30 novembre 2007

La lecture, la réforme et les parents!

Une étude du Centre international pour l’évaluation des apprentissages scolaires (CIEAS) montrerait que les élèves québécois de la réforme liraient moins bien (ici et ici). En fait, ils seraient bon derniers au Canada. Au niveau international, le Québec arriverait en milieu de peloton avec 533 points. Avec 3748 élèves provenant de 185 écoles, on ne peut pas dire que l'échantillon était trop petit ou peu représentatif.

Sauf qu'il ne faut pas déchirer sa chemise non plus quand on réalise qu'il s'agit d'une baisse de... quatre points. Pour une fois, je suis d'accord avec l'attitude du MELS qui ne s'en fait pas outre mesure. Les résultats du Québec ne semblent pas indiquer une tendance lourde.

N'empêche que ces résulats vont amener de l'eau au moulin de ceux qui croient que la réforme nuit aux jeunes. Ainsi, deux chercheurs cités dans l'article attribuent cette baisse au Renouveau pédagogique.

Mais là ou cette étude est intéressante, c'est lorsqu'elle montre le peu d'intérêt des Québécois pour la lecture.

  • Dans un sondage accompagnant cette recherche, 85 % des parents de la Nouvelle-Écosse ont répondu avoir sensibilisé leur enfant à la lecture avant la maternelle contre seulement 64 % des parents québécois.
  • 39 % des jeunes albertains possèdent plus de 100 livres à la maison, seulement 17 % des Québécois sont dans la même situation.
  • En Colombie-Britannique, 53 % des enfants lisent pour le plaisir presque tous les jours. Au Québec, seulement 47 % le font.
  • Seulement 38 % des parents québécois lisent plus de cinq heures par semaine alors que ceux de Colombie-Britannique sont 49 % à le faire.
  • Dans la province, 91 % des écoles ont une bibliothèque scolaire contre 100 % des écoles albertaines.
  • 20 % des enseignants québécois donnent plus de six heures de cours de lecture chaque semaine contre 45 % en Nouvelle-Écosse.

«Au Québec, on a un problème de priorité. Tous milieux confondus, le niveau de lecture des familles québécoises est bas. Les parents ne sont plus des modèles pour leurs enfants», affirme Jean-Paul Martinez, président du groupe de recherche LIRE.

Si l'école peut se livrer à un certain mea culpa, j'espère que Mme Collard lira cet article avec intérêt et constatera le peu d'importance que certains parents québécois donnent à la lecture dans l'éducation de leur enfant. Avant de réclamer des congés de devoir, il faudrait peut-être tout d'abord s'assurer de jouer son rôle de parent pleinement.

Mais, au fond, et je ne me ferai pas d'ami ici, l'éducation n'est pas une valeur importante au Québec si on effectue des comparaisons au niveau canadien. Un sondage dont je ne retrouve pas la trace ce matin confirmait d'ailleurs ce fait. Qu'on cesse donc de se mentir et de croire à des chimères déculpabilisantes.

29 novembre 2007

Ventre affamé n'a point d'oreilles (ajout)

Je suis de très mauvais poil cette semaine. Plus je lis les journaux, plus je songe à changer de pays. Le Québec me tue, littéralement.
Gros débat con cette semaine dans les médias: les devoirs! Ils stressent les parents, ils sont inutiles, ils empêchent les relations parents-enfant et que sais-je encore!

N'empêche, il faut lire le texte de Nathalie Collard qui conclut sa pensée en écrivant: «Les enseignants insistent beaucoup pour que la société reconnaisse leurs compétences professionnelles. Soit. À condition qu’on reconnaisse aussi les compétences parentales. Aux parents de décider ce qu’ils feront de leur soirée.»

Bien, à tous ceux qui ont du temps à perdre avec ces problèmes de riches, à tous ceux qui passent des mois à parler de compétences transversales, de paradigme de l'apprentissage, je suggère la lecture de ce texte où l'on peut lire:

«Dans les écoles de quartiers pauvres, on ne donne pas d'examens à la fin du mois parce que les enfants ont faim. Les gens ont semblé surpris d'entendre ça... Cette situation n'est pourtant pas nouvelle!», a affirmé Denyse Lacelle qui travaille au Conseil communautaire de Côte-des-Neiges/Snowdon.

Selon Mme Rochette, La directrice générale des Magasins partage, les enseignants devraient faire éviter de donner des examens à la fin du mois «parce que les plus démunis auront plus d'échecs. C'est dangereux qu'ils se découragent, qu'ils lâchent l'école et qu'ils se maintiennent dans un cercle de pauvreté, avertit-elle. Mais des fois, c'est sûr, les enseignants n'ont pas le choix.»

Vive les chroniqueurs dont les enfants sont la priorité! «Pourquoi devraient-ils accepter l’intrusion de l’école qui vient en quelque sorte dicter la façon dont se déroulera le temps passé avec leur enfant ? La soirée devrait leur appartenir», écrit madame Collard. Pourquoi alors devrais-je accepter en classe votre jeune qui ne sait pas vivre, votre jeune qui s'absente pour faire poser les pneus d'hiver sur sa voiture, votre jeune qui se drogue?

Vive aussi l'argent dépensé dans la réforme! Je suis convaincu que des ventres vides apprennent mieux maintenant grâce à cette belle initiative. La pauvreté et la détresse humaine sont des causes majeures d'échec scolaire. Où aborde-t-on ce point sur les blogues des bien-pensants de l'éducation. On est vite sur le piton pour dénoncer la malbouffe, mais peut-on s'assurer que les enfants mangent à leur faim? On est vite pour se plaindre des devoirs, mais que fait-on pour que nos jeunes puissent avoir véritablement tous les éléments pour réussir? En Finlande, modèle de réussite en éducation, les enfants sont nourris sainement et gratuitement à l'école.

Quant aux compétences parentales auxquelles fait référence madame Collard, permettez-moi d'être critique. Des jeunes battus, négligés ou maltraités physiquement et psychologiquement, des jeunes qui doivent gagner leur vie à 16 ans pendant que leurs parents vont au travail dans une voiture de l'année, j'en connais trop! Au Québec, les enfants et l'école sont trop de troubles pour plusieurs parents. Si je vous disais combien d'élèves j'ai failli adopter tellement la situation familiale dans laquelle ils vivaient était intenable, combien de fois j'en ai dissuadé de se suicider, combien de fois... Combien de fois...

Trop de devoirs? Peut-être, peut-être pas. Mais est-ce que nos jeunes apprennent quelque chose à l'école? Les prépare-t-on correctement à vivre l'avenir? Les nourrit-on seulement pour qu'ils puissent être en état d'apprendre?

Compétences parentales? Vraiment? Alors, donnez-moi le droit de faire un bulletin des parents des élèves à qui j'enseigne!

Le Québec a parfois des allures de pays sous-développé, mais une certaine élite intellectuelle semble se complaire dans des discussions oiseuses. Et pour ce qui est des parents, je fais mien ce proverbe connu en éducation:

«Il y a un permis pour avoir un char, mais pas de permis pour avoir un enfant.»

