29 novembre 2007

Ventre affamé n'a point d'oreilles (ajout)

Je suis de très mauvais poil cette semaine. Plus je lis les journaux, plus je songe à changer de pays. Le Québec me tue, littéralement.
Gros débat con cette semaine dans les médias: les devoirs! Ils stressent les parents, ils sont inutiles, ils empêchent les relations parents-enfant et que sais-je encore!

N'empêche, il faut lire le texte de Nathalie Collard qui conclut sa pensée en écrivant: «Les enseignants insistent beaucoup pour que la société reconnaisse leurs compétences professionnelles. Soit. À condition qu’on reconnaisse aussi les compétences parentales. Aux parents de décider ce qu’ils feront de leur soirée.»

Bien, à tous ceux qui ont du temps à perdre avec ces problèmes de riches, à tous ceux qui passent des mois à parler de compétences transversales, de paradigme de l'apprentissage, je suggère la lecture de ce texte où l'on peut lire:

«Dans les écoles de quartiers pauvres, on ne donne pas d'examens à la fin du mois parce que les enfants ont faim. Les gens ont semblé surpris d'entendre ça... Cette situation n'est pourtant pas nouvelle!», a affirmé Denyse Lacelle qui travaille au Conseil communautaire de Côte-des-Neiges/Snowdon.

Selon Mme Rochette, La directrice générale des Magasins partage, les enseignants devraient faire éviter de donner des examens à la fin du mois «parce que les plus démunis auront plus d'échecs. C'est dangereux qu'ils se découragent, qu'ils lâchent l'école et qu'ils se maintiennent dans un cercle de pauvreté, avertit-elle. Mais des fois, c'est sûr, les enseignants n'ont pas le choix.»

Vive les chroniqueurs dont les enfants sont la priorité! «Pourquoi devraient-ils accepter l’intrusion de l’école qui vient en quelque sorte dicter la façon dont se déroulera le temps passé avec leur enfant ? La soirée devrait leur appartenir», écrit madame Collard. Pourquoi alors devrais-je accepter en classe votre jeune qui ne sait pas vivre, votre jeune qui s'absente pour faire poser les pneus d'hiver sur sa voiture, votre jeune qui se drogue?

Vive aussi l'argent dépensé dans la réforme! Je suis convaincu que des ventres vides apprennent mieux maintenant grâce à cette belle initiative. La pauvreté et la détresse humaine sont des causes majeures d'échec scolaire. Où aborde-t-on ce point sur les blogues des bien-pensants de l'éducation. On est vite sur le piton pour dénoncer la malbouffe, mais peut-on s'assurer que les enfants mangent à leur faim? On est vite pour se plaindre des devoirs, mais que fait-on pour que nos jeunes puissent avoir véritablement tous les éléments pour réussir? En Finlande, modèle de réussite en éducation, les enfants sont nourris sainement et gratuitement à l'école.

Quant aux compétences parentales auxquelles fait référence madame Collard, permettez-moi d'être critique. Des jeunes battus, négligés ou maltraités physiquement et psychologiquement, des jeunes qui doivent gagner leur vie à 16 ans pendant que leurs parents vont au travail dans une voiture de l'année, j'en connais trop! Au Québec, les enfants et l'école sont trop de troubles pour plusieurs parents. Si je vous disais combien d'élèves j'ai failli adopter tellement la situation familiale dans laquelle ils vivaient était intenable, combien de fois j'en ai dissuadé de se suicider, combien de fois... Combien de fois...

Trop de devoirs? Peut-être, peut-être pas. Mais est-ce que nos jeunes apprennent quelque chose à l'école? Les prépare-t-on correctement à vivre l'avenir? Les nourrit-on seulement pour qu'ils puissent être en état d'apprendre?

Compétences parentales? Vraiment? Alors, donnez-moi le droit de faire un bulletin des parents des élèves à qui j'enseigne!

