25 janvier 2013

Dure-dure la vie de directeur d'école?

Comme le montre une étude du professeur Michel Saint-Germain, de la faculté des sciences de l'éducation de l'université d'Ottawa, à laquelle fait référence un article publié dans La Presse cette semaine, il existerait un écart important entre les tâches que les directions d'écoles québécoises effectueraient et ce qu'elles souhaiteraient faire.

Il faut noter cependant que cette étude ne fait pas la nuance entre ce que les directions affirment faire et ce qu'elles font dans la réalité. Mais soyons juste: on ne peut nier que le travail de directeur consiste beaucoup à des tâches quotidiennes, fastidieuses et administratives.

 «Tant au primaire qu'au secondaire, les directeurs d'école consacrent une partie importante de leurs journées à répondre aux courriels, rappeler les gens qui ont laissé des messages téléphoniques et remplir des rapports ou des formulaires à la demande du ministère de l'Éducation et des commissions scolaires.

La gestion des conflits avec les élèves, les enseignants ou les parents, ainsi que la mise en place de mesures imposées par Québec, notamment en ce qui concerne les élèves handicapés ou en difficultés d'adaptation et d'apprentissage, occupent aussi une grande portion de la journée.»

Devant cette vision qu'ont les directions d'école de leur métier, plusieurs questionnements.  Ne veut-on pas justement des directions imputables et redevables? Répondre à des courriels, rappeler des gens, rendre des comptes aux autorités supérieures, n'est-ce pas normal dans ce genre de fonction? De même pour favoriser l'intégration des élèves en difficulté ou régler différents conflits?

De plus, une direction doit-elle avoir des visions pédagogiques s'il existe déjà un ministère qui prétend s'en occuper? M. Saint-Germain affirme: «Nous avons assisté chez les directions d'école à un transfert de la dimension pédagogique vers la dimension administrative au sens large.» Est-ce vraiment le cas ou s'agit-il d'une illusion nostalgique?


Quoi qu'il en soit, ce dernier aspect m'interpelle particulièrement. Je me méfie de certaines directions trop «pédagogiques».  Elles ont parfois tendance à brimer l'autonomie professionnelle des enseignants en voulant leur montrer quoi et comment enseigner. L'exemple le plus extrême est cette direction qui a complètement fermé la bibliothèque de son école parce que tout est disponible sur Internet, paraît-il.

Une collègue a soulevé qu'il existe des directions des services pédagogiques dans les écoles privées. Mais s'occupent-elles davantage des services que de pédagogie?

Enfin, sans être méchant, j'ai franchement ri quand j'ai lu deux passages de cet article:

La recherche de 400 pages réalisée par M. St-Germain montre en effet que les directeurs aimeraient conseiller davantage les enseignants et accroître leurs compétences en participant à des formations ou en échangeant avec des collègues sur leurs pratiques. 

N'existe-il pas déjà des conseillers pédagogiques pour appuyer les enseignants? Combien de temps perdons-nous, comme enseignants, à assister à des formations peu pertinentes ou mal structurées? Combien de fois réclamons-nous du temps pour nous rencontrer entre collègues d'une même matière ou d'un même niveau? A-t-on remarqué le manque d'informations quant aux initiatives régionales ou québécoises qui fonctionnent quant au décrochage scolaire, par exemple? L'éducation est un des domaines où l'on peut s'interroger sur l'efficacité de la formation et du partage des informations et les directions d'école sont paradoxalement parfois des acteurs qui limitent parfois celle-ci.


Il serait bon de s'interroger sur la pertinence de tous les formulaires à remplir, suggère d'ailleurs le chercheur au terme de son travail.

 C'est bizarre, comme enseignant, je fais le même constat depuis des années à l'égard du MELS mais aussi de certaines directions que j'ai connues.  On dirait finalement l'hôpital qui se moque de la charité.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Peux-t-on savoir quelle est l'école qui a décrété caduque la bibliothèque ? Et en quelle partie de la Moronie intérieure est-elle située ?

Anonyme a dit…

Moi, j'ai un malaise quand mes directions participent à des formations avec moi... Ce n'est pas leur rôle selon moi, je me sens surveillée afin de vérifier si j'utiliserai totalement la formation reçue... Ne sont-elles pas supposées être débordées ?

Le professeur masqué a dit…

Prof: je vais chercher. Billet antérieur.
Anonyme: direction et pédagogie. Je ne sais pas.

Le professeur masqué a dit…

Prof: allez lire les commentaires en plus.

http://leprofesseurmasque.blogspot.ca/2008/01/une-histoire-dhorreur.html

Anonyme a dit…

Merci, je suis allé voir. J'ignorais donc habiter moi-même la Moronie intérieure (à ne pas confondre avec la Mironie gastonienne). Le plus étrange de l'histoire, c'est qu'elle a eu lieu, si je comprends bien, à peu près en même temps qu'on construisait la Grande bibliothèque, ce qui devait bien consterner le crétin de directeur.

Anonyme a dit…

Je suis directrice adjointe d'une école primaire depuis un an et demi. Je peux vous dire que pédagogie ou pas, je travaille une cinquantaine d'heures par semaine. J'ai une nouvelle collègue qui se surprend à réaliser que la tâche est beaucoup plus lourde qu'elle ne le croyait. De plus, lorsque j'assiste à une formation, les enseignant de mon école se sente à l'aise. Tout dépend de la relation qu'un directeur développe avec les membres de son équipe. J'ajouterais en terminant que je serais heureuse de partager une semaine de travail avec quiconque à l'impression que les directions ne sont pas débordées.
Une adjointe qui adore son travail... ;)

Anonyme a dit…

Oups.... Je viens de trouver des fautes dans mon commentaire... Je suis désolée. Manque de professionnalisme de direction.. ;)

Marc St-Pierre a dit…

Vous savez PM, on pourrait dupliquer cette étude-là et l'étendre à tous ceux qui travaillent en éducation: les résultats seront relativement semblables. Tout le monde va répondre qu'on fait trop de ce qu'on aime pas et pas assez de ce qu'on aimerait. Pour paraphraser Crosby, Still, Nash and Young: If you can't do what you like, like what you do.

Anonyme a dit…

Et vous connaissez la tâche de «R esponsable d'immeuble» Je ne sais pas si ça existe par chez vous, mais ici, cette tâche consiste à veiller à ce que tout tourne rondement en l'absence de la direction d'école qui, soit dit en passant, est présente dans l'école environ une demie-journée par semaine ??? Une école qui en plus n'a pas de secrétariat, donc l'enseignante «responsable d'immeuble» doit aussi répondre au téléphone. Et je vous jure que certaine direction ne se gênent pas pour «déléguer». Le tout, pour un léger supplément salarial d'environ 5$ par jour. On appelle pas ça profiter du monde.......