Tant que des parents, tels madame Collard, vont voir l'école comme un adversaire, tant que des parents ne comprendront pas que l'éducation de leur enfant est un «passage obligé et nécessaire», tant que des parents vont vouloir tout avoir (une attitude qu'ils ont transmise à leur enfant d'ailleurs), le Québec me tuera. Littéralementme tuera. Littéralement.
Et comme ce n'est pas assez, j'attends que le MELS et mon syndicat dénoncent conjointement l'attitude de Mme Collard. En effet, vous vous rappelez sûrement qu'alors que nous étions en moyens de pression, un juge avait statué que les devoirs étaient un service essentiel que les enseignants ne pouvaient pas boycotter. Si je me base sur ce jugement, par son attitude, Mme Collard nuit à l'éducation des enfants et met en péril leur avenir, rien de moins...

27 novembre 2007

Amusons-nous un peu!

Je sais, je sais: ce titre vous rappelle les désopilantes chroniques du Sélection du lecteur indigeste. Sauf que, quand l'actualité nous permet de nous amuser un peu, pourquoi s'en priver? Allons-y, cruellement.

L'enseignante et le nounours islamiste

Si vous avez un ours en peluche en classe, ne jamais l'appeler Mohammed comme nous le précise cet article :

«À Khartoum, au Soudan, une enseignante britannique, Gillian Gibbons, pourrait être passible de 40 coups de fouet, de 6 mois de prison ou d'une amende pour avoir laissé les enfants de sa classe nommer un ours en peluche Mohammed.»
Quand je pense qu'au Québec, un de mes accessoires de classe se nomme Patapouf et que le premier ministre du Québec ne m'a pas encore donné le fouet, je me dis que nous vivons dans un pays de liberté.
Le Tiers-monde éducatif québécois
On peut bien rire des nouvelles qui surviennent dans d'autres pays, le système d'éducation du Québec a toutes les allures de celui d'un pays sous-développé si on se base sur la venue de Médecins du monde dans nos écoles :
«Les élèves d'une dizaine d'écoles secondaires de Montréal auront la chance d'avoir un cours d'éducation sexuelle et d'être sensibilisés à la réalité du VIH-sida et autres maladies transmises sexuellement grâce à Médecins du monde et au groupe Sexperts, formé d'étudiants en médecine de l'Université McGill.»
Je ne sais pas, mais j'ai comme un malaise tout à coup.
Adoptez un petit Canadien!
En plus d'avoir recours à des médecins dont l'expertise est d'oeuvrer dans des milieux sous-développé, il n'est pas loin le jour ou des habitants de la Chine pourront se donner bonne conscience en adoptant un pauvre petit Canadien:
«En rendant public son rapport annuel, lundi, Campagne 2000 a constaté que la proportion d'enfants pauvres au Canada n'a pas diminué depuis 1989 - malgré des promesses répétées des gouvernements de s'attaquer à ce problème.«Dix-huit ans après la résolution multipartite de 1989 à la Chambre des communes, le taux de pauvreté chez les enfants est exactement le même», note le rapport, qui a reçu l'appui des trois partis d'opposition fédéraux.»

Le cerveau des sportifs

Le sport, c'est santé! Détrompez-vous, du moins si l'on se base sur ce texte :

«Une équipe de chercheurs de l'Université McGill a permis de démontrer une relation de cause à effet entre les commotions et les troubles dépressifs. Le suicide de l'ex-footballeur Andre Waters, l'an dernier, et le double homicide suivi du suicide du lutteur canadien Chris Benoît en juin dernier ont défrayé la chronique. Les autopsies des deux sportifs avaient révélé que leur cerveau était si endommagé par les commotions cérébrales, qu'il ressemblait à celui d'un homme de 80 ans à un stade avancé de la maladie d'Alzheimer.»

Un pas de plus dans la compréhension du comportement de Dave Hilton...

Le cerveau des patients

Aux États-Unis, certains médecins ont de la difficulté à distinguer la droite de la gauche selon ce texte :

«Depuis le début de l'année, trois patients ont été opérés au cerveau du mauvais côté par erreur dans un hôpital de Rhode Island aux États-Unis, qui vient de se voir infliger une amende de 50 000 dollars et un blâme du Département de la Santé de l'État.

Une suggestion: écrire au rouge à lèvres «côté droit» et «côté gauche» sur la boîte crânienne des patients.

«Nous sommes extrêmement préoccupés par la poursuite de ce schéma», a expliqué lundi le directeur du Département de la santé David Gifford dans un communiqué.»

Ouf! Nous voilà rassurés!

Le cerveau de la ministre Boulet?

C'est la question qu'on peut se poser quand on prend connaissance de cet texte :

«La ministre des Transports, Julie Boulet, n'écarte pas la possibilité de rehausser la vitesse minimum permise sur les autoroutes du Québec. Lors d'une conversation informelle avec des membres des médias, à Montréal, mardi, Mme Boulet a reconnu que le minimum de 60 kilomètres à l'heure sur les autoroutes pouvait représenter un danger tant pour les personnes qui circuleraient à cette vitesse que pour les autres usagers de la route.»

S'il y a a quelqu'un qui aurait dû ne pas parler de limite de vitesse, c'est bien elle, il me semble.

«Elle a toutefois admis, lorsqu'interrogée à ce sujet, qu'il pourrait être risqué de parcourir la distance entre Québec et Montréal à 60 kilomètres à l'heure sur l'autoroute 20 et qu'il serait opportun de revoir cette limite minimale.»

C'est vrai qu'avec toutes ces limousines de ministres qui roulent à 130 km à l'heure, les gens qui roulent moins rapidement sont des obstacles dangereux.

25 novembre 2007

Des nouvelles de mes lectures

Avec la rentrée scolaire, mes occupations professionnelles, ma carrière médiatique et ma passion pour le boulingrin, j'ai ralenti mon rythme de lecture. Un livre par semaine. Généralement, ça éloigne l'ennui et contribue à garder mon imagination en vie.

Il y a un auteur que j'ai davantage appris à apprécier cet automne et c'est Jo Nesbo, auteur dont j'ai parlé dans un billet précédent. Il n'est pas étonnant donc que j'ai pris la résolution de lire l'ensemble de ses romans.

