31 octobre 2011

Les idées de François Legault - une première brèche?

François Legault et la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) claironnent depuis des mois des idées fort populaires auprès d'un électorat en mal de changement. Le problème est qu'à part quelques sombres initiés dont nous sommes sur ce blogue, peu de gens discutent du bien-fondé de ces idées et de leur caractère réaliste.

Une première brèche s'est ouverte dans les médias aujourd'hui alors qu'on remet en question la constitutionnalité de l'abolition des commissions scolaires en se basant sur l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.

Toujours dans cette même veine, il serait intéressant de se pencher sur la pertinence d'abolir les CS et non les directions régionales du MELS. À l'époque où l'on retrouvait plus de 200 CS à la grandeur du Québec, ces dernières avaient un rôle de coordination à jouer. Mais, depuis quelques années, avec la réduction du nombre de CS à 78, ces directions régionales sont devenues, quant à moi, des organismes inutiles. D'ailleurs, au fil des conversations que j'ai eues avec de nombreux intervenants en éducation, peu ont réussi à m'expliquer à quoi elles servent concrètement aujourd'hui.

Le projet Legault a ceci d'inconséquent qu'il veut justement confier à ces organismes déconnectés du terrain des missions pour lesquelles les CS ont déjà une expertise pertinente.  On imagine le jeu de chaises musicales qui va s'opérer entre les CS abolies et les directions régionales embauchant des employés compétents (congédiés par les CS) pour satisfaire les nouveaux mandats qui leur seront confiés.

Si M. Legault voulait mettre de l'avant une solution ayant plus de chances d'être efficace et moins contestée, il devrait davantage abolir les directions régionales et soumettre les CS a un régime minceur tout en conservant les commissaires élus. Sauf qu'il s'est allégrement peinturé dans le coin avec plusieurs déclarations fracassantes pour plaire à un électorat. Tout cela pourrait nous mener à des débats stériles, à moins d'avoir recours à la clause «Nonobstant» avec tout le brouhaha politique que cela pourrait créer auprès des anglophones québécois et canadiens. Déjà, au dernier congrès du Parti libéral du Québec, on a vu l'accueil qu'ont fait certains délégués anglophones au projet Beauchamp qui est pourtant beaucoup moins radical.

M. Legault devrait également se rappeler que, de l'aveu même de la présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), Josée Bouchard, la fusion des commissions scolaires (et même celle des municipalités) n'a entrainé aucune économie pour le contribuable. Ce n'est pas abolir qu'il faut, mais mieux gérer. Jusqu'à ce jour, aucune étude, aucune analyse économique n'est venue appuyer les propos de M. Legault à l'effet que l'abolition des CS allait générer des économies significatives pouvant être réinvesties dans des écoles autonomes. De mémoire, des universitaires avaient même démontré que de confier aux municipalités des mandats relevant des CS, une idée lancée par l'Action démocratique du Québec (ADQ à l'origine du projet Legault, signifierait une augmentation des couts pour les contribuables québécois.

Par ailleurs, il est remarquable qu'on lance de telles idées au Québec sans étudier ce qui s'est fait ailleurs. Par exemple, on mentionne souvent que le Nouveau-Brunswick a aboli ses commissions scolaires pour rétablir des organismes similaires quelques années plus tard. Est-ce véritablement le cas?  N'y aurait-il pas un journal qui pourrait dépêcher un reporter à quelques heures du Québec pour valider le tout?

Si je n'aime pas cette idée de M. Legault, il ne faut pas croire que la façon dont sont gérées actuellement les CS me ravit. Même si elle affirme que les frais de gestion des CS sont exemplaires, madame Boucher manque de sensibilité politique devant le gaspillage qu'on retrouve dans ces organismes publics. Jusqu'à tout récemment, le MELS refusait de se mêler de la gestion des CS puisqu'elle relève de commissaires élus. Le projet Beauchamp a cependant montré une volonté de la ministre de revoir le fonctionnement de ces dernières. Même le maigre plan d'action rendu public par la FCSQ semble vouloir timidement tendre dans cette direction.

