Le gouvernement Charest a voulu frapper un grand coup lors du budget 2011 et il a annoncé, entre autres, l'installation de tableaux blancs interactifs dans toutes les classes du Québec. Immédiatement, de nombreux enseignants ont questionné l'utilité de cette mesure. Depuis, cette annonce a été dénoncée par l'oppposition à Québec comme étant une manoeuvre profitable aux tinamis du pouvoir. Deux textes, publiés récemment, en rajoutent une couche.
Ainsi, on apprend que des enseignants de l'école Joseph-François-Perrault s'opposent à «l'imposition d'un outil pédagogique douteux, qui ne répond pas aux besoins de chaque enseignant». En plus du manque de formation du personnel enseignant, de l'absence de personnel qualifié pour l'entretien des TBI et des classes mal équipées, on apprend d'autres éléments croustillants: «Dans certains locaux, la lumière qui provient des
fenêtres empêcherait les étudiants de voir sur les nouveaux tableaux.
Dans d'autres classes, les tableaux à craie auraient été retirés, alors
que le tableau interactif n'est toujours pas fonctionnel, selon les
informations de l'Alliance des professeurs.» Savoureux... Comment une mesure politique peut saboter l'ajout d'outils pédagogiques en classe.
Outil pédagogique, le TBI? Rien n'en est moins certain si on se base sur cet autre texte. «Très peu d’impacts sur la réussite scolaire ont été documentés. Les
deux principaux avantages des tableaux blancs interactifs sont la
facilité pour l’enseignant de présenter du contenu et une augmentation
de la motivation des élèves. Sauf que plusieurs recherches montrent que
la motivation diminue avec l’usage. Nous sommes en train de réaliser une
étude auprès des enseignants de la Commission scolaire Eastern
Townships et nos données préliminaires montrent aussi que la motivation
disparaît rapidement», explique Thierry Karsenti, directeur de la
chaire de recherche du Canada sur les technologies de l'information et
de la communication en éducation. Dans les faits, il existe peu d'études indépendantes sur ce sujet puisqu'elles proviennent généralement des fabricants de TBI eux-mêmes.
Pour les auteurs de cette étude, les TBI sont des chronophages, ce qui amène les enseignants à ne pas les utiliser à leur plein potentiel: «Ça demande vraiment beaucoup de temps, d’autant qu’il existe peu de
ressources en français à l’heure actuelle. De plus, les fonctionnalités
sont plus limitées et plus complexes que sur un ordinateur et les
problèmes techniques sont nombreux. Souvent, il sert uniquement comme projecteur et c’est un
projecteur qui coûte drôlement cher.» En effet, combien de classes sont munies, par exemple, de manettes permettant à tous les élèves d'interagir avec le TBI? Quand on sait qu'un TBI vaut environ 3000$ plus l'ordinateur qui doit l'accompagner, les frais de formation, d'installation et d'entretien, c'est peut-être trop cher payé pour une technologie qui sera désuète d'ici cinq ans.
6 commentaires:
J'ai en tête de parler de mon expérience. Je l'avais, alors je l'ai mis à l'essai cette année.
En vrac pour le moment:
Ce n'est pas une panacée, bien évidemment. L'outil ouvre des possibilités nouvelles en démonstration puisqu'il est aisé de projeter des textes ou d'en composer. L'enregistrement des séances permet de poursuivre un travail aux cours suivants. Il peut permettre une augmentation de l'efficacité de communication souvent au moment de la correction. Moins de poussières et de taches sur les pantalons!
Les limites: ils sont petits. Trop de tableaux et les jeunes ne font plus rien. A l'occasion, ça bogue.Redémarrez son portable régulièrement est une précaution salutaire pour ce problème. Le changement du pointeur et du stylet est chiant sur ActivInspire. Un commutateur sur le stylet aurait été une bonne idée. Ce sont les deux opérations qu'on fait le plus souvent.
Oui, au début, c'est chronophage. Mais si on est un peu débrouillard, on trouve rapidement ses fonctionnements efficaces. Moi, je numérise sur la photocopieuse systématiquement ce que je travaille avec les jeunes en même temps que je fais mes photocopies. Bon, dans ma petite école, on se les fait nous-mêmes. Je sais, ailleurs c'est différent. Sans monter des paperboards chronophages, on peut s'envoyer le pdf et travailler avec le «paperboard de bureau» simplement avec une économie de temps.
