un enseignant est à la fois d'être un modèle, un guide et un pusher.

UN MODÈLE en montrant qu'il lit et qu'il aime lire. Je parle souvent des livres que j'aime à mes élèves. Ils me voient souvent avec un livre à la main ou sur mon bureau. Je lis. J'incarne cette action. Et je ne méprise jamais ceux qui ne partagent pas ce goût.

Quand je pense que j'ai des collègues qui ne lisent pas ou ne lisent plus, je comprends pourquoi ils n'arrivent pas à partager cette passion aux jeunes. Dans la même veine, je n’ai jamais obligé ma fille à lire. Par contre, il y a des livres partout à la maison. Du livre de poche au livre d’art de grande valeur, j’en ai honte, qu’on touche seulement avec les yeux tellement on a peur de l’abîmer…

Quand je veux m’évader un peu, elle me voit lire. Pour elle, lire est une activité au quotidien parce que ses parents le vivent de cette manière. Dans la même veine, ma fille s’est tapé des livres sur l’histoire des Canadiens de Montréal qui traînaient chez moi parce qu’elle trouvait que leur gardien était cute, simplement.

UN GUIDE en les dirigeant vers des oeuvres susceptibles de leur plaire. Pour ce faire, il faut discuter livres avec eux, mais aussi lire de tout pour pouvoir leur indiquer des oeuvres qui répondront à leurs espérances. Je me suis déjà tapé des biographies de joueurs de hockey par curiosité. Eh bien, le premier livre qu'un de mes élèves a lu de sa vie a été la biographie du hockeyeur Dave Morissette. On ne parle pas de grande littérature, mais de fierté d'avoir lu un GROS livre AU COMPLET et d'en avoir parlé à d'autres. Par la suite, l'élève a pris goût à la biographie en général et, avoir eu plus de temps avec lui, on aurait pu parler écriture et psychologie.

À travers son anecdote des romans Bionicle (racontée sur le blogue du Prof maudit), Renée-Claude illustre bien ce principe. J’ai des élèves qui sont passés des cartes à collectionner et à jouer à Amos d’Aragon pour finir par se taper le Seigneur des Anneaux et même le Smirillion.

UN PUSHER en fournissant à ses élèves rapidement une façon de combler leur besoin en livres. Visite rapide à la médiathèque, prêt fait à même ma bibliothèque personnelle, commande en librairie avec une amie complice. Tous les moyens sont bons. Cette année, le même livre a accroché quatre élèves d'un même groupe qui se le sont passé l'un à l'autre. Rien n'interdit aussi les cadeaux littéraires. Et je crois beaucoup à la bibliothèque de classe, même dans ma classe de grosse école secondaire.

Bref, il existe divers moyens d'inciter à la lecture. Je voulais simplement ajouter les miens à votre liste, cher PM.
Pour consulter le billet du Prof maudit:

18 avril 2007

Adieu Jean-Marc!

On va s'ennuyer de notre Louis de Funès de l'éducation. Jean-Marc Fournier, à son grand soulagement, est finalement nommé au Revenu. Un rapport d'impôt, c'est sûrement moins compliqué à remplir qu'un nouveau bulletin de la réforme... Quoi qu'il en soit, il fallait le voir autrefois nous parler du Renouveau pédagogique et des compétences transversales. Y'a pas à dire: les hauts fonctionnaires avaient réussi à en faire une marionnette assez présentable en l'espace de quelques mois.

Si vous ne connaissez pas sa remplaçante, Michelle Courchesne, attachez votre tuque: un de mes collègues de Québec me l'a décrite comme étant tout simplement chiante et de bon goût, du genre à parler de pauvreté avec un sac Hermès.

Dans un article du Devoir, on la désignait sous le qualificatif de l’incomprise. Je ne sais pas, mais il y a de quoi là à s'inquiéter. Combien parie-t-on qu'elle poursuivra la réforme contre vents et marées?

En passant, Mme Courchesne sera officiellement ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, ministre de la Famille et responsable de la région de Laval. On devrait donc logiquement bientôt faire entrer les CPE dans les écoles.

Pour en savoir plus sur Mme Courchesne:
http://www.assnat.qc.ca/fra/Membres/notices/c/coum5.shtml

Du mauvais état de nos écoles...

Ce soir, l'émission Enjeux de Radio-Canada diffuse un reportage sur l'état lamentable des écoles au Québec. Pas besoin de vous décrire le topo: vous le vivez peut-être au quotidien...

J'espère simplement que vous ne vous laisserez pas attendrir par les propos de nos décideurs scolaires. Ces derniers parlent évidemment de problèmes de ressources et de budget. Ainsi, vous verrez, dans son beau bureau tout propre et élégant, la présidente de la Commission scolaire de Montréal, Diane De Courcy, affirme sans s'étouffer: « Les fonds sont tellement restreints qu'on est face à des choix déchirants. C'est choisir entre le toit qui coule à Saint-Henri, des tuiles du gymnase d'une telle école qui tombent sur la tête des gens.»

Aucun ne vous avouera quels sont les véritables choix qui sont faits en éducation: ainsi, à la CSDM, des directeurs, des hauts fonctionnaires et tutti quanti reçoivent depuis des années des primes à la performance. De quelle performance parle-t-on quand on regarde l'état de nos écoles? Je n'oublie pas non plus les bureaux administratifs qu'on fait rénover aux frais des contribuables et, donc, des élèves. Il y aussi certains commissaires qui se font payer leurs déplacements à pied lorsqu'ils visitent les écoles de leur secteur. Vous avez bien lu: payer pour un déplacement à pied!

