Depuis quelques années, l'expression «pris en otage» est devenue à la mode. Les éducatrices de garderie font une journée de grève: les parents sont pris en otage. Des zozos bloquent le pont Jacques-Cartier pendant 20 minutes: les automobilistes sont pris en otages...
Ce matin, on assiste à une variation dans le vocabulaire médiatique. «Manifestations du PAJU: Les victimes collatérales en ont assez», peut-on lire dans le Journal de Montréal. L'expression «dommages collatéraux» sert habituellement à désigner les morts ou les blessés non prévus lors d'une opération militaire. Ici, on l'humanise quelque peu...
Si on peut être désolé des préjudices que subissent des individus ou des entreprises à cause de manifestations qui ne les visent pas, peut-on déplorer ce genre d'enflure verbale qui finit par banaliser les vrais drames humains?
6 commentaires:
Je ne suis pas tout à fait d'accord. L'expression "dommage collatéral", malgré qu'elle fasse partie des lieux communs de la langue technicienne et bureaucratique passée dans le langage courant, m'apparaît ici au contraire justifiée, même si elle m'agace autant que d'habitude. C'est plutôt quand elle désigne des morts ou des blessés civils lors d'une opération militaire qu'elle est un horrible euphémisme qui ramène le meurtre de civils à un simple incident technique. C'est le contraire de l'enflure qui est mis en évidence ici : l'euphémisme, l'horreur dissimulée sous la lisse rectitude du langage, voilà qui est terrible.
Ouaip. j'aime bien. Mais on ne peut voir une certaine hyperbole quant au terme «victime» justaposé à «collatéralex quand on sait que, souvent, on l'utilise plutôt pour parler de morts ou de blessés graves.
Je me suis fait exactement la même réflexion quand j'ai entendu cette expression (pris en otage) utilisée dans deux nouvelles différentes (le pont et les CPE).
Les journalistes sont toujours à l'affut de nouvelles expressions pour frapper l'imaginaire.
Les expressions qui ont été utilisé précédemment visent surtout à provoquer une réaction. Oserais-je dire à « victimiser » ceux qui n'ont rien à voir dans ces situations?...
Ainsi les fonctionnaires n'ont pas le droit de faire la grève, ni les chauffeurs d'autobus, ni les enseignants, ni les services de garde car cela créé des victimes.
À un moment donné, il faut réaliser que nous vivons en société et que nos existences sont toutes entrelacées d'une manière ou d'une autre. Il faut donc tolérer la liberté d'expression des autres et accepter que tout ne tournera pas rond pour nous cette journée ou semaine là. Cela fait partie de la vie. Mais n'allez pas dire cela à un journaliste anti-syndicat.
Unknown; le choix des mots n'est pas innocent.
Unknown; le choix des mots n'est pas innocent.
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