Ce matin, un article du JdeM relate quelques événements où des enseignements ont été agressés ou faussement accusés par des élèves. Vous remarquerez: on parle très peu de ces cas.
Tout d'abord, les commissions scolaires font tout pour que ces cas ne deviennent pas publics pour des raisons d'image. Ensuite, il y a souvent l'âge des élèves impliqués qui limitent le battage publicitaire qu'on peut accorder à de telles histoires. Enfin, et je le sais pour avoir discuté avec certains enseignants faussement accusés, ceux-ci ne veulent pas de publicité autour de ce qu'ils ont vécu. Ils ont déjà assez souffert et, dans certains cas, un acquittement ne marque pas toujours l'arrêt des regards soupçonneux qu'on pose sur eux. Alors, aussi bien se faire oublier si on n'a pas encore parlé de soi...
Un enseignant accusé est souvent renvoyé à la maison, parfois sans salaire. Il arrive aussi qu'il doit cesser de travailler et ne reçoit que 75% de son salaire. Dans tous les cas, il est financièrement pénalisé. S'il veut récupérer son salaire perdu, il devrait poursuivre les parents de l'élève concerné. Une chouette bataille juridique en vue...
À première vue, on a l'impression que certains jeunes peuvent se comporter en toute impunité. Ainsi, deux élèves qui ont injustement accusé un enseignant d'éducation physique d'agression sexuelle pour se venger que celui-ci les avait expulsées de son cours parce qu'elles ne portaient pas la tenue obligatoire. Il a fallu des pressions syndicales sur la commission scolaire pour qu'elles soient changé d'école. Vous en connaissez des situations où une victime doit continuer à côtoyer ses agresseurs?
L'école est un milieu qui semble vivre en dehors de la réalité. Dans la vie de tous les jours, on n'accepterait jamais une telle situation dans un milieu de travail normal. Comment expliquer une telle situation? Peut-être dans cette citation du directeur de la commission scolaire des Appalaches, Camil Turmel: «Dans certains cas, il a été question d'agressions armées, mais en bout de ligne, c'est un enfant qui a donné un coup de crayon dans le dos de l'enseignant.» Et l'enseignant, lui, c'est quoi? Un mannequin...
Si ce n'est pas banaliser la violence, je ne sais pas ce dont il s'agit ici. Quand un DG de CS se fera agresser à coups de crayon ou accuser d'agressions sexuelles, combien on parie que la réaction sera différente?
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Une dernière chose: nos syndicats sont très bons pour appuyer différentes causes, écologique, féministe et autre, mais qu'attendent-ils pour améliorer avec autant de moyens et d'ardeur les conditions de travail parfois violentes dans lesquelles oeuvrent certains enseignants? Je sais qu'on peut mâcher de la gomme et marcher en même temps, mais parfois il faut laisser tomber la gomme et marcher avec plus d'énergie.
Je me souviens que, lors d'une précédente négociation collective, un des moyens de pression proposé par mon syndicat avait été de ne plus tolérer les actes violents à notre égard. Comme si, en dehors de cette période, la chose était plus acceptable...
2 commentaires:
Hé bien, voici un sujet qui me touche particulièrement.
Je suis une jeune enseignante au primaire, et en 7 ans de carrière, j'estime que j'en ai vu des vertes et des pas mûres.
La violence verbale est fréquente. Le pire pour moi, ce fut de me faire mordre (par un élève présentant un herpès buccal sanguignolent) et donner des coups de pied à répétition.
Mon expérience générale n'est en rien plus extraordinaire que celle de mes collègues. Oui, la violence envers les enseignants est banalisée par les directions (qui ne veulent surtout pas de "problèmes") et les CS.
J'adore mon travail. Mais je rêve du jour où un enseignant va avoir le courage d'intenter des poursuites judiciaires (et gagner sa cause) suite à un épisode de violence mal géré.
C'est le JdQ qui en parle. Penses-tu que le JdM le ferait?
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