Abolir des directions générales, resserrer la gestion des CS: voilà des pistes qui me semblent plus prometteuses que les chimères de M. Legault. Sauf que, depuis quelque temps, le peuple, blasé par les politiciens qu'il a pourtant élus, semble avoir besoin de croire en des chimères encore plus grosses et plus fantastiques...

29 octobre 2011

Samantha Ardente est de retour

Après avoir juré qu'elle n'en referait plus, après avoir affirmé que c'était en quelque sorte une erreur, cette agente administrative congédiée de l'école Les Etchemins de Lévis se relance dans la porno. «Je le fais pour moi, je l'assume et j'ai le goût de l'aventure», affirme celle qui a obtenu l'approbation de sa fille aînée de 12 ans.

Vous vous demandez pourquoi je continue à suivre cette histoire? Simplement parce que j'ai du mal à accepter toute la bullshit qui l'a entourée. Trop souvent, les médias ne creusent pas les événements qu'ils rapportent et n'en font pas le suivi.

Madame Ardente assure que son conjoint sera son seul partenaire de scène. Appelons cela un progrès pour celle qui travaillait dans une école, qui affirme que son travail ne l'a jamais mise en contact avec des jeunes bien que l'un d'entre eux l'ait reconnue et qu'elle ait communiqué avec celui-ci par l'intermédiaire de Facebook et qui, enfin, a tourné une vidéo la présentant avec des jeunes filles ayant à peine 18 ans et où elle les initiait au plaisir féminin en présence de sa «fille» (une actrice) endormie.

26 octobre 2011

Comment fucker une enfant

Il y a des parents dont on devrait pouvoir botter le cul.

J'ai une élève - appelons-la Martine - en détresse dans ma classe. Rien ne marche. Ses résultats sont inconstants. Elle écoute peu ou pas. Ne prend pas de notes. Les larmes sur le bord des yeux. Souvent.

Dans les faits, Martine est dans mon école parce qu'elle demeure maintenant chez son père. Sa mère ne veut plus rien savoir d'elle. Elle l'a foutue dehors en mettant toutes ses choses dans des sacs à ordures sur le bord du chemin.

Martine restait en ville. Elle habite maintenant sur un rang avec un père, une belle-mère et deux frères. Des gens qu'elle connait peu. Elle a perdu son quartier, ses amies, ses repères. Sa mère a vraisemblablement des difficultés personnelles et de dépendance. Son conjoint semble violent.

À mon école, on se montre patient. On essaie d'aider la jeune. On l'encadre, suit son parcours académique,  sans trop de succès. Difficile de travailler quand ton coeur est brisé. Il faut dire que la mère de Martine a promis deux fois à sa fille de la voir pour finalement annuler les rencontres sans raison.

De plus, Martine fait tout pour être rejetée. Elle se suicide à petit feu. C'est plus facile de penser que personne nous aime que notre mère ne nous aime pas.

Cette semaine, je discute avec la «belle-mère» de Martine. On parle de suivi psychologique au privé. Un suivi rapide et intensif. Elle est d'accord. Le hic: Martine a moins de 14 ans. On doit obtenir l'autorisation de sa mère qui en a la garde légale.

Tab...

22 octobre 2011

Chantal Longpré: analyse d'une controverse (ajout)

Le Journal de Montréal nous apprenait cette semaine que la commission scolaire des Affluents (CSA) refusait la demande d'un congé d'ordre professionnel d'une de ses directrices d'école, Chantal Longpré. Cette dernière est à la fois la présidente de la Fédération québécoise des directeurs d'établissements d'enseignement (FQDE) mais aussi une des porte-paroles de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ). Ce refus serait basé sur le retard d'un peu moins d'un mois dans la présentation de cette demande.

Dans un article publié par l'Hebdo Rive-Nord, le président de la CSA, Yves St-Denis affirme: «Si elle avait fait sa demande selon les règles, je ne vois pas pourquoi nous aurions pu refuser sa demande. Nous n'aurions pas pu le faire à cause de la teneur de ses propos.»  Il faut savoir que la réélection de Mme Longpré à la présidence de la FQDE a eu lieu en 28 mai 2011 et qu'elle a présenté sa demande de libération le 31 mai alors que celles-ci doivent être présentées le 2 mai pour être admissibles.