Le Québec a parfois des allures de pays sous-développé, mais une certaine élite intellectuelle semble se complaire dans des discussions oiseuses. Et pour ce qui est des parents, je fais mien ce proverbe connu en éducation:

«Il y a un permis pour avoir un char, mais pas de permis pour avoir un enfant.»

Tant que des parents, tels madame Collard, vont voir l'école comme un adversaire, tant que des parents ne comprendront pas que l'éducation de leur enfant est un «passage obligé et nécessaire», tant que des parents vont vouloir tout avoir (une attitude qu'ils ont transmise à leur enfant d'ailleurs), le Québec me tuera. Littéralementme tuera. Littéralement.
Et comme ce n'est pas assez, j'attends que le MELS et mon syndicat dénoncent conjointement l'attitude de Mme Collard. En effet, vous vous rappelez sûrement qu'alors que nous étions en moyens de pression, un juge avait statué que les devoirs étaient un service essentiel que les enseignants ne pouvaient pas boycotter. Si je me base sur ce jugement, par son attitude, Mme Collard nuit à l'éducation des enfants et met en péril leur avenir, rien de moins...

19 commentaires:

Ness Eva a dit…

Vous êtes en furie, Monsieur Prof. Masqué!!! J'ai eu la même réaction que vous en entendant les commentaires sur les devoirs. Au primaire, peut-être que la réalité est différente, mais dans mon école de campagne, nos élèves n'ont pas 5 heures de devoirs à faire par soir. Souvent, ils peuvent commencer leurs travaux dans le cours alors ce qu'il reste à faire est minime.

Mme Collard est "dans le champ". À elle aussi, je lui offrirait de venir passer 1 ou 2 journées dans mes classes. Peut-être qu'elle aurait la gentillesse, ensuite, de ne pas mettre en doute nos compétences professionnelles. PFFFTT!! Elle est "fantasse!!"

Malheureusement, beaucoup trop de gens ont des enfants. (À ne pas confondre avec les gens qui sont parents!)

A.B. a dit…

Wow! J'aurais pu écrire, comme Ness, que tu es «en furie», ce soir. Mais moi, c'est plutôt ta grande sensibilité écorchée devant la situation que je lis à travers les lignes de ce billet.

Ton ajout - en rouge - est très pertinent: j'attends donc moi aussi ces réactions maintenant.

Je n'écoute plus vraiment les nouvelles et ne lis plus systématiquement les journaux depuis cet été, je dirais. J'écoute la radio tous les jours, mais j'ai l'impression que les questions qui y sont débattues ne sont pas toujours les mêmes. Jouer à l'autruche, ça te dit? ;OP

Une femme libre a dit…

Beb coudons, c'est quoi cette frilosité des professeurs, cet appel à la responsabilité publique et parentale, cette menace de quitter le pays pour une simple suggestion de ne pas donner de devoirs AU PRIMAIRE? Aux petits enfants qui ne peuvent pas les faire seuls leurs devoirs, pas à ceux qui, plus vieux, vérifient leurs connaissances à la suite d'un contrat entre le prof et eux. Pourquoi le parent qui ose proposer humblement cette idée se fait-il vilipender de la sorte? Un devoir donné à un enfant de six ou sept ans c'est d'abord un devoir donné à son parent et celui-ci risque de mélanger le pauvre enfant avec ses méthodes à lui qui datent. L'expert en enseignement, c'est le prof. Le parent serait bien mieux d'élargir les horizons de son petit autrement, en lui faisant la lecture par exemple, plutôt que de s'improviser tuteur de math avec les nouvelles méthodes qu'il ne connaît pas ou bien prof de grammaire, avec la terminologie de la nouvelle grammaire pour laquelle il devrait prendre des cours de rattrapage!

Le professeur masqué a dit…

Ness: je suis tannée de la bêtise humaine. La plupart des parents que je connais se plaignent, au contraire, que les élèves n'ont pas assez de devoirs!

Safwan: une job! Que quelqu'un me propose une job qui me permet de ne pas être dans le rouge et je m'en vais de l'enseignement! Quand je lis de pareils propos, je ne peux plus me contenir.