Rue Sans-Souci (Jo Nesbo): l'inspecteur Harry Hole voit une ancienne maîtresse être assassinée de façon mystérieuse. Les soupçons se portent immédiatement sur lui puisqu'il a passé la nuit précédente en sa compagnie. En même temps, ce dernier affronte ses collègues qui ne voient qu'un bête accident dans un hold-up qui a mal tourné alors qu'il s'agit en fait, selon lui, de bien autre chose. Roman enlevant et efficace. L'inspecteur Hole est attachant. (8,5 sur 10)

Les cafards (Jo Nesbo): Harry Hole est envoyé en Thaïlande pour résoudre le meurtre d'un ambassadeur peut-être pédophile. Qui de mieux qu'un inspecteur alcoolique et dépressif pour ne pas trouver la vérité? Sauf que Hole a décidé d'être sobre et de ne pas jouer le jeu. Pour un deuxième roman, on s'aperçoit que Nesbo est un auteur maîtrisant parfaitement ses intrigues et ses personnages. Son humour noir n'est pas sans nous rappeler Chandler, ce qui est tout un exploit. (8,5 sur 10)

L'ombre du vent (Carlos Ruiz Zafon): dans la ville de Barcelone de l'après-guerre, un petit garçon fait la rencontre d'un livre qui va changer sa destinée. Grosso modo, il s'agit ici d'un roman d'apprentissage, intéressant mais un peu longuet. On aime ou on déteste. Ce livre a reçu le Prix des libraires du Québec 2006. Pas étonnant, il parle de livres... Un extrait de ce dernier a aussi servi à l'examen de lecture du MELS, je crois. (7,0 sur 10)

Les trottoirs de Manhattan (Jeffery Deaver): une employée d'un club vidéo est sur la piste du butin d'un hold-up survenu des dizaines d'années plus tôt. Celui qui nous a donné d'excellents romans policiers (Le rectificateur, entre autres) nous livre ici un roman décevant et un peu plat. On ne peut pas être bon à tous les coups. (5,0 sur 10)

L'affaire Gerald Bull (Normand Lester) : cette enquête de Normand Lester sur cet ingénieur québécois nous permet d'en apprendre davantage sur le père de super-canons qui ont trouvé preneurs dans des pays comme les États-Unis et l'Irak sous Saddam Hussein. On s'aperçoit qu'en ce qui a trait à l'armement militaire, le Canada est un joueur mondial important, malgré tous ses beaux discours pacifistes.

Le blues du tueur à gages (Lawrence Block) : pendant 330 pages, on suit John Keller dans son travail de tueur à gages. L'idée était séduisante, mais le résultat est inégal. Un peu comme une série de courtes nouvelles reliées entre elles, Block nous fait partager le quotidien d'un personnage auquel on finit néanmoins par s'attacher. Seulement, le résultat est inégal et le dernier texte nous laisse un peu sur une impression d'insatisfaction. Dommage (6,5 sur 10)

René Lévesque (Louise Beaudoin et François Dorlot) : il est difficile ici de parler d'une biographique. Beaudoin et Dorlot nous font partager des moments privilégiés qu'ils ont connu avec celui qu'on a surnommé affectueusement «Ti-Poil». Comme il s'agit d'un personnage largement médiatisé, on apprend peu de choses nouvelles sur celui-ci, mais certaines anecdotes vous feront sourire à coup sûr.

Drogue: non, non, non!

Bonne nouvelle: avec l'arrivée de l'hiver chez nous hier soir vers 20h22, on apprend que nos jeunes seraient de moins en moins gelés! Ainsi, depuis les six dernières années, la proportion de ceux qui consomment des drogues est passée de 40 % à 30 % au Québec. Réjouissons-nous! Sablons le champagne! Ouvrons la caisse de 12! Passe-moi le joint!

J'écris «consomme des drogues», mais je déteste cette expression euphémique comme le relevait je ne sais plus qui hier à la radio. En employant ces termes, on banalise pour certains jeunes la consommation de stupéfiants en la réduisant à un simple produit de consommation. Mais enfin, ne faisons pas les difficiles: notre monde se porte mieux!

Dans cette récente étude de l’Institut de la statistique du Québec, on apprend aussi:
  • L’âge moyen auquel les jeunes sont initiés aux drogues tend à augmenter. Il se situe maintenant à 13,2 ans, tant chez les garçons que chez les filles.
  • Plus les années d’études augmentent et plus la proportion de jeunes qui ont consommé augmente. Selon ces nouvelles données, ils sont 7,9 % en première secondaire et 50,9 % en cinquième.
  • Les jeunes qui ont un emploi sont plus nombreux à consommer (35 %) que ceux qui ne travaillent pas (24 %).
  • La consommation est également plus fréquente parmi ceux qui reçoivent une allocation de 51 $ et plus (50 %) que parmi ceux qui ne disposent que de 31 $ à 50 $ (41 %).
  • L’enquête montre par ailleurs que plus d’élèves consomment des drogues parmi ceux qui parlent français à la maison (32 %) que parmi les allophones et les anglophones (19,2 %).
  • La structure familiale semble aussi influencer la consommation puisque 42 % des jeunes vivant dans une famille monoparentale affirment avoir consommé de la drogue comparativement à 27 % des jeunes vivant dans une famille traditionnelle.
  • Alors que la consommation de drogue en général est légèrement plus élevée chez les garçons (31,1 %) que chez les filles (29,3 %), le cannabis demeure la drogue la plus populaire auprès des jeunes du secondaire.

Bref, si votre jeune est un garçon francophone âgé de 14 ans ayant un emploi ou de l'argent de poche et vivant dans une famille monoparentale, il a de fortes chances de se droguer.

Toujours selon cette études, parmi les raisons invoquées pour justifier le fait qu'ils se droguent, 74,2% des adolescents parlent de l’influence de leurs amis et 24,1% disent se baser sur l’exemple de... leurs parents. À quand un livre intitulé: Désintoxiquons-nous en famille ?
Enfin, une autre étude pour laquelle je ne retrouve pas le lien précise qu'un jeune sur cinq a un problème de dépendance et vient gelé en classe. Je le sais, je le connais.

24 novembre 2007

Les dérives du renouveau Titanic: penser positif et éviter de souligner l'excellence

Juste comme ça. Quand on parle de légendes urbaines reliées au Renouveau pédagogique. Parfois, il y en a qui sont vraies.

Dans les échanges sur le blogue de Ness, on peut lire la remarque suivante d'Anne-Julie: «Imaginez-vous que pour les commentaires du premier bulletin pour mes élèves de 1ere secondaire, nous avons eu un message de la direction disant: ''L'équipe de la direction souhaite que les commentaires soient formulés positiviement.'' »

Ça me rappelle une anecdote de Safwan, je crois, qui racontait que la direction de son école avait exigé exactement la même chose. Coïncidence? Action concertée?

Un autre bel exemple de dérive pédagogique: une école secondaire de ma commission scolaire a retiré les mentions d'excellence que pouvaient utiliser les enseignants dans les bulletins et dans les activités d'émulation. Raison invoquée: la mention «excellence» discrimine négativement les élèves qui n'en ont pas reçu et nuisent à leur motivation. De plus, ces mentions n'étaient pas «réforme». Et tant pis pour les imbéciles dont on ne reconnaîtra plus le travail de cette façon! Je sais, je sais: il y a bien d'autres manières de souligner la réussite exceptionnelle d'un jeune, mais il est symptomatique de constater le retrait de ce commentaire dans un bulletin au nom de l'estime de soi de ceux qui éprouvent des difficultés.