«Il m'était impossible de la faire dans les délais respectés en ne connaissant pas la suite des événements, explique Mme Longpré. Il (M. Saint-Denis) savait très bien que je voulais renouveler mon mandat et que j'allais demander un congé professionnel.»

Dans les faits, les relations entre la CSA et sa directrice sont depuis très longtemps orageuses.  Déjà, en juin 2010, alors que la CAQ n'avait même pas encore été fondée, Yves St-Denis manifestait son mécontentement à l'égard de cette dernière en affirmant en avoir «ras le bol» des déclarations de Mme Longpré en matière d'éducation. En avril dernier, Yves St-Denis allait plus loin encore en s'insurgeant contre les propositions de la CAQ en ce qui concerne l'éducation et en réclamant ouvertement le départ de celle-ci à la tête de la FQDE, affirmant qu'elle ne pouvait être engagée à la fois dans la CAQ et dans la FQDE.

Même dynamique avec la présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), Josée Bouchard. En octobre 2009 déjà,  Mme Bouchard reprochait à Mme Longpré ses propos en matière de bureaucratie avec laquelle devaient vivre les directions d'école: «Si elle (Mme Longpré) veut moins de papier, c'est parce qu'elle veut rendre moins de comptes à la population.» En mai et août 2011, Mme Bouchard contestait la légitimité de Mme Longpré à titre de présidente de la FQDE et porte-parole de la CAQ.

Pour ceux qui suivent l'éducation, il faut aussi savoir que le torchon brûle entre la FQDE et la FCSQ bien avant l'arrivée de Mme Longpré à la tête de cette association. En effet, en mars 2007, le regroupement de directeurs d'école et son président d'alors, Serge Morin, remettaient en question la pertinence des commissaires scolaires. On se rappellera la réplique d'André Caron, président de la FCSQ à cette époque:

«On a ici un groupe qui relève de la direction générale d'une commission scolaire, qui elle-même est sous le conseil des commissaires, et qui remet en question la structure qui la dirigeSur leur chèque de paye, il y a des signatures! Et c'est la présidence et la direction générale de la commission scolaire. Disons que tout ça est étonnant et déplacé

À tort ou à raison, il est inévitable que bien des gens lieront la rigidité administrative de la CSA aux positions de Mme Longpré en ce qui a trait à l'éducation, plus particulièrement concernant les commissions scolaires. Les propos de M. St-Denis à l'égard de la présidente de la FQDE sont une porte ouverte à le faire: «Elle beurre tellement épais qu'elle finit par conter des menteries. C'est inacceptable. Que ce soit dans une commission scolaire ou dans une entreprise, s'il y a un employé qui bitche contre son employeur, c'est évident que ça crée un malaise.»

En lui ayant demandé dans le passé de se retirer de la présidence de la FQDE et en lui refusant aujourd'hui un congé lui permettant d'occuper ce poste sur la base de raisons administratives, la CSA se place dans une position qui prête à la critique.

Sur le plan administratif, la CSA pouvait ne pas accorder ce congé à Mme Longpré. C'était son droit le plus légitime. De plus, il est vrai que cette décision n'empêche pas à proprement parler Mme Longpré de demeurer présidente de la FQDE.

Sur le plan politique et de l'apparence, il s'agit cependant d'une décision qui vient renforcer l'image négative des commissions scolaires dans l'opinion publique. De nombreux intervenants (dont la CAQ et la FQDE, bien sûr, mais aussi le Parti québécois, l'Action démocratique du Québec, la Fédération autonome de l'enseignement et la Centrale des syndicats du Québec) ont dénoncé ce geste et demandé à la ministre de l'Éducation d'intervenir dans ce dossier (ici et ici).

