Pendant que Pierre Foglia et Marie-Claude Lortie s'interrogent fort justement (oui, oui! il faut rendre à César ce qui appartient à César et à Marius ce qui appartient à Marius) sur la qualité du français des enseignants, le MELS confirmait ce matin que les élèves finissants pourront désormais entrer au cégep sans cours de mathématiques de cinquième secondaire dans des programmes généraux comme Histoire et civilisation ou des programmes techniques comme Soins infirmiers.
«La mesure vise à arrimer les préalables du cégep à la réforme de l'éducation au secondaire de même qu'à améliorer l'accessibilité au cégep», explique Jean-Pascal Bernier, attaché de presse de la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne. Avec la réforme, le programme de quatrième secondaire devrait être plus exigeant (un doute m'assaille) mais, pour l'instant, certains élèves vont profiter de cette passe gratuite.
Selon Christian Ragusich, directeur de l'enseignement collégial au ministère de l'Éducation, la décision du MELS évitera d'exclure un élève du cégep parce qu'il n'a pas réussi un examen de maths: «On lui donne une chance d'entrer. De toute manière, ces élèves seront peu nombreux.» La belle excuse!
Et l'acquisition de la pensée mathématique, on en fait quoi? Et pourquoi ne pas abolir le caractère obligatoire du cours Histoire du Québec tant qu'à donner des chances? Une infirmière n'a pas besoin de savoir qui était Jacques Cartier pour m'injecter un antibiotique, après tout! Et ensuite, continuons sur cette lancée de non-exclusion et abolissons le caractère obligatoire des cours de Littérature, de Philosophie et de tout ce qui ne mène pas au marché du travail!
Pour pasticher Yvon Deschamps, «La culture générale, qu'ossa donne?» Je pensais qu'on visait à former des citoyens au Québec. Au rythme ou les choses vont, fermons les écoles et dirigeons tout de suite les jeunes vers des DEP, ce qui serait une bonne chose quand on constate à quel point il est difficile de trouver un plombier le samedi matin...
PS: Je ne dénigre pas la formation professionnelle, loin de là. Au contraire, j'incite plusieurs de mes élèves à s'y inscrire et, lorsque je les croise quelques années plus tard, ils sont heureux d'avoir fait ce choix . Seulement, là, on commence à friser le ridicule.
14 commentaires:
Le plus paradoxal, c'est que la réforme vise entre autres à former de meilleurs citoyens par le biais du domaine général de formation vivre-ensemble et citoyenneté ( cours d'histoire et d'éducation à la citoyenneté; connaissance du monde contemporain) et que cette mesure... sert à préparer à l'arrivée au collège des jeunes ayant «subi» le renouveau. La culture, ça forme son citoyen, ça monsieur. Mais le MELS l'a déjà oublié; nous n'en sommes pas à une incohérence près, n'est-ce pas?
Pour parler de ce que je connais, ça fait longtemps que les cours de littérature sont menacés au collégial. Périodiquement, on remet en question leur intérêt, leur légitimité, leur importance pour les élèves d'un programme technique, etc. Pourtant, malgré ce qu'on pense, de nombreux élèves disent qu'ils sont contents de recevoir une formation générale, de faire connaissance avec certains auteurs de la littérature mondiale et de la littérature québécoise, d'aller au théâtre, etc.
Les enseignants de français et de littérature au collégial se battent constamment pour que la composante littéraire de leurs cours soit maintenue. Il y a toujours une certaine pression qui s'exerce pour que nous fassions plus d'enseignement de la langue et moins d'enseignement de la littérature. Tout ça parce qu'on voit plus facilement l'utilité de savoir écrire correctement (que je ne nie pas) que celle de pouvoir lire et comprendre une oeuvre et de la mettre en relation avec son contexte socio-historique et culturel. Il faut vraiment continuer de valoriser et de mettre de l'avant l'idée de former de meilleurs citoyens qui ont une meilleures culture générale.
Tout ça pour dire que c'est la même chose avec les mathématiques et avec bien d'autres disciplines.
Hortensia: et vous savez pourquoi on veut que vous enseigniez la grammaire au collégial? Parce que le système de l'éducation n'est pas foutu de s'assurer que les jeunes écrivent correctement au secondaire! On fait passer tout le monde, parfois malgré la volonté des enseignants, et on vous refile le problème au cégep en vous demandant de corriger ce qui devrait être fait ailleurs. je m'emporte rarement, mais c'est une belle connerie!
Mon père, avec sa septième année, écrivait mieux que mes finissants. J'ai eu un choc le jour ou j'ai constaté qu'il avait quitté les bancs de l'école il y avait plus de 60 ans et qu'il connaissait mieux les règles de grammaire que mes élèves moyens-forts!
Bon, je m'arrête ici. Mon coeur va flancher.