Moi qui croyais que l'évaluation et le jugement professionnel des enseignants étaient des domaines reconnus et qui leur appartenaient, je constate qu'on se paie bien notre tête. On nage dans le ridicule et le jovialisme à la Jean-Marc Chaput. Tant qu'à sombrer dans le ridicule, quand un élève perturbateur manque souvent la classe, doit-on considérer que le commentaire «L'élève est fréquemment absent» est positif?

Ce sont des actions similaires qui torpillent la réforme. Qu'attendent ceux qui la défendent pour rappeler à l'ordre ceux qui préconisent de tels raisonnements? Avec des amis comme ça, ils n'ont définitivement pas besoin d'ennemis.

C'était con avant, c'est encore con maintenant. Chasuble qu'on déconne en éducation!

21 novembre 2007

La ministre Boulet

Depuis quelques jours, on se paie tous la tronche de la ministre des Transports Julie Boulet qui a affirmé dormir en guise d'excuse pour ne pas avoir remarqué les infractions au Code de la route de son chauffeur. Eh bien! je la crois. Moi aussi, je dormirais 15 minutes après m'être tapé un de ses discours...

Toujours est-il que Safwan nous explique, dans un récent billet, que «Boulet» se prononce «Boulé». Moi, je pensais plutôt que c'était «boulette» comme dans: «La ministre a encore fait une boulette.»

Mais non, mais non: je l'aime. Elle a seulement dû démissionner comme adjointe parlementaire du ministre de la Santé parce que sa pharmacie recevait des dosettes gratuites. Par la suite, on a découvert que l'édifice ou elle tenait son commerce hébergeait des médecins avec des loyers avantageux. Voilà maintenant qu'elle blâme son chauffeur qui, tout à coup, a profité de son sommeil pour conduire comme la majorité des Québécois alors qu'habituellement, il devait sûrement respecter les lois à la lettre.

Cré Julie! Voilà la preuve que la bêtise n'est pas que l'apanage de l'ADQ. Faut-il cependant s'en réjouir?

20 novembre 2007

Pour Noël, madame la ministre...

Parents, enseignants, directeurs, élèves, éducateurs et éduca-tristes!

Supposons que, pour Noël, vous ayez la possiblité de discuter avec la ministre Courchesne. Que lui diriez-vous? Que lui demanderiez-vous?

J'attends votre liste. Vous pouvez y verser une part de fantasie, mais aussi une bonne dose de réalisme.

18 novembre 2007

La dictée masquée

A-t-on assez parlé de dictées la semaine dernière et la semaine précédente? Même le premier ministre Charest s'en est mêlé! On en a dit un peu n'importe quoi, remarquez...

La dictée est devenue un instant le symbole de la bonne vieille méthode avec laquelle on apprend à écrire pour les uns et le symbole de l'oppression des méthodes pédagogiques traditionnelles pour les autres. Or, elle est tout cela et rien en même temps. Autant de profs, autant de façons de travailler avec une dictée. J'ai la mienne, tout à fait masquée disons.

Tout d'abord, mes dictées sont toujours rattachées au discours que nous abordons en classe. Ne me parlez pas d'une dictée sur les fleurs et les abeilles quand nous travaillons le texte argumentatif, par exemple. C'est totalement ridicule! Jamais je ne ferai un Pivot de moi.

En ce sens, mes dictées servent donc un peu de modèles. On peut voir les différentes parties du texte, la structure générale, etc. Cependant, je m'attends à ce que l'élève soit capable d'aller plus loin dans ses productions personnelles plus tard au cours de l'étape.

Ensuite, comme ces dictées sont rattachées directement au discours travaillé, elles nous permettent de voir concrètement des exemples de mots, de structures de phrase ou de règles de grammaire dans un contexte précis. Il faut savoir que, souvent un type de discours utilise des règles qui lui sont propres. Je pousserai peut-être plus loin un jour cet aspect de l'écriture mais disons, par exemple, que, dans un texte narratif, l'élève confond souvent un participe passé avec un verbe conjugué au passé simple. Dans un texte argumentatif, il aura plutôt tendance à mal ponctuer des phrases comprenant des subordonnants et des coordonnants.

Les dictées peuvent donc servir à expliquer le code grammatical de façon pratique et visuelle. Pour chacune, chaque élève en reçoit le corrigé, mais celle-ci est néanmoins présentée sur acétate afin de permettre au jeune de mieux visualiser certains aspects auxquels s'intéresse l'enseignant.

Par ailleurs, le fait d'écrire sous la dictée permet aussi de faire bouger quelques muscles avec lequel les élèves ont parfois des difficultés.
  • Le premier outil, c'est est la main. Vous seriez surpris de voir combien de jeunes se plaignent de crampes après une quinzaine de minutes d'écriture!
  • Le deuxième, ce sont les doigts. Lors de mes dictées, les élèves doivent utiliser tous les outils auxquels ils auront en examen. Cela leur permet parfois de les découvrir... Encore une fois, vous seriez surpris du nombre de jeunes qui ne savent pas utiliser correctement un dictionnaire, par exemple. C'est alors l'occasion pour l'enseignant de constater leurs lacunes quant à cet aspect et de leur donner quelques conseils.
  • Le troisième muscle, c'est le cerveau et ce, de deux façons. Tout d'abord, je crois que le fait d'écrire quelque chose nous permet de l'imprimer dans notre tête. Comme je dis à mes gamins, «la main a une mémoire». Ensuite, la dictée les oblige à se poser des questions, à appliquer des stratégies de correction, à FAIRE.

Enfin, presque toutes mes dictées sont improvisées. Un élève me donne une ou deux pistes de départ et je dois m'exécuter devant eux. Si cet exercice est généralement stressant pour l'enseignant que je suis, il me permet néanmoins de montrer concrètement aux élèves les différentes démarches à suivre lors de la rédaction d'un texte. Je fais un court plan au tableau et, ensuite, je procède à l'écriture oralement. Pas de papier, pas de crayon. Je porte attention à mon vocabulaire et au choix des mots. J'évite les répétitions immédiatement. Je mets un point d'interrogation «virtuel» au-dessus des endroits sur lesquels j'ai des doutes. Je compte mes mots sur la copie d'un élève au fur et à mesure pour leur montrer l'importance de respecter la longueur exigée. Etc.

Je deviens donc un modèle vivant de ce que je leur enseigne comme techniques et stratégies d'écriture. Écrire est un acte conscient et je le leur prouve en le faisant sous leurs yeux. Ça vaut bien des discours.

On peut voir la dictée comme un outil diagnostic, un test de classement, une punition... Chez le Prof masqué, comme chez bien d'autres profs d'ailleurs, elle est d'abord et avant tout un outil d'apprentissage au service de l'élève. Réforme, pas réforme. Pivot, pas Pivot. Courchesne, pas Courchesne.

