27 novembre 2014

L'école n'est plus une garderie!

Entre collègues, on se plait parfois à dire que l'école est une gigantesque garderie où certains parents «dumpent» leurs enfants du matin ou soir, quand ce n'est pas le transport scolaire qui s'occupe de les mener à bons ports.

Mais voilà: cette comparaison ne tient plus. En effet, le gouvernement libéral a statué aujourd'hui que la garderie, c'est du sérieux. Plus que l'école. Comment? En indiquant qu'il pénaliserait les parents qui n'envoient pas leurs enfants à la garderie, laissant ainsi une place inoccupée. Par contre, pour l'école, aucune pénalité n'est prévue. Certains de nos bons élèves pourront ainsi continuer à manquer la classe pour des motifs futiles sans aucun problème.

Dans les faits, il ne faut pas croire que le gouvernement de M. Couillard se soucie du développement des enfants. Après tout, pour paraphraser notre bon ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, il n'y a pas un enfant qui va mourir de manquer quelques jours à la garderie Picot. Ce qui intéresse nos gouvernants est de maximiser le nombre de places qu'on y offre. Des considérations économiques, donc. 

Une question maintenant: notre gouvernement a-t-il l'intention de pénaliser les parents dont les enfants seraient absents à un service de garde où ils seraient inscrits? Apprécions l'ironie: un parent serait pénalisé parce qu'il n'a pas envoyé son enfant au service de garde d'une école alors qu'on ne dirait rien pour ses absences en classe...

10 novembre 2014

Un comportement discutable

On apprenait par le biais du JdeM que l’ancien président de la commission scolaire des Affluents, M. Yves Saint-Denis, refusait de remettre à cette CS l’équipement informatique rattaché à ses fonctions antérieures. La CSA lui a même proposé de racheter pour 1 000$, une somme discutable, une imprimante, une tablette, un ordinateur de bureau et un portable. Et il a refusé en affirmant que c'était trop cher pour quelqu'un qui aurait fourni son propre matériel au début de son mandat.

Monsieur Saint-Denis, au sein de votre ancienne commission scolaire, combien d’enseignants fournissent ou ont fourni leur propre matériel pour enseigner? Combien paient à même leur propre argent du matériel, des livres, de l’équipement informatique? Combien actuellement n’ont même pas d’ordinateur pour travailler et apportent le leur à l’école?

Votre comportement, M. Saint-Jacques, rappelle celui des gens qui croient que tout leur ai dû. Qui plus est, il renforce l’idée que les CS sont des lieux de gaspillage où les décideurs ne songent qu’à se donner des privilèges. D’ailleurs, sur ce point, votre silence sur les réformes que compte entreprendre le ministre Bolduc quant aux CS est bien intriguant. On a du mal à comprendre qu’en tant qu'ancien président d’une commission scolaire il y a à peine quelques mois, vous n’ayez plus rien à dire. Pourtant, n'est-ce pas vous qui déclariez le 11 octobre 2013:  «C'est sûr que je vais défendre les commissions scolaires.»

09 novembre 2014

À propos des jeunes et de la novlangue de 1984

Je ne peux m'empêcher de réagir à ce texte paru dans Le Devoir...


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Monsieur Bergeron,

Dans votre texte publié le 6 novembre dernier, vous parlez du manque de culture générale de vos étudiants et de leur manque de vocabulaire. Vous l’associez entre autres à la culture du texto. Or, il n’existe aucune étude sérieuse sur les impacts négatifs du texto sur la langue et le vocabulaire. Si vous en avez une, il me fera plaisir de la consulter. Pour ma part, je me méfie des généralisations anecdotiques comme celles à laquelle vous vous livrez. De même, il serait intéressant de vérifier si les jeunes d’aujourd’hui s’expriment moins bien que leur parents ou leurs grand-parents. Il est de si bon ton, vous savez, de verser dans la nostalgie (qui n’est plus ce qu’elle était) et de dénigrer les technologies de la communication et de l’information.

Puisque nous parlons des médias, vous écrivez dans un de vos commentaires à la suite de votre texte: «C’est à se demander si l'image ne vient pas prendre sa revenge après avoir été tassée suite à l'invention de Gutenberg.» Euh… L’image tassée par l’imprimerie? Mais dans quel siècle vivez-vous? Moi qui croyais qu’on avait inventé la photo, le cinéma et la télévision depuis ce temps. Saviez-vous, sur ce point, que la venue des grands médias télévisés aux États-Unis dans les années 1950 a entrainé une augmentation des tirages des grands journaux? Méchante revanche de l’image sur l’écrit…

De façon plus précise quant à votre propos, le vocabulaire auquel vous faites référence est tout de même spécialisé et relié davantage à un cours d'ECR ou d'Univers social que de français. Cela ne vous empêche pourtant pas de décocher une flèche à certains (quelques? plusieurs? tous les?) enseignants du primaire et du secondaire: «Ils [les étudiants] ne comprennent pas l'importance des mots pour la construction de la pensée. Ce travail devrait être fait au primaire, au secondaire mais à condition d'avoir des professeurs qui ont cette même passion du langage…»

Je vous invite à m’accompagner, Monsieur Bergeron, une ou deux journées, à mon école secondaire pour voir le travail que nous y effectuons. Nos partons de très loin. Un récent sondage effectué par La Presse la semaine dernière montrait le niveau de culture générale des Québécois. Vous n’avez pu le manquer, j’imagine.

Oui, les jeunes devraient avoir un meilleur vocabulaire. Oui aussi, leurs parents n’en ont pas un meilleur. Oui, il manque de ressources dans nos écoles. Oui, notre ministre de l’Éducation et le gouvernement libéral actuel ne semblent pas très sensibles à l’importance de la langue française, mais vous éludez une bonne partie du problème en vous ne vous intéressant pas à la société dans laquelle nous évoluons et aux priorités de celle-ci. Les contribuables veulent payer moins d’impôts et de taxes. Socrate, Platon et les autres, ils s’en balancent. Voilà un beau défi pour un professeur de philosophie engagé comme vous.

Enfin, puis-je souligner que votre propos sur les jeunes détonne énormément de tout ce qu’on a dit d’eux lors du fameux «Printemps érable»? Aurait-ils tous soudainement si changés?