Nos conditions d'enseignement et de travail se dégradent d'année en année et voilà une gérante d'estrade qui débarque comme ça, en écoutant que son nombril parental, pour nous dire que les devoirs sont de trop.

Moi, je propose que seront dispensés de devoirs que les parents qui viennent à toutes les rencontres et les convocations, qui motivent les absences de leur enfant sans mentir. Il en reste combien?

Le professeur masqué a dit…

Une femme libre: je crois que nous (vous, moi et d'autres) avons déjà eu l'occasion de discuter des devoirs sur ce blogue. Après que Le Devoir et que Le Journal de Montréal aient traité de ce sujet, je me disais que nous aurions une pause, simplement.

Je vous rappelle que je ne crois pas que les parents doivent faire les devoirs avec leur enfant. Ils n'ont pas à jouer au prof. Ils doivent seulement s'assurer que le jeune prend le temps et les moyens de tenter de les faire comme il faut. Point à la ligne. De cette façon, ils commencent à développer l'autonomie chez leur enfant.

De plus, un devoir qu'un enfant ne peut pas faire seul est soit un mauvais devoir soit l'illustration que le jeune ne comprends pas la matière et doit se retourner vers son enseignant.

Il ne faut pas oublier aussi que plusieurs parents se font berner par leur enfant qui n'écoutent pas en classe et qui, ensuite, comptent sur leur parent pour se taper tout le travail. «Tu n'as pas compris. Va voir ton prof.» Et si cette situation se répète trop, c'est au parent d'aller voir le prof.

Par ailleurs, je crois que les devoirs sont encore plus utiles au primaire qu'au secondaire. Mais par devoir, je n'entends pas ces projets interminables de bricolage qui obligent finalement les parents à magasiner dans tous les Dollorama du monde...

Enfin, il existe d'excellents parents, mais je suis désolé de vous dire que je ne crois pas que la majorité d'entre eux consacre quelque temps que ce soit «à élargir les horizons de son petit». Ma vision est pessismiste, mais je l'assume. Le soir, le parent a sa journée dans le corps. Il veut se reposer. Accompagner son enfant dans ses apprentissages scolaires le fait suer.

Donner congé de devoir aux enfants, c'est donner congé de devoir aux parents qui pourront se reposer, simplement. Aucun parent ne partira aller voir une pièce de théâtre avec son jeune, croyez-moi. Il y a des exceptions, mais elles sont justement des exceptions.

Mme Prof a dit…

Désolée, mais je "tique" sur le HUMBLEMENT, dans votre commentaire, Femme libre. Si vous avez lu l'article de Mme Collard, vous auriez pu lire que son ton est condescendant et non humble envers le corps professoral.

J'enseigne au primaire et je vous garantis que le PM a raison. Un bon devoir, un enfant devrait pouvoir le faire seul (on ne parle pas de leçons ici, qui sont de l'étude si vous préférez).

Et je vous pose la question autrement. Pourquoi certains parents rechignent-ils à passer du temps avec leur enfant? Parce que c'est ce dont il est question ici, car faire les devoirs, c'est passer du temps avec eux. Aux parents de faire en sorte de ne pas déclarer de guerre durant cette période : c'est eux les adultes, c'est eux qui doivent apprendre à leur enfant à prendre leurs responsabilités et faire leurs travaux.

Mais bon, je ne dois pas savoir de quoi je parle, je suis simplement une spécialiste de l'éducation....

