08 juin 2011

L'enseignement, une carrière d'avenir?

Je lis ces deux textes (ici et ici) et je constate encore une fois à quel point on ne dit pas tout aux jeunes qui songent à une carrière en enseignement. Quand on titre «Forte demande du primaire au secondaire», c'est qu'on est dans le champ gauche pas à peu près...

Ainsi, au secondaire, il n'y a aucune demande en éthique et culture religieuse ou en univers social. Les finissants que les universités forment n'enseignent pas dans leur champ de compétence. Ils font des contrats à la pièce. J'ai même deux collègues diplômés en univers social qui ont enseigné, au cours des trois dernières années l'anglais, la physique, les maths, le français, l'éthique mais jamais la matière pour laquelle ils ont été formés.

Tout aussi indicatif encore, les listes d'ancienneté en éthique et culture religieuse ou en univers social excèdent de beaucoup le nombre de postes disponibles.

Par ailleurs, dans plusieurs régions du Québec, on assiste à une baisse du nombre d'élèves et donc à une réduction du nombre d'enseignants embauchés. J'ai croisé l'autre jour un couple d'enseignants de Trois-Rivières qui a décidé de déménager dans la région nord de Montréal. Ils ont laissé derrière eux amis, maison et famille parce qu'ils estimaient avoir plus de chances de trouver des postes permanents là que dans leur ville d'origine où ils végétaient sur des listes d'ancienneté...

Une demande forte? Pas dans tous les champs et pas dans toutes les régions du Québec... Prétendre le contraire, c'est mal connaitre la réalité ou mentir, comme le font certaines facultés d'éducation en disant à leurs étudiants qu'ils se trouveront un emploi facilement. Mais si elles disaient le contraire, ce sont les gens qui y oeuvrent qui se chercheraient un emploi.

9 commentaires:

Marc St-Pierre a dit…

Évidemment PM, ça dépend des régions et il faut tenir compte des aléas de la démographie. Par exemple dans ma CS, le nombre d'élèves va légèrement augmenter d'ici 2016 (à peu +400). Pas grand chose en apparence, si on considère qu'il y a au total près de 25 000 élèves chez nous. Donc, peu d'impact sur les besoins en ressources humaines. Mais quand on y regarde de plus près, des enjeux plus complexes ressortent. En effet cette légère augmentation est en réalité l'effet combiné d'une baisse de 1800 élèves au secondaire et d'une augmentation de 2400 au primaire. Le reste, vous le devinez est loin d'être un problème d'arithmétique simple, car il n'est pas évident de prendre un paquet de profs en surplus au secondaire et de les transférer vers le primaire.

Un autre élément dont on tient assez peu compte, les congés parentaux et autres avantages sociaux. Il y a quelques années, une étude a été menée conjointement par les CS de la région LLL et le MELS sur la question des besoins en main d'oeuvre. Conclusion: compte-tenu des congés de différentes nature dont peuvent bénéficier les enseignants (parental,partiel sans solde, traitement différé et dans une moindre mesure les congés de maladie de longue durée), chaque fois qu'un nombre X d'élèves justifie la création d'UN poste d'enseignant,il faut dans les faits engager 1,4 enseignants pour combler ce poste. Regarde dans ton école PM, peut-être rien de comparable, mais un fait réel dans une école chez nous: prof numéro 1,détenteur légitime d'un poste permanent bénéficie d'un congé d'un an, auquel il a pleinement droit. En fonction des listes de priorité, son remplacement est donné à prof numéro 2, actuellement en congé de maternité. Le remplacement qui appartient légitimement à prof 2 doit être accordé à prof 3. Après deux semaines sur le poste, prof 3 se casse une jambe et il est remplacé par prof 4, laquelle se rend compte qu'elle est enceinte après un mois... et...oups...pas d'anticorps. Et voici prof 5 qui entre en scène. Cinq personnes assises sur le même poste. C'est tout ça mis ensemble quio fait qu'on besoin de pas mal plus de profs qu'on a de postes. Donc, beaucoup de précarité.

Le professeur masqué a dit…

M. St-Pierre: bel ajout d'information. On a effectivement besoin de profs dans certaines régions et dans certains champs. Ces textes ne font aucune de ces nuances et n'invitent pas les futurs enseignants à s'informer là-dessus.

Anonyme a dit…

Réalité sur la Rive-Nord; un jeune prof en sciences..sort de l'université...obtient un 33%, comble toute l'année avec de la suppléance. Ce prof est hyper apprécié par ses pairs, ses élèves et la direction (et oui, cela arrive de faire un tour du chapeau). Ce prof va au Rh pour demander ...qu'est-ce qui m'attend l'année prochaine? Sur le site de cette commission scolaire on invite les profs en science à se manifester...ce prof se fait répondre; pas de VRAI poste avant au moins 7 à 8 ans! Ce prof est parti au privé: 100%, sec. 4 et 5!
Fonctionnaire masqué

Anonyme a dit…

Ces pauvres futurs profs! À eux aussi il faut tenir la main: ils ne sont pas assez informés des postes disponibles?

Marc St-Pierre a dit…

PM: effectivement, la demande pour des profs varie en fonction des réalités régionales et des champs d'enseignement. Le hic, c'est que les universités n'ont pas l'agilité d'une contorsionniste du cirque du soleil et planifient leur offre de formation sur des données macro. Globalement, elles produisent à peu près le bon nombre de profs. Mais comme elles sont généralement situées en milieu urbain, elles présupposent un peu vite que tous leurs finissants vont se répartir de façon naturelle sur tout le teriitoire. D'où pénurie dans certaines régions.

Anonyme prof de sciences: Bien heureux pour vous. Vient un moment où on besoin d'un emploi stable pour faire avancer des projets de vie. L'occasion s'est présentée, vous l'avez saisie. Thériquement, vos nouvelles conditions salariales devraient être pas mal semblables à ce qu'on retrouve au public, la plupart des établissements étant syndiqués, la plupart à la CSQ, d'autres à la CSN. Il y a souvent dans les conventions collectives des profs du privé des clauses-remorques qui font en sorte que les salaires payés suivent ceux du public. Par contre, pour ce qui concerne les clause normatives, principalement la taille des groupes ou la tâche elle-même, il y a souvent des écarts significatifs.Même chose pour le temps de présence requis.

Puis les élèves sont sélectionnés. Vous allez sans doute vous sentir comme si vous étiez un meilleur prof pour un temps, avec le sentiment de ne vraiment faire que ce pour quoi vous avez choisi l'enseignement. Il est aussi possible que vous réalisiez qu'à vaincre l'ignorance sans trop de périls, on a le triomphe peu glorieux. Mais vous allez vous y faire et finir par vous dire vous aussi que même au privé il y a des élèves qui en font arracher aux profs...

Anonyme a dit…

Voici les dernières statistiques. En tenant compte de la réduction d'élèves par classe annoncée récemment, ils appréhendent encore une pénurie de profs:

http://pdf.cyberpresse.ca/lesoleil/previsions110511.jpg

Stéphane Levasseur
Québec

Anonyme a dit…

Bonjour! Je suis diplômée en enseignement secondaire cette année. Comment fait-on pour savoir quelle commission scolaire offre les meilleures possibilités d'emploi? Il y a beaucoup de rumeurs à ce sujet, mais je ne trouve pas de données réelles...

Le professeur masqué a dit…

Anonyme: dans quelle matière êtes-vous spécialisée?

Anonyme a dit…

Je suis en français langue d'enseignement (maternelle) secondaire