12 septembre 2012

Anglais intensif au primaire: la FCPQ s'inquiète

Avec l'élection du Parti québécois, voilà que la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) s'inquiète de l'avenir du programme d'enseignement intensif de l'anglais au primaire.  «Le gouvernement ne peut pas aller à l’encontre de la volonté des parents. Nous, on reste vigilants», a réagi, mardi, Gaston Rioux, président de la FCPQ.

Le texte parle d'ailleurs d'une volonté exprimée par 87 % des membres de la FCPQ, ce qui est rigoureusement faux comme le montre ce billet:

«Voici la «vraie» vérité: 48 des 55 délégués présents au conseil général de la FCPQ, les 12 et 13 février, ont voté pour un programme d'anglais intensif, se faisant le relais uniquement des parents présents aux conseils d'établissements. Cinquante-cinq délégués, porte-voix de centaines de milliers de parents: côté représentativité, on repassera! Seuls les membres de conseils d'établissements ont été consultés, et par un sondage complaisant et biaisé de la FCPQ.»

Je ne referai pas ici l'inventaire exhaustif de tous les arguments à l'encontre ce programme, mais qu'il me soit permis d'en rappeler quelques-uns:
- mesure improvisée alors qu'on manque de ressources et d'enseignants pour l'appliquer;
- compression des autres matières vues en sixième alors qu'il s'agit d'une année charnière dans la transition vers le secondaire et que les élèves ont à réussir de nombreux examen du MELS;
- programme universel s'adressant autant à des élèves en difficulté scolaire qu'à d'autres maitrisant déjà très bien l'anglais et moins le français (qu'on pense à certaines communautés immigrantes);
- absence d'une mesure corollaire pour les écoles anglophones quant au français (le bilinguisme est seulement pour les francophones).

Enfin, qu'il me soit permis de corriger une erreur véhiculée par cet article. En effet, on peut y lire:

«Si jamais le gouvernement du Parti québécois choisissait de freiner le pas, les conseils d’établissement, qui ont le dernier mot sur la grille-matière, pourraient aller à l’encontre de cette décision puisque la loi le leur permet.»

Or, à moins que je ne me trompe, l'adoption de la grille-matière doit se faire dans le respect du régime pédagogique et du programme de formation. Or, la Loi sur l'instruction publique n'autorise pas les CE à compresser autant les autres matières comme l'exigerait ce programme d'enseignement intensif de l'anglais au primaire.

Enfin, à propos de parents vigilants, je ne les ai jamais entendus quant à la qualité de l'enseignement du français au Québec. Et pourtant...

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Dans la foulée du sujet d'aujourd'hui, je vous suggère la lecture de ce texte de Christian Dufour intitulé Le français: la vraie menace. Et j'en profite pour vous souligner qu'à Kuujjiaq  et chez les Cris, des élèves francophones sont incapables d'obtenir une éducation en français.




1 commentaire:

Anonyme a dit…

On n'a pas fini d'en entendre parler...

Les parents veulent être écoutés, mais on n'écoute pas les enseignants...

Le problème en enseignement, c'est que tout le monde ayant déjà fréquenté l'école se croit expert en la matière...

J'ai été outrée de lire que dans certaines écoles, la progression des apprentissages est réajustée pour satisfaire les exigences de l'anglais intensif. Ce n'est pas au MELS de veiller à ce que des changements soient apportés si la mesure est implantée? Ou plutôt devrais-je dire « avant que la mesure soit implantée »...

Notez bien que je suis pour l'apprentissage de l'anglais. Cependant, je refuse d'hypothéquer l'avenir de certains de mes élèves éprouvant des difficultés pour faire plaisir aux parents qui, soit dit en passant, ont pour la plupart d'autres opportunités de faire apprendre l'anglais à leurs enfants.