28 septembre 2011

À propos de collusion

Je me demande ce dont les Québécois auront besoin pour comprendre que la gestion de l'appareil gouvernemental souffre de graves lacunes et que plusieurs de nos politiciens, à tout le moins, se sont placés dans des situations fort discutables. On réalise mal les sommes importantes qui sont détournées des projets sociaux pour aller enrichir certaines entreprises et certains individus. Pourtant, on aurait tant besoin de financement supplémentaire dans certains cas. Pour prendre un raccourci, oubliez un orthopédagogue pour votre enfant: l'argent sert à acheter un Hummer à M. X.

Le pouvoir d'influence des grandes firmes d'ingénieurs n'a pas besoin de s'exercer pour promouvoir un projet spécifique. Il suffit simplement que le gouvernement favorise la construction de centrales hydro-électriques plutôt que la réduction de la consommation d'énergie pour être satisfaites. Vous trouvez normal qu'Hydro-Québec ne soit pas un leader mondial en matière de néga-watts»?

Un dernier point: on parle beaucoup de l'efficacité du secteur privé. Avec la faillite du système bancaire et des grands de l'automobile aux États-Unis ainsi que la collusion qu'on semble constater au Québec, vous y croyez encore? Où sont l'institut économique de Montréal, les Éric Duhaime et autres pourfendeurs de l'État? On voit très bien ce qui arrive quand on laisse un ministère, comme celui du Transport, aux mains de certaines firmes privées.

11 commentaires:

gillac a dit…

Lorsque les citoyens délaissent l'engagement politique,d'autres prennent la place. Bourrassa avait comme conseiller et collecteur de $ le pdg de Beaver Asphalte, Tommmy d'Errico, qui a été revendu à Tony Accurso. Charest est dans la même situation avec le pdg de Schock Beton, donc rien de neuf sous le soleil. Il faudra bien règler la question du financement des partis politiques, sinon les vautours seront toujours là.

L'engagé a dit…

Je ne peux pas m'empêcher de vous diriger sur un de mes textes les plus populistes en poursuivant sur votre lancée à propos de Duhaime et l'IEDM...

http://www.vigile.net/Eric-Duhaime-un-individu-dangereux

Le professeur masqué a dit…

Gillac: Réjeanne Padovani est toujours d'actualité...

L'engagé: Et il faut voir à quel point il ne connait rien à la réalité de l'éducation quand il en parle...

Paul C. a dit…

Collusion ou sommes nous naïfs de croire que les gouvernements contrôlent quoi que ce soit?

Pops a dit…

La solution n'est certainement pas d'avoir encore plus d'état. Faut-il le rappeler, l'âge d'or du MTQ, c'était dans les années 60-70, à l'époque même où la plupart de nos infrastructures actuelles ont été bâties et qui s'écroulent présentement. On ne manquait pourtant pas à cette époque d'ingénieurs au MTQ pour contrôler la qualité des travaux. Dois-je rappeler les conclusions de la commission Johnson (écroulement du viaduc de la Concorde à Laval)? Le travail a été mal fait et mal vérifié.

Le corporatisme, dans toutes ses formes (syndical et entrepreneurial), est une nuisance, et pire lorsqu’il est protégé et/ou favorisé par le gouvernement par de pseudo politique de soutien à l’emploi, à l’économie. Cela mène inévitablement à des abus. La corruption et la collusion en sont nécessairement des conséquences.

Pourquoi les appels d’offre du gouvernement ne sont offerts qu’aux entreprises québécoises? C’est du protectionnisme et en bout de ligne, c’est le contribuable qui y perd, car cela coûte plus cher. Si n’importe quelle compagnie sur la planète pouvait déposer un devis, on serait tous gagnant, sauf, bien sûr, la petite clique locale qui en profite depuis des décennies.

Ah, mais on va me répondre que si on favorise les entreprises d’ici, c’est pour faire rouler l’économie d’ici. Belle mentalité! Bref, cela veut dire que les emplois visés par de telles mesures étatistes sont tout simplement artificiels puisqu’ils dépendent des contrats gouvernementaux.

Il y a définitivement un manque de concurrence dans les appels d’offre. Ce sont toujours les mêmes 4 ou 5 firmes (on appelle ça un oligopole) qui remportent les contrats. Ça c’est un gros problème. Et la seule manière efficace de le résoudre, c’est d’ouvrir le marché à plus de joueurs.