15 novembre 2007

Des absences motivées et des figures de style

J'avais un élève absent ce matin. Rien de bien grave. Tout le reste du groupe était là, fidèle au poste comme de bons petits lapineaux masqués.

L'éducation avait la forme de ces rangées de mammifères studieux bien ordonnées. Ce fâcheux incident ne m'a pas empêché de donner un cours digne des plus grands philosophes et surtout d'être fidèle à ma réputation de baveux devant l'éternel. En plus, on approche de la période de l'année ou je conditionne mes élèves à être méchants, à utiliser leur langue de vipère.

Pour l'instant, je me contente de les fruster par mes réparties acides et toujour fort à propos. Je sens déjà la rancoeur dans leur coeur pétri de mauvais sentiments. La colère qui gronde en eux leur murmura bientôt des envies de sourde vengeance. On sera alors prêt à croiser le fer en se livrant au fameux concours «Insulter l'enseignant avec classe grâce aux figures de style!»

Enrhumé à plein nez, enrhumé à pleins mouchoirs, enrhumé à plein volume, j'en ai quand même profité pour leur cracher de ma bouche pestilentielle la métaphore (méfiez-vous de moi: je suis un lama bactériologique), l'hyperbole (je vous noierai sous le flot coulant de mes narines) et la traditionnelle répétition (je morve, je morve, je morve). Bref, la table sera bientôt mise.

Mais il y a cet élève absent, le seul, le solitaire unique qui me turlupine le moral jusque dans les talons.

Absence motivée, vous ai-je précisé? Absence aggrée, approuvée, aseptisée, autorisée. Motivée mais mauditement démotivante.

En effet, ce Ben Hur des temps moderne est allé faire poser les pneus d'hiver sur son «char». C'est la motivation officielle des parents et que l'école doit obligatoirement accepter parce que venant des contribuables électeurs ayant toujours raison surtout quand ils n'ont pas tort.

Ben Hur étais absent parce qu'il a faite posé des pneus sur son char.

Sa mère

Parfois, je me demande qui est le con là-dedans: cet obscur illuminé qui ne vit que pour son Honda super hip hop buzzé boum boum tchik , ses parents qui espèrent toucher l'assurance quand il va se tuer en s'empalant sur un lampadaire ou l'école qui accepte de telles conneries.

14 novembre 2007

Et le débat s'est envolé...

La semaine dernière, nous parlions du français, langue d'enseignement. Lundi, un gros oiseau de métal s'est posé à Montréal. Fini le débat.

L'actualité a la mémoire courte. Et les relationnistes de presse d'Air France sont très efficaces.

13 novembre 2007

TLMEP: la fin

Un dernier texte de Louise Cousineau sur la fameuse dictée de la ministre Courchesne.
«Mme Laniel (la rédactrice en chef de TLMEP) m'assure qu'elle a vérifié toutes les positions de caméras durant la lecture de la ministre, et qu'elle a vu de ses yeux vu un s à aucuns.
Une caméra pointait directement la feuille tenue par Mme Courchesne.Donc pas la faute de la ministre, mais cette bonne dame a quand même fait une omission de taille. Elle a oublié de donner le titre de sa dictée «La gentille maîtresse».
En omettant le titre, elle a provoqué la chute de toutes les vedettes qui ont fait la dictée à l'émission. Ils ont tous mis voulu au masculin, ne sachant pas qu'il s'agissait d'une gentille maîtresse. Enfant, on apprenait voulu qui? m' pour la gentille maîtresse. Me semble que c'était pas si dur le complément d'objet direct, qui a sans doute changé de nom aujourd'hui.»

12 novembre 2007

Tous le monde en parlent: la suite (modifiée)

La blogosphère s'est animée autour du passage de la ministre de l'Éducation Michelle Courchesne à l'émission Tout le monde en parle (ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et ici) et de sa fameuse dictée. Déjà, la gang à Lepage a corrigé son corrigé. Le ridicule ne tue pas. Il rend con, simplement.

Quand la ministre Courchesne affirme que la maîtrise du français est une responsabilité sociale, on en a la preuve. Mais quand on préfère les émissions de variétés à celles d'information, on meurt par ou l'on a péché. J'en suis même rendu à penser que Patrick Lagacé avait été «moins pire».
Sur le site de TLMEP, on prétexte que l'équipe a été surprise par la dictée de la ministre. Comme le souligne à juste titre Safwan, l'émission a été enregistrée le mercredi. Le roi Menton 1er et son fou ont eu jusqu'à dimanche pour faire les vérification qui s'imposaient. Décidément, Mme Courchesne sème la controverse partout ou elle passe!

Quoi qu'il en soit, cette entrevue complaisante et fade ne nous a rien appris de nouveau:
  • La ministre ne croit pas en la réforme, mais elle ne peut la changer. Donc, elle l'améliorera.
  • La ministre affirme ne pas aimer pas la poutine, mais elle est capable de la noter. Quelle est sa base de comparaison, au fait?
  • La ministre aime les notes.
  • Les ministres qui l'ont précédée à l'Éducation n'ont pas exercé leur leadership politique. On ne peut pas lui donner tort sur ce point.
  • La ministre prend à son compte une mesure prise par le gouvernement Landry. (voir l'excellent billet de Rotules qui explique en détails ce dont j'ai parlé dans un autre billet.)
  • Guy A. Lepage ne sait pas qu'il y a une pénurie des enseignants actuellement au Québec.
  • Danny Turcotte n'est pas le fou du roi. C'est un bête clown. La fonction de «fou du roi» n'est pas celle d'être un amuseur public. Mais on fait avec ce qu'on a...
Mais c'est un billet chez Hortensia qui m'a ramené à un point important de l'entrevue de la ministre. Cette dernière insistait sur l'importance de la littérature à l'école, comme si on n'en faisait pas. «L'importance d'un mot», clamait la maîtresse en chef de l'éducation

Elle pense quoi? Qu'on joue au scrabble dans nos classes? J'ai une bibliothèque de classe à mes frais (au pluriel, ne l'oubliez pas). Je lis comme un malade. Je refile mes bouquins aux élèves. Ils arrivent au cégep et connaissent une vingtaine de figures de style en plus de tout un lexique relié à la littérature. Franchement...

L'importance d'un mot. Encore faut-il avoir les outils pour en comprendre le sens!

Des écoles de quêteux

Pour qui écoute les débats à l'Assemblée nationale, l'information a été diffusée au grand public (deux personnes) la semaine dernière par l'ADQ. Ainsi, les élèves de l'école Explorami en sont réduits à recueillir des cannettes vides pour acheter des dictionnaires (ici, ici et ici).

L'initiative vient d'une enseignante qui en avait assez d'attendre du matériel neuf, semble-t-il. Certains des ouvrages de référence de sa classe avaient plus de 30 ans. En passant, j'écris «semble-t-il» par prudence parce que les enseignants ont souvent le dos large et que je doute que l'enseignante ait fait cette démarche sans en informer qui que ce soit dans son école.