Au MELS aussi, les choix budgétaires sont discutables. Vous souvenez-vous du ministre Reid qui avait loué un hélicoptère pour éviter l'heure de pointe à Québec? De Matante Pauline et de ses toilettes silencieuses? Et que dire des centaines de millions (des centaines...) destinés à la réforme? Les éditeurs de matériel scolaire s'en mettent plein les poches alors que ce renouveau pédagogique, au départ, excluant l'idée même de manuel en classe.

Voilà: les écoles sont délabrées à cause des budgets et des ressources limitées. L'UQAM frise la faillite en construisant pavillon sur pavillon alors que la clientèle universitaire est en baisse. Allo, quelqu'un? Avez-vous fini de nous mentir?
Pour en savoir davantage:

16 avril 2007

La fois...

La lecture d'un message d'Un autre prof au sujet des cafétérias scolaires m'a donné l'idée d'un billet tout simple. Quelle est la fois ou vous avez été le plus fier de vos élèves? C'est simple comme sujet, mais drôlement embêtant parce que, quand on y pense, il en a peut-être plus qu'une.

En passant, je veux indiquer à ceux qui fréquentent ce blogue que je ne suis pas oublieux de nature. Je reviendrai donc sous peu avec deux billets: l'un sur les romans policiers que j'ai adorés et l'autre sur la tâche d'un enseignant du secondaire. Un premier indice pour les polars: James Lee Burke.

Pour l'instant, à vos clavier, messieurs, mesdames...

15 avril 2007

Le bonheur

Hier soir, j'étais au restaurant avec Mme Masquée quand une table à côté de la nôtre s'est animée grandement. À grands coups de sacres et d'une voix forte, six adultes d'un âge certain expliquaient que la jeunesse manquait de respect, sacrament, que la religion, tabarnak, devrait revenir dans les écoles, que les Juifs et les Témoins de Jehova, ostie de ciboire, c'est du bon monde mais... Puis, les Musulmans, là, criss, avec leur serviette sur la tête...

Bref, un douceureux mélange d'Elvis Gratton, de Hérouxville et de Gilles Proulx. Jamais je n'aurais tolérer un tel discours et un tel manque de savoir-vivre dans ma classe. Mais là, au restaurant, que faire? Peut-être s'agissait-il des parents de mes élèves?

Je repensais alors au fait que je vis dans une des villes les plus bienheureuses de la province. Et je me demandais si je tenais à être si heureux finalement...

Des cafétérias scolaires voraces

Grosse nouvelle en page 5 du Journal de Mouréal hier. En passant, juste au cas: je lis aussi La Presse et Le Devoir... Grosse nouvelle donc: une bande de jeunes écervelés de l'école secondaire Sainte-Thérèse ont fait une bataille de bouffe jeudi. Maudite jeunesse qui ne sait pas vivre! Ça as-tu du bon sens! Nos jeunes ne respectent rien, je te dis, moi!

Résultat: la direction a décidé de fermer l'école en déplaçant une journée pédagogique, question de calmer les esprits et de laisser les jeunes réfléchir. «Il s'agissait d'une mesure préventive pour permettre à tout le monde de faire le point», a expliqué la directrice de l'école. J'espère bien que la direction en profitera elle aussi pour réfléchir parce qu'elle est la première responsable de ce problème. Je m'explique.

Depuis un mois, les élèves de cette polyvalente se livrent à des moyens de pression pour protester contre la fermeture de leur café étudiant. En fait, plus qu'un café étudiant, il s'agit d'un organisme communautaire, la SouPierre, fondé par l'animateur de pastorale, Pierre Massie, qui offrait depuis six ans des repas à bas prix aux étudiants. Ceux qui oubliaient leur lunch ou qui sont démunis pouvaient ainsi étudier le ventre plein, ce qui est essentiel à la concentration, on le sait tous.

Or, voilà qu'un petit passage du texte nous révèle un fait très intéressant: «Selon un porte-parole de l'organisme, la SouPierre a fermé ses portes le 2 mars en raison de pression exercées par la cafétéria de l'école qui y voyait un concurrent.» N'allez pas croire que ce dernier souffre de paranoïa: je le sais pour l'avoir vécu, les contrats de service avec les cafétérias scolaires contiennent effectivement des clauses qui leur assurent l'exclusivité des ventes d'aliments sur le terrain de l'école. Il est impossible que la direction de la polyvalente Sainte-Thérèse ignore ce fait.

À mon école, par exemple, la cafétéria scolaire aux dents longues s'est déjà plainte de la concurrence de la vente de chocolat confectionné par des élèves en adaptation scolaire, de barbe à papa lors d'activités parascolaires et de que sais-je encore!

Finalement, à la blague, on affirme souvent que le transport scolaire est celui qui mène dans une commission scolaire. Ajoutez maintenant aux gros autobus jaunes les voraces cafétérias scolaires.

En y pensant bien, je la trouve assez belle notre jeunesse. Je n'approuve peut-être pas les moyens qu'elle prend pour se faire entendre, mais elle a parfois de belles valeurs.

14 avril 2007

Tiens, partons un débat!

Parfois, le soir, dans l'ennui de ma ville parmi les plus cotées côté bonheur (...), je furète sur le cyberespace potager. Or, ne voilà-t-il pas qu'en lisant le blogue de Le prof, je tombe sur le billet Avis de recherche, mais surtout sur le commentaire suivant de Sylthony:

«J'enseigne dans une école primaire/secondaire (de la3e année au secondaire II) et je peux vous assurer que les profs du primaire ont moins de périodes libres qu'au secondaire et beaucoup moins d'autres avantages (mais ça c'est un autre débat).»

