Honnêtement, je comprends mal la tribune qu'on accorde à cet universitaire qui radote sympathiquement le même message depuis des années. Bien que, sur certains points, les propos de M. Égide Royer soient intéressants, je ne suis plus capable de l'entendre parler du décrochage scolaire chez les garçons. Une garçon sur trois déroche, ne cesse de répéter l'universitaire. Il n'en faut pas plus pour crinquer tous les mononcles médiatiques que Québec, Benoit Dutrizac en tête, pour s'épancher sur le sort de nos pauvre petits garçons.
Or, M. Royer devrait avoir l'honnêteté intellectuelle d'indiquer également à combien s'élève le décrochage des filles. (Grosso modo, 30% des garçons décrochent avant la fin de leur secondaire contre 20% des filles.) On verrait alors que le portrait du décrochage au Québec est un phénomène bien plus complexe que ne le résume ce «penseur de l'éducation». En ne s'attardant qu'au décrochage des garçons, il semble réduire le décrochage scolaire à une appartenance sexuelle et cautionner l'idée que l'école est sexiste.
Ce manque de rigueur, inacceptable quant à moi, renforce la victimisation et la paranoïa de certains intervenants, garçons et hommes québécois.
9 commentaires:
Bonjour,
Royer participe, sciemment ou non, à un courant de penser qu’on pourrait qualifier de masculiniste ou d’anti-féministe, je ne sais pas exactement quel est le terme le plus approprié.
Ce courant se manifeste régulièrement au Québec sous différentes formes : la forme la plus spectaculaire est probablement le groupe Fathers-4-Justice, des habitués des coups médiatiques spectaculaires ici au Québec et dans plusieurs autre pays. Derrière ce courant se cache un discours alarmiste qui a toujours la même structure :
1. Premièrement, on alerte la population à propos d’une situation grave et urgente (on nourrit la peur et l’anxiété) en utilisant les données de manière trompeuse afin de faire valoir ses arguments (ce n’est pas 30% des garçons qui décrochent, c’est 21%) ;
2. Deuxièmement, on identifie des problèmes qui confortent la position des tenants du discours alarmiste (trop de femmes en éducation, il faut plus hommes en enseignement, l’école n’est pas adaptée aux garçons, etc.) ;
3. Enfin, on propose à la population des solutions très simples aux problèmes complexes auquel on est confronté (classes non-mixtes, activités réservées aux garçons, pédagogie pour garçons, discrimination positive pour les hommes lors de l’embauche en enseignement, etc.).
Si j’avais à résumé cela en une phrase, je dirais qu’on crée des problèmes fictifs et qu’on propose ensuite des solutions simplistes. C’est la tactique utilisée par les populistes. Un exemple. L’argument qui veut que plus d’hommes en enseignement favoriseraient la réussite scolaire des garçons ne tient pas la route scientifiquement. Des enquêtes sérieuses ont été produites sur le sujet et les conclusions sont sans appel : le sexe n’est pas une compétence pédagogique.
Je crois qu’on doit se préoccuper du décrochage des garçons comme celui des filles, chercher les raisons à cette situation (en regardant du côté de la lecture et de la maîtrise de la langue plus généralement par exemple) et proposer des solutions pertinentes aux problèmes identifiés. Visiblement, monsieur Royer n’est pas encore là.
Je vous soumets un petit document que j’ai produit sur cette question. Ça a l’avantage de replacer le décrochage scolaire des garçons dans son contexte.
http://www.csq.qc.net/fileadmin/CSQ/Internet/documents/portail_csq/documentation/education_formation/decrochage-scolaire/decrochage-reussite-scolaires-garcons.pdf
Bonne journée
Votre aveuglement m'étonne. 10% d'écart entre le décrochage des garçons et des filles au Québec et vous trouvez ça normale? Vous ne feriez pas le poids en médecine mon cher. D'autant plus que le professeur Royer a Toujours mentionné également le taux d'échecs des filles.J'en déduis que vous défendes probablement une cause personnelle (féminisme, écologiste ou/et carré rouge ou autre qui vous empêche de voir la réalité autrement. Retournez à votre compostage, C'est ce que vous faites probablement le mieux.
M. Tondreau: j'espère que l'anonyme se donnera la peine de lire votre document.
Anonyme:
1- il faudra que vous me fournissiez vos sources. M. Royez ne s'attarde généralement qu'aux décrocheurs et propose des solutions ne s'adressant spécifiquement qu'à eux: classes non-mixtes, embauche d'enseignants, etc.
2- Le 10% d'écart entre garçons et filles peut s'expliquer par de multiples facteurs. D'ailleurs, c'est bien là le sens de mon intervention: le décrochage est un phénomène bien plus complexe que ce à quoi M. Royer le réduit.
