Le retour en classe après les vacances des Fêtes correspond à la rentrée télévisuelle de l'hiver. Aussi, pourquoi ne pas parler d'émissions qu'on pourra regarder au petit écran qui est de moins en moins petit finalement?
«Un gars, c'est un gars»
La première est un documentaire intitulé «Un gars, c'est un gars» qui sera diffusé à RDI mercredi 8 janvier à 20h00 dans le cadre de l'émission Les Grands Reportages.
Ce
qui m'embête avec ce genre de titre, c'est qu'il y a plusieurs types de gars, pas seulement le modèle sportif avec lequel on nous rabâche les oreilles. À l'école, je n'ai jamais correspondu à la définition du
«gars» et j'en ai parfois subi les conséquences. De plus, une seule approche
généralisatrice peut s'avérer inappropriée dans certains cas. Et si je puis ajouter, une approche généralisatrice véhicule - sans le
vouloir - des stéréotypes qui alimentent parfois l'intimidation. Par
exemple: «Les gars aiment le sport: il faut leur donner du sport.»
revient à dire «Si tu n'aimes pas le sport, tu n'es pas un gars, mais un maudit
fif.»
De même, toujours associer décrochage et garçons finit par stigmatiser ces derniers. Un exemple simple: entendre un jour UN élève dire à un autre «Oui, je suis bon à l'école même si je suis un gars.» Ou encore: «C'est normal que j'ai des difficultés: je suis un gars.» Ouf! C'est lourd de sous-entendus et de préjugés.
On m'assure que le message véhiculé par ce documentaire précisera qu'il n'y a pas qu'une façon d'intervenir auprès des garçons. Ouf! Si je le
peux, je regarderais ce reportage avec plaisir. Sinon, peut-être y
aura-t-il un lien un jour...
Page Facebook du documentaire comprenant des extraits vidéo (ici)
«Subito texto»
La deuxième émission s'intitule «Subito texto» diffusée du lundi au jeudi à 18h30 sur les ondes de Télé-Québec. Cette fiction met en scène un groupe de jeunes vivant leur rentrée au secondaire et très engagés dans leur milieu scolaire, notamment par le biais du journal étudiant. On y traitera également du phénomène des nouvelles technologies en milieu scolaire. Déjà, on remarquera que l'émission, en plus de son site Internet (ici), a sa page Facebook (ici) et son entrée sur Wikipédia (ici) ...
Bien que je ne sois pas très amateur d'émissions jeunesse, j'irai sûrement jeter un coup d'oeil sur cette série pour trois raisons toutes simples. Primo, certains de mes élèves et moi avons fait partie des gens consultés par l'équipe de recherchistes lors de la conception de celle-ci et je suis curieux de voir ce qui en ressortira. Secundo, une de mes élèves fait de la figuration à l'occasion dans certains épisodes. Tertio, je me demande quel traitement on réservera aux NTIC: s'agira-t-il d'une banale couleur appliquée sur un scénario ou parfois d'un élément-clé de l'émission? Disons que certains échanges avec les recherchistes sur la cyberintimidation me donnent un peu d'espoir qu'on ira au-delà des clichés.
6 commentaires:
Es5-ce possible que le titre soit limitatif et figé dans le but de souligner justement ce genre de stéréotypes?
Autre prof: honnêtement, aucune idée!
Je suis également curieuse de voir la série à Télé-Québec... nous avions également eu la visite d'une recherchiste en classe, il y a deux ans.
Merci Professeur masqué pour les suggestions. Mercredi, je vais proposer le reportage à mon amoureux.
Paola :)
Je ne veux pas lancer l'anathème, mais bon franchement, si on regarde la réalité des gars dans la globalité, il reste que leurs champs d'intérêt diffèrent assez souvent de ceux des demoiselles. Il est franchement difficile de faire classe avec les jeunes hommes dans les régions où je suis allé. Ils ne trouvent pas souvent dans les activités scolaires un endroit de prédilection pour se sentir valorisés. Ils sont déjà moins nombreux en classe que les filles au secondaire et leur intérêt pour tout ce qui touche au travail intellectuel est limité. Dans mes classes des dernières années, l'élagage débutait au primaire. Au secondaire, j'avais une représentation de 3 à 5 fois plus importante pour les filles. Et cela se traduit évidemment dans la représentation nettement désavantagée des jeunes hommes au niveau du taux de diplomation et pas seulement dans les milieux dont je parle.