Comme certains profs du primaire trouvent que les profs du secondaire ont plus davantage qu'eux et que certains profs du secondaire trouvent que les profs du primaire ont plus d'avantages qu'eux (le gazon est plus vert chez le voisin, vous me suivez?), je me suis dit: «Allons-y, mon Prof masqué! Divisons-nous! Pars-moi ça, un bon débat qui va nous désunir comme si on était dans une assemblée syndicale!»

Alors, donc, finalement, la question cette semaine à Il va y avoir du sport: «Les profs du primaire ont-il moins d'avantages que les profs du secondaire?»

Pour jeter un coup d"oeil sur le blogue de Le prof :
http://ehbendisdonc.blogspot.com/
Pour tenter de deviner dans quelle ville remplie de bonheur je réside :
http://www.indicedebonheur.com/content/view/12/lang,fr/

12 avril 2007

Un anonyme m'écrit

En réaction à mon billet intitulé «Gérer de la guénille», j'ai reçu une réponse d'un correspondant anonyme, réponse que je recopie ici intégralement en en caractères gras avec quelques commentaires de ma part.

L'intervention de ce correspondant me trouble, parfois par la justesse de son propos, parfois parce qu'il semble confondre des choses.

Mes commentaires sur l`éducation au Québec.

J`ai lu vos articles concernant mme Postvin et la réforme scolaire.
Les ``bienfaits ``de la fessée.

Une majorité de professeurs sont maintenant incapables de discipline en classe. Saviez-vous que certaines classes sont si bruyantes qu`on a peine à entendre le discour du professeur. C`est comme s`il se parlait à lui même devant un auditoire qui ne lui porte aucun intérêt. On a trouvé la solution! Un intervenant,ou un `` pisscologue`` l`a trouvée! Tenez-vous bien! La fessée! On dit que c`est pour les parents, mais sachez le, on ne pourra jamais ramener le châtiment corporel (martinet, ou autre truc pour frapper) les élèves dans nos écoles, si les parents sont anti-châtiment corporel. On se fou que ça ne marche pas. On veut fesser dans le tas. Croyez-moi, ils n`admettrons jamais cette intention ouvertement.


Tout d'abord, précisons que je ne suis pas en faveur de la fessée, et encore moins à l'école. Il est vrai que certaines classes ressemblent à une jungle, mais le cours auquel vous faites référence ne s'adresse pas à des enseignants mais bien à des parents et ne vise pas à ramener ce châtiment corporel dans les écoles. La discipline scolaire peut s'exercer en classe de façon bien différente que de varger sur les p'tits monstres! Il faut aussi souligner que, dans ce cours, la partie consacrée à la fessée est minime et ne recommande l'utilisation de celle-ci de façon adéquate et en dernier recours.

Le milieu scolaire blâme les parents et les élèves pour tous les maux du milieu scolaire. Enfants indisciplinés, parents gàteaux. Wow La Minute papillon! Les parents ne sont pas en classe. C`est la responsabilité du système scolaire de transmettre la matière aux élèves et obtenir leur collaboration. Certains professeurs y arrivent très bien. Ils inspirent le respect chez leurs élèves. Ils inspirent des commentaires du genre: "Yé pas cool mais yé bien correct."

Ici, je me dois de préciser que, s'il est vrai que les parents ne sont pas en classe, ils jouent parfois un rôle déterminant dans la dynamique de certains cours. En contestant ouvertement certains règlements, en soutenant de façon hystérique leur enfant-chéri, certains parents minent toute forme d'autorité scolaire. La responsabilité du système scolaire s'arrête là ou commence le manque de collaboration des parents, si je peux me permettre.

Allons-y avec une anecdote: j'ai une élève, appelons-la Nathalie, qui manque systématiquement tous ses examens et ses absences sont motivées par sa mère. On arrive à la fin de l'année et l'enfant n'a strictement rien appris dans ma classe. Pis: Nathalie consomme des drogues à l'heure du dîner, mais sa mère ne trouve rien à redire. Parfois, cette ado est impolie et tente de manipuler son entourage. Que fait-on dans ce cas quand, aux yeux de l'enfant et de la mère payeuse de taxes, c'est l'école le problème?

Pour rester en vie au secondaire, certains enseignants doivent inspirer le respect à leurs élèves mais aussi à leurs parents, croyez-moi.

J`ai constaté que plusieurs professeurs ne transmettent pas la matière et ne préparent pas les élèves aux examens du ministère. On se demande même en quoi consiste le programme.

Il faudrait aussi pouvoir vérifier les compétences des enseignants. Quand le professeur ne peut enseigner l`écriture attachée au primaire parce qu`elle ne la connaît pas elle-même, ou qu`un prof. du secondaire enseigne une matière pour laquelle il n`est pas formé, on comprend mieux maintenant toute l`ampleur du problème. C`est comme demander à la coiffeuse d`être dentiste. Outch!


Effectivement, il existe des enseignants incompétents. J'en côtoie quelques-uns à l'occasion. À cet égard, je pourrais rajouter que c'est aussi le cas dans bien des métiers.

Cependant, je ne crois pas que cela soit une excuse valable quand il s'agit de l'éducation de nos enfants. Sauf que c'est la responsabilité du gouvernement de s'assurer de la formation des jeunes enseignants par le biais des programmes universitaires et celle des directions d'école de veiller à ce que les professeurs fassent correctement le travail auquel on est en droit de s'attendre d'eux.

