Parfois, dans les journaux, on nous rapporte les résultats de certaines études en éducation et il est difficile de les commenter justement, n'ayant pas accès directement à celles-ci.
Le dernier cas en lice est cette étude dont traite cet article du Soleil. Selon des chercheures de l'Institut de la statistique du Québec, lire des histoires en bas âge donnerait aux jeunes de bons résultats en français mais aussi en mathématiques:
«Les résultats de leur enquête sont probants : les élèves du primaire à
qui un adulte faisait la lecture quotidiennement vers l'âge d'un an et
demi «sont proportionnellement plus nombreux à avoir réussi l'épreuve de
mathématique [du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport] que
les autres enfants», concluent les auteurs. Cette proportion est de 82 %
contre 74 % pour les jeunes dont les parents ont moins souvent tourné
les pages d'un livre avec eux.»
Là où j'ai un problème, c'est que je me demande si c'est le fait qu'on ait lu des histoires à ces jeunes qui explique leur réussite. C'est le danger de ces relations de cause à effet basées sur deux variables. Ce succès ne serait-ce pas plutôt causé par le fait d'avoir des parents prêts à consacrer du temps à leur enfant? Le fait de lire des histoires ne montre-t-il pas un engagement significatif de la part de ceux-ci? A-t-on mesuré l'effet d'autres formes d'engagement parental? Par exemple, qu'en est-il d'un parent qui fait du sport quotidiennement avec son enfant?
Une autre partie de cette étude me laisse songeur. Il faut lire tout ce paragraphe pour comprendre mes interrogations:
«Si la télévision et les jeux vidéo n'ont pas d'impact sur la performance
des élèves de sixième année en mathématique, en revanche, les heures
passées à naviguer sur Internet peuvent faire la différence. C'est du
moins ce que concluent les chercheuses de l'Institut de la statistique
(ISQ) Karine Tétreault et Hélène Desrosiers, dans un fascicule publié
lundi. Cette dernière explique que l'analyse a permis de démontrer que
les enfants qui passent moins d'une heure ou plus de six heures par
semaine devant l'ordinateur pour autre chose que des activités liées à
l'école sont moins nombreux à avoir réussi l'épreuve obligatoire de
sixième année. «Ça sonne une petite cloche», lance Mme Desrosiers,
affirmant que cela signifie probablement que les jeunes consacrent
ainsi probablement moins de temps à la lecture ou peut-être même à leurs
devoirs. Contrairement à la croyance populaire, ses analyses n'ont
cependant pas pu démontrer que la télévision et les jeux vidéo avaient
un impact négatif sur la réussite en mathématique.»
J'aimerais ça entendre le son de cette cloche. Est-ce à dire qu'un enfant peut passer des heures et des heures devant la télé ou des jeux vidéo sans aucun problème? En quoi l'effet d'internet est-il différent?
3 commentaires:
Bien vu : en statistiques, on mesure parfois des épiphénomènes sans savoir ce qui est en amont ou en périphérie. Dans ce cas-ci, ce qui semble être une évidence est au contraire hautement discutable. On pourrait commencer par se demander quel bénéfice un enfant d'un an et demi peut retirer de la lecture faite par un de ses parents autrement que le réconfort d'avoir un parent à lui tout seul. Y apprend-t'il à lire ? Probablement pas. La musique du langage ? Sans doute. L'amour du livre ? Peut-être. Mais tout ça est très hypothétique et sujet à caution.
Bien d'accord, ce n'est pas la seule chose à tenir compte dans la reussite, mais je crois que ça n'en demeure pas moins quelqe chose qui influence la réussite.
Se faire lire des histoires ça permet de mieux faire la différence entre l'écrit et l'oral, le schéma du récit, mais surtout, le goût de la lecture qui est un incontournable dans la réussite.
J'enseigne en maternelle et je peux cerner facilement ceux à qui on a beaucoup lu.
Mais il est vrai que ce n'est pas la seule chose à prendre en considération...
Marâtre
Ce sont des corrélations statistiques, rien de plus. Cela ne nous dit rien des liens de cause à effet. Ni des processus et c'est donc à la limite juste intéressant!
J'ai lu beaucoup d'histoires à mes jeunes, je leur en bricolais aussi en improvisant, ils aimaient cela. Deux de mes gars réussissent très bien. Un a terminé son secondaire et n'a pas trop poussé après.
Je ne leur ai pas juste lu des histoires!
Enregistrer un commentaire