Dans un article de La Presse sur les examens d'admission des écoles privées, la journaliste Pascale Breton conclut son texte avec quelques statistiques intéressantes que je reproduis ici. Mais ce qui est fou est à quel point on oublie que le principal facteur de sélection pour entrer dans ces écoles n'a rien à voir avec ces tests.
En chiffres
76,4% des élèves qui ont passé un examen d'admission à une école secondaire privée ont été admis.
1/5 a été refusé, faute de place.*
3,1% ont été refusés parce que les écoles n'avaient pas les ressources
pour eux (élèves en difficulté, besoins particuliers, etc.).
85% des écoles secondaires privées n'ont pas de liste d'attente, selon la Fédération des établissements d'enseignement privés.
50$ Coût moyen d'un examen d'admission. Les élèves en passent jusqu'à trois ou quatre.
162 Nombre d'écoles secondaires privées au Québec.**
88 776 élèves, soit 19,6% des élèves du secondaire, fréquentent une école privée.
À la lumière de ces chiffres, on pourrait être tenté de penser que l'école privée accepte une grande majorité des jeunes qui y font une demande. Pourtant, on oublie un facteur discriminant important qui présélectionne ces jeunes avant même le test d'entrée: l'argent.
Que 76,4% des demandeurs soient admis ne doit pas faire oublier qu'il s'agit d'enfants dont les parents ont les moyens ou choisissent de faire les efforts pour inscrire leur enfant dans un tel établissement d'enseignement. Et, qu'on le veuille ou pas, la variable socio-économique demeure un facteur important dans la réussite scolaire.
Un autre facteur de réussite scolaire important est bien sûr l'appui parental, l'importance accordée aux études. Quand un parent paie, il s'attend à en avoir pour son argent et que son enfant réussisse. Il mettra de la pression sur ce dernier ainsi que sur l'établissement d'enseignement qui l'accueille.
Il existe donc une sélection des élèves avant même les examens d'admission. Et celle-ci ne s'arrête pas là puisqu'on remarquera que le quart des demandeurs sont refusés, dont 3,1% parce que les écoles n'avaient pas les ressources spécialisées
pour eux.
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J'enseigne dans un programme particulier d'une école publique où l'on sélectionne les élèves avec un examen d'admission. Il s'agit d'un test de mesure des habiletés scolaires de type Otis-Lennon. Cet examen ne mesure pas les connaissances des jeunes. J'ai des gamins dans mes classes qui ne savent pas trouver un sujet dans une phrase. J'ai généralement un, parfois deux élèves TDA ou TDAH par groupe mais, contrairement aux institutions privées, on ne peut refuser ce type d'élèves et encore moins ne pas leur fournir certains services d'aide. D'ailleurs, j'ai toujours reçu une excellente collaboration des parents de ces enfants. Il n'est pas surprenant alors que le taux de diplomation du programme où j'oeuvre soit équivalent à ceux des collèges privés de la région.
Je me plais à répéter qu'à travers les variables «coût des examens d'admission» et «cout des programmes», ce ne sont pas vraiment les élèves que les écoles sélectionnent mais bien leurs parents! Par surprenant que, dans certaines institutions privées, si un enfant est admis, il en sera de même pour ses frères et soeurs. Pourquoi, si ce n'est qu'on choisit au fond des entités familiales prédisposées à la réussite scolaire?
2 commentaires:
Même avec un budget relativement serré,j'ai choisi d'envoyer mes 2 fils au secondaire privé. J'ai alors pris en considération les éléments suivants: 1- la perception (vraie ou fausse) d'un meilleur encadrement que la gigantesque polyvalente du coin 2- le fait que plusieurs de leurs amis y étaient inscrits 3- la localisation de l'établissement sur un site champêtre.
« Contrairement à l’idée reçue selon laquelle ce seraient les bonnes performances d’un établissement scolaire qui détermineraient le choix des parents, une revue des travaux sur la question montre que ceux-ci comptent surtout sur leurs réseaux sociaux.
Bien que les parents déclarent formellement fonder leur choix sur la bonne performance de l’établissement, leur attitude indiquerait, selon l’ensemble de ces travaux, que leur décision s’appuie d’abord sur des critères de différenciation sociale et ethnique. » Et vlan!
http://marcstpierre.ca/2008/09/lascenseur_social_ou_pourquoi/
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