Ouaip, un petit bilan. J'ai retrouvé l'habileté à lire des textes longs et soutenus. Je ne sais pas si mes longues sessions de lecture sur Internet y étaient pour quelque chose, mais on dirait qu'il m'a fallu une période d'adaptation pour redevenir un lecteur bimode.
Donc. Allons-y tout d'abord avec mes coups de coeur.
Ian Rankin: une oeuvre constante, régulière. Pas de feu d'artifice, mais un plaisir simple à goûter. On retrouve toujours avec joie l'inspecteur Rebus. Deux titres: Rebus et le loup-garou de Londres et Ainsi saigne-t-il. Par contre, le deuxième roman est un peu plus faible. L'intrigue est politique et on peut se perdre dans ce monde écossais peu familier.
Albert Camus. De douces retrouvailles avec des oeuvres inédites ou récemment rééditées. Dans son premier roman La mort heureuse, qu'il abandonne en chemin, Camus met en scène le personnage de Meurseault, qu'il reprendra dans L'Étranger, dans un autre contexte et une tout autre histoire. Quoique... Un récit lourd, étrange à cause de ce Meurseault avant l'heure, mais rempli d'une grande maturité. Du même auteur, deux nouvelles: La femme adultère et Les Muets. La première m'a laissé sur ma faim. Par contre, la seconde est un bijou de narration. Dans une usine, les employés décident de se mettre en grève. Au retour d'un conflit qu'ils ont perdu, ils décident de garder le silence.
Dino Buzzati. Un autre retour à d'anciennes amours littéraires. Barnabo des montagnes. Rythme lent. Descriptions douces, imagées mais aussi ironiques d'une certaine Italie d'avant-guerre. Cette oeuvre annonce définitivement Le Désert des Tartares tant dans le ton que dans le thème. On aime ou on déteste. J'ai aimé. Du même auteur aussi, Douze nouvelles. Mordant. Savoureux. Du Buzzati comme je l'aime.
Milan Kundera. L'ignorance. Un autre retour. Avec un livre dont le thème est le retour d'expatriés dans le pays qu'ils ont quitté. Que dire de cet auteur sinon qu'il aborde ici le thème de l'identité avec le brio qu'on lui connait. Certaines phrases ont été des coups de poing au ventre. Des directs au menton.
Sandor Marai. Les Braises. Auteur hongrois tombé dans l'oubli jusqu'en 2000. Un solide coup de foudre. Un huis clos réunit deux anciens amis qui s'étaient quittés sur une mésentente pour ne se revoir que des dizaines d'années plus tard. Un mélange de L'enfer, c'est les autres avec une intrigue digne des bons romans policiers. Des raisonnements logiques qui n'ont rien à envier à Hercule Poirot. Je continuerai à lire cet auteur.
Pierre Desproges. La minute nécessaire de monsieur Cyclopède et Monologues. Deux courts ouvrages regroupant des moments de l'oeuvre de cet humoriste français. Maniant le mot et l'ironie comme un maitre, Desproges ne laisse pas indifférent. Il touche certains sujets sensibles pour l'âme française (la Collaboration, les Arabes..). J'ai adoré.
Opinion neutre
Robin Cook. J'étais Dora Suarez. Bon roman policier noir, mais sans plus.
Tony Hillerman. Blaireau se cache. Un policier qui en vaut un autre. Intéressant pour son exploration des cultures ute et navajo.
Ed MacBain. Branle-bas au 87. Un policier relié au phénomène des gangs de rues de New York. Des personnages qui auraient de l'avenir. Un bon récit, sans plus.
William Bayer. La ville des couteaux. Un récit qui a de bons moments mais qui se lance dans trop de directions à la fois. Un talent certain pour la description, l'atmosphère. Buenos Aires est présenté comme si on y était. Des détails qui sont parfois plus captivants que l'histoire elle-même. Par moment, on sent la plume de Philipp Kerr. Un auteur disposant de solides moyens mais qui a voulu trop en faire.
Les «à éviter»
George Chesbro. Loups solitaires. Courts récits mettant en scène trois personnages fétiches de ce romancier.
Michel Connely présente divers auteurs dans ce recueil de nouvelles policières intitulé Moisson noire. La récolte n'était pas très bonne, à mon avis...
Thierry Jonquet. Le secret du rabbin. L'auteur a un beau flash, sauf qu'il l'étire tellement qu'on voit venir la fin au milieu du roman. Décevant quand un secret s'évente de lui-même. Et pourtant.
Colum McCann. Les saisons de la nuit. Honnêtement, cet auteur tient une histoire géniale entre les mains. Une saga où s'opposeront constructions de tunnels et de gratte-ciel à New York. Mais voilà: il ne sait manifestement pas quoi en faire. Même le titre est mauvais.
Stephen Greenblatt. Comment William est devenu Shakespeare. Une biographie sans document et remplie de si et de peut-être, d'extrapolations. Décevant.
6 commentaires:
Belles critiques littéraires! Alexandra Larochelle peut aller se rhabiller.
Vous êtes la preuve qu'il n'y a pas que les oeuvres nouvelles qui sont dignes d'être lues: vous avez dû épuiser votre réserve.
Ah, c'est presque cruel ça! L'été qui est vraiment fini et le temps infini pour lire qui me manque me reviennent tristement en tête en te lisant. Mais oh, ça va!
Camus, j'ai lu de lui deux livres : un que j'ai adoré, avec Meurseault, son fameux Étranger, et l'autre, la Peste, qui m'a semblé interminable. Bon, j'avais quoi, 16 ans?
Je n'ai jamais osé le relire.
Je n'ai jamais vraiment embarqué avec Kundera. Je ne sais pas trop pourquoi.
Sinon, les autres, je ne connais pas. À lire, un jour...
Autreprof: pas obligé d'aimer les livres dont je parle. Tu aimes lire. Crois-moi: j'ai bien des collègues ne pas en faire autant.
Autreprof: pas obligé d'aimer les livres dont je parle. Tu aimes lire. Crois-moi: j'ai bien des collègues ne pas en faire autant.
Plaisir coupable: je me suis enfilé presque toutes les enquêtes du très tordu inspecteur Harry Hole. M'en reste deux à lire. Pour me mettre encore plus dedans, j'ai même essayé du Jim Beam sur glace...
M. St-Pierre; deux excellents plaisirs. À mon avis, Nesbo est supérieur à Mankell et même à Connely.
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