Anonyme a dit…

Mon Dieu, comme les enfants sont délaissés! Surveillés, encadrés, stimulés, enterrés sous les gogosses, vivant dans de jolis bungalows mais profondément délaissés dans leur apprentissage de la vie avec ses côtés plates et ses côtés trippants. Renforcés dans leur rôle de petits animaux faits pour consommer tout et tout le monde, mais si mal nourris intellectuellement. Ça ne me surprend guère: parler avec les parents au bureau est une traversée du désert. Apolitiques, refermés sur leur bubulle familiale, engoncés dans la routine, déconnectés, avachis devant leur télé, accros de magasinage, affamés de recttes toutes faites pour éviter les contacts avec leurs enfants...
Je suis dure avec les parents mais c'est parce que les trouve mous. Je suis d'accord avec vous quand vous dites que si les devoirs étaient abolis, ça ne garantirait pas que les parents feraient de ce temps des choses passionnantes avec leurs enfants. Ce que les parents veulent surtout, c'est encore moins d'obligations envers leurs enfants. Quoi, ils vont travailler, ils paient la bagnole, la maison, les vêtements et la "commande", plus les petites gâteries des enfants, voulez pas qu'ils s'en occupent en plus?? Tout ça est d'un triste! Mon chum, qui est chargé de cours à l'UQÀM, n'en revient pas de l'apathie profonde de la majorité de ses étudiants. C'est comme une non-force vitale. Ils subissent la vie sans avoir l'envie de mordre dedans. Comment ça se fait?

bobbiwatson a dit…

Les devoirs devraient être imposés durant les trois premières années du primaire, années d'appropriation des différentes composantes du savoir. Durant les trois dernières, il faut paufiner. Quoi de mieux que des devoirs pour "s'approprier" et pour "parfaire les connaissances acquises" .... Il y a 30-40-50 ans, les enfants avaient des devoirs et des leçons, au primaire comme au secondaire. À ce que je sache, ils sont encore vivants .... et leurs parents aussi !!!!!

Que les profs qui en donnent soient bénis et les autres .... qu'ils réfléchissent ....

Le professeur masqué a dit…

Une femme libre et La marâtre: ne vous chicanez pas là!

Par contre, je ne trouve pas que Mme Collard a fait une humble suggestion. Elle s'est lamentée, elle a râlé sans voir plus loin que le bout de son nez...

Quand on a la possibilité de diffuser son opinion de la sorte, on peut essayer de cerner tous les aspects du problèmes. L'idée de Mme Collard est faite: les devoirs sont nuls et briment la famille. En gros, sa pensée se résume ainsi : «Les profs, sacrez-nous la paix avec vos affaires à la maison.»

Mais je fais quoi moi si, comme prof, j'y crois aux devoirs? J'arrête d'en donner parce que Mme Collard n'y croit pas. Va-t-il falloir élaborer une conciliation travail-école? Parce que c'est de ça dont parle madame Collard?

Anonyme a dit…

Je suis d'accord avec Madame Adeleblancsec.

Je vous soumets une impression: madame Collard est séparée depuis un bon moment du très connu papa de ses filles. Ils en ont la garde partagée 1 semaine/1 semaine. Ce qui signifie, concrètement, que Madame Collard a, à cause de sa carrière prenante et des obligations scolaires de ses filles, 5 soirées de 3 heures tout au plus, et deux journées de fin de semaine, pour passer du temps avec ses filles. Alors si en plus, elle doit superviser les devoirs, on peut comprendre d'où vient son idée de les abolir...

Elle préfèrerait nettement occuper leur temps autrement.

Alors quoi: faut-il adapter les exigences scolaires aux conditions familiales particulières?

Pwel a dit…

*Clap clap clap ovation debout*

Les devoirs du soir me semblent une partie importante de l'apprentissage. On revient a notre rythme sur des notions bien ou peu comprises. Surtout au primaire où des fois j'ai bien de la difficulté à comprendre ce que les enfants apprennent pendant la journée (je m'excuse, je ne suis pas prof et je ne veux pas jetter la pierre sur qui que ce soit, seulement quand le petit dernier chez mon père m'a demandé de lui réexpliquer les fractions parce qu'en classe de math il jouait aux échecs... j'ai comme tiqué...)