Je ne partage pas toutes les idées de madame Longpré en matière d'éducation comme on peut le lire ici et ici. Chose certaine cependant, en agissant ainsi, la CSA lui confère un statut de «martyre» qui sera bien encombrant et qui fera le jeu de celle qui dénonce justement ces organismes ! L'opinion publique, sondage après sondage, veut l'abolition des commissions scolaires. L'ADQ et la CAQ ont d'ailleurs inscrit cette idée au sein de leur programme. Jusqu'au PLQ qui vient finalement de les lâcher avec le récent projet de la ministre de l'Éducation Line Beauchamp!

Les CS ont déjà suffisamment d'ennemis comme cela: il était inutile qu'elles alimentent encore plus leur volonté de les abolir. Sur la forme, la CSA peut affirmer qu'elle a raison d'avoir refusé le congé de Mme Longpré. Sur le fond, c'est autre chose.

************

En date du 27 octobre, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, malgré les demandes de l'opposition à l'Assemblée nationale, refusait toujours de se prononcer su ce sujet.

20 octobre 2011

Une question?

Un anonyme est venu poster un message intéressant chez moi, mais je ne peux publier celui-ci sans vérifier certaines informations. Pour cela, j'ai besoin qu'il entre en communication avec moi.  Il peut le faire à l'adresse de courriel suivante: le_professeur_masque@hotmail.com .

Mais pour l'ensemble des lecteurs de ce blogue, comment peut-on vérifier si quelqu'un est bien un enseignant si on n'a que le nom de cette personne?

19 octobre 2011

Intimidation et violence en éducation: on achève bien les enseignants

On fait grand écho depuis deux jours de ces élèves qui ont écrit des menaces de mort à l'égard d'enseignants sur Facebook. Dans certains cas, ces jeunes planifiaient même des scénarios d'assassinat. 80 élèves ont été suspendus du jeudi au lundi en plus de devoir assister avec leurs parents à un atelier de sensibilisation aux risques associés à Internet. Même après cela, certains jeunes parlaient encore d'une blague et trouvaient la réaction des autorités scolaires et des adultes exagérée.

Soyons honnête: une suspension de trois jours pour avoir écrit des menaces de mort envers des enseignants, c'est plutôt cela la véritable blague. Dans les faits, il est faux d'affirmer que ces jeunes ont été suspendus trois jours. Ces trois jours s'apparentent plus à une période d'étude de cas où l'on a décidé de ce que l'on allait faire avec eux qu'à une véritable sanction. 

Toute cette histoire montre bien que le geste d'intimider, voire même de menacer de mort, est rendu banal et sans conséquence dans nos écoles. Après tout, il ne s'agit que d'enseignants. À ce propos,  faut-il rappeler qu'un individu qui a menacé sur FaceBook le premier ministre du Québec, Jean Charest, est actuellement détenu et subi son procès. J'ose espérer que la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, va se sentir interpellée par cette situation et va intervenir de tout son poids dans ce dossier. Alors qu'on parle du climat difficile de certaines écoles, la ministre ne peut tolérer de tels comportements.

De plus, il faut savoir que l'école québécoise défend très mal les enseignants dans des cas de violence, d'intimidation et de fausses accusations. 

Ainsi, il n'est pas rare qu'une direction d'école cherche à minimiser les gestes violents posés ou les paroles menaçantes émises par des élèves à l'égard d'enseignants. J'ai déjà vu des équipes de profs menacer de débrayer en soutien à des confrères agressés et où des directions envisageaient des sanctions ridicules envers les élèves fautifs. 

Comme le droit à la scolarisation des élèves est souvent plus important que la santé et la sécurité du personnel des écoles, il est arrivé qu'on demande à des enseignants de garder des élèves qui les ont agressés dans leur classe ou encore de continuer à les côtoyer dans les corridors. 

De même, quand un enseignant est victime d'intimidation ou violence, la ministre doit savoir qu'il ne peut pas compter sur l'école: il doit souvent porter seul les accusations auprès des services de police concernés. Également, quand un enseignant est accusé d'avoir posé des actes violents, il doit généralement se défendre seul. Ni son école ni sa commission scolaire ni son syndicat ne le défendront.  

