Deux excellents textes de La Presse. Savoureux! À leur lecture, vous comprendrez pourquoi la nouvelle politique anti-mabouffe du gouvernement Charest, même si elle un pas vers l'avant, n'est pas automatiquement garante de santé.
Allons-y tout d'abord avec celui de Stéphanie Bérubé.
La compétence et la motivation du personnel
À la suite d'un appel fait auprès des lecteurs, elle remarque que peu de cafétérias (une quinzaine) offre un menu exceptionnels aux élèves et que celles-ci, animées de bonnes intentions, comptaient surtout sur des «gens inspirés et dévoués», un peu comme ce fut la cas à mon école il y a bien des années. Bref, le chef fait toute la différence! D'ailleurs, pour la diététiste Hélène Tremblay, la formation du personnel qui fait la cuisine dans les écoles est insuffisante.
Les contraintes budgétaires
Hélène Laurendeau, nutrionniste, explique que la gestion d'une cafétéria est difficile: «Les gestionnaires de cafétéria sont coincés entre des politiques alimentaires, des restrictions dues aux allergies et des budgets extrêmement serrés.» Cet aspect fric ne vous surprendra pas: on en a toujours pour son argent.
À mon école, au Conseil d'établissement, le prix des repas a déjà été l'objet d'un débat. On en veut toujours plus pour le moins cher possible. Mais comme on en a pour son argent... Manger à la cafétéria scolaire est l'équivalent d'un repas pris à l'extérieur, d'un repas pris au restaurant. Certains parents semblent l'oublier et veulent payer moins cher pour leur jeune que ce qu'ils s'offrent chaque midi.
De mémoire, dans un sondage, les parents québécois affirmaient être prêts à payer plus cher pour des repas de qualité, sauf que de passer de la pensée à l'acte... Et puis, si cela coûte trop cher, on retombe dans la malbouffe qui, elle, est moins coûteuse et souvent plus goûteuse.
Les faux choix santé et le goût
En effet, Mme Bérubé remarque que c'est souvent la saveur qui fait défaut dans les plats santé offerts aux jeunes. Pire: certains plats dits santé offerts sont de véritables horreurs nutrionnels. Elle cite le cas suivant: «Cette spécialiste se rappelle avoir vu un poulet au thé vert sur un menu, présenté comme une option santé. En fait, la recette était une préparation commerciale et contenait une vraie mine de sel.» Choix santé ne veut pas dire automatiquement plats santé. Pensons à une salade noyée dans la mayonnaise ou la vinaigrette.
De plus, on peut aussi s'interroger sur les ingrédients des différents plats: «On parle beaucoup des légumes qui viennent de Chine en ce moment. C'est très souvent ça qu'on sert aux enfants. Il n'y a pas de contrôle sur la provenance des aliments.» Au collège André-Grasset, on a décidé de se montrer exigeant: «On ne voulait plus avoir des produits transformés, de la viande irradiée. On voulait de la vraie viande, des vrais légumes cuits al dente.»
L'efficacité despolitiques anti-malbouffe
Marie-Claude Lortie, elle, s'intéresse à l'efficacité de cette politique et elle suscite d'excellentes réfléxions. Elle cite, entre autres, les propos de Jeffrey Friedman de l’université Rockefeller à New York, un des grands spécialistes mondiaux de l’obésité: « Je ne veux pas dire que (de telles interventions) ne marcheront jamais, mais le fardeau de la preuve de leur efficacité devrait être sur ceux qui imposent ces mesures. Or à ma connaissance, personne ne l’a encore démontré.»
En fait, la journaliste semble penser que l'imposition de ce genre de régime minceur n'entraînerait pas automatiquement de perte de poids chez les jeunes. Questionné là-dessus, le premier ministre Charest a affirmé avoir des études qui prouvent le contraire. Intéressée, Mme Lortie a demandé à voir ces études. Elle les attend et j'espère qu'elle ne lâchera pas prise.
Réflexions personnelles
Cela étant dit, il faut savoir que plusieurs écoles et commissions scolaires ont déjà adopté des politiques anti-malbouffe sans qu'il n'y ait de tremblement de terre ou de révolte étudiante. Cette mesure du gouvernement Charest, louable et vertueuse, sent un peu beaucoup le réchauffé. Elle n'a aucun caractère contraignant et les sommes qui y sont rattachées (11 millions$) sont bien peu quand on regarde les objectifs visés.
De plus, elle refile certains aspects du problème à d'autres intervenants. Prenons la présence des restaurants de type fast food aux abords des écoles. «La balle est dans le camp des municipalités», a déclaré le premier ministre Jean Charest. Facile comme réplique. De même pour la formation du personnel.
Comme l’a souligné un intervenant sur le blogue de madame Lortie, cette politique anti-malbouffe constitue un premier pas pour améliorer la santé des jeunes, au même titre, par exemple, que les différentes actions prises pour réduire le nombre de fumeurs. Reste à apprendre à mettre un pied devant l'autre. Bien manger est un geste personnel mais aussi global.
S'il est sérieux dans ses démarches, par contre, le gouvernement Charest devrait augmenter ses budgets consacrés aux activités qui font bouger les jeunes, interdire l'utilisation des gras trans dans les restaurants, obliger l'étiquettage des aliments, appliquer une politique anti-malbouffe de façon plus générale à tous les organismes publics (hôpitaux, etc.) comme il l'a fait avec la cigarette.
À cause du type d'aliments qui nous sont offerts et qu'on choisit, on se tue à manger en Occident, et ce, pas juste à l'école.
8 commentaires:
J'ai lu ça ce matin.