Mais le point du billet qui m'a fait applaudir, c'est celui sur la responsabilité des parents. Les devoirs du soir sont une excellente façon de s'impliquer dans l'éducation de leurs enfants. Une manière de savoir ce qui va très bien et ce qui lui donne de la misère. Une porte ouverte vers les conversation sur l'école, qui est l'endroit, après la maison, où leur progéniture passe le plus clair de son temps.

Moi quand je lis que les parents ne veulent plus s'occuper des devoirs à la maison, je lis qu'ils veulent se déresponsabiliser d'une des responsabilité les plus élémentaire de l'état parental: qu'est ce que mon enfant apprend de la vie et du monde extérieur quand je ne suis pas avec lui?

Faire de ce moment un rituel où l'enfant se sent écouté et appuyé et où le parent peut se mettre à jour sur les manière que les professeurs utilisent pour faire passer leur matière (parce que c'est vrai que ça change vite...) serait beaucoup moins stressant que d'en faire un moment dont personne ne veut mais qui est obligatoire sur le coin de la table vite vite entre 2 émissions de télé.

Remarquez que je dis peut-être n'importe quoi, je n'ai pas d'enfants... c'est beaucoup trop de responsabilités...

La Marsouine a dit…

Avec quelques temps de retard, je dirai OUI OUI OUI aux devoirs. Et j'appuie La Marâtre sur le fait que les enfants devraient faire leurs devoirs seuls. Ma mère ne s'est JAMAIS assise avec nous pour faire nos devoirs. Elle ne vérifiait même pas si nous en avions à faire. Résultat: mon frère et moi avons appris très tôt à nous organiser et à assumer les conséquences quand on ne faisait pas ce qui était demandé. Je suis certaine que si les professeurs l'avait avisé d'un problème récurrent, elle y aurait regardé de plus près mais il faut apprendre aux enfants à se prendre en charge, à se responsabiliser. On sous-estime toujours les enfants.

La déresponsabilisation, ça a l'air que ça se transmet jeune au Québec!

Anonyme a dit…

J'ai déjà eu le commentaire suivant d'un parent:

"Désolé, "élève" n'a pas pu faire son devoir hier, nous sommes allés magasiner."

et on parle de compétence parentale!

Anonyme a dit…

D'accord avec toi.

Un devoir, c'est une évaluation. Est-ce que j'ai compris? Oui, non? Plus ou moins?

Être seul/e face à ses devoirs et leçons, c'est oui, le développement de l'autonomie, mais aussi, une manière de se rendre compte soi-même (pas de copains autour, pas de prof, pas d'aide) du niveau de sa compréhension.

Du temps? Oui, intéressant, la période de l'aide aux devoirs, après la classe, qui devrait être du temps encadré et non, à mon sens, une nouvelle explication (nuisant, possiblement à celles données par l'enseignant/e). Au plus, peut-être s'assurer que L'enfant comprend ce qui lui est demandé. au plus, car encore là, la consigne fait partie de ce qui devrait être évalué.

Le ventre vide, dis-tu? Oui, rapport avec la malbouffe et la surconsommation, la mauvaise consommation, le mauvais budget car, quand il n'y a pas de lumière au bout du tunnel, l'argent passe souvent en billets de loterie, en alcool ou autre trucs pour oublier, en malbouffe, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien, le mode de consommation, le mode de vie, les valeurs mollasses, américanisées, trop souvent ou juste des valeurs pour en finir avec la vie, trop moche.

Et pour s'en sortir il faudrait... l'éducation. et pour l'éducation, un ventre plein et de l'amour, de la patience, de la tendresse.

Dire non quand on a sa journée dans le corps... Il y a quand même quelque chose qui tient du cercle vicieux dans ce mode de vie. Quand être avec ceux qu'on aime devient une tâche lourde et oui, ça le devient, quand on a sa journée, le transport, les préoccupations.

Une vision à long terme : 911.

Zed

Le professeur masqué a dit…

la mère masquée; conciliation école-famille, ça s'en vient.

Pwel: vous dites vraiment n'importe quoi. C'est agréable à entendre, par exemple.

Ma marsouine: c'est pas moi qui le dit! : ) C'est votre faute!

