Encore une étude sur la proximité des établissements vendant de la malbouffe près de nos écoles. Dans Le Devoir, cette fois-ci. L'amorce du texte dit tout: «Les élèves des quartiers moins nantis courent trente fois plus de risques de croiser un restaurant-minute autour de leur école». Voilà: tout est clair! La malbouffe assiège les écoles pauvres.
C'est d'ailleurs la thèse que reprend allégrement l'article d'Amélie Daoust-Boisvert : «Dans la grande région de Montréal, la moitié des écoles partage son voisinage avec au moins un fast-food. Phénomène particulièrement exacerbé dans les quartiers les plus défavorisés: quatre écoles sur cinq se trouvent à distance de marche d'un roi de la poutine ou autre grand manitou du sous-marin. Dans les quartiers les mieux nantis, les élèves courent trente fois moins de risques de croiser un restaurant-minute autour de l'école.»
Mais c'est fou comme l'auteur de cette étude ne s'intéresse pas aussi à des variables intéressantes comme la densité de la population (plus grande en milieu défavorisé), les règlements de zonage (certaines écoles favorisées sont situées dans des secteurs zonés non commerciaux), etc.
Non, non, le monsieur semble privilégier le préjugé et l'hypothèse à l'analyse stricte des faits. Quelques exemples.
Dans un rayon de 750 mètres autour des 828 écoles primaires et des 340 écoles secondaires, son équipe et lui ont localisé 1061 restaurants-minute (données de 2005) et zoné le tout selon le revenu familial moyen, comme indiqué au recensement de 2001. Écoles primaires, vraiment? «Dans ce cas, ils ne sortent peut-être pas le midi, mais les parents viennent les chercher le soir, et qu'est-ce qui se ramène vite à la maison pour souper...» Sur quoi cette affirmation est-elle fondée?
Le véhicule vient de dépasser l'école primaire Nesbitt, une des plus grandes écoles primaires de la commission scolaire English-Montréal. «Nous sommes dans un quartier défavorisé. Pas d'épicerie, pas de fruiterie, et peut-être des citrons au dépanneur, mais c'est pour la Corona», s'exclame le chercheur. Pas de commentaire.
Et puis, le chercheur ne s'intéresse pas aux faits qui contredisent son modèle de pensée. Et ce n'est pas qu'il ignore leur existence!
Sur ce, l'expédition croise le collège Jean-Eudes. Cette école privée sise dans un milieu moins nanti n'échappe pas au phénomène. Ah bon!
Dans d'autres quartiers défavorisés, comme Verdun ou Hochelaga-Maisonneuve, «il y a aussi des fruiteries et de petits supermarchés. Est-ce que les jeunes y vont, c'est une autre question, mais au moins, ils ont le choix», souligne-t-il. Peut-être qu'influencé par des programmes éducatifs, «le jeune se dira: "Tiens, je vais aller me chercher un sandwich végétarien à la fruiterie"», rêve-t-il.
La Communauto prend la direction d'Outremont. «En 2005, il n'y avait pas de restauration rapide là où nous allons», affirme l'agente de recherche Karine Léger en observant la carte. Surprise! Coin Van Horne et Dollard, «ça a poussé proche de notre avenue d'école!» s'écrie-t-elle. Double Pizza a pignon sur rue depuis 2008, Subway depuis 2007. Désolé, mais il y avait de la malbouffe sur cette rue bien avant cette date. Je le sais: j'en mangeais!
Bref, une étude qui constate certains faits, ne semble pas les creuser plus qu'il ne le faut et a des odeurs moralistes BCBG.
Et qu'est-ce que le monsieur suggère? De la législation. «Ça rajoute à la démonstration que nos environnements ne sont pas neutres. On a un pouvoir de les améliorer plutôt que de les subir. Ensuite, c'est une question de volonté politique, au même titre qu'on élargit les trottoirs ou qu'on installe des dos-d'âne pour réduire les accidents dans certains quartiers.»
Et s'il allait manger dans les écoles, il comprendrait peut-être que la bouffe y est parfois infecte, qu'il y a des jeunes ont besoin de sortir à l'extérieur de ces grosses boites bruyantes, que des jeunes trouvent ça cool la malbouffe, que des parents se contrefoutent de ce qu'ils mangent... Et c'est la même chose dans plusieurs collèges privés.
D'ailleurs, tiens, c'est le revenu des parents des enfants inscrits dans les écoles qui est intéressant, pas nécessairement le quartier où les écoles sont situées. Ça existe des écoles avec des programmes qui attirent des élèves de milieu favorisé et et qui sont situés dans des milieux défavorisés. Mais ça aussi ne semble pas faire partie de son étude.
4 commentaires:
Il me semble que ce serait plus productif que les parents fassent leur job, ou que le bouffe de cafétéria soit meilleure, plutôt que de passer des lois.
Ma cafétéria n'était pas mauvaise, sauf qu'une fois de temps en temps, ça me faisait plaisir de me payer de la malbouffe, parce que j'en avais envie. Interdire quelque chose complètement n'est jamais une bonne idée. J'ai su doser et je m'en sors très bien !
En lisant les extraits, j'ai été surtout choquée d'apprendre que mon quartier Rosemont (écoles Nesbitt et Jean-Eudes) est considéré défavorisé. À juger les voitures garées sur ma rue et les poussettes de luxe au parc, j'en doutais. Vérification faite auprès des stats de le Ville et oui. Le revenu des familles de Rosemont est pratiquement le même que celui des familles de Hochelaga soit environ 40% de celui des familles d'Ourtemont.
Empêchez un enfant d'avoir accès à quelque chose et ce quelque chose deviendra un "must" pou lui.
Le MELS s'est mêlé de bonne nutrition mais les élèves et les profs ne sont pas contents.
Quand fera-t-on un consensus entre : Éducation, Santé, Loisirs, Sports?
Je pense que ça ne sert a rien de tout interdire, bientôt nous aurons une lois pour TOUT! Le plus important et de sensibiliser les enfants et les jeunes et leur apprendre à manger correctement, de leur donner envie de manger sainement. Mais à quoi bon tout interdire!
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