Par ailleurs, lorsqu'un professeur enseigne une matière qui n'est pas la sienne, il faut se rappeler que c'est aussi une direction d'école qui l'a nommé à cette place. Je peux vous certifier que je connais quelques coiffeuses qui n'ont pas eu d'autre choix que d'être dentistes...

Au primaire j`ai demandé pourquoi on n`enseignait pas certaines notions, formules, problèmes mathématique et pourquoi les enfants n`avaient pas de devoir, et ne faisaient pas d ceci et cela en math. On m`a dit, très sérieusement que les jeune n`en n`ont pas besoin car ils ont des calculatrice. Devinez qui a acheté une méthode mathématique et créé son propre programme. Et oui. Nous les parents. Nous en sommes à faire les classes avec nos enfants. Cela sans compter les parents qui enseigne à plein temps à la maison. ( De plus en plus populaire) Au Secondaire, j`ai vu 100% de certaines classes échouer au bulletin. Il est trop facile de blâmer les élèves. La vérité est que la situation dans nos écoles s`est beaucoup détériorée en comparaison avec les années où nous les ``adultes``étions étudiants.

La situation dans nos écoles est la suivante: 45% d`échec au secondaire. Ce sont là les étudiants qui n`obtiennent pas le diplôme d`étude secondaire pour cause d`échec académique. Des classes complètes échouent des matières au bulletin en produisant une note inférieure au 60% requis. Ça c`est la réalité. Vous êtes donc en nombreuse compagnie, chères élèves.

Je connais peu le primaire et ne pourrai commenter cette situation. Pour le secondaire, par contre, je peux vous dire à quel point il est généralement difficile de motiver les élèves et à quel point la notion d'effort ne semble pas exister chez certains. Je me considère chanceux de réussir sans trop savoir comment à allumer mes élèves, à les coincer ou à les contraindre. L'école a-t-elle changé depuis notre adolescence? Sûrement, mais au même rythme que la société dans laquelle elle s'inscrit. Des phénomènes comme la consommation de drogue ou de l'hypersexualisation me semblent plus présents aujourd'hui. Et c'est aux parents comme aux éducateurs de tenter d'éduquer nos jeunes à éviter ces fausses apparences.

La Réforme veut maintenant produire des évaluations bidons, pour masquer son incompétence. S`il n`y a pas d`évaluation claire, limpide de compréhension, comment alors savoir si l`étudiant progresse.

Pourquoi evoyer ses enfants à l`école dans ces conditions,je vous le demande! Pas surprenant que ça décroche!

La réforme vise justement à motiver les élèves et à éviter le décrochage scolaire. Peut-on parler d'ironie? Ce n'est d'ailleurs pas pour rien si tant d'enseignants dénoncent haut et fort plusieurs des ratés de celle-ci.

Chaque fois que des parents demandent des compte à l`organisation de l`instruction publique. On le fait patauger dans d`immense `` sables mouvants`` administratif à n`en plus finir pour s`assurer que la démarche du parent n`aboutira nul part. Alors le parent irrité,abandonnera ses tentatives pour améliorer les choses.

Et là je ne parle pas des cas de violence et actes criminels commis dans nos écoles. Ils nécessitent un rapport de police fait par les victimes.

Il faudrait donner une voix aux parents, hors du système scolaire. Un regroupement indépendant et autonome par les parents pour les parents des étudiants en milieu scolaire de la petite enfance à l`université.


Je partage votre point de vue à l'effet que les parents sont parfois tenus à l'écart du monde scolaire. Mais, en même temps, comme enseignant, je vous avouerai que j'ai un peu peur de voir de voir un inconnu venir se mêler de mon monde, surtout s'il ressemble à la mère de Nathalie!

Quant au regroupement dont vous souhaitez la création, il existe en partie pour les parents dont les enfants vont à l'école primaire ou secondaire. La Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) regroupe officiellement tous les parents de ses enfants. Sauf que vous me permettrez de vous dire qu'elle n’est pas très critique à l'égard du ministère de l'Éducation et des commissions scolaires... à qui revient une partie importante des points que vous soulevez.

10 avril 2007

À ma demande générale!

Je ne pensais pas y revenir si tôt, mais le récent commentaire de La Marâtre dans un billet précédent (Mme Potvin 2) et ce que je lis dans le Journal de Mouréal ce matin m'arrachent le peu de flegme qu'il me restait dans le cas de Mme Potvin, accompagnatrice scolaire, ne l’oublions pas. Je fais donc un Alceste de moi et répands une partie de ma misanthropie dans le cyberespace.

Ce matin donc, Mme Potvin terminait sa série de textes sur la Réforme (sic). Un grand moment de journalisme! Je vous en cite de larges extraits commentés.

Tout d’abord, Mme Potvin explique aux parents comment prendre la réforme de front. Honnêtement, je partage son opinion quand elle favorise la communication parent-enseignant et un bon suivi parental. C’est une attitude qu’ils devraient privilégier de toute façon, réforme ou pas.

On peut cependant rigoler un peu quand elle suggère aux parents de se faire expliquer, au besoin, le bulletin, quitte à prendre rendez-vous avec l’enseignant concerné… et débordé! Ou encore quand elle invite les parents à faire respecter leurs droits pour que leur enfant redouble, s’ils le désirent…

Mais le délire scolaire survient lorsqu’elle suggère une coalition :

«… non pas pour ou contre la réforme, mais qui vise à accompagner les enseignants, les élèves et les parents concernés.

Une coalition qui se mobiliserait afin de former davantage les enseignants et d’informer les parents de façon intègre.