Quant à monter des activités interactives sophistiquées, l'outil est certes plein de possibilités, mais je n'ai pas le temps pour ça. Avec le temps, peut-être.
La limite la plus grande viendra des enseignants, qui ne sont pas en général à l'aise avec l'informatique. Il faut être débrouillard, fouilleur, patient. On manque de soutien technique là où je suis, il faut donc compenser. Je suis toujours le seul de mon école à l'utiliser avec le stylet, malgré qu'au moins 5 autres de ces engins sont dans l'école depuis un moment. On en attendrait 9 l'an prochain. Bonjour, la zizanie.
J'ai demandé à avoir un tableau traditionnel à côté, ce que j'ai eu rapidement. Quand je n'ai pas eu le temps de démarrer l'engin, je peux rester fluide dans les interventions. L'idéal serait de l'installer sur un côté du tableau traditionnel plus large. On permet à l'enseignant de faire la transition.
Les TBI étant petits, la vision des jeunes en arrière de la classe est limitée.
Ce sera sûrement un complément intéressant pour la classe quand elle sera munie de portables ou de tablettes pc pour tous, mais évidemment tout cela est fort coûteux, très coûteux.
À l'école où je suis cette année, il n'y aura pas d'ordinateur "fixe" pour les TBI: ce seront plutôt des portables assignés à des enseignants... permanents bien sûr.
Donc il se pourrait que je me trouve dans un local doté d'un TBI, mais que je sois incapable de le faire fonctionner si l'enseignant permanent est parti avec l'ordinateur portable permettant de faire fonctionner le TBI.
Alors il va falloir que je m'achète un portable quand ceux-ci sont gracieusement fournis à mes collègues? Non merci.
Bref, c'est une belle m...
Le Prof
Prof S: au secondaire, dans une salle de 34 élèves, un TBI, c'est de la schnout... Trop petit, comme vous le mentionnez. Des avantages au plan de la communication, mais rien d'interactif.
le prof: on refile des portables aux non-permanents à mon école. Je ne comprends pas cette attitude.
En tout cas, qu'on installe pas les TBI à côté des tableaux blancs traditionels, tel que cela est fait au DKN, U.Laval. Les enseignants se trompent et utilisent les crayons feutres ( encre non permanente) sur les TBI..Je crains que la surface des TBI ne dure pas trop longtemps.
Par ailleurs, J'observe le TBI en utilisation dans une petite classe de 1ere, où les jeunes rassemblés peuvent s'asseoir sur le sol,et j'y vois bien des aspects positifs. L'enseignante l'utilise efficacement masi parcimonieusement
J'enseigne en 1re année cette année. J'adore (j'adorais) mon TBI, mais je suis réticente à l'implantation pour tous.
J'ai enseigné dans plusieurs écoles. Depuis 3 ans, j'enseigne avec un TBI. Au début, j'avoue qu'avoir eu un projecteur avec un toile, ça n'aurait pas été si différent, vu l'utilisation que j'en faisais (pourtant, je suis assez habile en informatique). Mais j'ai appris à m'en servir et depuis janvier, je travaille dans une école sans TBI. Il me manque drôlement! Malgré cela, je suis contre l'implantation massive (et pour tous) du TBI pour toutes les raisons qu'on connait. Du tape à l'oeil!
Rien ne prouve la rentabilité pédagogique du TBI. Je suis très techno et j'utilise les TIC, mais le TBI ne vaudra pas tous les outils qui nous manquent déjà: manuels, matériel de labo, air climatisé dans une salle à 28 degré, portables fonctionnels pour les élèves, nombre de photocopies, etc.
De plus le TBI confine l'enseignant en avant de la classe, réduisant ainsi sa présence auprès des élèves au fond du local.
À mon école il y a un TBI sur roues qui a coûté 13 000$ et qui ne sert à rien, personne ne le veut, il est entreposé au dépôt ...
À quand les casseroles des enseignants? Avez-vous un sujet qui vous choque dans votre école et dont le dialogue n'est pas possible?
Enregistrer un commentaire