Personnellement, en constatant ces faits, j'hésite aujourd'hui à effectuer des interventions disciplinaires dans mon école, car  je ne sens pas que les différents acteurs du monde scolaire sauront me défendre et m'appuyer dans mon travail. Je crains d'être démuni devant d'éventuelles représailles de la part des élèves concernés ou de leurs parents. Et je ne suis pas le seul dans ce cas.

La peur engendre la peur et crée un cercle vicieux où seuls les agresseurs finissent par être gagnants. Il est grand temps que la ministre Beauchamp montre l'exemple dans ce cas et comprenne qu'on doit protéger les enseignants si l'on veut que l'école québécoise soit un lieu où l'on peut apprendre et vivre en toute sécurité.

16 octobre 2011

Savez-vous... (ajout)

Savez-vous combien de cours reliés à l'enseignement du français reçoivent nos futurs enseignants du primaire? Une visite sur les sites Internet de différentes universités vous donnera la réponse. Mais pour le plaisir de la chose, voici ce qu'il en est à l'Université de Montréal.

Cours obligatoires
DID1010A Français écrit pour futurs enseignants
DID1206   Didactique du français - BEPEP 1
DID2203   Didactique du français - BEPEP 2
DID3222   Didactique du français - BEPEP 3
DID4112   Did. du français et élève en difficulté
DID4310   Did. du franç. et diversité linguistique

Cours optionnels
DID2900 Didactique de l'art dramatique
DID3401 Culture, littérature jeunesse et did.

Dans les faits, la formation qu'un étudiant universitaire reçoit s'élève à six cours sur trente-trois, si on exclut les stages. La situation est sensiblement similaire à l'UQÀM avec cinq cours de base et un cours optionnel.

Ce qui est intéressant est que le français au primaire n'a pas besoin d'être enseigné par un spécialiste contrairement à l'anglais. On prend pour acquis que, parce que l'étudiant sait parler cette langue, il a moins besoin de formation que celui qui enseignera l'anglais. Et pourtant, la question mérite d'être posée: compte tenu des difficultés en français des jeunes québécois et que le primaire est au début de la maitrise de cette langue, y aurait-il lieu que ceux qui enseignent le français au primaire soient des spécialistes?

15 octobre 2011

Comportements répréhensibles sur le blogue de Stéphane Laporte

J'aime bien lire des blogues. Par curiosité, par culture ou par amitié virtuelle. Je lis aussi ceux qu'on retrouve sur les grands sites de certains médias. Je remarque que le comportement de leurs auteurs est très variable. Certains modèrent les propos des intervenants, d'autres y répondent.

Ce petit billet ce matin à propos du comportement discutable qu'on retrouve sur le blogue de Stéphane Laporte de Cyberpresse. Je ne peux affirmer qu'il s'agit de Stéphane Laporte lui-même, aussi me faut-il faire preuve de prudence dans mes affirmations.

Toujours est-il que j'ai pu constater que le blogue de M. Laporte comporte des erreurs de faits et de langue que certains lecteurs lui soulignent dans leurs commentaires. Ce que l'on remarque, c'est qu'une personne corrige ces erreurs par la suite sans indiquer avoir procédé à de tels changements, dénaturant ainsi la portée des interventions des lecteurs.

Ainsi, dans ce billet, le 11 octobre à 10h10, philbouch88 souligne à M. Laporte que la CFL n'est pas une «ligue à 4 équipes» comme il est mentionné originalement dans le texte qu'on retrouve sur Cyberpresse. La correction est apportée (en douce), laissant en plan le commentaire du lecteur. Procédé discutable.

Même chose dans ce billet où M. Laporte s'insurge contre la publication d'une photo d'autopsie de Michael Jackson en écrivant: «Je ne crois pas que nous avons besoin de voir cette photo d'un mourant.» On sait tous qu'on ne fait pas l'autopsie d'un mourant, mais d'un mort (du moins, on l'espère!). L'erreur est signalée le 12 octobre 2011 à 21h53. Quelqu'un corrige celle-ci sans le mentionner par la suite. Même procédé discutable.