Une coalition qui insisterait auprès du gouvernement pour qu’il y ait plus de services et de spécialistes dans les écoles et pour qu’il respecte son engagement de fournir les services qui devaient aller de pair avec cette réforme.

Une coalition qui permettrait aux personnes concernées par la réforme de persévérer, de s’impliquer et par le fait même d’évoluer à travers ce changement.»


Premièrement, quelqu’un peut-il indiquer à madame Potvin que cette coalition existe déjà et regroupe seulement quelques centaines de directeurs, commissaires, universitaires, parents et enseignants?

Deuxièmement, quelqu’un peut-il m’expliquer le raisonnement, la pensée profonde de notre sherpa scolaire? Pour l’instant, je la résume ainsi : Je ne suis ni pour ni contre la réforme, bien au contraire, et je crois que nous devrions aller de l’avant!

Mme Potvin s’en prend ensuite à la coalition Stoppons la réforme en termes à peine voilés.

«Presque une année passée à vouloir stopper la réforme, c’est déjà trop de temps perdu qui aurait pu servir à améliorer la situation scolaire de nos enfants.

Les directions scolaires et les enseignants ont compris qu’il fallait agir et se sont démarqués contre vents et marées pour fournir au maximum un enseignement adéquat en s’adaptant et en effectuant sur le terrain les correctifs nécessaires et ce n’est pas terminé.»

En quoi cette coalition, formée de milliers de parents, d’universitaires et d’enseignants, a-t-elle retardé l’application de la réforme, je me le demande, surtout si «les enseignants et les directions d’école ont compris qu’il fallait agir» contre des vents et marées indéfinis?

Je continue pour votre plaisir à analyser la prose de notre brigadière scolaire, même si je commence à avoir la nausée, je l’avoue.

«Nous pouvons tous nous apitoyer sur notre sort et sur celui de nos élèves et de nos enfants en nous déclarant victimes et en réclamant l’arrêt de la réforme.

Cependant, une fois cet arrêt effectué, que se passera-t-il? Les élèves deviendront-ils plus performants? Les services afflueront-ils dans les écoles? Le taux d’élèves en difficulté diminuera-t-il?


Et surtout, les parents s’impliqueront-ils davantage dans le cheminement scolaire de leurs enfants?

Permettez-moi d’en douter et de miser davantage sur le retroussage de manches et sur des actions concrètes et déterminantes qui nous permettront d’améliorer et d’estomper les bévues de cette réforme mal aimée.

Collaborons en nous comportons en société interpellée (sic) et impliquée, afin d’offrir à nos enfants une éducation à leur mesure et ce, sans revenir en arrière mais plutôt en agissant rapidement et, surtout efficacement.»

Résumons la pensée pénétrante de dame Potvin ici : l’arrêt de la réforme est un vide et un retour en arrière. C’est pourquoi il faut aller de l’avant, oups! les enseignants doivent aller de l’avant (sans support, formation ou ressources) en se donnant comme principes une série de vœux pieux et de lieux communs.

Honnêtement, je me demande si ce message n’a pas été retenu et payé par le MELS lui-même. Aucun reproche directement adressé au ministère et tous les problèmes refilés aux enseignants!
Accompagnatrice scolaire, Mme Potvin? Permettez-moi d’en douter. Un poste au ministère de la Propagande, ça ne vous intéresserait pas?

Faut que ça saigne!

Je ne peux m'empêcher de faire le lien: une commission scolaire des Cantons-de-l'Est donne des cours d'éducation aux parents. Parmi les techniques de punition abordées: la fessée (utilisée seulement en dernier recours). C'est le Prof maudit qui doit être content!

Plus sérieusement, sans verser dans la démagogie, ces cours sont un effort louable d'équiper les parents démunis devant des enfants-rois. On peut certainement discuter des enseignements du programme (encore faudrait-il les connaître autrement que par les articles sensationnalistes de certains médias), mais depuis le temps qu'on râle comme enseignants qu'il n'y a pas de cours pour être parents.


Pour des articles frappants sur ce sujet:
Radio-Canada
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2007/04/10/004-fessee-cours-parents.shtml

La Presse
http://www.cyberpresse.ca/article/20070410/CPACTUALITES/70410013/1028

Le Journal de Montréal
http://lcn.canoe.com/lcn/infos/regional/archives/2007/04/20070410-080327.html
http://www2.canoe.com/infos/societe/archives/2007/04/20070410-052200.html
http://www2.canoe.com/infos/societe/archives/2007/04/20070410-070902.html

Blogue Canoë
http://www.blogue.canoe.com/quotidien/2007/04/10/cours_de_fessee_101

08 avril 2007

À la demande générale: Potvin 2!

Je ne peux me retenir. C'est plus fort que moi. Plus fort que la montée de la sève et la poussée des bourgeons au printemps! Plus fort que mes hostas qui montrent enfin le bout de leurs tiges!

Madame Potvin est définitivement inspirante. Lisez sa chronique du 5 mars dernier qui traite d'un sujet majeur en éducation au Québec. Vous serez subjugué. On dirait du Mailloux à son meilleur...

La petite culotte et sa démarcation...

N'ayez crainte, je n'ai pas changé de rubrique ou de thème dans le blogue. Aujourd'hui je veux vous parler d'une situation vécue par une mère qui a été outrée et ce avec raison par un règlement (si on peut l'appeler ainsi) auquel sa fille de 8 ans a dû se soumettre lors de son cours de danse dispensé en activité scolaire choisie au sein d'une belle école PRIVÉE et réputée.