Mérédith: ils magasinaient des G-string?

Zed: la pauvreté est un cercle vicieux. Et avez-vous remarqué que la notion d'aide aux devoirs ne soulève pas trop de débats depuis quelque temps?

Anonyme a dit…

J'ai eu un bref échange de courriel avec Madame Collard. Voici ce que je lui ai écrit, en bonne partie:

"Chez moi, les devoirs et les leçons n'ont jamais occupé plus de 20 à 30 minutes par jour, 4 jours par semaine (du lundi au jeudi). Ces séances de devoirs et de leçons se sont avérées utiles et riches à plusieurs niveaux dans le parcours scolaire de mon fils. D'abord, j'ai pu voir ce qu'il ne comprenait pas et intervenir pour l'aider, l'éclairer. Je sais que plusieurs notions ont ainsi été renforcées, grâce à ces séances de devoirs et leçons. Mais au-delà de la matière elle-même, les devoirs et les leçons sont une occasion en or de responsabiliser graduellement notre enfant, à l'extérieur du contexte scolaire. En première année, je m'asseyais avec lui, je restais à ses côtés pour l'assister, je lui disais quel devoir il devait faire, quelle leçon il devait apprendre. Déjà, en 2e année, je ne m'asseyais plus avec lui, le guidant à distance. Maintenant, en 4e année, je lui indique le moment où il est temps de s'installer pour s'y mettre, et c'est de plus en plus lui qui prend son agenda, et vérifie ce qu'il a à faire. Mon objectif ultime est d'arriver à ce qu'il soit tout à fait autonome en première secondaire. C'est une passation des pouvoirs faite graduellement sur tout le primaire.

Une anecdote. En première année, mon fils justifiait ses notes décevantes en mentionnant le fait qu'en classe, il n'arrivait pas à se concentrer à cause des autres qui parlaient trop et le dérangaient. Je lui ai dit qu'il allait devoir apprendre à travailler MALGRÉ les autres, parce que des "autres", il y en aurait toujours. Pendant quelques semaines, je lui ai fait faire ses devoirs dans la cuisine, pendant que nous, on vaquait à nos occupations (télé, cuisine et discussions). Il a appris à se concentrer malgré les dérangements. Tout un apprentissage, ça aussi!

Les devoirs et les leçons, c'est plus que simplement les notions apprises. C'est plus que le français et les maths. Ce sont des leçons de vie, aussi.

Vous dites: "cela demande encore plus d’imagination, de créativité et d’implication pour les parents qui le souhaitent que d’inventer un enrichissement qui soit autre qu’académique" Et cela concernera quel pourcentage des parents? Quel pourcentage se donnera la peine de se creuser les méninges pour occuper sainement, avec leurs enfants, le temps dont ils disposeront? S'ils n'y sont pas obligés, combien le feront? Si les parents sont si stressés et débordés que ça, quelle proportion de ces parents surchargés va réellement faire des efforts demandant "plus d’imagination, de créativité et d’implication"? Pour les quelques parents qui utiliseront vraiment ce temps, combien d'enfants seront un peu plus privés de l'attention parentale? Et pour les quelques enfants auxquels les devoirs ne sont pas utiles, combien seront privés de révisions utiles avant d'aller se coucher (quand on sait que c'est durant le sommeil que le cerveau fait le tri de ce qui a été appris dans la journée)?

Et encore! Si l'école faisait réellement son travail, si elle le faisait vraiment efficacement... Si, en anglais, on apprenait vraiment l'anglais au lieu de construire un robot, si en français on faisait vraiment du français avec sérieux, application, et persévérance, si on travaillait vraiment dur en maths, encore, à la limite, les devoirs et les leçons, ça serait peut-être moins nécessaire. Vos filles vont-elles dans des écoles privées? Mon fils va au public, et l'école, c'est presque une farce. Si on n'avait pas les devoirs et les leçons pour renforcer un peu les acquis, quelle génération de cancres serions-nous en train d'élever? Combien d'études nous prouvent que les résultats scolaires des jeunes québécois sont de plus en plus désolants? S'il faut en plus abolir les devoirs, mais à quoi diable servira l'école?