Un tel comportement ne me semble pas digne d'un blogueur d'un grand média. Pour ma part, il est intellectuellement discutable de modifier le contenu d'un billet à la suite d'une intervention d'un lecteur sans l'indiquer formellement. D'ailleurs, quelques blogueurs de Cyberpresse respectent cette ligne de conduite. Je ne crois pas ici que la personne qui agit de la sorte sur le blogue de M. Laporte soit foncièrement malhonnête puisqu'elle autorise quand même les commentaires des lecteurs soulignant ces erreurs.

Enfin, je trouve déplorable qu'une personne corrige en douce des erreurs de faits, mais pas celles qu'on lui rapporte concernant la qualité de la langue utilisée dans des billets. Des lecteurs ont signalé sur le blogue de M. Laporte des erreurs inadmissibles et elles sont encore là. Par exemple,  à la suite d'un billet sur l'utilité du cégep, des intervenants ont signalé les erreurs suivantes à M. Laporte: mauvaise utilisation de la majuscule dans le mot «cégep»,  «Les filles de Villa-Maria aussi avait hâte...» ou encore «au grand plaisir de bien des petits garçon».  Qu'on se comprenne bien: personne n'est parfait, moi le premier. Mais quand un blogueur d'un média reconnu laisse de telles fautes dans ses textes après qu'on les lui ait indiquées, c'est inconcevable.

12 octobre 2011

Le stage de Kassandra à Tou.tv

Dans La Presse ce matin:

Nouveauté à surveiller: Le stage de Kassandra, une websérie qui décolle vendredi sur Tou.tv et qui raconte le parcours d'une désagréable stagiaire en enseignement du français au secondaire.


Cette émission est en ligne ici. On se souviendra que j'ai déjà parlé de cette série dans le billet suivant.

09 octobre 2011

Un nouveau sondage: évaluation des directions

Une jasette avec une amie m'amène à vous poser la question suivante: estimez-vous que votre direction est compétente? Si François Legault veut évaluer les enseignants et donner plus de pouvoir aux directions d'école, qui devrait évaluer ces directions et sur quels critères devrait-on le faire?

Pour ma part, il serait ridicule que les enseignants n'aient pas leur mot à dire dans cette évaluation si on veut créer une véritable équipe-école. Le leadership pédagogique, l'application du projet éducatif et du code de vie par la direction, ce sont les enseignants qui sont les mieux placés pour constater comment celle-ci en ces domaines.

Si certains avancent que des enseignants pourraient en profiter pour régler leur compte avec une direction, je me demande pourquoi cette crainte ne s'applique pas quand on parle de l'évaluation des enseignants par une direction.

06 octobre 2011

C'est le temps de la chasse! (ajout)

Ça sent l'automne. Les feuilles rougissent. Il fait froid. Les gros pick-up se promènent dans les petits sentiers et des chasseurs Badaboum errent dans les forêts. Bref, c'est le temps de la chasse.

Après deux semaines de cours, j'ai enfin débusqué ma première prise. Il ne m'a pas fallu longtemps pour épier la classe, chercher des pistes et découvrir: mon premier cas de TDA.

«PM, tu n'es pas médecin. Ne pose pas de diagnostic», me direz-vous. Sachez que cet élève a été évalué et prend une médication depuis le primaire. Simplement, ses parents ont décidé de lui donner une chance à son entrée au secondaire et de cacher cette situation à ses enseignants. Quelle belle idée humaniste! Évitons de stigmatiser un jeune. Alors que le passage du primaire au secondaire est un moment important du parcours scolaire d'un individu, assurons-nous de lui retirer une partie du soutien qui lui a permis de terminer avec succès sa sixième année et laissons-le expérimenter le secondaire sans filet!

Deux semaines à voir un jeune sans méthode de travail, sans organisation, qui gribouille des devoirs informes et échoue ses évaluations. Deux semaines où il est assis dans le fond de la classe à rêver, à jouer avec des crayons et à faire des grimaces.