La petite de huit ans est arrivée de l'école un soir en disant à sa mère qu'elle n'aimait pas ses cours de danse à l'école parce qu'elle devait retirer sa petite culotte puisqu'elle n'avait pas le droit de les garder sous son maillot.
La mère indignée demanda à sa fille pourquoi elle ne pouvait pas les porter. "C'est parce qu'on voit la démarcation de la petite culotte et ça ne fait pas beau.""Qui vous a dit cela?""C'est ma professeure de danse."

La mère ayant peine à se contenir a dû écrire à la direction de l'école pour que ce règlement absolument inconcevable soit retiré car la direction ne semblait pas en faire une priorité. Après on se demandera pourquoi nos jeunes filles se remettent en question constamment sur leur apparence et sur l'image qu'elles projettent. Honnêtement, j'aurais honte à la place de la direction de l'école et de la professeure de danse... Que de manque de jugement et de psychologie... Pourtant, cette jeune fille devrait fréquenter ce qu'il y a de mieux comme institution scolaire.... puisqu'elle va à l'école privée.

Comme quoi, argent, privatisation et prestige ne riment pas toujours avec besoins de l'enfant et qualité des services éducatifs. Alors mesdames... faites attention à votre démarcation de petite culotte, vous pourriez perdre votre emploi, vos amis voire même votre conjoint... qui sait? C'est tellement important!


Au départ, j'aurais eu envie de vous convier au Jeu des dix erreurs, question de s'amuser à relever les erreurs de ponctuation de l'accompagnatrice scolaire du Journal de Mouréal, mais pourquoi ne pas plutôt varger dans l'essentiel?

Je peux être dans l'erreur, mais un cours de danse parascolaire a un lien direct avec les yeux du spectateur et l'apparence, surtout si on a l'intention de monter un spectacle de fin d'année. Les costumes de scène sont donc importants. Un truc qui ne fait pas beau prend généralement le bord. Reste à définir le beau, mais la prof de danse doit en avoir une certaine idée professionnelle ou ne serait-ce que personnelle.

La maman de la jeune fille vestimentairement ostracisée à peine à contenir sa rage devant ce règlement «inconcevable». Elle écrit alors à la direction d'école. On apprend avec effroi que cette dernière ne se faisait pas une priorité de le retirer. Honte! Quel manque de jugement et de psychologie! Et pourtant, on est au PRIVÉ, comme si la bêtise n'était pas universellement répandue ou variait selon le compte de banque.

Personnellement, je me sens réconforté de savoir qu'il existe des écoles où la démarcation des petites culottes en danse parascolaire n'est une priorité. Ça me rassure, je ne sais pas pourquoi... Là où je suis plus inquiet, c'est lorsqu'une mère-reine et une chroniqueure perdent temps et énergie à contester un prof sur un sujet qui ne vaut pas autant de papier et de salive. J'imagine l'enfant au coeur de tout ce conflit.

Je suis convaincu que ce professeur de danse mérite le bûcher parce qu'elle participe activement à ce grand complot qui vise à dénigrer les femmes quant à leur apparence physique, au même titre d"ailleurs qu'une maman qui achète des vêtements griffés à sa fille ou qu'une accompagnatrice scolaire qui fait la pause pour une photo illustrant sa chronique.

Quant à la conclusion du texte de madame Potvin, on peut mettre le propos qu'on y retrouve sur le compte de l'ironie, mais je voudrais rassurer la gent féminine: la connerie est un facteur de divorce et de congédiement bien plus important que la démarcation de la petite culotte. Il est dommage que le Journal de Mouréal ne s'en aperçoive pas encore...

PS: Désolé pour l'illustration scabreuse et inconvenante, mais je me disais que ça nous mettrait dans l'ambiance.

Pour s'exalter davantage:
http://www.blogue.canoe.com/blog=13&author=75&page=1&disp=posts&paged=3

Un Samedi saint béni des Dieux!

Ils sont morts par leur faute en troisième période et ils ne ressusciteront pas. Et c'est tant mieux!

Depuis le début de l'année, je me sers de cette équipe de CHaudrons (dixit Patrick Lagacé) pour montrer à mes élèves l'importance :
  • du respect des consignes (le fameux plan de match de Guy Carbonneau que pas un joueur ne suit) ;
  • de la préparation (les maudits congés de pratiques à tout bout de champ) ;
  • de l'effort (Kovalev! Kovalev!) ;
  • du travail en équipe (équipe?) ;
  • et de la concentration (les mauvaises pénalités, ça vous dit quelque chose?).
Une équipe a beau avoir des joueurs talentueux, elle ne vaut strictement rien sans ces qualités. Il en va de même pour les élèves. De belles qualités ne servent à rien s'il n'y a pas un peu d'intelligence et d'effort.

Merci aux Canadiens: leur défaite annoncée va me servir en classe. Je pense même que je vais porter mon chandail mardi matin...

Qui a dit que le sport nuisait aux études?

05 avril 2007

Une autre chroniqueure du Journal de Mouréal

Aujourd'hui, je ne m'en cacherai pas: je ne suis pas de bonne humeur. Depuis une semaine, je me suis promis de vous écrire à propos d'une personne qui sévit à l'occasion dans les médias. Mon exaspération aidant, je me lance! Mon billet sera long. J’espère qu’il saura vous apporter quelque chose.

Il y avait déjà Nathalie Elgrably qui nous avait déjà émus avec sa longue analyse sur la permanence des enseignantes. Voilà que ce quotidien du matin publie régulièrement les propos édifiants d’un autre spécimen rare.