Vous écriviez hier: "Quant aux parents, qui n’ont pratiquement pas vu leur enfant de la journée, ils n’ont souvent qu’une envie : passer du bon temps en famille. Pourquoi devraient-ils accepter l’intrusion de l’école qui vient en quelque sorte dicter la façon dont se déroulera le temps passé avec leur enfant ? La soirée devrait leur appartenir." Et les enfants, eux, ne se font-ils pas imposer l'intrusion du travail de leur mère dans leur vie? Ont-ils le choix d'être privé de leurs parents jusqu'à 18h, 5 jours par semaine? Est-ce que ce temps de travail ne vient pas dicter la façon dont se déroulera leur journée à eux, et même leur vie? Est-ce que le temps de leur mère ne devrait pas leur appartenir un peu plus? Jusqu'où imposera-t-on aux enfants la libération de leur mère? Jusqu'où allons-nous demander aux enfants de s'adapter? même jusque dans leur réussite scolaire? Moins les mères auront de temps à accorder aux enfants, plus on exigera d'eux qu'ils se contentent de moins? plus on ira à la recherche d'études démontrant que dans le fond, ils n'ont pas autant besoin de nous qu'on le dit?

Je m'excuse, mais moi, ce que je vois là-dedans, ce n'est qu'une nouvelle tentative de déresponsabiliser un peu plus les parents face à l'éducation et à l'instruction de leurs enfants, et de les déculpabiliser un peu plus de ne pas leur accorder le temps dont ils ont besoin. Les enfants en sont-ils réduits à être une source de divertissement parental quand les parents daignent être disponibles pour eux?

S'imaginer que l'abolition des devoirs sera une occasion de multiplier les interactions parents-enfants, c'est aussi angélique que lorsqu'on s'imaginait que l'arrivée des nouvelles technologies dans notre travail allait nous permettre de créer une société des loisirs... Photocopieurs, ordinateurs, télécopieurs, cartes de guichet automatique, téléphones cellulaires, tout cela devait nous permettre de faire la même quantité de travail qu'avant, mais en une fraction du temps!... Moui, bien sûr. Alléluia. Grâce à l'abolition des devoirs, les parents débordés feront une partie de TOC avec leurs jeunes."

Anonyme a dit…

Non, je l'ignorais, n'étant pas du milieu.

Ce que je sais, cependant, c'est que le temps de travail des parents ne correspondant pas au temps passé en classe, c'est la course (récupérer les jeunes à la garderie, les autres à l'école, etc.) et le stress.

Je crois que notre société n'a pas fini d'assumer le fait que la maman ne soit plus à la maison et que la vie a changé.

Sans être une relativement à ce sujet, je trouve intéressant que du temps soit accordé aux devoirs sur les lieux où l'enfant se trouve. Mais d'autres activités, sportives, par exemple aussi. pour se détendre.

Suite à quoi le temps de qualité en famille aurait des chances d'être amélioré.

Qu'en penses-tu, toi qui vit dans ce milieu?

Zed

Le professeur masqué a dit…

Zed: la question a fait l'objet d'un débat un temps et, puis, l'élection est passée. L'aide aux devoirs, c'est une question de fric en banlieue et en région: le personnel supplémentaire comme partout ailleurs mais aussi les gros autobus jaunes de plus tard le soir.

La mère qui s'pense meilleure que les autres a dit…

Zed, vous dites: "Je crois que notre société n'a pas fini d'assumer le fait que la maman ne soit plus à la maison et que la vie a changé."

Moi, je crois que ce sont les enfants qui n'ont pas fini d'avoir à l'assumer. On dit que le Québec aime ses enfants? Moi je crois que le Québec se fout de plus en plus d'eux. Désolée.

Je pense que le combat féministe est en train de nous aliéner tous.