Si je n'avais pas appelé à la maison, je n'aurais rien su. Après plusieurs commentaires subtils et invitants de ma part, la mère de l'enfant a finalement reconnu la situation de son enfant. Mais je ne peux rien dire ou faire encore comme démarche auprès de mes collègues ou de la direction. Elle doit en parler à son conjoint qui est à l'origine de ce silence.  Ah oui! ce dernier travaille dans le domaine des services sociaux...

*********
Je suis allé consulté le dossier de cet élève ce matin. Généralement, les écoles primaires nous les envoient quand le jeune passe au secondaire. Un chemisier rigoureusement vide...

03 octobre 2011

Facebook et les dérapages en situation de crise

Avis:
J'ai établi entre plusieurs de mes élèves et moi divers liens de communication afin de favoriser leurs apprentissages scolaires. Par exemple, nous partageons adresses de courriel, iChat et FaceBook. Les adresses que je leur ai fournies n'ont été créées qu'à cette fin et je veille à ne transmettre aucune information de nature personnelle à l'aide de celle-ci ou encore à écrire des propos qui pourraient s'avérer déplacés.

**************

Sans entrer dans les détails, les comptes FaceBook de mes élèves ont été très actifs au cours des derniers jours. Un jeune très populaire dans la région est mort et son décès a soulevé beaucoup d'émotion dans le milieu scolaire. Si on a assisté à une vague de tristesse et de larmes, certains comportements m'ont beaucoup questionné.

Tout d'abord, la nouvelle s'est transmise comme une trainée de poudre avec ses inexactitudes et ses rumeurs. C'est normal, FB formant une communauté qui échange des informations. Puis, il y a eu une vague de sympathie. Sauf que c'est là que j'ai cru assister à des dérapages préoccupants.

Le premier est le fait que cet événement est devenu L'Événement. Tous en parlaient, tous le commentaient. Chacun se sentait obligeait d'y «participer» en quelque sorte. On a créé des pages FB de recueillement, des activités. Aurait-on connu une pareille ampleur sans FB? J'en doute.

L'Événement a attiré des gens par solidarité mais aussi par opportunisme et mimétisme. Dans la mesure où l'on connaissait quelqu'un qui connaissait quelqu'un qui connaissait... il fallait en être. Tout le monde semblait tomber en deuil tandis que d'autres étaient mal de ne pas se sentir concernés, sentaient qu'ils devaient être concernés et subissaient, sans que cela soit voulu, une certaine pression populaire. Si on n'était pas avec la vague ou qu'on la questionnait, on devenait contre elle.

Par ailleurs , s'il est sain de dire sa peine et de la partager, je m'interroge sur le fait qu'un tel deuil devienne public et ne demeure pas personnel. Il existe des effets dangereux de renforcement à dire et à partager sa peine entre jeunes sans que cela soit «supervisé» ou «encadré» par des adultes ou des spécialistes. Les risques que les jeunes, laissés à eux-mêmes dans cet espace virtuel, alourdissent leur chagrin sont réels. L'émotivité nous amène à dire des paroles ou à pousser des gestes dont les conséquences peuvent être néfastes. Par exemple, promettre de gagner un tournoi de hockey en l'honneur de l'élève décédé, quelle lourde promesse! Quelle déception et quelle culpabilité si on perd! Ou encore, remplacer sa photo FB par celle du disparu. Pas évident de l'enlever de là un jour sans avoir l'impression de trahir la mémoire de celui qui nous a quittés.

Dans le cas d'un jeune qui se serait suicidé, il y a aussi le risque que cette vague de sympathie et de «popularité posthume» fasse naitre dans l'esprit d'un élève malheureux le scénario d'être aimé de la sorte en posant le même geste irréparable.

Je ne suis pas intervenu sur FB durant ces événements parce qu'il ne s'agissait pas directement de mes élèves, même si une partie de mon école a été touchée par cet événement. Mais il demeure néanmoins que tout cela m'a fait prendre conscience de la force des médias sociaux et des risques qui y sont reliés. De même, cette situation me montre à quel point, comme parent ou éducateur, on doit accompagner nos jeunes sur la Toile.