3- Prêter des intentions aux gens et les insulter... vraiment désolant pour ne pas dire plus. Je remarque l'amalgame que vous faites. C'est très révélateur. C'est bien parce que je me soucie de la réussite des garçons que j'évite de tomber dans les discours réducteurs et les fausses solutions.
J'ai pensé à vous récemment en lisant un article : http://news.nationalpost.com/2013/02/11/sex-selective-programs-and-the-belief-that-boys-will-be-boys-stigmatizes-students-study/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed:+NP_Top_Stories+%28National+Post+-+Top+Stories%29
En gros plus l'idée que les garçons sont moins bon étudiants est présente parmi les élèves plus elle se vérifie.
Et si en plus on rajoute un effet pygmalion à l'envers si les profs y croient aussi, on n'est pas sortis de l'auberge.
Et ça me rappelle aussi une expérience en France où on proposait à des élèves la même épreuve soit en disant que c'était du dessin soit en disant que c'était de la géométrie, résultat : les filles à qui on avait dit que c'était du dessin réussissaient mieux que les garçons, alors que celles à qui on avait dit que c'était de la géométrie réussissaient moins bien que les garçons (cf http://www2.cnrs.fr/journal/1546.htm pour un court résumé).
Comme quoi les résultats scolaires ne sont pas seulement un reflet des connaissances/compétences mais aussi des inhibitions sociales (et surement d'un tas d'autres choses aussi :) )
Le professeur Royer n'a jamais approuvé la diminution d'élèves par classe et les écoles non mixtes. Dites-moi où vous avez été chercher ça? Ce qu'il radote depuis 35 ans c'est que' on a toujours choisi de couper dans les professionnels non enseignants pour augementer les techniciens et les enseignants. Ce u'il raconte de puis 35 ans c'est que nos universités ne forment pas adéquatement nos futurs enseignants. Que la didactique ne suffit pas et que notre société québécoise francophone n'accorde pas assez de valeur à l'éducation. Depuis 25 ans il ne cesse de citer les propres chiffres du Ministère de l'Éducation du Québec.
Esprit parachute:
Tout d'abord, j'ai indiqué que «Bien que, sur certains points, les propos de M. Égide Royer soient intéressants»... Ensuite, je n'ai pas parlé d'écoles non mixtes ni de diminution d'élèves par classe. Pour vous citer: «Dites-moi où vous avez été chercher ça?»
M. Royer estime que l'école québécoise n'est pas «boyfriendly».
M. Royer estime qu'il faut plus de profs masculins même s'il reconnait qu'il n'existe aucune preuve que cela améliorerait la réussite des garçons.
M. Royer est en faveur d'activités non mixtes dans les écoles.
M. Royer estime que le décrochage des garçons est un problème important.
M. Royer tient ce discours depuis des années.
Ce qui me révolte le plus dans les propos de ce «spécialiste», c'est qu'en plus de crier à qui veut l'entendre que l'école est «sexiste», il propose des solutions sexistes. La simple introduction d'hommes dans les interventions réglerait comme par magie tous les problèmes de motivation scolaire. Si l'homme en question pratique une profession bien «virile» comme garagiste ou camionneur, c'est encore mieux! Sait-il que les enfants ne se résument pas en garçon-bleu-camion / fille-rose-poupée?
Il ne remet en rien les raisons derrière la grande présence des femmes en éducation, et qu'une des principales selon moi est que le soin des enfants est encore considéré comme un travail réservé aux femmes, en plus d'être dévalorisé en société et mal payé.
Une revalorisation de l'école et de l'enseignement, de même que de véritables solutions contre la pauvreté, voilà ce qui ferait baisser le taux de décrochage des garçons ET des filles!
Catherine:
Des solutions sexistes? Penser que tous les garçons aiment les sports alors que certains décrocheurs quittent parce qu'ils se font traiter de «fifs» justement parce qu'ils aiment les arts... Le gouvernement Charest a versé dans ce genre de pensées réductrices. M. Royer fait de même.
Royer prétend que qu'une baisse de ratio n'aiderait en rien la résussite et que les études n'ont rien prouvé à ce sujet. Or c'est faux. Des classes de 20 élèves favorisent la réussite des élèves. Des études américaines ont clairement démontré cela. En Finlande, 20 élèves par classe est la norme appliquée dans le pays. Royer ne manque pourtant pas d'occasions de citer la Finlande en exemple... Comparer les écoles francophones aux écoles angophones pour ce qui est de la réussite est malhonnête car les écoles anglophones n'ont pas à angliciser leurs élèves immigrants. L'école montréalaise a cette lourde tâche à accomplir pour ce qui de la francisation...
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