Effectivement, les élèves qui arrivent au cégep ne devraient pas avoir de difficultés aussi importantes en français écrit. Dans certains cas, il faudrait presque reprendre à la base et RÉ-enseigner des règles apprises au primaire et au secondaire. C'est certain que c'est une conséquence de la mentalité "faire passer tout le monde" qui prévaut au secondaire depuis un certain temps. D'ailleurs, même au cégep, on nous incite fortement à faire augmenter (par magie) le taux de réussite dans nos cours. Ce n'est jamais dit clairement, mais souvent implicite. On essaie de tenir bon, mais c'est un peu épuisant de se battre contre le système pour lequel on travaille... *soupir*
Je ne peux m'empêcher de rappeler le discours d'un certain Mario Dumont, lorsqu'il était question de gratuité scolaire à l'université (ce qui est loin d'être le cas, trust me). Ce petit monsieur avait parlé d'accorder de l'aide financière seulement aux étudiants des disciplines utiles. Son exemple d'une discipline «inutile» était l'histoire, ce qui m'a bien sûr mis en saprée rogne.
Selon ce raisonnement, quelqu'un qui étudie en médecine sera utile, il aura donc droit à de l'aide financière (et aussi, comme l'entrée en médecine de mon petit frère l'a démontré cet automne, à des offres de marge de crédit de 200 000$ de la part des institutions financières). Toutefois, quelqu'un qui étudie en philo ou en socio ou en littérature n'est pas utile à la société (toujours selon M. Dumont) et si cette personne CHOISIT d'étudier une discipline inutile (parce que, bien sûr, TOUT LE MONDE a la capacité et la vocation d'un ingénieur) ben c'est sont problème donc, qu'il assume ses frais.
Heureusement que ce M. Dumont n'a pas un rôle qui l'amène à prendre des décisions pour la société québécoise.....
Mais tout les élèves (et les parents) savent très bien qu'il faut réussir français, anglais et/ou maths. Un autre deux de trois!!! Et encore, l'an dernier, l'enseignante d'anglais troisième secondaire m'a confié que 50% des élèves de notre école n'avait (50% ou les élèves pour l'accord de ce verbe???) la note de passage. Plusieurs par paresse... Le directeur a demandé à l'enseignante de faire passer les élèves qui obtiendraient 60% à l'examen de fin d'année. Beau message!
Pour la réunion de classement, les enseignants des matières "molles" ont seulement laissé leurs listes de classe avec les résultats. De toute façon, les matières "molles" ça ne compte pas!!! Alors que ces matières sont justement celle qui « culturent »!!! Parenthèse (ouais, encore...) je suis en éducation physique (enfin était, je deviens sourde trop rapidement), j'ai donc conclu avec des copains que si science, histoire, géo, c'est des matières molles, éducation physique, c'est liquide!!!
Prof masqué, on enseignait les règles de grammaire à coups de règles quand votre père était sur les bancs d'école. De plus, il avait peut-être une disposition à apprendre la langue plus facilement. Je n'aime ni les comparaison "dans mon temps", ni celles entre des élèves différents.
Il faut regarder en avant, en éducation comme ailleurs, et arrêter de penser que le passé était donc meilleur...
Je vais le dire tout bas: J'enseigne la grammaire traditionnelle...en quatrième secondaire. Ils sont silencieux, ils prennent des notes, ils posent des questions, ils veulent savoir écrire.
Au "GUIÂBE" les entourloupettes de réforme de renouveau de ce que tu voudras. J'ai appris à écrire avec la vraie grammaire,,,,, j'enseigne la grammaire.
On ne le dit pas,,, on garde cela entre nous..... La loi du silence,,,, pour plusieurs d'entre nous.
Hortensia: «travailler contre le système pour lequel on travaille». Que c'est bien dit. Contre, pour. Une vraie double contraite.
La marsouine: M. Dumont est souvent habité par la pensée magique. La notion des matières utiles est très floue. Quand vient le temps de juger les revendications autochtones, c'est fou comme on aime les historiens qui viennent appuyer les idées du gouvernement.
Bulle: par paresse ou par intelligence? Pourquoi se forcer quand on passe malgré tout? Chez nous, on parle de petites matières. Il y a longtemps, j'avais le mépris facile pour les matières à option. Aujourd'hui, je comprends tout le potentiel qu'elles contiennent. Seulement, tous les cours devraient obligatoirement réussis quant à moi, comme au cégep.
Magrah: désolé de donner cette impression de nostalgie. Disons que l'exemple de mon père m'a amené à me poser la question suivante: compte tenu de ce qu'ils ont aujourd'hui, les jeunes écrivent-ils bien? La réponse pour moi est non.
Mon père a travaillé toute sa vie à poser de la céramique. Pour reprendre votre propos, je ne crois pas que l'effet des coups de règle aient duré 60 ans... Seulement, à cette époque, on sentait que l'école était valorisée et importante quand on pouvait y aller.