Si Hydro-Québec changeait de politique pour réduire la consommation, le problème serait le même, mais il serait déplacé. Ce ne seraient plus les usines de béton qui seraient favorisées pour construire les barrages, mais les entreprises qui oeuvrent dans les solutions d’efficacité énergétiques. Donc, c’est kif-kif.

Bien sûr que le secteur privé est plus efficace que le secteur public. La raison est fort simple. Le secteur privé fait face à de la concurrence (quand cela n’est pas biaisé par des loi et/ou règlements), ce qui n'est pas le cas du gouvernement. Lorsqu’une entreprise manque d’argent, elle n’a d’autre choix que de réduire ses coûts. Elle ne peut pas augmenter le prix de sa marchandise, car celui de la concurrence serait alors moins élevé. Dans le cas du gouvernement, sa solution est simple et paresseuse : augmenter ses revenus, donc augmenter le fardeau fiscal des contribuables.

Le capitalisme, c’est un système de profits, bien sûr, mais aussi (et ça on tend à l’oublier) de pertes. Bref, le marché sanctionne les cancres. Des trois grands constructeurs automobiles américains, seuls Ford n’a pas voulu obtenir d’aide de l’État. Ce fut malheureusement le cas de GM et de Chrysler. Quel message a-t-on envoyé? On récompense et on aide les pas bons.

Idem pour les banques. Et dans ce cas-là, c’est plus grave. C’est toujours le party à Wallstreet, car à présent ils ont la certitude que peu importe ce qu’ils font comme bourde, le gouvernement viendra à leur rescousse. Tout simplement odieux!

On aurait dû laisser tout ce beau monde faire faillite (mais en aidant les chômeurs à se requalifier). Ces corrections sont nécessaires pour faire le ménage. Là, avec l’intervention de l’État, le ménage n’a pas pu être fait.

Le professeur masqué a dit…

Pops: «Bien sûr que le secteur privé est plus efficace que le secteur public.» Aux États-Unis, c'est l'absence de réglementation qui a amené les banques à la faillite, l'absence d'un encadrement étatique. Les banques canadiennes, mieux encadrées, se sont maintenues. Le secteur privé est peut-être plus efficace à courte vue, mais se fout complètement du moyen et du long terme. Il n'a pas de vision éthique ou social.

Par ailleurs, il a été démontré que les entreprises reliées à réduire la cnsommation électrique produirait plus d'emplois que la construction des barrages. C'est loin d'être kif-kif.

Pops a dit…

Aux États-Unis, ce n'est pas du tout l'absence de réglementation qui a amené les banques à la faillite. C'est tout le contraire!!! Il y a beaucoup d'écrits à ce sujet. Évidemment, il faut résister à la tentation de se désinformer avec le comptable Gérald Filion à R-C ou Georges Pothier sur Quebecor...

Un début d'explication (parce que le dossier est épais). Le gouvernement US, dès sous l'air Clinton, a commencé à forcer Fannie Mae et Freddie Mac à faire des prêts à des personnes qui n'en avaient pas les moyens.

Un autre problème : les intérêts sont déductibles d'impôts.
Un autre problème : sous Bush, le taux directeur de la banque centrale a été tellement baissé que cela a [trop] favorisé le crédit.

Le Congrès a adopté plusieurs mesures dans le seul objectif de subventionner l’accès à la propriété. L’État américain a fait des offres que personne ne pouvait refuser et il a obtenu exactement ce qu’il voulait: un accroissement de la consommation et un boom immobilier. Or, toute consommation fondée sur une expansion monétaire plutôt que sur une production réelle crée une bulle qui va fatalement éclater.

L'économie américaine a connu une brève période de déréglementation sous Reagan, mais le niveau de réglementation a été augmenté par les présidents qui ont suivi. C'est sous le règne de Bush junior que le niveau de réglementation a été le plus élevé depuis 1940.

Quelques réglementations ayant favorisées cette crise:

"Community Reinvestment Act": obligation pour les banques d'accorder des prêts hypothécaires aux groupes défavorisés (subprime).

"Taxpayer Relief Act": réduction du taux d'imposition sur les revenus provenant de la vente d'une maison.

"Equal Credit Opportunity Act"

"Fair Housing Act"

Et tout plein d'autres facteurs à googler :-)

La situation des banques au Canada est bien différente. D'abord, on est loin des 10 000 ou 15 000 banques aux USA. Ici, on est dans un oligopole avec nos 6 banques qui font la pluie et le beau temps. Bravo la stabilité! Assurément, le consommateur canadien se fait berner par cette oligarchie.