«On était scandalisés, ça n'avait pas de bon sens qu'ils attendent d'avoir 800 canettes vides pour se payer un ouvrage», explique la mère de Claude Hébert, l'élève qui a signé une lettre envoyée aux entreprises et à son député adéquiste du coin.

Pour le directeur général de la Commission scolaire de la Riveraine, à laquelle appartient l'école Explorami, le remplacement des dictionnaires ne semblait pas compter parmi les priorités de l'établissement: «J'ai une auto qui est peut-être passée date, mais elle me déplace encore, lance Normand Perreault. Ils avaient des dictionnaires, mais ils étaient vieux. Dans le passé, l'école a sans doute jugé que ce n'était pas prioritaire de les changer.»

M. Nadeau devrait savoir que la ministre Courchesne veut faire de la maîtrise de langue française une priorité. «Passée date» est un calque de l'anglais. Un dictionnaire Colpron le lui aurait appris. Que dirait-il de ramasser des cannettes pour s'en acheter un? Quant à l'auto du DG, je doute qu'elle date des années 70. De même pour le mobilier de bureau du directeur de l'école Explorami, j'imagine

Ces choses étant écrite, à mon école, il a fallu quatre longues années de combat pour qu'on achète enfin des dictionnaires. Une année, alors qu'ils rédigeaient un texte sur les nouvelles technologies lors de l'examen ministériel d'écriture, mes élèves ne trouvaient pas le mot «Internet» dans les dictionnaires fournis par l'école. Ils étaient tout bonnement désuets.

Toute cette histoire n'est pas sans rappeler celle de cette commission scolaire ou les élèves recuillaient des fonds pour acheter des pupitres.

Pathétique.

11 novembre 2007

TLMEP: de la poutine intellectuelle et une erreur dans la dictée (ajout)

Tout le monde de l'éducation est en émoi: la réforme est en danger sous la gouverne de la ministre Courchesne. En effet, à l'émission Tout le monde en parle, la ministre a accepté de NOTER une poutine. Elle aurait pu la coter, la décrire. Non, la ministre l'a notée sur dix! Quelle analyse réductrice! De plus, je suis convaincu que l'Association des diététistes du Québec dénoncera le fait que la ministre ait mangé de la poutine. Quel mauvais exemple pour notre jeunesse!

Après son passage aux Francs-Tireurs, on aurait pu craindre le pire pour la ministre de l'Éducation, mais le manque de préparation de l'animateur mentonneux lui aura permis de ne pas trop se mettre les pieds dans les plats. Un exemple: la mauvaise qualité du français de certains enseignants. Le test dont la ministre a parlé existe déjà. Il n'a rien de nouveau. Et quand le roi Lepage dit à la blague qu'il y aura une pénurie d'enseignants à cause des exigences de ce dernier, il ne semble pas savoir qu'on manque déjà de profs dans nos écoles. Je ne parle pas non plus du bouffon qui semble ne pas connaître l'existence de la politique anti-malbouffe dans nos écoles.

Je ne me souviens plus qui a dit que la politique est une chose trop sérieuse pour la laisser aux politiciens. Dans la même veine, je suis convaincu que l'information est une chose trop importante pour la laisser aux animateurs d'émissions de variétés. Quel moment de télévision vide et complaisant!

De plus, voulez-vous rigoler, mais il y a une faute dans la dictée de la ministre, du moins si l'on se base sur le site de l'émission de Guy A. Lepage: «Si le destin m'eût voulue professeur, j'aurais pris sans hésiter dans ma classe le roi et son fou, telles deux petites pestes, et ce, sans aucun frais de leur part, ni deux cents piastres, ni deux cent cinquante sous.»

«Sans aucun frais» doit s'écrire «sans aucuns frais». Dans le cas présent, le mot «frais» a le sens de coût et commande le pluriel au déterminant «aucun». Tous les précis de grammaire l'indiquent. Même Le Petit Robert 2007 en fait état à la page 176. Pas fort...

La ministre va sûrement affirmer être mal citée. On paierait cher pour avoir l'original de son texte.
Hier soir, j'avais un rhume d'homme, donc je continue ici avec quelques observations supplémentaires. Je les place dans ce billet avec quelques réactions aux commentaires que j'ai déjà reçus pour un accès plus immédiat et pour que vous puissiez contater l'ampleur du désastre orthographique des compétences de la ministre.
«Voulue» pourrait ne pas prendre la marque du féminin puisque le genre du référent qui est complément direct («m'») n'est pas précisé, la ministre ayant omis de donner le titre de sa diquetée.
De plus, l'observation de Miss Math est très juste: «si la Ministre est cohérente avec l'Office québécois de la langue française, elle devra préférer le féminin "professeure" à l'épicène, puisque c'est la seule forme retenue par l'Office.»
Également, Patrick Huard peut récupérer des points puisqu'il est permis, avec les récentes modifications apportées à la grammaire et à l'orthographe, d'écrire «deux-cents» et «deux-cent-cinquante» avec un trait d'union. La ministre semble ignorer que l'Office de la langue française accepte ces modifications et qu'un élève ne peut être pénalisé s'il les emploie. Le MELS tolère la nouvelle orthographe, mais n'a pas pris véritablement position sur ce sujet alors qu'en France, Le Petit Larousse a annoncé son intention de prendre ce virage tandis que les dictionnaires Hachette sont 100% nouvelle orthographe. En attendant, le MELS n'est ni pour ni contre, bien au contraire. Cependant, dans son entrevue aux Francs-Tireurs, la ministre a indiqué être contre, mais elle n'a pas le droit de pénaliser un élève pour cela.
Enfin, la virgule avant le deuxième «ni» est fautive ou, soyons prudent, à tout le moins, est d'un usage flottant dans ce cas. (Grévisse: 125 c1 et 125 c4)

TVA

Lu dans la chronique de Louise Cousineau:

Développement ... épais à TVA

Un lecteur soupçonneux pense que TVA a fait exprès mercredi pour écrire sous son reportage sur les problèmes de français de nos élèves Problèmes d'ortographe en oubliant le h. Je n'en crois rien.
Il y a un an ou deux, alors que le comédien Luc Picard représentait l'organisme Développement et paix, le sous-titreur de TVA a écrit Développement épais. Je croyais que cet épais avait été muté. Il semble que non.

09 novembre 2007

«Moche to do about nothing» dixit Molière

Un autre sujet qui a enflammé les médias cette semaine, c'est bien sûr l'enseignement du français. Une série d'articles parus dans La Presse a suscité des commentaires un peu partout (entre autres ici et ici).

Le mauvais français des enseignants

Tout d'abord, il y a eu ces articles (ici, ici et ici) sur la qualité du français des étudiants en enseignement et des enseignants. Mme Suzanne G.-Chartrand, professeure à l'Université Laval, a le sens du clip: «J’ai des étudiants dont je me dis: j’espère que mes petits-enfants ne l’auront jamais comme professeur, parce qu’ils vont perdre leur temps pendant un an.» Pour qui la connaît, elle est capable de la phrase assassine et souvent très juste.