Mme Claudine Potvin est accompagnatrice scolaire. Un titre qui semble sérieux et crédible, mais que je traduirais plutôt par gérante d'estrade. On peut la lire dans le Journal de Mouréal chaque lundi et elle n'hésite pas à donner son avis sur divers sujets souvent reliés au monde de l'éducation.

Question d’asseoir sa crédibilité, Mme Potvin fournit une belle biographie qu’on peut consulter sur le site du JdeM comme s’il s’agissait d’une info-pub ou d’un échange de bons services. En effet, elle prend bien soin de préciser qu’elle est enseignante et directrice-fondatrice des entreprises Accompagnement Scolaire inc. et Service de Soutien Scolaire inc. Une telle façon de faire pue la plogue de mauvais goût, mais bon… Ça doit être une autre forme de convergence. Vous remarquerez également sa photo qui, quant à moi, en dit beaucoup sur le personnage.

La première fois où j’ai été confronté aux propos de Mme Potvin, c'était à l'émission de Denis Lévesque à propos du cas pathétique du petit Félix.

Je ne dis pas que cette dame ressemble au Doc Mailloux, mais elle gagnerait parfois à savoir de quoi elle parle avant d'ouvrir la bouche. S'il est facile de ne garder que les bêtises prononcées par quelqu'un qui écrit une chronique sur une base régulière, certaines positions qu'elle a adoptées ont de quoi à laisser certains enseignants pantois.

Ainsi, dans le cas de l'enfant mis en cage dans une école primaire, il faut la voir commenter une situation sur laquelle elle n'avait comme informations que ce qu'en avaient rapporté les médias. Je la cite:

«L'enseignante et la direction d'école ont définitivement manqué de jugement et ont omis de respecter des étapes cruciales dans une telle situation. De plus, lorsqu'on veut isoler un élève et qu'on désire l'aider à bien écouter ce qui se passe en classe, ce n'est certainement pas en l'isolant comme un animal de foire et encore moins en le mettant face à un mur. Cela ressemble davantage à une punition qu'à une intervention professionnelle qui devrait être prise dans l'intérêt de l'élève et de ses camarades de classe. Qu'on appelle l'ordre des enseignants du Québec.... Oups, c'est vrai, il n'y en a pas.»

Y a-t-il un ordre professionnel des commentateurs de l'éducation, au fait? C’est bien regrettable.

Elle commente également l'histoire d'un technicien en éducation spécialisée qui aurait menotté un élève dans le sous-sol d'une école.

«Décidément, le milieu de l'éducation n'a pas terminé de nous en faire voir de toutes les couleurs. Un technicien en éducation spécialisée a trouvé comme seul moyen de contrôler un élève récalcitrant, de le menotter à un poteau dans le sous-sol de l'école. Les techniciens en éducation spécialisée sont formés justement pour apporter du soutien disciplinaire aux enseignants. Hello soutien! Après trois jours de ce même stratagème, l'enfant décide d'appeler les autorités policières avant même d'en parler à ses parents. L'histoire est en cours, l'enfant a changé d'école et ne fait maintenant plus confiance aux intervenants scolaires. A-t-il raison de réagir de cette façon?»

Notez que l'accompagnatrice scolaire Potvin décrit les faits comme s'ils étaient réellement arrivés. En journalisme, la prudence recommande, à tout le moins, l'usage du conditionnel, surtout quand l'histoire est en cours (sic).

Mais à quoi peut-on s'attendre de quelqu'un qui pique une expression au journal Le Devoir du dernier, soit les parents-rois, pour la reprendre dans une de ses chroniques sans avoir au moins la délicatesse d'indiquer ses sources?

Le plat de résistance survient toutefois quand Mme Potvin traite de la réforme.

Les bienfaits de la Réforme (sic)

«Elle permet aux élèves de valider leurs connaissances en développant leurs compétences par exemple, un enseignant peut faire un projet de réaménagement de la classe en mettant à contribution les élèves qui vont travailler à l’aide de plans (périmètre, unités de mesure, etc.) et qui vont valider l’acquisition des connaissances transmises par l’enseignant en les appliquant au projet.»

Je remarque tout d’abord que, dans la vision de l’accompagnatrice scolaire, pédagogie par projet et réforme vont de pair. Comme d’habitude, l’exemple mentionné s’applique mieux au primaire qu’au secondaire. Ce sont également les élèves qui valident leurs connaissances. En sont-ils capables? Ont-ils la maturité suffisante pour le faire? Où est l’enseignant dans ce processus de validation? Et qui a donné le temps à l’enseignant de créer ce projet? Enfin, poursuivons.

«L’élève a deux ans pour assimiler les apprentissages du cycle. Donc, un élève de première année éprouvant des difficultés ou apprenant avec un rythme un peu plus lent aura la deuxième année pour consolider et rattraper les apprentissages non acquis.»

Ici, on commence à entrer dans une vision relevant de la pensée magique. À lire Mme Potvin, on a l’impression que la deuxième année du cycle n’est en fait que de la révision et qu’un élève pourra effectivement rattraper son retard. Dans les faits, rien n’est plus loin de la réalité. Les élèves en difficulté demeurent en difficulté. La matière avance. Ils n’arrivent pas à reprendre leur souffle et ils se désespèrent…

Vous croyez en avoir lu assez? Attendez : le meilleur reste à venir!

«Elle (c.-à-d. la réforme) vise davantage le développement des compétences et le dépassement de soi-même que les apprentissages en robot (par cœur) et la compétition ne fait souvent que mousser la performance des meilleurs et dénigrer les difficultés des plus faibles.»

