Les résultats des PISA 2012 sont sortis tout récemment (PISA: Programme international pour le suivi des acquis des élèves de l'OCDE). Et il n'en fallait pas plus pour qu'Alain Dubuc de La Presse y aille avec son analyse intitulée Est-ce vraiment vrai? en affirmant: «Le système d’éducation québécois est clairement un des meilleurs au monde.»
Euh? M. Dubuc a-t-il seulement lu avec attention le document À la hauteur: Résultats canadiens de l'étude PISA de l'OCDE (ici) du Conseil des ministres de l'Éducation du Canada et du gouvernement canadien? Si le Québec s'en tire encore généralement très bien en 2012 au niveau international, il en va autrement de la performance québécoise au fil des années comme le montrent ces chiffres:
Maths: 536 points en 2003, 540 points en 2006, 543 points en 2009 et 536 points en 2012. (p. 77)
Lecture: 536 en 2000, 525 points en 2003, 522 points en 2006, 522 points en 2009 et 520 points en 2012. (p. 91)
Science: 531 en science 2006, 524 points en 2009 et 516 points en 2012. (p. 91)
Alors qu'il écrit «Depuis que le PISA a été lancé, en l’an 2000, le Québec ''pète des scores''», M. Dubuc a-t-il réalisé que le Québec connait en 2012 une baisse dans les trois volets évalués? Quand il souligne que les scores des élèves québécois sont ceux des élèves de la réforme, réalise-t-il que ce sont ces derniers qui ont généralement obtenu les moins bons scores depuis 12 ans? On dirait bien que non. Dans les faits, à part les mathématiques, le Québec connait des baisses plus importantes que la moyenne canadienne.
Plus préoccupant encore, dans la conclusion du document que j'ai précédemment cité, on peut lire: «Les
résultats du PISA 2012 confirment la réussite de nos système
d'éducation d'un point de vue international. En effet, le Canada demeure
dans le petit groupe des pays les plus performants, et atteint ce
classement tout en ayant, dans l’ensemble, des résultats équitables.
Cependant, la tendance relative à la diminution des scores moyens notés
dans les cycles passés du PISA se confirme en 2012.» (p. 49)
En conclusion, M. Dubuc ne voit pas l'urgence d'adopter des changements importants en éducation: «Pour l’améliorer, nous ne sommes pas dans les déchirements existentiels, mais dans le .»* Ah bon? Pourtant, selon les mêmes experts, cette tendance canadienne à la baisse «pourrait signifier clairement le besoin, pour les ministère de l'Éducation et les partenaires de l'Éducation, de travailler ensemble pour valider les politiques actuelles en éducation. les résultats d'apprentissage, les méthodes et les stratégies pédagogiques ainsi que d'affecter les ressources nécessaires pour s'assurer de continuer de satisfaire aux besoins de notre société.» (p. 50)
Qui dit «vraiment vrai» finalement?
* Fine tuning? J'imagine que c'est la pauvreté du vocabulaire de M. Dubuc qui l'oblige à cet anglicisme...
3 commentaires:
Heureux d'abord que vous sortiez de votre mutisme. Dommage que ce soit pour vilipender Alain Dubuc, dont il y a peu à dire tellement il est prévisible. Quant au classement pisa, c'est vraiment un pis-aller (toum tching!) plus préoccupé de déterminer la charge corvéable d'un pays, sa main d'oeuvre et ses qualifications, que la qualité de l'enseignement qui y est prodigué.
Prof: en effet. Le PISA n'est pas la fin du monde. Mais l'analyse de Dubuc est bâclée, pour ne pas dire plus.
C'est bizarre: on n'entend plus parler de la Finlande...
Salut Prof Masqué!
Tant qu'on ne sait pas exactement en détail ce qui est mesuré si ce n'est des maths, des capacités de lecture et des sciences, on est peu avancé.
On peut bien faire des myriades de tableaux statistiques, si l'instrument a des biais, ça reste peu significatif. D'ailleurs, mon observation est que le spectacle statistique est formidable pour masquer la vacuité d'une démarche.
En regardant le rapport en question, je note que la marge d'erreur fait qu'on pourrait changer de position de classement assez facilement.
On notera aussi que tous les systèmes macèrent dans la même poutine sauf probablement ceux du peloton de tête asiatiques.
Nous pouvons dire certainement que nous nous en sortons mieux que d'autres dans l'absurdité ou en dépit de l'idéalisme ambiant!
Car, ces instruments nous confinent à une vision étroite des choses, un «fine tune» alors qu'on patauge si souvent au quotidien avec trop d'élèves à cause de contraintes farfelues et infondées.
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