14 décembre 2013

À propros des jeunes et de l'écriture

On reproche souvent aux jeunes d'écrire des textes bourrés d'erreurs. Ce que je remarque de plus en plus, c'est cette situation existe pour deux raisons.

Un manque d'effort certain quant à l'idée de se corriger. Se doter d'une méthode de correction efficace, chercher l'orthographe d'un mot au dictionnaire... Tout cela est trop exigeant pour des élèves qui se contentent de réussir avec un score moyen que leur permettent d'atteindre des grilles de correction complaisantes.

Et puis, il y a cette incompréhension complète quant aux mécanismes de la langue. Je ne parle pas de toutes ces opérations de la nouvelle grammaire! Mes jeunes sont des professionnels du repérage des GNs, des GV et des GFCP, à condition qu'on ne mélange pas l'ordre de ces constituants d'une phrase. Non, ils ne savent pas différencier un adjectif d'un nom ou d'un verbe. Ils écrivent «Ils sont servient» parce que «servient» est un verbe selon eux.

Voilà. La classe des mots et des groupes de mots.

12 commentaires:

Isa a dit…

Tellement vrai !

gillac a dit…

J'ai peur un jour de cesser de comprendre mes petits-fils mais je ne voudrais doc pas que cela arrive.

Une femme libre a dit…

C'est tout à fait ça, et pas seulement chez vos élèves de douze ans mais bien chez toute cette génération dans la vingtaine actuellement. En tant que spécialiste de la langue, à quoi attribuez-vous ces lacunes? Comment se fait-il que les gens de plus de quarante ans (pas tous évidemment!) sachent écrire avec parfois une scolarité moindre que ces jeunes du cegep et même de l'université qui peinent à comprendre l'essence des mots et qui ne maitrisent pas la conjugaison des verbes. Quel est le remède?

Le professeur masqué a dit…

Femme libre: Manque de rigueur dans l'évaluation. On a peur de donner à la langue la part importante d'un échec ou d'une réussite.

Également, le fait qu'enseigner la classe des mots, c'est plate et que le programme nous demande bien d'autres choses...

Jonathan Livingston a dit…

Les tiens aussi!

Évidemment, rendu à 12 ans, c'est plate, mais avant si les méthodes s'en donnaient la peine. Le classement à certains âges est assez intéressant. Enfin, on a perdu bien des pratiques grammaticales «plates» (selon l'endoctrinement moderne), largement partagées par les enseignants de la génération précédente, qui avaient pourtant leur effet au niveau de la mise en mémoire qui n'ont plus cours de nos jours.

On ne peut faire acquérir et maitriser le sens des classes de mot en quelques leçons, il faut régulièrement s'entrainer pendant longtemps.

Et oui, on nous demande de faire bien autre chose avec les jeunes... Alors, nous tricotons avec les lacunes pour le résultat que l'on sait!

C'est un peu déprimant à écrire!

JP Proulx a dit…

Ah, quand il y avait seulement six clubs!

Le professeur masqué a dit…

JP Proulx: ai-je fait référence au passé dans mon texte?

JPP a dit…

Pas vous. Une femme libre!

Anonyme a dit…

Non, ça devait concerner mon commentaire. Mais je ne suis peut-être pas assez vieux pour comprendre l'allusion: seulement six clubs? le club des six? En fait, ils étaient 5 et je lisais plutôt volontiers: Les six compagnons!(Dans la bibliothèque verte) ou des Bob Morane.

Je suis assez vieux cependant pour avoir été l'élève de cette école d'avant les réformes. Et j'ai très bien appris cette vieille et désuète grammaire et les classes de mots, alors que les jeunes de PEI de PM n'y sont pas encore arrivés, ce qui est inquiétant. Quand un élève ne sait pas distinguer les mots par leur classe, il est difficile d'aborder avec lui certaines règles pourtant de base parce qu'il ne maitrise pas un vocabulaire nécessaire.

Si je n'avais pas aussi aisément appris cette vieille et dépassée grammaire datant de l'époque où il y avait six clubs (!), je ne me demanderais surement pas autant pourquoi la nouvelle grammaire et ses suggestions pédagogiques semblent si inefficaces malgré toute l'énergie que j'ai pu y mettre à la rendre accessible à des jeunes. Et je n'ai pas fait semblant.

Mais on a tous oublié que cette méthode a été amené de la même façon que le reste en dénaturant jusqu'à la caricature ce qui avait été fait pour avancer une nouvelle façon de faire qui n'avait jamais été testé pour en mesurer la valeur. 15 ans plus tard, nous sommes toujours à en mesurer au quotidien l'inefficacité, mais on n'en parle pas. Car le sujet de la grammaire est platement ardu.

Enfin, c'est pourtant simple, la grammaire des spécialistes en linguistique n'a rien de pédagogique pour un enfant.

Trouvez-moi un élève, juste un, qui, de nos jours, peut ouvrir une grammaire, mouture nouvelle, et peut répondre à une question qu'il se poserait? Dans les années 80 encore, nous étions plusieurs à pouvoir le faire banalement... avec l'outil qu'un spécialiste en grammaire pourtant avait écrit à l'intention des écoliers que j'ai vu être mis comme des rebuts aux bacs à récupération.

Par ailleurs, soyons juste, j'étais nul en argumentation quand j'ai terminé mon secondaire. On enseignait peu ou pas encore la structure de texte. J'ai appris ce chapitre au cégep et je ne m'en porte pas plus mal.

Jonathan Livingston

Le professeur masqué a dit…

Jonathan: M. Proulx est aussi vieux que moi. On parle des six formations originales de la LNH. :)

Une maman m'a demandé des ouvrages pour accompagner son enfant. Je lui ai mis deux bonnes grammaires dans les pattes. J'ai hâte de voir sa réaction...

Anonyme a dit…

J'aurais dû y penser, mais bon moi et le hochey...

Pauvre maman!

Jo Livingston

Anonyme a dit…

C'est bien simple... Bon nombre de profs ne savent pas correctement enseigner la classe des mots et/ou n'y voient pas suffisamment la pertinence!

Sans rancune!

Je ne veux blâmer personne... mais on a une prise de conscience à faire!

Un déterminant est un petit mot devant le nom. Wow! Quelle définition efficace! Que fait-on quand un adjectif a le malheur de se placer entre les deux? Que fait-on avec un déterminant comme plusieurs? Il est loin d'être un petit mot!

Les enseignants d'une même école doivent se donner une base commune qui commence par des définitions exactes des différentes classes.

Si on se donne ensuite la peine de les faire apprendre aux élèves et de baser notre code de correction sur ces définitions, c'est beaucoup plus facile! Étude des définitions à la maison, test de la semaine tant et aussi longtemps que les définitions ne sont pas connues! Même façon de faire pour les étapes de correction.

Et oui, ça marche vraiment!

Nous venons alors de régler un des problèmes.

Malheureusement, il reste la paresse...