Je songe d'ailleurs à postuler au cégep André-Grasset ou à La Pocatière. Je n'irais quand même pas jusqu'à Val-d'Or! ;-)
En fait, les articles de ce matin rejoignent exactement ce que je disais sur un autre commentaire: quand le menu du jour est alléchant, les jeunes ne vont pas vers la malbouffe, ou en tout cas moins...
Je me scandalise chaque fois que je reconstate que les bagel/jambon/fromage son vendus au bar à salade, la petite café supposément santé qui a son propre local séparé de l'autre grande cafétéria «de masse». Des bagels. Pas vraiment santé (245 calories, 48 g de glucides - sucres - par bagel nature de 10 cm; imaginez avec une garniture...), surtout qu'ils sont faits de pain blanc. Avec ce type de garniture en plus... ouache! On est effectivement loin de la coupe aux lèvres, finalement.
Les articles des journaux d'aujourd'hui sont ouf!
M. Charest veut éliminer les frites d'ici janvier. Dans un autre article (JdeM) on parle de bannir la proximité des établissements de bouffe rapide près des écoles. Dans un autre (La Presse) on vante les meilleures cafétérias ...
Le gouvernement a-t-il pensé qu'il prépare une vraie révolution avec son acharnament sur la "bonne bouffe"?
Est-ce que les propriétaires et/ou franchisés de restauration rapide accepteront de résillier leurs baux pour ne pas nuire à l'alimentation de nos jeunes? Il y aura un gros problème monétaire si on en arrive là.
Avant de sortir les gros canons, allons-y avec le GBS (gros bon sens). Validons la qualité des aliments offerts par les traiteurs et autres personnnels engagés dans les cafétérias de nos écoles. Assurons-nous d'avoir UN vrai chef cuisinier à la tête des traiteurs et/ou cafétérias scolaires.
Ensuite, assurons-nous que dans TOUS les édifices publics (écoles, hôpitaux et autres centres) nous y trouvions de la saine nourriture. Assurons-nous que les parents ne placerons pas de cochonneries (ex. boissons gazeuses, gâteaux etc) dans les boîtes à lunch de leurs enfants. Si nous arrivons à conscientiser nos jeunes, ils iront moins vers les restos de bouffe rapide. Peut-être s'élimineront-ils d'eux-mêmes?
Tout ceci ne se fera pas dans une seule année. Faisons confiance à l'avenir mais soyons vigilants.
L'alimentation commence a la maison. Évidemment, il faut encore que l'État maman arrive a la rescousse des irresponsables de ce monde.
La Québec est-il devenu une grande Nurserie? Obésité, alcool, cigarette, grippe aviaire, vidéosurveillance, CPE, logement, retour du protectionnisme économique, discrimination positive: sur tous les sujets, l’État nounou nous borde et nous protège. Il nous promet un monde propre, sans risque, tolérant et solidaire et ne cesse de nous donner la conduite à tenir.
Dans notre pays, on croit en effet un peut trop que l’État peut tout.
Allo État bobo! Courrons vite sous les jupes de Big Mother
Bercés par l’illusion de l’État sauveur, nous sommes bel et bien entrés dans une spirale de la peur et de la défiance aux risques, alimentant le désir d’État et l’infantilisation des Québécois
Au faite à quand le dentiste à la maison pour brosser les dents des enfants?
Hortensia: la présentation et al qualité des ingrédients y est pour beaucoup, c'est vrai.
Safwan: les choix-santé sont parfois des pièges. A cet effet, on pourrait peut-être, toi et moi et d'autres, tester le système; on pourrait observer combien de temps il va falloir pour faire disparaître les bouteilles de jus archi sucré des distribitrices de nos écoles respectives.
Bobbiwatson: on se rejoint sur plusieurs points: ingrédients santé, vrais chefs, politique globale anti-malbouffe. Pourquoi l'école devrait être la seule à bannir les mauvais aliments? Sortons la malbouffe des hôpitaux, le gras trans des restaurants.
Mme Lapierre: bienvenue dans ce lieu de débat. Le point que vous soulevez est important. On demande souvent à l'État de nous protéger contre nous-mêmes. Alors, soyons logiques et appliquons la politique anti-malbouffe dans notre quotidien. Combien de parents le feront?
Cela étant dit, dans les années 40, 50 et 60, on éduquait beaucoup les nouvelles mamans à travers différentes campagnes gouvernementales. On pourrait s'en reparler. Aujoud'hui, on dirait qu'on présume que les parents savent comment élever leur enfant, ce qui n'est pas toujours le cas.
Le maire Vaillancourt veut demander au gouvernement de bannir le gras trans dans TOUS les lieux de restauration .... comme à New York.
Prof masqué et plusieurs autres personnes avaient déjà pensé à cette solution. La différence : Vaillancourt a un pouvoir médiatique que les autres n'ont pas nécessairement. Surveillons de près ce que les démarches du maire Vaillancourt vont donner.
Bonne santé à tous :)
J'ai été un peu déçue de lire les articles de La Presse (et celui paru dans COUP DE POUCE). Nulle part, on ne fait mention de mon école. Pourtant, ça fait déjà quelques années que nous offrons des menus équilibrés et santé à nos élèves. De plus, nous avons un partenariat avec Équi-Terre. Il y avait même eu un reportage sur nous à l'Épicerie! Bref, on aurait bien aimé voir notre nom à quelque part.
Sinon, je suis bien d'accord avec le fait qu'il faut faire quelque chose pour améliorer la situation. Il y a moyen de bien manger et que ça soit bon.
Ness: pourquoi ne pas écrire aux journaux pour faire connaître vos initiatives? le lien avec Équi-terre est important. D'ailleurs, à quand des cafétérias scolaires écologiques? C,est le royaume du sac-poubelles!
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