Il faut savoir certaines choses.

On retrouve d'excellent étudiants dans les facultés d'éducation, mais aussi de très mauvais. Ce sont d'ailleurs celles-ci qui accueillent les cégépiens avec la cote R la plus faible. Troublant. «L’enseignement n’est pas une carrière prestigieuse, alors vous pouvez tenir pour acquis qu’on est souvent un deuxième choix», explique Jean-Pierre Charland, vice-doyen de la faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal. Révélateur.

Madame Masquée, qui a étudié en histoire, était capable de reconnaître un étudiant en éducation à certains traits caractéristiques: un français approximatif et une lâcheté absolue quand venait le temps de faire un travail scolaire. Pas tous comme ça, mais assez pour que les profs d'histoire les détestent à s'en confesser. Plus que troublant: consternant. Méchamment, j'ai toujours espéré que les 20% de jeunes enseignants qui quittaient la profession étaient ceux-là.

Le problème de la qualité du français des futurs enseignants ne date pas d'hier. Dès 1985, certaines commissions scolaires soumettaient les candidats à un poste d'enseignant à différents tests visant à mesurer leur connaissance du français. Puis, ce furent les universités avec les résultats désastreux que l'on sait. Le problème est seulement plus criant de nos jours parce qu'avec la pénurie des profs, on embauche un peu n'importe qui n'importe quand n'importe comment. Pas de sélection. Toute le monde est bon. Autrefois, les commissions scolaires pouvaient choisir un candidat. Aujourd'hui, elle le supplie de travailler pour elles, qu'il soit médiocre ou non importe peu en utant qu'il n'ait pas un casier judiciaire.

La profession gagnerait à se policer, mais comme on a trop peur de s'évaluer... Je suis profondément encore contre, sauf que je commence à penser qu'un ordre professionnel... En même temps, si un patron a été assez bête pour m'engager et ne pas m'évaluer par la suite...

Ah! et puis tout le monde s'en fout du français. Après tout, la devise du Québec n'est-elle pas Je m'oublie ? La tempête médiatique va se clamer dès la semaine prochaine, vous verrez. Incompétents, ne craignez pas pour vos emplois. Certains individus partageant avec vous cette caractéristique ont déjà été nommés à l'éducation. Vous avez de l'avenir.

Le mauvais qualité du français des élèves

Plus de trente ans après les textes de Lysianne Gagnon, plus de sept ans après la Commission Larose, voilà qu'on se rend compte à nouveau de la mauvaise qualité du français écrit de nos jeunes.

Toutes les thèses s'affrontent:
- l'école n'apprend rien aux élèves et est trop permissive;
- les jeunes d'aujourd'hui écrivent mieux que ceux d'autrefois;
- la dictée est le remède miracle, vous verrez...

Pour ma part, d'entendre la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, déclarer qu'il est «inacceptable» que des élèves puissent réussir l'examen final de cinquième secondaire en écrivant autant de fautes fut une douce musique à mes oreilles. Oui, oui, je sais: la ministre est conne. Elle n'aime pas le Renouveau pédagogique. Elle n'aime pas les profs. Elle n'aime pas ses fonctionnaires. Elle n'aime pas les syndicats. Elle n'aime pas les fautes, non plus.

C'est déjà un début. Pour le reste, on verra. J'ai déjà vu neiger. C'est beau, c'est merveilleux, c'est même poétique quand on n'a pas besoin de pelleter. Sauf que ça finit toujours par fondre.

Commissions scolaires: j'ai voté...

Depuis quelques jours, j'ai retenu un peu mon clavier: j'avais de la correction à terminer et je ne me sentais pas l'envie de bloguer pour des raisons que je vous expliquerai peut-être un de ces quatres ou de ces cinqs. Mais chasuble que la semaine a été riche en émotions!

Il y a eu les élections scolaires. Méchant suspens dans ma vie plate: une véritable lutte à finir entre le rangement du cabanon et exercer mon droit démocratique reconnu de voter pour élire un parfait inconnu! J'ai voté Cabanon. Au moins, j'étais sûr que cela donnerait des résultats.

Déjà qu'un des candidats de mon quartier a frappé à la porte de la maison masquée à 8h00 le samedi matin. Je veux bien comprendre que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. L'avenir, peut-être, mais pas mon vote! Le samedi matin, en plus de souvent corriger des travaux d'élèves, je fais de la récupération: je dors.

Quoi qu'il en soit, le parti Cabanon a dû être sacrément populaire dimanche dernier puisque seulement 7,9% des électeurs inscrits ont exercé leur droit de vote dimanche contre 8,3% en 2003 et 15,4% en 1998 (ici).

Et le lendemain de ces élections, c'est encore une fois le truculent président de la Fédération des commissions scolaires du Québec, André Caron, qui a su me dérider. Ne reculant pas devant le rididule (était-il devant un miroir ou un portrait de Jean-Marc Fournier?), ce dernier a blâmé entre autres les médias pour le faible taux de participation à ce scrutin. L'art de se faire des amis dans le milieu journalistique, vous en conviendrez.

Mais le plus décapant a été lorsque M. Caron (impossible de le confondre avec le cérébral et réfléchi personne de RBO) a émis quelques suggestions pour redorer l'image des commissions scolaires dont celle d'augmenter le salaire des commissaires pour qu'il soit semblable à celui des élus municipaux (ici).

M. Caron, M. Caron... Cessez donc de vous nuire de la sorte. On dirait un clown qui s'envoie lui-même des tartes à la crème à la figure. Pathétique.

Quelqu'un peut-il lui expliquer que c'est la légitimité des commissions scolaires que les électeurs remettent en question. À quoi servent-elles? Quelles sont leurs missions? Et à quoi sert un commissaire?

J'en connais quelques-uns. Ce n'est pas ma faute. Ce sont des parents d'élèves. Ils sont des individus intègres et dévoués. Seulement, ils sont réduits à un rôle de machines à voter ce que l'appareil administratif leur soumet. Un directeur général d'une commission a plus de pouvoirs réels que le président lui-même. D'ailleurs, le directeur général est un super fonctionnaire qui contrôle l'information. Un peu comme au MELS. Tous les petits copains s'amusent pendant que les élus sont des marionnettes.

Pourquoi voter un jour d'élections scolaires quand les commissions sont incapables de faire la preuve de leur propre utilité? Comment avoir confiance en une structure administrative qui dit offrir des services à des élèves et qui n'arrive même pas à se vendre elle-même ? À part le service de la paie et des taxes scolaires, je cherche à quoi sert une commission scolaire? D'accord, j'exagère un peu, mais ça sert à illustrer le propos.

Voilà le véritable défi des commissions scolaires: on votera un jour quand on sera convaincu qu'elles servent à quelque chose et que les commissaires ont de réels pouvoirs. D'ici là, mon cabanon a mon vote.

En passant, ceux qui proposent de les abolir devraient y penser à deux fois.