Quelle condamnation sans appel de convictions pédagogiques autres que celles mises de l’avant par la réforme! Un peu de mépris et d’arrogance avec ça? Les quinze années que j’ai enseignées en cinquième secondaire sont balayées d’un coup : je n’ai produit que des robots et dénigré les plus faibles! Et le vilain mot est lâché : la compétition pas fine! Comme si, pour moi, le fait qu’un élève soit meilleur en français qu’un autre en faisait un moins bon être humain ou un moins bon élève! Enseignants du monde entier, vous êtes tous des cons si vous n’êtes pas un fervent du renouveau pédagogique!

«Un élève est capable de voir par lui-même ceux qui réussissent mieux que lui et ceux qui ont plus de facilité. Il n’a pas besoin de pourcentage et de moyenne de groupe pour valider le tout.»

Là-dessus, j’ai demandé à un collègue si ses deux enfants au primaire étaient capables d’identifier ceux qui réussisent mieux qu’eux. Réponse : avec la réforme, ils n’arrivent absolument pas à le savoir. Tout le monde est donc égal… Vive Orwell!

«Le parent a-t-il besoin de la moyenne du groupe pour accompagner son enfant et l’encourager dans son cheminement scolaire? Le parent ne veut-il pas davantage amener son enfant à se dépasser lui-même à s’améliorer tout en respectant ses propres capacités? La comparaison avec les autres de la part d’un parent envers son enfant n’est pas appropriée.»

Actuellement, la majorité des parents ne comprennent pas le bulletin de leur enfant. Ils ne peuvent donc pas l’accompagner de toute façon. Quant à moi, c’est un peu prendre les bons parents pour des imbéciles que de penser qu’ils ne se fient qu’à l’écart avec la moyenne du groupe pour évaluer leur enfant. Il s'agit un indice parmi bien d’autres et plusieurs parents sont capables de faire la part des choses. Ceux qui n'y arrivent pas, réforme ou non, demeureront demeurés.

Les ratés de la Réforme (sic)

«Les enseignants ont été mal formés et mal préparés pour l’implanter, d’où les difficultés rencontrées jusqu’à maintenant.»

On ne cesse implicitement de nous rappeler notre incompétence. C'est agaçant à la fin! Et les programmes incompréhensibles? Et les retards du MELS dans la conception des programmes? Et l’improvisation à outrance? Et les manuels absents? Et les conseillers pédagogiques qui en savent à peine plus que les enseignants à qui ils donnent des formations? Et le manque d’écoute du MELS?

«Le nouveau bulletin est conçu avec des termes réservés aux professionnels de l’éducation. Les parents ne se retrouvent pas et ne comprennent pas les nouvelles données inscrites au bulletin.»

Comme je comprends difficilement certains éléments des bulletins, j’en déduis que je ne suis pas un professionnel de l’éducation, comme bien de mes collègues d’ailleurs.

«Au secondaire, le style d’enseignement du français (ex . : par la littérature) est maintenant à la discrétion de l’enseignant. Par conséquent, si l’élève a trois enseignants (secondaire 1, 2, 3) préférant passer par la littérature pour enseigner le français, il ne verra pas une autre façon d’apprendre.»

Avouez que c’est clair! À quatre professeurs de français, dont un qui possède un doctorat en didactique, on cherche encore ce que signifie ce passage. Style d’enseignement manière comme que?

«Il n’y a pas plus de ressources.»

Quelle surprise! Le fric est englouti dans des comités, des structures, des études, des formations. Et ne parlons pas de l’achat des manuels!

Il n’y a pas à dire : quelle analyse que nous a livrée Mme Potvin! Quelle critique poussée! Et où parle-t-on des fondements idéologiques et pédagogiques plus que douteux de ce renouveau? Des élèves en difficulté de plus en plus nombreux? De la baisse des résultats en français?

Serez-vous surpris quand je vous indiquerai le titre de cette chronique sur la réforme? Rien de moins que Retroussons-nous les manches et continuons la Réforme (sic). Comme si les enseignants n’avaient pas déjà fourni des efforts pour essayer de l’implanter!

Mme Potvin : accompagnatrice scolaire? Pour mes collègues, ils comprennent rapidement en la lisant que, côté accompagnement, le titre de brigadier lui conviendrait davantage.

À propos de Félix (Comme un animal?):
http://www.blogue.canoe.com/?blog=13&author=75&page=1&disp=posts&paged=3

À propos de l'éducateur spécialisé (Comme un fugitif ou un prisonnier...)
http://www.blogue.canoe.com/?blog=13&author=75&page=1&disp=posts&paged=2

À propos des parents-rois (Êtes-vous un parent-roi?)
http://www.blogue.canoe.com/?blog=13&author=75&page=1&disp=posts&paged=2
http://www.ledevoir.com/2007/02/19/131671.html

03 avril 2007

Ouvrez, police!

Zarzou m'a donné une piste que j'exploite dans ce billet.

Êtes-vous un amateur de romans policiers? Si oui, lequel ou lesquels vous ont marqué?

Pour ma part, j'en dévore un ou deux par semaine, souvent le soir très tard ou la nuit après avoir trop corrigé. Un peu comme un drogué, j'ai besoin de ma dose quotidienne, question de me changer les idées. Pas étonnant que ma meilleure amie soit une libraire. Pourtant, rien ne me prédestinait à ce genre littéraire. J'ai passé ma jeune entre Balzac, Zola et Stendhal.

Alors, des suggestions? des coups de coeur?