J'avais parlé dans un billet précédent de cette directive ministérielle qui empêchait les écoles secondaires de transmettre aux organismes d'admission collégiale les notes d'un deuxième bulletin émis avant le 1er avril. J'avais dénoncé cette mesure en expliquant qu'on évaluait ainsi des élèves de cinquième secondaire en se basant sur une trop faible partie de leur parcours scolaire et que celle-ci pourrait avoir des impacts sur la motivation des jeunes ainsi que sur le décrochage scolaire.
J'avais alors écrit:
«...certains décideurs auraient voulu qu'on évalue au minimum tous les
finissants en écriture dès la première étape, sans tenir compte du fait
que ce volet demande beaucoup de temps et des énergies considérables en
un si court laps de temps et qu'il désavantage certains élèves moins
habiles à l'écrit. L'idée a heureusement été reléguée aux oubliettes,
mais on craint qu'elle ne soit ramenée avec cette récente décision du
MELS.»
Mes craintes étaient fondées. Le 5 septembre, alors que mes collègues enseignent depuis une semaine, que leur planification est établie pour le premier bulletin et même pour l'année dans certains cas, le SRAM a fait parvenir aux écoles une note intitulée: «Échéancier révisé des transmissions des résultats scolaires des élèves de la 5e secondaire suite à la publication de l’Instruction annuelle du MELS».
On y apprend que l'envoi obligatoire des notes pour le premier tour d'admission a été fixé au plus tard le 18 décembre 2012. Je vous rappelle qu'autrefois, il était possible pour les élèves de soumettre les notes d'un bulletin émis avant le 1er avril. Qui plus est, le SRAM écrit:
«...la note du volet écriture sera attendue. C’est à partir de ces résultats que la plupart des collèges déterminent si le candidat doit être convoqué à un test de classement ou s’il doit être soumis à diverses mesures d’aide. L’absence de ces résultats pourrait entraîner l’imposition d’un cours de mise à niveau au cheminement du candidat admis ou, ultimement, le refus de sa candidature.»
Aussi bien dire qu'on ordonne aux collègues de français d'évaluer leurs élèves en écriture. Une telle façon de procéder est non respectueuse du professionnalisme des enseignants du secondaire. Ensuite, de changer ainsi des règles en cours d'année est inadmissible et fait preuve d'un net manque de gestion administrative. Enfin, encore une fois, on ne tient pas compte de l'élément le plus important dans nos écoles: les élèves. On gère l'éducation dans le mépris le plus total de certaines règles pédagogiques, comme si c'était un MacDonald's et que nos élèves étaient de simples boulettes qu'on se contente de flipper sur un grill.
Le SRAM veut des notes. Il en aura. Tristement.
6 commentaires:
C'est incroyable comment le système de l'éducation ne voit pas ce que font la main gauche et la main droite. Il est inconcevable que des choses comme ça se produisent.
PATHÉTIQUE
Les règles sont changées en début d'année et non en cours d'année. Que les élèves et les profs se mettent au pas sinon ils deviendront effectivement des boulettes de MacDonald's. Attendez de voir les nouvelles directives qui seront données au SRAM par le nouveau gouvernement: j'ai pas hâte de voir ça!
Si cela peut vous rassurer : d'abord, je ne sache pas qu'il y ait beaucoup d'étudiants refusés au cégep pour des raisons de français écrit. Du moins, je l'espère parce, sinon, j'ignore comment sont arrivés dans mes classes les étudiants que je corrige présentement. Ensuite, et par conséquent de cela, les évaluations qui parviendront aux cégeps ne serviront, crois-je, qu'à déterminer si l'étudiant devra commencer son parcours collégial par des cours d'appoint (de mise à niveau) ou s'il pourra entrer directement dans les cours réguliers. Au pire, s'il est inscrit en Mise en niveau et qu'il s'avère qu'il n'en a pas besoin, le prof, sans doute, s'en apercevra assez rapidement pour rectifier la situation et l'envoyer derechef en cours régulier.
Je dis « sans doute » et suis conscient qu'il est idiot de devoir passer par là, mais disons qu'encore une fois, j'ai confiance que le libre-arbitre des profs, ou ce qu'il en reste, puisse protéger l'étudiant de l'incurie du système.
Anonyme 1: ouaip.
Anonyme 2: je suis en profond désaccord. L'année est déjà commencé. Les plans de cours sont remis aux élèves. Un prof compétent a déjà planifié sa matière. En français, le SRAM détermine ni plus ni moins l'ordre des volet d'enseignement, ce qui constitue une atteinte à l'autonomie professionnelle quant à moi.
Pour ce qui est des nouvelles directives, vous avez des infos ou c'est du blabla?
Profquifesse: on peut lui refuser l'accès au programme de son choix à cause de sa moyenne générale. L'écrit est plus difficile pour certains qui ont souvent de meilleurs résultats en lecture et oral. On avantage un type d'élèves au détriment d'autres. On devrait tenir compte des trois volets, pas d'un seul.
SI d'AUTRES règles ne sont pas improvisées en cours d'années (si et seulement si), alors ce sera moins pire que l'an passé où ici, le SRACQ a "pondu" d'autres règles en cours d'années, comme quoi on voulait finalement tenir compte de plus que la 1re étape et ainsi utiliser les résultats de la 2e aussi…
Dans un sens, c'était bien, sauf que lorsque ça arrive EN COURS d'année, alors là, le diable est aux vaches et ça rebrasse tout le monde…
Soupirs...
Le jour où on saura vraiment où on s'en va dans les hautes sphères de l'éducation et où on décidera en fonction des apprentissages et non en fonction de colonnes de chiffres et d'administration uniquement, l jour où on tiendra compte de la vraie finalité de l'éducation, ce jour-là… je serai à la retraite, ou plus vieux que ça encore ! Et je ne te dis pas à quel âge vénérable je serai éligible à la retraite… s'il reste des fonds quelque part…
Pour info, "le français est toujours pris en compte en plus des préalables de programme."
http://www.sracq.qc.ca/infosraq/parent/admission_classement.asp
Enregistrer un commentaire