Un peu de sensationnalisme dans un titre n'a jamais fait de tort. Ainsi, ce matin, La Presse et Le Devoir nous apprenaient que la Société de transport de Montréal (STM) «offre une navette vers la malbouffe». Rien de moins! Quand on connaît l'école Mont-Royal dont traitent ces deux textes, on comprend mieux certaines choses.
En effet, celle-ci est enclavée dans la chic et très riche Town Mont-Royal (à Montréal, on dit TMR , à l'anglaise). Tous les élèves de cette école proviennent de quartiers voisins, multiethniques, populaires et moins cossus. Impossible pour eux d'aller manger à la maison à pied. Restent donc le lunch, la cafétéria et le transport en autobus vers la maison ou les restos en région éloignée. Ils n'iront quand pas même manger à La Sirène qui est à proximité et qui coûte 20$ le couvert...
N'entrons pas dans les détails, mais mes souvenirs de la cafétéria de l'école Mont-Royal m'incitent à penser que je préférerais moi aussi le lunch ou l'autobus: espace trop petit, manquant de vie et de convivialité. Les choses ont peut-être changé, remarquez
À part le lunch, un seul choix s'impose donc à l'élève: retourner à la maison ou bouffer dans les restos de la Côte-des-Neiges. L'autobus spécial du midi permettait d'éviter d'indisposer les usagers habituels de la STM qui voyaient arriver cette horde d'élèves avec horreur. D'ailleurs, sur ce point, sont-ce tous les jeunes qui prennent cette navette qui vont dans les restaurants? Il faudrait vérifier. Certains vont peut-être manger des repas sains à la maison.
Que des nutritionnistes et des cadres de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeois (CSMB)demandent à la STM de ne plus offrir ce service spécial d'autobus montre bien le peu de sens pédagogique de ces ayatollahs anti-malbouffe. Quand on interdit alors qu'on peut éduquer, on rate souvent une occasion de jouer son rôle auprès des jeunes!
Pour ma part, ce problème relève davantage de l'école qui ne sait pas retenir ses élèves à l'heure du midi car, s'ils «quittent en masse cette polyvalente», c'est qu'il doit bien y avoir un problème quelque part? Une clientèle quasi captive qui doit s'échapper d'un Alcatraz alimentaire, ça ne vous amène pas à réfléchir davantage à des solutions un peu plus poussées que «On devrait couper le service d'autobus!»
La CSMB devrait s'attarder tout d'abord à la qualité de la nourriture de la cafétéria de cette école, aux services qui y sont offerts et à son aménagement physique. Comme le dit la diététiste Geneviève O'Gleman: «Le défi, ce n'est pas d'éliminer les frites dans les cafétérias, c'est d'offrir quelque chose d'intéressant à la place.»
Quant à l'autobus de la malbouffe, certains dirigeants et nutritionnistes de la CSMB devraient cesser de réclamer son abolition et s'occuper de mieux gérer ce dont ils sont responsables. Sinon, quelle est la prochaine étape: inspecter la boîte à lunch des élèves qui ne mangent pas à la cafétéria et qui ne prennent pas l'autobus? Après tout, ceux-ci aussi s'alimentent peut-être mal!
2 commentaires:
La malbouffe est un débat de société. Que la STM veuille épargner ses usagers réguliers de l'envahissement des ados du secondaire, on le comprent. La STM n'est qu'on outil, pas un préfet de discipline.
Que la Commission scolaire offre des activités midi intéressantes pour les élèves et, peut-être que ceux-ci seront moins portés à aller manger à l'extérieur.
Alors là, une activité suggérée : manger! Manger comme dans se nourrir, comme dans avoir du plaisir : couleurs, saveurs, fraicheur, santé.
Une autre encore : bouger! Cette activité complémentaire ne s'effectue pas en autobus, mais en jambes et en bras. Aussi jouissif que la première, elle provoque elle aussi sourires, rires et bonne humeur.
Attention! Plaisir et dépendance croissent avec l'usage.
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