Question coût, rien ne prouve que cette mesure sera profitable. Si on veut économiser des sous, une équipe de vérificateurs comptables et de gestionnaires efficaces ferait un meilleur travail. De plus, des employés municipaux coûtent plus cher que des employés scolaires. Pensez à un col bleu montréalais et vous comprendrez.

Et comme prof, l'abolition des commissions scolaires reviendrait à renégocier toutes nos conventions collectives locales et à donner les pleins pouvoirs à des directions d'école qui n'ont pas les compétences pour gérer des budgets aussi importants.

Les slogans creux de l'ADQ sont tentants mais souvent vides.

07 novembre 2007

Johanne et Pauline: parfois, veut mieux se taire!

Comme vous avez pu le constater, l'enseignement du français occupe une large place dans les médias cette semaine. Je m'en réjouis, mais j'évite de commenter pour l'instant sur ce blogue. Vous ne perdez rien pour attendre. Cependant, deux interventions me tirent de mon mutisme volontaire.

La mémoire courte

Pauline Marois y est allée à l'Assemblée nationale d'une déclaration dénonçant l'improvisation de la ministre actuelle en ce qui concerne ses interventions sur la réforme.
Je ne sais pas mais, moi, à sa place, je me garderais une petite gêne. Mme Marois a été ministre de l'Éducation. Si on juge un arbre à ses fruits, ceux de Mme Marois ont souvent eu un goût douteux et elle n'a pas de leçon à donner à qui que ce soit.
Ainsi, sur les ondes de Radio-Canada, Mme Suzanne G.-Chartrand, professeur à l'Université Laval, a souligné, à mots couverts, le fait que Mme Marois, alors ministre de l'Éducation, n'avait respecté sa parole quant aux conditions entourant l'implantation du nouveau programme de grammaire en 1995. Tiens... tiens...

Parler pour parler
Dans une conférence de presse (ici et ici), les représentants de syndicats enseignants ont dénoncé eux aussi les récentes prises de position de la ministre Courchesne et du gouvernement libéral.

Mme Johanne Fortier, présidente de la FSE a lors émis le commentaire suivant: «Il y a manifestement confusion de rôle et de genre. Qu'un premier ministre parle d'éducation, soit; qu'un premier ministre vienne nous dire comment enseigner, ça, il y a une marge. Dans la loi de l'instruction publique, il est clairement reconnu notre autonomie professionnelle dans le choix des outils, des approches pédagogiques pour enseigner, mais aussi pour évaluer.»

Madame Fortier est manifestement confuse. Elle devrait relire la Loi sur l'instruction publique et jeter un coup sur les conventions collectives des enseignants. Si l'article 19 de la LIP confère une certaine autonomie aux enseignants, celles-ci est encadrée par le caractère prescriptif des programmes de formation (article 46,1), par exemple.
Sinon, croyez-vous que les enseignants qui sont contre la réforme n'en auraient pas fait à leur tête?

06 novembre 2007

La grande Jasmine tout en larmes

Ce matin, la grande Jasmine est venue me voir. Une belle élève, toute douce et toute gentille. Du caractère aussi. Heureusement d'ailleurs. Elle va en avoir bien besoin.

Jasmine a échoué son épreuve de lecture d'étape. «Échouer» est un euphémisme pour dire que le bateau a coulé et touché des fonds marins qu'on croirait inatteignables. Imaginez: tenter de récupérer un navire sous le flot des larmes qui lui remplissait les yeux. Impossible.

La raison de cet échec: de sévères problèmes de dyslexie, tant en lecture qu'en écriture. Même le mot dyslexie est difficile à écrire, alors imaginez ses conséquences...

Jasmine a un dossier médical épais qui concurrencerait celui de l'annuaire téléphonique de Montréal. Depuis le primaire, ses enseignants sont bien gentils avec elle et tentent de l'aider. Même qu'avant d'arriver dans ma classe, on ne comptait pas ses fautes dans ses textes, dans ses examens. Mais là, en cinquième secondaire, elle vient de frapper le dur mur de la réalité : les fautes comptent! En effet, aux épreuves de fin d'année, le ministère ne fait pas de distinction entre les élèves dyslexiques et les autres. D'ou les larmes, d'ou aussi la colère.

Jasmine n'est pas ma première élève dyslexique à vivre cette situation. Règle générale, on les accompagne mollement durant leur parcours scolaire, les ressources pour les aider sont rares et les enseignants ne sont pas formés adéquatement pour leur apporter un soutien efficace. Mais rien de cela ne paraît parce qu'on pratique une évaluation «différenciée» et qu'on leur donne plus de temps pour chaque épreuve. On achète du temps.

Jasmine est bien évidemment découragée. On le serait à moins. Comme enseignant, je vais devoir tenter de trouver les ressources et les stratégies pour lui permettre de compléter son secondaire. Les gens dyslexiques ne sont pas condamnés à vie. Ils peuvent réussir de grandes choses. Mais souvent ils doivent obtenir ce foutu diplôme.

Quoi qu'il en soit, Jasmine a des problèmes de dyslexie: elle n'est pas dyslexique. Elle n'est pas définie uniquement par cette difficulté. Elle a des qualités, des habiletés. Nous travaillerons avec ses forces pour compenser ses faiblesses. Un long parcours difficile débute.

Mais bon sang que j'aimerais qu'on travaille avec ces élèves correctement alors qu'ils sont jeunes, qu'on leur montre à se servir d'un dictionnaire électronique adapté comprenant un logiciel permettant de reconnaître la graphie des mots à l'aide de l'alphabet phonétique, qu'on leur enseigne à utiliser des techniques de concentration et d'attention.

Non, on les pellete vers l'avant, leur donnant l'illusion de la réussite jusqu'à ce qu'il soit bien tard et que ces jeunes soient désamparés.

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La revue Correspondance a publié d'excellents textes dans son numéro de février 2006. À lire!

04 novembre 2007

C'est la nouvelle Norvège

Si vous cherchez de quoi lire, un petit tuyau: un auteur norvégien de romans policiers du nom de Jo Nesbo. Ce dernier a mérité le prix du meilleur roman policier nordique pour L'homme chauve-souris qui se déroulait en bonne partie en... Australie. Pas si mal pour un journaliste économique qui a déjà été un rock star dans son pays!
Ma libraire n'est pas très enthousiaste devant ce choix littéraire mais, comme tous les goûts sont dans la nature, je m'assume. En résumé, j'y vois un mélange de Mankell (dont on dit qu'il est le digne successeur) pour l'atmosphère ainsi que le décor et de Connelly pour certains aspects de l'inspecteur Harry Hole. D'autres vont jusqu'à faire un lien avec Chandler. Quoi qu'il en soit, dans Le Sauveur, son tout nouveau roman, Nesbo fait preuve d'une qualité d'écriture policière redoutable dans les derniers chapitres.

Comme il s'agit d'une série, commencez par le premier. Sinon, vous serez très fortement déçu.