Cette semaine, la ministre de l'Éducation, Mme Marie Malavoy, a indiqué que le gouvernement du Québec n'entendait plus favoriser l'anglais intensif en sixième année dans nos belles écoles primaires. Il a fallu six mois pour annoncer ce qui constituait une promesse électorale importante en septembre dernier. S'il s'agissait d'une conviction profonde chez le Parti québécois, on ne peut pas parler de rapidité à la mettre de l'avant quand on connait ce dossier.
Quelle raison explique cette lenteur? Le MELS a-t-il fait des études exhaustives? Non. A-t-il réuni un comité d'experts? Non. Il a pris une décision avec sa vitesse habituelle. C'est-à-dire: très len-te-ment.
Pourtant, il n'y avait rien de compliqué à décider. Il est clair que le gouvernement québécois n'avait pas le pouvoir d'obliger les écoles à inclure l'anglais intensif dans leur projet éducatif à moins de modifier le programme de formation ou la Loi sur l'instruction publique. La grille-matière relève en effet des conseils d'établissement des écoles.
La ministre sait-elle qu'actuellement, les écoles primaires sont en pleine adoption de leur grille-matière pour 2013-2014? Elle n'aura pas pu donner un signal plus rapidement alors que toutes les consultations ont été effectuées ici et là dans les milieux scolaires. Toujours un pas en retard, comme d'habitude.
Les Libéraux avaient lancé cette idée d'anglais intensif au primaire lors d'un discours à la rentrée parlementaire il y a deux ans afin de séduire une partie de l'électorat québécois. Le premier ministre de l'époque, Jean Charest, a toujours eu le don de ce genre de mesures improvisées. Qu'on pense aux tableaux interactifs... On ne sera jamais assez sévère avec ce genre d'annonces qui créée des attentes chez la population alors que, dans les faits, on nage souvent en pleine improvisation. Et je plains les enseignants du primaire et/ou les directions d'école qui seront aux prises avec des parents voulant un tel programme. Ils auront l'air des méchants refusant ce que les parents estiment être un droit pour leurs enfants.
À cet égard, on ne peut qu'être choqué quand on prend connaissance de la position de la députée libérale Francine Charbonneau, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'enseignement primaire et secondaire: selon Radio-Canada, celle-ci «prétend également que le gouvernement précédent ne forçait pas les
écoles à implanter le programme de l'anglais intensif, mais qu'il
accompagnait plutôt les écoles dans le processus.» Poliment, comme je ne veux pas l'accuser d'être de mauvaise foi, disons que madame Charbonneau a dû être absente du Québec pendant deux ans ou ne connait pas trop ses dossiers.
De même, comment ne pas être complètement fibreglasté quand on lit que la ministre Malavoy va demander à l'École nationale
d'administration publique (ENAP) d'effectuer un bilan de la situation dans les écoles où l'on a
procédé à l'implantation de l'anglais intensif. À cet égard, les propos de Gilbert Lavoie, chroniqueur à La Presse, sont fort intéressants:
Pourquoi le ministère de l’Éducation n’a-t-il pas déjà un bilan de ces expériences ?
La ministre Marie Malavoy donne six mois à l’ENAP pour faire un tel
bilan. Ce n’est pas très long, donc pas très compliqué. Mais le
ministère n’a pas été en mesure de faire le même travail ?
Pourquoi n’a-t-on pas mis en place un suivi serré de ce programme dès
le départ ? La première préoccupation d’un gouvernement devrait être
d’évaluer les conséquences de ses politiques le plus rapidement
possible, non ?
J’ai la même question pour l’enseignement de l’anglais dès la
première et la 2ème année du primaire. Cela fait au moins cinq ans que
ce programme existe. Or il n’a jamais été évalué par le ministère.
Est-ce que ça donne des résultats ou si c’est une perte de temps pour
les enfants ? On ne le sait pas.
Je n’aime pas taper sur le dos des fonctionnaires. Mais j’aimerais
bien avoir la réponse à mes questions. Est-ce que quelqu’un, quelque
part, fait le suivi des politiques mises de l’avant par nos politiciens?
1 commentaire:
Je trouve pour ma part excellente l'idée de recourir à un organisme extérieur pour évaluer des politique du MELS. J'ai personnellement de sérieux doutes quand les fonctionnaires du MELS évaluent des mesures mises en place par d'autres fonctionnaires du MELS...
Ceci étant dit, il serait normal que le MELS évalue aussi lui-même, de façon continue, les mesures qu'il met en place...
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