***

Ce serait kif-kif dans la collusion/corruption. Au lieu que ce soit les amis du béton, ça serait les amis de l’efficacité énergétique. Dans les deux cas, le contribuable est perdant. Une création d'emploi durable ne peut pas reposer sur une législation. C'est artificiel. La création d'emploi doit reposer sur un véritable besoin du marché.

gillac a dit…

@Pops
Que de mauvaise foi dans vos commentaires. Oui Bush a voulu favoriser l'accès à la propriété, mais vous passez sous silence la rémunération insensée des banquiers, leur montage de produits financiers toxiques, leurs multiples conflits d'intérêts, la manière sauvage de procéder à des reprises de finances,le recours aux paradis fiscaux,etc.

Pops a dit…

Gillac, je vous trouve comique. J'apporte des faits et vous m'accusez gratuitement d'être de mauvaise foi.

La rémunération des banquiers, on s'en fou, car il s'agit d'entreprises privées, donc d'actionnaires qui élisent un conseil d’administration et qui décident des salaires. Si vous êtes scandalisés par le salaire de votre banquier, magasinez pour une autre banque. Ah mais c'est vrai! On est au Canada et on a un gros choix de 6 banques...

Le seul gros problème qu'on a eu avec les banques américaines, c'est que Bush a commencé à les aider (à la toute fin de son mandat) et que Obama, supposément le sauveur de l'Amérique voulant faire les choses autrement [sic], en a rajouté une couche (c'est-à-dire des centaines de milliards supplémentaire en "aide") au lieu de les laisser sombrer dans leur incompétence.

Vous parlez de leurs conflits d'intérêts. Très intéressant. J'espère que vous savez que Wallstreet a contribué davantage au parti démocratique qu'au républicain lors de la dernière élection présidentielle. Et vous savez combien il y a de conseiller autour d'Obama provenant de Wallstreet? Vous seriez surpris du nombre. Pour un gars qui voulait incarner le changement, on repassera. Y'aurait du gros ménage à faire à Washington.

Vous parlez de paradis fiscaux. S'il existe des paradis fiscaux, c'est qu'il doit y avoir des enfers fiscaux. Dans les deux cas, cela n'a rien à voir avec la crise immobilière.

La manière sauvage (et illégale dans plusieurs milliers de cas) de procéder à des reprises de finances n'est pas la cause de la crise, mais une conséquence des gens ne pouvant plus faire face à leurs obligations financières. Et faut-il le rappeler. C'est peut-être triste et sans coeur, mais ces gens-là n'auraient jamais dû avoir une hypothèque. Ils n'étaient pas suffisamment solvable pour ça. Mais comme il y avait des lois fédérales forçant les banques à le faire, ils y ont eu droit.

Il faut que le crony-capitalism cesse, c'est-à-dire des gens influençant le gouvernement pour privilégier son entreprise et/ou son groupe de travailleur et s'en mettre plein les poches.

gillac a dit…

@Pops
Vous n'avez jamais entendu l'expression suivante: privatiser les profits et socialiser les pertes. Quand les banques américaines, après avoir reçu l'aide de l'état, ont donné des boni aux cadres qui les avaient conduit en faillite, elles ont fait la preuve qu'un capitalisme non encadré est ce qui se rapproche le plus du banditisme. Idem pour les dirigeants des cies d'automobiles venus quêter à Washingron dans leurs jets privés.

Pops a dit…

On est d'accord : privatiser les profits et socialiser les pertes, c'est tout simplement scandaleux. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai dit que le capitalisme est un système de profits, mais aussi, et ça on tend à l'oublier, de pertes. Il est impératif que l'État cesse d'intervenir à coup de milliards pour soi-disant tenter de sauver une industrie. Ça ne fait que remplir la poche des amis du parti au pouvoir.

La socialisation des pertes est dû à cause du corporatisme et de l'étatisme (les deux vont évidemment de pair). Ça n'a donc rien à voir avec du vrai capitalisme. Quand on interfère avec le marché, il y a des profiteurs... qui en profitent...

Petit détails légal concernant les bonis des cadres des banques. C'était inscrit noir sur blanc dans leur contrat. Donc, pas le choix de leur donner.

Au risque de me répéter : on aurait dû laisser faire faillite ces banques et ces constructeurs automobiles.

Le problème des quêteux, ce n'est pas qu'ils quêtent. C'est qu'il se trouve toujours un hurluberlu pour leur refiler du fric. Comme dirait un humoriste : "Paye le cave!"