26 août 2010

Quand les gestionnaires se mêlent de pédagogie...

J'ai entendu cette rumeur provenant de deux sources différentes et sans conctact entre elles. Nos gestionnaires n'aiment pas que les profs de français travaillent avec des séries uniques de romans en classe, bref qu'un groupe lise le même roman en même temps. Non, non: il faudrait que, dans une classe, nos élèves lisent des titres différents. On se retrouverait donc avec cinq ou six oeuvres en même temps.

Au nom de quoi voudrait-on aller de l'avant avec cette bêtise? On ne me l'a pas dit, mais je présume que c'est de permettre une plus grande liberté de choix aux gamins. Bien évidemment, on oublie qu'il est impossible de travailler efficacement en groupe la lecture et la littérature avec une telle méthode. Le prof ne pourra que survoler avec les élèves des oeuvres que tous n'auront pas lu et se farcir évidemment une quantité incroyable de romans qu'il devra maitriser adéquatement.

Ça, c'est comme quand on permet aux élèves de lire un livre de leur choix. Une vraie récréation! Certains «fourguent» une oeuvre qu'ils ont déjà lue antérieurement. D'autres comptent sur les limites physiques et mentales de l'enseignant en y allant d'une oeuvre qu'il ne connait pas et dont il ne se tapera pas la lecture pour un seul gamin...

6 commentaires:

Julie a dit…

Et certains, plus futés, inventent un roman, avec des personnages et des péripéties! Ceux-là, tout de même, méritent une bonne note. Pas en lecture, mais en composition et en écriture!!

Isabelle a dit…

L'enveloppe budgétaire pour l'achat de livres ne permet pas l'achat de séries de 35 romans.

Je crois beaucoup en l'enseignement différencié, mais pour apprendre les stratégies de lecture à de jeunes élèves du secondaire, non.

(nous lisons à mon niveau, à l'école, une série par année.)

Coccinelle a dit…

Je vois pas le problème mais bon j'ai fini mon secondaire il y a 11 ans.

On lisait environ 4-5 livres par année et la seule chose que le prof devait faire c'est être en mesure de corriger un test de lecture pour chaque livre.

Par contre je vois vraiment pas l'utilité non plus. C'est quoi le problème avec le fait que tous les élèves lisent le même livre? Est-ce que la raison derrière ça fait aussi partie de la rumeur?

Pour ce qui est de choisir un livre à lire, j'ai fait cela seulement une fois, en 5e secondaire, et le prof n'a bien sûr pas lu les 33 livres. J'ai trouvé ça vraiment intéressant. Je me rappelle encore du livre que j'ai lu!

Missmath a dit…

Lire un livre, c'est bien, apprendre à apprécier un livre, c'est mieux et il n'y a rien comme un prof de littérature pour nous apprendre à distinguer la littérature de la lecture. Mais pour y arriver, le prof doit d'abord faire l'analyse de l'oeuvre et cela ne s'improvise pas.

Le professeur masqué a dit…

Julie: je me rappelle encore de l'élève qui avait loué le film Marche ou crève avec Bruce Wellis pour ne pas lire le roman et qui me parlait de terrorisme alors que l'oeuvre de Stephen KIng abordait complètement autre chose...


Isabelle: chez nous, on triche donc depuis des siècles. tant mieux!

Coccinelle: c'est un travail de fou pour le prof. J'aborde 12 oeuvres différentes cette année et j'ai seulement deux groupes.

Miss: et en plus, il y a tellement de façons de lire le même livre...

L'engagé a dit…

Vous remarquerez que c'est une histoire du privé, mais en troisième secondaire, on devait se farcir «Vie et mort d'un cochon», l'histoire d'un pauvre petit quaker qui n'a pour seul ami qu'un cochon, que la famille mangera un jour...

Imaginez toute une école qui partage ce référent, c'était le délire, mais surtout, nous devions ensuite lire Poe et là, c'était proprement une révélation.

La dernière oeuvre à lire était Germinald, nous en avions alors des échos depuis 5 ans et lorsque nous l'avons lu, nous avons évidemment pris soin de conserver le lustre de la légende terrible qui circulait autour de cette brique.

Certaines oeuvres obligatoires ont constitué le ciment de l'identité de ce collège aussi sûrement son l'architecture ou son «foot».