De plus, les jeunes aujourd'hui ont accès à des pédagogies nouvelles pour apprendre et maîtrisent-ils mieux leur langue maternelle? Oui, l'éducation est plus étendue, mais est-elle de meilleure qualité compte tenu de l'argent, du temps et des énergies qu'on y investit aujourd'hui. En a-t-on pour notre argent? J'ai des gros doutes.
Ben maudit, j'aurais jamais cru voir ça ! Moi qui vient pourtant tout juste de sortir des bancs de l'école secondaire (j'ai 18 ans et je suis en formation professionnelle!), ça m'étonne...
Ça me fait aussi profondément ch(complétez le mot) que les tit caves qui ont deux ans de moins que moi pourront aller au Cégep avec des maths 416 alors que moi, j'ai bossé pour avoir mes 436 !
Tellement bossé que je les ai passé en juin dernier - avec la note de passage, un beau 60% - à l'école des adultes après les avoir coulé avec un splendide 45%...
Pourtant, c'était pas faute de ne pas étudier, maths devait être la seule matière où je me forçais au secondaire (j'avais même un prof privé, c'est dire). Et là, on va envoyer des étudiants avec des maths 416 au Cégep ? Je suis morte de rire, là.
Une bonne chance que j'avais mes 426 au moins quand je suis rentrée au Cégep en fin août dernier (longue histoire, maintenant je suis en FP... hé oui)! Tant qu'à y être, qu'ils ôtent histoire comme matière obligatoire pour avoir son DES (déjà que ceux qui vont aux adultes n'ont même pas besoin de l'avoir...).
Ça va finir par donner des personnes sans culture qui ne sauront pas en quelle année a été construit Montréal (j'ai pas dit Québec, ça, tout le monde le sait vu les nouvelles) et où est situé le Chili.
Je constate déjà que moi-même, je n'ai pas beaucoup de culture générale (c'est ça la région ben ben éloignée... Gaspésie en l'occurence... et le manque d'amis) alors j'imagine certains...
Je pourrais parler de ça longtemps... comme de la réforme, d'ailleurs (beurk, mon frère y est). J'aime pas.
Bon, je vais arrêter de polluer ici...
Hortensia: quoi? que dites-vous? j'entends mal?
Jessica F: on se comprend bien. On dirait que la ministre Courchesne ignore qu'il existe des cours que les jeunes peuvent suivre au secondaire pour rattraper leur retard en maths (on appelle ça le «pont» chez nous) ou encore qu'il y a l'éducation des adultes. Désespérant! Vous devriez écrire aux journaux pour faire connaître votre point de vue. Je peux vous laisser leur courriel.
Pourquoi ne pas en finir une fois pour toutes? Donnons un doctorat à tout enfant qui nait, dans la discipline qu'il pourra inscrire sur la ligne euh... cocher...
Ouais, on revient toujours à la médecine... On voudrait tellement tous que notre vie soit entre les mains de quelqu'un qui a bénéficié de cursus allégés au cours de ses « études ».
Que c'est pénible.
Zed :-!
À Prof Masqué :
Oh, il y en a aussi, chez nous - ça porte le doux titre de "récupération" ou "mardi réussite" - mais ce n'est que le midi (on bouffe, le midi... moi, en plus, c'était chez moi, donc...) et le mardi, pendant une seule petite heure après l'école... le jeudi, lui, est consacré au sport (ce que je trouve bien).
Ce qui a de bien chez nous, c'est qu'ils nous motivent à y aller (un espèce de tournoi organisé à l'école). Ils nous motivent tellement bien que les classes de récupération ressemblent à des classes normales en cours.
On s'entend que si on est plus que dix dans la même classe et que tu as une heure pour lui faire catcher ce qu'il ne comprend pas... t'es mal parti, surtout quand l'élève est buté dans son "jecomprendpasjeréussiraijamaisçasertàriend'expliquerjevaiscouler".
Moi, au moins, il y a toujours eu l'éducation des adultes qui m'a permis de les passer. C'est bien plus facile là-bas, tu vas à ton rythme. Ça et les UEI (Unité d'enseignement individualisé, je crois), c'est bien pour ceux qui ne sont pas fort dans certaines matières.
Pour les journaux... C'est quoi l'adresse? Parce que c'est vraiment désespérant...
Bref, il y a les «ponts mathématiques» et la formation des adultes pour aider les jeunes à obtenir leur cours de maths de niveau scondaire. Je me demande si la ministre le sait.
Voici les adresses pour ce qui est de la région montréalaise (les seules que j'ai):
Cyberpresse: lettres@cyberpresse.ca
Journal de Montréal: opinions@journalmtl.com,
La Presse: forum@lapresse.ca
Le Devoir: lettres@ledevoir.ca,
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