Il y a des réalités de masse nettement tangibles dans certains milieux, disons plus populaires, où j'ai déjà travaillé, et dans les milieux autochtones que j'ai fréquentés dans les dernières années.
Ceci dit, on n'est pas moins homme ni moins femme parce qu'on ne partage pas les intérêts de la majorité de son genre. À ce titre, mon parcours est aussi dans les marges de ceux de mon genre! Être un enseignant homme est déjà une preuve en soi! Même dans un milieu où la représentation féminine prévaut, on constate une manière souvent différente d'envisager notre rôle et nos approches qui sont teintés par notre appartenance à un genre. Beaucoup de meneurs et d'innovateurs ont des intérêts et des parcours différents des masses.
Je ne sais pas si ces observations palpables dans le quotidien tiennent du culturel et de l'influence sociale ou d'une certaine origine innée qui prédispose moins à l'école dans sa forme actuelle ou dans sa formule de formation générale. Les deux composantes semblent présentes comme ailleurs.
Je crois qu'on doit tenir compte de ces réalités aussi quand nous pensons l'école et devons réfléchir aux meilleures approches à avoir avec ces jeunes hommes moins disposés pour les activités académiques. Nous sommes souvent bloqués par ces images stéréotypées qui rendent ces discussions assez taboues. Je ne crois pas que les stéréotypes tombent du ciel, ils correspondent en partie à des réalités complexes discernables dans notre environnement social qu'il faut souvent trouver la force d'aborder sinon nous sombrons dans un déni aux conséquences fâcheuses.
Ces questions sensibles m'apparaissent en lien avec le besoin d'appartenance (comment je me relie aux autres) et la question de l'identité (comment je me distingue et trouve ma valeur parmi les autres) très sensible à l'adolescence en recherche. Évidemment, le compromis que nous trouvons à cette grande question peut rester très longtemps sensible..., car notre place parmi les autres peut toujours redevenir d'actualité, croyez-en un chômeur!
Évidemment, trouver des aménagements susceptibles de favoriser la scolarisation de ce large ensemble de jeunes hommes moins disposés pour l'école actuelle n'est pas un problème simple. Voilà pourquoi il me semble important que l'on s'intéresse, du côté de la recherche, à cette question pour nous aider à distinguer les variables pertinentes à considérer de celles qui ne le seraient pas.
Peut-on espérer un éclairage d'une émission de télé? C'est possible.
Concernant les textos, je suis assez interloqué par la réalité qu'il est maintenant normal de laisser trainer son téléphone intelligent pour maintenir un contact permanent avec tout son réseau social alors qu'on est en pleine rencontre réelle avec quelqu'un. J'ai vu mon gars «texter» (subito!) en plein diner seul à seul avec son père. On se voit rarement, et nous avions beaucoup à nous dire... Et pourtant, l'habitude culturelle nouvelle semble incrustée, si banale. Ce n'est pas le seul jeune que j'ai observé à agir de cette façon ces derniers temps.
Jonathan: il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet. Il existe bien évidemment des différences dont on doit tenir compte. Mais faut-il généraliser certaines pratiques? Revenir aux écoles non mixtes comme le demandent certains?
Et puis, il y a des réalités qui sont peut-être des mythes? Est-il vrai que les gars préfèrent plus les sports que les filles? J'ai des doutes. En parascolaire sportif, on retrouve plus de filles que de garçons à mon école.
On mesure souvent les intérêts des jeunes mais valide-t-on ces intérêts dans la réalité? Par exemple, entre aimer le sport et en faire, il y a une marge...
Et puis, en ne parlant que du décrochage des garçons, on oublie aussi que certaines filles décrochent elles aussi. Le phénomène est moins marqué dans mon milieu scolaire, mais il existe.
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